LE SECOND CHARME DE MERSEBURG
Le Second Charme de Merseburg, incantation
magique extraite d’un manuscrit du Xème siècle rédigé en vieux-haut-allemand, est
l’un des textes les plus curieux qui ait trait aux mythes et légendes de la
Tradition du Nord.
Comme son nom l’indique, c’est un
« charme », c’est-à-dire une prière magique. On invoque donc ici les
dieux pour obtenir un avantage. Religion ?
Magie ?
Sorcellerie ? Peut-être l’un
ou l’autre, peut-être les trois à la fois…
Quoi qu’il en soit, ce « charme »
pose de nombreux problèmes aux historiens. L’un d’eux, auquel je m’attarde ici,
est celui de l’implication de divinités bien connues (Wodan par exemple) à côté de divinités qui ne sont connues qu’au
travers de ce seul texte.
Qui est Phol ? Qui est Volla ? Bref, de qui ou de quoi parle-t-on ?
L’état actuel des recherches historiques ne
nous permet pas d’envisager une solution définitive à cet aspect des choses.
Il en est d’ailleurs ainsi pour d’autres
divinités, citées par d’autres textes, dont on ne sait que le nom… Un nom… Je
pense par exemple à une déesse germanique, Tamfana, ou Tanfana, que Tacite
évoque sans y insister – bien qu’assortissant son propos de quelques détails
géographiques -, dans ses « Annales »…
Mais revenons au Second Charme de
Merseburg.
J’émets
quelques hypothèses à son sujet dans l’article de mon blog consacré à Fal et aux
Pierres Falhotte. Mais en tout état de cause, ce ne sont que des hypothèses.
Ainsi, afin de permettre la confrontation
des points de vue, il me convenait de créer un article qui exposât ce texte, ce
Second Charme de Merseburg. Je vous le livre dans sa version en
vieux-haut-allemand, suivie de sa traduction française…
Phol ende Uuodan
worun zi holza.
Du uuart demo
Balderes volon sin vuoz birenkit.
Thu biguol en Sinthgut ,Sunna era suister;
Thu biguol enFriia, Volla era
suister ;
Thu biguol en Uuodan , so he uuola
conda ;
Sose berenki, sose bluotrenki, sose
lidirenki :
Ben zi bena,
bluot zi bluoda, lid zi geliden, sose gelimida sin !
Phol et Wodan allèrent au bois.
C’est là que le poulain de Baldr se démit la patte.
C’est là que le poulain de Baldr se démit la patte.
Alors, Sinthgut et Sunna, sa sœur,
entonnèrent un chant ;
Alors, Freyia et Volla, sa sœur,
entonnèrent un chant ;
Alors, Wodan entonna un chant, lui qui s’y
entendait :
Que ce soit la patte qui ne va pas, que ce
soit le sang qui ne va pas,
Que ce soit un membre qui ne va pas :
La patte avec la patte, le sang avec le
sang, le membre avec le membre,
Comme s’ils étaient soudés !
On remarquera que les déesses sont deux, et
non quatre.
Leif Aegir Thorsson