ALCHIMISTES GRECS Pélage le Philosophe, Ostanès, Agathodemon, Jean l'Archiprêtre, Comarius





LES VIEUX AUTEURS


IV. i.      PÉLAGE LE PHILOSOPHE
IV. ii.     LE PHILOSOPHE OSTANES A PETASIUS
IV. iii.    JEAN L’ARCHIPRÊTRE EN ÉVAGIE
IV. v.     AGATHODÉMON, HERMÈS ET DIVERS
IV. xix.   PROCÉDÉS DE JAMBLIQUE
IV. xx.    COMARIUS
IV. xxiI.  CHIMIE DE MOÏSE



IV. i. — PÉLAGE LE PHILOSOPHE
SUR L’ART DIVIN ET SACRÉ[1]
1. Les anciens philosophes, amoureux (des sciences) et remplis (de zèle), disaient que tout art a été inventé à cette fin (de profiter) à la vie. Ainsi l’art du constructeur a pour objet essentiel de fabriquer un siège, une boite, ou un navire, au moyen de la seule nature de la (matière) ligneuse.[2] De même l’art tinctorial[3] a été inventé en vue de fabriquer une certaine teinture et de produire une certaine qualité:[4] c’est là aussi la fin de l’art. Il faut savoir que les anciens rapportent un fait exact lorsqu’ils disent: « Le cuivre ne teint pas, mais il est teint, et lorsqu’il a été teint, il teint[5] ». C’est pour cette raison que tous les écrits exposent dans des termes pareils le travail du cuivre, et montrent comment on le teint: et s’il est teint, alors il teint; mais s’il n’est pas teint, il ne peut pas teindre, ainsi qu’on l’a (déjà) dit. Voilà pourquoi l’on recommande de rendre le cuivre exempt d’ombre, afin que devenu brillant il puisse recevoir la teinture. 

Par l’ombre du cuivre, il faut entendre la teinte noire qu’il produit dans l’argent. En effet, tu sais que le cuivre soumis au traitement[6] et projeté sur l’argent le noircit au dedans et au dehors: ce noircissement produit dans l’argent, les écrits le nomment ombre. C’est pour cela qu’il faut traiter le cuivre[7] jusqu’à ce qu’il ne puisse plus produire de noircissement, lorsqu’il est projeté sur l’argent. 

2. Ainsi il faut traiter le cuivre, aussi bien que l’or naturel, jusqu’à ce qu’il ne produise plus le moindre noircissement dans l’argent. C’est pour cette raison que Démocrite, lui aussi, a dit dans son livre sur l’argent: « Vérifie si le cuivre est devenu sans ombre; car si le cuivre n’est pas devenu sans ombre, ne t’en prends pas au cuivre (de ton insuccès), mais à toi-même.[8] 

3. On traite le cuivre par l’eau divine, lorsqu’il a éprouvé la décomposition, qu’il a été délayé, cuit et lavé. « On le lave, dit-il, jusqu’à ce que tout son ios soit expulsé. » Souviens-toi, à cet égard, de ce que disent les philosophes: « Après que le cuivre a été affiné, noirci et ultérieurement blanchi alors (seulement) la teinture est solide. » 

Comprends bien les six opérations. L’iosis se fait au moyen de l’eau divine; l’affinage a lieu dans le lavage; le noircissement s’exécute lorsque le chrysolithe est mélangé (avec le cuivre brûlé), avant le lavage; l’atténuation, lorsqu’il est délayé dans le chrysolithe; le blanchiment, lorsqu’il est desséché après délaiement avec le chrysolithe; enfin le jaunissement se fait lorsque les substances pouvant teindre en jaune sont appliquées et introduites pendant la durée de la digestion dans de petits amas de fumier. 

Telles sont les six transformations qui se font dans le cuivre, afin de (le) teindre. Si elles ne sont pas toutes effectuées, rien n’est fait; attendu que si le cuivre ne devient pas jaune et brillant, rien n’est fait. 

4. Ainsi (il faut) d’abord teindre, transformer, couper en morceaux le cuivre; de cette façon on obtient une iosis parfaite au moyen de l’eau divine, entends par iosis parfaite la dorure (qui a lieu) dans la décomposition. Or, c’est cette iosis que le vieux Zosime avait en vue lorsqu’il disait: « Celui qui fait de l’ios fait de l’or; et celui qui n’en fait pas, ne fait rien.[9] Lorsque tu verras la dorure parfaite avec le soufre,[10] alors comprends que tu as accompli une rouille parfaite, en colorant le métal par le soufre, non seulement à la surface, mais aussi dans la profondeur. 

Il y a (là) l’indication du commencement de l’iosis, ainsi que de celle qui est produite à l’intérieur, c’est-à-dire de la véritable iosis, laquelle est aussi désignée comme l’ios de l’or. Veille donc à ce qu’elle soit effectuée dans la profondeur. Si elle ne l’est pas, il n’y a pas d’iosis. Cette opération est aussi appelée jaunissement par le Philosophe, qui dit: « Prenant de la pyrite, traite-(la) jusqu’à ce qu’elle devienne jaune. » Il appelle pyrite le cuivre, à cause du caractère igné de sa nature; et aussi parce qu’il faut qu’il devienne tel que l’iosis s’accomplisse. 

5. De la même façon, il arrive à l’affinage, qu’il indique aussi dans ces termes: « jusqu’à ce que l’opération inverse de l’iosis soit effectuée. Qu’il y ait d’abord noircissement et la réduction suivra. Prenant donc une partie de chrysolithe, trois parties de magnésie,[11] délaie en l’absence de tout liquide; délaie jusqu’à ce que les substances se pénètrent mutuellement et se combinent. Alors il ne subsiste plus aucune apparence du soufre blanc et (le mélange) devient tout à fait noir comme de l’encre à écrire. Laisse-le reposer pendant trois jours; puis, le jetant alors dans le bassin, verse dessus le liquide avec lequel on a coutume de laver; délaie de nouveau et fais cuire avec du soufre répandu tout autour ». 

Comment se fait le traitement? comment le produit a-t-il une nature incombustible? Ce qu’on appelle chalcopyrite, c’est le plomb (traité par le) soufre apyre. Lave le chrysolithe étésien, dit-il, jusqu’à ce que son los en sorte. De cette façon rien n’est perdu, le cuivre demeurant uni au plomb. C’est là ce qu’on appelle la grande purification; on l’appelle aussi affinage et noircissement: noircissement à cause de la couleur noire du mélange; affinage, à cause de la transformation et de la dissolution (du produit) provenant de l’ios. C’est cette opération que l’on nomme aussi grand lavage. Après avoir recueilli ce produit dans des vases, laisse-le déposer. Et après avoir clarifié la liqueur, fais sécher le sédiment: tu trouveras qu’il ressemble à de l’encre à écrire. Broie ce produit jusqu’à ce qu’il se développe un jaune parfait. Modifie le produit en y versant ce qui suit: produit décanté,[12] quatre parties; matière jaune, une partie; plomb, une partie; puis mouille un peu, de façon à former une sorte de boue, et délaie jusqu’à ce que le plomb disparaisse. Enlève et réduis à l’état de pate; expose au soleil et laisse sécher, en arrosant peu à peu, jusqu’à ce que le plomb ait disparu; puis laisse sécher. Alors projette le produit amené à l’aspect convenable. 

6. Le vieux Zosime disait:[13] « Je connais une classe unique, qui comporte deux opérations: la première pour que la fluidité soit produite par l’extraction la seconde pour que l’humidité du plomb soit desséchée. » Agis de cette manière, en desséchant; puis ajoute une quantité égale de coupholithe et délaie avec du vinaigre (fabriqué) au moyen du géranium, jusqu’à blanchiment. Veille donc à ne pas manquer (l’opération) au moment du blanchiment.[14] On la manque, lorsqu’on ne voit pas apparaître la beauté du cuivre sans ombre, développée au moyen du blanchiment, après que le cuivre a perdu toute sa substance terrestre excédante et sa grossièreté matérielle. Si donc le cuivre sans ombre est blanchi, il devient un être spirituel, et dès lors aucune autre chose ne manque; il n’y a plus d’autre retard, si ce n’est en raison de la nécessité de le sécher et de le blanchir. 

7. Comprends ici (que) toutes les choses déversées sont rejetées et que rien ne reste,[15] sinon l’or, le plomb et la pierre étésienne, nommée chrysolithe.[16] Donc, après avoir édulcoré la poudre solide et après l’avoir desséchée, mets avec cette poudre trois parties de couperose, une partie de magnésie, une partie de cuivre. Ajoutes-y une partie de poudre solide. Délaie au soleil, en arrosant avec du vinaigre blanc pendant sept jours; plus tard, après avoir desséché, fais digérer dans du fumier et laisse cuire pendant deux ou trois jours. Lorsque tu retireras (le vase), tu trouveras l’or teint en rouge comme du sang. Tel est le cinabre des philosophes et le cuivre jaune une couleur sans ombre. Souviens-toi à ce propos que le vieil auteur disait: 

Le cuivre devenu sans ombre teint toute espèce de corps[17] ». C’est aussi pour cette raison que le Philosophe disait: Pourquoi parlez-vous de la matière multiple ? le produit naturel est un, et une, la nature qui domine le Tout. » Comprenons que par le produit naturel il entend l’or conforme à la nature; car cet or naturel domine le Tout, étant formé par les corps subordonnés. Ainsi, par exemple, si on l’étale sur le fer ou le cuivre, il domine la surface de ces (corps), qui se trouve revêtue d’or naturel. 

8. C’est ainsi que l’on opère: le produit est dissous au moyen de l’eau divine, fermenté comme le levain du pain;[18] ensuite le chrysolithe étant délayé avec ce produit, à parties égales, l’eau agit conformément à la nature du produit, avec le concours de la décantation;[19] puis le chrysolithe est mis en œuvre, après le mélange de (l’or) naturel.[20] 

Zosime dit: « L’or naturel, étant changé en esprit au moyen du chrysolithe,[21] teint conformément à sa nature; l’argent, si nous le dissolvons au moyen de l’eau divine et si nous le changeons en esprit au moyen du chrysolithe, teint le cuivre en blanc ». Il disait aussi cela en d’autres termes: « En effet les deux teintures ne diffèrent en rien l’une de l’autre, si ce n’est par la couleur, c’est-à-dire qu’elles comportent un seul et même mode de traitement,[22] d’après lequel (les corps sont) d’abord dissous au moyen de l’eau divine et plus tard la poudre solide est changée en esprit au moyen du chrysolithe ». Or elles diffèrent par la couleur. Chacune d’elles teint suivant sa nature propre: l’or teint l’or, et l’argent teint l’argent. N’entends-tu pas le vieil auteur disant: « Celui qui sème du blé fait naître et récolte le blé; l’or aussi fait naitre l’or; pareillement l’argent fait naître l’argent.[23] » 

9. Pour la même raison le vieux Philosophe s’exprimait ainsi:[24] « Nous emploierons des (éléments) naturels. Or il est nécessaire de savoir que l’or teint naturellement, après avoir été d’abord dissous au moyen de l’eau divine et plus tard changé en esprit au moyen du chrysolithe. Il est appelé aussi, d’après sa nature, corps solide; et il faut qu’il soit d’abord dissous et plus tard changé en esprit: de cette façon il teint toutes choses naturellement, Car les deux autres éléments[25] étant, d’après leur nature propre, volatils et combustibles, sont dissipés dans le feu. De là vient que le vieux Zosime disait: « Le mystère de la teinture d’or,[26] c’est de changer les corps (tinctoriaux métalliques) en esprits, afin de teindre dans l’état de spiritualité; conformément aux descriptions, et sans arrêt dans l’opération.[27] En effet, lorsqu’ils sont à l’état solide, ils ne peuvent teindre; ils doivent être d’abord atténués et spiritualisés. Or l’eau divine d’abord les atténue, et plus tard le chrysolithe les spiritualise.[28] Ainsi notons qu’il y a deux teintures, selon la spécialité des deux corps (or et argent). Quant aux autres (corps), ils interviennent et transforment la teinture, en s’y associant et en y coopérant. Les agents de transformation dissolvent et spiritualisent; les agents coopérateurs sont ceux que l’on projette au moment de la fusion. Il faut noter d’ailleurs que l’or ou l’argent, simplement disposé en enduit superficiel, ne domine pas le fer ou le cuivre: il faut que ces métaux soient traités d’abord par des mordants. De même, dans la transmutation, ni l’or ni l’argent n’ont de puissance, s’ils n’ont pas été d’abord traités par des, mordants. Il convient donc d’arroser la poudre sèche avec les mordants liquides, afin que la teinture rendue astringente et pénétrant jusqu’au fond, se fixe et agisse dans la profondeur du corps, la poudre de projection étant dissoute. Pour cette raison la nature est charmée par la nature, etc. 

10. Conçois donc que l’on fait absorber par le corps métallique l’eau divine, le chrysolithe et les mordants. N’est-ce pas ainsi que la nature du corps (métallique) se réjouit? Elle se réjouit de la nature de l’eau, étant par elle alimentée, épaissie et augmentée. Est-ce que le cuivre, qui est sans charme et sans éclat par essence, n’est pas charmé et rendu brillant lorsqu’on lui associe la nature brillante de l’eau divine? Est-ce que la nature du corps épais et terrestre n’est pas vaincue par la nature spirituelle et aérienne du chrysolithe ? Est-ce qu’il n’est pas dominé par les liqueurs astringentes, comme il arrive à l’or et l’argent fixés à la surface du fer ou du cuivre ? Il faut convenir en général que, si le fer ou le cuivre n’a pas été traité par les mordants, il n’est pas dominé par l’or ou l’argent, étendu à sa surface.[29] Mais s’il a été ainsi traité et qu’alors il soit enduit, il est dominé en vertu de la puissance du mordant.[30] 

11. Mais on objectera: Si l’or ou l’argent constituent des poudres de projection, capables de produire deux teintures, comment effectuer l’opération de l’iosis, et la réduction, et l’atténuation, et le noircissement, puis le blanchiment ? C’est qu’alors le jaunissement sera solide, selon ce qui a été dit précédemment. Nous disons en effet que toute chose se trouve en puissance et se développe ensuite dans les deux teintures. En effet, il a été dit[31] que l’on appelle iosis la dissolution (effectuée) dans l’eau divine, parce que l’iosis réside en puissance dans l’eau (divine). Il en est de même pour la réduction, l’atténuation, le noircissement et le blanchiment, qui suit la transformation. Puis vient le jaunissement solide, non seulement en puissance, mais aussi en acte. Toutes ces choses sont exécutées avant que l’or soit blanchi, et plus tard jauni solidement, jusqu’à ce que (l’or) spirituel et parfait soit achevé et accompli. Le Philosophe a raison de dire: O natures célestes, démiurges des natures créatrices:[32] en effet, c’est à la façon d’une création que les deux natures des soufres, suivant le caractère liquide du mélange (de la magnésie) et le caractère sec de l’essence (du cinabre), transforment par leur vertu créatrice les natures terrestres des corps, en natures spirituelles et tinctoriales. Les natures célestes de ces soufres doivent être entendues comme des natures qui ne peuvent être enlevées par la suite.[33] C’est pourquoi il dit aussi: « Rien n’a été oublié, rien ne fait défaut, sauf le brouillard et la montée de l’eau »; au lieu de dire: Rien d’autre n’est attendu. Il dit encore e Mais si le corps est réduit au dernier degré d’atténuation, comme le brouillard de l’eau (divine), et que l’eau à son tour soit évaporée sur ce corps, voici que le Tout est ramené à ses éléments. 

12. La montée de l’eau est interprétée comme un allègement, parce qu’on fait monter et qu’on allège l’infusion de l’eau, combinée au corps... Il nous suffira de nous rappeler que l’on opère avec le mortier et le pilon, dans le cas des deux teintures... S’il s’agit du cuivre, on emploie la coupe en forme d’autel. Zosime parlait aussi de cet (appareil): (il disait) que l’arbre (est) une plante cultivée, arrosée et qui fermente en raison de l’abondance de l’eau; grandissant, en raison de l’humidité et de la chaleur de l’air, il porte des fleurs; enfin, grâce à la grande douceur et à la qualité favorable de sa nature, il porte des fruits.[34] 

IV. ii. — LE PHILOSOPHE OSTANES A PETASIUS
SUR L’ART SACRÉ ET DIVIN[35]
1. La nature du corps inaltérable (l’or) se plait dans une petite quantité de liquide;[36] car c’est par le mercure que les mélanges se dépouillent de la matière qui leur sert de support. C’est au moyen de l’eau précieuse et divine que cette maladie[37] est traitée. (Par là) les yeux des aveugles voient; les oreilles des sourds entendent; ceux dont la langue est embarrassée parlent clairement. 

2. Voici la préparation de cette eau divine: Prends les œufs du serpent du chCne[38] qui au mois d’août habite[39] dans les montagnes de l’Olympe, du Liban ou du Taurus. Prends ces œufs frais, mets-en une livre dans un vase de verre. Jettes-y de l’eau divine, toute chaude; fais monter quatre fois dans la région céleste, jusqu’à ce que l’huile distillée devienne couleur de pourpre. Prends: amiante, 13 onces; sang de coquillages (de pourpre), 9 onces; œufs d’éperviers aux ailes d’or, 5 onces. Ces œufs se trouvent près des cèdres du Liban, dans la montagne. Délaie dans un mortier de pierre ces espèces, (savoir) l’amiante, le coquillage et les œufs, jusqu’à ce que le tout soit unifié. Puis fais distiller sept fois, dans un alambic de verre, et mets de côté. Réunis la première composition avec la seconde,[40] et délaie pendant trois jours. Après accomplissement de l’opération,[41] jette dans un (vase) de verre toutes les matières délayées ensemble, et plonge le vase dans de l’eau de mer, pendant un jour et une nuit. (Alors) l’eau divine aura été complètement préparée. 

3. Cette eau divine ressuscite[42] les morts et fait mourir[43] les vivants; elle éclaircit[44] les choses obscures et obscurcit[45] les choses claires; elle s’empare de l’eau de mer et fait disparaître le feu. Quelques petites gouttes de cette eau donnent au plomb l’aspect de l’or, avec le concours du Dieu invisible et tout-puissant, qui pratique la sagesse et la puissance, et qui ordonne que du non-être toutes choses soient amenées à l’être, qu’elles prennent la naissance et soient douées de forme. C’est à celui-là seul qu’il faut attribuer la force, au Dieu unique, universel et véritable. A lui et au souverain de notre vie et de notre salut, Jésus-Christ, ainsi qu’au Saint— Esprit, intelligence directrice (du monde), gloire et magnificence dans la série indéfinie des siècles! Amen.[46] 

IV. iii. — JEAN L’ARCHIPRÊTRE EN ÉVAGIE 
SUR L’ART DIVIN
1-9. Reproduction des §§ 15 à 24 et dernier du Traité de Zosime sur la Vertu et l’Interprétation (p. 135 à 139), sauf ces premiers mots: 

« Observons et voyons, si nous philosophons, en définissant de préférence cette expression énigmatique: Lorsque quelque chose manque aux qualités, on ne réussit à rien de ce que l’on attend. » 

10. Voici des renseignements plus abondants sur la façon dont se forment les effluves lunaires: Rends-toi dans la grotte d’Ostanès, vois les vases des eaux préparées en nombre par lui, et remplis-les d’eau potable; ou bien encore, te rendant au fleuve du Nil, opère comme il a été écrit, comme l’a déclaré Hermès par ces mots: Ce qui tombe du déclin lunaire, où cela se trouve-t-il? où cela se traite-t-il? et comment cela a-t-il lune nature incombustible ? Tu trouveras la réponse chez moi et chez Agathodémon.[47] Le produit de ces effluves, on le voit tomber dans des récipients qui le reçoivent; il est doué d’une nature incombustible, jaune comme la couleur d’or. Adouci par les eaux douces et potables, il est dépouillé de toute matière étrangère. Parmi les couleurs, on désigne le chrysanthème, la chrysolithe, la coquille d’or, la liqueur d’or et toutes les substances dont le nom est formé au moyen de l’or et se rapporte à l’or. Tel est le nom de la pyrite; cette pierre étant convenablement blanchie dans l’eau divine, puis soumise à l’évaporation, se trouve jaunie de cette façon et débarrassée (de son principe étranger). L’ios desséché est désigné sous le nom de l’or. Celui qui produit l’or produit l’ios et celui qui n’en produit pas, ne produit rien. 

ii. Tout cela, tous les écrits (alchimiques l’ont révélé et l’ont érigé en doctrine pour la seule extraction, lorsqu’ils disaient: Extrais la nature et tu trouveras ce qui est cherché. Car la nature est cachée à l’intérieur: là se trouve contenue la nature. Lorsque tu veux opérer, procède en suivant la marche indiquée dans toutes les inscriptions sur stèle, et ainsi que Démocrite l’a écrit sur une stèle:[48] « Observe, en prenant l’ios, que tantôt il adhère à l’alun, tantôt à l’ocre, tantôt à la chélidoine,[49] en t’appliquant différemment, suivant les circonstances, et en ouvrant ton esprit. Observe aussi que l’ios lui-même a la faculté de se dissoudre. En le soumettant à un traitement énergique, il est dissous, ou bien il est (absorbé) et pénètre dans le cinabre.[50] C’est pourquoi il ne faut pas le projeter, vu qu’il devient esprit. On doit dès-lors éviter un feu violent: car autrement on ne pénétrerait pas jusque dans la profondeur du cœur du corps fondu ». Rappelons que tous ces préceptes sont donnés sur une seule stèle, le philosophe s’exprimant ainsi: Prenant la rhubarbe du Pont, délaie-la dans du vin d’Amina desséché; donne (au mélange) la consistance de la cire; enduis-en les feuilles d’argent, avec une couche de l’épaisseur de l’ongle, ou plus mince. Enduis ainsi la moitié (l’une des faces de la feuille); mets-la dans un vase neuf; et lutant tout autour, chauffe simplement, jusqu’à ce que la préparation soit absorbée. Fais aussi cela pour l’autre moitié (c’est à dire l’autre face), jusqu’à ce que la feuille se soit amincie; puis fais fondre. 

12. Exposant ces choses aux Perses,[51] il dit: Cet homme a accompli cela par sa propre sagesse; ayant employé des espèces convenables, il enduisait extérieurement les substances, et il les imprégnait profondément par l’action du feu. Il dit que c’est l’usage chez les Perses de procéder ainsi. C’est pourquoi, dans toutes les inscriptions sur stèles, il transmet au vulgaire le précepte de teindre à fond par enduit; il montre aussi comment on évite les insuccès. Car souvent, la préparation étant surabondante, les enduits n’étaient pas absorbés entièrement et ne produisaient pas leur effet spécifique. Nous avons dit que le feu, lorsqu’il est activé par le soufflet avec une trop grande force, détermine la déperdition de l’esprit et, par suite, ne produit pas l’effet[52] cherché. 

13. Ostanès emploie aussi le même procédé, en disant à la fin de son traité: 

Il faut teindre les lames métalliques dans les liqueurs et enduire ainsi la préparation; car de cette façon elle recevra facilement la teinture. Mais, moi je vous dis à mon tour, et je rappelle à votre attention quelle est la pratique des orfèvres et de tous ceux qui savent teindre l’or avec la couperose, le sel et l’ocre.[53] En procédant chacun à sa façon, ils purifient l’or, d’après les moyens précités et de mille autres manières. En saupoudrant et délayant, ils font disparaître l’éclat de certains bijoux. Leurs espèces sont soumises à l’action du soufflet; ils en épuisent l’action et ils s’efforcent de faire pénétrer la teinte convenable dans toute la profondeur. 

14. De même que l’aimant attire à lui le fer par sa nature; de même aussi la couperose attire à elle, par sa nature propre, toute nature fusible contenue dans l’or.[54] De même qu’il existe, dit-on, une pierre noire sacrée qui, par sa nature, donne l’habileté aux praticiens qui la portent; de même aussi nous voyons agir tous les fondants par leur nature propre. Telle est la propriété astringente,[55] pour les corps employés à purifier l’or, et la propriété rectificatrice (?) de la matière appelée thénacar, celle du natron, et des substances semblables, prises isolément ou mélangées deux à deux, lorsqu’elles exercent naturellement leur puissance spécifiques sur les feuilles métalliques qui en sont enduites. 

15. Il a été trouvé bon par les anciens de faire aussi les enduits des feuilles au moyen de corps gras, par exemple avec les jaunes d’œuf.[56] C’est pourquoi il (Démocrite) fait entendre (par énigmes) [que l’on opère) au moyen de l’huile de ricin, de l’urine des impubères, et des sels, c’est-à-dire des corps qui ont une puissance astringente. Il a été aussi érigé en doctrine qu’il faut préférer le vinaigre blanc, pur, bien préparé, et très fort.[57] On dit qu’il attaque les corps métalliques et les acidifie, à cause de sa propriété astringente. En les délayant avec la couperose, jusqu’à consistance visqueuse, ils prennent une consistance cireuse et mettent en jeu les actions spécifiques qui font réussir les traitements. 

16. Il faut surveiller avec soin les accouchements, afin que l’avortement n’ait pas lieu.[58] Les avortements de la chair se produisent et donnent lieu à des êtres qui ne participent pas à la lumière du monde, à cause de l’imperfection (du fœtus?) et parce que l’on na pas observé le moment favorable pour l’enfantement. De même (dans) notre fabrication, lorsque (le travail) n’est pas accompli suivant ses règles propres, on ne réussit pas à obtenir les produits annoncés dans l’écrit. Certaines plantes et semences, soumises à l’action sidérale, dans les moments où l’atmosphère se trouve dans un certain désordre, sont gâtées par le vent, et privées de leur fécondité, et il en est souvent de même dans les actions chimiques génératrices. C’est pourquoi si les premiers composants sont mélangés convenablement, sans excès ni défaut des contraires; si la liaison des enduits a lieu en bonne proportion, le tout viendra à bon terme. On sait qu’il fat veiller à ce que le moment de l’enfantement n’arrive pas avant 9 mois; (autrement) l’avortement aura lieu. De même la (durée) de la cuisson pour toutes les feuilles, (métalliques) n’est pas moindre de 9 heures; car ce procédé est conforme à celui de l’enfantement.[59] 

17. Quant au moment (convenable) pour le fonctionnement de l’autel en forme de coupe, juges-en suivant le degré de la macération. En effet, considère qu’il y a trois procédés d’opération et de mélange. Le premier procédé, entends-moi bien, comporte les choses pétries et fermentées, ainsi qu’on fait pour le limon et pour la farine. De même que le (corps) liquide ne doit pas être vaporisé outre mesure, mais seulement jusqu’au degré voulu; de même aussi, pour la composition, le vase de terre cuite qui recouvre la coupe placée sur la kérotakis a une ouverture, afin que l’on puisse voir si la composition blanchit ou jaunit. 

La suite de ce morceau reproduit un texte déjà donné, à la page 142,[60] jusqu’aux mots « Le vieux Zosime ». 

IV. iv. — ENIGME DE LA PIERRE PHILOSOPHALE 
D’APRÈS HERMÈS ET AGATHODÈMON[61]
J’ai neuf lettres et quatre syllabes; entends-moi. Les trois premières syllabes ont chacune deux lettres. L’autre syllabe contient le reste des lettres cinq sont muettes (consonnes). Le nombre total exprimé renferme seize centaines, plus trois; plus quatre fois treize: sachant qui je suis, tu seras initié à la divine sagesse que je contiens. 

IV. v. — AGATHODÉMON, HERMÈS ET DIVERS 
ORACLE D’ORPHÉE
EXPLICATION ET COMMENTMRE D’AGATHODÉMON SUR L’ORACLE D’ORPHÉE[62]
Agathodémon à Osiris, salut!

1. J’écris dès ce moment pour toi ce quatrième livre, d’après l’oracle antique; or si tu comprends, si tu interprètes avec intelligence, viens ici près de nous, toi-même, en quittant[63] cette ville de la sottise; viens nous entendre directement: nous te prescrivons devenir à Memphis, en t’éloignant de la sottise. Je t’exposerai les commentaires de l’oracle, je t’expliquerai ce qui s’y rattache et tout ce que les auteurs en ont dit, et je le commenterai. 

2. Sache, Osiris, que l’oracle commence par le jaunissement, laissant de côté le blanchiment. Mais il n’a pas négligé le jaunissement. Pourquoi? On doit l’interroger avec réflexion sur ce qu’il a voulu dire, et c’est d’après les dispositions de son esprit qu’on interprète l’oracle. Or Orphée se proposait d’opérer le blanchiment. Toutes les eaux sont préparées par lui avec l’appareil distillatoire) et la kérotakis, ainsi que toutes les parties de l’opération du jaunissement, je veux dire l’eau du soufre natif, et les autres préparations convenables; il cherche à accomplir l’opération par le seul mélange de la scorie formée ultérieurement.[64] 

3. Ainsi ce qu’on cherchait, l’oracle l’a exposé. Ce qui manquait aux sages pour accomplir l’œuvre, l’oracle l’a complété: il a rendu arsénical[65] le mélange en le tournant vers le jaune, et il a agi sur les autres produits, chacun d’après son mode propre. Quant au blanchiment, personne n’a daigné le mentionner, excepté moi. Je l’ai décrit de bien des manières, et je le décris encore une fois, en commençant par la consultation de l’oracle.[66] Voici ce texte; « Il convient d’obtenir le pouvoir précieux que tu recherches, par la force des prières, et la chaleur des supplications adressées, ô prêtre, à ton propre nourricier: pour obtenir la puissance du livre et être maitre de la force de l’or, grave mes discours sur des tablettes ». 

4. « (Emploie) le cuivre brûlé; il doit être fortement lavé, et brûlé de nouveau. Après ce second traitement, mets-le en petits morceaux et projette-le sur de très bel argent.[67] Fais pénétrer chaque corps volatil, autant que possible. Prends en quatrième lieu la terre de Sinope, la coquille de l’œuf, la cadmie, l’or, la terre de Macédoine et le misy (je parle de celui d’Asie): Tu fais fondre ensemble et tu obtiens l’or. » 

Ainsi (s’exprime) l’oracle très ancien, contenu dans le grand livre déposé par terre (?). Ce livre transmet les commentaires de la voix vénérable, et sa tradition montrera, ainsi que l’expérience, la bonne manière d’agir dans la projection, l’information mystérieuse (à cause des jalousies), l’information opportune, les moments propices et tout ce qui concerne l’art. 

5. Ainsi le premier précepte de l’oracle (concerne) le blanchiment du cuivre, tiré des minerais lévigés, broyés et brûlés, jusqu’à ce qu’ils prennent la consistance de la cire. Or (ce que nous appelons) l’os[68] du cuivre se compose des quatre corps suivants: cuivre, fer, étain, plomb. A ces métaux essentiels, on ajoute le soufre blanc. Ces (substances) demandent une macération préalable, depuis le mois de méchir jusqu’au 15 du mois pharmouthi, 41 jours;[69] puis le lavage, l’ébullition, l’édulcoration, la clarification, le mélange en proportion voulue, la purification. Les quatre corps seront purifiés, jusqu’à ce que tu les obtiennes dans un état parfait. Ensuite ils seront mélangés, suivant la proportion de poids convenable. Voici ces poids: cuivre, 4 livres; fer, 1 livre; étain, 2 livres 1/2; plomb, 2 livres 1/2. Pour cette dose de cuivre (?), prends 1 livre d’argent: c’est l’agent fixateur. 

6. Dans les autres écrits on trouve divers poids, mélanges et opérations; mais celles-ci sont bonnes; elles ne sont nullement inutiles ou vaines. En effet, les uns mélangent tous les corps métalliques (de façon à les réunir) en un seul; ils obtiennent de la scorie et font alors l’opération... Les autres obtiennent des (résultats) convenables, en s’y prenant d’une autre façon: ils commencent par purifier le cuivre, autant que possible, et ils y mêlent ensuite l’argent, après avoir fait agir l’arsenic sur le fer, en opérant comme avec le cuivre; et après l’avoir ramolli, ils opèrent le mélange. Ils fondent (alors) l’étain et le plomb; ils projettent les métaux dans un fourneau à désagrégation. Après avoir fait griller, ils pulvérisent et lavent: de cette façon ils obtiennent le sidérochalque.[70] D’autres encore opèrent sur le plomb, et l’emploient pour désagréger les métaux: ils opèrent un mélange intime avec l’étain, et projettent le produit; ils délaient semblablement, le plomb et l’étain; puis ils mélangent et lavent. On délaie préalablement (dans) une assiette, puis on opère dans les autres (récipients). En effet, si la couleur noire n’est pas enlevée au plomb par lavage et décantation, il n’y a rien; or elle disparait par décantation, lors du lavage et de l’ébullition effectuée avec ce métal; puis vient la fixation; puis les séparations, puis la décomposition, puis l’extraction. 

7. Ainsi le plomb, uni avec les espèces essentielles, est projeté une seconde fois avec l’argent, pour le jaunissement. Tantôt on désagrège les métaux; tantôt on les délaie ensemble; on les soumet à l’extraction, et on recourt aux mille moyens indiqués dans les écrits (des auteurs), car l’art est vaste. Toutes les parties, les scories, et les matières appelées efflorescences (sont employées). Le plomb est travaillé au moyen de la liqueur acide et de la liqueur d’or: entends tout ce qui convient, au sujet du précepte inscrit dans cette ligne. Quant à la chrysocolle, à la terre de Sinope, à la cadmie, ce sont li, avec le plomb, ce que j’ai appelé les espèces essentielles. Cela signifie le misy asiatique, l’eau divine préparée avec le soufre natif tantôt une partie (du liquide distillé), tantôt la totalité. La portion dont il s’agit est celle qui renferme les herbes,[71] celle obtenue au moyen de la chaux et qui dissout tout, ainsi que la partie grillée des (substances) jaunes, la partie décomposée. Quant à la portion (qui reste et qui est) tirée de la totalité, après que tu as délayé la portion transformée par l’action préalable du cuivre, et que tu l’as extraite, lorsque tu as fait agir la vapeur sublimée et la gomme, puis mis à part, en faisant écouler l’amalgame (liquéfié), de façon à obtenir cette matière jaunie dont j’ai déjà parlé, alors fais bouillir cette portion; répète l’opération par trois fois; puis projette le produit. 

8. Les anciens écrits contiennent toutes les recettes assemblées confusément; or toutes ces choses vont t’être expliquées en bloc: voici ce que c’est. Prenant une marmite de terre crue, fais la sécher au soleil, pendant dix jours; puis, prenant de l’ocre et du bleu, une partie de chaque, délaie dans du vinaigre pur, en consistance de miel: enduis-en la marmite à l’intérieur. Fais-y cuire de la sandaraque, en quantité convenable; puis, prenant de la rouille de cuivre, délaie-la dans l’urine d’un enfant Impubère et enduis de nouveau la marmite, à sa partie supérieure. Lute et fais cuire pendant trois jours. En retirant (le contenu), tu trouveras un produit pareil à de l’orge grillé. Projette-le sur de l’argent noirci, ou sur de l’or noirci, avant qu’il soit refroidi. Une partie d’ocre, et une partie d’étain produisent la même apparence, lorsqu’on les applique sur le fer en proportions égales. La magnésie produira aussi le même effet; — on la mêle par moitié avec le soufre apyre; — ce mélange fait par moitié, est mis (en digestion) dans une marmite, pendant deux jours. Ensuite, délaye avec de la couperose et de l’écume d’huile de ricin, pendant trois jours; fais cuire et projette l’or. Cette matière noircit ainsi une partie d’argent. 

IV. vi. — L’ESPÈCE EST COMPOSÉE ET NON PAS SIMPLE 
ET QUEL EN EST LE TRAITEMENT[72] 
1. S’agit-il d’une chose simple ou composée, quant à sa nature, dans l’art appelé chez les maîtres l’art naturel? Par nature, la soudure d’or[73] est une chose simple, un genre simple, d’après le divin Hésiode et d’après Aratus; c’est elle qui est désignée comme une tête d’or, d’après le prophète divin Daniel; comme un chœur d’or, d’après Hermès Trismégiste; mais ce n’est pas là ce que l’on doit entendre par l’unité cherchée.[74] L’art en réalité ne doit avoir ni un objet simple, ni un objet composé de parties; car si les parties comportaient un seul et même traitement, et ne différaient en rien les unes des autres, elles ne seraient pas les parties d’un tout complet. En effet, toute partie naturelle ou artificielle apporte à l’œuvre complète quelque chose qui lui est spéciale; sans elle, le Tout se trouverait incomplet, comme il est facile de le voir dans les parties du corps, dénommées lieux chez Galien. C’est ainsi qu’on peut l’entendre dire: « on nomme lieux les parties du corps ». Si quelqu’une de ces parties spéciales fait défaut, la composition sera trouvée incomplète; soit qu’elle ait subi (seulement) le délaiement, ou la cuisson, ou la calcination, ou la décomposition opérée dans le bain-marie, chauffé avec un feu de sciure de bois; ou bien dans le vase à bec d’oiseau;[75] ou bien (lorsqu’elle est déposée) sur la kérotakis; ou dans l’alambic chauffé à feu nu; et cela, qu’il s’agisse de la diplosis opérée au moyen du mercure, selon le procédé de Marie, ou de toute autre sorte de traitement. 

2. Si donc toute partie naturelle, ou artificielle apporte quelque chose à l’œuvre complète, il faut aussi qu’elle l’apporte au Tout;[76] car la préparation exécutée sur les parties (séparément) ne répond pas aux proportions que doivent exister dans le traitement (complet). Le Tout en diffère; de même que l’arbre haut de deux coudées n’est pas changé en un (arbre) de trois coudées, par un simple accroissement (de sa hauteur ?). Mais si chacune des parties profite au Tout, examinons leur relation réciproque. C’est le mercure qui, en s’élevant dans les chapiteaux des récipients, produit le Tout par l’iosis; de même que le mélange des couleurs sur la kérotakis (palette) des peintres est nécessaire à l’art pour reproduire l’animal entier. De même aussi la magnésie,[77] exposée sur la kérotakis à l’action désagrégatrice et dissolvante,[78] s’écoule dans les récipients inférieurs, le soufre étant mêlé au soufre, lequel amène à la perfection la matière sulfureuse qui le reçoit.[79] 

3. Certains prennent le texte dans un autre sens. En effet, Hermès, disent-fis, désigne les soufres comme combustibles; Démocrite regarde les matières sulfureuses comme tinctoriales et fugaces. Elles sont retenues par le mercure qui leur est congénère. (C’est pourquoi) les maîtres appellent le mercure le tombeau d’Osiris:[80] ce qui signifie l’amortissement (du mercure et des métaux), causé par la macération.[81] Il est nécessaire que l’eau de soufre mercurifiée, c’est-à-dire le liquide sulfureux, soit évaporée par la digestion dans le fumier de cheval. En effet Zosime dit : « Dans tout l’art, ce qu’il y a d’essentiel, c’est le catalogue des espèces liquides ». 

4. Après la décomposition, il n’y a plus rien à faire, selon quelques-uns; le Panopolitain dit que quelques-uns ne s’occupaient plus de rien après l’iosis, tandis que lui parle (encore) du soufre, de l’eau de soufre et du mercure. Quant à nous, nous demandons: Pourquoi le grand Zosime, dans son traité inscrit sous la lettre S, en répondant à cette objection, a-t-il prescrit d’avoir recours au cuivre? Le cuivre a été apporté; il était parfait de tout point, il était pénétré (par le principe colorant) et n’admettait plus rien. Voulant éveiller leur esprit, il leur présentait la chrysocolle[82] et les teintures, appelant or l’iosis, laquelle est appelée aussi jaunissement. Il s’agissait encore de la composition qui produit la couleur blanche (l’argent); car il en est aussi question: mais ce qu’il y a de préférable, c’est l’or (ou la chrysocolle). En effet, (l’or est comparable au) soleil, dont la lumière éclaire les sphères supérieures et les sphères inférieures c’est-à-dire les sphères supérieures en tout temps, mais les sphères inférieures par intermittence; attendu que l’ombre du cône de la terre s’étend jusqu’à la sphère de la planète Mercure. Or il en est ainsi de l’or produit par l’opération de l’iosis ou du jaunissement, et la sphère où s’exerce l’action du mercure est préférable à celles qui sont situées au-dessus ou au-dessous.[83] 

5. Pourquoi donc n’introduisait-il pas une autre opération? En effet, ce n’est pas sur l’or naturel que porte l’explication des anciens, ainsi qu’il est évident d’après leur langage. Car en quoi l’or a-t-il besoin d’être teint? Et pourquoi ajoutait-il: « Un grand nombre ayant trouvé du cuivre amené à perfection dans les temples, ne le teignaient pas, attendu qu’une autre opération avait eu lieu dès le principe ». Et encore, en d’autres termes: « Le sens de tous les écrits n’a été réalisé que dans l’appareil[84] pour traiter le cuivre ». Au sujet du traitement opéré au moyen de cet appareil, le même auteur s’exprime ainsi, en vue du but que l’art se propose. 

IV. vii. — FABRICATION 
PRINCIPALEMENT CELLE DU TOUT[85] 
1. Maintenant, comme l’obscurité de la question soulevée de part et d’autre n’a pas été dissipée, Il convient de vous décrire, dès l’abord et par ordre, la fabrication du Tout, (et celle) de la gomme d’or.[86] La partie jaune, le jaune d’œuf bouilli,[87] est délayé exactement dans la gomme d’or (préparée par) notre art.[88] On n’opère pas dans un mortier et avec un pilon, mais dans des appareils à digestion, en forme de mamelles,[89] où l’on soumet à l’action de la chaleur la gomme d’or. Or les (matières) délayées avec cette substance s’unissent à celles dont on a enlevé l’ombre (?). Ces choses, une fois unies entre elles, sont nettoyées à deux reprises. Quant à ce qui reste à la partie inférieure, on le fait réagir de nouveau sur le (contenu) de la partie supérieure. Cela ne se fait pas dans les appareils de digestion, munis de tubes (distillatoires); mais dans les appareils terminés par des parties arrondies.[90] On opère à une chaleur douce, pendant 40 jours, plus ou moins, jusqu’à ce que la réaction amène le produit à une apparence invariable. 

2. Le cinabre, torréfié dans des marmites[91] lutées de tous côtés, produit le mercure,[92] lequel s’appelle l’eau divine, l’eau blanche, le liquide argentin. Il accomplit par là les oracles d’Apollon 

Pareil à un laurier vierge, il s’élève lui-même dans les couvercles des marmites.

On l’y trouve, après le feu éteint, et on le recueille; car il fuit le feu. On obtient de même le mercure avec du cinabre artificiel, matière rare, c’est-à-dire trouvée rarement je veux parler du cinabre obtenu par voie sèche et torréfaction convenable; aussi peut-il être appelé vraiment sec. Il s’agit surtout de celui que l’on appelle desséché et facilement volatil, employé dans l’épreuve des âmes. Étant devenu un esprit éthéré, il s’élance vers l’hémisphère supérieur; il descend et remonte, évitant l’action du feu, jusqu’à ce que, arrêtant son essor de fugitif,[93] il soit parvenu à un état de sagesse. 

Tant qu’il n’est pas arrivé à ce terme, il est difficile à retenir et il est mortel.[94] C’est de lui qu’Apollon dit dans ses oracles: 

Et un esprit plus noir, humide, pur.[95]

3. Le mercure, étant fixé, fixe; étant retenu, il retient; or il est dit que telle est la fin de l’art. Le savant Zosime l’a proclamé: « Il est fixé par une vapeur semblable. » C’est aussi ce dont parle le Philosophe naturaliste (disant): « Les matières sulfureuses teignent et se volatilisent; mais elles sont retenues par le mercure, leur congénère; car le soufre demeure jusqu’à ce qu’il soit combiné, jusqu’à ce que les matières sulfureuses soient dominées par leurs semblables, les matières liquides par le liquide correspondant ». Voilà pourquoi Zosime disait, dans son livre des Clefs: « Ainsi la vapeur est retenue par une autre nature et lui obéit, attendu que la nature domine la nature ». 

Ceux qui contemplent ces choses, dit Démocrite, s’écrient: « O natures célestes, créatrices des natures! O natures grandioses, qui triomphez des natures par les transmutations! » Il nomme natures célestes les appareils sphériques, dans lesquels on opère la décomposition et la distillation des eaux: je ne parle pas seulement des premières eaux séparées (par distillation), mais aussi des dernières, qui ne sont plus conformes à la mesure,[96] étant mélangées nécessairement aux (matières) non décomposées. Soit que tu en rejettes une (quantité) égale, ou bien un peu moindre, ou bien un peu plus grande, il n’y aura pas préjudice. 

5. Il vaut mieux projeter en moindre quantité le cuivre dans la composition restante, attendu que Démocrite dit: « Mais il faut qu’elle contienne aussi un peu de soufre apyre, afin que la préparation pénètre à l’intérieur ». Il entend par ces mots: « un peu de soufre apyre », le produit incombustible, c’est-à-dire le cuivre. Et encore lorsqu’il dit qu’un quart d’argent suffit pour purifier le cuivre, il appelle asèm le cuivre, à cause de son caractère inconnu.[97] Il appelle aussi cuivre, la première eau, qui communique une teinte sombre et fugace, en l’assimilant au cuivre obscurci. En effet, le cuivre ne se produit jamais sans ombre, comme le dit Marie; à moins que l’on n’en fasse disparaître l’ombre, en la détruisant par un traitement convenable.[98] 

IV. viii. — AUTRE TRAITEMENT[99] 
1. Quelques-uns se sont illustrés en opérant ainsi; d’autres faisaient bouillir ou torréfiaient le Tout; ils cassaient et divisaient (les œufs) avec leurs coquilles; enlevant les enveloppes, et jetant dans un mortier le blanc et le jaune, ils les délayaient ensemble, et ajoutaient une nouvelle partie de jaune d’œuf par-dessus le jaune, ou bien, au contraire, par-dessus le blanc. Ainsi Zosime dit « Pour le blanc, prends deux parties de chaux, et pour le jaune, le double aussi 4e safran et de chélidoine. Car si nous rendons κροκός oxyton et que nous ne le rendions pas baryton (κρόκος), c’est-à-dire si nous ne le rendons pas paroxyton, nous entendrons clairement ce qui est expliqué.[100] 

2. Après avoir exécuté ensuite, suivant les mêmes proportions, la composition des eaux, dans les appareils en forme de mamelles, on délaie convenablement dans un mortier. Puis, après avoir donné la consistance de l’huile, ou du vin, ou de la bière, on partage en deux, et, sans recourir au feu, on laisse déposer, se rappelant la (formule): Laisse en bas, et il se fera[101] ». Après le temps prescrit, on opère la distillation des eaux natives. C’est là le comaris scythique et le cuivre rouillé. 

3. Pétasius leur rend témoignage, en écrivant: « Or quelques-uns ont opéré l’iosis dans les appareils; au lieu de (dire): Ils ont extrait le cuivre au moyen des appareils. Après avoir mélangé les unes et les autres (matières), je veux dire la feuille altérée et la feuille non altérée, ils les ont exposées deux ou trois fois à la chaleur du fumier.[102] Ils ont obtenu l’objet désiré, nous dit-il, soit de cette façon-ci, soit de celle-là, soit autrement. L’expérience l’enseignera. Porte-toi bien, dans le Seigneur. 

ΙV. ix. — QU’EST-CE QUE LA CHAUX DES ANCIENS ?[103] 
t. La chose étant ainsi et la nature fixant (le mercure ?), arrivons à la fameuse chaux des anciens. A la différence du calcaire des pierres converti[104] en chaux, celle.ci ne blanchit pas; au contraire, elle noircit. En effet, cette espèce étant délayée, et le liquide naturel étant mis à part, la matière qui reste au fond dans le plat est torréfiée et noircie; c’est alors qu’on la nomme chaux. 

On la reprend et on l’unit avec sa propre âme.[105] On la place (alors) pendant 15 jours,[106] sur un fourneau en bon état, soumis à une chaleur modérée: elle s’élève par sublimation en dehors du fourneau et se sépare des vapeurs retenues dans l’appareil. Elle produit ainsi l’eau divine tirée de la chaux, si le sublimé est blanc; mais s’il est jaune, c’est Peau divine native. En effet, les deux liquides (qui en dérivent) ne diffèrent entre eux que par la couleur; ils pénètrent, teignent et fixent de la même façon.[107] 

Suivant la quantité du premier feu, les produits varient, surtout s’ils dérivent d’une matière unique, jaune ou blanche. En effet, Hermès, le grand dieu, dit que la chrysocolle[108] opère tout dans les premiers (feux); tandis que la grande chaleur du feu exerce sa puissance dans la première réduction en mercure pour parfaire le Tout. Si cette première (chaleur), n’opère pas, la seconde n’a aucune influence appréciable. Celle-ci expose à un grand insuccès, non seulement parce qu’elle est la mère (cause génératrice) des vapeurs fugitives, mais aussi parce qu’elle n’amène pas toujours la couleur cherchée.[109] 

IV. x. — SUITE DU MÊME TEXTE 
Quelques-uns soumettent à la sublimation la rouille du cuivre, jusqu’à ce qu’ils aient consommé presque toute la scorie, en l’épuisant à plusieurs reprises: ils pulvérisent, projettent et subliment, conformément à la parole d’Agathodémon disant: « Prends des vapeurs et encore des vapeurs[110] ». 

On trouve que le premier (produit) est jaune; le second, blanc, et le troisième, noir. 

IV. xi. — AUTRE TRAITEMENT DE LA CHAUX 
1. Quelques-uns emploient l’eau jaune dans les iosis; ou bien ils extraient l’eau blanche en une fois, suivant la nature des produits, ils exposent la première substance aux vapeurs;[111] puis la seconde séparément, après l’iosis. Car il disait qu’il n’est pas avantageux de réitérer l’introduction du mordant et celle des produits additionnels dans les liquides: ce qui importe, c’est la combinaison des corps, la spécialité des appareils, le changement produit au moyen de la kérotakis, et le nombre des jours (employés) pour la décomposition. 

2. Il arrive que la rouille de cuivre, en raison de l’excès des vapeurs sublimées, non seulement est noircie, et teinte de la couleur des corps solides, mais se trouve complètement consommée. Dans ce cas, les opérateurs mélangeaient aussitôt le produit avec d’autres sublimés, de couleur semblable au cinabre, et le mettaient à part. La vapeur précédente, mélangée à la vapeur du mercure, en assure la fixation; et par suite elle peut à son tour être retenue par une autre nature.[112] 

IV. xii. — AUTRE PROCÉDÉ DE FABRICATION DE LA CHAUX 
D’autres ont employé seulement la chaux blanche[113] pour la décomposition. Sur le comaris blanc ils projetaient les eaux blanches, provenant des appareils; sur le comaris jaune, ils projetaient les eaux jaunes. Après avoir fait digérer dans le creuset, pendant trois jours, ils enlevaient le produit et l’appliquaient à des matières fraîches de même espèce; de même que ceux qui opèrent après le trente-deuxième (jour) pour la pourpre. En effet Hermès disait que les anciens connaissaient une pourpre et une pierre de couleur pourpre:[114] c’était la rouille du cuivre.[115] Ainsi Hermès, écrivant à Pausiris, lui disait: Si tu trouves la pierre couleur de pourpre,[116] sache que c’est celle (dont je parle); or tu en possèdes la description, ô Pausiris, gravée avec soin dans ma petite Clef.[117] » Cependant Hermès n’a point composé d’ouvrage spécial sur la teinture des pierres,[118] ou de la pourpre; mais sa « petite Clef » traite du comaris, selon les deux formules; elle servait à éclaircir la difficulté de la rouille. Il s’est d’ailleurs beaucoup occupé de la chaux. 

IV. xiii. — AUTRE ARTICLE SUR LA CHAUX 
Quelques-uns mélangeaient la chaux[119] avec des eaux semblables, pendant une heure environ; ils l’enlevaient (ensuite) et l’emportaient, en disant que c’était là la teinture du plomb de Marie, qui opère en un jour.[120] Ils trouvaient ceci exposé dans le passage de Zosime: « Mais la partie utile de la pierre... ». Et ils pensaient que c’était là la décomposition et l’iosis. Voilà pourquoi Démocrite écrit: « Or quelques-uns opéraient l’iosis dans les appareils... paroles que Pétasius interprétait ainsi: « Au lieu de dire: ils faisaient de la rouille de cuivre au moyen des appareils »; et, prenant cette eau, ils l’unissaient à une autre eau, qui en était aussi extraite, et dans laquelle il y avait de la chaux ostracite;[121] ils en employaient une quantité égale à celle-ci; car le Philosophe dit: Prends une partie de ce qui te sera indiqué par la suite et autant de la liqueur d’or, c’est-à-dire de la fleur d’or et de la coquille d’or. Hermès parlait de la même (matière), comme d’une chose précieuse aux noms multiples: « Ainsi, en prenant une partie, et en y ajoutant de l’eau de soufre natif et un peu de gomme, tu teindras toute sorte de corps ». Il suivait la même marche pour les deux eaux (blanche et jaune). 

IV. xiv. — AUTRE ARTICLE 
D’autres, unissent la cendre[122] des premières eaux avec les vapeurs sublimées qui en proviennent, dans la proportion environ d’une cotyle à une once; puis ils partagent le produit en deux; ils arrosent pendant une heure environ et enlèvent l’eau. Ils ajoutent encore une autre (proportion de cendre); ils arrosent et enlèvent. Une troisième fois, mélangeant le produit avec de la cendre, ils reprennent les vapeurs (ainsi traitées) et (les mélangent aux sublimés restés dans l’appareil, sublimés blancs ou jaunes ou d’autre sorte, sans s’occuper de la proportion. En agissant (ainsi), ils suivent le grand Zosime,[123] qui dit: « De toute façon, en en employant plus ou moins, tu ne feras jamais mal; car c’est là la marche de la fabrication, la seule chose cherchée depuis des siècles ». 

IV. xv. — AUTRE ARTICLE 
Quelques.uns filtraient les scories, comme on le fait dans la fabrication du savon. Ils répétaient l’opération deux et trois fois en un seul jour, les unissant aux eaux de même espèce et de même couleur. Car ils disaient qu’il suffit de la première action du sublimé. 

IV. xvi. — AUTRE ARTICLE — LA FABRICATION 
Certains opéraient, non en un jour, mais en neuf jours, distillant par tiers les eaux employées. Ils mettaient en œuvre une proportion égale et pareille d’eaux, et ils gardaient pour employer au moment de la teinture. 

IV. xvii. — AUTRE TRAITEMENT 
D’autres procédaient ainsi ils extrayaient les vapeurs du troisième produit; alors ils prenaient deux parties (onces?) du résidu qui en provenait et ils y ajoutaient un cotyle (de la vapeur); ils conservaient cette préparation. 

IV. xviii. — CONCLUSION DE LA FABRICATION 
Quant à moi, ayant recueilli les travaux de tous, je dis que Zosime n’avait pas tort de dire, en écrivant à Théosébie: « En effet, c’est un grand maure que l’expérience; elle indique toujours aux gens de sens les choses avantageuses, d’après les résultats démontrés ». 

Tel est le discours[124] sur la chaux, saur le tout-puissant calcaire,[125] le corps invincible et le seul utile: celui qui l’aura trouvé, d’après la méthode exposée plus haut, triomphera de la maladie incurable de la misère. — Portez-vous bien, amis et serviteurs du Christ notre Dieu. 

IV. xix. — PROCÉDÉS DE JAMBLIQUE[126] 
1. TEINTURE DE JAMBLIQUE. — Sel de Cappadoce, 2 drachmes; cinabre d’Italie, 1/2 once; arsenic, 1 once; chalcite grillée, 6 drachmes; spodos (ou scorie) c’est-à-dire écailles d’ocre, 6 scrupules.[127] Quelques-uns ajoutent: sidérochalque, 12 dr. ; spodos fine, ½ once; ios, 3 onces; chrysocolle, 6 drachmes; cadmie de Thrace, ½ once. Après avoir broyé séparément, tu mêleras ensemble. Ajoute du suc de mandragore, jusqu’à consistance visqueuse, et délaie jusqu’à dessiccation, Ajoute du sang de lièvre marin,[128] jusqu’à ce que la même consistance se reproduise. Remplis-en la cavité d’un roseau[129] jusqu’au quatrième nœud, et, après avoir obturé avec un chiffon de laine, abandonne pendant 14 jours. En reprenant le produit, tu trouveras du fer.[130] 

Broie le produit avec du vin aromatique, jusqu’à consistance visqueuse, et conserve le dans le vase en forme de coquille. Ensuite, après avoir fait fondre un poids égal d’or pur, jette dans la coquille, et fais fondre, jusqu’à ce que la fumée n’ait plus de force et produise simplement une odeur de soufre. Après avoir enlevé, laisse refroidir.[131] 

2. Délaie et ajoute de la bile d’ichneumon, ou de renard, ou de coq aux pieds noirs (?); ainsi qu’un trochisque de pyrite. Fais sécher à l’ombre, et après avoir broyé, transvase dans un vase de verre. 

Mets dans une boîte avec du plomb, ou de l’étain; enfouis dans (le fumier) de cheval pendant 15 jours, reprends le produit, et opère ainsi: Jette dans du vinaigre un poids égal à 3 oboles de la préparation précédente, et de la bile de chameau en quantité égale; délaie et donne aux morceaux la grosseur des grains de sésame. Tu peux laisser reposer tranquillement pendant 7 jours; si c’est pendant 10 jours, (donne aux grains) la grandeur de la lentille. Ensuite pratique une ouverture à la boite, et délaie ce qui s’en écoule avec le lait d’une femme, mère d’un enfant mâle; réitère l’enduit (à la surface du métal) pendant 7 jours; ne lave pas (l’objet verni) pendant 36 jours.[132] 

3. Pour la teinture, prends du safran, du misy cru, de la couperose, du bleu, de la chélidoine, 1 drachme de chaque, et projette sur une livre d’argent, pris à point. Ensuite prends du ferment antérieur contenu dans la boîte, 3 statères; et, selon d’autres, 2 onces 1/2; le tout est mélangé ensemble et on en saupoudre la matière, jusqu’à ce que l’argent soit saturé et cesse d’âtre modifié: ce que l’on reconnaît à ce que cette matière se trouble et dépose. 

4. FABRICATION DE JAMBLIQUE. — Prenant une marmite neuve, place au-dessus une fiole et jette dans la fiole: mercure 1 once 1/3 ; cuivre, étain pur en limaille, 1 once ½ ou 2, avec un peu d’huile; fais chauffer jusqu’à ce que le tout devienne homogène. Ensuite, ayant pris le produit, délaie-le avec ce qui suit alun lamelleux, 1 once ½ ; misy cru, 1 once ½ ; arsenic, 1 once ½ ; mets dans un matras neuf, en délayant ces (matières) avec de l’eau de soufre et un peu de gomme. Puis, lutant avec soin, tu feras cuire sur un feu doux, jusqu’à ce que tu penses que les espèces se sont combinées. Ensuite, enlève; arrose avec du vinaigre et de la saumure crue, pendant 7 jours. Après avoir fait sécher, pulvérise et projette dans l’huile sulfureuse bouillante,[133] jusqu’à ce que le produit devienne comme de la cire, puis aussitôt durcisse comme de la pierre. Pulvérise encore une fois le produit desséché. Mélange avec de la pierre pyriteuse, 1 once ½ ; et avec de la cadmie ostracite: un autre auteur dit avec de la cadmie olympique, celle qu’emploient les teinturiers et qu’ils appellent aussi placitis.[134] Délaie ensemble; projette dans l’argent, quand il est à point, jusqu’à saturation et refus. Prenant de cet argent, 1 partie; de l’or, 3 parties, et de la vapeur sublimée (mercure), le double, fais un amalgame. Place dans une fiole de verre, après y avoir mis une quantité égale de sinopis et de couperose. Délaie ensemble et bouche bien; fais cuire pendant un jour et une nuit. Après avoir retiré, délaie avec de l’huile de raifort et de la litharge blanche, et, après avoir arrondi en boules, extrais la matière; incorpores-y (un peu d’or) pur et tu obtiendras (avec le tout) de l’or pur.[135] 

5. FABRICATION DE L’OR. — Prenant du cuivre pur et rouge, réduis-le en lamelles minces; place-le sur un feu de charbon; souffle avec des soufflets et saupoudre de sel rouge et commun. Ensuite ajoute de l’ocre, puis du sel; retourne la lamelle, répète la même opération autant qu’il te plaira, jusqu’à ce que l’ouvrage prenne l’apparence de l’or. Il en fait l’emploi et en possède l’apparence, même dans son épaisseur. 

6. Ayant pris de cet or, 1 scrupule, et de l’argent préalablement décapé, 3 scrupules, fais fondre et réduis en feuilles; enduis-les avec du fer préparé suivant le procédé hébreu, 2 scrupules, en opérant sur les deux faces: et le métal prendra l’apparence de l’or noir. Fais fondre de nouveau. Répète cela une 3e fois et tu obtiendras de l’or artificiel. Tu y ajouteras or véritable, 1 once, et métal de la magnésie, 1 once, et tu auras de l’or à l’épreuve.[136] 

7. DOUBLEMENT DE L’OR. — Fais bouillir le sublimé (mercure) dans l’huile de raifort, Ensuite, fixe et délaie avec le vinaigre, l’alun lamelleux et le self pendant 7 jours; après avoir édulcoré, fais sécher et garde.[137] 

Prenant de la couperose, 1 partie, et du soufre apyre, une partie, délaie ensemble et fais cuire dans une marmite ou dans un flacon luté, pendant 3 jours, et garde. 

Prends du cinabre; colore avec l’huile de raifort; opère la fixation dans des flacons, après avoir luté l’orifice, pendant 6 heures. Lave; mets dans le mortier de l’alun et du sel, et délaie, pendant 7 jours; après avoir bien lavé avec de l’eau, édulcore, fais sécher et garde. 

Après avoir pris de la chrysocolle, traite par l’urine de génisse pendant 7 jours. Ensuite teins en roux, dans l’huile de raifort, pendant 7 ou 8 jours. Fais bouillir dans l’huile de raifort, et garde. 

Prenant du misy, traite par l’urine d’un enfant impubère, pendant 7 jours, ou même davantage; après avoir fait sécher, garde. 

Après avoir pris de l’arsenic, pulvérise-le et arrose de vinaigre, à plusieurs reprises, pendant 7 jours; fais bouillir la liqueur dans laquelle (le mélange) a baigné pendant longtemps. Ensuite, après avoir lavé jusqu’à ce que la liqueur cesse d’être trouble, fais sécher. Ensuite, fais digérer 7 jours avec de l’urine de vache, et avoir lavé, fais sécher et garde. 

8. Opère de cette manière le mélange des espèces, c’est-à-dire le sublimé, une once; le cinabre, une once; la chrysocolle, 2 onces; le misy, 6 drachmes et 1 scrupule. Délaie ensemble, avec un peu de vinaigre; amène en consistance de pâte et fais cuire au four, jusqu’à ce que le vase soit incandescent. Au produit cuit, mêle de l’arsenic, 2 drachmes; de la sandaraque, 2 drachmes; de la gomme, 2 drachmes. Délaie ensemble dans l’eau divine (obtenue au moyen de l’urine), pendant 7 jours, jusqu’à consistance visqueuse, et mets en œuvre. Avec ce produit, enduis les feuilles et elles seront transformées.[138] 

9. Maintenant, si tu veux obtenir la poudre de projection elle-même, fais sécher. Quand tu veux faire emploi, ajoute l’eau obtenue par l’urine et le soufre et enduis-en les feuilles formées par le mélange du cuivre, de l’argent et de l’or. Or, la formule de ce mélange est celle-ci: Argent pur, 1 partie; cuivre de Nicée supérieur, 1/2 partie. Partage en deux portions le cuivre et fais fondre avec la moitié l’argent, par trois fois, jusqu’à ce que l’alliage soit accompli. Après avoir réduit en feuilles, saupoudre avec de la pyrite traitée par la saumure, pendant 7 jours, puis édulcorée et cuite dans un vase luté pendant.... jours. Prends, fais fondre; ajoute l’autre partie du cuivre, le vinaigre, l’argent, et répète trois fois cette fusion. 

10. Ayant réduit en feuilles et saupoudré à plusieurs reprises de pyrite, fais cuire un jour et une nuit, et après avoir délayé avec du sublimé d’Italie (celui qui est employé pour les maladies des yeux),[139] moitié en poids; fais fondre une seconde fois; alors incorpore de l’or en quantité égale, et, après voir réduit en feuilles, teins en roux, en immergeant dans la liqueur[140] que voici: safran, fleur de carthame, chélidoine, cadmie zonitis,[141] 1 partie de chaque. Délaie le tout ensemble dans le vinaigre d’Egypte, pendant 7 jours et teins en rouge. Et alors, prenant la feuille, enduis-la d’abord avec cette préparation, au moyen d’une plume; après avoir fait sécher, fait cuire dans un vase chauffé avec des lampes,[142] pendant 2 jours et 2 nuits. Après avoir enlevé, plie les feuilles; puis les mettant dans un creuset, bien luté, fais fondre au four, et tu trouveras de l’électrum sans ombre. 

Prends de la (pierre) étésienne, 1 partie; batitures du fer, 1 partie; métal de la magnésie, 1 partie; délaie ensemble. Fais cuire pendant 5 jours et tu trouveras du noir bien homogène. Prends-en 2 parties; onchalque de bonne qualité, 2 parties; fais fondre jusqu’à mélange parfait, et il se forme (une substance) supérieure à l’électrum. 

IV. xx. — COMARIUS 
LIVRE DE COMARIUS, PHILOSOPHE ET GRAND-PRÊTRE 
ENSEIGNANT A CLÉOPÂTRE L’ART DIVIN ET SACRÉ DE LA PIERRE PHILOSOPHALE 
1. Seigneur, Dieu des puissances, démiurge de toute la création, auteur et artisan des (êtres) célestes et supra célestes, être bienheureux et demeurant à toujours, nous célébrons, nous bénissons, nous louons, nous adorons la sublimité de ion règne; car tu es le principe et la fin; toute la création visible et invisible t’obéit, parce que tu as tout créé. Comme ton serviteur a été créé, (et que) ton règne (est) éternel, nous te supplions, Seigneur très miséricordieux, au nom de ton ineffable amour des hommes, éclaire notre esprit et nos cœurs, afin que nous te glorifiions (comme) notre seul vrai Dieu et père de Notre-Seigneur Jésus-Christ, avec ton Saint-Esprit bon et vivifiant, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Amen.[143] 

2. Je commencerai ce livre par l’écrit relatif à l’or et à l’argent, au sujet de l’entretien entre Comarius le Philosophe et Cléopâtre la Savante. Le livre que nous avons ici ne comprend pas les démonstrations de notre autre livre, relatif aux feux et aux substances. C’est celui du maître Comarius, philosophe et grand-prêtre, livre adressé à Cléopâtre la Savante. 

3. Le philosophe Comarius enseigne à Cléopâtre la philosophie mystique; il est assis sur un trône, et il s’est attaché à la philosophie secrète. Il a parlé pour ceux qui comprennent la science mystique et il a indiqué de sa main la Monade qui embrasse le Tout;[144] il s’est exercé sur les quatre éléments et il a dit: 

4. « La terre a été solidifiée au-dessus des eaux; et les eaux (se sont élevées) sur la cime des montagnes.[145] Prenant donc, ô Cléopâtre, la terre qui est au-dessus des eaux, formes-en un corps spirituel, (avec) l’esprit de l’alun.[146] — Ces choses ressemblent à la terre et au feu, les unes au feu par la chaleur, les autres à la terre par la sécheresse. Les eaux qui sont au sommet des montagnes ressemblent à l’air par leur froidure; par leur humidité, à l’eau, ainsi qu’au feu. 

Voici que d’une seule perle et d’une autre (encore), tu tires, ô Cléopâtre, toute la teinture.[147] 

5. Cléopâtre, ayant pris l’écrit de Comarius, commença à mettre en pratique les prescriptions des autres philosophes et à étudier la belle philosophie, partagée en quatre parties,[148] qui enseigne et découvre la matière provenant des natures, et la diversité des opérations. « Ainsi, (disent-ils), en recherchant la belle philosophie, nous la trouvons partagée en 4 parties; c’est ainsi que nous avons découvert (l’idée) générale de la nature de chaque chose. Dans la première partie, il s’agit du noircissement; dans la seconde, du blanchiment; dans la troisième, du jaunissement, et dans la quatrième, de l’iosis.[149] Maintenant, chacune des (parties) susdites n’existe pas d’une façon générale, en dehors des (éléments), c’est-à-dire si nous ne prenons partout ces éléments, comme un point central, à partir duquel nous procédons par ordre. Ainsi, comme intermédiaire entre le noircissement, le blanchiment, le jaunissement et l’iosis, existent la macération et le lavage des espèces; entre le blanchiment et le jaunissement, existe la pratique de la fusion de l’or; entre le jaunissement et le blanchiment, existe le partage en deux de la composition. 

6. L’œuvre s’accomplit[150] par le traitement au moyen de l’appareil en forme de mamelle; on s’y propose de séparer les liquides (volatils) des résidus fixes, opération de longue durée. 

En second lieu, vient la macération, où l’on mélange les eaux et les résidus humides (?). 

Puis vient en troisième lieu la décomposition des espèces, qui sont brûlées sept fois à l’aide du feu, dans une jarre d’Ascalon C’est ainsi que l’on opère le blanchiment et que l’on fait disparaître la teinte noire des espèces par l’action du feu. 

La quatrième opération, c’est le jaunissement, dans lequel on mélange (le produit) avec les autres eaux jaunes: on en forme une matière cireuse pour le jaunissement, afin d’atteindre le but cherché. 

La cinquième opération, c’est la fusion, qui amène (les matières) de la teinte jaune à la coloration en or. 

Pour le jaunissement, il faut, comme il a été dit, partager en deux de la composition: l’une des deux parties est mélangée avec les liquides jaunes et blancs. Puis tu fonds, en vue de ce que tu veux obtenir. 

Ajoutons encore que la décomposition est une iosis; c’est l’iosis des espèces; c’est-à-dire que par l’iosis et la décomposition, (on réalise) la transformation finale de la composition pour la dorure.[151] 

7. Il faut, mes amis,[152] opérer comme il suit, lorsque vous voulez aborder ce bel art.[153] Voyez la nature des plantes et leur origine. Les unes descendent des montagnes et naissent de la terre; les autres montent des vallons; d’autres viennent des plaines. Voyez comment elles se développent; car c’est dans des moments et en des jours particuliers que vous devez les récolter; vous les tirez des îles de la mer, aussi bien que de la région la plus élevée. Voyez l’air qui les nourrit et leur fournit l’aliment (nécessaire) pour qu’elles ne dépérissent ni ne meurent. Voyez l’eau divine qui les arrose et l’air qui les gouverne, après qu’elles ont été pourvues d’un corps dans une essence unique.[154] 

8. Ostanès et ses compagnons dirent à Cléopâtre « En toi est caché tout le mystère étrange et terrible. Eclaire-nous, en répandant ta lumière au loin sur les éléments. Dis-nous comment le plus haut descend vers le plus bas, et comment le plus bas monte vers le plus haut;[155] comment l’élément moyen s’approche du plus élevé, pour arriver à s’unifier avec lui, et quel est l’élément qui agit sur eue; comment les eaux bénies descendent d’en haut pour visiter les morts étendus, enchaînés, accablés dans les ténèbres et dans l’ombre, à l’intérieur de l’Hadès;[156] comment le remède de vie leur parvient et les éveille, en les tirant de leur sommeil, dans leur séjour particulier; comment pénètrent les eaux nouvelles, produites au commencement de l’alitement et pendant sa durée, et venues par l’action du feu. La nuée les soutient: elle s’élève de la mer, soutenant les eaux. 

9. Or, les philosophes considérant les choses ainsi manifestées sont remplis de joie. Et Cléopâtre leur dit: « Les eaux en arrivant réveillent les corps et les esprits emprisonnés et impuissants. « En effet, dit-elle, ils sont de nouveau accablés; et de nouveau ils seront renfermés dans l’Hadès. Mais peu à peu ils se développent, remontent, revêtent des couleurs variées et glorieuses, comme les fleurs au printemps;[157] le printemps lui-même est joyeux et se réjouit de leur beauté. 

10. Or, je vous le dis, à vous qui êtes des gens sensés: les plantes,[158] les éléments, les pierres, lorsque vous les enlevez de leurs places (naturelles) paraissent en état de maturité. Ils ne le sont pas cependant, avant que tout n’ait subi l’épreuve du feu. Lorsqu’ils auront revêtu la gloire qui vient du feu, et la couleur éclatante (qui en résulte), alors se manifestera leur gloire cachée, la beauté tant cherchée et la transformation divine produite par la fusion. Car ils sont nourris dans le feu, comme l’embryon, nourri dans le ventre de la mère, s’accroît peu à peu. Lorsque le mois réglementaire, approche, (l’embryon) n’est pas empêché de venir au jour. C’est ainsi que procède cet art admirable. Les vagues et les flots successifs désagrègent les produits dans l’Hadès, dans le tombeau, où ils sont déposés. Mais lorsque le tombeau aura été ouvert, ils remonteront de l’Hadès, comme l’embryon sort du ventre (de sa mère). 

Les philosophes, contemplant la beauté de leur œuvre comme la tendre mère (contemple) le fruit de ses entrailles, cherchent alors (comment ils la nourriront); de même que la mère, pour son enfant. C’est là ce que cet art accomplit en employant au lieu de lait les eaux (qu’il prépare). Il imite le développement de l’enfant, la façon dont il est formé et amené à perfection, Tel est le mystère caché sous le sceau. 

11. Maintenant je vous dirai, en vous éclairant de loin, où se trouvent les éléments et les plantes. Je commencerai par parler en énigmes. Monte au sommet le plus élevé, vers la montagne touffue, au milieu des arbres, et vois: (il y a) une pierre tout en haut; prends l’arsenic (tiré) de cette pierre et sers-t’en pour blanchir divinement. 

Voici que, au milieu de la montagne, au-dessous de l’arsenic, se trouve son épouse,[159] à laquelle Il s’unit, avec laquelle il obtient le plaisir: la nature se réjouit dans la nature, et sans lui, il n’y a pas d’union. Descends vers la mer d’Egypte et rapportes-en le minerai de la source, celui qui est appelé natron. Unis-le avec ces matières; puis ramène au dehors la belle teinture universelle: en dehors d’elle, l’union n’a pas lieu; car l’épouse est la mesure (de la teinture). Voici que la nature correspond à la nature; et lorsque tu as assemblé toutes choses dans une proportion égale, c’est alors que les natures triomphent des natures et se complaisent entre elles. 

12. Voyez, philosophes, et comprenez: voici l’accomplissement de l’art, opéré par les conjoints, fiancé et fiancée, qui sont devenus un. Voici les plantes et leurs variétés. Je vous ai dit toute la vérité, et je vous dirai encore Voyez et comprenez que de la mer remontent les nuées qui soutiennent les eaux bénites; elles arrosent les terres et font pousser les semences et les fleurs. Semblablement opère notre nuée, sortant de notre élément, soutenant les eaux divines et arrosant les plantes et les éléments; elle n’a besoin de rien de ce qui provient des autres terres. 

13. Voici le mystère étrange, ô frères, le mystère tout à fait inconnu; voici que la vérité vous a été manifestée. Voyez comment vous arrosez vos terres, comment vous nourrissez vos semences; c’est ainsi que vous ferez fructifier le fruit arrivé à maturité. 

Ecoutez donc, comprenez et considérez avec exactitude les paroles que je prononce. 

Pour la suite de ce paragraphe, voir Zosime, depuis le bas de la page 123, le § 2 bis en entier.

14. Voilà le mystère des philosophes; c’est celui que nos pères vous ont juré de ne pas révéler, ni divulguer; c’est celui qui concerne l’espèce divine et l’action divine. En effet, cela est divin qui, par l’union de la divinité, rend les substances divines;[160] ce par quoi l’esprit prend un corps, les êtres mortels acquièrent une âme, et, recevant l’esprit qui sort des substances, sont dominés et se dominent entre eux. L’esprit ténébreux, rempli de vanité et de mollesse,[161] lorsqu’il domine les corps, les empêche d’être blanchis et de recevoir la beauté et la couleur que leur fait revêtir le créateur. De même le corps, l’esprit et l’âme sont affaiblis, à cause de l’ombre étendue sur eux. 

15. Mais lorsque l’esprit ténébreux et fétide est rejeté, au point de ne laisser ni odeur, ni couleur sombre, alors le corps devient lumineux et l’âme se réjouit, ainsi que l’esprit. Alors que l’ombre s’est échappée du corps, l’âme appelle le corps devenu lumineux,[162] et lui dit: Éveille-toi du fond de l’Hadès et lève-toi du tombeau; réveille-toi en sortant des ténèbres. En effet, tu as revêtu le caractère spirituel et divin; la voix de la résurrection a parlé; la préparation de vie s’est introduite en toi. Car l’esprit[163] se réjouit à son tour dans le corps,[164] ainsi que l’âme dans le corps où elle réside. Il court avec une joyeuse précipitation pour l’embrasser; il l’embrasse et l’ombre ne le domine plus, depuis qu’il a atteint la lumière;[165] le corps ne supporte pas d’être séparé de l’esprit à tout jamais, et Il se réjouit dans la demeure[166] de l’âme, parce que, après que le corps a été caché dans l’ombre, il l’a trouvé rempli de lumière.[167] Et l’âme s’est unie à lui, depuis qu’il est devenu divin par rapport à elle, et qu’il habite en elle. Car il a revêtu la lumière de la divinité (et ils ont été unis), et l’ombre s’est échappée de lui, et tous ont été unis dans la tendresse:[168] le corps,[169] L’âme[170] et l’esprit.[171] Ils sont devenus un; c’est dans cette (unité) qu’a été caché le mystère. Par le fait de leur réunion le mystère s’est accompli. La demeure a été scellée, et (alors) s’est dressée une statue pleine de lumière et de divinité. Car le feu[172] les a unis et transmutés, et ils sont sortis de son sein.[173] 

16. (Ils sont sortis) pareillement du sen des eaux,[174] ainsi que de l’air qui les entretient;[175] lui aussi les a transportés de l’ombre à la lumière, et du deuil à la joie radieuse; de la maladie à la santé, et de la mort à la vie; il les a revêtus d’une gloire divine et spirituelle, qu’ils n’avaient pas auparavant. En effet, c’est en eux qu’est caché tout le mystère et que subsiste une chose divine[176] et inaltérable. En raison de leur virilité,[177] les corps se pénètrent entre eux; sortant de la terre, ils revêtent une lumière et une gloire divine, dès qu’ils ont crG, suivant leur nature propre, qu’ils ont changé d’apparence, qu’ils sont sortis du sommeil et ont quitté l’Hadès.[178] Car le sein du feu[179] les a enfantés: c’est en en sortant qu’ils ont revêtu la gloire; et il les a amenés à une même unité. Aussi leur figure a été achevée, pour le corps, pour l’me et pour l’esprit, et ils sont devenus un. 

Le feu[180] a été subordonné à l’eau,[181] et la terre[182] à l’air.[183] Semblablement aussi l’air[184] a été subordonné au feu, et la terre[185] à l’eau,[186] le feu[187] et l’eau à la terre,[188] et l’eau[189] à l’air,[190] et ils sont devenus un. Des plantes et des vapeurs[191] s’est formée la substance unique: de la nature et du soufre s’est formée la substance sulfureuse,[192] qui poursuit et domine toute nature. Voici que les natures ont dominé les natures et les ont vaincues; à cause de cela, elles changent les natures et les corps et tout (ce qui provient) de leur nature. Dès que la substance fugace[193] a pénétré dans celle qui n’est pas fugace,[194] et la substance dominante,[195] dans celle qui n’est pas dominante,[196] alors elles ont été unies entre elles.[197] 

17. Tel est le mystère; nous l’avons appris, frères, de Dieu et de notre père Comarius, le philosophe et l’archiprêtre. Voici que je vous ai exposé, ô frères, toute la vérité cachée, d’après beaucoup de sages et de prophètes. 

Or, les philosophes lui disent: tu nous as transportés, ô Cléopâtre, par ce que tu nous as dit. Bienheureux le sein[198] qui t’a portée! 

Cléopâtre leur dit à son tour: C’est des corps célestes et des divins mystères que je vous ai parlé. En effet, par leur transformation et leur altération, ils transmutent les natures, ils leur font revêtir une gloire inconnue et suprême qu’elles n’avaient pas auparavant. 

Et le Sage (lui) dit: Explique-nous encore ceci, ô Cléopâtre: pourquoi a-t-on écrit: « c’est le mystère du tourbillon; les corps sont l’art, pareil à la rotation d’une roue. Ne peut-on pas comparer le mystère à la course de la roue, et au pôle supérieur du monde, autour duquel tournent les habitations, les tours et les camps glorieux?[199] ». 

Cléopâtre dit: Les philosophes ont placé (l’art) dans ce rang convenable, où il a été mis par l’auteur et le maître de toutes choses. Voici que je vous dis que le pôle tournera, en partant des quatre éléments, et qu’il ne s’arrêtera point. Ces choses ont été fabriquées dans la terre d’Éthiopie, notre pays, où sont pris les plantes, les pierres et les corps divins: celui qui les y a placés, c’est un Dieu et non un homme. En chacun (d’eux) le démiurge a fait germer la puissance; l’un[200] (d’eux) verdit,[201] et l’autre ne verdit[202] pas; l’un (est) sec, l’autre humide;[203] l’un est susceptible de réunir,[204] l’autre de séparer;[205] l’un domine, l’autre est subordonné; dans leurs rencontres mutuelles, ils se dominent les uns les autres, et l’un s’incorpore dans un autre, et communique l’éclat à un autre. Ils deviennent une nature unique, poursuivant et dominant toutes les natures. L’unité[206] elle-même triomphe de toute nature ignée[207] et terrestre[208] et en transforme toute la puissance. Voici que je vous expose le terme de l’œuvre: lorsqu’elle est achevée, on obtient une préparation meurtrière, qui parcourt le corps. Dé même qu’elle parcourt son propre corps, elle pénètre dans les autres corps. En effet, par la décomposition et L’action de la chaleur, on obtient une préparation qui court sans obstacle à travers toute sorte de corps.[209] Ainsi a été accompli l’art de la philosophie. — Fin. 

IV. xxi. — SUR L’ART DIVIN ET SACRÉ DES PHILOSOPHES 
C’est le texte donné plus haut sous le nom d’Ostanès.

IV. xxiI. — CHIMIE DE MOÏSE 
BONNE FABRICATION ET SUCCÈS DU CRÉATEUR; SUCCÈS DU TRAVAIL ET LONGUE DURÉE DE LA VIE[210] 
1. Et le Seigneur dit à Moïse: « Moi j’ai choisi le prêtre nommé Béséléel, de la tribu de Juda, pour travailler l’or, l’argent, le cuivre, le fer, toutes les pierres bonnes à travailler et les bols bons à façonner, et pour être le maître de tous les arts ». 

2. Prenant du mercure, de la couperose et du misy, à parties égales, délaye-les ensemble; fais-en sublimer la vapeur, depuis la 1ère heure jusqu’à la 10e ; puis, rejetant la matière, redistille le mercure 3 fois; arrose-le avec l’urine d’un impubère pendant 7 jours, au soleil; mets dans un récipient,[211] après avoir luté avec du sel et de la terre résistant au feu. Puis place le vase sur sa tête dans une marmite neuve. Prépare des feuilles de plomb. Ferme la marmite: après l’avoir recouverte de tous côtés avec un lut résistant au feu, chauffe sur un feu de bouse de vache, pendant un jour et une nuit, et garde le mercure ainsi fixé.[212] 

3. TRAITEMENT DU MERCURE. — Prenant du mercure, fais bouillir avec de l’huile de raifort. Ensuite, fixe-le et délaye avec du vinaigre, de l’alun lamelleux et du sel, pendant 7 jours. Après l’avoir édulcoré, fais sécher et garde. 

Prenant du cinabre, donne la couleur du cinabre à l’huile de raifort placée dans un flacon, en opérant avec soin. Mets celui-ci dans une marmite, pendant 10 heures. Reprends, lave dans un mortier, ajoute du vinaigre, de l’alun lamelleux, du sel, et délaye pendant 7 jours. Après lavage dans l’eau édulcorée, fais sécher et garde. 

4. Prenant du mercure fixé, du sandyx,[213] du cuivre brûlé et du vinaigre rectifié, filtre; prenant du soufre pur, fais bouillir avec le produit filtré. Reprenant cette eau, délayes-y les jaunes des œufs,[214] et fais évaporer au moyen de l’alambic. Après avoir bien arrosé, mélange avec l’eau celle de l’alambic et mouille les poudres sèches pendant 10 jours. Lorsque le produit est convenablement refroidi, jette dans un vase de verre, et après avoir mis au feu une marmite, fais-y cuire la poudre sèche; puis regarde ce qui se produit. Ensuite prenant 2 carats (?) de la poudre sèche, projette-les sur (une) once d’étain et tu auras de l’argent. 

5. Prenant de l’urine d’impubère, solidifiée en façon de pierre blanche, et du mercure fixé, broie ensemble, jusqu’à ce que le mercure soit absorbé; prenant de l’aphrosélinon, mouille au soleil pendant 3 jours, et garde le produit ainsi préparé. 

6. Prenant de l’aphrosélinon, place-le dans une toile et plonge dans le vinaigre tout un jour; délaye avec les mains. Laisse déposer la matière, et après avoir épuisé, déverse le vinaigre; fais sécher, plonge dans (le produit) des blancs d’œufs, soumis à la distillation dans l’alambic; et plaçant dans un récipient, garde l’aphrosélinon. 

7. Prenant des limailles de cuivre jaune et blanc, du fer, de l’étain, de l’arsenic et de la sandaraque, ainsi que du mercure fixé et du sel de Cappadoce, (male) en quantités égales avec du sang de bouc ou de porc, et jetant dans une marmite neuve, remue convenablement; mets sur un feu de bouse de vache. Après l’avoir allumé, fais, cuire une nuit et un jour et garde la poudre (de projection) d’argent. 

8. POUR FAIRE SORTIR LA ROUILLE DU CUIVRE.[215] — Prenant de l’alun lamelleux, du savon, du vinaigre, mets au feu le cuivre, et trempe. 

9. Prenant du mercure fixé, broie avec du sel ammoniac, du cuivre brûlé et de la couperose, en quantités égales; jette dans un récipient et, après avoir recouvert convenablement, fais cuire dans du crottin de cheval humide, jusqu’à ce qu’il se forme du vin d’Amina.[216] 

10. TRAITEMENT DU MOLYBDOCHALQUE. — Prenant du misy, fais cuire avec de l’huile de raifort; et emploie ainsi. Fais cuire 3 heures. 

11. L’alun lamelleux est traité comme il suit: il est mis au feu et éteint dans le vinaigre; ensuite on le pulvérise. Il est poussé au roux[217] sept fois. 

12. TRAITEMENT DE LA PYRITE. — Après l’avoir fait bouillir dans l’eau de mer tout un jour, et après avoir fait sécher, emploie-la ainsi. 

13. TRAITEMENT DE LA CHALCITE. — Après l’avoir coupée en morceaux, reprends avec du miel, amène en consistance d’emplâtre, et place dans une petite marmite, en la fermant entièrement. Recouvre-la d’un lut convenable, et fais cuire sur un feu de charbons de bois; fais cuire une bonne heure. Puis enlevant, fais sécher. Délayant de nouveau, en suivant la même marche, broie dans un mortier et donne la consistance du miel. Fais cela trois fois et emploie ainsi. 

14. TRAITEMENT DE LA PYRITE. — Après l’avoir fait bouillir dans l’eau de mer, après l’avoir broyée pendant un jour et l’avoir fait sécher, traite-(la) comme il suit pour l’amortissement du mercure, à quantités égales, si tu veux blanchir. Broyant du soufre apyre dans l’urine d’un enfant avec de la saumure, de l’eau de mer et de l’alun lamelleux, fais bouillir sept fois, puis abandonne le mélange à lui-même: tu trouveras le mercure fixé comme de la céruse. Mélange le surplus à volonté et avec le produit que tu voudras, jusqu’à trois fois. Après avoir fait sécher, garde. 

15. ROUILLE DU CUIVRE. — (Prenant) de la pierre couleur d’or, de la terre de Samos, du sel efflorescent, du suc de figuier, donnant au tout une consistance visqueuse, enduis-en les feuilles métalliques et elles seront dépouillées de leur corps. 

Suivent trois alinéas tirés de l’Œuf philosophique, I, ιιi, 8-10, p. 20.

16. EAU EXTRAITE PAR DISTILLATION. — Prenant des œufs, casses-en autant que tu voudras; réunis deux blancs et deux jaunes; après les avoir brouillés, extrais au moyen de l’appareil. L’eau blanche qui passe en premier lieu s’appelle « petite eau de pluie »; en second lieu, « huile de raifort »; en troisième lieu, « ricin verdâtre ». 

17. FABRICATION DE L’EAU EXTRAITE PAR DISTILLATION. — Prenant des blancs d’œufs, jette dans une livre de blancs 1 once de notre chaux, et après avoir brouillé, casse des œufs entiers à volonté et laisse jusqu’à ce qu’ils s’écoulent par en bas, pendant 7 jours. Le 7e jour, après avoir enlevé de la masse (la partie la plus pure), place dans l’appareil distillatoire prescrit par l’art, avec du vinaigre, à proportion des œufs. Lute le fond (du vase) avec soin, fais cuire et fondre sur un feu de crottin de cheval. Lute le fond pour la distillation. Cette eau est « l’eau plus noire, pure ».[218] 

18. SOUFRE APYRE BLANC. — Prenant parmi les œufs restants qui auront été distillés, 1 partie, délaie avec l’eau filtrée et, mettant dans un alambic, lute avec soin; laisse 7 jours, et chaque jour secoue l’alambic; le 7e jour, après avoir décanté toute la partie pure, garde-la. Quant à la partie sèche, fais-la cuire sur un feu doux pendant 6 heures ou plus, jusqu’à dessiccation. Ensuite, broyant le dépôt décanté pendant une ½ heure, (et) le jetant dans la marmite que tu sais, extrais au moyen de l’appareil, et broyant de nouveau, extrais avec l’eau. Fais cela trois fois et garde. 

19. FABRICATION DU SOUFRE JAUNE AVEC LE SOUFRE BLANC. — Prenant le soufre décrit précédemment, provenant du blanc, c’est-à-dire du liquide évaporé, ainsi que de celui qui a été changé en poudre sèche, délaie l’une et l’autre avec l’espèce excédente, provenant du soufre apyre susdit. Mets le blanc dans l’appareil et fais monter. Puis, de nouveau, délaie dans l’espèce correspondante et fais monter. Enlève-le lorsqu’il sera solidifié, et tu auras de très bel or. 

20. JAUNISSEMENT DU MERCURE. — (Prends) de l’alun, jusqu’à ce qu’il soit transformé, tu sais comment. Projette sur de l’argent (sur du mercure ?). Cache cela. 

21. TRAITEMENT DE L’ARSENIC. — Broie le sublimé, jette-le dans la saumure et après avoir pilé une heure par jour pendant 12 jours, rince ensuite avec de l’eau édulcorée, jusqu’à ce qu’il n’ait plus l’odeur du vinaigre, puis fais dessécher. Fais cela jusqu’à trois fois, de façon à ce qu’il perde son goût aigre, et emploie ainsi. 

22. FABRICATION DU CUIVRE JAUNE.[219] —Prenant du cuivre de Chypre ductile à chaud, fais-en des lames, dépose sur les faces supérieures et inférieures de la cadmie blanche broyée avec soin, celle qui est produite en Dalmatie et dont se servent les ouvriers du cuivre. Après avoir luté, fais fondre pendant un jour, en évitant soigneusement qu’elle ne s’évapore. Après avoir ouvert (le vase), si le métal est en bon état, emploie-le; sinon, fais chauffer une seconde fois avec de la cadmie, comme ci-dessus. Si le résultat est bon avec le cuivre de Chypre ductile à chaud, on mêle au cuivre couleur d’or (ainsi obtenu), 4 onces de cuivre couleur de sang, et 6 onces de déchet d’étain. Ajoute à l’étain 2 onces de magnésie, et fais fondre le cuivre. Ajoute l’étain, et opère l’alliage. Ensuite, ajoute le métal de la magnésie et opère l’alliage. Après refroidissement, tu trouveras un produit friable et facile à broyer Broie-le, ajoutes-y 2 onces de chalcite, et fais cuire dans des plats lutés: tu trouveras le métal jaune, presque rose. Mélange bien et garde. Après avoir enlevé ces matières, fais-les fondre pour l’usage indiqué. Pour obtenir le métal verdâtre, on laisse pendant un temps prolongé. 

23. FABRICATION DE L’OR. — Prenant la pyrite femelle et celle qui est couleur d’argent, que certains appellent pierre sidérite, traite comme tu sais, de manière à la rendre fluide. Si c’est au cuivre que tu l’ajoutes, tu blanchiras comme tu sais, et si c’est à l’argent, tu jauniras par la cuisson du soufre que tu sais. Puis projette le métal jaune sur l’argent et tu le teindras. La nature jouit de la nature.[220] 

24. AUTRE FABRICATION. BLANCHIMENT DE L’ARSENIC. — Délayant de l’absinthe en quantité égale, avec un peu d’eau, garde (à l’état de) poudre sèche. Fais fondre le cuivre seul; ajoute, et le produit devient friable, Broyant, fais cuire avec un poids égal de sel pendant 2 heures, et après avoir enlevé, tu trouveras le produit jaune et friable. En le transformant d’après la même marche, tu auras du cuivre; avec de l’or noirci une partie, et de l’or, une partie, il se forme un bel or pur. 

25. COMMENT IL FAUT FABRIQUER L’OR A L’FPREUVE. — Prenant de la pierre magnétique 2 drachmes, du bleu vrai 2 drachmes, de la myrrhe 8 drachmes, de l’alun exotique 2 drachmes, broie au soleil avec du vin excellent. 

26. Il y a certaines personnes qui, ne croyant pas à l’utilité des (matières) liquides, ne font pas les démonstrations nécessaires. Comprends l’utilité des matières liquides. Les soufres ont des effets merveilleux lorsqu’il s’agit d’amollir. Après avoir fait un mélange intime, on fond le tout ensemble sur un fourneau d’orfèvre, on souffle et on recueille l’alliage qui en provient. 

27. TRAITEMENT DE LA DIVINE MAGNÉSIE. — Après l’avoir broyée, ajoutes-y un ferment et fais cuire. Fais cela sept fois. Après l’avoir fait fondre, tu trouveras de très bel argent. Elle amollit tout, blanchit tout; même le verre, elle le fait blanchir.[221] 

28. TRAITEMENT DE LA SANDARAQUE. — Prenant de la sandaraque, fais-la bouillir dans l’urine par sept fois, et après dessiccation au soleil, emploie. 

29. TRAITEMENT DE LA PYRITE. — Prenant de la pyrite couleur d’or (elle est produite en Libye, dans les montagnes d’Egypte, surtout dans l’Augasie; or l’Augasie, c’est Tribouthis). Prenant, dis-je, la pyrite de couleur d’or, traite-la ainsi. Après l’avoir broyée, lave-la bien dans le vinaigre de saumure, par trois fois, et fais sécher. Prends-en deux parties, du plomb deux parties. Après avoir délayé le plomb, saupoudre avec la pyrite, et lorsqu’il s’est formé une mousse, mets dans un vase de terre cuite; lute avec soin, fais cuire avec une flamme indirecte, pendant deux jours; après avoir enlevé, garde. Nous appelons cela fleur (du cuivre). Prends-en trois parties, et du satyrion[222] une partie; met en œuvre, en délayant dans du vin âpre au goût pendant un jour; fais sécher, reprends, garde. 

30. TRAITEMENT DU SOUFRE. — Prenant de la pierre jaunâtre et raboteuse, (on la trouve partout), ayant la couleur de la pierre phrygienne et la grosseur de la petite racine de l’élydrion; prends-en (dis-je) et traite ainsi. Après l’avoir mise dans un vase, lave avec le vinaigre, trois fois; et, mettant dans un vase de verre, arrose avec de la saumure en juste mesure, pendant deux jours. Ensuite après avoir épuisé, lave à plusieurs reprises dans l’eau édulcorée. Prends-en six parties, et du métal qui coule de lui-même, une partie; après avoir fait sécher, reprends et garde. 

Ceci est ce que l’on nomme chrysolithe. 

31. (Prenant) de la pierre couleur d’or, de la terre de Samos, du sel efflorescent, et du suc de figuier; mets en consistance visqueuse, enduis-en les feuilles; le cuivre est ainsi dépouillé de sa nature corporelle. 

31 bis. SUR L’ARGYROPÉE.[223] 

32. MATIÈRE DE LA CHRYSOPÉE. — Prends du mercure (extrait) du cinabre, le métal de la magnésie, de la chrysocolle, c’est-à-dire de la renoncule (elle se trouve dans les pierres vertes), du claudianos, de l’arsenic jaune, de la cadmie, de l’androdamas, de l’alun écrasé, du soufre apyre rendu incombustible, de la pyrite, de l’ocre attique, du minium pontique, de l’eau divine native (soit que tu entendes par là celle qui provient du soufre seul, ou celle qui a été préparée avec le soufre traité par la chaux), de la vapeur sublimée, du sory jaune, de la couperose jaune et du cinabre. 

33. MATIÈRE DES LIQUEURS. — LES LIQUEURS. — Voici ce que contiennent les liqueurs le safran de Cilicie, l’aristoloche, la fleur de carthame, l’élydrion, la fleur de mouron, celle des plantes bleues; le bleu, la couperose, la gomme d’acanthe égyptienne, le vinaigre, l’urine d’impubère, l’eau de mer, l’eau de chaux, l’eau de cendre de choux, l’eau de lie, l’eau d’alun lamelleux, l’eau de nitre, l’eau d’arsenic, l’eau de soufre, l’urine, le lait d’ânesse, le lait de chienne. Telle est la matière de la Chrysopée; ce sont là les choses qui transforment la matière, celles qui résistent au feu. En dehors d’elles, il n’y a rien de sûr. Si tu es intelligent et que tu opères comme il a été écrit, tu seras bienheureux.[224] 

Jette du cuivre sur l’or par les moyens que voici: je veux dire à l’aide du corail d’or.[225] Tantôt tu changeras l’argent en or, tantôt le cuivre en électrum, tantôt le plomb en argent.[226] Telle est la matière expliquée dans la Chrysopée.[227] 

34. MATIÈRE DE L’ARGYROPÉE. — Le mercure provient de l’arsenic, ou de la sandaraque, ou de la céruse, ou de la magnésie, ou de l’antimoine d’Italie. 

Voici son emploi: Il agit pour l’effet que tu désires, en produisant la transformation. Si tu traites le cuivre comme il convient, tu en extrais (la) nature. 

Terre de Chia, cadmie blanche, terre astérite, terre cimolienne, arsenic blanc, misy cuit, misy cru, litharge blanche, céruse, natron jaune c’est-à-dire purifiant,[228] sel de Cappadoce, magnésie blanche, aphrosélinon pour le verre bleu, calcaire cuit. 

35. Traduit dans Démocrite, II, i, fin du § 2, page 4, puis: 

Car la nature triomphe de la nature, et la nature domine la nature. 

36. TRAITEMENT DE LA PYRITE. — Traduit dans Démocrite, § 6, p. 47. 

37. TRAITEMENT DE LA PYRITE D’ARGENT. — Traduit dans Démocrite, § 5, p. 47. 

38. FABRICATION DU SOUFRE NOIR BRÛLÉ. — La plus vieille des choses qui proviennent de l’eau divine, c’est-à-dire celle qui existe dans ce dépôt, délaie-la avec son eau propre, c’est-à-dire avec l’urine d’un impubère, pendant un jour, et arrose de nouveau avec l’huile de ricin, jusqu’à consistance de miel. Mets dans un récipient large et spacieux, rempli seulement à moitié (de sa hauteur), afin qu’il y ait place pour l’ébullition pendant que l’on chauffera. Lute ce (récipient), pour qu’il n’y ait pas d’évaporation; mets-le au fond d’une marmite. Après avoir luté la marmite, place-la sur un fourneau de verrier, dans la flamme d’en haut, jusqu’à dessiccation. Puis enlevant, délaie dans l’urine d’un impubère et, après nouvelle dessiccation, garde: c’est le noir provenant de l’huile de ricin brûlée. 

39. FABRICATION DE L’EAU JAUNE. — (Prends) cinabre 2 parties, misy cru 1 partie, — c’est le safran, — délaie avec de l’urine d’impubère 1 livre, et de l’eau de cuivre, 1 once. Après avoir épuisé, délaie dans la même eau: elle purifiera. Délaie avec le cinabre précédent et le misy et extraies-en l’eau jaune... ce sont les sucs, car une seule fois... 

40. BLANCHIMENT DE LA MAGNÉSIE. — Prenant de la magnésie, et une quantité égale de sel de Cappadoce, mets dans un vase de terre cuite; (laisse) à partir du soir jusqu’au matin. Or, si elle est noire, fais cuire jusqu’à ce qu’elle blanchisse; mais il vaut mieux la faire cuire sur un fourneau de verrier. Cache ce mystère, car il contient tout ce qui concerne le blanchiment par décoction. 

41. TRAITEMENT DE LA TRÈS DIVINE MAGNÉSIE. — Même texte que § 27, p. 293, sauf légères variantes. 

42. TRAITEMENT DE LA SANDARAQUE. — Prenant de la sandaraque, celle qui n’a pas la couleur du fer, ni l’apparence pierreuse, mais qui est rousse et couleur de sang; après l’avoir broyée, saupoudre avec. La (sandaraque) ainsi choisie et répandue avec la limaille de cuivre ne se liquéfie pas. 

43. (PROCÉDÉ POUR) PURIFIER LE PLOMB. — (Prends) de l’alun et du natron; nettoie avec de l’eau froide, du vinaigre; soumets à l’action du feu et le produit devient blanc. 

La suite est conforme au § 3o, à partir de la troisième ligne. 

44. AUTRE FABRICATION DU CUIVRE BRÛLÉ. — Prends de la sandaraque, du soufre apyre, du corail et du safran; mets dans un mortier, broie pendant 40 jours avec l’urine d’un enfant impubère. Après 40 jours, tu ajoutes l’eau de safran et tu broies pendant 20 autres jours, jusqu’à ce que les espèces se mêlent et se marient avec la limaille de cuivre. Après cela, tu mets la préparation dans un vase de terre cuite, bien luté, et tu fais chauffer la marmite sur un fourneau pendant 7 jours. Si le produit est trop blanc, fais chauffer pendant 3 autres jours, jusqu’à ce qu’il devienne jaune. 

45. BLANCHIMENT DU CUIVRE. — Prends du cuivre de Chypre; il faut le forger. Ensuite, après l’avoir mis au feu, teins-le avec la terre de Cimole, délayée dans le vinaigre de saumure. Fais cela à plusieurs reprises; après l’avoir mis au feu encore une fois, forge-le. Pour avoir du cuivre blanc, prends-en 1 partie, et argent 1 partie. Le tout devient blanc. 

46. DIPLOSIS DE L’ARGENT. — Comme nous avons trouvé décrits dans un livre très sacré les alliages de l’argent au moyen de l’étain, il est nécessaire d’en exposer les mystères et les purifications, afin que tu ne puisses te tromper. 

Prenant de l’alun, du sel de Cappadoce, mêle-le avec de la magnésie; il prend la couleur, lorsque l’amour tyrannique (?)[229] la trempe, au moyen de l’huile, le rend brillant et inodore. 

47. NOIRCISSEMENT DE L’ARGENT.[230] — Prenant du soufre natif, fais cuire sur un feu doux, produit avec de jeunes branches. Répands dans l’urine fraiche d’un enfant impubère; fais une décoction et donne deux bouillons. Ensuite, mets dans du vinaigre très fort; place avec d’autre vinaigre dans un vase, amène à consistance visqueuse, et fais cuire une nuit et un jour, après avoir délayé avec du jaune. Ensuite, ajoute de l’argent et tu as un métal qui est à l’épreuve. 

48. VÉRIFICATION DE L’OR. — Prenant de l’alun 1 partie, du sel ammoniac de Canope, celui qu’emploient les orfèvres, 1 partie; après que l’or est fondu, mélange. 

49. ON TRAITE AINSI LA SANDARAQUE (Cp. § 42). — Prenez de la sandaraque, celle qui n’est ni couleur de fer, ni pierreuse, mais la rousse couleur de sang, 10 onces. Après l’avoir très bien broyée, mets dans un vase de verre. Ajoute vinaigre très fort, 2 cotyles; sel commun, 5 onces; couvre le vase avec un chiffon de laine, pose dessus un plat à rebord et laisse macérer pendant 7 jours; ensuite transfère dans un matras et mets sur le feu, pendant 3 heures. Enlève l’écume et lave dans de l’eau édulcorée: tu trouveras la (composition) devenue rouge comme du sang. Ensuite, fais sécher au soleil. Mets de nouveau dans le vase. Puis, ajoute de l’urine de vache, conservée pendant 7 jours, afin qu’elle devienne plus forte et plus piquante. Ajoute alors la sandaraque lavée, et laisse macérer pendant sept jours, de façon à ce que l’effet devienne plus Intense. Ensuite, lave dans l’eau édulcorée, fais sécher au soleil. Après avoir enlevé, tu peux employer pour les usages que réclament les teintures. 

50. (SUR) LE CUIVRE ROUILLÉ — Prenant de l’androdamas, enduis les feuilles (métalliques) en dessus et en dessous, et après avoir luté projette dans le verre blanc. 

51. LIQUEURS DE LA CHRYSOPE. — Traduit dans Démocrite, § 25, p. 56. 

52. AMOLLISSEMENT DE L’OR, DE FAÇON A POUVOIR LUI COMMUNIQUER DES EMPREINTES. — Après avoir mélangé: natron roux 2 drachmes, cinabre 3 drachmes, délaie dans le vinaigre; ajoute un peu d’alun et laisse sécher. Puis, après avoir broyé, mets à part. Prends de l’or, une demi-obole; de l’arsenic couleur d’or, 1 drachme; mêle le tout; délaie, en ajoutant de la gomme pure arrosée d’eau. Reprends, applique le sceau que tu voudras; laisse 2 jours: l’empreinte sera fixée.[231] 

53. TRAITEMENT DE L’OR AVEC L’HUILE. — Prenant: litharge, drachmes; or, 2 drachmes; cuivre jaune (pyrrhochalque), 1 drachme; alun, 1 drachme; cadmie, 1 drachme; broie avec la limaille d’argent ou d’or; mélange... Lorsqu’il s’est formé (une pète de) consistance cireuse, alors (mélange) la chélidoine et l’arsenic, puis la cadmie et l’alun. Mettant dans un matras, fais chauffer sur un feu doux de charbon, en projetant du safran cru et du vinaigre de première qualité; opère ainsi. 

54. TEINTURE DE L’OR. — Misy métallique, 4 parties; racine de chélidoine, 1 partie; broie en consistance de miel; fais macérer dans l’urine d’un impubère et trempe dans l’eau froide. 

Le cuivre brûlé fois et l’or modifié sont ce qui vaut le mieux. L’or est chauffé; pendant qu’il est chauffé, il se transforme, et après transformation, il teint toute sorte de corps. 

55. Prenant de la sandaraque, du soufre, de la litharge, de l’alun, du sel, de l’eau, du sublimé, 1 partie de chaque; broie, jusqu’à ce que le mercure soit absorbé dans le vinaigre; après avoir fait sécher, fais monter les vapeurs, jusqu’à blanchiment; projette de cette poudre sèche, 1 drachme sur du cuivre de Chypre purifié, et garde. 

56. Prenant: mercure, 1 partie; misy, 1 partie; mélange l’un et l’autre jusqu’à ce qu’ils soient unifiés; puis, fais sublimer. Prenant cette vapeur, mélange avec la scorie; renouvelle la sublimation et fais ainsi par trois fois. Après 3 jours, prends le mercure sublimé et mouille-le avec de l’urine, pendant 7 jours, en l’exposant à un soleil bien chaud, Puis, après l’avoir fait refroidir, mets-le dans une bouteille; achève de remplir le vase avec du sel, et place-le dans une marmite dont l’orifice sera bouché. Ajoute du plomb jusqu’à ce que le vase (intérieur) soit caché; lute le couvercle de la marmite. 

Lorsqu’elle est refroidie à point, mets-la sur un feu de fumier, pendant une nuit et un jour; ensuite retire et garde. 

57. FUSION DE LA PIERRE INCOMBUSTIBLE. — Place cette pierre dans l’appareil à fondre et mets au-dessus de l’huile de lin, jusqu’à ce que tu voies la pierre couleur de feu; puis, retire et broie bien. Prends un peu de magnésie, du sel ammoniac, un peu de natron, broie-les avec la pierre; fais fondre, et apporte de l’eau alcaline; mets cette eau dans le creuset, ainsi que les autres poudres avec la pierre; souffle jusqu’à ce que le produit soit fondu. Ajoute une très petite quantité de sel broyé, retire, garde. 

Prenant de la magnésie, fais blanchir; ajoute de la pyrite et du cuivre brûlé, en parties égales, et du mercure amorti. Quand tu voudras, prends un certain poids d’argent, projette de cette poudre sèche calcinée sur l’étain, et tu auras de l’asèm blanc. 

58. Prenant: mercure, 3 livres; arsenic, 1 livre; sandaraque, 1 livre; natron d’Alexandrie, 1 livre; misy, 1 livre; couperose, 1 livre; mettant le tout dans un mortier, broie avec soin. Mets ensuite dans une marmite neuve, place sur un pot à pieds. Après avoir enduit tout autour avec un lut mêlé de poil, avoir fait de même pour le contour du couvercle, à la hauteur de 4 doigts; et après avoir plâtré les bords (du vase), afin de rendre la clôture plus solide, pose un chapiteau renflé à la partie supérieure. Lute minutieusement les jointures, fais cuire sur un feu léger une première fois, à une flamme de chandelles, pendant une nuit et un jour. Pour augmenter graduellement le feu, chauffe à une flamme de lampes,[232] pendant un autre laps d’une nuit et un jour; laisse refroidir, et, découvrant, enlève avec une plume[233] un peu de ce qui est à la surface pour t’assurer si la matière est blanchie. Retirant ce qui est au fond, mélange de nouveau, jette dans un mortier et broie avec soin. Remets dans la même marmite, lute avec un soin égal le couvercle, et fais cuire sur un feu léger et progressif, encore une nuit et un jour. Laisse refroidir, et découvrant de nouveau, fais comme précédemment, jusqu’à ce que (la composition) n’émette plus l’odeur du soufre et jusqu’à ce qu’elle devienne pareille à du plâtre. Après l’avoir enlevée, jette-la dans l’eau séparée de la chaux (par distillation) et extraite au moyen de l’alambic. Ajoute l’eau avec la composition et donne la consistance du miel. Broie minutieusement dans le mortier; laisse sécher et garde. 

59. Prends de l’urine non corrompue, de la chalcite, du cuivre, et des enveloppes (?) d’œufs, 6 onces; broyant ces (matières) jusqu’à production de mousse, tu mets en décoction avec de l’urine, jusqu’à ce que le soufre natif soit dissout. 

Prends de l’étain, 1 partie; du mercure, 2 parties [purifie l’étain, en le faisant fondre et le versant dans l’eau de mer, et en changeant trois fois (l’eau) en masse]; ajoute dans le creuset de la poix et de l’alun lamelleux. Ensuite, il faut que tu frottes (tais ce mystère), jusqu’à ce que le soufre se sépare du mercure. 

Maintenant, éprouve ainsi le mercure, Prends-en; mets-le dans un vase de verre; broie dans le mortier, jusqu’à ce que la surface (tourne) au jaune. Ensuite, prends-le; renferme-le dans un vase de verre, en remplissant le vase suivant l’usage, (après l’avoir) luté étroitement (garde ce mystère) par-dessous, afin que le vinaigre ne puisse s’échapper du vase; puis laisse une nuit et un jour. Aussitôt après ce délai, tu trouveras le mystère du mercure et la manière dont nous le combattrons. Car le philosophe a écrit sur ce mercure: « Lorsque tu fixeras le mercure, le produit qui s’écoule de lui-même ». Or, ce qui s’écoule de soi-même, c’est le vinaigre; et le vinaigre, c’est la magnésie. 

60. …….Saupoudre ainsi dans le mortier, à la surface du cuivre. Que le cuivre soit acidulé préalablement avec du vinaigre fort, de l’alun et du savon jusqu’à 3 fois, par ordre. Après l’avoir introduit, fais fondre. Ajoute les mélanges susdits; saupoudre plus épais avec les mélanges; ceux-ci rendent le produit) plus blanc. On verra à chaque fonte le métal devenir manifestement plus brillant que dans le moment qui précédait l’addition de la préparation. Lors donc que le produit sera fondu convenablement, verse dans un vase enduit au préalable de terre de Samos et laisse l’œuvre d’ensemble s’accomplir. Cache encore une fois, suivant l’usage. 

Ajoute de l’argent de première qualité, de l’argent d’Adrumète; pendant la fonte, projette sur la terre de Samos le cuivre, afin qu’il se transforme, et teins: répète cela plusieurs fois, mélange, garde. 

61. SUR LE CUIVRE DUCTILE, ÉTIRÉ JUSQU’À DEVENIR TRÈS MINCE. — Procédé. — Il est très bon pour l’usage, et pour la trempe. 

Prenant du cuivre blanc, une mine, fais fondre. Saupoudre avec du sel blanc, de l’alun en quantité égale: ces corps auront été mis à l’avance avec du vinaigre et desséchés. Ensuite, ces (matières) étant triturées, saupoudres-en le mortier, à la surface du cuivre. Lors donc qu’il aura été fondu convenablement, verse dans le liquide, jusqu’à ce qu’il le dépasse de 2 doigts, laisse refroidir. Ensuite, enlève, enduis; puis, après avoir mis sur un feu tout à fait doux et convenable, éteins dans l’eau. Lorsque la matière sera refroidie, ne la dépose plus dans un liquide, mais recouvre-la dans un vase, avec du sel et de l’alun. Ensuite, (prenant) du sel 2 parties, et de l’alun 1 partie, mélange, laisse refroidir dans ces (matières). Quand le produit sera refroidi, enlève. Lorsque le produit sera très blanc, étire le reste comme tu voudras il obéira, si tu l’étires chaud; mais s’il est froid, et que tu veuilles en arracher violemment une partie, tu ne le pourras, tant est grande la bonté et la ténacité du métal. C’est là un métal excellent; on en a fait l’expérience. Le cuivre de Chypre est plus propre à ces usages; tu dois le comprendre. 

62. RENDRE LE SAFRAN INFAILLIBLE PAR LA FONTE. — (Prends) arsenic lamelleux, parties; sandaraque rousse et pure, 4 parties; métal de la magnésie, 4 onces; noir scythique, once; natron vitreux couleur de cochenille, 6 onces; broie l’arsenic en apparence de mousse; mélange le noir scythique et délaie ensemble; le tout devient vert. Ensuite ajoute de la sandaraque, broie ensemble de nouveau avec le natron, le métal de la magnésie, jusqu’à apparence de mousse, ou de sublimé. Mélange le tout avec chaque produit et délaie; ajoute du vinaigre égyptien fort et de la bile de taureau; délaie en consistance pâteuse. Après avoir fait sécher au soleil, pendant 3 jours, broie; transvase dans un petit flacon et fais-y cuire cette matière pendant 5 jours. Ensuite enlève, broie, ajoute de la gomme; broies-en 10 onces et projette… Donne la consistance pâteuse fais fondre le safran; ajoute la préparation, lorsque le safran devient vert et friable. (Prenant) de l’or divisé 1 partie, fais fondre et tu trouveras de l’or. Et si tu en veux de 1ère qualité et bien fabriqué, (prends) de l’or travaillé 4 parties et du... 1 partie; faisant fondre ensemble, tu trouveras de l’or éprouvé et très beau. Cache cela. Tel est le mystère divin et non communiqué de la teinture de l’or. 

63. Voici l’explication du corps (métallique) de la magnésie. 

Prenant de la magnésie femelle, broie avec soin; mets dans un plat 2 onces de sel, recouvre avec un autre plat, de façon que le métal de la magnésie ne puisse s’échapper et se dissiper. Mettant donc dans le plat du soufre en (quantité) à peu près semblable, place très près de la petite colonne (?) pendant deux jours. Ensuite, prenant le plat et le découvrant, racle le tour; jette dans un mortier, broie; mets dans le second plat. Après avoir luté de nouveau les jointures tout autour, mets sur le fourneau le soufre au milieu du vase, vers la droite; opère pendant 3 jours; chaque jour, retire, broie, et lute à l’entour, jusqu’à ce que la matière devienne blanche. Prends de cette (composition) 4 parties, et du natron naturel et vitreux 1 partie, délaie ensemble et projette. Prends, fais une pute, dépose dans le creuset le métal de la magnésie. 

Bonne fabrication du créateur; succès du travail et longue durée de la vie! 

IV. xxiii. — LES HUIT TOMBEAUX 
SUR L’ART DIVIN ET SACRÉ DES PHILOSOPHES[234] 
j. Quant à nous, ayant écrit en énigmes, nous vous laissons, vous qui avez en main le présent livre, travailler assidûment et rechercher le sujet du mystère. En effet le Philosophe dit que les hommes ont écrit, mais que les Démons en sont jaloux.[235] C’est sans doute dans le royaume des cieux, que se trouvent ceux qui ont été jugés dignes (de comprendre). Quant à toi, en te conformant à la courte explication de Cléopâtre, tu porteras à la lumière l’objet obscur de la découverte et tu rendras service Monte, dit celle-ci, au plus haut de la maison.[236] J’ajouterai qu’il s’agit de l’objet ailé formé par les quatre éléments,[237] et qui se trouve entre les deux luminaires, je veux dire le soleil et la lune: là existe l’œuf à l’apparence d’alabastron. Ce n’est certes pas un œuf d’oiseau; mais sa forme rappelle celle de l’œuf. 

2. Ote la peau, ouvre avec précaution, broie sans ménagement. Puis délaie, et prenant un vise de verre, mers-y le comaris; (il a plusieurs noms). Après avoir luté à l’intérieur une autre marmite, mets-y le comaris brillant. Immerge-la et tiens-la très chaude dans le crottin de cheval, pendant 40 jours, en renouvelant le crottin tous les jours. Après ce délai précis, prends le vase, ôtes-en le contenu, délaie bien dans le tombeau de pourpre et conserve le mort. C’est la première fabrication et le premier tombeau. 

3. Ensuite prenant le mort, qui naturellement a de rodeur, mets-(le) dans l’alambic et fais cuire sur un feu violent, en faisant monter l’eau, sans mélanger: la première (portion), mets-la à part, ainsi que la seconde, dans des vases de verre. Retire le dépôt, broie-le pendant 7 jours avec la seconde eau, dans le tombeau de pourpre; garde la première eau; ensuite ensevelis le corps, comme plus haut, dans du crottin de cheval, pendant 40 jours, en changeant le crottin tous les jours. Tel est le second tombeau et la première calcination. 

4. Après ce délai précis, retirant le produit du crottin, broie-le de nouveau dans un (mortier) de marbre, avec la première eau conservée plus haut; mets dans des alambics, et fais monter les eaux comme précédemment. Garde l’une (des deux portions), et quant à l’autre, la délayant avec la cendre, mets.la encore dans du crottin de cheval, semblablement pendant 40 jours, en changeant le crottin tous les jours. Le troisième tombeau est ainsi devenu naturellement la seconde calcination. 

5. Ensuite, prenant l’objet enfoui, après le délai de 40 jours, délaie avec l’eau mise à part, place de nouveau dans des alambics et fais monter les eaux comme plus haut; garde l’une (des 2 portions) et quant à l’autre, délaie-la dans la composition; enfouis pendant 21 jours dans du crottin de cheval, en changeant le crottin tous les 7 jours. C’est le quatrième tombeau et la troisième calcination. 

6. Après le délai précis de 21 jours, prends la composition et délaie-la avec l’eau conservée; fais cela pendant 7 jours comme précédemment, et fais monter l’eau au moyen d’un alambic; garde la première portion, et quant à la seconde, délaie-la dans la composition, enfouis pendant 21 jours, changeant le crottin tous les 7 jours. Le cinquième tombeau se trouve naturellement être la quatrième calcination. 

7. Après le 21e jour, retirant, broie avec l’eau conservée, et place dans des alambics; fais monter les eaux et garde l’une (des 2 portions); délaie l’autre et ensevelis pendant 21 jours: c’est le sixième tombeau, excellent (ami), et la cinquième calcination. 

8. Ensuite, séparant de la portion décomposée la partie incorruptible, délaie avec l’eau conservée et fais monter les eaux; garde l’une (des 2 portions) et délaie avec l’autre, comme précédemment, puis ensevelis pendant 21 jours. C’est le septième tombeau et la sixième calcination. 

9. Enfin, retirant la composition du vase, délaie pendant 7 jours avec l’eau conservée; et, prenant la composition, arrose-la, délayant dans (un mortier) de marbre toutes les eaux, pendant un nombre de jours suffisant pour que la composition absorbe les eaux: laisse refroidir au soleil et après cela sublime, et garde l’esprit: c’est le huitième tombeau et la septième calcination.[238] 

IV. xxiv. — POUR BLANCHIR (LE CUIVRE)[239] 
1. Prenant de l’arsenic couleur d’or et folié, mélange avec une égale quantité de sel; broie bien dans un mortier; mets dans un (vase) de marbre et broie avec du vinaigre, comme pour préparer des peintures; mets sécher au soleil. Broie de nouveau avec du vinaigre; fais cela pendant 3 jours. Ensuite, prenant un vase neuf résistant au feu, mets-y la composition qui s’est formée et colorée ……… en enduisant tout autour les jointures, de façon à éviter l’évaporation; car elle détruirait toute la teinture. Il faut sublimer avec soin, de façon à ce qu’il n’y ait pas le moindre dépôt de noir. Mettant de nouveau dans un (mortier) de marbre, broie avec du vinaigre et sublime encore une fois. Puis prenant du cuivre rouge de bonne qualité, forme des lames larges et minces; après avoir fait chauffer, plonge (les) dans le vinaigre par deux fois; ensuite, faisant fondre le (cuivre) par trois fois, jette dans le vase 4 carats de cuivre, et tu verras le métal devenir blanc. 

2. On jette un hexage pour mille milliers de poids purs, c’est-à-dire divins: il faut une unité de poids pour chaque millier, et à partir de mille (on compte) de nouveau un pour un (mille). Dans quelques (ouvrages) il a été écrit … et il semble être plus vrai que le vinaigre divin et l’air, laissés de côté par suite du travail, sont mis un nombre égal de fois dans la coloquinte (composition?) et sont traités par un appareil spécial, afin qu’ils fassent mieux briller le métal; de cette manière et avec ces (matières), la composition est délayée une seconde fois et est parachevée. 





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[1] Cet article porte le nom de Pélage, l’un des vieux alchimistes (Cp. Olympiodore, p. 96 et 194); mais il renferme des additions et gloses plus modernes. Le texte est fort obscur et il est difficile d’en garantir le sens exact. Toutefois il semble se rapporter à la dorure et à l’argenture des métaux, tels que le cuivre et le fer: ces métaux doivent être préalablement oxydés ou sulfurés à la surface, puis décapés et rendus brillants; on étend ensuite à leur surface l’or ou l’argent « atténués »: c’est-à-dire amenés à un grand état de division (poudre ou coquille d’or), ou d’amincissement (feuilles d’or et d’argent); sinon même rendus plastiques et mous par leur amalgamation au mercure; ou bien encore dans certains cas, divisés, et peut-être rendus solubles (« spiritualisés ») par l’action préalable d’un sulfure métallique et d’un sel alcalin. — Tout ceci doit donc, à l’origine, avoir exprimé le fait que l’on dore ou l’on argente un métal au moyen de l’or ou de l’argent divisés, ou d’une composition renfermant ces corps; puis on a ajouté l’idée de la transmutation du fond même du métal.

[2] Cp. Synésius, p. 67.

[3] Appliqué aux métaux, c’est-à-dire l’art de la transmutation.

[4] Qualité ou couleur d’or ou d’argent.

[5] Cp. p. 170 et passim.

[6] C’est-à-dire brûlé, changé en protoxyde par un premier traitement ? Cp. Introd., p. 233; Traduction, p. 154.

[7] C’est-à-dire réduire complètement à l’état métallique le protoxyde formé d’abord à la surface du cuivre ?

[8] Cp p. 133.

[9] Cp. p. 145.

[10] Ou bien plutôt avec l’eau divine.

[11] Signe du cinabre sur le mot magnésie, dans M; le mot cinabre est écrit à la suite de μεγανεσία dans Lc.

[12] ῥητῆς MAK, ῥυτῆς Lc. Cp. III, vi, 2, p. 128 et III, vii, 5, p. 143.

[13] Cp. III, vii, 5, p. 143.

[14] Cp. III, vi, 20, p. 136.

[15] Ce paragraphe traite d’un autre sujet que le précédent.

[16] Au-dessus, signe du cinabre, M.

[17] Cp. Démocrite, p. 49.

[18] Lc ajoute « il vainc toute nature ».

[19] Ou de la liquéfaction.

[20] Lc ajoute: « Le mystère est traité. Et Zosime dit ».

[21] S’agit-il ici de la dissolution de l’or, au moyen d’un sulfure métallique?

[22] Cp. p. 136.

[23] Isis à Horus, ci-dessus, p. 33; et III, xvi, 6.

[24] Lc: « Le vieux Philosophe s’écriait: Employons, employons des éléments naturels ».

[25] Le plomb et l’étain, opposés à l’or et à l’argent.

[26] Ces mots sont précédés dans A par la glose suivante: « La poudre sèche devient apte à fixer la couleur, lorsqu’elle est arrosée avec les liquides; ce qui développe la teinture, par la décomposition opérée dans ceux-ci ».

[27] Lu comme A Lc: ἐπισταθμίαν, étape.

[28] Sur le sens de ce passage, voir la note 1.

[29] C’est-à-dire le fer ou le cuivre ne peuvent être argentés ou dorés que s’ils sont décapes à la surface, avant que l’on y étende la composition destinée à la dorure ou à l’argenture.

[30] Signe du cinabre, A.

[31] Cp. § 3 et 4.

[32] Démocrite, p. 50.

[33] C’est-à-dire que la transmutation a changé l’essence du métal.

[34] Ceci complète le teste des p. 123 et 124.

[35] Ce fragment est le seul qui porte le nom d’Ostanès, auteur apocryphe souvent cité aux iiie et ive siècles de notre ère, et dont Zosime nous a conservé des phrases énigmatiques (p. 129). Le traité arabe, attribué au même écrivain, est évidemment pseudonyme (Introd., p. 219). Le morceau actuel est écrit dans une langue symbolique dont le sens nous échappe; cette langue rappelle la nomenclature du Papyrus de Leide et des prêtres égyptiens, cités dans Dioscoride (Introd.. p. 10 et 11). Les signes du mercure et du cinabre, etc., placés au-dessus de certains mots, dont le sens littéral est tout différent, confirment cette manière de voir.

[36] Signe du mercure au-dessus, dans M.

[37] La pauvreté. Cp. p. 163.

[38] Signe du mercure au-dessus, dans M; à côté, dans A.

[39] Au-dessus de ce mot, signe du cinabre, dans M.

[40] Au-dessus de ce mot, dans M, un signe que l’on peut traduire par magnésie.

[41] Au-dessus de ce mot, Iosis, dans A.

[42] Au-dessus de ce mot, dans M, le même signe, qui a été traduit dans la note 40 par magnésie.

[43] Au-dessus, le signe du cinabre, M.

[44] Même signe, dans M.

[45] Même signe, dans M.

[46] Cette finale est due à un moine chrétien. Mais le début semble le débris, devenu inintelligible, d’un vieux morceau symbolique; ainsi que le montrent d’ailleurs les signes placés au-dessus de certains mots dans les manuscrits.

[47] Cp. p. 132.

[48] Il semble prouvé par ce passage que les plus vieux textes, même ceux du Pseudo-Démocrite, ont été inscrits sur des stèles, ou peut-être sur des inscriptions gravées par colonnes sur les parois des chambres secrètes des temples, telle que celle où l’on lit encore de nos jours la formule sacrée du Kyphi. — Cp. Origines de l’Alchimie, p. 38, Introd., p. 200 et le récit de l’Evocation. Physica et Mystica, p. 45; voir aussi p. 39.

[49] Ios semble représenter ici le principe de la coloration en jaune, plutôt qu’une matière jaune déterminée.

[50] Ou bien dans l’or, d’après Lc; ce qui indique que ce dernier copiste (xviie siècle) a admis que le signe du cinabre représente ici l’or. — Cp. Introd., p. 122.

[51] Cp. p. 61.

[52] Dans tout ce passage, il semble qu’il s’agisse d’une opération effectuée à l’aide de la kérotakis, dans le but de teindre un métal, après l’avoir enduit de soufre, d’arsenic sulfuré, ou d’autres sulfures jaunes ce qui le dissout à la surface et l’amincit peu à peu. Mais il faut ménager le fondant, pour qu’il ne détruise pas tout le métal. Il faut aussi chauffer doucement, afin que le fondant puisse pénétrer le métal; tandis qu’il serait évaporé ou brûlé par l’action d’un feu trop énergique.

[53] On voit qu’il s’agit ici de donner à l’or une couleur convenable, conformément aux pratiques des orfèvres (voir dans l’Introduction, Papyrus de Leide, p. 56 et 58).

[54] C’est la purification de l’or par le sulfate de fer et le sel marin (voir Introduction, p. 14).

[55] De la couperose.

[56] Ce mot semble employé ici dans un sens symbolique (voir sur les parties de l’œuf philosophique, p. 18 et 21).

[57] Le mot vinaigre, dans la langue de nos auteurs, désigne toute liqueur acide, alcaline, ou généralement douée d’activité chimique. Cependant il semble que, dans te passage actuel, il s’agisse en particulier de l’acide de la couperose, c’est-à-dire de l’acide sulfurique, plus ou moins impur.

[58] Ce paragraphe n’a qu’une relation éloignée avec ceux qui précèdent. Cp. p. 138.

[59] Le Traité de Jean se termine ici dans le manuscrit Lc, La suite fait partie d’un traité de Zosime.

[60] Cp. p. 230.

[61] Cette énigme se trouve aussi dans les livres Sibyllins, l. I, vers 141-146 — Cp. Origines de l’Alchimie, p. 136 et Zosime, p. 135.

[62] L’alchimie se trouve rattachée par ce texte aux oracles orphiques, comme le sont la magie et les croyances mystiques des premiers siècles de notre ère. Les oracles d’Apollon et autres produits de la même littérature sont d’ailleurs cités à plusieurs reprises, notamment par Olympiodore (p. 86, 94, 96, 103, et p. 152, 170, etc.). 

Ajoutons que l’article présent semble résulter de la réunion incohérente de plusieurs morceaux dissemblables: les premiers tirés des prétendus oracles orphiques; d’autres relatifs à la transmutation. Certains semblent de pures recettes pour la coloration superficielle des métaux, analogues à celles des Papyrus de Leide; mais le copiste, ne comprenant plus le sens des textes, les a tellement défigurés qu’il n’est guère possible den tirer un sens net.

[63] S’agit-il d’Alexandrie ?

[64] Voir Olympiodore, p. 95, 99, 101, 107, 113, et plus loin le morceau V, xxiv.

[65] L’auteur semble jouer ici sur le double sens du mot arsenic, qui veut dire aussi mâle. Ce corps avait un rôle essentiel dans la teinture des métaux: la même équivoque existe dans l’axiome alchimique: par le mâle et la femelle (Introd., p. 163, 165)

[66] Le texte de l’oracle consiste en une suite de mots, séparés par la ponctuation, et formant probablement des vers iambiques, avec des passages inter linéaires à l’encre rouge. On a cherché à tirer du tout un sens; mais l’interprétation est fort incertaine.

[67] Ces lignes semblent le débris de l’œuvre est accomplie quelque vieille recette, altérée par les copistes successifs.

[68] Cf. Les ossements des Perses, p. 201.

[69] Voir Olympiodore, p. 75.

[70] Alliage de fer et de cuivre, avec addition d’arsenic, d’étain et de plomb; à ce qu’il semble d’après ce passage. 

[71] C’est à-dire la liqueur colorée, renfermant le polysulfure alcalin (voir Introd. p. 47 et fig.).

[72] Cet article a été transcrit ici, parce qu’il semble faire partie des chapitres attribués à Agathodémon dans le n°31 de la vieille liste de Saint Marc (Introd. p. 175) — manuscrit de Saint Marc actuel, fol. 95 verso et suivants. Dans Lb, il fait partie de la compilation du Chrétien, qui sera donnée plus loin. Il parait d’ailleurs appartenir simplement à un commentateur de Zosime. C’est un mélange singulier de notions métaphysiques et de notions chimiques, mélange qui se présente fréquemment chez les chimistes théoriciens de tous les temps.

[73] Ce mot désigne à la fois une opération et une matière. — Cp. Introd., p. 243. Dans E le signe de la chrysocolle est corrigé et changé dans le signe de l’or, lequel est adopté dans Lc: on sait que ce manuscrit est la mise au net des corrections écrites en marge de E.

[74] Glose ajoutée par E, à la marge: « car l’objet que l’on cherche est un; par sa nature, il n’est pas simple, mais composé ». Lc adopte cette addition.

[75] On appelle encore aujourd’hui Pélicans certains vases distillatoires. — Dans Lb, le mot oiseau est appliqué, non à la forme du vase, mais au mode de chauffage: a avec de la fiente d’oiseau.. Lb remplace aussi le mot kérotakis de BAE par celui d’un vase de terre cuite. Ces corrections ne me paraissent pas bonnes.

[76] Le mot Tout paraît s’appliquer à l’alliage formé des quatre éléments, autrement dit molybdochalque, dont La préparation précédait la transmutation. Quant à la distinction de ὅλον (complet) et de πᾶν (tout ou total), voir Proclus, in Platonis theologiam, éd. (unique) de 1561, in fol., λ. III, 20, p. 157.

[77] C’est-à-dire le métal de la magnésie (voir Introduction, p. 255).

[78] Lb ajoute: « du mercure »; correction très douteuse; car on faisait aussi agir sur les objets déposés sur la kérotakis les sulfures d’arsenic, dont l’emploi s’accorde mieux avec la fin de la phrase.

[79] Tout ce passage paraît signifier que le métal obtenu par transmutation est un, quant à sa nature, quoique formé par l’union d’éléments multiples; lesquels ne s’a joutent pas simplement les uns aux autres, pour former un ensemble, par simple assemblage ou mélange, mais un tout unique et complètement combiné, quant à sa nature. Pour cela, ils doivent éprouver une suite de traitements, destinés à modifier chacun d’eux et à amener leur ensemble à l’unité finale. Cette dernière est accomplie par l’action de la vapeur (mercure, arsenic, sulfures arsénicaux), qui désagrège l’alliage métallique (molybdochalque?) posé sur la kérotakis, qui le rend fusible et en détermine l’écoulement dans le récipient inférieur là se trouve encore du soufre, ou un sulfure métallique, lequel accomplit la transmutation. — Voir dans l’introduction, les figures de kérotakis et le commentaire des opérations, p. 143 à 151.

[80] Olympiodore, p. 103.

[81] D’après AELb. — M. et B disent la cuisson. Il s’agit sans doute de l’opération exécutée sur la kérotakis.

[82] D’après Lb « l’or ».

[83] On remarquera ces assimilations astrologico-alchimiques entre la sphère de la planète Mercure et l’atmosphère des vapeurs du métal.

[84] Ici dans M, en marge et au dessus du mot appareil, se trouve un petit dessin; mais il est trop sommaire pour être interprété.

[85] Chapitre attribué à Agathodémon, dans la vieille liste du manuscrit de St Marc (Introduction, p. 175; n° 31). — Voir la note placée en tête de l’article IV, vi. — L’article IV, vii, renferme une suite de morceaux de dates diverses, sur la dorure et la transmutation. — Dans AKE le mot Tout est suivi de ceux-ci: « la pierre philosophale. » Dans Lb, le titre est: « fabrication de l’or, principalement de toute la pierre philosophale »; ce qui est un vrai contresens par rapport au titre original.

[86] J’ai interprété tout ce passage comme se rapportant à une opération de dorure par vernis (voir Introd., p. 60), ou peut-être de dorure exécutée au moyen du mercure, dont le nom n’est pourtant pas prononcé.

[87] Ces mots doivent être entendus dans un sens mystique (voir la Nomenclature de l’œuf, p. 19 et 22).

[88] Signe de la chrysocolle dans MBAKE. E en marge et Lc, au lieu de la gomme d’or, disent: « le soleil », c’est-à-dire l’or. De même au mot gomme d’or, trois lignes plus bas.

[89] Appareils à kérotakis (voir la note suivante). 

[90] C’est-à-dire que l’on n’emploie pas les alambics, tels que ceux des fig. 14, 15, 16 (p. 38, 39, 148 de l’Introd.); mais les appareils à kérotakis, tels que ceux des fig. 20, 21, 22, etc. (p. 143, etc. de l’Introd.).

[91] Ce paragraphe n’a, ce semble, aucun rapport Avec le précédent; à moins que ce dernier ne se rapporte à la dorure au mercure.

[92] Signe de l’argent, B.

[93] De là le servus fugitivus des Arabes (Introd., p. 217 et 258; — voir aussi Olympiodore, p. 104 et 105).

[94] C’est une description poétique de la distillation du mercure, préparée au moyen du cinabre. Le caractère délétère de la vapeur de mercure est rappelé ici (voir Origines de l’Alchimie, p. 172 et 231; — voir aussi le présent volume, p. 174).

[95] Cp. p. 152, 170.

[96] C’est-à-dire qui ne sont plus pures et claires, à cause des projections et altérations qui surviennent à la fin de l’opération (?).

[97] Jeu de mots sur ἄσημον.

[98] Cet article est difficile à entendre et rendu plus confus encore par des substitutions voulues entre les mots cuivre, asèm, eaux, etc. Il paraît s’appliquer à la coloration du cuivre par les composés sulfurés et arsénicaux, dans les appareils sphériques à kérotakis. On peut mettre plus ou moins de sulfure d’arsenic (appelé eau, à cause de sa fusibilité), parce que l’excédent s’en va par sublimation. Il vaut même mieux en mettre plus, pour que la teinture du métal s’effectue à une plus grande profondeur. Le métal ne doit pas être du cuivre pur, mais du cuivre mélangé avec son quart d’argent.

[99] Ces recettes sont exposées avec un symbolisme trop compliqué, pour être entendues clairement.

[100] C’est-à-dire si nous accentuons κροκός sur la dernière et non sur la première syllabe. — Ce jeu de mots est difficile à comprendre. Cependant il semble se rapporter à la différence entre le safran, κροκός, et le jaune d’œuf, accentué parfois κροκόν d’après le Thesaurus d’Henri Estienne. — Ces deux mots sont pris d’ailleurs l’un et l’autre dans un sens symbolique, pour exprimer des sulfures et autres composés métalliques, colorés en jaune et destinés au jaunissement du métal.

[101] Voir Stéphanus dans Ideler, t. II, p. 247. — Introd., p. 179 et suiv.

[102] S’agit-il du fumier au sens propre ou bien au sens mystique, c’est-à-dire désignant une autre substance employée pour chauffer le fourneau?

[103] Suite des chapitres attribués à Agathodémon, Hermès, Zosime, etc. (Introd., p. 175, n” 3i et 3s de la vieille liste de St Marc).

[104] Lc. dit: « Les minerais de cuivre convertis en chaux ».

[105] C’est-à-dire avec le produit volatil que l’on en a tiré.

[106] Ou 15 heures: glose marginale, Lb.

[107] Toute cette description est obscure: cependant il en ressort que le nom de chaux a été appliqué dès cette époque reculée à des oxydes métalliques; signification que ce mata gardée pendant le moyen âge, et jusqu’à la fin du xviiie siècle. Ici il s’agit du produit de la torréfaction et du grillage de ces scories, dont il est question dans Olympiodore (p. 95, 101, 107, 113), et dans Zosime (p. 207, 215). Le grillage produisait des oxydes métalliques, de cuivre, plomb, zinc, etc.; et ces oxydes, soumis à l’action du feu dans des vases analogues aux aludels (Introd., p. 172), produisaient des cadmies (Introd., p. 239). Avec ces cadmies, on obtenait, soit par voie de dissolution, soit par voie de fusion, point qui reste incertain, les liquides destinés à teindre les métaux en or ou en argent.

[108] Var. le Soleil; Lb; Cp. p. 156 et 174.

[109] Ceci semble vouloir dire que si la première action du feu a déterminé la déperdition des produits volatils, sans opérer la teinture du métal fondu, réduit en un liquide pareil au mercure, l’opération est compromise.

[110] Des soufres, Lb.

[111] Il paraît s’agir ici des cadmies sublimées.

[112] On associe l’action des cadmies sublimées à celle du mercure (ou de l’arsenic), afin de rendre la teinture du métal plus stable.

[113] Au lieu de ce signe, celui de l’or, qui résulte d’une altération, AB.

[114] La chalcite, Lb.

[115] Protoxyde de cuivre, ou cuivre brûlé. — Voir Introd., p. z33.

[116] La pierre de la couperose, E.

[117] Traité du Pseudo-Hermès, Cp. Introd., p. 244.

[118] Des pierres de la couperose, Lb.

[119] En marge de A: « ce que l’on projette s’appelle le second produit ».

[120] Cp. p. 191.

[121] Variété de cadmie; Introduction, p. 240.

[122] C’est-à-dire le dépôt formé dans les premières eaux (voir ce qui est relatif aux cendres ou scories dans la note 107).

[123] Démocrite, d’après E. Lb.

[124] C’est la conclusion de toute une série de recettes pratiques sur la chaux des anciens chimistes: nous en avons donné l’explication plus haut, p. 269, note 1. Ces morceaux ont passé finalement dans la compilation du Chrétien; mais dans l’ancienne liste de M, ils en étaient distincts (Introd., p. 175, nos 31 et 32).

[125] On remarquera que le mot calcaire (τίτανος) se trouve finalement assimilé au mot chaux (ἄσβεστος), contrairement à ce qui est écrit au début de l’article IV, ix. — Cp. ἀσβέστωμα dans Théoctonicos, Jet,-od., p. 210.

[126] Origines de l’Alchimie, p. 144.

[127] C’est une série de recettes tout à fait analogues à celles du Papyrus de Leide, du Pseudo-Démocrite et du Pseudo-Moïse, probablement aussi anciennes.

[128] Aplysie, mollusque.

[129] Vivant (?), ou de peintre (?).

[130] C’est-à-dire un produit couleur de fer (?).

[131] Recette de diplosis fort compliquée, avec emploi de mercure, d’arsenic et de minerais divers. (Voir les recettes du Papyrus de Leide et autres, Introd., p. 45, 61, 62).

[132] Il semble qu’il s’agisse ici d’un vernis couleur d’or, appliqué à la surface des métaux (voir Introd., p. 59 et 60).

[133] C’est-à-dire dans l’amalgame décrit plus haut?

[134] Introd., p. 239.

[135] Cp. Papyrus de Leide, recette 57, Introd., p. 46.

[136] C’est un procédé de Diplosis (Introd., p. 56, 61).

[137] Série de petites recettes pour teindre en rouge ou en jaune, avec du cinabre et divers autres corps.

[138] C’est un procédé pour teindre en couleur d’or. Cp. Papyrus de Leide, recettes 25, 55, 67, 69, etc. Introd., p. 35, 40 et 42.

[139] Le mot sublimé paraît vouloir désigner ici l’oxyde d’antimoine.

[140] A en marge: « liqueur de la teinture ignée ».

[141] Introd., p. 39.

[142] Cp. p. 299.

[143] Ce début est l’addition d’un moine byzantin, qui a commenté le livre de Comarius. Puis vient l’extrait proprement dit de ce livre, avec explications et interpolations du commentateur. Il est difficile de démêler la trame des fragments du vieil auteur gnostique, des déclamations enthousiastes du commentateur. Ce dernier écrit d’une façon fort analogue à Stephanus, s’il n’est Stephanus lui-même identification qui expliquerait la confusion faite dans le manuscrit de St Marc entre ce Traité et la 9e leçon de Stephanus, Cp. p. 123, note. Les symboles placés dans M au-dessus de certains mots, donnent l’interprétation des allégories; mais cette interprétation a été ajoutée par une main plus moderne que celle du copiste primitif.

[144] Voir Introd., p. 17, la Monade de Moïse. — Cette phrase indique que le Traité originaire de Comarius était une œuvre gnostique: ce qui répond en effet au caractère et à l’époque de Cléopâtre l’alchimiste. — Origines de l’Alchimie, p. 61, 64.

[145] Phrase mystique rappelant la création biblique; mais elle est détournée dans un sens alchimique. Ceci rappelle encore les gnostiques.

[146] C’est-à-dire combine le corps métallique fixe avec un élément volatil dérivé de l’arsenic.

[147] Allusion à l’histoire des deux perles de Cléopâtre. V. aussi Zosime, p. 122.

[148] Cp. p. 212.

[149] Teinture en pourpre et en violet?

[150] C’est le début de l’opération.

[151] Cette description des opérations successives résume ce qui est dit en divers endroits de Zosime; p. 212, etc.

[152] Fin de Stephanus dans M. (Voir Introd., p. 181, 7°.)

[153] Le ajoute: « Puis Cléopâtre dit aux philosophes ».

[154] Tout ce langage semble être allégorique et cacher un sens alchimique secret. 

[155] C’est un tableau allégorique de la distillation, ou plutôt de l’évaporation et de la condensation qui l’accompagne: les liquides condensés réagissant à mesure sur les produits exposés à leur action.

[156] Cp. Zosime, p. 118 et 127.

[157] Cp. Zosime, p. 122, 123.

[158] Au-dessus, signe du mercure, M.

[159] Le mercure, féminin en grec, ou plutôt l’arsenic aune (Sulfuré), appelé femelle, qui se trouve en bas du vase; opposé à l’arsenic blanc (oxydé par grillage), appelé mâle, lequel se trouve amené en haut par la sublimation.

[160] L’auteur joue sur l’identité du mot grec qui signifie soufre et divin.

[161] Cp. p. 106.

[162] Cp. l’homme lumineux, p. 224 et 225.

[163] Au-dessus du mot esprit, on lit en rouge le signe du cinabre, M. Dans A, c’est le signe du cuivre. Dans Lc, on lit « L’esprit du cuivre ».

[164] Au-dessus du mot corps, on lit l’abréviation du mot plomb dans M. — Au-dessus du mot âme: signe de l’argent, M. — Entre ἐν (dans) et ᾧ (le corps) au-dessus, signe de l’or, M. — Dans A, après le mot âme, signe du mercure: ce qui est aussi l’or. — Lc interprète ces signes, en disant: « L’âme, c’est-à-dire le mercure; elle court à l’or pour se fixer dans son embrassement, etc.

[165] Au-dessus de lumière, signe du soufre natif, M.

[166] Au-dessus, signe de l’or, M.

[167] Au-dessus, signe du soufre natif, M.

[168] Dans A, en marge: le mercure exprimé par son signe, surmonté d’un A. Il semble qu’il s’agisse d’un amalgame de plomb.

[169] Au-dessus, signe de l’or, M. 

[170] Au-dessus, signe du mercure, M.

[171] Au-dessus, signe du cinabre, M.

[172] Au-dessus, signe du soufre natif, M.

[173] Au-dessus, signe de l’ios du cuivre, M.

[174] Au-dessus, double signe du mercure, M.

[175] Au-dessus, signe de l’ios du cuivre, M.

[176] Ou un soufre, le mot grec ayant le double sens.

[177] Allusion à l’arsenic, dont le nom grec signifie mâle.

[178] Sur le sens de ce mot qui symbolise certains appareils, voir Zosime, p. 123, note 4.

[179] Au-dessus, signe du soufre natif, M.

[180] Signe du soufre, M.

[181] Au-dessus, signe du mercure, M.

[182] Au-dessus, signe de l’Écrevisse, M. Cp. Zosime, p. 142, notes 4 et 7;et formule de la figure 28, Introd., p. 152. Il s’agit donc du molybdochalque.

[183] Au-dessus, signe du mercure, M.

[184] Même signe au-dessus, M.

[185] Au-dessus, signe de l’Écrevisse, M. — Molybdochalque.

[186] Au-dessus, signe du mercure, M.

[187] Au-dessus, signe du cinabre, M.

[188] Au-dessus, signe de l’Écrevisse, M.

[189] Au-dessus, signe du mercure, M.

[190] Au-dessus, signe du cinabre; M.

[191] Au-dessus, signe du cinabre: ce signe est donc appliqué successivement au feu, à l’air et à la vapeur sublimée.

[192] Ou divine.

[193] Au-dessus, signe du mercure, M. Cp. le servus fugitivus, Introd., p. 237, et Zosime, p. 346 et 203.

[194] Au-dessus, signe de l’or, M.

[195] Au-dessus, signe du soufre natif.

[196] Au-dessus, signe de l’or, M.

[197] Ces phrases vagues et symboliques avaient pour les adeptes un sens, qui nous est révélé par les signes placés au-dessus des mots dans M. Leur date est incertaine; mais elles semblent remonter, au moins comme origine, jusqu’aux vieux gnostiques, commentés plus tard par Stephanus et par les Byzantins contemporains d’Héraclius. En tout cas, elles sont le point de départ du galimatias mystique des Alchimistes arabes et latins. — Cp. Ostanès, Introd., p. 217 —Avicenne, Introd., p. 258. — Zosime, p. 146, etc.

[198] Signe du mercure surmonté d’un A. — Allusion alchimique à un texte de l’Evangile.

[199] Ceci rappelle certains passages de Lucrèce. Cependant le texte de Comarius implique la rotation de la terre sur son axe; tandis qu’elle est supposée immobile par la plupart des philosophes anciens.

[200] Au-dessus, signe du mercure, M.

[201] Au-dessus, signe du plomb, ou plutôt du molybdochalque (?) M.

[202] Au-dessus, signe du mercure, suivi de celui du plomb mal fait, M.

[203] Au-dessus, signe du mercure, M.

[204] Signe du mercure, M.

[205] Au-dessus, signe du soufre natif, M.

[206] Au-dessus, signe du mercure, M: il s’agit donc du mercure des philosophes. 

[207] Au-dessus, signe du soufre mal fait M.

[208] Au-dessus, signe de l’or, ou plutôt de sa limaille (or divisé ou quintessence de l’or).

[209] M finit là. La phrase suivante est tirée de A Lc; et le mot fini de Lc.

[210] Sous le nom de Moïse, il existait un grand nombre d’ouvrages apocryphes, cités notamment dans le Papyrus W de Leide (Introd., p. i6); le traité actuel se rattache à la même tradition. C’est une vieille collection de recettes positives, tout à fait analogues à celles du Papyrus X de Leide, et probablement contemporaines, au moins pour la plupart des articles. Elle est citée en divers endroits, à côté des œuvres de Chymès, de Pébéchius (p. 180 et p. 209 au bas). — Dans la chimie de Moïse, on retrouve un certain nombre de recettes, reproduites textuellement du Pseudo-Démocrite. Il est probable que c’étaient là des recueils de procédés pratiques, formés de différentes sources, par des orfèvres et artisans, qui se les transmettaient comme une tradition secrète, en les grossissant de temps en temps de recettes nouvelles. Le Papyrus de Leide, le Pseudo-Démocrite, les procédés de Jamblique, la Chimie de Moïse représentent quelques-uns de ces cahiers venus jusqu’à nous. Le traité d’orfèvrerie que nous publions dans la Ve partie est un traité analogue à côté de recettes écrites en grec byzantin, il reproduit une portion considérable du Pseudo-Démocrite.

[211] Rogé ou rogion, sorte de récipient (voir p. 143, 144 et 59).

[212] Fabrication d’un amalgame de plomb?

[213] Introd., p. 262.

[214] Sens symbolique.

[215] Ἐξίωσις a ici en réalité le sens de Ἴωσις

[216] Nom mystique désignant une liqueur ressemblant à ce vin.

[217] C’est-à-dire que le sulfure d’arsenic rouge est jauni par des grillages successifs.

[218] Paroles attribuées à l’oracle d’Apollon (III, xii, 4, p. 152, 170; et IV, vii, p. 266).

[219] Introd., p. 175, n° 42. C’est une préparation de laiton.

[220] Cp. Démocrite, p. 47. Il y a des variantes considérables.

[221] Ceci pourrait s’appliquer à l’oxyde de manganèse, Introd., p. 256.

[222] Nom de plante.

[223] C’est le § 20 de Démocrite, p. 53. — La chimie de Moïse renferme un certain nombre de fragments du traité de Démocrite; ce qui montre qu’elle a été tirée des mêmes sources.

[224] Une partie de ce morceau se trouve dans Synésius (§ 5), qui l’attribue à Démocrite.

[225] Ou coquille d’or.

[226] Le texte dit en plomb.

[227] Un morceau analogue se trouve dans Démocrite, § 8.

[228] Cp. Lexique, p. 14. — Introd., p. 39.

[229] Ici une phrase incompréhensible. (Voir Origines de l’Alchimie, p. 85.)

[230] Introd., p. 69.

[231] L’empreinte se fait sur un vernis épais déposé à la surface du métal.

[232] Cp. p. 278.

[233] Cp. la même page.

[234] Morceau singulier que l’on a cru devoir placer ici, à cause de la mention de Cléopâtre. On peut le rapprocher du texte d’Olympiodore sur le tombeau d’Osiris (p. 103); des mythes égyptiens sur les quatre doubles tombeaux d’Osiris, et sur les huit dieux élémentaires assemblés par couples; ainsi que de l’ogdoade mystique des gnostiques (Origines de l’Alchimie, p. 63. — Introd., p. 17). On retrouve dans le Papyrus W de Leide, un procédé analogue pour rattacher le nombre huit au nombre sept, par l’addition d’une unité d’une autre espèce. Voir aussi les quatre étoiles à huit rayons, figurées dans la Chrysopée de Cléopâtre (Introd., p. 133).

[235] Cp. p. 92, et p. 76 note 1.

[236] Cp. p. 282, § 11.

[237] Allusion à l’urus ailé, et à l’œuf du monde, créé par Phtah, d’où sortent le soleil et la lune.

[238] « Fin » dans E.

[239] Ce morceau, placé à la suite du précédent dans A, est d’un tout autre caractère et rappelle plutôt les petits articles de la Chimie de Moïse.

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