MAX HEINDEL
Cycle de conférences du Christianisme
de la Rose-Croix
1908
Neuvième Conférence
LES ALLÉGORIES ASTRONOMIQUES DE LA BIBLE
Dans les conférences précédentes, nous avons considéré l'homme comme une unité, en montrant comment l'être humain, un esprit, possède plusieurs corps ou véhicules de conscience en plus de son corps dense, et la façon dont il les emploie pour accumuler de l'expérience, ainsi qu'un ouvrier emploie ses instruments. Nous avons montré comment l'expérience est amassée pendant chaque vie et assimilée entre la mort et la naissance suivante, de telle manière qu'à chaque nouvelle vie sur terre, nos facultés soient constituées par la somme de toutes nos expériences dans les vies antérieures. Nous avons enfin montré comment nous progressons ainsi vers le but glorieux de la perfection, que nous atteindrons tous avant que cesse la nécessité de revenir sur la Terre, où chaque vie dans un corps physique dense est comme un jour de classe pour un enfant. Quand nous aurons appris tout ce qui peut être appris ici-bas, nous trouverons d'autres évolutions plus élevées où nous pourrons entrer exactement comme un enfant entre à l'école primaire après être passé par l'école maternelle.
Devant l'Ego, le progrès apparaît sans fin et les limites inconcevables, car l'esprit humain est une étincelle de l'Infini, englobant toutes les possibilités.
L'homme cependant n'est pas seulement une unité, une entité isolée; du moins ne l'est-il que dans un sens relatif, car il est membre d'une famille, d'une communauté, d'une nation, un des habitants de la Terre, et par là en relation avec d'autres mondes et leurs habitants, car il sont tous habités comme l'ont affirmé certains astronomes en raisonnant par analogie. La science occulte, elle aussi, enseigne qu'ils sont habités, et cet enseignement repose sur une connaissance directe, acquise et vérifiée au moyen de facultés que quelques-uns possèdent, bien qu'elles ne soient pour le moment que latentes chez la plupart.
Cette vue de l'Univers et de notre petite Terre, quoique insolite pour la majorité des gens, ne devrait pas être de beaucoup aussi difficile à croire que l'histoire de la création en sept jours, prise littéralement; car si Dieu a créé la Terre dans ce bref espace de temps, il doit aussi y avoir intercalé des restes fossiles, il doit avoir plié les couches géologiques et marqué les traces glaciaires et celles d'érosion des eaux - tout cela pour sa seule gloire, et pour l'éternelle mystification de l'homme. Il est certainement plus logique de soutenir que les différents corps célestes sont des habitations pour des formes de vie en évolution, que de les considérer comme de simples lampes accrochées dans le firmament pour éclairer notre petit bout de Terre.
Cette relation entre le Soleil, la Lune et les planètes est exposée par chacune des différentes religions du monde, y compris la religion Chrétienne, et les temples anciens sont des monuments de cette croyance maintenant presque oubliée dans le monde occidental, et pourtant aussi vraie aujourd'hui que dans les temps anciens.
La grande pyramide de Gizeh, située aux confins du vaste désert du Sahara, à la pointe du Delta du Nil, est une des plus anciennes constructions de la Terre, et un des témoins de la connaissance des anciens, concernant les vraies relations cosmiques: car c'est selon ces mesures cosmiques qu'ils ont construit cet édifice monumental.
De nombreuses théories ont été émises sur l'âge et la signification de cette Pyramide. Des astronomes ont montré qu'en l'an 2170 avant J.-C., Alpha du Dragon, étoile polaire de cette époque, était exactement en face de l'entrée inclinée du côté nord de la Pyramide. Le Prof. Proctor affirme qu'elle était aussi dans cette position en 3350 avant J.-C.; mais les Egyptologues disent que c'est là une date beaucoup trop récente. Comme ce dernier chiffre prend en considération les relations alors existantes entre Alpha du Dragon et Alcyone, qui ne peuvent se produire qu'une fois dans une année sidérale (25.868 années solaires); et comme le Zodiaque de Dendérah montre que les anciens Egyptiens avaient enregistré trois années sidérales, l'âge de la Pyramide pourrait être de quatre-vingt mille ans ou même davantage. Cet âge mérite au moins autant de créance scientifique que la date donnée par le Prof. Proctor.
Les recherches occultes, qui sont basées sur les archives impérissables trouvées dans la "mémoire de la nature", fixent la date de la construction à environ 250'000 ans avant J.-C., époque où la pyramide était utilisée comme temple d'initiation aux mystères et constituait le sanctuaire dans lequel était gardé un précieux talisman.
Helena Blavatsky, dans la "Doctrine Secrète", nous dit que "la construction de la Pyramide était basée sur le programme des mystères et des séries d'initiations...d'où il ressort que la Pyramide est la preuve éternelle sur la terre de ces initiations; et, comme le sont les orbites des étoiles dans le ciel, le cycle des initiations était une reproduction en miniature de la grande série de changements cosmiques à laquelle les astronomes ont donné le nom d'année sidérale (25.868 années ordinaires)".
"Tout comme à la fin du grand cycle de l'année sidérale, mesuré par la précession des équinoxes autour du cercle du Zodiaque, les corps célestes retournent aux mêmes positions relatives; de même, à la fin du cycle des initiations, la partie divine de l'homme a regagné son état primitif de pureté et de connaissance, qu'elle avait quitté pour entreprendre son pèlerinage à travers la matière, mais plus riche des expériences qu'elle a traversées".
Etant un symbole, la Pyramide doit contenir tout ou du moins partie des traits dominants de ce qu'elle symbolise. Grâce aux travaux documentés, mais d'esprit quelque peu étroit, des Prof. Piazzi Smith et Proctor, tous deux astronomes réputés - et d'opinions opposées sur l'utilité de la Pyramide - nous avons un nombre accablant de preuves des relations qui existent entre les dimensions des différentes parties de la Pyramide et les cycles et distances terrestres et cosmiques.
Le témoignage du Prof. Proctor est le plus intéressant, parce qu'il réfute la théorie de la construction de la Pyramide par des architectes divins. Il voudrait faire, et fait loyalement tout ce qu'il peut, pour réfuter cette théorie: il attribue les nombreuses dimensions qu'il étudie, et leurs relations avec les mesures cosmiques, à "de simples coïncidences" - méthode qui incita Mme Blavatsky à l'appeler du nom sarcastique de "champion de la coïncidence". Il admet que "toutes les théories touchant son origine laissent inexpliqués les traits principaux de la Grande Pyramide, sauf cette théorie extravagante qui attribue sa construction à des architectes divins"; et que "la théorie d'après laquelle elle servait à des fins astrologiques est soutenue par toutes les évidences connues; et aussi puissant que soit cet appui, elle tire plus de force encore de la faillite de toutes les autres théories". Ailleurs, il admet que la seule difficulté rencontrée par la théorie astrologique surgit de "notre incapacité à comprendre comment des hommes ont jamais pu avoir en l'astrologie une foi assez complète pour vouer tant d'années de travail et d'énormes sommes d'argent à poursuivre des recherches astrologiques, même dans leur propre intérêt".
Proclus nous dit que, d'après la tradition, il fut un temps où la Pyramide se terminait par une plate-forme, où la grande galerie s'avançait du centre vers le haut; et le Prof. Proctor se montre enthousiaste des possibilités de la Pyramide en tant qu'observatoire, alors qu'elle était dans cet état inachevé du point de vue architectural, mais au stade de la perfection du point de vue astronomique; il termine son éloge en disant que "avec des instruments modernes", elle aurait pu rester l'observatoire astronomique le plus important du monde. Il montre comment l'entrée de la grande galerie pointe vers le Zodiaque de manière que le Soleil, la Lune et les planètes, en suivant leurs orbites dans le ciel, jetaient une ombre dans la grande galerie selon un angle différent pour chaque jour de l'année ou du mois, et qu'ainsi leurs positions pouvaient être mesurées d'une manière particulièrement précise.
Les mesures les plus importantes de la Pyramide sont:
l - Chaque côté mesure 9131,5 pouces à la base; la somme des quatre côtés est donc de 36.526 pouces. A raison de 100 pouces par jour dans l'année, nous trouvons 365 jours 1/4, exactement le nombre de jours dans l'année, même y compris le quart de jour que nous conservons tous les quatre ans en le plaçant dans l'année bissextile.
2 - La longueur d'une des diagonales de la base est de 12.934 pouces, la somme des deux est donc 25.868 pouces, soit un pouce pour chacune des années de la grande année sidérale ou mondiale;
3 - Comme la base de la Pyramide mesure le temps que met la Terre à tourner autour du Soleil dans sa course annuelle, il est normal d'en déduire que la hauteur de la Pyramide devrait mesurer la distance de la Terre au Soleil, ce qui est exact.
4 - La hauteur de la Pyramide est de 5.819 pouces; ce qui, multiplié par un milliard de pouces, égale 91.840.000 miles; le Prof Proctor admet que c'est là la vraie distance de la Terre au Soleil, plutôt qu'aucune autre calculée par les astronomes.
Donc, "théorie extravagante" ou non, l'évidence est entièrement en faveur de la supposition que des architectes divins ont construits la Pyramide, et cela devrait nous convaincre de la valeur de cette théorie.
A une période plus tardive de son histoire, d'après les informations occultes, la Pyramide fut le temple des mystères qui ont actuellement dégénéré en "Maçonnerie". Dans un des rites dénommés "la porte de la mort", le candidat était lié sur une croix de bois et porté dans une crypte souterraine, où il demeurait en léthargie pendant trois jours et demi. Pendant ce temps, alors que son corps physique demeurait inerte, l'Ego revêtu de ses véhicules plus fins, parcourait consciemment le monde du désir sous la conduite des Hiérophantes. Il passait par les "épreuves du feu, de la terre, de l'air et de l'eau". Ceci veut dire qu'on lui montrait qu'en fonctionnant dans un tel corps, il ne pouvait être blessé par aucun des éléments; qu'il pouvait alors passer à travers une montagne aussi facilement que dans l'air; qu'il pouvait vivre dans un foyer ardent ou au fond du Grand Océan en parfait aise et confort. Au début, le néophyte est habituellement effrayé par les éléments, c'est pourquoi l'Initiateur est présent pour aider le néophyte et lui donner de l'assurance.
Au lever du Soleil, le quatrième jour, on le portait sur la plate-forme de la Pyramide, où les rayons du Soleil levant l'éveillait de son sommeil (pendant lequel il avait visité le Purgatoire). Une fois réveillé, il recevait "le Mot", et était appelé "premier-né".
Ce rite subsiste encore aujourd'hui comme troisième degré de la Maçonnerie: la mort et la résurrection de Hiram Abiff, le "fils de la Veuve", Grand Architecte du Temple de Salomon et héros de la légende Maçonnique. Ragon, la grande autorité de la Maçonnerie Française, dit que la légende de Hiram est une allégorie astronomique représentant le Soleil descendant du solstice d'été.
"Pendant l'été, le Soleil fait naître les chants de gratitude de tout ce qui respire; de là Hiram, qui le représente, peut donner le Mot, c'est-à-dire la Vie, à tous. Puis le Soleil entre dans les signes du Sud à l'équinoxe d'automne, la nature devient muette, et Hiram, le Soleil, ne peut plus donner le Mot sacré; il rencontre les trois meurtriers, les signes zodiacaux de la Balance, du Scorpion et du Sagittaire, que le Soleil traverse en octobre, novembre et décembre. Le premier le frappe avec une règle de 24 pouces, emblème des 24 heures que met la Terre à tourner sur son axe. Le second le frappe avec une équerre d'acier, qui symbolise les quatre saisons. Enfin le coup mortel est donné par le troisième meurtrier avec un maillet arrondi qui signifie que le soleil a complété son cycle et meurt pour faire place au Soleil d'une autre année.
Les initiés des temples en Egypte étaient appelés "phree messen" ce qui signifie "enfants de la lumière", parce qu'ils avaient reçu la lumière de la connaissance; et c'est ce nom qui fut changé en celui de "Franc-Maçon" (en anglais free-mason).
Dans la religion Judaïque, il est question d'un Dieu qui fait certaines promesses à un homme du nom d'Abraham. Il promet de rendre la postérité d'Abraham aussi nombreuse que les sables du rivages; et l'on nous conte comment il en usa avec le petit-fils d'Abraham, Jacob, qui fut l'époux de quatre femmes dont il eut 12 fils et une fille. Ceux-ci sont considérés comme les ancêtres de la nation Juive.
C'est là une allégorie astronomique, en rapport avec la migration des corps célestes: ceci est mis en évidence par une étude approfondie du 49e chapitre de la Genèse et du 33e chapitre du Deutéronome, où les bénédictions de Jacob à ses fils montrent comment ils sont identifiés aux 12 signes du Zodiaque - Simon et Lévi partageant le signe des Gémeaux et le signe féminin de la Vierge étant attribué à la seule fille de Jacob, Dinah. Les quatre épouses sont les quatre phases de la Lune, et Jacob est le Soleil.
Tout ceci est semblable à l'enseignement que nous trouvons chez les Grecs, où Gaïa, la Terre, est l'épouse d'Apollon, le Soleil; et chez les Egyptiens, où chaleur et humidité, le Soleil et la Lune, étaient personnifiés par Osiris et Isis. Les fleuves sacrés du Jourdain et du Gange sont aussi étymologiquement en rapport avec la rivière de l'Eridan, qui est une des constellations. Ce nom signifie "source de la descendance", et pour des agriculteurs comme l'étaient ces peuples anciens, ces fleuves étaient la source des Eaux de la vie. Flavius Josèphe nous dit que les Juifs portaient les douze signes du Zodiaque sur leurs bannières, et campaient autour du Tabernacle qui contenait le chandelier à sept branches, représentant le Soleil et les corps célestes en mouvement dans le cercle formé par les douze signes du Zodiaque.
Les Juifs plaçaient leurs temples de manière que les quatre angles pointaient vers le N.E., le S.E., le S.O. et N.O., et les quatre côtés directement au Nord, à l'Est, au Sud et à l'Ouest. Comme dans tous les temples solaires, l'entrée principale était à l'Est, pour que le Soleil levant pût illuminer le portail et proclamer chaque jour la victoire de la lumière sur les puissances des ténèbres. C'était là un message enseignant à l'humanité naissante que la lutte entre la lumière et les ténèbres sur le plan matériel n'est que la contrepartie d'une lutte semblable dans les mondes moral et mental, où l'âme humaine cherche à tâtons sa voie vers la lumière; car le combat de la lumière et des ténèbres dans le monde matériel, comme tous les autres phénomènes, est une suggestion des réalités des mondes invisibles. Ces vérités furent données à l'homme sous forme de mythes par des guides divins; ceux-ci le guidèrent jusqu'au moment où le développement de son intelligence le rendit arrogant, ce qui détermina ses bienfaiteurs à se retirer et à le laisser apprendre par les rudes chocs de l'expérience. L'homme alors les oublia, et il en est venu à considérer les vieilles histoires de dieux et demidieux comme imaginaires.
Et pourtant l'Eglise Chrétienne primitive elle-même était imprégnée de la connaissance de la signification du mythe solaire, car la Cathédrale Saint-Pierre de Rome est construite face à l'Est, comme tous les temples solaires - annonçant à l'humanité la "Grande Lumière du Monde" qui doit venir dissiper les ténèbres spirituelles qui nous enveloppent, le porteur de Lumière qui apportera la Paix sur la Terre et la bonne volonté parmi les hommes, et par qui les nations changeront leurs épées en socs de charrue et leurs lances en serpes (Isaïe 2:4).
Les Juifs accueillaient le soleil avec le sacrifice du matin, et prenaient congé de lui à son coucher de la même manière par une offrande vespérale, offrant en outre pendant leur sabbat un sacrifice supplémentaire au "Dieu de race" lunaire Jéhovah. C'est lui qu'ils honoraient aussi par un sacrifice à la Nouvelle Lune.
Une grande fête était celle de Pâques (Easter) où ils célébraient la Pâque, moment où le Soleil traverse son noeud oriental (eastern), quittant l'hémisphère sud où il a hiverné pour commencer son voyage boréal dans son char de feu, salué avec joie par les hommes qu'il sauve de la faim et du froid inévitables s'il restait toujours en déclinaison australe.
La dernière et la plus importante des fêtes juives est la fête des Tabernacles, au moment où le Soleil traverse son noeud occidental, en automne, après avoir donné à l'homme le "pain de vie" avec lequel il soutiendra son être matériel jusqu'au retour suivant du Soleil vers le ciel du nord.
C'est pour cette raison que les six signes du Sud occupés en hiver par le Soleil sont toujours appelés "l'Egypte" ou le "pays des Philistins", etc., d'un nom qui désigne quelque chose de néfaste pour le "peuple de Dieu"; tandis que les signes boréaux où se trouve le Soleil pendant la saison féconde sont toujours "le ciel", "la terre promise", où "coulent le lait et le miel".
Nous voyons cela dans des passages comme celui où la célébration de la Pâque est ordonnée "en souvenir de la sortie d'Egypte".
Cette fête est une réjouissance à propos de la sortie du Soleil des signes austraux et aussi du fait que Jacob était avec Joseph en Egypte lorsqu'il mourut. Au solstice d'hiver, lorsque le Soleil de l'année écoulée a terminé son voyage et atteint le dernier degré de déclinaison australe, il se trouve dans le signe zodiacal du Sagittaire. En se reportant à la Genèse (49:24) où Jacob mourant parle de l'"arc" de Joseph, il est facile de l'identifier avec le signe du Sagittaire qui représente un Centaure tirant à l'arc; ainsi l'histoire de Jacob mourant en Egypte près de Joseph se répète chaque année lorsque le Soleil meurt dans le signe du Sagittaire au solstice d'hiver.
L'histoire de Samson est une autre phase du mythe solaire. Tant que la chevelure de Samson pouvait pousser, sa force augmentait; Samson est le Soleil et ses rayons sont représentés par les cheveux de Samson. Du solstice d'hiver en décembre au solstice d'été en juin, les rayons du Soleil grandissent, et il gagne en force chaque jour. Ceci épouvante les "puissances des ténèbres", les mois d'hiver, les Philistins, car si ce porteur de Lumière continue à régner, leur royaume touchera à sa fin; et ils tiennent conseil contre Samson pour découvrir en quoi repose sa force. Ils s'assurent le concours de la femme Dalilah, qui est le signe de la Vierge; et quand Samson, le Soleil, passe dans ce signe en septembre, on dit qu'il a laissé reposer sa tête sur le sein de la femme et qu'il lui a confié son secret. Elle lui coupe ses boucles, car à ce moment les rayons du Soleil deviennent plus courts et perdent leur force. Alors les Philistins ou mois d'hiver surviennent et emportent le géant affaibli dans leur prison, les signes austraux où le Soleil se trouve en hiver. Ils crèvent ses yeux ou le privent de sa lumière, et le mènent enfin dans leur temple, leur forteresse, au solstice d'hiver; là, ils le soumettent à des traitements infâmes, croyant avoir complètement vaincu la lumière. Mais avec les forces qui lui restent, le géant solaire enchaîné détruit leur temple; bien qu'il meure dans l'effort, il l'emporte sur ses ennemis; il laisse ainsi le chemin libre pour la naissance d'un nouveau Soleil-enfant, qui sauvera l'humanité du froid et de la faim, inévitables s'il était resté prisonnier des puissances des ténèbres, des Philistins, des mois d'hiver.
Les vies de tous les sauveurs de l'humanité ont également comme base le passage du soleil autour du Zodiaque, qui illustre les épreuves et les succès des Initiés: ce fait a donné naissance à cette conclusion erronée que ces sauveurs n'ont jamais existé, que leurs histoires sont de simples mythes solaires. C'est une erreur, car tous les maîtres divins envoyés à l'humanité sont des entités cosmiques, et l'ordonnance de leurs vies est en accord avec la marche des astres, qui représente en quelque sorte une biographie anticipée de leurs vies. Chacun d'eux est venu, apportant lumière spirituelle et connaissance divine pour aider l'homme à trouver Dieu; c'est pour cela que les circonstances de leurs vies étaient accordées sur les événements que le grand porteur physique de lumière, le Soleil, rencontre dans son pèlerinage à travers une année.
Les Sauveurs sont tous nés d'une Vierge immaculée au moment où les ténèbres sont les plus grandes parmi l'humanité, de même que le Soleil de l'année qui vient est né, ou commence son voyage, pendant la nuit la plus longue de l'année, au moment où le signe zodiacal de la Vierge se trouve à l'horizon oriental sous toutes les latitudes entre 22 et 24 heures. Elle reste aussi immaculée que jamais après avoir donné naissance à son fils-soleil; c'est pourquoi nous voyons la déesse égyptienne Isis, assise sur le croissant de la Lune, tenant son divin bébé Horus; Astarté, la femme immaculée de Babylone avec son fils Tammuz et une couronne de sept étoiles sur la tête; Devaki dans l'Inde avec son fils Krishna; et notre propre Vierge Marie donnant le jour au Sauveur du Monde Occidental sous l'étoile de Bethléem. Partout la même histoire: la mère immaculée, l'enfant divin; et le soleil, la lune ou les étoiles.
De même que le Soleil matériel est faible et doit fuir devant les puissances des ténèbres, de même ces divins porteurs de lumière sont poursuivis et contraints de fuir par les pouvoirs du Monde; et, comme le Soleil, ils échappent toujours. Jésus dut fuir devant le roi Hérode: le roi Kansa et la reine Maya jouent le même rôle dans d'autres religions. Le baptême a lieu au moment où le Soleil traverse le signe du Verseau, le porteur d'eau; et quand il traverse le signe des Poissons en Mars, c'est le jeûne de l'Initié, car le signe des Poissons est le dernier des signes du sud; à ce moment, les provisions amassées grâce aux dons généreux du Soleil de l'année précédente sont presque épuisées, et la nourriture de l'homme est insuffisante. L'alimentation en poisson du Carême, qui se place à ce moment, est une confirmation de plus de cette origine solaire du jeûne.
A l'équinoxe de printemps, le soleil "croise l'équateur", et à ce moment se place la "mise en croix" ou crucifixion, car c'est alors que le Soleil-Dieu commence à donner la vie sous forme de nourriture à ses adorateurs, mûrissant le blé et le raisin, dont sont faits "le pain et le vin". Pour cela, il doit quitter l'équateur et s'élever vers le ciel. De même, il ne serait d'aucun bénéfice spirituel pour l'humanité que ses sauveurs restent avec elle; aussi remontent-ils au ciel en tant que "fils (ou soleils) de justice" (Malachie 4:2), secourant de là-haut les fidèles, comme le fait le Soleil pour l'homme du haut des cieux.
Le Soleil atteint son point le plus élevé de déclinaison Nord au solstice d'été; il est alors assis "sur le trône de son père", le Soleil de l'année précédente; mais il ne peut y rester plus de trois jours, il descend ensuite vers son noeud occidental. De même, les Sauveurs de l'humanité montent jusqu'au trône du Père, pour être réincarnés de temps en temps pour le bien de l'humanité - vérité contenue dans la phrase du Credo de Nicée: "et de là il reviendra".
Le mouvement connu sous le nom de "précession des équinoxes, d'après lequel le Soleil croise l'équateur le 21 mars en un point différent chaque année, détermine le symbole propre à chaque Sauveur.
Au temps de la naissance de Jésus, le Soleil croisait l'équateur autour du 5e degré du signe du Bélier: en conséquence, le Christ était "l'agneau de Dieu". Il y eut pourtant une discussion; les uns pensaient que, à cause de ce qu'on appelle l'orbe d'influence, le pouvoir du Soleil était en réalité dans les Poissons, et que le symbole du Christ aurait dû être un poisson, symbole d'ailleurs des premiers chrétiens. En souvenir de cette discussion, la mitre des évêques a encore de nos jours la forme d'une tête de poisson.
Au temps de Mithra, le Sauveur Persan, le Soleil croisait l'équateur dans le signe du Taureau; aussi Mithra est représenté monté sur un taureau; et c'est sur ce fait que se fonde l'adoration du Boeuf Apis en Egypte. Au temps présent, l'équinoxe du printemps est environ au dixième (aujourd'hui neuvième) degré des Poissons; si un sauveur devait naître actuellement, il serait un "homme-poisson" comme Oannes de Ninive, transformé en Jonas et la baleine par la Bible.
Les quatre lettres dont il est dit qu'elles ont figuré sur la croix du Christ, et la méthode de fixation de la date de Pâques en commémoration de cet événement, montrent également son caractère cosmique. On suppose généralement que les lettres INRI signifient Jesus Nazarenus Rex Judaeorum (Jésus de Nazareth, Roi des Juifs); mais ce sont aussi les initiales des noms hébreux des quatre éléments: Iam (l'eau), Nour (le feu), Ruach (l'air ou l'esprit), Iabeshah (la Terre). Il serait stupide de fixer l'anniversaire de la mort d'un homme quelconque par le Soleil et la Lune comme est fixée la date de Pâques, mais c'est au contraire tout à fait normal pour une fête solaire et une entité cosmique, en relation avec le Soleil apportant la lumière au luminaire physique.
Lorsque le soleil quitte son trône au solstice d'été, le 21 juin, il passe, après le Cancer, dans le signe du Lion, le "Lion de Juda". C'est alors qu'a lieu la fête catholique de "l'Assomption"; trois semaines plus tard, quand il se trouve dans la Vierge, c'est la "Nativité", car à ce moment la Vierge naît du Soleil, pour ainsi dire.
Ceci nous rappelle à l'esprit la solution astronomique de ce passage de l'Apocalypse (12:1): "Je vis une femme habillée du soleil avec la lune sous ses pieds". Ce phénomène se produit chaque mois de Septembre juste après la Nouvelle Lune: car vu de la Terre, le Soleil couvre ou habille le signe de la Vierge pendant Septembre; et lorsque la Lune cesse sa conjonction avec le Soleil, il semble qu'elle soit juste sous les pieds de la Vierge. Lorsque Jean-Baptiste dit, à propos du Christ: "Il faut qu'il croisse et que je diminue (Jean 3/30), il symbolise le Soleil au solstice d'été, lorsqu'il lui faut décroître en éclat pour le semestre qui vient; tandis que le Christ, par sa naissance à Noël, s'identifie avec le Soleil nouvellement né, qui fait croître la longueur du jour jusqu'au milieu de l'été.
Nous voyons donc que le combat entre la Lumière et les Ténèbres dans le monde physique est en connexion étroite, dans les Ecritures des différentes religions, avec le combat des puissances de la lumière et de la vie contre celle des ténèbres et de l'ignorance; et que cette vérité est universellement répandue parmi les peuples dans tous les temps. Les mythes des tueurs de dragons renferment la même vérité; là où les Grecs racontent la victoire d'Apollon sur Python, et celle d'Hercule sur le dragon des Hespérides, l'homme du Nord parle du combat de Beowulf tuant le serpent de feu, celui de Siegfried tuant le dragon Fafner ou celui de St-Georges et du Dragon. A notre époque matérialiste, ces vérités sont temporairement reléguées dans l'oubli ou considérées comme des contes de fées sans aucun fond de vérité: mais les temps viendront, et ils ne sont pas loin, où ces reliques, qui incarnent de grandes vérités spirituelles, seront remises en honneur.