DELAUNAY Dissertation sur les Grades


DISSERTATION SUR LES GRADES

(Extrait du "Tuileur" de Delaunay)

Delaunay 

1836


La Franche-Maçonnerie fut, dès son origine, une institution de haute portée. Elle renfermait une de ces idées-mères- frappent les esprits, les éclairent et, les gouvernent.

Plus la Franche-Maçonnerie fut connue, plus on comprit ce qu'elle avait de grand, de noble et de beau dans ses, principes ; de profond dans ses mystères, d'ingénieux dans ses formes.

Elle est restée pour, les adeptes ce qu'elle parut à ceux qui, les premiers, mirent en pratique ces principes), ces mystères, ces formes : tout, en elle, est encore respecté et conservé malgré un siècle et plus d’existence, malgré les révolutions qui se sont faites dans les choses et dans les esprits depuis 40 années.

C'est que pour les bons. Esprits, on ne refait pas des doctrines parfaites c'est que par eux et pour eux, les vieux et saints monuments sont toujours des objets sacrés.

Et qu'on ne conteste pas cette vérité dont la fable nous offre un exemple. Minerve sortit tout armée du cerveau de Jupiter. Aucune divinité de l'Olympe n'imagina de refaire l’œuvre du maître des dieux, et nul mortel, dans sa sagesse ou dans sa folie, ne rêva qu'il pouvait rivaliser avec Jupiter. Minerve est donc acquise aux siècles païens, et Minerve est toujours pour l'imagination et la poésie l'image de la Sagesse.

La Franche-Maçonnerie est l'allégorie de la sagesse divine et humaine, inspirée à l'homme par Dieu lui-même, ou créée par l'homme en puisant dans les perfections qui font l'attribut de la divinité et en réunissant à elles toutes les vertus qui peuvent appartenir à l'humanité elle-même.

Cette célèbre institution de la Franche-Maçonnerie n'a pas paru toutefois à des imaginations sombres, singulières, folles ou gracieuses, une création en harmonie avec leurs intérêts ou leurs dispositions diverses.

Ne pouvant rien inventer de mieux, de plus remarquable, de plus fait pour inspirer la confiance, pour frapper l'imagination, ils ont conservé la Franche-Maçonnerie, mais en la dénaturant pour l'approprier au but qu'ils se proposaient.

C'est ainsi que l'Illuminisme, le Carbonarisme, la Fenderie, la Tabacologie et la Maçonnerie des dames sont, pour les Francs-Maçons, la Franche-Maçonnerie altérée ou parodiée, et, pour les illuminés, les : Charbonniers les Fendeurs, les Priseurs et les partisans des Loges d'adoption, selon leurs vues, les terne et les circonstances, des modelions mystérieuses, la Franche-Maçonnerie perfectionnée, même la vraie Franche-Maçonnerie.

Nos lecteurs comprendront bien toute la différence qui existe entre la Franche-Maçonnerie et ces associations toutes diverses, toutes particulières ; ils comprendront mieux encore quand ils auront, avec nous, porté un regard sur la Franche-Maçonnerie et sur ces associations.

La Franche Maçonnerie tend à l'amélioration des hommes, des institutions et des mœurs; elle parle à l'esprit, au cœur, à tous les sentiments nobles et généreux; elle se propose la fraternité universelle ; elle recommande, comme première vertu, la philanthropie; en elle, tout est lumière et humanité. Désintéressée dé toute opinion politique et religieuse, elle prêche la paix et la tolérance. Elle calme les passions, éclaire les esprits et rapproche les cœurs. Elle veut tout mêler pour tout épurer. Dans ce creuset moral, l'alliage c'est-à-dire les passions violentes, les vices, sont rejetés sans retour, car à ses yeux aucune passion violente, aucun vice ne peut s'allier avec ses principes.

Voilà Franche-Maçonnerie !

Voyons les autres associations.

L’illuminisme, secte d’extravagants ou de chevaliers d'industrie, et, comme conséquence inévitable, d'esprits, faibles et de dupes, n'est pas de notre époque. Le charlatanisme et la déception ne prennent plus de voiles aussi mystérieux, ne s'entourent pas des mêmes prestiges, ne cherchent pas de routes aussi longues et aussi difficile a à parcourir ; ils ne font plus tant de façons, disons-le familièrement, pour s'emparer de l'esprit et de la fortune de ceux qui semblent nés pour être trompés. L’illuminisme n'a guère été connu en France qu'à l'époque où Cagliostro y vivait, il y a plus d'un demi-siècle. Ce charlatan Illuminé ne tira parti de ses connaissances dans cette secte que dans l’intérêt de sa fortune. On doute même que l'Illuminisme existe encore en Allemagne, cette terre classique du néologisme et de toutes les spéculations intellectuelles, moins, en général, la friponnerie..

Le Carbonarisme, secte politique, a particulièrement existé en Italie sous la domination française de la République et de l'Empire; il était hostile aux vainqueurs, alors c'était l'esprit national, et les vainqueurs seuls pouvaient s'en plaindre, et s'efforcer de le réprimer. La chute de l'Empire Français  ne l'a point éteint ; l'ancien gouvernement rétabli dans les différents états, d'Italie, l'a persécuté. Il ne l'a pas détruit non plus ; il l'a seulement forcé de se cacher davantage. En France, depuis 1814 jusqu'en 1830, le Carbonarisme n'a point été conspirateur en action, mais en théories politiques. Il était dangereux pour les hommes à systèmes rétrogradables que par les idées. La révolution de juillet 1830 a frappé de mort dans nos contrées. Le procès récemment jugé à Toulouse a prouvé- qu'en voulant le faire revivre, on n'avait réussi qu'à le rendre misérable et ridicule.

Dieu nous garde de ses efforts de pygmées qui se croient des géants, qui voudraient &ire du mal et ne font que des sottises ; qui se tourmentent, heureusement, sans tourmenter les autres.

La Fenderie, espèce de Carbonarisme par les lieux et un peu par les termes, bien antérieure au Carbonarisme, et qui n'existe plus depuis trente ans, avait un objet louable, aider les voyageurs qui, dans les forêts et sur les routes, pouvaient courir- des dangers. An moyen de paroles et de signes ils appelaient à leur secours les Fendeur ou Bons, Cousine, et s'il s'en trouvait à leur portée, ils en recevaient défense et secours. En ville comme dans les bois, les Bons Cousins se prêtaient assistance, se secouraient mutuellement. Rien n'était plus original, plus gai, plus fou que leu réceptions dans la Fenderie. C'était une parodie des plus plaisantes de la Franche-Maçonnerie. Mais si la Fenderie amusait, elle était utile. Les Francs-Maçons ne dédaignaient pas de se faire admettre dans ses Chantiers. Ils étaient de droit Bons Cousins ; il leur suffisait de prêter serment de fidélité à l'association et d'en remplir loyalement tous les devoirs. Ce serment, ils le prêtaient volontiers et le tenaient comme l'un principe maçonnique.

La Tabacologie ou société des Priseurs avait au lieu de Loges et de Chantiers, des Manufactures. L'une d'elles était établie, il y a 20 ans dans l'emplacement de l'ex-théâtre Molière, rue Saint-Martin, disposé, décoré et avec tout ce qui était nécessaire aux réceptions et aux pratiques de la société. La culture, la manipulation et l'usage du tabac dans toutes les manières de l'employer et de le consommer, formaient l'étude de la société Tabacologique, qui avait aussi ses mots, ses signes de reconnaissance. A ces choses matérielles se rattachaient des idées morales et une assistance mutuelle. C'était une société de personnes honorables, presque toutes appartenant aux sociétés maçonniques. Si elle existe encore elle est concentrée dans un cercle d'amis. Elle peut offrir du charme, du bonheur, mais non ce qui soutient les sociétés et les hommes, la magie de l'éclat et de la célébrité.

La Maçonnerie des Dames n'a pu être créée que par des Francs-Maçons, non parce que la Franche- Maçonnerie ne leur suffisait pas, mais parce qu'il était contre leur esprit, leur caractère, leurs habitudes d'avoir exclusivement des assemblées, comme Francs-Maçons, où les dames n'assistaient pas. Il y avait bien aussi un autre motif, celui d'une sage prudence. Les femmes des Francs-Maçons voyaient les longues et fréquentes absences de leurs époux avec peine, avec mécontentement. Peine et mécontentement ne se concentraient pas dans l'âme de ces dames. Ces deux sentiments fâcheux s'exhalaient en plaintes, en observations plus on moins vives et piquantes; menaces graves s'y joignaient parfois. Les attaqués n'étaient pas indifférents aux dangers qu'un mouvement de dépit, un mot un peu équivoque faisaient entrevoir. Il est sage aux hommes de ne pas donner lieu au courroux des dames; il est très judicieux de ne pas négliger les bons avis qu'elles donnent parfois et il y avait dans tout cela un point si délicat, que les hommes aussi excellents Maçons qu'excellents maris; révèrent. Un rêve heureux, salutaire, consolateur se réalisa dans la Maçonnerie des Dames. La Franche-Maçonnerie fut créée par des sages. Des FF.·. ingénieux et spirituels se dirent : Que la Maçonnerie des Dames se fasse, et la Maçonnerie des Dame fut faite. Il y a eu plus que de l'inspiration il y a eu du génie dans cette création qui rapproche les deux Maçonneries sans les confondre. Le Paradis terrestre, le fruit défendu, un serpent tentateur, un sexe charmant tenté, du bonheur, du plaisir dit la morale, des réunions belles et nombreuses des mystères, des épreuves de jolies récipiendaires, des femmes qui gouvernent, des cavaliers qui ne sont jamais qu'en seconde ligne, un banquet brillant, un bal enchanteur, voilà ce qu'on offrit aux dames, voilà ce qui leur plut, et ce qui leur plaira toujours à tous lés âges, car tous les âgés y sont admis et tous y sont convenablement placés. La Maçonnerie des Dames, est à elles, elles en sont les inspiratrices, les directrices, les souveraines. Tous les hommes leur sont soumis, jusqu'au maris quand même.  Nous nous sommes un peu laissé entrainer dans cet examen des institutions ou associations qui n'auraient existé si la Franche-Maçonnerie n'eut pas été inventée.

Laissons de côté l'origine de la Franche-Maçonnerie ; qu'elle soit antédiluvienne, qu'elle soit une dérivation des mystères chez les anciens, qu'elle ait pour type l'exécution morale de la construction matérielle du temple de Salomon, ou qu'elle nous vienne des Anglais qui auraient spiritualisé l'une des corporation d'artisans ( les maçons au propre ) si ancienne et si célèbre et si nationale chez eux, il est historique que la franche-Maçonnerie fut introduite en France en 1727 par des Anglais qui, les premiers y tinrent des Loges et admirent à l'initiation quelques uns de leurs compatriotes et des Français.  Pendant plusieurs années les Loges en Français furent Anglo-Françaises ; longtemps ces Loges relevèrent de la grande Loge d'Angleterre ; mais enfin une grande Loge Française s'établit ; la grande Loge d'Angleterre la reconnut et cessa toute action patronale sur les Loges de France. Les Anglais instituèrent la Maçonnerie sans distinction de rite, c'est à dire qu'il n'y avait qu'une Maçonnerie qu'on qualifiait à Londres ou à Paris ni d'Anglaise ni de Française et encore moins d'Ecossaise. Cette Maçonnerie se bornait à trois grades, à Londres comme à Paris ; on ne distinguait pas même ces trois grades par la qualification de grades symboliques. Ce ne fut que lorsque le docteur Ramsay,  Ecossais, et ses partisans eurent  crées et répandu leurs grades dits supérieurs que l'on classa la seule Maçonnerie qui existait alors, en Maçonnerie symbolique pour désigner la Maçonnerie des trois premiers grades, et qu'on qualifia de grades capitulaires  les grades des nouveaux qu'on tenait en chapitres, et des grades supérieurs , nommés depuis grades philosophiques, les grades que l'on communiquait dans les conseils consistoires. Alors l'ancienne, Maçonnerie introduite par les Anglais, celle des trois premiers grades, reçut la dénomination de rite Français, grades symboliques ; on comprit également sous le titre de rite Français les quatre ordres ou grades capitulaires  que les Français créèrent en opposition aux 25 ou 33 degrés du rite Ecossais dus à l’imagination de Ramsay. Les trois premiers grades du rite Français et les trois premiers du rite Ecossais, se traitent avec une parfaite égalité ; c'est à dire que les Maçons de l'un de ces rites sont admis dans l'autre. Mais le rite Écossais ne fait pas la même concession au rite Français dans les grades plus élevés. Tout le rite Français, ses grades symboliques et ses grades capitulaires ne sont admis dans le rite Ecossais que jusques et compris le 18° degré. Les Ecossais gardèrent d'abord pour eux 7 grades de plus, et en ajoutèrent 8 pour faire le compte de 33, où ils se fixèrent irrévocablement. A l'origine de toutes ces choses, la grande Loge de France à laquelle le G.·.O.·. succéda, résista longtemps au torrent de tant de grades; mais elle fut emportée; c'est-à-dire que ses principaux membres suivirent les nouvelles bannières. Il y eut schisme, il y eut lutte ; en 1814 le G.·.O.·. fit avec l'association Écossaise un concordat où tous les discords fixent pacifiés. Le concordat fut bientôt déchiré, chaque partie accusant l'autre de n'y être pas fidèle. Mais en 1814 le Grand Orient, prenant enfin en sérieuse considération sa position de chef d'Ordre de la Maçonnerie en France, d'administrateur, de législateur, de directeur, de responsable, et comme tel, ayant le consentement de tous les Ateliers de son obédience, pratiqua le rite Ecossais et en conféra tous les degrés, malgré l'opposition des chefs de ce rite, qui, du reste, n'avaient jamais bien justifié de leur, droit à une possession exclusive. Le Succès légitima la détermination. Un autre incident survint. En 1817 un nouveau rite, le rite de Misraïm ou d'Egypte chercha à s'implanter à la souche des rites Français et Ecossais. Ce n'était ni 7 grades ni 33 degrés qu'il apportait ; c'était une masse de 90. Quatre-vingt dix degrés ! Quand les Écossais eux-mêmes, dans leurs trente-trois, en confèrent à peine sept ou huit, et que dans le rite Français sur sept grades on peut en donner trois par communication, il y avait là une étrangeté qui frappa tous les esprits. La Maçonnerie fut en émoi ; le G.·.O.·. douta de la réalité du fait dont on parlait dans la plupart des Loges. Ce doute cessa bientôt. Les importateurs du rite de Misraïm vinrent lui demander droit de cité. La demande et les titres, ou prétendus tels du nouveau rite furent examinés avec un soin particulier par la grande Loge de conseil et d'appel formée en grand directoire des rites. Le travail de cet Atelier supérieur fut mis sous les yeux des deux Grands-Maîtres adjoints de l'Ordre, les maréchaux Beurnonville et Macdonald, et fut approuvé par eux ; mais il fallait pour lui donner toute son action, la discussion dans le Grand Orient et la sanction de ce corps suprême. Le maréchal Beurnonville, qui portait à la Maçonnerie un intérêt de trente années, qui s'était rendu garant près du roi Louis XVIII de l'esprit invariable de l'institution fraternelle i de la conduite toujours loyale des Maçons, de la sagesse du Grand Orient, présida en Personne; et comme il le faisait dans toutes Les assemblées générales, la célèbre séance où la discussion. est lieu et ou le sort du rite de Misraïm fut décidé. Cet acte est trop important pour n'être pas rappelé ici comme document historique. Nous le transcrivons d'après une des circulaires imprimées qui furent adressées par le Grand Orient à chaque atelier de sa correspondance. Voici cet arrêté :

Le Grand Orient de France,

Sur les conclusions du F.·.G.·.Orat.·. conformément à l'avis de la Gr.·. L.·. de conseil et d'appel, et au rapport de la commission nommée dans sa séance du 14éme jour du 114 mois de l'an de la V. L... 5816, conformément à l'art, 3 de la section 3 du chap. 11 des statuts généraux de l'Ordre Maçonnique en France, page 190, pour examiner les titres du rit dit de Misraïm, et les instructions relatives au but et à la moralité de ce rite, dont l'admission est demande an G.·.0.·..

Attendu que les impétrants n'ont point fourni les titres et les instructions exigées par l'article précité des statuts-généraux ;

Attendu qu'il résulte de ce défaut de production, que l'origine et l'authenticité de ce rite ne sont point prouvées;

Attendu subsidiairement que les communications partielles faites à la commission ont prouvé que les 90 degrés dont le rite impétrant est supposé se composer, 68 au moins appartiennent au rite déjà connu et pratiqué par le G.·.0.·. et ne peuvent faire partie d'un rite Egyptien, que l'addition de ces degrés faite arbitrairement et sans droit, par les inventeurs du rite de Misraïm, contredit l'antiquité qu'ils lui attribuent, et pressent de se mettre en garde contre le surplus des degrés, désignés en termes hébraïques ou par une simple numérotation, puisque sous ce voile peuvent encore être cachés d'autres degrés également empruntés aux rites déjà connus.

Attendu que l'assertion de l'introduction de ce rite déjà connu en Italie sous le pontificat de Léon X dans le 16éme siècle, par Jamblique, philosophe Platonicien, qui vivait dans le 4e siècle, 1100 ans avant Léon X étant détruit par le seul rapprochement des dates, il n'est plus permis d'ajouter foi à la pratique actuelle de ce rite à Alexandrie et au Grand Caire, ou l'existence publique et avouée d'une semblable institution ne saurait être ignorée du G.·.O.·. si elle était réelle.

Attendu que les fictions dont il a plu aux inventeurs de ce rite de s'environner, loin de lui donner plus de prix aux yeux des hommes censés, leur inspirent la loi du doute le plus étendu.

Qu'ainsi, s'est en vain que les sectateurs annoncent que le but moral de leur rite est la bienfaisance, la philanthropie et le développement des loi de la nature, par ses grands agents comme par ses puissances secondaires; que sa discipline reconnait pour principes généraux ceux qui régissent tous les rites, le silence gardé sur le dogme, base essentielle de tout rite vis-à-vis le F.·.G.·., dont on ne peut pas plus révoquer en doute la bonne foi que la puissance, est la plus forte présomption de la non conformité de ce dogme avec ceux que la raison avoue ou du manque de mission des impétrants ;

Attendu enfin que dans cet état des choses, le G.·.O.·. ne doit point laisser plus longtemps les Maçons en erreur sur la confiance à donner au rit de Misraïm ;

Arrête à l'unanimité : .

ART. I. Le rite dit de Misraïm ; pour la présentation duquel il n'a pas été satisfait à ce que prescrivent, les statuts généraux de l'Ordre Maçonnique en France, page 190, n'est point admis.

ART . 2. Il est interdit à tout Maçon, tout At.·. sous quelque dénomination qu'il puisse être dans l'étendue de l'obédience du G.·.O.·. de pratiquer ce rite à peine d'irrégularité.

ART. 3. Tout At.·., tout Maçon, soit à Paris, soit dans les départements qui feraient partie des adhérents de ce rite, sont tenus; sous la même peine d'irrégularité, d'en cesser les pratiques le jour même de la réception du présent  arrête, qui sera transcrit textuellement sur les livres d'or ou d'architecture des At.·., et d'y renoncer formellement et explicitement, par une déclaration signée manu proprid et envoyée au G.·.O.·.dans les 38 jours de la notification, ainsi que la copie du procès-verbal de réception.

ART.4 Les arrêtés du G.·.O.·. étant obligatoire pour ses membres, du jour même de leur date, ceux d'entre eux qui, présents à l'O.·. de Paris, appartiendraient aujourd'hui à ce rite, et qui dans les 21 jours n'auront point adressé leur déclaration seront réputés démissionnaires, sans préjudice de l’application qui leur sera faite de la peine portée en l'art. 2.

ART. 5. Les membres du G.·.O.·. absent de l'O.·. de Paris, jouiront du bénéfice du délai de 33 jours accordé audit art. 3.

ART. 6. Lors même que le rite dit de Misraïm viendrait à être présenté de nouveau au G.·.O.·., la prohibition actuelle de son exercice continuera d'avoir son effet, sous les mêmes peines indiquées aux articles précéderas, jusqu'à la promulgation de l'arrêté qu'il plaira au G.·.O.·. de prendre sur cette nouvelle requête.

ART. 7. Le présent arrêté sera imprimé et adressé à tous lis Off.·. et membres du G.·.O.·., à tous les At.·. de sa correspondance et au Gr.·. Consistoire des rites.

Signé à la minute, le maréchal de Beurnonville, 1er Gr.·.Maît.·. adjoint; le maréchal duc de Tarente, 2e Gr.·.M.·. adjoint ; Roetiers de Montaleau, représentant particulier du G.·.M.·. de Poissy, Rampon, G.·. de Beaumont-Bouillon, et par tous les Officiers en exercice Officiers honoraires, Députés nés et élus et visiteurs présents.

Un rite, quelque singulier, bizarre ou extravagant qu'il soit, ne meurt pas de suite pour être repoussé ou proscrit, il végète; pour qu'il s'anéantisse tout-à-fait, il finit encore du temps. C'est ce qui arriva au rite de Misraïm. Ne pouvant se maintenir à Paris, il se réfugia en province ; mais il ne fut admis dans aucune loge dépendant du Grand-Orient. Il ne fut pratiqué que par quelques soi-disant Maçons, gens habiles à profiter dans un intérêt de vanité puérile ou dans, un intérêt privé qu'il ne nous appartient pas de caractériser, de tout ce qui parle à la curiosité, à l’ignorance et à la bonne foi. Une question souvent mise en discussion par les Maçons les plus instruits, est celle de savoir, non s'il faut augmenter le nombre des grades comme le prétendent les importateurs du rite de Misraïm, et comme pourraient le désirer certains esprits à inventions eu à prédilection pour les grades en plus grand nombre possible, mais s'il faut conserver les 33 degrés en les sollicitant et en les conférant. Les partisans de la réduction des grades, ceux qui prétendent que toute la Maçonnerie est renfermée dans les trois premiers grades ou degrés, disent : A quoi bon ne pas se contenter de ces 3 grades qui sont simples, faciles à comprendre, remarquables par leur unité, et qui offrent le système Maçonnique le plus satisfaisant ? Pourquoi des grades supérieurs qui n'ajoutent rien à la morale, qui n'ont qu'un éclat de titre et de cordons et qui embarrassent l'esprit et la mémoire par une foule de mots, de signes, de marches et d'accessoires, que dix personnes ne retiendraient pas sur cent ? Quelle utilité y a-t-il réellement à avoir 83 degrés quand sept ou huit seulement sont conférés ? Ces observations sont toutes sur la partie matérielle des grades. Les observations sous d'autres rapports peuvent être faites par les Frères qui, par la connaissance des hauts deg.·., l'instruction et l'expérience, sont capables de juger sainement et de donner leur opinion comme une autorité que tôt ou tard chacun reconnaîtrait sans doute. Les autres Maçons qui ne veulent pas non plus de l'augmentation des grades, tiennent à la pratique et à la conservation dès 33 degrés. Ils disent que le nombre et la diversité des grades supposent et renferment réellement la science Maçonnique qui ne s'acquiert que par la connaissance et la méditation de l'histoire des anciens peuples, et des rapporta de cette histoire avec les faits qui forment la base de tous les degrés et particulièrement des degrés supérieurs ; que l'étude de ces degrés familiarise les Maçons avec la science des anciens gouvernements, avec la connaissance des lois, des mœurs des usages des peuples d'alors : étude qui devient importante et agréable, et qui est nécessaire à tous les hommes, surtout aux Maçons, qui, en général appartenant aux classes bourgeoises et populaires, n'ont pas fait ou entièrement fait leurs études classiques. Ils ajoutent qu'en toutes les choses de ce monde il faut une hiérarchie, parce qu'il y a une hiérarchie dans les classes de la société, dans le talent et le mérite des hommes; que la hiérarchie dans la Maçonnerie est nécessaire, inévitable ; que les Maçons élevés aux plus hauts grades ne se croient pas pour cela des princes et n'ont pas d'aristocratie parce qu'ils sont Chev.·. Kad.·., P.·.D.·.. Roy..·. Sec.·. ou G.·.J.·.G.·.. L'aristocratie des grades, si dans les grades il y a une aristocratie, ne donne pas cette aristocratie à ceux qui en sont revêtus. Ils disent encore que l'apprenti sent bien par ce qu'on lui enseigne, qu'il y a une instruction au dessus de son grade ; il désire le Compagnonnage et la Maîtrise.. Le Maître, comme l'Apprenti et le Compagnon, conçoit qu'après son grade il y en a de plus élevés, partant, plus d'instruction et de connaissances. Comme l'Apprenti qui veut devenir Maître, lui Maître, veut devenir Rose-Croix; lui, Rose-Croix, veut devenir Kad.·. et successivement atteindre au 33e degré. Ce désir d'obtenir lei grades les plus élevés entretient parmi les Maçons, l'émulation qui n'existerait pas s'il n'y avait que 3 grades. La Maçonnerie sans l'émulation, s'éteindrait rapidement. Les loges sans cette stimulation des cordons et des titres Maçonniques, perdraient de leur éclat, de leur variété, de leur magisme. L'imagination, qui a une grande action dans la Maçonnerie, n'aurait plus d'aliment, d'excitation; la Maçonnerie deviendrait un simple cours de morale; les loges, des salles de conférences ou des prêches; et comme la Maçonnerie n'est pas une religion, à laquelle on façonne l'individu dès son enfance comme on façonne le Catholique-né, le Protestant-né, l'Israélite-né, le Mahométan-né, etc., on délaisserait ces cours de morale, ces prêches Maçonniques comme on délaisse les temples religieux où l'on ne revient, du moins en général, que lorsque les intérêts mondains, la vieillesse ou les infirmités y ramènent les hommes politiques, les infirmes, les vieillards ou les consciences chargées qui croient servir leurs vues ici-bas ou s'assurer le repos dans un monde à venir : espérance et consolation de leurs fautes, de leurs douleurs et de leur âge avancé. Quant à cette magie des grades supérieurs et avec eux les titres et cordons, elle est et sera en Maçonnerie comme elle est dans le monde profane. Les hommes sont toujours superbes et vains; il leur faut des temples religieux, des palais de rois, des salons de grands seigneurs, des cercles distingués, des théâtres... Les Maçons, pour rechercher et pratiquer les vertus maçonniques, ne cessent pas pour cela d’être des hommes. Errare humanum est. Passez un peu de vanité aux Maçons qui aiment à pratiquer les vertus maçonniques. Le bien l'emporte sur le mal. Le bien est grand : le mal est peu de chose. Les partisans des grades Maçonniques supérieurs seront toujours les plus nombreux, les plus forts. Les grades Supérieurs seront donc toujours un point de mire, un but que l'on voudra atteindre. Le Tuileur-Expert, donne quelques idées pour arriver à conférer les trente-trois degrés dans chacun de ces degrés. Ces idées, sommairement exprimées, appellent la Méditation des Frères instruits et zélés. Nous en exprimerons une que nous recommandons à ces mêmes Maçons, et aux grands Corps maçonniques, L'Ecossisme est répandu non seulement en France, mais encore dans la Grande Bretagne, dans les Etats-Unis, etc., etc. Tous les degrés n'y sont pas vus de la même manière il y a des modifications, des différences, des grades qui ne correspondent pas entre eux: Les Grands Orients ou Grandes Loges qui ont dans leur sein, ou près desquels sont établis des suprêmes Conseils de Grands Inspecteurs généraux ou puissances maçonniques équivalentes ne pourraient ils pas par le concours de leurs chefs ou par les Maçons les plus instruits, examiner, retoucher, remanier leurs lois de leurs, mœurs et de leurs usages, les hauts grades depuis le 4° jusqu'au 33e et dernier ? Puis, toutes ces puissances maçonniques formant un grand Conseil Européen, ne pourraient-elles pas se communiquer réciproquement les cahiers de leurs grades, et se soumettre, dans un intérêt d'unité pour toute la Maçonnerie, leurs travaux respectifs ? Ces travaux fondus ensemble, coordonnés, amèneraient un système uniforme pour les 33 degrés. De cette manière le 33éme reçu à Paris, et tout grade au-dessous, serait le même ou l'égal du 33° etc. reçu à Dublin, à New-York, à Charlestown, au Brésil, etc., etc. Et dans le cas où la fusion que nous proposons ne pourrait avoir lieu dans le grand Conseil Européen des puissances maçonniques, par des considérations qu'il est inutile de développer ici, chacune de ces puissances conservant les 33 degrés si elle le juge convenable, ne pourrait-elle pas solennellement arrêter et déclarer à toutes les autres puissances maçonniques, que tout F.·. revêtu des grades supérieurs, du 4° au 33° (les trois 1er sont les mêmes partout) qui justifiera d'une patente régulière et de l'instruction suffisante, sera admis dans les Ateliers supérieurs du R.·.C.·. ou 18° deg.·., de Kad.·. 30e, de P.·. de Roy.·. Sec.·.32°, de J.·. G.·.33éme, comme s'il eût reçu ces grades, ainsi que nous venons de le dire, dans l'O.·. de la puissance maçonnique où il se présente ? On concevra tout de suite la haute importance de cette mesure uniforme pour le système général des 33 degrés, le bienfait pour la Maçonnerie entière, et l'avantage particulier pour les Maçons voyageurs.

Puissent ces observations être lues par les FF.·. qui sont en position de les bien sentir et de leur faire recevoir une exécution qui assurerait à jamais l'existence de I' Ecossisme, et préserverait l'univers maçonnique des innovations qui ne peuvent que lui être funestes. Nous avons cette confiance, nous avons aussi l'espérance que tôt ou tard notre voix sera entendue.

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