RIPLEY Liber Secretissimus.

 

Extrait du manuscrit Ripley

LIBER SECRETISSIMUS

GEORGE RIPLEY

Tout le travail de la composition de la Pierre Philosophale et du Grand Elixir et la première solution des corps grossiers.

Prenez notre Antimoine Artificiel, et non pas l'Antimoine naturel tel qu'il vient de la terre, car il est trop sec pour notre travail, et a trop peu d'humidité, ou onctuosité en lui, mais prenez dis-je notre Antimoine Artificiel, qui est abondamment rempli de la Rosée des Cieux et de la graisse et onctuosité de la terre, dans laquelle des Huiles précieuses et de riches Mercures sont par nature étroitement enfermés, et cachés aux yeux de tous les ignorants qui se raillent des merveilleux et grands mystères du Dieu tout Puissant, pour qu'ils ne puissent pas voir, ni comprendre, ce qu'il à caché dans le plus évident, commun et méprisable commencement de toutes Choses par tout le Monde.

Car notre Corps Antimonial ne doit être révélé qu'aux enfants de l'Art, qui croient fermement en la permanente vérité de cela, et par amour fraternel et charité nous disons, qu'il est fait d'un Soufre, et de deux Mercures, qui sont appelé autrement par les Sages Philosophes, Soleil, Lune et Mercure, ou comme certains d'entre eux disent plus clairement, Sel, Soufre et Mercure, qui sont les trois différentes et distinctes substances et corps, bien que pour la plupart nous les appelons une seule Chose, car au terme de notre ouvrage ils sont fait une seule chose, qui est notre admirable Elixir, et ils ont chacun d'eux une origine, et tendent ensemble à une même fin. Aussi si nous n'avions pas dans notre œuvre un aspect ternaire de ces Planètes, et ne commencions notre œuvre par une Trinité, tout serait travail inutile et sans profit.

Aussi si vous désirez bien œuvrer en notre Art, nous vous souhaitons de commencer avec notre Trinité minérale, et par cela notre Antimoine Artificiel est fait. Prenez alors dans le premier commencement de cet ouvrage, ces trois nobles Parents, qui sont immédiatement imprégnés des qualités fortes et subtiles des quatre éléments, et dans leurs mûres et naturelles proportions, dans lesquelles proportions vous ne devez pas vous égarer, car si vous le faites, vous ne pourrez jamais réduire ces corps en notre Chaos véritable, et vous serez contraint de recommencer à nouveau, ce qui vous sera un découragement pénible). Mettez-les dans une bonne et forte cucurbite ou vaisseau de verre, et fermez le bien en haut, de façon qu'aucun esprit ne s'exhale, car s'ils trouvent une ouverture pour s'évaporer, vous échouerez, car vous perdrez et dissiperez les fleurs de notre Or. Lorsque ce Vaisseau est bien clos, mettez-le dans le four des Philosophes, dans les Cendres ou dans le sable avec un feu tempéré dessous, pendant l'espace d'un Mois Philosophique, qui est de six semaines entières, et durant ce temps nos corps grossiers seront dissous et mortifiés et seront prêts à une génération plus royale. Durant le temps de cette dissolution et putréfaction nos trois nobles Parents, assassins contre nature de chacun d'ente eux, ne se ménageront pas toute cruauté pour s'extraire le sang vital de chacun d'entre eux, et donc sont cuits dans leur propre sang versé, et ils deviennent doux et tendres, comme du beurre, et sont fait une seule chose, sans différence ou distinction. Lorsque vous avez amené votre œuvre à ce point, remerciez Dieu et soyez heureux que par sa Grâce et Merci vous avez obtenu notre Chaos noir et ténébreux, qui est la Chose véritable écrite par tous les Philosophes, notre masse confuse, et le sol primordial de tous nos Secrets, car en lui gît invisible, notre Or et notre Argent, notre Soufre et Mercures, notre Eau Cristalline, nos Huiles et Teintures, et nos quatre Eléments que vous devez rendre visible et apparent aux yeux de tous, car autrement rien ne peut s'accomplir, et jamais vous ne pourrez obtenir l'espérance de votre désir argenté et doré. Ces Mercures, Eaux, Huiles, Teintures, et Eléments, rendez-les visibles et évidents. Après que les Mois ci-dessus soient écoulés, votre vaisseau étant froid, ouvrez-le, et coiffez-le d'un chapiteau, placez-le dans notre Bain, ajustez le récipient à l'ouverture du chapiteau, fermez bien les jointures, et tirez toute l'eau insipide et fade, que vous mettrez à part dans un flacon bien bouché, mettez un nouveau récipient, et au bain de cendre et par un feu plus fort, tirez-en toute la fumée Blanche, qui est appelée notre Air, Teinture d'argent et Lait virginal, que vous garderez aussi à part dans un flacon bien bouché. Puis enfin mettez un nouveau récipient, et au bain de sable avec le feu le plus fort que vous puissiez faire, séparez la fumée rouge, qui est appelée notre feu naturel, notre Teinture dorée et humidité radicale des corps Elémentaux, continuez le feu aussi longtemps qu'il n'y ait plus de gouttes ou vapeurs rouges, puis diminuez le feu par degrés, fermez bien le récipient avec de la cire, pour que les esprits ne puissent s'enfuir, car ceci est appelé notre Liqueur bénite, et croyez moi il n'y a pas de plus puissant poison dans tout le Monde que celui-là, par conséquent tenez-le fermé, et ne le touchez pas jusqu'à ce que nous l'indiquions. C'est maintenant le travail de l'Art, car la Division et la Séparation, est le seul travail de l'Art et de l'Artiste, et non point de la Nature ; car ici la Nature est forcée par l'adresse de l'Ouvrier, de renoncer et de se séparer de ses Eléments bien aimés, qu'elle garde précieusement enchaînés et enclos dans ses entrailles, et qui par la violence du feu extérieur ont été par force extrait d'elle. En vérité le premier Ouvrage de Solution et de Mortification est la Seule opération de la Nature, car les Matières étant encloses dans leur donjon, là la Nature les atténue, les dissous et les putréfient, et les force à rétrograder à nouveau en leur propre première matière, qui est une humeur et substance  visqueuse, d'où au commencement les quatre éléments ont été formés et engendrés. Et dans ce premier travail, l'Artiste n'est rien d'autre qu'un faiseur de feu, qui donne à la Nature la force et le pouvoir d'œuvrer sur les matières, car sans le feu pour exciter la Nature ne pourrait rien effectuer, mais elle resterait inutile et en attente, et ceci en regard à la froideur du Mercure, car le froid prédomine, la chaleur demeure  enchaînée et impassible, mais quand le feu extérieur active et provoque l'indignation de l'ardent Menstrue Salé, elle s'empare du corps gras et onctueux du Soufre, et extrait sa chaleur naturelle et sa partie ardent, et alors tous deux s'embrassent et travaille le froid Mercure, et ils broient et dispersent tous ses membres en plus petits atomes qui volent dans les rayons du Soleil, et alors la chaleur devient prédominante.

De par cela en ce Premier Œuvre l'Opérateur n'est rien d'autre que le fidèle administrateur de la Nature, qui en ce cas, peut être effectué par l'homme le plus simple et le plus illettré du Monde.

Mais dans le travail secret de la conjonction de nos Eléments, la Nature et l'Art, s'accompagnent ensemble main dans la main, car ici l'Artiste trouve et  imbibe, et la Nature fixe et congèle, ce que nous montrerons ci-après, lorsque nous parlerons de cet ouvrage.

Le premier œuvre de la solution réduit notre Trinité et notre composé Antimonial en une gomme verte, appelée le Lion Vert, laquelle gomme se sèche modérément, mais prenez bien garde de ne point brûler ses fleurs, ni de détruire sa verdeur, car en elle demeure son Ame, qui est notre principal Secret. Et notre second œuvre manifeste ces choses, qui étaient auparavant cachées à la vue, et rend visible et distinct nos quatre éléments. Mais dans ce second œuvre, si vous extrayez notre Air et notre feu avec l'eau flegmatique, ils seront plus naturellement et aisément tiré de leur prison infernale, et avec moins de perte de leurs Esprits que par la première voie décrite.

Après que la division soit parfaitement célébrée, vous devez trouver sur les côtés de la Cucurbite, et aussi dans le haut de l'Alambic, un givre blanc comme la congélation d'une vapeur, ou comme du Mercure sublimé, que vous garderez avec circonspection en un flacon de verre bien bouché, car en lui gît caché un grand secret, par lequel vous pourrez abréger votre ouvrage, de moitié de temps, et en moitié moins de labeur, qu'on pourrait le faire autrement, ce qui permettra de le faire avec un plus grand bénéfice et facilité et à moindre dépense.

De la Purification de notre Base.

Il est plus que certain, que le feu extérieur est pour nous un grand ami, et sa nature est telle, qu'il ne peut endurer aucune impureté en toute chose, par conséquent au jour du Jugement, le feu Elémentaire purifiera, nettoiera et brûlera toute la terre impure sur laquelle nous marchons, et la purgera de toutes ses crasses et immondices.

Ainsi doit-il en être de même en notre œuvre. C'est pourquoi après la séparation de notre Eau, Air et Feu hors de notre terre, enlevez les noires fèces qui demeurent au fond de notre Vaisseau, que l'on appelle Notre Dragon, et broyes-les en poudre subtile, dans deux creusets lutés ensemble, dans un four à potier, ou de verrier, ou fourneau à vent, jusqu'à ce qu'elle soit blanchâtre ou grise, cette Chaux devra être gardée à part, car elle est la Base et la Fondation de notre Œuvre, on l'appelle maintenant mars, et notre Terre Blanche Fixe.

De la Purification de notre Eau Défaillante.

Mais afin que vous ne perdiez point de temps et que vous n'attendiez pas, pendant que la Terre est calcinée, distillez l'Eau qui fut premièrement tirée de notre Composé, et cela sept fois, jusqu'à ce qu'elle soit claire comme le Cristal, mais faites cela avec elle seule, et n'y ajoutez aucune autre chose, et alors vous aurez notre pure rivière d'Eau de Vie, qui le pouvoir et la vertu de revivifier le corps mort d'où elle fut tirée, et le rendre blanc et brillant comme de l'Albâtre pur. Comme pour nos autres Eaux ardentes, elles sont si fixes et permanentes, qu'aucun feu ne pourra de nouveau les élever de leurs substances, mais elles demeureront dans le feu, jusqu'au jugement dernier sans aucune perte ni exhalaison.

Toutes choses étant désormais purifiées à l'extérieur comme à l'intérieur, maintenant commence le travail de l'Art et de la Nature, en lequel, l'un doit inséparablement porter secours à l'autre, car s'ils refusent de s'aider mutuellement, toutes les sueurs et labeurs précédant ne sont d'aucune utilité, car Nature ne peut joindre nos éléments disjoints sans l'assistance d'un Artiste expert ; ni l'Artiste ne peut coaguler les éléments mis ensemble sans la Nature, c'est pourquoi la Nature implore l'aide de l'Artiste avec un Adjuna me, et ego adjunabose. Et par conséquent l'Artiste ayant vu auparavant ce que la Nature a fait pour lui, en dissolvant et purifiant les corps, est prêt à l'aider.

Du Travail de la Conjonction des Eléments.

Prenez les fèces mentionnées ci-dessus appelées mars, ou Notre Dragon, qui dévore sa propre queue, et mettez-les dans un vaisseau de verre sans crainte d'en remplir la moitié, et versez dessus de notre eau de Vie rectifiée en quantité suffisante pour recouvrir la Chaux en poudre, cela fait, fermez incontinent le vaisseau avec un chapiteau aveugle, dûment luté au reste du corps, et mettez-le dans les cendres chaudes, jusqu'à ce que la Chaux ait bue et coagulée toute la Liqueur, ce qui sera fait en huit jours, alors de huit en huit jours, imbibez ladite Chaux de sa propre eau, et lorsqu'elle n'en boira plus, mais est très blanche et brille comme les Yeux des Poissons, et sera pleine de Lames Cristallines, alors, ladite Chaux étant très sèche, sortez-la du vaisseau, et séparez d'icelle, toutes les Lames Cristalline, et broyez-les en Poudre ; mettez cette poudre que nous appelons le soufre de nature, ou la terre foliée, dans un autre vaisseau, et versez dessus notre fumée Blanche appelée Lait Virginal, par un feu modéré coagulez-les ensemble, et continuez ce Travail jusqu'à ce que presque tout l'Air ait été bu, et soi devenue fixe et permanente. Puis sortez la matière, et mettez-la en poudre et incéré-la goutte à goutte avec la partie de son Air réservé, jusqu'à ce qu'elle devienne liquide comme du Miel et fonde et flue comme de la Cire, sur un charbon et ne s'évapore point, alors vous avez la parfaite Pierre Blanche, et la Médecine Argentée, qui transmute tous les corps des métaux imparfaits en Lune véritable et parfaite.

Du Travail au Rouge

Lorsque vous aurez obtenu notre Pierre Blanche de la manière dite ci-dessus, partagez-la en deux parts égales, et sur l'une d'elle mettez la quatrième partie de Mercure sublimé, tous deux étant pulvérisé, mélangez-les bien ensemble, et mettez-les en un vaisseau bien luté, et mettez en votre four, et laissez-le là l'espace d'un mois avec un feu tempéré, jusqu'à ce qu'il ne fasse plus qu'un corps, puis prenez en une partie que vous pourrez projeter pour votre besoin, quant à l'autre partie vous pourrez toujours la multiplier avec du sublimé, or de l'Argent-vif qui ait été purifié par le Sel et le Vinaigre, jusqu'à la fin de vos jours, soustrayant ainsi et multipliant suivant votre plaisir.

Mais pour le Rouge, prenez l'autre part réservée de votre Pierre Blanche, pulvérisez-la, et la mettez en un vaisseau, versez dessus un peu de notre eau ardente, ou Teinture Dorée, et coagulez-les ensemble sur un feu modéré, de crainte que votre vaisseau ne se rompe par la force du venin et pouvoir insurmontable de notre Mercure Rouge et ardent, faites cela une ou deux fois, jusqu'à parfaite fixité, puis sortez la matière et mettez-la en poudre, et incérez-la dans un creuset avec ladite Huile rouge, ou Eau ardente, jusqu'à ce qu'elle flue comme de la Cire, comme il fut fait avec la Médecine Blanche, alors vous avez notre pierre rouge sombre semblable à la couleur de l'Hématite, qui est capable de faire des miracles sur la terre, mais il n'est point de notre intention de les révéler à cette heure, laissant cela pour être expérimenté par ceux que le Dieu Puissant pense être digne d'être enseigné, par ceci notre bref et petit livre petit, mais concis et substantiel, Dieu à qui nous devons perpétuellement remerciement et louanges, car tu nous as doté de ce Savoir.
 
Du Raccourci du Grand Œuvre, qui épargne la moitié de l'Ouvrage et du Temps.

La poudre Blanche, dont nous avons parlé précédemment et dont nous vous avons dit de réserver, qui est le parfait Soufre de la Nature, et la Terre Foliée, qui ne nécessite ni imbibition, ni digestion pour le blanc ; prenez la et broyez la finement, puis imbibez-la avec quatre parties de notre susdit Air ou Lait Virginal.

Mais observez en même temps, que vous devez avoir grande provision de notre Eau, Air et Feu, et ceux-ci extrait hors de cinq ou six composés différents, ou Chaos, de façon qu'après que vous ayez conduit un Chaos hors du Four, vous devez présentement en mettre un nouveau, et cela successivement l'un après l'autre, et séparer leurs éléments, car autrement vous voudrez des eaux et des huiles pour l'imbibition, incération, et multiplication, et si votre œuvre doit être interrompue par manque de telles matières, tout est perdu et vous n'arriverez à rien, car dès que vous commencez, vous devez procéder sans arrêt ni interruption jusqu'à la complète fin.

Mais pour notre sujet, ayant imbibé le Givre susdit, et coagulez le tout à un feu doux, jusqu'à ce que tout soit bu, imbibez et coagulez alors deux fois de plus jusqu'à fixité, après cela mettez en poudre, et incérez, avec un peu de notre Air par goutte, comme vous avez fait pour la médecine blanche précédemment, jusqu'à ce qu'il flue comme de la cire sur un fer porté au rouge, et ne s'évapore point, alors vous avez la parfaite Pierre Blanche, faite en moitié de temps, et avec moitié mois de labeur, ce qui est un précieux joyau et un grand Secret.

Du Raccourci de l'œuvre au Rouge.

Prenez le tout, ou la moitié, de notre Pierre Blanche, faites à partir du Givre mentionné, et pulvérisez-la, mettez dans un fort œuf de verre, et imbibez-la avec un peu de notre ardent Mercure Rouge, et mettez sur un faible feu, par crainte de casser le verre, coaguler en une poudre sèche, puis imbibez et coaguler deux fois encore jusqu'à ce que tout soit fortement fixé, puis prenez la matière et pulvérisez-la, et incérez-la avec notre susdite Huile goutte à goutte dans un fort creuset sur un feu modéré, jusqu'à ce qu'elle flue comme de la cire, comme précédemment mentionné. Alors vous avez la parfaite Pierre Rouge avec moins de travail, dépense de temps et d'argent, et ce Secret n'a jamais été dévoilé auparavant par aucun des Anciens Philosophes, car ils étaient envieux de leurs rares Mystères, que nous avons maintenant entièrement dévoilé, pour l'honneur de Dieu, et pour votre bien, de façon que vous puissiez effectuer le saint Œuvre de Charité et Merci suppléant abondamment et soulageant les orphelins et les veuves, rachetant les prisonniers et les captifs, spécialement ceux qui ont souffert pour l'amour de notre Saint Seigneur et Sauveur, Jésus Christ. 

Notre Pierre Blanche est Multipliée par imbibition réitérée, coagulation, et incération, avec notre Lait Virginal, car plus vous faites cela, plus elle s'accroît en quantité, et elle devient de cette façon plus subtile et pénétrante, et converti plus de métal avec une moindre quantité.

Notre Pierre Rouge est multipliée de la même manière, par réitérée imbibition, coagulation, et incération avec notre Huile ardente, ou Mercure Rouge, et ce cette façon vous pouvez l'accuer tellement, qu'elle sera capable nous seulement de pénétrer les métaux, mais aussi les Pierres les plus dures, et n'importe autres Choses dites dans Tout le Monde.

N'importe qui obtiendra ces Médecines, aura des Trésors incomparables, surpassant tous les Trésors de ce Monde.


FINIS

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