HEINDEL Le mystère du Golgotha et le sang purificateur




MAX HEINDEL

Cycle de conférences du Christianisme 
de la Rose-Croix

1908


Quinzième Conférence 

LE MYSTÈRE DU GOLGOTHA ET LE SANG PURIFICATEUR 


Pendant les deux mille ans d'existence du Christianisme, et depuis que les doctrines de la Rédemption et du Sang purificateur ont pénétré dans notre monde occidental, des discussions se sont élevées, particulièrement dans les siècles derniers, pour savoir s'il y a réellement quelque efficacité dans ce Sang purificateur, ou s'il s'agit seulement d'une légende. Nous espérons montrer, à la lumière de l'occultisme et de la raison, que cette doctrine renferme quelque chose d'infiniment grand, plus grand que personne ne l'a jamais imaginé. Nous pourrons après cela laisser nos coeurs admettre sans restriction la grande et glorieuse idée du Sang purificateur et du sacrifice réalisé il y a deux mille ans sur le Golgotha (en hébreu), ou "place du crâne. 

Lorsque nous lisons notre Credo chrétien, nous trouvons la phrase: "Jésus-Christ, le fils unique de Dieu"; et la plupart des gens pensent que cette phrase s'applique à un seul individu du nom de Jésus-Christ qui fut en même temps le fils unique de Dieu. Cependant, nous allons voir qu'il n'en est pas ainsi et que cette phrase s'applique à trois grandes et glorieuses individualités. 

Elles ont droit toutes les trois à notre plus profonde vénération, mais elles diffèrent immensément en gloire et elles ont derrière elles des activités totalement différentes. 

Si nous examinons Jésus à la lumière des archives occultes, à la lumière de ce que nous avons appelé dans nos conférences précédentes la "Mémoire de la Nature", nous trouvons que "l'Esprit qui était en Jésus" dès sa naissance, est un Ego qui appartient à notre race humaine et qui s'était incarné sous des noms différents et dans des circonstances variées, exactement comme vous et moi l'avons été et le serons encore. Nous trouvons donc qu'à l'époque indiquée, vers le début de notre ère, naquit en Palestine un enfant et que cet enfant était Jésus. 

Sa mère était d'un type extrêmement pur, d'un caractère particulièrement beau, et son père était un initié de haut rang qui, pour cette unique fois dans sa vie, renonça au célibat. Il avait déjà, dans des incarnations précédentes, dépassé le stade où il devait être chef de famille. Dans sa vie d'alors, il s'était entièrement consacré au sentier occulte; et quand vint le temps où un Grand Maître dut s'incarner parmi nous, il fut choisi pour donner la semence nécessaire à la construction du corps de ce Maître. De cette manière naquit un corps merveilleux, tel qu'on n'en vit jamais, ni avant, ni depuis. Il était du type le plus pur et le plus libre de passion; et l'Ego Jésus qui vint l'occuper, le fit en tant que grand Esprit, sachant que c'était sa mission dans cette vie de développer un corps aussi pur que possible, parce que ce corps ne devait pas être sien plus longtemps que le terme fixé de trente ans. Il devrait alors le donner à un autre beaucoup plus élevé que lui. 

En ce qui concerne les premières années de Jésus, il est bon de préciser que, né en Palestine, il vécut ses années d'enfance en pleine connaissance de la mission qui était la sienne. 

Il suivit l'école des Esséniens, sur les rives de la Mer Morte. Les Esséniens formaient une communauté d'un caractère éminemment religieux. Ils étaient aussi opposés que possible aux Sadducéens matérialistes, et bien supérieurs aux sceptiques Pharisiens. Ils n'étaient point gens à aller dans les synagogues et à s'enorgueillir de leur savoir et de leur piété, mais restaient à l'écart dans leur propre communauté et vivaient la vie sainte, telle qu'ils la comprenaient. C'est parmi eux que Jésus en grandissant fit son éducation première, et il était si merveilleusement adapté à ce genre de vie qu'en peu de temps il les distança tous. Un peu plus tard il se rendit en Perse. L'école des Esséniens était un important centre d'études, avec une grande bibliothèque où Jésus acquis un immense savoir occulte, regagnant ce qu'il avait appris dans ses vies antérieures. 

Au bout de trente ans, il avait suffisamment purifié son corps pour que ce corps pût être utilisé par le Grand Etre que nous appelons le Christ. Nous allons voir maintenant qui est ce Grand Etre. 

Nous avons dit qu'on peut retrouver la trace de Jésus en cherchant dans la Mémoire de la Nature, d'incarnation en incarnation, sous différents noms et dans différents milieux. Pour le Christ, nous ne trouvons qu'une seule incarnation, au moment où il s'incarna dans le corps de Jésus à la fin de sa trentième année. Pour mieux le situer, rappelons brièvement quelques enseignements déjà donnés. 

Nous avons traversé la Période de Saturne, puis la Période du Soleil et la Période de la Lune, jusqu'à nos jours. Nous avons vu dans des conférences précédentes que l'humanité de la Période de Saturne était formée des Seigneurs du Mental; les Archanges sont l'humanité de la Période du Soleil et les Anges celle de la Période de la Lune. 

Tous ont formé l'humanité ordinaire de ces différentes Périodes; tous sont des êtres qui oeuvrent pour nous dans l'invisible, travaillant sur notre corps vital, notre corps du désir et notre intellect et nous aidant à évoluer. Quand nous voyons qu'il existe des initiés dans notre Période actuelle, et qu'un homme comme Jésus peut progresser bien au-delà de l'humanité ordinaire, nous comprenons qu'il ait pu en être de même dans des Périodes antérieures: ce sont précisément des êtres qui ont dépassé l'évolution ordinaire que nous appelons aujourd'hui le Père, le Fils et le Saint-Esprit. 

Dieu en tant que Dieu, n'est pas le créateur de notre Univers: c'est seulement dans le Monde le plus élevé de notre plan cosmique, que nous Le trouvons en tant que Dieu; mais au-dessous de ce monde Il n'est pas Dieu. Il s'exprime dans les différents mondes qui sont les règnes (royaumes) de l'homme, des Anges ou des Archanges; et c'est pour cela que nous ne Le voyons pas dans notre règne (royaume) humain jusqu'à ce que nous ayons atteint le Monde que l'occultisme appelle le Monde de Dieu. Dans ce Monde de Dieu, le Dieu Trinitaire EST. 

L'Initié le plus haut de la Période de Saturne a atteint le point où Il s'est uni à l'aspect le plus élevé du Dieu Trinitaire; et c'est ainsi qu'on l'appelle le Père, le Père de tous ceux qui progressent dans notre évolution. 

Celui qui vient après Lui dans la gloire, l'Initié le plus élevé de la Période du Soleil, a évolué jusqu'au point où Il s'est uni au second aspect du Dieu Trinitaire, et c'est pourquoi Il est le Fils. C'est le Christ Cosmique, et c'est un Rayon de Lui qui pénétra dans le corps de Jésus. 

Le troisième Grand Etre, le Fils Unique, mentionné dans la phrase du Credo chrétien, est encore plus grand que Jésus et le Christ, mais nous avons peu de rapports avec cet Etre actuellement. 

Il est bon de savoir cependant que le Saint-Esprit, le Pouvoir de Dieu qui travaille avec toutes les nations, est Jéhovah, le plus haut Initié de la Période de la Lune. 

Chaque Etre possède sept véhicules et le véhicule inférieur de Jéhovah descend jusqu'à la Région de la Pensée abstraite, où nous-mêmes avons notre Ego: là nous sommes au-dessous de la ligne qui sépare l'Esprit de la matière, là nous trouvons la différenciation. Nous avons vu dans la conférence no 3 que chaque planète de notre système possède ses trois mondes distincts: le Monde Physique, le Monde du Désir et le Monde de la Pensée. Ce sont là des véhicules séparés pour chaque planète, mais le principe unificateur dans notre système solaire est l'Esprit de Vie; aussi, le Fils qui doit être le principe unificateur dans le Monde ou dans la planète doit avoir évolué cet Esprit de Vie. 

Le Christ, le plus haut Initié de la Période du Soleil, utilise ordinairement dans les temps présents l'Esprit de Vie comme véhicule inférieur. Dans la Période du Soleil, le Globe le plus bas se trouvait dans le Monde du Désir; aussi les Archanges, humanité de cette Période, ont encore comme véhicule inférieur le corps du désir. Mais Christ est allé plus loin, Il s'est élevé plus haut, aussi a-t-il aujourd'hui l'Esprit de Vie comme véhicule inférieur, et n'emploie habituellement pas de véhicule plus dense. C'est seulement par le pouvoir de l'Esprit de Vie que les tendances nationalistes peuvent être surmontées, et la fraternité humaine universelle devenir un fait. Les véhicules qui appartiennent au Monde de la Pensée, l'Ego et l'intellect tendent à la séparation; c'est là leur caractéristique. L'Esprit de Vie au contraire, est le principe unificateur de notre système solaire et c'est pourquoi le Christ est le seul être qui puisse faire régner la fraternité. 

Telle est la raison pour laquelle le Christ devait venir nous aider. Voyons maintenant qui est Jésus-Christ. Une loi universelle veut que nul être, si grand soit-il, ne puisse ni construire un véhicule ni opérer dans un monde plus élevé ou plus bas que celui où il a appris à fonctionner. Aussi, lorsqu'il devint nécessaire de travailler dans le Monde Physique, il était absolument impossible à aucun être, en dehors de l'humanité, de travailler ici-bas: seuls les hommes ont été capables de construire des véhicules humains denses. 

Ils ont été aidés par d'autres, mais ce sont eux qui ont fait le travail: voilà pourquoi il fut nécessaire que l'un d'eux, pour obtenir l'aide du Christ pour l'humanité, abandonne son corps; l'Etre plus élevé put ainsi y pénétrer et nous venir en aide. 

Nous savons qu'à la mort, ou à n'importe quel moment où nous devons quitter le monde physique, nous abandonnons notre corps dense et notre corps vital, parce qu'ils appartiennent au monde physique. C'est ainsi que Jésus, parvenu à l'âge de trente ans, ayant alors rendu son corps utilisable par le Grand Etre, le quitta volontairement, avec joie. Il le quitta au baptême comme il s'en serait échappé à la mort, pour que pût y pénétrer le Christ, que l'on vit descendre sur lui sous la forme symbolique d'une colombe. 

Le Christ, en tant qu'Archange, avait appris à construire le corps du désir, mais n'avait jamais appris à construire ni corps vital, ni corps dense. Les Archanges avaient travaillé auparavant sur l'humanité de l'extérieur, comme le font les esprits-groupes; mais ce n'était pas assez: l'aide devait venir de l'intérieur. Cela fut rendu possible par la fusion de Christ et de Jésus; c'est pourquoi le mot de Paul: "Il n'y a qu'un seul médiateur direct entre Dieu et l'homme, c'est Jésus-Christ, homme lui-même (I Timothée 2:5) est rigoureusement vrai dans le sens le plus élevé et le plus littéral. Aucune autre entité de notre système ne possède la chaîne complète de douze véhicules, qui va du corps physique au second aspect du Dieu Trinitaire, le Fils, à travers les sept mondes. Cela lui permet d'atteindre le trône même du Père, le faîte le plus élevé, d'y apporter les chagrins et les souffrances de l'humanité, de nous purifier et de nous aider comme nul autre ne saurait le faire. 

Nous venons de voir qui est Jésus, qui est le Christ et qui est la personnalité mixte que nous appelons Jésus-Christ. Le Fils Unique est un être encore bien plus élevé. 

Nous entendons des gens parler de l'Absolu, qui pensent sans doute que l'Absolu est Dieu; ces idées sont singulièrement brumeuses, et il ne saurait en être autrement, car il n'y a jamais eu d'enseignement précis sur ce sujet. 

Dieu, le Grand Architecte de l'Univers, comme l'appellent les Maçons, est le Créateur de notre système solaire, et sa sphère d'activité est limitée à ce système solaire. Or, au-delà des sept mondes où sont logés notre système solaire et tous les autres systèmes solaires, il existe encore six autres Grands Plans Cosmiques de Vie où se trouvent des Hiérarchies qui diffèrent en degré et en gloire, qui sont bien plus élevées que le Grand Etre que nous appelons Dieu. Le plus élevé parmi eux est ce que nous pouvons appeler l'Etre Suprême, celui qui contient tous les systèmes solaires et toutes les Hiérarchies de l'Univers entier. Et le Mot que prononça cet Etre, le premier Son (Verbe) ou Fiat Créateur, la première manifestation de l'Etre Suprême, c'est le Fils Unique .D'autres Etres ont été "Fils Unique" de semblable manière, mais pas comme le fut le premier Son. Il n'y avait que l'Etre Suprême avant qu'Il ne débute, et nous ne pouvons parler de rien au-delà de Lui, si ce n'est l'Absolu. 

Quoique actuellement cela puisse être sans signification pour nous, il est bon de savoir distinguer, au moins pour en avoir une idée claire, qui est Dieu, qui est le Fils et qui est le Saint-Esprit, en particulier en ce qui concerne Jésus-Christ. 

Le Père est le plus haut initié de la Période de Saturne. Le Fils est le plus haut Initié de la Période du Soleil; par l'initiation, il est parvenu au second aspect de Dieu. Jéhovah, le Saint-Esprit, est le plus haut Initié de la Période de la Lune. Quant à l'humanité ordinaire de ces Périodes, elle est composée respectivement des Seigneurs du Mental, des Archanges et des Anges. Il existe beaucoup de ces grandes hiérarchies, les unes au-dessus, et les autres au-dessous de l'évolution humaine. Mais en aucune d'entre elles, absolument aucune, il n'y a de salut, car il n'y a "aucun autre nom par lequel nous devions être sauvés (Actes 4:12) sauf celui de Jésus-Christ. 

Enfin nous voici arrivés à une compréhension des facteurs et des acteurs qui interviennent dans le grand sacrifice du Golgotha. Ces conférences sont d'abord très analytiques, mais si nous en faisons la synthèse, en réfléchissant au sacrifice, à leur lumière, nous en voyons alors le côté éminemment spirituel. Il est nécessaire d'analyser pour ceux à qui les églises n'ont pas répondu lorsqu'ils ont demandé: "Quel bien puis-je recueillir du fait de croire?" Ils cherchent une réponse à cette autre question que se pose leur esprit: "En quoi le Sang répandu est-il efficace?" Nous devons donc analyser les faits avant de donner l'enseignement spirituel; or nous avons encore un facteur à étudier, et c'est le Sang. 

Vous avez entendu à plusieurs reprises que le sang est le véhicule particulier de l'Ego dans le monde physique. Nous trouvons dans la Bible que ce fait était bien connu des auteurs du Lévitique: ils disaient que la vie est dans le sang (Lévitique 17:11, 14). Nous voyons le sang comme un amas de microscopiques globules ou disques; mais le sang n'est pas de cette nature pour le clairvoyant exercé qui le voit dans le corps humain vivant: là le sang est un gaz, c'est une chaude essence spirituelle; la chaleur est due à l'Ego qui est dans le sang. Si l'on pique la peau et que le sang s'échappe, il se liquéfie, tout comme la vapeur, gaz chaud invisible, se condense dès qu'elle arrive dans l'atmosphère. Le sang dans nos veines est le véhicule au moyen duquel, par l'intermédiaire du système nerveux sympathique, le mental (ou mémoire) subconscient(e) assure toutes les activités du corps dont nous n'avons pas conscience dans notre mental conscient. Le sang est une essence très spéciale, comme indiqué dans le Mythe de Faust, où ce dernier signe un contrat avec le Malin; il se prépare à le signer à l'encre mais Méphistophélès dit: "Signe-le avec ton sang". Faust demande: "Pourquoi? Est-ce plus efficace?" - "Oui", dit Méphisto, "le sang est une essence tout à fait spéciale", car il sait que le sang contient l'Ego, et c'est pour cela qu'il veut le sang de l'homme qu'il essaie de mettre en son pouvoir. 
L'Ego humain est plus puissant que l'esprit-groupe de l'animal, comme le montre le test scientifique connu sous le nom d'hémolyse. 

Le sang étranger d'un animal supérieur tue les espèces inférieures auxquelles on l'inocule. Si nous prenons du sang humain et l'inoculons à un animal, donc faisant partie d'un règne inférieur, l'animal ne peut supporter les vibrations élevées contenues dans le sang de l'être humain et meurt. Inversement, inoculez à l'être humain du sang d'un animal et il n'en souffrira pas. En descendant dans l'échelle des êtres, on trouve que les anthropoïdes supportent les inoculations de sang humain, alors que tous les autres animaux en meurent 

Nous nous rappelons, d'après Parsifal, qu'avant le Christ, il n'y avait pas d'initiation "pour quiconque le voulait". Une prophétie disait: "Vous tous qui avez soif, venez vers l'eau" (Isaïe 55:1) mais ce n'était là qu'une prophétie. Après la venue du Christ, se réalise la formule: "pour quiconque veut". Avant ce moment, l'initiation était réservée à certaines castes, qui seules pouvaient fournir des initiés ou des prêtres: pour bien montrer qu'il n'en serait plus ainsi, c'est le corps de Jésus et non celui d'un Lévite qui fut utilisé, Jésus sortant de ce qu'il y avait de plus mélangé dans la nation juive, les Galiléens. Dans les temps anciens, on ne pouvait se marier que dans sa propre tribu; et nous lisons qu'Adam et Mathusalem vécurent de longues années. En ces temps, l'habitude était de se marier dans la famille, de se marier avec des parents aussi proches que possible: le sang qui coulait dans les veines d'une famille contenait alors les images de tout ce qui était arrivé aux différents ancêtres, images contenues dans le mental qui est, maintenant, subconscient. Mais alors, elles se trouvaient consciemment et constamment devant la vision intérieure de l'homme, et chaque famille se trouvait unie par le sang commun dans lequel vivaient ses ancêtres: les fils voyaient la vie de leur père. C'est ainsi qu'Adam et d'autres patriarches vécurent pendant des siècles. 

Dans ces temps anciens, personne ne se serait marié hors de la famille, pas plus que maintenant nous ne voudrions nous marier dans la famille. C'était une faute grave de se marier dans une famille étrangère. Dans la mythologie scandinave, nous apprenons comment ceux qui voulaient entrer dans une famille étaient obligés de mêler leur sang; il fallait d'abord voir si le sang pouvait se mélanger ou non; nous voyons que l'hémolyse était déjà connue, au moins dans quelques-unes de ses phases. Si le sang ne se mélangeait pas, cela risquait de provoquer une "confusion de caste" comme disent les Hindous. Il fallait garder une lignée strictement pure, car autrement les images de la vision intérieure n'auraient plus été les mêmes et seraient devenues confuses. 

Lors de sa venue, le Christ abrogea ces coutumes en disant: "Avant qu'Abraham fût, je suis". Peu m'importe Abraham, mais je suis fier du "Je suis", de l'Ego qui était bien avant qu'Abraham ne fût. Et il dit: "Celui qui ne quitte pas son père et sa mère ne peut me suivre" (Matthieu 19:29). Tant que vous entretenez l'esprit de famille, de nation, de tribu, vous prenez parti pour le sang ancien et les coutumes anciennes; et vous ne pouvez vous fondre dans la fraternité universelle: celle-ci ne peut venir que par les mariages internationaux. Car lorsqu'il y a tant de nations, elles sont comme autant de maisonnettes: tant que ces maisons seront debout, vous ne pourrez pas en faire un grand bâtiment unique; mais quand vous les aurez démolies, vous pourrez les fondre en un seul grand édifice. Le mariage dans la famille doit être abandonné: qu'Abraham meure pour que le Je suis puisse vivre; périsse le paternalisme et que vive l'individualisme. 

Quels furent les effets de ce changement? Le mélange du sang tue toujours : s'il ne tue pas l'animal, il tue quelque chose en lui. si nous croisons un âne et une jument, le résultat est un hybride, le mulet, et ce mulet n'est pas semblable à ceux qui l'ont engendré. Y a-t-il eu quelque chose de tué? Oui; c'est la faculté de reproduction qui est tuée, et c'est le cas pour tous les autres hybrides. 

Dans les mariages internationaux, quelque chose disparaît aussi: ce sont les images devant la vision intérieure. Les images des différentes familles se heurtent, et c'est ainsi que la clairvoyance, ce lien avec le monde spirituel et la mémoire de la nature, a disparu depuis ce temps. Seuls les montagnards écossais qui se marient dans le clan, et les Bohémiens, ont conservé cette seconde vue, dans une certaine mesure. 

Si quelqu'un avait vécu des milliers d'années sur une planète éloignée, et regardé en clairvoyance notre petite Terre, il aurait vu se produire un changement progressif de mal en pis dans le Monde du Désir et le Monde de la Pensée entourant la Terre. Elle s'est remplie de plus en plus de sombres et mauvaises vibrations, parce que l'homme, dans les jours de sa première enfance, était incapable de maîtriser ses impulsions. Il était entièrement dirigé par l'intellect et le corps du désir, aussi devait-il, après la mort, passer dans le Purgatoire presque tout le temps compris entre deux incarnations: il n'y avait presque aucun progrès. La vie au Deuxième Ciel, où l'homme apprend à faire un travail créateur, était presque stérile. Le Monde du Désir de la Terre devait être purifié pour donner à l'homme une nouvelle impulsion: ce fut là la mission du Christ. 

En ce qui concerne la raison d'être de sa mort violente, nous avons déjà vu que lorsqu'une personne est arrachée de son corps par la violence, quelque chose y reste attaché: ce sont les impuretés de la nature inférieure. Nous possédons sang artériel et sang veineux: le sang veineux contient les impuretés qui appartiennent à notre nature inférieure; le sang artériel est pur. Le sang veineux adhère à la chair; aussi chaque fois qu'une personne est tuée, si le sang coule, il se produit une certaine purification. Quand l'esprit est extrait du corps par accident et que le sang coule, le décédé est plus pur, il s'améliore spirituellement. 

Le corps de Jésus devait être tué et son sang devait couler: par cette mort violente, les dernières impuretés qui pouvaient encore adhérer à la chair, ont été abandonnées à la désintégration, et l'Esprit du Christ, sans aucune des impuretés du corps qu'il avait employé, put se répandre pur et sans tache sur le monde. 

Lorsque ce Grand Etre se dégagea du corps de Jésus par les blessures, ce lumineux Esprit Solaire se répandit sur la Terre entière: et ce furent les ténèbres dont il nous est parlé, car cette lumière spirituelle ne pouvait paraître aux hommes que ténèbres. Mais graduellement Il fut absorbé par la Terre où Il s'établit, permettant à toutes choses, sous Son influence, de revenir à leur condition normale, autant que l'homme pouvait s'en rendre compte. Et les vibrations existantes furent purifiées, l'ordre rythmique des vibrations fut rétabli dans les mondes supérieurs, et une impulsion spirituelle fut donnée qui n'aurait pu l'être autrement: c'est bien de cette manière que le sang du Christ purifia le monde et "enleva le péché du monde", en rétablissant les vibrations rythmiques de manière à permettre à l'homme de progresser. Cette influence est toujours à l'oeuvre pour purifier le monde: elle est la source de l'altruisme et de la bonne volonté qui remplacent progressivement le patriotisme et l'égoïsme, apportant au monde la Fraternité et l'Amitié universelles. 

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