Enclos du Temple à Paris |
TEMPLIERS ET PRÉ-COMPAGNONNAGES
Jean-Henri Probst-Biraben
Article paru dans le n° 314 de la revue Le Symbolisme (avril-mai 1954).
Depuis nos études du Mercure de 1939-1940, et notre livre sur les Templiers de 1949, des informations intéressantes nous sont parvenues.
Elles ne nous permettent peut-être pas d'apporter des solutions définitives aux problèmes concernant les survivances du Temple, ses sources d'initiation, ses rapports avec les fraternités ouvrières.
Elles semblent cependant ouvrir la voie à des recherches plus complètes et moins générales.
Ce sont des renseignements parvenus de Bourgogne, province plus particulièrement architecturale et possédant de grands domaines templiers. Ils ne sont probablement pas les seuls en France, mais sont assez précis pour offrir des bases certaines aux recherches.
Ce fut d'autre part une région occupée par les Eduens, l'une des tribus qui, parmi les peuples celtiques, tint tête à César avec le plus de force.
On nous signale d'abord, aux environs de Sohaux, en Saône-et-Loire, les faits suivants : des fermiers se réunissent le dimanche, après la messe, chez l'un d'eux, pour lire ensemble, le chef couvert, des passages de l'Evangile de Saint-Jean et se remémorer les hauts faits de l'histoire des Templiers.
Dans tout le pays autour de Molay, d'où venait le dernier grand Maître, des assemblées secrètes de même genre se tiennent.
Or, de grandes Commanderies possédaient là d'importantes propriétés.
Il est évidemment très difficile, comme toujours à la campagne, de faire parler les intéressés et il n'y a rien d'écrit chez les pratiquants de ces survivances, sauf I'Evangile de Saint-Jean.
Il s'agit d'une commémoration et d'une survivance de Johannisme chez des agriculteurs.
Ce ne sont pas des descendants des chevaliers qui, d'abord cachés, auraient reparu en des temps favorables. Il n'y avait sûrement point, quelques siècles après la disparition de l'Ordre, de Templiers mariés et laïcisés en Bourgogne. Les proscrits se sont transformés, au Portugal et en Ecosse, en soldats au service des princes. Ils sont devenus des Chevaliers du Christ, ou de Saint-André d'Ecosse sous Robert Bruce, qu'ils avaient aidé contre ses ennemis. Mais les serviteurs et les protégés des commanderies n'ont jamais été inquiétés. Il est donc vraisemblable qu'ils ont continué à habiter les mêmes lieux dont ils étaient déjà les exploitants à titre de locataires. On sait que des villages étaient sous la protection des moines militaires et participaient à la vie économique des commanderies.
Il put y avoir en même temps des uns et des autres. Des hommes qui avaient pris à bail des terres abandonnées et des descendants de ceux qui travaillaient pour eux, non pas en serfs mais en coopération véritable d'employeurs et d'exploitants. Ces gens aimaient les Templiers, partageaient leur vénération pour saint Jean, et ont très bien pu leur garder un souvenir reconnaissant.
Nous avons déjà, en 1939 et 1940, et Le Mystère des Templiers, en 1949, le confirme, rappelé qu'il n'y a plus de successeurs authentiques incontestables. Il ne s'agit vraisemblablement pas de descendants de Templiers laïcisés, dont ne reste aucune trace certaine. Ces fermiers ne paraissent avoir conservé qu'une fidélité au Johannisme, commune à tous les serviteurs de l'Ordre, et un souvenir des malheurs de leurs maîtres.
Il existe un rituel de St-Jean, pratiqué à la cathédrale de St-Jean à Lyon, mais il n'y a pas de doctrine des deux pontificats, bien nette au XXe siècle, celui de l'Eglise intérieure complémentaire de l'Eglise extérieure, celle de Pierre.
S'il y a des partisans de cette interprétation, ils sont aujourd'hui isolés et très secrets. Le rituel johannique est plutôt une coutume.
L'Evangile de Jean de Pathmos fut honoré jadis surtout par les gens de métier, comme Livre de la Sagesse, sur lequel on prêtait serment. Son mysticisme était d'accord avec les conceptions du Monde du Travail et des Compagnonnages. Les " Devoirs " actuels s'en servent en cette qualité.
Ne compliquons pas les choses ! Les Templiers étaient johannistes, comme probablement tous les initiés chrétiens, et les Compagnons aussi. Si la préférence en question a établi un lien commun entre eux et leurs servants, n'est-il pas naturel que celui-ci ait subsisté chez les fils de ces derniers ? La rencontre, en tout cas, ne saurait être fortuite.
Sans doute, les fermiers de Sohaux, et autres de la même région, n'attribuent pas au petit Livre toutes les significations que lui donnaient les Templiers instruits. C'était l'Evangile préféré de leurs anciens maîtres et leur lien traditionnel, ce qui suffit à assurer chez eux une survivance respectueuse très tenace.
Cette persistance existe probablement ailleurs, mais l'exemple cité, dans une région où les domaines templiers étaient nombreux, est en tout cas particulièrement remarquable.
Y eut-il d'autres survivances, dans d'autres milieux que ceux de la campagne ? Des renseignements oraux l'affirment, non seulement dans les pays étrangers, mais en France même.
Nous ne retenons pas les récits généraux de chevaliers réfugiés au Portugal et eu Ecosse. L'Ordre se transforma en Ordre du Christ, exclusivement destiné à des Templiers émigrés d'abord, puis s'étendit à des personnes que l'on voulait distinguer. En Ecosse, les moines-soldats rendirent des services dans les armées du roi Robert Bruce, les anciens chapelains laïcisés et maîtres d'œuvre affiliés devinrent précepteurs des enfants de nobles, ou utilisèrent leurs talents d'architectes et de contremaîtres des commanderies disparues dans la construction des églises et des châteaux.
De nos amis ont vu en Grèce des papiers de famille du XVIIIe siècle, scellés de cachets portant croix pattée et abréviations connues, employées par les Templiers. Les gens qui les conservaient n'étaient pas franc-maçons et appartenaient au rite grec, dépendant de Rome.
Ces témoins sont morts, et nous ne nous occupions pas de recherches templières quand ils nous en parlèrent. Il peut y avoir des traces de ce genre dans l'Europe orientale, où les Templiers se laïcisèrent, entrèrent dans les organisations hostiles aux Turcs, exerçant pour vivre diverses activités. S'agit-il de partisans secrets de Larmenius ?
Ce dernier paraît apocryphe à René Guénon, parce que tous les Grands Maîtres selon lui étaient français. Moins absolu, nous croyons que L'Armenius n'est qu'un surnom donné pour des exploits accomplis en Orient par ce personnage, aimé sans doute des auxiliaires ou turcoples, sorte de légion étrangère, où les Arméniens étaient nombreux.
Un correspondant très érudit, au courant de l'histoire secrète, nous signale qu'il existerait un ordre très fermé, réduit à quelques membres, qui prétendrait, au contraire de ce que nous avons dit, avoir reçu l'héritage des Templiers. Ils obligeraient leurs affiliés à démissionner de toute fraternité laïque.
Nous soupçonnons d'en faire partie d'anciens Maçons démissionnaires de leurs Loges sans motif donné, qui ont abjuré devant le prélat qualifié qui est le Grand Pénitencier.
Celui-ci exigerait d'eux, comme preuve de leur soumission à l'Eglise, le récépissé de leur lettre de démission. La même obligation existerait vis-à-vis de toute Société initiatique.
Le Grand Pénitencier est un personnage fort discret ; il faudra donc se contenter de cette présomption.
Lors de leur entrée dans l'ordre précité, on leur ferait jurer protection du Trône, indication de leur pardon aux descendants de Philippe le Bel et successeurs.
Les personnes qui nous rapportent ces choses le font sous le sceau du secret. Nous ne pouvons donc recourir qu'à la déduction, pour en vérifier l'authenticité. Malheureusement, aucun document écrit ne nous est parvenu prouvant la filiation directe depuis les Chevaliers. Nos informateurs n'ont pas d'intérêt à inventer les faits, mais les prétendus Templiers pourraient-ils prouver, s'ils le voulaient, cette filiation ?
Ce n'est pas la première fois que l'héritage du Temple s'affirme. Les légendes se forment si aisément, que ceux qui les transmettent finissent par y croire.
Quoiqu'il en soit, ce sont des indications précieuses et des renseignements qu'un hasard heureux peut vérifier un jour. Quant au mélange de Templiers avec des membres des pré-compagnonnages, il paraît très probable. Dire que parce que les Templiers étaient soldats, non possesseurs de métiers, les Devoirs n'ont pu les aider, c'est méconnaître la charité de ces derniers.
Leur amitié a été constatée de tout temps. Les Templiers protégeaient des Compagnons dans leurs commanderies et, quand les grandes famines décimaient des provinces entières, leur assurait le ravitaillement.
La reconnaissance étant une vertu compagnonnique et une forme de la solidarité, il est dès lors normal que les gens de métiers les aient cachés et assistés de leur mieux. Les Chevaliers en emmenaient avec eux en Palestine, et les chargeaient de la construction de leurs Kraks et de l'entretien de leurs nombreux immeubles. Ils les rapatrièrent en France ensuite avec soin. Dissimuler les Templiers dans leurs équipes était d'autant plus facile que d'assez nombreux chevaliers sortaient de familles d'artisans, ou même avaient été compagnons avant leur entrée dans l'Ordre. Les Chapelains étaient plus aisément utilisés. La plupart étaient capables de mesurer ou de tracer, spécialités recherchées.
Si des liens très anciens des Compagnonnages et du Temple ne les avaient jadis réunis, on ne comprendrait pas l'attachement des fils de Maître Jacques ou du Père Soubise à la personnalité du dernier Grand Maître. Il fut évidemment, au XIIIe siècle, le chef très regretté des uns et des autres.
Ceci nous intéresse, parce qu'on a attribué la fondation du plus vieux des Devoirs, celui de Salomon, à Jacques le Mineur, artisan juif débarqué en Provence avec les saintes Marie. Dans les légendes, on a fusionné ce Jacques avec de Moler, constructeur de la flèche de la cathédrale, d'Orléans, tué par des ouvriers jaloux. A cette superposition s'ajoute celle de Jacques de Molay.
Cette hypothèse n'est que partiellement acceptable. Elle rend compte en effet de l'appartenance de plusieurs maîtres Jacques au Compagnonnage spécial de ce nom. Après tout, de Molay est aussi un martyr pour les enfants de Salomon, rite compagnonnique réputé introduit en France le premier aux environs de l'ère chrétienne.
Cette vénération est commune aux compagnonnages, mais il y a eu peut-être confusion de la part des Enfants de Salomon avec un Maître Yakoub étranger, oriental, devenu Maître Jacques plus tard.
Par contre, il ne paraît pas y avoir inanimité de souvenirs pour Jacques de Moler, ou le Maître Jacques, patron du Devoir de ce nom, personnage légendaire.
Les accointances entre Compagnons et Templiers ne sont pas seulement celles-là, simple symbolisation des relations des gens de métier et du Temple. Il y en a de foncières comme les hermétismes respectifs, cosmologiques, exprimés par les figures et les nombres, et aussi les idées sociales communes.
On le constate, si on compare leurs rituels. Ils semblent s'appliquer aussi bien à la défense de la chrétienté qu'à celle du travail, s'extérioriser en gestes, signes, paroles de même genre. La différence, apparente entre outils d'un côté, armes de l'autre, ne doit pas arrêter l'observateur. Ils ont les mêmes significations et se transposent, ce qui a permis, plus tard, de continuer les grades d'architecture par des grades de chevalerie dans la Franc-Maçonnerie écossaise.
Sans probablement s'en douter pour la plupart, les Maçons spéculatifs des trois premiers degrés, issus des Bauhütten des cathédrales, ont sans difficulté pu passer d'une forme opérative à une chevaleresque, parce que se perpétuait ainsi une antique tradition des rapports entre artisans et chevaliers.
On remarque aisément aussi l'emploi des mêmes figures géométriques et des mêmes nombres sacrés, chez les uns et les autres.
D'où cela vient-il ? Nous avons autrefois accepté la thèse de Mathila Ghika : l'égypto-hellénisme, et surtout le pythagorisme, sont, directement ou non, les initiateurs de toutes les associations de l'Occident et du Proche-Orient. Toutefois, n'a-t-on pas un peu trop négligé chez nous les influences celtiques ?
En dehors du Devoir de Salomon, le plus ancien, d'origine judéo-syrienne, Compagnons et Templiers, descendants des Barbares christianisés, ne peuvent-ils avoir reçu des enseignements de la part des druides devenus chrétiens, heureux de trouver des milieux disposés à transmettre leurs doctrines ?
Il y eut des clercs, leurs élèves, chapelains des deux ordres, qui introduisirent symboles et principales idées dans les Devoirs et les chapitres du Temple. On sait que les Cisterciens ont travaillé pour les Templiers à titre de convers, et que la première règle de ceux-ci leur fut donnée par saint Bernard, qui passe pour l'un des derniers druides chrétiens, secrets bien entendu. Ne serait-ce point le trait d'union entre les deux groupes ?
La croix templière a le même tracé régulateur que la croix celtique. Certaines orientations des constructions du Temple paraissent identiques à celles des Celtes.
Les rotondes octogonales, répandues en Orient, sont aussi bien chrétiennes que musulmanes. Le soubassement de la Mosquée d'Omar est visiblement de cette forme, de même que maints tombeaux à coupole, ou qoubbat, arabes.
Le R. P. de Jephernion, auteur très érudit de recherches proche-orientales, particulièrement sur les monuments de la Cappadoce et des Iles, démontre leur existence avant l'Islam chez les Chrétiens de Cappadoce. La forme aurait cheminé par les îles de la mer Egée et essaimé en Occident.
Or, le symbole octogonal a été surtout utilisé par les constructeurs cisterciens en Espagne. Ce sont eux qui ont donné les premiers cimborios de la péninsule, et bâti ceux des cathédrales de Salamanque et du nord de l'Espagne.
Il y a des chapelles du Temple qui sont rondes, et les huttes des tribus celtes ne l'étaient-elles pas également ?
Les couleurs de l'étendard Beaucéant ne sont-elles pas les couleurs symboliques des druides dans les grandes cérémonies ?
Le manteau blanc des Templiers peut être aussi bien un rappel de vêtement celtique que l'imitation de celui des Sarrasins.
La Cène des Chevaliers du Christ n'est aussi peut-être que la continuation de celle des chevaliers de la Table Ronde et du saint Graal.
Les nombres, surtout le 3, rappellent la triode. On trouve des triangles dans les monuments bâtis par les Cisterciens et les trois points du Compagnonnage parmi les graffiti du donjon de Chinon, où des Templiers furent enfermés. Ce sont probablement des figurations celtiques plutôt que des reproductions pythagoriciennes, d'autant que ces signes y voisinent avec un autre : les trois cercles triadiques.
Les peuples aryens utilisaient le pentagramme pour symboliser les Eléments. Les Celtes lui donnaient cette figuration, et il est aussi gravé à Chinon. Comme les Extrêmes-Orientaux, ils comptaient 5 et non 4 directions de l'espace.
Et l'on sait que le pentagramme est un signe magique antérieur au pythagorisme. Enfin, Pythagore l'avait-il reçu des Celtes ?
Il ne faut pas exagérer l'influence proche-orientale sur les Templiers, ni sur les Compagnonnages. Cependant, les catéchismes du Sinf, association du travail des pays musulmans, présentent de telles coïncidences avec ceux des Devoirs et de la Franc-Maçonnerie opérative des Bauhütten des cathédrales germaniques, qu'il convient de les prendre en considération. Les gens de métier peuvent en avoir eu connaissance par les artisans orientaux, décorateurs partiels des églises romanes, qu'ils côtoyaient journellement.
Ce n'est pas les allusions à des particularités musulmanes qu'il faut retenir ici, quoiqu'elles soient fréquentes dans les rituels du Sinf, mais des façons communes de parler, des mots de passe, des signes de reconnaissance hérités d'une lointaine origine.
Cependant, peut-on admettre que les islamismes n'y sont probablement que des annexes à la religion, de manière à rendre moins suspectes, ou moins étrangères, des survivances de coutumes très antérieures à celle-ci ?
C'est ainsi que l'abréviation Djames remplace des abréviations anté-islamiques. Un des affiliés, par exemple, prononce la première lettre Dj et l'interrogé répond A, et ainsi de suite, (Dj est l'initiale de Djebrail, l'ange Gabriel qui apporta la prophétie, A celle d'Ali gendre de Mohammed, M commence le nom de Mohammed, et S, celui de Sliman el Farsi, patron des Compagnons et ami affranchi du Prophète, trait d'union entre les Musulmans et les gens de métier. Sliman el Farsi Salomon le Persan fut un ancien zoroastrien, converti l'un des premiers à l'Islam, et en même temps travailleur manuel).
Souvent, celui qui demande le fait sous cette forme : « Combien de nœuds à ta ceinture ? – Quatre, répond l'interpellé. – Quels sont-ils ? – Dj. a. m. s – Que signifient-ils ? », etc...
Ce genre de dialogue est fréquent dans les Devoirs et la Franc-Maçonnerie à trois grades qui en est dérivée, avec ses rituels, qui empruntent aux Fraternités ouvrières. Les nombres sacrés 3, 5, 7, 9, sont révérés dans le Sinf, comme dans les associations européennes.
Les poignées de mains, les marches, paraissent analogues.
Il conviendrait de savoir si les Compagnons ont adopté des orientalismes par leurs contacts avec les Sarrasins, en accompagnant les Templiers en Terre Sainte. Le fait n'est pas impossible.
Mais ces Proche-Orientaux n'avaient-ils pas été de simples transmetteurs de ce bagage, puisqu'ils furent en rapport avec l'Egypte antique, la Grèce, bien avant l'Islam, et se servirent de tout ce qui les a précédés.
Il y a incontestablement des influences musulmanes chez les Templiers. On les rencontre dans leur vêtement, leurs coutumes. (Par exemple dans celle de coucher tout habillés). Il faut pour eux, comme pour les Arabes des premiers siècles, pouvoir monter à cheval en cas d'alerte nocturne. L'habitude de se ceindre les reins est naturelle, répandue sur toute la Terre. Mais les confréries de l'Islam donnent à la ceinture le sens d'isolateur du Monde, de protecteur, objet transmis par l'ange Gabriel aux grands initiateurs Mohamed, Ali, Sliman et, d'eux, par les Karmates, aux ordres religieux comme les Oadriva, où on peut le constater dans le rituel de réception, ou au Sinf artisanal. Ce sens lui a conféré une valeur symbolique spirituelle, très répandue en Palestine. Elle a donc pu renforcer chez les Templiers un usage analogue. Nous avons longuement parlé, dans le numéro spécial du Voile d'Isis sur les Templiers (1929), de ces rapprochements singuliers.
Il conviendrait de reprendre la question des emprunts possibles des Chevaliers aux Sarrasins. Nous essayons en ce moment d'obtenir certains éclaircissements sur les relations prouvées des guerriers du Temple avec les Ismailiens, les fameux Assacis, gardiens aussi d'un lieu saint, la Montagne d'Alamout.
Les mystères des rapports des Croisés avec les sectes hétérodoxes de l'Islam, en temps de paix ou de trêve, sont encore mal connus. Les Proche-Orientaux s'y intéressent.
Nous avons déjà quelque peu déblayé le terrain, comblé plusieurs lacunes. Les obscurités de l'histoire du Moyen-Age disparaissent les unes après les autres, écartées enfin grâce aux nouvelles découvertes des orientalistes sérieux.
Le temps des hypothèses passionnées est révolu, celui du vraisemblable historique, en attendant des certitudes, a heureusement commencé.