HEINDEL Les quatre phases de la naissance




MAX HEINDEL

Cycle de conférences du Christianisme 
de la Rose-Croix

1908


Septième Conférence 

LES QUATRE PHASES DE LA NAISSANCE 


Lorsque nous avons quitté l'Ego au cours de son pèlerinage à travers les mondes invisibles, nous avions atteint le point où il entrait dans le troisième ciel, après avoir abandonné son corps dense à la mort, son corps vital peu de temps après, et son corps du désir en quittant le purgatoire et le premier ciel; finalement, avant de sortir du deuxième ciel, il abandonne aussi derrière lui la gaine de l'intellect, pour entrer dans le troisième ciel, absolument libre et sans rien qui l'encombre. Tous les véhicules abandonnés se détruisent, seul persiste l'Esprit, baignant pendant un temps dans le grand réservoir de force spirituelle que nous appe lons le troisième ciel, de manière à se fortifier pour sa prochaine renaissance à la vie sur Terre. 

Sir Edwin Arnold a merveilleusement traduit cette idée dans son "Chant Céleste": 

Jamais l'Esprit n'a eu besoin de naître,
Jamais l'Esprit ne pourra cesser d'être.
Ne connaissant pas de bornes dans le temps.
Fin et genèse aussi ne sont que rêves;
Ni né ni mort, l'Esprit vit à jamais,
La mort en rien n'a jamais pu l'atteindre
Même quand sa demeure nous paraît morte.
Ainsi que l'homme, ayant ôté
Son vieil habit longtemps porté,
En en prenant un autre, dit:
"Aujourd'hui je mets celui-ci";
Ainsi l'Esprit va se défaire
De l'habit de chair, doucement;
Prendre son vol, pour hériter
D'une demeure plus belle.

La loi de cause à effet détermine notre existence après la mort selon la vie que nous avons menée ici-bas. Si dans la vie terrestre nous nous sommes surtout adonnés aux désirs bas et aux passions basses, notre existence au purgatoire sera la partie la plus animée de notre évolution après la mort, et l'existence dans les différents ciels sera terne et insipide. Si nous avons eu des émotions élevées, la vie dans le premier ciel sera le plus riche de nos différents séjours. Si nous aimions à faire des projets en vue d'améliorations et que notre mental ait élé constructif dans la vie terrestre, nous tirerons un grand bénéfice de notre séjour dans le deuxième ciel, où la pensée concrète est la base des choses concrètes sur Terre. Mais pour avoir une existence consciente dans le troisième ciel, nous devons avoir consacré du temps et des efforts à des pensées abstraites sans relation avec le temps et l'espace. 

La plupart d'entre nous sont incapables de pensées abstraites, et c'est pourquoi la conscience nous manque dans le troisième ciel. Si nous pensons à l'"Amour", nous l'associons à quelque personne. Nous n'aimons pas les mathématiques parce qu'elles sont sèches, sans émotion et abstraites. Aucune sensation n'accompagne l'énoncé que deux fois deux font quatre, mais c'est le fait en lui-même qui revêt une valeur, car lorsque nous nous élevons au-dessus du sentiment, nous laissons derrière nous nos tendances, et la vérité se révèle aussitôt. Personne ne dirait que deux fois deux font cinq, ou ne se querellerait sur la proposition que le carré de l'hypoténuse est égal à la somme des carrés des deux autres côtés d'un triangle. Telle est la raison pour laquelle Pythagore et d'autres maîtres spirituels demandaient que les candidats à l'enseignement eussent d'abord quelques connaissance en mathématiques. 

Un mental habitué à être aux prises avec les mathématiques est entraîné à suivre une pensée et capable de distinguer la vérité de l'erreur; et seul un tel mental peut recevoir en toute sécurité un enseignement ésotérique. 

La grande majorité des gens n'ont pas encore dépassé le degré où ils progressent convenablement dans une direction dite "pratique", et pour eux le troisième ciel n'est qu'un lieu d'attente où ils sont inconscients, comme dans le sommeil, jusqu'à ce que les temps soient mûrs pour une nouvelle naissance. L'homme, par exemple, qui a vécu une vie basse vouée à la satisfaction des sens, qui aime détruire, aura une vie de souffrances au purgatoire, parce qu'il a été très mauvais; il passe rapidement et inconsciemment à travers le premier ciel parce qu'il n'a fait aucun bien. Ses tendances destructives rendent sa vie au deuxième ciel à peu près inconsciente; et il ne peut avoir absolument aucune existence au troisième ciel, où les Egos avancés développent des idées originales qui se manifesteront sous forme de génie pendant leur vie sur Terre. Un tel Ego arriéré reste donc endormi jusqu'au moment d'une nouvelle incarnation, où il se réveille pour un nouveau jour à l'Ecole de la Vie, et avec une nouvelle chance d'amélioration. 

Nous entendons souvent des gens dire, au premier exposé de cette doctrine:" Oh, mais je ne veux pas revenir!" C'est là le cri d'un coeur las et fatigué, conséquence d'une vie dure; mais dès que l'expérience de cette même vie a été assimilée au ciel, la loi de cause à effet et le désir d'obtenir plus de connaissance ramènent l'Ego vers la Terre, comme un aimant attire l'aiguille, et il commence à envisager une renaissance. 

Ici encore, la loi de cause à effet est le facteur déterminant, la nouvelle naissance étant conditionnée par nos vies passées. 

Comme nous avons vécu de nombreuses fois, il est évident que nous avons rencontré bien des gens et eu avec eux des relations variées, les touchant en bien ou en mal; ou au contraire ce sont eux qui ont agi sur nous. C'est ainsi que sont nées entre eux et nous des relations de cause à effet, dont beaucoup sont restées en quelque sorte "en friche", vu l'impossibilité de produire leurs effets pour une raison ou pour une autre. 

L'invariabilité de la Loi exige que ces causes trouvent un jour leur consommation; et c'est pourquoi les Anges de Justice, qui sont les grandes Intelligences chargées de la loi d'ajustement, passent en revue le passé de chaque homme lorsqu'il est prêt pour une nouvelle naissance; ils recherchent aussi quels sont ses amis ou ennemis vivants à ce moment, et où ils se trouvent. Comme nous avons eu un nombre énorme de telles relations dans notre passé, il y a généralement plusieurs groupes de ces personnes qui vivent sur la terre; s'il n'existe aucune raison spéciale pour prendre un de ces groupes en particulier, les Anges de Justice donnent à l'Ego le choix dans les occasions qui se présentent. Ils sélectionnent dans chaque cas toute la causalité mûre que l'Ego y devra mener à bien; ils montrent à l'Ego en une série d'images un panorama de ce que serait sa prochaine existence dans chacune des vies proposées, l'Ego pouvant choisir n'importe laquelle. Ces panoramas vont du berceau à la tombe et donnent les grandes lignes de la vie; mais ils laissent à l'Ego le soin d'en remplir les détails en agissant selon son libre arbitre. 

L'Ego a donc une certaine latitude en ce qui concerne le lieu de sa naissance; aussi peut-on dire que, dans la grande majorité des cas, nous nous trouvons où nous sommes par notre propre choix. Peu importe que nous ne le sachions pas; l'Ego, encore faible, incapable de percer librement le voile de la chair, dépend largement encore de sa personnalité inférieure pour l'aider à grandir. Mais plus nous nous déciderons à vivre pour le moi supérieur, plus tôt viendra le jour où l'Ego brillera à travers ce voile, et alors nous pourrons savoir. 

Quand l'Ego a fait son choix, il est lié par ce choix pour mener à bien le règlement des dettes contractées dans les vies antérieures et maintenant mûres pour leur liquidation. 

Ainsi est formée la destinée, c'est-à-dire les conditions rigoureuses de la vie, qui sont impossibles à changer. Toute tentative pour le faire sera sûrement déjouée. Mais que personne ne tombe dans l'erreur de croire que sa destinée l'oblige à faire le mal! La loi ne joue que pour le bien; comme nous l'avons vu, le mal de chaque vie est la première chose qui soit corrigée après la mort; il ne reste qu'une tendance vers ce mal particulier, mais avec un sentiment d'aversion créé par la souffrance éprouvée pendant le travail d'épuration. Quand nous vient, dans une vie ultérieure, la tentation de commettre un acte mauvais de même genre, cette sensation de douleur passée, que nous appelons la conscience, nous avertit et nous empêche de succomber à la tentation. Si nous succombons en dépit de cet avertissement, la douleur que nous éprouverons au purgatoire s'ajoutera à la sensation antérieure et la renforcera, jusqu'à ce que la conscience ait atteint la stabilité nécessaire pour résister au mal en question; à partir de ce moment, celui-ci cessera d'être une tentation pour nous. 

Nous voyons donc que nul n'est jamais prédestiné à faire le mal; chaque acte mauvais est un acte de libre arbitre, commis malgré la résistance de la conscience que nous avons antérieurement pu développer. 

La question réglée en ce qui concerne sa prochaine renaissance, l'Ego descend d'abord dans la région de la pensée concrète, et commence à rassembler lui-même les matériaux d'un nouvel intellect. 

Comme nous l'avons déjà vu, l'homme dans le cours de son existence d'après-vie abandonne ses différents corps, et ces corps se détruisent; mais de chacun d'eux est conservé un atome, ainsi qu'un atome de l'intellect; et ce sont ces "atomes-germes" qui constituent les noyaux des nouveaux corps dans lesquels l'esprit apparaîtra dans sa vie future. 

Et maintenant, quand l'Ego descend dans la région de la pensée concrète, les forces latentes dans l'atome-germe de l'intellect des vies antérieures entrent en activité; il commence à attirer les maétriaux nécessaires pour créer un nouvel intellect, comme un aimant attire la limaille de fer autour de ses pôles. Si nous tenons un aimant au-dessus d'un amas de débris de cuivre, de fer, d'or, de plomb, d'argent, de bois, nous verrons qu'il prend seulement la limaille de fer, et aussi qu'il n'en prend qu'une certaine quantité, selon sa puissance. Sa force attractive est limitée à une certaine quantité d'une matière particulière. Il en est de même pour l'atome-germe: il ne peut attirer dans chaque région que les matériaux avec lesquels il est en affinité, et seulement en quantité définie. Ces matériaux prennent la forme d'une grande cloche, ouverte à la base, et portant l'atome-germe à son sommet. On peut comparer le tout à une cloche à plongeur, plongeant dans un océan de densité graduellement croissante. Les matériaux pris dans chaque monde et incorporés à la cloche ajoutent à son poids, l'obligeant à s'enfoncer ainsi de plus en plus jusqu'à ce qu'elle atteigne le fond. 

Ainsi donc, l'Ego qui revient s'enfonce à travers la région de la pensée concrète, et au passage l'atome-germe rassemble les matériaux du nouvel intellect. 

La descente continue. L'Ego, revêtu de substance mentale en forme de cloche, plonge dans le monde du désir; les forces de l'atome-germe, extrait du corps du désir antérieur, sont éveillées et placent l'atome à l'intérieur et au sommet de la cloche. De là, il attire la qualité et la quantité de matériaux nécessaires pour fournir, à l'Ego qui revient, un nouveau corps du désir approprié à ses besoins particuliers. Quand la région la plus dense du monde du désir est atteinte, la cloche présente deux couches, la couche de matière mentale à l'extérieur et les matériaux du corps du désir à l'intérieur. 

Le prochain pas dans la descente amène l'Esprit dans la région éthérique, où il rassemble les matériaux d'un nouveau corps vital; d'une partie de ces matériaux, les agents des Anges de Justice façonnent un moule qui est placé dans l'utérus de la mère pour donner une forme appropriée au nouveau corps dense, tandis que l'atome-germe est placé dans la semence paternelle. 

Sans la présence de ces deux facteurs, aucune union sexuelle ne donnerait de résultats; et quand un mariage est stérile, bien que les deux conjoints soient en bonne santé et désireux d'avoir des enfants, cela signifie simplement qu'aucun Ego en voie d'incarnation n'est attiré vers eux. 

Dès que le corps vital a été mis en place, l'Ego qui revient, revêtu de son enveloppe en forme de cloche, plane continuellement près de la future mère. Celle-ci fait seule le travail sur le nouveau corps pendant les dix-huit à vingt et un jours qui suivent la fécondation; puis l'Ego entre dans le corps de la mère, coiffant le foetus de son enveloppe en forme de cloche; l'ouverture de la base se ferme, et l'Ego est à nouveau enfermé dans la prison du corps dense. 

Le moment de l'entrée dans le sein maternel est un des plus importants de la vie. Quand l'Ego qui s'incarne entre en contact avec le moule du corps vital dont nous venons de parler, il y revoit le panorama de la vie qui l'attend; celui-ci a été gravé sur le corps vital par les Anges de Justice pour donner à l'Ego les tendances nécessaires pour s'acquitter de la destinée mûre qu'il doit liquider dans sa vie nouvelle. 

A ce moment, l'Ego est déjà tellement aveuglé par le voile de matière qu'il ne peut reconnaître, aussi clairement que lorsqu'il faisait son choix dans la région de la pensée abstraite, le bien final envisagé pour lui. Aussi quand une vie particulièrement dure se révèle à la vision de l'Ego qui revient, au moment d'entrer dans la matrice, il arrive parfois que l'Ego en est tellement saisi et effrayé qu'il tente de s'échapper. La liaison ne peut cependant être rompue, mais elle peut être relâchée; au lieu du corps vital concentrique au corps physique, la tête du corps vital se trouve au-dessus de la tête du corps dense; il en résulte l'idiotie congénitale. 

Dans les conditions les plus favorables, l'effort est déjà grand pour l'Ego de traverser la période de gestation; et les parents devraient tout faire pour ne pas l'aggraver plus qu'il n'est nécessaire. 

Nous ne pouvons jamais savoir où est le point de rupture; l'absence d'harmonie dans les relations des parents pendant les périodes critiques de la gestation, particulièrement la première période, peut avoir parfois des conséquences graves. 

Avant l'événement que nous appelons la naissance, l'homme futur est enfermé dans un autre corps, celui de la mère, et ne peut donc prendre contact directement avec le monde des sens. Cette retraite est nécessaire pour amener l'organisme au point voulu de maturité, où il sera apte à recevoir lui-même toutes les impressions. Quand ce point est atteint, l'enveloppe protectrice de l'utérus s'ouvre et la nouvelle créature humaine fait son entrée sur la scène du monde. 

Comme nous l'avons vu, l'homme est bien autre chose qu'un simple corps dense; et il ne faut pas s'imaginer que ses autres véhicules sont tout aussi mûrs lorsqu'il naît dans le monde physique. En effet, ils ne le sont pas; le corps vital grandit et mûrit à l'intérieur de son enveloppe d'éther jusqu'à la septième année, ou jusqu'au changement de dentition. Le corps du désir a besoin d'être protégé contre les attaques du monde du désir jusqu'à sa naissance, vers la quatorzième année, au moment que nous appelons la puberté. Quant à l'intellect, il n'est pas assez mûr pour être libéré de son enveloppe protectrice avant que l'homme atteigne sa majorité à vingt et un ans. Ces périodes ne sont qu'approximatives, car chaque personne diffère des autres en ce qui concerne leur exactitude, mais celles que nous donnons sont assez précises. 

La raison de ce lent développement des véhicules supérieurs repose sur le fait qu'ils sont des apports relativement récents à l'organisme de l'Ego; et le corps dense, au contraire, a la plus longue évolution, et il est de loin l'instrument le plus parfait et le plus précieux que nous possédions. Parfois certaines personnes qui ont récemment appris l'existence des véhicules supérieurs, parlent ou rêvent sans cesse de la joie de s'envoler dans le corps du désir, et de quitter leur "bas" et "vil" corps dense; cela montre qu'elles n'ont pas encore appris à apprécier la différence entre "supérieur" et "parfait". Le corps dense est une merveille de perfection, avec son squelette solidement articulé, ses délicats organes des sens, son mécanisme coordonnateur de nerfs et cerveau qui le rend supérieur à tout autre mécanisme du monde. Considérez-le en détail; examinez par exemple le grand os de la cuisse, le fémur, et regardez ses épaisses extrémités. Si vous le fendez, vous verrez que seule une mince couche extérieure est faite d'os compact. Celui-ci est renforcé par des rayons et des traverses d'os spongieux qui lui donnent une solidite prodigieuse et une légèreté qui dépassent les possibilités du plus grand architecte au monde. 

Nous nous rendons compte qu'un jour, dans un lointain avenir, nos véhicules supérieurs atteindront à une perfection bien au-dessus de celle de notre corps dense: mais nous devons nous rappeler qu'actuellement ils sont plus ou moins organisés, et de peu de valeur quand il sont détachés de notre parfait organisme physique. Nous devrions en toutes choses rendre grâces aux Etres Sublimes qui nous ont aidés à développer ce splendide instrument, grâce auquel nous fonctionnons maintenant dans le monde comme des êtres humains conscients et menons à bien nos destinées, vie après vie, en devenant chaque fois un peu plus semblables à notre Père Céleste. 

Nous voyons donc que la naissance comporte quatre phases successives; pour bien remplir notre devoir d'éducateurs, il est absolument nécessaire que nous sachions et connaissions les faits qui en découlent. Nous ne pouvons pas arracher de la matrice le foetus avant la naissance, et l'exposer aux chocs du monde extérieur; agir ainsi le tuerait. Il est également dangereux de rompre les matrices des corps invisibles et d'exposer l'enfant avant maturité aux chocs du monde moral et mental; bien qu'une telle façon d'agir ne tue pas toujours le corps dense, elle trouble toujours ses facultés, car ce qui blesse un corps est toujours nuisible aux autres véhicules. 

Pour bien élever un enfant, il est donc nécessaire d'avoir une notion de l'effet de l'éducation sur les différents véhicules, et des justes méthodes à employer; il faut cependant constamment avoir présent à l'esprit que les règles générales ne sont pas toujours applicables à des cas individuels. 

Nous avons vu que, quand l'Ego a terminé son temps à l'école de la vie, la force centrifuge de répulsion lui fait rejeter à la mort son véhicule physique, puis le corps vital qui est le plus dense après lui. Au purgatoire ensuite, la matière-désir la plus dense accumulée par l'Ego pour y incorporer ses désirs les plus bas, a été expurgée par cette force centrifuge. Dans les mondes supérieurs seulement, la force d'attraction domine et conserve le bien par action centripète, qui tend à tout attirer de la périphérie vers le centre. 

C'est aussi cette force centripète d'Attraction qui gouverne pendant que l'Ego revient vers sa nouvelle naissance. Nous savons que nous pouvons jeter une pierre plus loin qu'une plume. C'est pourquoi la matière la plus dense a été rejetée à l'extérieur après la mort par la force de répulsion. Pour la même raison, la matière la plus dense, dans laquelle l'Ego qui revient incorpore sa tendance au mal, est projetée en tourbillons à l'intérieur, vers le centre, par la force centripète d'Attraction. Résultat: à la naissance d'un enfant tout ce qui est le meilleur et le plus pur apparaît à l'extérieur. Le mal latent ne se manifeste pas habituellement avant la naissance du corps du désir, vers l'âge de quatorze ans, où les courants dans ce véhicule commencent à s'épancher vers l'extérieur, venant du foie. A ce moment l'Ego commence à "vivre" sa vie individuelle et montre ce qu'il contient. 

Les astres sont l'horloge de la destinée: ils montrent les tendances cachées. Alors que les astrologues peuvent se tromper dans la prédiction des événements, un bon astrologue peut révéler exactement le caractère d'une personne dans 99 pour 100 des cas. Les parents peuvent ainsi obtenir un guide pour le côté caché de la nature d'un enfant. 

Mais il faut bien peu d'aptitudes pour établir un thème astrologique, et il est toujours préférable pour les parents d'apprendre à le faire plutôt que d'avoir recours à des tiers; ils auront ainsi une compréhension bien plus profonde du caractère de leur enfant. 

A la naissance physique, le corps dense commence à sentir les contacts avec le monde extérieur, qui agit sur lui comme le faisaient auparavant les forces du corps maternel. Ce que celles-ci faisaient pendant la vie prénatale, les contacts avec les éléments continuent à le faire pendant toute la vie physique. Jusqu'à la septième année, ou au changement de dentition, se développe une activité particulière qui est largement différente des activités des époques suivantes de la vie. Les organes des sens prennent certaines formes définies qui leur donnent leurs structures de base et déterminent leur orientation dans une direction ou une autre. Ils grandissent plus tard, mais leur développement suit les voies tracées pendant ces sept premières années, et les fautes ou occasions négligées ne pourront jamais être réparées ou recouvrées après dans la vie. Si membres et organes ont pris des formes justes, l'ensemble après la croissance sera harmonieux; mais si une malformation s'est produite, le petit corps sera plus ou moins mal fait. C'est le devoir des parents de donner à l'enfant le milieu qui lui convient pendant cette période, comme la nature le fait avant la naissance; car cela seul peut donner à cet organisme sensible une direction et une croissance correctes. 

Il y a deux mots magiques qui montrent la manière dont l'enfant entre en contact avec les influences formatrices de son entourage: "Exemple" et "Imitation". Il n'est pas de créature plus imitative que le petit enfant, et dans cette imitation réside la force qui donne tendances et direction à ce petit organisme. Tout, dans l'entourage de l'enfant, laisse son impression en bien ou en mal; et nous devrions nous rendre compte que le plus petit de nos actes peut faire un mal ou un bien incalculable dans la vie de nos enfants. 

Nous ne devrions jamais, en présence de l'enfant, faire un geste que nous ne voudrions pas le voir imiter. 

Il est inutile de lui dire de ne pas faire attention, ou de moraliser durant cette période: "l'exemple" est le seul maître dont il ait besoin et qu'il écoute. Il ne peut pas plus s'empêcher d'imiter que l'eau de descendre la pente, car c'est là sa seule méthode de développement, à cette époque de sa vie. L'enseignement de la morale et de la raison vient plus tard; ce système d'éducation ressemblerait au fait de sortir un enfant du sein maternel avant terme; tout ce que l'enfant doit acquérir comme pensées, idées et imagination doit venir de lui-même, comme les yeux et les oreilles se sont développés avant la naissance du corps dense. 

Il faut donner à l'enfant des jouets sur lesquels il puisse exercer sa faculté d'imitation; quelque chose de vivant, ou une poupée articulée qui puisse être mise en différentes positions, et que l'enfant habillera lui-même; de cette façon il exerce sa volonté créatrice de la bonne manière. Donnez aux garçons des outils et des modèles, ou des moules et de l'argile. Ne leur donnez jamais rien de fini, où ils n'aient rien à faire qu'à regarder: cela ne donnerait au cerveau aucune chance de se développer; or à cette époque l'objet des soins et le but de l'éducation doivent être de fournir à l'enfant les moyens de développer harmonieusement ses organes physiques. 

En ce qui concerne la nourriture, il faut prendre beaucoup de soins pendant cette période, car l'appétit sera bon ou mauvais pendant toute la vie, selon la manière dont il aura été développé au cours du premier septénaire. Ici aussi l'exemple est un grand maître. Des plats trop assaisonnés abîment l'organisme; plus la nourriture est simple et exige une mastication soignée, plus elle développe un robuste appétit qui guidera l'homme à travers la vie et lui donnera une santé corporelle et une tranquillité d'esprit inconnues du gourmand. De toute façon, évitons d'avoir un plat pour nous-mêmes et un plat pour nos enfants. Nous pouvons empêcher ceux-ci d'en manger à la maison, mais nous créons une envie qui cherchera sa satisfaction quand l'enfant sera assez âgé pour avoir sa volonté personnelle: c'est alors que s'affirmera la faculté d'imitation. 

En ce qui concerne les vêtements, il faut toujours s'assurer que l'habillement de l'enfant ait bien la taille voulue, et le remplacer avant qu'il ne devienne trop petit et le gêne. Nombre de tendances immorales qui ont gâché une vie ont été d'abord éveillées par le frottement de vêtements trop petits, particulièrement chez les garçons. L'immoralité est une des plaies les plus graves et les plus tenaces de notre civilisation. Pour sauver nos enfants, nous devons y faire très attention, et chercher par tous les moyens à garder l'enfant inconscient de ses organes sexuels jusqu'à la septième année. Les punitions corporelles sont aussi un facteur extrêmement important du renforcement de la nature sexuelle, et l'on ne saurait trop les déplorer. 

En ce qui concerne l'éducation du tempérament, il est certain que les couleurs ont la plus grande importance - bien qu'en la matière il faille non seulement connaître les effets des couleurs, mais plus particulièrement ceux des couleurs complémentaires; car ce sont ces dernières qui agissent dans l'organisme de l'enfant. Si nous avons affaire à une nature chaude et orageuse, nous pouvons la calmer et l'adoucir en l'entourant de rouge: chambre, meubles vêtements rouges produiront dans l'enfant l'effet rafraîchissant du vert, et calmeront ses nerfs. Par contre nous exciterons à agir et à vivre une nature mélancolique et léthargique en l'entourant de bleu ou de bleu-vert, qui crée dans les organes de l'enfant la chaleur vive du rouge et de l'orange. 

Les rondes enfantines ont la plus grande importance pendant cette période. Le sens des paroles importe moins que le rythme; celui-ci a une importance capitale, car il construit les organes dans une harmonie que ne peut réaliser aucun autre moyen. C'est pourquoi le rythme, et aussi une atmosphère de gaieté, constituent les plus grands de tous les moyens d'éducation, et peuvent même suppléer dans une large mesure à l'absence de certains autres. 

Vers la septième année, le corps vital de l'enfant a acquis une perfection suffisante pour lui permettre de prendre contact avec le monde extérieur. Il quitte sa gaine protectrice d'éther et commence sa vie libre. Vient alors le temps où l'éducateur peut travailler sur le corps vital et l'aider à former mémoire, conscience, bonnes habitudes et une constitution harmonieuse. "Autorité" et "Instruction" sont les mots d'ordre de cette période, où l'enfant doit apprendre la signification des choses. Dans la première époque, il apprend que les choses existent, mais il ne faut pas l'ennuyer avec ce qu'elles signifient, sauf dans ce qu'il glane de lui-même. Dans la seconde époque, au contraire, de sept à quatorze ans, il est essentiel que l'enfant apprenne la signification des choses; mais il doit apprendre à les admettre selon l'autorité des parents et des maîtres, en fixant leurs explications dans sa mémoire plutôt qu'en raisonnant par lui-même; car la raison appartient à un stade ultérieur de développement et, bien que l'enfant puisse le faire de lui-même avec profit, il est mauvais à cette période de le forcer à penser. 

Pour que l'enfant tire le meilleur profit de l'instruction que lui donnent parents et maîtres, il est naturellement nécessaire qu'il ait la plus grande vénération pour eux et admiration pour leur savoir. Il faut donc que nous nous comportions d'une manière qu'il puisse toujours retenir; car s'il voit en nous de la frivolité. s'il entend parler légèrement et observe une conduite généralement relâchée, nous le privons du meilleur soutien de l'effort dans la vie: la foi et la confiance dans les autres. C'est à cet âge que se font les désabusés et les sceptiques. Nous sommes responsables devant Dieu des vies confiées à nos soins, et nous aurons à répondre devant la loi de cause à effet si nous négligeons, par nonchalance, l'occasion qui nous est donnée de guider les premiers pas d'un de nos semblables dans le droit chemin; et l'exemple est toujours meilleur que les préceptes. 

Les avertissements ont peu d'utilité. Montrons à l'enfant de vivants exemples des effets des vertus et des vices; peignons devant sa jeune imagination l'image d'un ivrogne ou d'un voleur, et aussi celle de saints personnages: cela affectera son corps vital de telle manière qu'il éprouvera une aversion pour les uns et un ardent désir d'imiter les autres. 

A cette période, l'enfant doit aussi être instruit de l'origine de son être, afin qu'il soit bien préparé pour le temps orageux de la passion, qui rend l'adolescence si dangereuse; ces informations doivent aussi lui être données sous formes d'images mentales et d'exemples tirés de la nature, mais de manière à bien pénétrer l'enfant de la sainteté de cette fonction. C'est un devoir et une obligation pour lea parents d'éclairer convenablement l'enfant. Ne pas le faire serait comme le placer, les yeux bandés, parmi d'innombrables pièges, en lui recommandant de n'y pas tomber. Arrachez au moins le bandeau; l'enfant sera suffisamment handicapé sans lui. 

Une fleur pourra être prise comme sujet d'étude, car comprendre le processus de la génération chez les plantes, c'est le comprendre chez l'animal et aussi chez l'homme. Evitons la faute de mettre l'enfant aux prises avec trop de noms comme étamines, anthères, pistil, etc. Nous manquerions notre objectif en fatiguant les enfants par cette étude. Ils aiment les contes de fées, et l'habile instructeur peut rendre l'histoire de la fleur plus fascinante qu'aucun conte de fées; il peut en outre donner à l'acte de la procréation un halo de beauté et de sainteté qui accompagnera l'enfant pendant toute sa vie pour le garder de la tentation quand les flammes de la passion surgiront autour de lui. 

Nous savons qu'étamines et pollen sont masculins, carpelles et ovules féminins, et qu'on les trouve groupés dans une même fleur, comparable à une famille ayant à la fois des garçons et des filles. Nous savons aussi que les abeilles ont sur les pattes de petits paniers à pollen, et qu'elles portent le pollen aux pistils d'autres fleurs. Là, le pollen suit son chemin jusqu'à l'ovule, qui est alors fécondé et capable de grandir jusqu'à former une nouvelle plante avec ses fleurs. 

Avec ces données et quelques fleurs, rassemblons les enfants, et montrons-leur comment les fleurs ressemblent à des familles. Comme chacun sait, aucun garçon ne penserait à épouser quelqu'un de sa famille. Les garçons-fleurs (pollen) sont aussi aventureux que les garçons humains, ils parcourent le vaste monde sur des coursiers ailés (abeilles), comme les chevaliers des anciens temps, à la recherche de la princesse murée dans son château magique (l'ovule dans la carpelle). Le petit chevalier garçon-fleur descend de sa monture (abeille) et trouve son chemin jusqu'à la chambre secrète où repose la princesse (ovule). On les marie alors et ils ont quantités de petits garçons-fleurs et filles-fleurs. 

Cette narration peut être variée et embellie selon la fantaisie de l'éducateur, et peut plus tard être augmentée d'histoires d'oiseaux et d'autres animaux. Elle éveillera chez l'enfant une compréhension de la genèse de son propre corps, qui revêtira l'histoire d'amour de papa et maman de toute la poésie des garçons-fleurs et filles-fleurs; elle s'opposera ainsi à la plus petite pensée de discrédit touchant la naissance, dans l'esprit de l'enfant. 

Le corps du désir naît vers la quatorzième année, au moment de la puberté. C'est le moment où émotions et passions commencent à exercer leur pouvoir sur les jeunes gens et jeunes filles, car la gaine de matière-désir qui protégeait auparavant le corps du désir naissant a disparu. C'est là, dans la plupart des cas, un temps d'épreuves; il est donc bon pour l'adolescent d'avoir appris à considérer avec respect ses parents et ses maîtres, car il puisera en eux la force de résister à l'assaut des émotions. S'il a été habitué à avoir confiance en ses aînés, et s'il a reçu d'eux un enseignement sage, il aura développé à ce moment un sens intime de la vérité qui lui sera un guide sûr. Au contraire, dans la mesure même où il ne l'aura pas fait, il risquera d'aller à la dérive. 

C'est maintenant qu'il faut lui apprendre à étudier les choses par lui-même, et à se former ainsi des opinions personnelles. 

Pénétrons-le de la nécessité d'un examen approfondi avant tout jugement, et aussi du fait que plus il gardera de mobilité à ses opinions, mieux il sera capable d'étudier des faits nouveaux et d'acquérir des notions nouvelles. Il atteindra ainsi sa majorité à 21 ans, moment où l'intellect à son tour est entièrement libre; et il sera capable de prendre place dans le monde en citoyen complet, en adulte accompli, faisant honneur à ceux dont les soins aimants l'ont protégé pendant ses années de croissance. 



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