TRAITES DEMOCRITAINS
II. i. DEMOCRITE
II. ii. DÉMOCRITE A LEUCIPPE
II. iii. SYNÉSIUS LE PHILOSOPHE A DIOSCORUS SUR LE LIVRE DE DÉMOCRITE.
... OLYMPIODORE
II. i. — DEMOCRITE
QUESTIONS NATURELLES ET MYSTÉRIEUSES
1. Mettez dans une livre de pourpre, un poids de deux oboles de scories de fer, macérées dans sept drachmes d’urine, posez surie feu jusqu’à ébullition. Puis, enlevant du feu la décoction, mettez le tout dans un vase. Retirant d’abord la pourpre, versez la décoction sur la pourpre et laissez tremper une nuit et un jour. Puis, prenant quatre livres de lichen marin,[1] versez de l’eau de façon qu’il y ait au-dessus du lichen quatre doigts d’eau, et tenez (le mélange dans cet état) jusqu’à ce qu’il s’épaississe; filtrez alors, faites chauffer et versez sur la laine disposée d’avance. Foulez ce qui est trop lâche, de façon que le jus pénètre la laine à fond; puis laissez deux nuits et deux jours. Prenez ensuite et faites sécher à l’ombre; déversez le jus.
Puis reprenez le même jus et, dans deux livres de ce jus, mettez de l’eau, de façon à reproduire la première proportion. Tenez de même (le mélange dans cet état), jusqu’à ce qu’il s’épaississe; puis l’ayant filtré, mettez-y de la laine, comme tout d’abord, et laissez une nuit et un jour. Prenez ensuite et rincez dans l’urine, puis séchez à l’ombre.
Prenez de l’orcanette,[2] broyez; mettez quatre livres d’oseille et faites bouillir avec de l’urine, jusqu’à ce que l’oseille soit délayée; ayant filtré l’eau, mettez l’orcanette, faites cuire jusqu’à épaississement et, ayant filtré à nouveau l’orcanette, mettez la laine. Ensuite lavez avec l’urine, et après cela avec de l’eau. Faites sécher de même à l’ombre, Exposez aux vapeurs des algues marines la laine trempée dans l’urine, pendant 2 jours.
a. Voici ce qui entre dans la composition de la pourpre: l’algue qu’on appelle fausse pourpre,[3] le coccus,[4] la couleur marine,[5] l’orcanette[6] de Laodicée, le cremnos,[7] la garance d’Italie, le phyllanthion d’Occident,[8] le ver à pourpre,[9] tiré de, le rose d’Italie. Ces couleurs ont été estimées entre toutes par nos prédécesseurs. Celles qui ne donnent pas de teinture fixe sont de nulle valeur. Telles sont la cochenille de Galatie, la couleur d’Achaïe, qu’on appelle laccha, celle de Syrie qu’on appelle rhizion, le coquillage et le double coquillage de Libye, la coquille d’Égypte de la région maritime qu’on appelle pinna, la plante appelée isatis, et la couleur de la Syrie supérieure que l’on appelle murex. Ces couleurs ne sont pas solides, ni estimées parmi nous, excepté celle de l’isatis.[10]
3. Ayant recueilli ces notions de notre maître précité, et connaissant la diversité de la matière, nous nous sommes efforcés de faire concorder les natures. Mais, notre maître étant mort avant que nous fussions initiés, et dans un temps où nous nous occupions encore de la connaissance de la matière, on nous dit qu’il fallait essayer de l’évoquer de l’Hadès. Et je m’efforçais d’atteindre ce but, en l’invoquant directement par ces mots: Par quels dons récompenses-tu ce que j’ai fait pour toi? Après ces mots, je gardai le silence. Comme je l’invoquais à plusieurs reprises, lui demandant comment je pourrais faire concorder les natures, il me dit qu’il lui était difficile de parler sans la permission du Démon (génie). Et il prononça seulement ces mots: « Les livres sont dans le Temple.
Retournant au Temple, je me mis à chercher si je pouvais être mis en possession des livres; car il ne m’avait pas parlé de ces livres de son vivant, étant mort sans avoir fait de dispositions testamentaires. Il avait, à ce qu’on prétend, pris un poison pour séparer son âme de son corps; ou bien, à ce que dit son fils, il avait avalé du poison par mégarde. Or, avant sa mort, il comptait montrer les livres à son fils seulement, quand celui-ci aurait dépassé le premier âge. Aucun de nous ne savait rien de ces livres. Comme après avoir fait des investigations nous n’avions rien trouvé, nous nous donnions un mal terrible (pour savoir) comment s’unissent et se confondent les substances et les natures. Mais lorsque nous eûmes opéré les compositions de la matière, le temps étant venu d’une cérémonie dans le Temple, nous fîmes un festin en commun. Donc, comme nous étions dans le naos, tout d’un coup, une certaine colonne s’ouvrit, mais nous n’y vîmes rien à l’intérieur. Or, ni lui, ni personne ne nous avait dit que les livres de son père y eussent été déposés. S’étant avancé, il nous conduisit à la colonne; nous étant penchés, nous vîmes avec surprise que rien ne nous avait échappé, sauf cette for. mule précieuse que nous y trouvâmes:
« La nature jouit de la nature; la nature triomphe de la nature; la nature maîtrise la nature.
Nous fûmes très surpris qu’il eût rassemblé en si peu de mots tout son écrit.
« Je viens[11] moi aussi apporter en Égypte le traité sur les (questions) naturelles, afin que vous vous éleviez au-dessus de la curiosité du vulgaire[12] et de la matière confuse. »
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CHRYSOPEE
4. Prenant du mercure, fixez-le avec le corps métallique[13] de la magnésie,[14] ou avec le corps métallique de l’antimoine d’Italie, ou avec du soufre apyre, ou avec de la sélénite, ou avec de la pierre calcaire cuite, ou avec l’alun de Milo, ou avec l’arsenic,[15] ou comme vous l’entendrez. Mettez la terre blanche (ainsi préparée) sur du cuivre et vous aurez du cuivre sans ombre.[16] Ajoutez de l’argent jaune[17] et vous aurez de l’or; avec l’or (le résultat) sera du chrysocorail[18] réduit en corps (métallique).
Le même effet s’obtient avec l’arsenic jaune[19] et la sandaraque[20] traitée convenablement, ainsi qu’avec le cinabre tout à fait transformé. Le mercure seul produit le cuivre sans ombre. La nature triomphe de la nature.[21]
5. Traitez la pyrite d’argent, que l’on nomme aussi sidérite, suivant l’usage, de manière à la rendre fluide. Or, on la rendra fluide au moyen de la litharge grise, ou de la blanche, ou au moyen de l’antimoine d’Italie. Puis saupoudrez avec du plomb (je ne dis pas simplement avec du plomb, pour que vous ne fassiez pas d’erreur, mais avec le plomb de Coptos) et avec notre litharge noire, ou comme vous l’entendrez. Faites chauffer, puis mettez dans la matière du jaune factice et teignez.[22] La nature jouit de la nature.
6. Traitez la pyrite jusqu’à ce qu’elle devienne incombustible,[23] après avoir perdu sa couleur noire. Traitez-la avec la saumure, ou avec l’urine non corrompue, ou avec l’eau de mer, ou avec l’oxymel, ou comme vous l’entendrez, et faites cuire jusqu’à ce qu’elle devienne pareille aux paillettes d’or qui n’ont pas subi l’action du feu. Cela réalisé, mêlez-y du soufre apyre ou de l’alun jaune, ou de l’ocre attique, ou ce qui vous conviendra. Puis ajoutez de l’argent, pour avoir de l’or; et de l’or, pour avoir la coquille d’or. La nature domine la nature.[24]
7. Fabrication de l’or jaune. — Prenant du claudianos,[25] rendez-le brillant et traitez-le selon l’usage, jusqu’à ce qu’il devienne jaune. Par conséquent jaunissez-le (pour jaunir je ne parle pas de la pierre, mais de la partie utile de la pierre).[26] Or vous jaunirez avec l’alun décomposé, avec le soufre, ou avec l’arsenic, ou avec la sandaraque, ou avec le calcaire, ou avec ce que vous voudrez. Et si vous ajoutez ce composé à l’argent, vous obtiendrez de l’or; si vous l’ajoutez à l’or, vous obtiendrez de la coquille d’or.[27] La nature victorieuse domine la nature.
8. Rendez le cinabre[28] blanc au moyen de l’huile, ou du vinaigre, ou du miel, ou de la saumure, ou de l’alun;[29] puis jaune au moyen du misy, ou du sory,[30] ou de la couperose, ou du soufre apyre, ou comme vous l’entendrez. Jetez (le mélange) sur de l’argent et vous obtiendrez de l’or, si vous avez opéré la teinture en vue de l’or; ou de l’électrum, si vous avez opéré sur du cuivre.[31] La nature jouit de la nature.
9. Faites blanchir selon l’usage la cadmie de Chypre, je parle de celle qui a été affinée. Ensuite faites.la jaunir; or vous la jaunirez avec de la bile de veau, ou de la térébenthine, ou de l’huile de ricin, ou de raifort, ou avec des jaunes d’œufs, toutes substances pouvant la jaunir; puis jetez le mélange sur de l’or. Car l’or s’obtiendra au moyen de l’or et de la liqueur d’or. La nature triomphe de la nature.[32]
10. Traitez l’androdamas[33] avec du vin âpre au goût, ou de l’eau de mer, ou de l’urine, ou de la saumure, toutes substances pouvant éteindre sa force naturelle. Délayez avec de l’antimoine de Chalcédoine, puis traitez de nouveau avec de l’eau de mer, ou de la saumure pure, ou mêlée de vinaigre. Lavez jusqu’à ce que la couleur noire de l’antimoine ait disparu.[34] Faites griller ou cuire, jusqu’à ce que la matière ait jauni;[35] puis faites bouillir dans l’eau du soufre natif.[36] Jetez sur l’argent et, lorsque vous aurez mis du soufre apyre, vous obtiendrez de la liqueur d’or.[37] La nature domine la nature.
11. Prenant de la terre blanche, j’entends celle que l’on tire de la céruse, et des scories d’argent,[38] ou de l’antimoine d’Italie; puis de la magnésie, ou encore de la litharge blanche, faites blanchir. Or vous faites blanchir (cette terre) avec de l’eau de mer ou de la saumure adoucie, ou de l’eau du ciel: j’entends en l’exposant à la rosée et au soleil, de façon que (cette terre) réduite en poudre devienne blanche comme la céruse. Faites fondre et mettez de la fleur de cuivre[39] et de la rouille raclée (je parle de celle qui a subi le traitement); ou bien du cuivre brûlé très altéré, ou de la chalcite; et jetez-y du bleu,[40] jusqu’à ce que la matière devienne solide et compacte, effet qui sera facilement obtenu. Ce que l’on obtient ainsi, c’est le molybdochalque.[41] Assurez-vous aile produit est d’une teinte claire: s’il n’en est pas ainsi, ne vous en prenez pas au cuivre, mais plutôt à vous-même, vu que vous n’aurez pas fait une bonne opération. Préparez donc un métal de teinte claire, divisez-le et ajoutez les substances capables de le jaunir; cuisez, jusqu’à ce que la couleur jaune soit obtenue. Ajoutez-en dans toute espèce de corps métallique, car le cuivre de teinte claire, en devenant jaune, teint toute espèce de corps.[42] La nature triomphe de la nature.
12. Délayez avec du soufre apyre, du sory et de la couperose. Le sory est une matière bleuâtre, rugueuse, que l’on trouve toujours dans le misy: on l’appelle couperose verte.[43] Faites le cuire sur un feu modéré pendant trois jours, jusqu’à ce qu’il devienne jaune.[44] Jetez-le sur le cuivre, ou sur l’argent fabriqué par nous, et vous aurez de l’or.[45]
Déposez le métal réduit en feuilles dans du vinaigre, de la couperose, du misy, de l’alun, du sel de Cappadoce, du natron roux, ou ce que vous voudrez, pendant trois ou cinq ou six jours, jusqu’à ce qu’il se forme de la rouille, puis teignez.[46] Car la couperose fait de l’or avec la rouille. La nature jouit de la nature.
13. Mélange pour la teinture. Traitez la chrysocolle de Macédoine,[47] qui ressemble à la rouille de cuivre, en (la) délayant dans l’urine de génisse, jusqu’à ce qu’elle soit transformée. Car la nature est cachée à l’intérieur (des substances). Quand la chrysocolle sera transformée, plongez-la dans l’huile de ricin, en faisant passer au feu à plusieurs reprises et en teignant. Ensuite mettez cuire avec de l’alun, après avoir préalablement délayé avec du misy, ou du soufre apyre; jaunissez et teignez tout le métal en or.[48]
14. O natures productrices des natures,[49] ô natures majestueuses qui triomphez des natures par les transformations, ô natures qui charmez les natures d’une façon surnaturelle I Telles sont donc les choses qui concernent la grande nature. Il n’y a pas d’autres natures supérieures à celles-ci, dans les teintures; il n’en est pas d’égales, ni d’inférieures. Toutes ces choses sont exécutées au moyen de la dissolution. O mes confrères en prophétie, je sais que vous n’avez pas été enclins à l’incrédulité, mais à l’étonnement; car vous connaissez la puissance de la matière. Tandis que les jeunes gens sont embarrassés et n’ajoutent pas foi à ce qui est écrit, parce qu’ils sont dominés par leur ignorance de la matière; ne sachant pas que les enfants des médecins, lorsqu’ils veulent préparer un médicament propre à guérir, n’entreprennent pas de le faire avec un élan inconsidéré; mais Ils essaient d’abord quelle substance est chaude, quelle autre réunie à celle-ci opère un mélange moyen; quelle substance est froide ou humide, et dans quelle condition elle doit être pour favoriser un mélange moyen. Et c’est de cette façon qu’ils préparent le médicament qu’ils destinent à la guérison.
15. Mais ceux-ci, qui se proposent de préparer la cure de l’âme et la délivrance de toute peine, ne s’aperçoivent pas qu’ils seront embarrassés en procédant par un élan dénué de discernement et de raison. En effet, croyant que nous tenons des discours fabuleux et non symboliques, ils ne font aucune épreuve des espèces: de manière à voir par exemple si telle espèce est bonne pour nettoyer, telle autre accessoire; telle bonne pour teindre, telle pour produire la combinaison complète; si telle convient pour donner du brillant; tandis que telle autre est à éviter par rapport au brillant. Ils ne cherchent pas si telle substance ressortira du fond (de la matière teinte); si telle autre résistera au feu, et si telle autre par son adjonction rendra le corps plus résistant au feu. Ainsi, par exemple, comment le sel nettoie la surface du cuivre et même ses parties internes; et comment il rouille[50] les parties externes, après le décapage, et même les parties internes. Et ensuite, comment le mercure blanchit les parties externes du chrysochalque et les nettoie, et comment il blanchit les parties internes; comment il est éliminé à la surface et comment il sera éliminé des parties internes. Si les jeunes gens étaient exercés dans ces matières, ils n’échoueraient pas dans les préparations entreprises précipitamment. Car ils ne savent pas qu’une seule espèce transforme jusqu’à dix espèces de natures contraires. En effet une goutte d’huile suffit à faire disparaître une grande quantité de pourpre, et un peu de soufre peut brûler beaucoup d’espèces. Voilà ce que nous avions à dire sur les substances sèches, et comment il faut donner son attention à ce qui est écrit.
16. Maintenant, parlons des liqueurs. Prenant de la rhubarbe pontique, broyez-la dans du vin aminéen de saveur âpre. Amenez en consistance cireuse, étendez sur la feuille d’argent,[51] afin de produire l’or.[52] Donnez l’épaisseur de l’ongle et servez-vous d’une couche encore plus mince de la préparation; placez-la dans un vase neuf, luté de toutes parts; faites chauffer doucement jusqu’à pénétration jusqu’au centre de la feuille. Puis mettez la feuille métallique[53] dans le reste de la préparation.
Délayez dans le vin prescrit pour cet usage, jusqu’à ce que la liqueur s’épaississe. Mettez-y aussitôt la feuille, avant qu’elle ne soit encore refroidie. Laissez l’ambition se faire. Puis prenant (la feuille), fondez et vous trouverez de l’or. Si la rhubarbe est ancienne, mêlez-y une égale quantité de chélidoine, que vous aurez préalablement macérée selon l’usage; en effet la chélidoine a de l’affinité pour la rhubarbe. La nature jouit de la nature.
17. Prenez du safran de Cilicie;[54] délayez les fleurs de safran dans le jus de la vigne prescrit pour cet usage et faites une liqueur, à la manière ordinaire. Trempez-y l’argent en feuilles, jusqu’à ce que la couleur vous plaise. Et si c’est une feuille de cuivre, cela vaudra mieux: purifiez le cuivre au préalable, suivant l’usage. Puis prenant de la plante aristoloche, deux parties; du safran et de la chéildoine, une dose double: mettez en consistance de cire et, après avoir enduit la feuille, travaillez suivant la première marche vous serez surpris du résultat.
En effet le safran de Cnide a la même action que le mercure; comme le cassia a la même action que la cannelle. La nature triomphe de la nature.
18. Prenant notre plomb rendu peu fusible,[55] au moyen de la terre de Chio, de la pierre de Paros et de l’alun; faites-le fondre sur un feu de paille et projetez sur de la pyrite.
Prenez (d’autre part) le safran, le carthame, la fleur d’œchomène,[56] la chélidoine, le marc de safran et l’aristoloche; délayez-les dans du vinaigre très fort et faites une liqueur, suivant l’usage; puis laissez le plomb s’imbiber dans de la rhubarbe, et vous trouverez de l’or.[57] Que la composition contienne aussi un peu de soufre. La nature domine la nature.
ig. Cette matière de la Chrysopée, accomplie par des opérations naturelles, est telle de Pamménès, qui l’enseigna aux prêtres en Egypte. Or ne vous étonnez pas si une seule espèce accomplit un tel mystère.[58] Ne savez-vous pas que la multiplicité des préparations, même avec beaucoup de temps et de peine, ne ressoude pas la fracture du fer; tandis que l’excrément humain[59] y réussit aussitôt. Dans les maladies qui exigent l’emploi des caustiques, la multiplicité des remèdes ne sert à rien; tandis que la chaux vive seule, mise en œuvre convenablement, guérit la maladie. Souvent la variété des traitements dans l’ophtalmie a pour effet de faire du mal; tandis que le nerprun épineux est une plante qui réussit bien, dans toute affection de ce genre. Il faut donc dédaigner cet ensemble de matières vaines et intempestives et se servir des seules substances naturelles (convenables).[60] Maintenant jugez d’après cela si quelqu’un peut accomplir l’œuvre, sans les natures exposées précédemment. Mais si l’on ne peut rien faire sans elles, pourquoi aimons-nous cette fantaisie de matières diverses? Pourquoi, chez nous, ce concours de nombreuses espèces tendant au même résultat, étant donné qu’une seule nature triomphe du Tout?
Voyons la composition des espèces, en vue de l’Argyropée.
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FABRICATION DE L’ASEM[61]
20. Fixez suivant l’usage le mercure[62] tiré de l’arsenic ou de la sandaraque, ou préparé comme vous l’entendrez; projetez (le) sur le cuivre et le fer[63] traité par le soufre, et le métal deviendra blanc.[64]
Le même effet est produit par la magnésie blanchie,[65] l’arsenic[66] transformé,[67] la cadmie calcinée, la sandaraque[68] apyre,[69] la pyrite blanchie,[70] et la céruse[71] cuite avec du soufre. Vous amollirez le fer en y mettant de la magnésie, ou du soufre,[72] moitié moins, ou de la pierre magnétique en petite quantité; car la pierre magnétique a de l’affinité pour le fer. La nature charme la nature.
z s. Prenant la vapeur[73] décrite précédemment, faites la cuire dans l’huile de ricin[74] ou de raifort, avec addition d’un peu d’alun. Puis prenant de l’étain, purifiez avec du soufre suivant l’usage, ou avec de la pyrite,[75] ou comme vous l’entendrez. Incorporez avec la vapeur (mercurielle) et faites le mélange. Mettez cuire sur une flamme enveloppante, et vous trouverez un produit analogue à la céruse. Cette préparation blanchit toute sorte de corps (métalliques). Mêlez-y dans les projections la terre de Chio,[76] ou l’astérite, ou la sélénite, ou ce que vous voudrez; car la sélénite mêlée au mercure blanchit toute sorte de corps. La nature triomphe de la nature.[77]
22. Magnésie blanche:[78] blanchissez-la avec de la saumure et de l’alun lamelleux, dans de l’eau de mer;[79] ou dans un jus naturel, je parle du jus de citron; ou bien dans la vapeur de soufre. Car la fumée du soufre étant blanche, blanchit tout. Quelques-uns disent aussi que la fumée des cobathia[80] blanchit (la magnésie?) Mêlez-y après le blanchiment une quantité égale de lie, afin qu’elle devienne très blanche. Après avoir pris 4 onces de cuivre blanchâtre, je parle de l’orichalque, fondez-les et jetez-y peu à peu 1 once d’étain purifié d’avance, en agitant par en bas (le creuset) avec la main, jusqu’à ce que les substances se soient mariées. Projetez ainsi la moitié de la préparation blanche, et ce sera la première (opération; car la magnésie blanchie ne rend pas les corps métalliques fragiles, et ne ternit pas l’éclat du cuivre. La nature domine la nature.
23. Prenant du soufre blanc, blanchissez-le en le délayant au soleil, avec de l’urine, ou avec de l’alun et de la saumure de sel. Le soufre natif est de beaucoup le plus blanc. Délayez-le avec de la sandaraque, et de l’urine de génisse, pendant 6 jours, jusqu’à ce que la préparation devienne semblable au marbre. Quand elle le sera devenue, il y aura là un grand mystère; car elle blanchit le cuivre, elle amollit le fer, elle rend l’étain compacte,[81] et le plomb peu fusible; elle rend solides les substances métalliques et fixe les teintures. Le soufre mglé au soufre rend les substances métalliques sulfureuses, parce qu’elles ont une grande affinité pour lui. Les natures charment les natures.[82]
24. Broyez la litharge propre à blanchir avec du soufre, ou de la cadmie, ou de l’arsenic, ou de la pyrite, ou de l’oxymel,[83] afin qu’elle ne soit plus fluide. Faites cuire sur un feu très clair, après avoir consolidé le vase. Tenez la composition dans l’état, en y ajoutant du calcaire cuit, imbibé de vinaigre, pendant 3 jours, afin qu’elle devienne plus propre à décaper. Projetez donc (sur le métal) la préparation devenue plus blanche que la céruse. Elle devient souvent jaune, si le feu a été excessif; mais si elle devient jaune, dès lors elle ne vous est plus utile; car il s’agit de blanchir les corps métalliques. Faites-la donc cuire convenablement et jetez-la sur tout corps métallique destiné à tre blanchi. Si la litharge perd sa fluidité, elle ne peut plus redevenir du plomb. Or cela arrive facilement, car la nature du plomb se transforme aisément en beaucoup d’autres. Les natures triomphent des natures.
25. Prenant du safran de Cnide, broyez-le dans de l’eau de mer ou de la saumure et faites une liqueur; mettez sur le feu et teignez-y des feuilles de cuivre, de plomb, de fer, jusqu’à ce que le résultat vous plaise.[84] (Ces feuilles) deviennent ainsi blanches. Puis prenez la moitié de la préparation, et délayez avec de la sandaraque, ou de l’arsenic blanc, ou du soufre apyre, ou ce que vous voudrez, et donnez (au mélange) la consistance cireuse. Enduisez la feuille et placez dans un vase neuf bien luté, selon l’usage. Placez sur un feu de sciure de bois pendant tout un jour. Ensuite, ayant enlevé (du feu), placez dans une liqueur pure, et le cuivre sera blanc, très blanc. Faites le surplus comme l’artisan; car le safran de Cilicie blanchit avec l’eau de mer et jaunit avec le vin. La nature charme la nature.
26. Prenez de la litharge blanche et broyez-la avec des feuilles de laurier, de la terre Cimolienne, du miel et de la sandaraque blanche, et faites un mélange visqueux. Enduisez le métal avec la moitié de la préparation, puis mettez au feu selon l’usage. Trempez dans le reste de la préparation, après avoir délayé avec de l’eau et de la cendre de bois de peuplier; car les mélanges sans substance propre[85] opèrent bien sans feu. On rend ainsi les teintures[86] capables de résister à la chaleur, même aidée des liquides. La nature triomphe de la nature.
27. Prenant la vapeur sublimée décrite plus haut, broyez avec de l’alun et du misy, et après avoir imbibé avec du vinaigre, jetez-y un peu de cadmie blanche, ou de magnésie, ou de chaux vive, afin que d’un corps métallique il s’en forme un autre. Broyez avec du miel très blanc; faites une liqueur, dans laquelle vous teindrez à chaud ce que vous voudrez; laissez déposer et la transformation sera accomplie. Ajoutez à la composition un peu de soufre apyre, afin que la préparation pénètre à l’intérieur.[87] La nature domine la nature.
28. Prenez 1 once d’arsenic, une demi-once de natron, 2 onces de la pellicule des feuilles tendres du pêcher, une demie (once) de sel, 1 once de suc de mûrier, de l’alun schisteux une quantité égale. Délayez tout ensemble dans du vinaigre, ou de l’urine, ou de la chaux liquide,[88] jusqu’à ce qu’il se forme un liquide (homogène). Teignez-y à chaud les feuilles obscurcies (oxydées) du métal et vous obtiendrez un métal sans ombre (brillant).[89] La nature domine la nature.
29. Ecartez toutes les choses utiles à l’or et à l’argent, et il ne reste rien; il n’y a plus rien à exposer, excepté la montée (évaporation) de la vapeur sublimée et de l’eau;[90] mais je passe à dessein ces choses sous silence, attendu qu’elles figurent largement dans mes autres écrits. Profitez du présent écrit.[91]
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II. ii. — DÉMOCRITE A LEUCIPPE
(Livre V de Démocrite adressé à Leucippe.)
Démocrite à Leucippe, son ami, salut.[92]
Sache ce qu’il y avait sur ces arts des Égyptiens, ô Leucippe, dans les livres des prophètes persans.[93] J’ai écrit dans le dialecte vulgaire; parce que c’est celui qui convient le mieux au sujet; mais le livre lui-marne n’est pas vulgaire; car il contient des énigmes mystiques, anciennes et très raisonnables; énigmes que les ancêtres et les rois de la divine Égypte ont exposées.[94]
Quant à moi qui suis ton ami, je me servirai d’énigmes raisonnables, telles que personne n’en a écrites pour moi parmi les initiés Egyptiens. Toi, médecin, qui as l’esprit éveillé, j’aurai soin de t’expliquer ouvertement toutes choses. L’ouvrage comprend le blanchiment et le jaunissement, ainsi que les amollissements et les cuissons du minerai de cuivre. Je laisse de côté la teinture; mais plus tard je reviendrai sur tous les produits singuliers qui se fabriquent au moyen de ce mime cuivre et du cinabre. Tu peux faire de l’or avec la cadmie et les autres espèces, par calcinations et alliages, et fabriquer des produits singuliers.
2. Or, le livre commence ainsi: Prenez de l’arsenic lamelleux, et fabriquez des feuilles métalliques. Mettez dans un pot rond, et brûlez. Puis, lorsque (la préparation) est à point, jetez-y du lait ancien, en le versant sans incliner le vase. Lorsqu’il est coagulé, enlevez et délayez avec de l’alun arrosé d’urine de génisse, pendant sept jours; puis, faites sécher au soleil; et délayez-y de nouveau de la saumure; jetez-y l’efflorescence saline;[95] gardez pendant sept jours, et le produit se forme. Prenez-le; faites sécher de nouveau au soleil; mettez cette (préparation) dans un pot, faites-la cuire avec de l’huile de ricin ou de raifort, jusqu’à ce qu’elle devienne jaune. Projetez-y du cuivre et il blanchira. Le même effet est produit par la sandaraque. En traitant de même par la matière verte, la moitié du cuivre sera employée pour le jaunissement, et l’autre partie pour certains arrangements.[96]
3. Voici comment s’opère le traitement des matières sulfureuses pour le blanchiment du cuivre. Prenant de l’arsenic, faites macérer, soit dans le sel pendant neuf jours, soit dans l’urine d’un impubère; ou bien, car cela vaut mieux, pendant vingt et un jours. Puis délayez dans du vinaigre[97] de citron, pendant sept jours, en y mélangeant la partie blanche des citrons; ensuite faites sécher. Puis, prenant de la sandaraque couleur de fer, mettez-la en morceaux et faites macérer dans la saumure, pendant vingt et un jours. Puis, prenant de l’eau et du calcaire, faites une liqueur, desséchez et conservez. Ensuite, prenant la sandaraque, faites la bouillir avec de l’huile pendant un jour; faites bouillir pareillement sur (un feu) de sciure de bois, avec de la chaux et maintenez l’eau en contact pendant un jour et une nuit. Ensuite, prenant de l’une et de l’autre parties égales, jetez dans une rogé.[98] Faites cuire dans l’huile de ricin ou de raifort, jusqu’à ce que la matière soit sèche, et conservez. Ensuite (prenant) du minerai de cuivre, pareil (en couleur) au corail natif, sans opérer la fusion à la façon des artisans, mélangez (?). D’abord nettoyez le vase de verre (destiné à contenir le mélange?); puis, affinez de la manière que j’exposerai plus tard. Ensuite, projetez (sur le métal), et le produit sera blanchi.[99] Partagez en deux pour l’usage, ainsi que je vous l’ai dit plus haut.[100]
4. Prenant seulement deux parties du cuivre traité; de l’arsenic et de la sandaraque, une partie de chaque; de l’alun, une demi-partie; et de la pute de safran, deux parties; délayez, pendant vingt et un, ou quatorze, ou sept jours. Pour délayer, jetez le liquide sur la matière, et après l’avoir épuisée, vous verrez pendant le délaiement, un changement de couleur, pareil à ceux du caméléon. Mais lorsque la matière ne change plus et cesse d’offrir plusieurs apparences, alors comprenez que vous obtiendrez heureusement le délaiement en opérant, suivant le procédé des Prophètes égyptiens, dans un vase de verre; ils font cuire légèrement et ils projettent.
5. Pour notre part, ceux qui nous inspirent confiance exposent autrement, en langage ordinaire, les opérations subséquentes. Prenant le cuivre et plaçant dans le mortier la préparation huileuse, mettez le produit dans une boite et faites macérer pendant 31, ou 21, ou 15 jours, principalement dans le crottin de cheval;[101] enlevez ensuite et gardez. Délayez à la façon des médecins, jetant dans la composition du misy, de la couperose, en quantité convenable, du safran, de la chélidoine, à raison d’une partie de chaque contre quatre parties de rouille[102] macérée. Puis faites fondre, après avoir délayé avec un peu de jaune (bile de veau), et attendri avec de la gomme le produit amené à un état constant par la macération consciencieusement pratiquée. Lorsque vous aurez délayé à la manière des médecins, ajoutez quelque peu de la partie aqueuse des plantes, avec de l’efflorescence saline et du suc de poireau.[103] Ensuite reprenant le produit, faites le cuire à la manière des médecins dans une cuiller, en agitant avec une spatule. Broyez, faites cuire pendant trois jours: trois décoctions de quatre heures chaque jour. Lorsque vous aurez achevé la cuisson, en veillant à ce que la composition ne se dessèche pas, mais conserve la consistance oléagineuse mettez dans un vase de verre; faites digérer peu à peu dans du fumier, jusqu’à ce que la matière se solidifie. Enlevez et délayez: gardez.
Prenant du minerai d’argent; de la terre de la qualité la plus tendre, celle que quelques.uns nomment terre de Chio ou ochre, deux parties; du minium du Pont, une partie, et du contenu de la fiole, deux parties; délayez avec la partie liquide du soufre et faites cuire sur un feu régulier: vous trouverez un corps puissant, possédant la couleur du cinabre, ou du corail, ou du minium. Cette grande merveille, cette merveille inénarrable, on la nomme chrysocorail (corail d’or). Quant aux autres noms qu’elle reçoit, le vulgaire les ignore.[104] Projetez cette substance et soumettez l’argent à l’action du feu. Cache ce Tout[105] que nous avons blanchi; par crainte de l’envie, ô Leucippe. Bonne santé.
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II. iii. — SYNÉSIUS LE PHILOSOPHE A DIOSCORUS
SUR LE LIVRE DE DÉMOCRITE. — COMMENTAIRES
A Dioscorus, prêtre du grand Sérapis, à Alexandrie, avec l’approbation de Dieu, le philosophe Synésius, salut.
1. La lettre que tu m’as adressée sur le livre du divin Démocrite ne m’a pas laissé indifférent; loin de là. Avec beaucoup de zèle et un grand effort, je me suis mis l’esprit à la torture et j’ai eu hâte de venir auprès de toi. Nous nous proposons de dire quel était cet homme, le philosophe Démocrite, ce naturaliste venu d’Abdère, qui n dirigé ses investigations sur toutes les choses de la nature et qui n traité des êtres naturels. Abdère est une ville de Thrace. Démocrite était un très savant homme qui, venu en Egypte, fut initié aux mystères par le grand Ostanès, dans le sanctuaire de Memphis, par lui et ses disciples, prêtres d’Egypte. Tirant de lui ses principes, il composa quatre livres de teinture, sur l’or et l’argent,[106] sur les pierres et sur la pourpre. Par ces mots, s tirant ses principes, j’entends qu’il écrivit d’après le grand Ostanès. Car cet (écrivain) est le premier qui ait émis ces axiomes: « la nature est charmée par la nature; et e la nature domine la nature s; et « la nature triomphe de la nature s, etc.
2. Mais il est nécessaire que nous recherchions (le sens des écrits) du Philosophe[107] et que nous apprenions quelle est la pensée et quel est l’ordre de ses enseignements successifs. Qu’il ait formé deux catalogues, c’est un fait certain pour nous; car il a fait deux catalogues, à savoir: celui du jaune et celui du blanc. D’abord il a catalogué les solides, puis les liqueurs, c’est-à-dire les matières aqueuses, bien qu’aucune de celles-ci ne soit employée dans l’Art. En effet, lui-même, en parlant du grand Ostanès, atteste que celui-ci ne s’était pas servi des projections des Egyptiens, ni de leurs procédés de cuisson; mais qu’il opérait sur les substances avec des enduits placés au dehors, et faisant agir le feu il effectuait la préparation. Et il dit: c’est l’usage chez les Perses d’opérer ainsi.[108] Or ce qu’il dit signifie que: si tu n’atténues[109] pas les substances, si tu ne les dissous pas, si tu ne les épuises pas de leur partie liquide,[110] tu ne feras rien.
3. Arrivons maintenant aux discours de l’écrivain; écoutons ce qu’il dit.[111] Il est d’abord question de la rhubarbe du Pont. Remarque la circonspection de notre auteur. Il a commencé par les plantes, afin d’indiquer la fleur;[112] car les plantes portent des fleurs. Il a parlé de la rhubarbe du Pont, parce que le Pont-Euxin[113] est alimenté par les fleuves qui s’y écoulent. Voulant donc mettre ce point en lumière, il entend par là[114] l’épuisement de la partie liquide, l’assombrissement[115] et l’atténuation[116] des corps métalliques, ou des substances.
3 bis. Dioscorus. — Et dans quel sens dit-il: « le serment nous a été imposé de ne rien exposer clairement à personne »?
Synésius. — Il a dit avec raison « à personne s, c’est-à-dire à personne d’entre les non initiés. Le mot personne ne se rapporte pas à tout le monde absolument; car lui-même parle pour ceux qui sont initiés et qui ont l’esprit exercé.
4. Remarque encore ce qu’il dit dans l’Introduction de la Chrysopée: le mercure, provenant du cinabre et la chrysocolle.
D. — A-t-on besoin de ces sortes (de substances)?
S. —Non, Dioscorus.
D. — Mais desquelles a-t-on besoin?
S. — Tu l’as entendu dire; entends-le encore une fois. En parlant de la dissolution des corps (métalliques), on veut dire que tu les dissolves et que tu en fasses des eaux;[117] afin qu’ils deviennent fluides et qu’ils s’assombrissent[118] et qu’ils soient atténués.[119] C’est là ce que l’on appelle eau divine,[120] mercure, chrysocolle, soufre apyre.
Il y a aussi d’autres dénominations. Ainsi le blanchiment est une calcination, et le jaunissement une régénération ignée; car telles de ces (substances) se calcinent elles-mêmes, et (telles autres) se régénèrent elles-mêmes.[121] Mais le Philosophe les a désignées par plusieurs noms[122] et tantôt au singulier, tantôt au pluriel, afin de nous exercer et de voir si nous sommes intelligents; car il a dit, en poursuivant son discours: « Si tu es intelligent et que tu procèdes comme il a été écrit, tu seras bienheureux; car tu vaincras par la méthode la pauvreté, ce mal incurable ». Il nous détourne donc et nous détache de la vaine erreur, afin de nous affranchir de cette imagination de la pluralité des matières.[123]
Fais attention à ce qu’il dit dans l’Introduction de son livre: « Je viens moi aussi en Egypte, apportant les questions naturelles, afin que vous dédaigniez la matière multiple.[124] Or il appelle naturels: les corps (métalliques) solides. Car si ces (corps) ne sont pas dissous, puis de nouveau solidifiés, rien n’aboutira pour l’accomplissement de l’œuvre.
5. Pour que nous comprenions bien que les liquides dérivent dessoudes, — autrement dit la fleur,[125] — vois comment il s’exprime: « Les produits contenus dans les liqueurs sont le safran de Cilicie, l’aristoloche, etc. ». En parlant ainsi des fleurs, il nous a fait voir que les eaux dérivent des solides. Et pour nous persuader qu’il en est ainsi, après avoir dit « l’urine d’un impubère », il ajoute: l’eau de chaux, l’eau de cendre de choux, l’eau de lie, l’eau d’alun »; et, à la fin, il parle du lait de chienne. Il est évident pour nous que cela est pris dans le sens vulgaire; car il s introduit comme substances propres à dissoudre les corps (métalliques), l’eau de natron et l’eau de lie. Vois comment il a dit: « L’objet même de la Chrysopée, ce sont les choses qui transforment la matière et produisent les métaux[126] et les (substances) qui résistent à l’action du feu; car en dehors de ces choses il n’y a rien de sur. Si donc tu es intelligent et que tu procèdes comme il a été écrit, tu seras bienheureux».
6. D. — Et comment dois-je comprendre? Philosophe, je désire apprendre de toi la méthode. Car si je m’en rapporte seulement aux explications données (précédemment), je n’en tirerai aucun profit.
S. — Écoute, Dioscorus, comment il parle; aiguise ton esprit sur le texte de son discours, et applique-toi (à saisir) dans quel sens il dit: Transforme leur nature, car la nature s été cachée à l’intérieur ».[127]
D. — O Synésius, de quelle transformation parle-t-il?
S. — De celle des corps (métalliques.)
D. — Et comment l’accomplir, comment en transporter la nature au dehors?
S. — Aiguise ton esprit, Dioscorus, et fais attention aux expressions employées.
D. — Comment s’exprime-t-il?
S. — Si donc tu traites (la matière) comme il faut, tu transportes la nature au dehors. Il s’agit de la terre de Chio, de l’astérite, de la cadmie blanche, etc. Remarque quelle est la circonspection de l’auteur, comment il a fait allusion à toutes sortes de substances blanches, afin de faire entendre le blanchiment. Ce qu’il dit, Dioscorus, revient donc à ceci Mets les corps (métalliques) avec le mercure et divise finement, puis reprends un autre mercure. Car le mercure attire à soi toutes choses. Laisse macérer 3 ou 4 jours; jette le produit dans un botarion (matras ou vase de digestion), et place sur un bain de cendre qui ne soit pas chauffé par un feu ardent, mais chauffé doucement; c’est-à-dire sur un bain à kérotakis. Pendant l’action du feu, on ajuste au botarion un Instrument de verre en forme de mamelle, adapté à sa partie supérieure, avec chapiteau.[128] Reçois l’eau qui s’échappe par la pointe de la gorge et garde-la pour la décomposition c’est là ce qu’on appelle l’eau divine (ou l’eau de soufre).
Elle produit la transformation, c’est-à-dire l’opération qui amène au dehors la nature cachée: c’est ce qu’on appelle, la dissolution des corps (métalliques).
Cette (préparation), lorsqu’elle a été décomposée, prend le nom de vinaigre, ou de vin aminéen, et des noms analogues.
7. Pour que tu admires l’habileté de l’auteur, vois comment il a formé deux catalogues: (l’un) de la Chrysopée, (l’autre) de l’Argyropée, et en outre deux liquides: l’un pour le jaune, l’autre pour le blanc, c’est-à-dire pour l’or et pour l’argent; il a nommé le catalogue de l’or, Chrysopée, et celui de l’argent, Argyropée.[129]
D. — Tu parles tout à fait bien, philosophe Synésius Mais quel est le premier point de l’art, est-ce le blanchiment, ou le jaunissement?
S. — C’est plutôt le blanchiment.
D. — Et pourquoi parle-t-il d’abord du jaunissement?
S. — Parce que l’or est préféré à l’argent.
D. — Devons-nous procéder ainsi, Synésius?
S. — Non, Dioscorus; mais il convient d’exercer notre esprit et notre pensée. Voici comment les choses ont été arrangées. Ecoute le parler: « Je m’entretiens avec vous comme étant des gens intelligents, et j’exerce votre esprit. » Maintenant si tu veux savoir exactement les choses, fais attention que dans les deux catalogues le mercure a été classé avant toutes choses, et dans le jaune: ce qui signifie l’or; et dans le blanc: ce qui signifie l’argent. Dans (le traité de) l’or, il est dit: « Le mercure qui provient du cinabre). Et dans le (traité du) blanc, il est dit: le mercure qui provient de l’arsenic ou de la sandaraque[130] », etc.
8. D. — Le mercure est donc de différentes sortes?
S. — Oui, il est de différentes sortes, tout en étant un.
D. — Mais, s’il est un, comment est-il de différentes sortes?
S. — Oui, il est de différentes sortes, et il a une très grande puissance. N’as-tu pas entendu dire à Hermès: « Le rayon de miel[131] est blanc, et le rayon de miel est jaune? »
D. — Oui, je (le lui) ai entendu dire. Mais ce que je veux apprendre, Synésius, enseigne-le moi: c’est l’opération que tu sais. Le mercure prend donc de toute manière les apparences de tous les corps?
S. — Tu as compris, Dioscorus. En effet, de même que la cire affecte la couleur qu’elle a reçue; de même aussi le mercure, ô philosophe, blanchit tous les corps et attire leurs âmes; il les digère par la cuisson et s’en empare. Etant donc disposé convenablement, et possédant en lui-même le principe de toute liquidité, lorsqu’il a subi la décomposition, il opère partout le changement des couleurs. Il forme le fond[132] permanent, tandis que les couleurs n’ont pas de fondement propre. Ou plutôt le mercure, perdant son fondement propre, devient un sujet modifiable par les traitements exécutés sur les corps métalliques et sur leurs matières.[133]
9. D. Et quels sont ces corps et leurs matières?[134]
S. — C’est la tétrasomie[135] et ses congénères.
D. — Et quels sont ses congénères?
S. — Tu as entendu dire que leurs matières sont leurs âmes.[136]
D. — Ainsi les matières (des métaux) sont leurs âmes?
S. — Oui; car de même que le menuisier, lorsqu’il prend un objet de bois et qu’il fabrique un siège, ou un char, ou quelque autre chose, ne travaille que sur la matière; de même aussi opère cet art, ô philosophe, lorsqu’il divise les corps. Ecoute, ô Dioscorus: le tailleur de pierre taille la pierre, ou bien la scie, afin de la rendre propre à son usage. Semblablement aussi le menuisier scie et taille le bois, pour en faire un siège, ou un char: l’artiste ne cherche pas par-là à modifier autre chose que la forme; car il n’y a rien là que du bois. Semblablement aussi, l’airain façonné en statue, en anneau, ou en tout autre objet: l’artiste ne cherche à modifier que la forme.[137]
De même aussi le mercure travaillé par nous reçoit toutes sortes de formes. Fixé sur un corps formé des quatre éléments, ainsi qu’il a été dit, il y demeure fermement attaché et il est impossible de l’en chasser: il est à la fois dominé et dominant. Voilà pourquoi Pébéchius disait qu’il avait une grande affinité.
10. D. — Tu as bien résolu (les difficultés), philosophe. Tu m’as instruit, philosophe.
S. — Je veux donc revenir en hâte à la parole de l’auteur, en reprenant dès le commencement les choses qu’il a dites en langage indirect u le mercure (ordinaire) provient du cinabre. Mais tout mercure est engendré par les corps (métalliques).[138]
D. — Ne parle-t-il pas ici du cinabre, afin de montrer que le mercure (ordinaire) provient du cinabre?
S. — Le cinabre désigne la substance mercurielle jaune; tandis que la substance mercurielle blanche est le mercure. En acte, il existe à l’état blanc; tandis qu’en puissance, il devient jaune.[139]
D. — Le Philosophe n’a-t-il pas dit: « O natures célestes, créatrices des natures, vous triomphez des natures au moyen des transmutations I.
S. — Oui; c’est pour cela qu’il a dit: « …… car si tu n’opères pas la transformation, il est impossible que l’effet attendu se produise. C’est en vain que prendront de la peine ceux qui approfondissent l’étude des matières, à moins qu’ils ne recherchent les natures des corps (métalliques) de la magnésie. Car il est permis aux opérateurs et à ceux qui transcrivent les mêmes enseignements d’employer indifféremment telle ou telle manière. Donc il a dit: « le corps de la magnésie; ce qui signifie le mélange des substances. C’est pour cela qu’il dit, en poursuivant, dans l’introduction de (son livre sur) la fabrication de l’or: Prenant du mercure, fixez-(le) avec le corps (métallique) de la magnésie ».[140]
11. D. — Ainsi le mercure est l’élément qu’il faut préférer?
S. — Oui, car c’est par lui que le Tout est défait, puis rétabli de nouveau: suivant le degré convenable pour chaque traitement, on réussit avec la chrysocolle,[141] autrement dite batrachion,[142] qui se rencontre parmi les pierres vertes.
D. — Qu’est-ce que la chrysocolle ou batrachion ? Quelle est la signification de ces mots: « qui se rencontre dans les pierres vertes »?
S. — Il est nécessaire que nous le cherchions. Nous devons donc connaître ce qui est relatif aux couleurs vertes. Eh bien! parlons-en, d’après ce qui est relatif à l’homme. Car l’homme est le plus important de tous les animaux vivant à la surface de la terre. Nous disons de l’homme qui a pâli,[143] qu’il est devenu vert; il est évident que, comme l’ocre, il change de qualité spécifique en passant à la couleur dorée. Ceci est encore plus évident, si on le compare à l’écorce de citron, qui représente la qualité même de la couleur jaune pâle. L’auteur poursuivant a parlé aussi de l’arsenic jaune,[144] afin de montrer qu’il s’agit bien de la qualité spécifique de la couleur pâle.
12. Mais, pour que tu voies combien il a mis de circonspection pour exposer cela en détail, observe avec attention dans quel sens il dit: « Le mercure qui provient du cinabre, (c’est) le corps métallique de la magnésie.[145] Puis il ajoute la chrysocolle, le claudianos, l’arsenic. Il a introduit le nom de l’arsenic[146] (c’est-à-dire du masculin), afin de le distinguer des substances féminines.[147] Après le claudianos, il parle de l’arsenic jaune: il met d’abord deux substances jaunes du genre féminin,[148] puis deux substances du genre masculin. Il faut donc approfondir et voir ce que cela peut vouloir dire. Comme j’avance, Dioscorus ! Ici il transforme l’or, puis il reprend la cadmie, ensuite l’androdamas; or, l’androdamas et la cadmie sont des substances sèches. Il met en évidence la sécheresse[149] des corps, et afin de rendre cela bien manifeste, il s ajouté l’alun décomposé. Remarque quelle est la circonspection de l’auteur. Il voulait que les gens sensés com. prissent dans quel sens il les instruisait, en parlant de l’alun décomposé; car il devait se faire entendre en cela, même des non initiés. Mais, afin que la chose devînt plus certaine pour toi-même, il a ajouté aussitôt le soufre apyre, c’est-à-dire le soufre non calciné. Le Tout, c’est-à-dire les espèces desséchées, signifie les corps métalliques amenés à l’unité.[150] Ensuite Il ajoute la pyrite désagrégée, ne désignant aucun autre corps et sans spécifier. Ceci est établi comme une vérité, à savoir que ce qui reste à la fin est sec. Faisant des subdivisions dans cette matière, Il ajoute le minium du Pont.[151] Ainsi, passant des substances sèches aux substances liquides, Il a parlé du minium, et spécialement de celui du Pont. Car s’il n’avait pas ajouté « du Pont s, il ne serait pas arrivé à se faire comprendre.[152] Et voulant confirmer (son dire), il a ajouté l’eau du soufre natif, provenant du soufre seul.
13. D. — Tu as bien résolu (les difficultés), philosophe; mais prends garde dans quel sens, il a dit: « si en le purifiant par la chaux...
S. — O Dioscorus, tu ne fais pas attention. La chaux vive est blanche, et l’eau qui en provient est blanche et flpre, et l’eau de soufre, par ses exhalaisons, blanchit. Pour plus de clarté, il a ajouté aussitôt: « la vapeur de soufre). N’a-t-il pas rendu tout cela évident pour nous?
D. — Oui, tu as bien parlé. Après cela (il mentionne) le sory jaune, la couperose jaune et le cinabre.[153]
S. — Le sory et la couperose, des substances jaunes? Comment cela? Tu n’ignores pas qu’elles sont vertes.[154] Ayant donc en vue la réduction du cuivre (à l’état métallique), c’est-à-dire sa recherche, ou plutôt la teinture du Tout,[155] il s’est exprimé ainsi, en apportant une nouvelle confirmation, et il a ajouté sur la fin: « Après que l’on a fait disparaître la rouille, opération appelée réduction, alors la projection des liquides ayant eu lieu, il se produit un jaunissement stable. Réellement la libéralité de l’auteur est rendue ici manifeste.
14. En effet, vois comme aussitôt il réunit les choses dans son explication. Quant aux substances susceptibles de former des liqueurs, ce sont le safran de Cilicie,[156] l’aristoloche, la fleur de carthame, la fleur du mouron à fleurs bleues. Que pouvait-il dire ou énumérer de plus, afin de nous persuader, sinon parler de la fleur du mouron? En effet, admire avec moi. Il ne parle pas seulement « du mouron », mais encore de sa fleur); le mot mouron nous indiquant l’ascension de l’eau,[157] et le mot fleur, l’ascension des âmes de ces plantes, c’est-à-dire celle de leurs esprits.[158] En effet, s’il n’en est pas ainsi, il n’y a rien de sûr. Livrés à de vains efforts, les misérables qui sont ballottés sur cette mer, avec une multitude de peines et de fatigues, ne pourront jamais avoir aucun profit.
15. D. — Et pourquoi, encore une fois, ce philosophe généreux, ce maître habile, a-t-il ajouté la rhubarbe du Pont?
S. — Remarque la libéralité de l’auteur. Il a parlé de la rhubarbe elle-même, et afin de nous persuader, il a ajouté « du Pont ». Car y a-t-il un philosophe qui ne sache que la mer (pontoV) est alimentée de tous côtés par l’eau des fleuves[159]?
D. — Tu as parlé véridiquement, Synésius, et tu m’as réjoui lime aujourd’hui; car ces choses ne sont pas médiocres. Maintenant je te prie de m’enseigner en outre, pourquoi il a parlé plus haut de la couperose jaune; tandis qu’ici, il ajoute ce mot, sans spécifier « avec la couperose bleue ».[160]
S. — Ces mots, ô Dioscorus, indiquent les fleurs, car elles sont jaunes, mais, comme l’eau que l’on fait monter[161] a besoin d’éprouver une fixation, il a ajouté aussitôt: la gomme d’acanthe » Ensuite il a ajouté: « l’urine d’un impubère, l’eau de chaux, l’eau de cendres de chou, l’eau d’alun,[162] l’eau de natron,[163] l’eau d’arsenic et de soufre[164] ». Remarque comme il a mis en avant toutes les (substances) susceptibles de produire la dissolution et la dispersion, nous enseignant évidemment par là la dissolution des corps (métalliques).
16. D. — Oui, tu as bien parlé. Et dans quel sens a-t-il dit à la fin: « le lait de chienne »? Est-ce afin de montrer que le Tout est tiré de la chose commune[165]?
S. — Réellement, tu as compris, Dioscorus; mais observe avec attention dans quel sens il dit: e Cette matière est celle de la Chrysopée.
D. — Quelle matière?
S. — Qui ne sait que toutes les choses (dont il s’agit) sont volatiles? Car ni le lait[166] d’ânesse, ni le lait de chienne ne peuvent résister au feu. Le lait d’ânesse, si tu le déposes quelque part, pendant un nombre de jours convenable, finit par disparaître.
D. — Que signifient ces mots: Telles sont les (substances) qui transforment la matière; telles sont celles qui rendent les corps résistant au feu, étant elles-mêmes volatiles)? Et ces mots En dehors de ces substances, il n’y e rien de sûr?
S. — C’est afin que les misérables pensent que ces choses sont vraies.[167] Mais écoute encore ce qu’il dit et ajoute: « Si tu es intelligent et que tu procèdes comme il a été écrit au lieu de: « Si tu es habile et que tu discernes le calcul qu’il faut employer; alors tu seras bienheureux. Et que dit-il ailleurs? Je m’adresse à vous qui êtes des gens sensés. »
Il faut donc que nous exercions nos esprits et que nous ne nous trompions pas, afin que nous évitions la maladie incurable de la pauvreté et que nous ne soyons pas vaincus par elle; de crainte qu’étant tombés dans la vaine pauvreté nous ne soyons malheureux, étant devenus incapables de tirer profit de nos travaux. Nous devons exercer nos esprits, aiguiser notre intelligence.
17. D. — Pourquoi ajoute-t-il le mot de projeter)?
S. — Il ne parie pas des choses dites au commencement, mais de celles qu’il faut entendre. Voilà pourquoi il dit encore: « Traitez par (projection) l’or, par le corail d’or; l’argent, par l’or; le cuivre, par l’or; le plomb ou l’étain, par le molybdochalque.[168] Voici qu’il nous a fait monter les degrés de l’Art, (afin que) nous n’allions pas, en faisant de vains efforts, tomber dans le gouffre de l’ignorance et méconnaître les choses qu’ils ont voulu désigner.[169] Grande est l’habileté de l’auteur; car après qu’il a dit: « Ainsi a été exposée la matière de la Chrysopée; Il ajoute ces mots: maintenant, et à la suite, traitons amplement la question de l’Argyropée[170] afin de montrer qu’il y a deux opérations (distinctes), et que l’Argyropée a été considérée avant toutes les autres; elle les précède et, sans elle, rien ne se fera.
18. Écoute-le encore lorsqu’il dit: « Le mercure tiré de l’arsenic, ou du soufre,[171] ou de la céruse, ou de la magnésie, ou de l’antimoine d’Italie. » Et (plus) haut dans la Chrysopée: Le mercure, qui provient du cinabre.[172] Ici il dit: « le mercure, tiré de l’arsenic, ou de la céruse, etc. »
D. — Et comment admet-il que la céruse se change en mercure?
S. — Il n’a pas dit que nous extrayons le mercure de la céruse: mais il a voulu exprimer le blanchiment des corps (métalliques), c’est-à-dire leur retour (à une forme commune?).[173] En effet, ici, il parle de toutes les (substances) blanches, et dans l’autre passage, des substances jaunes, afin que nous comprenions.
Vois comment il s’est exprimé: « Le corps (métal) de la magnésie (produit seul le chrysocorail. » Là il s’agit du corps (métal) de la magnésie, de celui de la magnésie seulement, ou de celui de l’antimoine d’Italie.
Qu’il suffise de vous dire ceci brièvement. Mais il faut exercer l’esprit d’avance, afin que nous discernions les actions de la nature, relativement aux choses qui doivent erre accomplies avec le concours de Dieu.[174] Sachez qu’il faut d’abord faire macérer les espèces et, dans les fusions, amener celles qui ont des couleurs pareilles à l’identité de couleur. Les deux mercures[175] exercent ainsi leur action mercurifiante, et se séparent dans la décomposition.
Avec le secours de Dieu, je commencerai mon commentaire.[176]
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II. iv. — OLYMPIODORE, PHILOSOPHE D’ALEXANDRIE[177]
Commentaire sur le livre « Sur l’action de Zosime », et sur les dires d’Hermès et des philosophes.
1. « La macération se fait depuis le 25 méchir (février) jusqu’au 25 mésori (août). Toutes les choses que tu peux faire macérer et lessiver, laisse-les déposer dans des vases (convenables); et, si tu le peux, accomplis l’œuvre de la macération, toi le meilleur des sages.[178]
Il était d’usage chez les anciens de cacher la vérité et les choses tout à fait évidentes pour les hommes, au moyen des allégories et (du langage) de l’art des philosophes.[179] En effet, non seulement ils ont tenu dans l’ombre ces arts honorables et philosophiques par leur exposition obscure et ténébreuse ; mais encore ils ont remplacé les termes communs par d’autres termes: comme cela a lieu quand on intervertit ce qui est dans le sujet et ce qui n’est pas dans le sujet. Tu sais toi-même, philosophe mon maître, que Platon et Aristote ont procédé de même par allégories et modifié le sens des mots. Ainsi Aristote dit que la substance n’est pas dans le sujet, mais que c’est l’accident qui est dans le sujet. Platon de son côté établit la même opposition: d’une part, il ne place pas la substance dans le sujet; et, d’autre part, il place l’accident dans le sujet. En un mot, de même qu’ils ont exposé beaucoup de choses de cette nature, suivant la manière qui leur a paru convenable; de même, en ce qui concerne cet art honorable, les anciens y ont mis toute leur application, ayant pour unique affaire et pour art unique d’exposer (les faits) au moyen de certaines considérations et énigmes; ils se proposaient d’aiguillonner les chercheurs et de les faire sortir des choses naturelles, pour les tourner vers la poursuite des choses mystérieuses : ce qui eut lieu en effet. C’est ce que montrera le présent traité.
2. « La macération s’effectue au moyen de la terre limoneuse ».
Ici le philosophe veut parler de la terre qui doit être lessivée. Car il faut laver et relaver, jusqu’à ce que la partie limoneuse disparaisse, suivant ce que dit la divine Marie. En effet toute terre de cette nature, contenant un corps (métallique), lorsqu’elle est lavée, est réduite à l’état de minerai.[180]
Ainsi donc, après un lavage sérieux et purificateur, tu trouveras les corps métalliques dans les sables; c’est-à-dire les paillettes d’or,[181] argentées ou plombées (ce qui veut dire ayant la couleur de l’argent ou du plomb), ainsi que les pierres;[182] le minerai qui contient la substance s’apercevant d’en haut. C’est celui que les anciens ont appelé par le nom propre de pierre d’argent, et il est permis d’y trouver le mot dont le nom a quatre syllabes et neuf lettres.[183]
3. L’expression « depuis le mois de méchir » ne signifie rien (en soi) elle a été placée là, afin que celui qui la rencontre croie que la poudre sèche[184] et la manipulation dépendent d’un certain intervalle de temps, et que, laissant de côté la droite voie, il recoure à la route incertaine et épineuse.
4. L’expression « à déposer dans des vases », signifie les digesteurs de terre cuite. Zosime est le seul à en faire mention.
5. Par les mots « Accomplir l’art de la macération », il nous exhorte à l’œuvre efficace. Et en effet le mot « action » est pris ici dans le sens d’opération pratique. Sache que celui qui macère a besoin d’ingrédients, d’un certain (laps de) temps et d’une époque favorable.[185] Ainsi donc le limon lessivé à cette époque, ayant été réduit à l’état de sable, est desséché.
6. L’expression « depuis le 25 du mois de méchir, jusqu’au 25 mésori », signifie que, à la suite de la macération, le minerai est traité par le feu. Or, il n’a pas dit : « après la fin de mésori », il est traité par le feu; mais à partir de la macération, ou du lessivage, ou plutôt du desséchement.
7. Les mots: « Toutes les choses que tu peux faire macérer et lessiver, » signifient l’espèce qui renferme la substance[186] et celle qui est obtenue par le desséchement. « Toutes les choses », c’est l’espèce qui renferme la substance; « macérer et lessiver », c’est l’espèce obtenue par le dessèchement; car on a toujours besoin d’y recourir. Ainsi s’opère le lessivage. Ces mots: « l’espèce qui renferme la substance » ont fait voir à mon maître ce que c’est que la macération, le lessivage, la dessiccation, l’évaporation. Démocrite parle quelque part de l’alun décomposé:[187] ce philosophe (n’)a (pas) voulu que les lecteurs imaginassent qu’il fallait prendre n’importe quels aluns, ou qu’ils fussent égarés parmi les espèces, gaspillant (ainsi) tout leur temps. Il y a deux sortes de lessivage, le lessivage mystique et le lessivage au sens propre. On a donc parlé du lessivage mystique et du lessivage au sens propre. Le lessivage mystique est précisément celui qui se fait au moyen de l’eau divine.
C’est là le lessivage essentiel, celui dont on assure le succès par les paroles de bon augure et l’obéissance (aux règles)[188] : il s’agit des matières fluides qui s’écoulent ensemble, c’est-à dire de la régénération à l’état métallique des métaux qui en avaient été dépouillés, ainsi que des esprits, c’est-à-dire de leurs âmes:[189] opération qui s’accomplit par la seule action de la nature, et non par la main des hommes, comme le croient quelques-uns. Car Hermès dit: « Lorsque tu auras pris (quelque substance) après le grand traitement, c’est-à-dire le lessivage du minerai... » Voilà donc qu’il a nommé le minerai, substance, et le lessivage, grand traitement. Agathodémon parle dans le même sens. Ah ! quelle libéralité chez le Philosophe! Aucun des anciens n’a jeté ainsi la lumière sur l’œuvre; aucun n’a appelé l’espèce par son nom, sinon cet homme excellent et doué de toute science; car le lessivage purificateur est évidemment le grand traitement.
Je vais t’expliquer (maintenant) l’économie de la soudure d’or.
SUR LA SOUDURE D’OR
8. La soudure d’or, c’est[190] l’art de réunir l’or avec l’or, en opérant sur les paillettes d’or tirées du minerai. Comment faut-il unifier ces paillettes, c’est-à-dire les souder et les joindre entre elles, afin que l’esprit tinctorial de la chrysocolle y soit conservé?[191]
Pour conserver cet esprit, il dit qu’il convient d’employer une combustion à feu modéré, afin que, par suite d’une grande incandescence, des choses non convenables n’arrivent pas. Il faut que le feu brûle avec modération et douceur, de crainte que la vapeur ne s’en aille en fumée et ne soit perdue. Il s’agit de la vapeur, qui tend à s’échapper. Cette vapeur, c’est le mercure. Cette vapeur donc, autrement dit le mercure,[192] éprouvant l’action du feu, s’en va en fumée. Or, lorsqu’elle s’en va en fumée et sort du creuset, les paillettes d’or, celles que Zosime appelle paillettes de claudianos, brûlées maladroitement par la violence du feu, s’en vont aussi en fumée.[193]
9. Apprends, ô ami des Muses, ce que signifie le mot économie,[194] et ne va pas croire, comme le font quelques-uns, que l’action manuelle à elle seule soit suffisante; il faut encore celle de la nature, une action supérieure à l’homme.[195] Lorsque tu as pris de l’or,[196] tu dois le traiter, et si tu opères avec soin, tu obtiendras de l’or.[197] Et ne suppose pas, dit-il, que la teinture aura lieu avec certaines autres idées: et certaines autres plantes;[198] mais travaille suivant une pratique conforme à la nature,[199] et tu obtiendras l’objet cherché.
Quant au mot économie, il a été employé en mille endroits par tous les anciens;[200] car ils veulent parler de la marche opératoire pour fixer la teinture.[201] Or qu’est-ce que la fixation d’une teinture? sinon la fixation de quelque mercure fugace. Car Zosime dit: « Fixe le mercure avec le corps (métallique) de la magnésie. »
10. On a dit que la soudure d’or est le mélange des deux substances; le principe fixateur qui en résulte, je sais le maintenir dans le composé. Nous savons en effet que la vapeur (mercurielle)[202] est fugace; et Il est spécifié en mille endroits que ce n’est pas seulement la vapeur (mercurielle) qui est fugace, mais encore toutes les (substances de la même classe) du catalogue. Avant et après, le philosophe s’attache au mercure, comme à toutes les substances fugaces du catalogue, telles que celles dont les anciens ont fait mention, couleurs et plantes, et autres; parce que toutes ces substances, en éprouvant l’action du feu,[203] sont fugaces.
11. Quant à moi, je ne t’en expose pas toutes les classes, vu leur grand nombre et les témoignages des anciens, tous d’accord sur ce point; afin de ne pas perdre le temps mal à propos. Mais je te soumettrai un petit nombre de choses, comme les plus intéressantes, les plus faciles à comprendre, et à l’abri du reproche de futilité.
Il fait allusion ici[204] aux anciens, dont quelques-uns ont dit des choses futiles et fait perdre aux chercheurs un temps infini. Sache donc, dans ta science excellente, que les anciens font trois teintures: La première est celle qui se dissipe promptement,[205] comme les soufres; la seconde, celle qui se dissipe lentement, comme les matières sulfureuses; la troisième, celle qui ne se dissipe pas du tout, comme les corps métalliques liquéfiés et les pierres.[206]
12. Première teinture, teignant le cuivre en blanc au moyen de l’arsenic, comme il suit.
L’arsenic (sulfuré) est une espèce de soufre qui se volatilise promptement; je veux dire, se volatilise au feu. Toutes les substances semblables à l’arsenic sont aussi appelées des soufres et des corps volatils.[207] Or la préparation se fait ainsi : prenant de l’arsenic lamelleux couleur d’or, 14 onces,[208] tu le coupes en morceaux, tu le porphyrises de façon à le réduire en parties aussi fines que du duvet; puis tu fais tremper dans du vinaigre, pendant deux ou trois jours et autant de nuits, la matière renfermée dans un vase de verre à col étroit, en lutant le haut avec soin, afin qu’elle ne se dissipe pas. Agitant une fois ou deux par jour, fais cela pendant plusieurs jours; puis, vidant le (vase), lave avec de l’eau pure, seulement jusqu’à ce que l’odeur du vinaigre ait disparu. Garde la partie la plus subtile de la substance; mais ne la laisses pas s’écouler avec l’eau.[209] Ensuite, laissant la masse se dessécher et se contracter à l’air, mélange et broie avec 5 onces de sel de Cappadoce.
Or l’emploi du sel a été imaginé par les anciens pour éviter que l’arsenic adhère au vaisseau de verre. Ce vaisseau de verre est nommé asympoton, par Africanus. Il est luté avec de l’argile;[210] un couvercle de verre en forme de coupe est posé par-dessus. A la partie supérieure, une autre coupe enveloppe le tout ; elle est assujettie de tous les côtés, afin que l’arsenic brûlé ne se dissipe pas.[211]
Fais-le donc brûler à plusieurs reprises et pulvérise-le, jusqu’à ce qu’il soit devenu blanc; on obtient ainsi de l’alun blanc et compacte.[212] Puis on fait fondre le cuivre avec du cuivre dur de Nicée; ensuite tu prends de la fleur de natron, tu en jettes au fond du creuset 2 ou 3 parties pour ramollir.[213] Tu projettes alors la poudre sèche (arsenic brûlé), avec une cuiller de fer; tu en jettes la valeur d’une once pour 2 livres de cuivre. Après cela, tu ajoutes dans le creuset pour une once (de cuivre) un peu[214] d’argent, en vue de rendre la teinture uniforme. Tu projettes encore dans le creuset une petite quantité de sel. Tu auras ainsi un très bel asèm.[215]
13. Deuxième teinture, celle qui se volatilise lentement:
Le cuivre brûlé,[216] la rubrique et les substances analogues ne se dissipent pas promptement, mais lentement. Or il faut savoir que la fabrication de l’émeraude se fait ainsi. Prends: deux onces de beau cristal; cuivre brûlé, une demi-once. Chauffe d’abord le cristal, dans ses parties extrêmes, et jette-le dans l’eau pure; puis nettoie-le, afin qu’il n’ait pas de crasse. Ensuite[217] tu le pulvérises dans un mortier propre, sans le réduire en poudre impalpable; et tu délaies, avec la rubrique et le cuivre brûlé. Tu en fais fondre la valeur de 4 livres sur un feu de charbon. Après avoir luté tout autour et fermé le creuset à sa partie supérieure, et après avoir chauffé sur un feu bien régulier,[218] tu auras ce que tu cherches. Or il est préférable d’opérer la fonte dans un creuset d’argile crue, non cuite; parce que dans les creusets des orfèvres, l’émeraude fond avec la matière du creuset et donne lieu à un retrait qui fait éclater le creuset. Elle demande à être refroidie dans le fourneau même, et à être enlevée après refroidissement; attendu que si tu l’enlève pendant que le fourneau est encore chaud, le creuset éclate aussitôt.[219]
14. Troisième teinture, celle qui ne se dissipe pas du tout.
On a dit « se dissipe au feu »; et deux mystères sont exposés par là:[220] l’un concerne le corps dissipé; l’autre, le corps qui détermine la dissipation. De même Démocrite a parlé quelque part des trois (teintures) antiques:
L’une se dissipe promptement, c’est-à-dire par le départ des liquides,[221] ou par la montée de la vapeur.[222] C’est pour cela qu’il dit: Les substances qui se dissipent promptement, telles que les soufres; car les soufres sont très prompts (à se réduire) en fumée.
Les autres se dissipent lentement, telles sont les matières sulfureuses. Et il parle du principe de la fixation des mêmes liquides fugaces, lorsqu’ils deviennent plus lents à se dissiper (étant composés par le mélange) des (substances) fugaces avec les substances fixes et les corps métalliques.[223]
Ensuite il parle de la troisième classe: celle qui se dissipe à la façon des corps (métalliques) fusibles. C’est là ce que l’on appelle proprement la teinture. (On l’obtient) après avoir fait le traitement et placé séparément les corps qui ne se dissipent pas et les corps qui se dissipent.
En effet il est impossible de faire cela (en une seule fois) ; mais c’est en desséchant progressivement et jusqu’à la fin qu’avec la coopération de Dieu nous rendons les (substances) tout à fait fixes.[224]
15. « Comme les corps métalliques fusibles. »
Il est évident que ces corps étaient d’abord dissipables par l’action du feu, parce qu’ils ne rencontraient rien qui pût les fixer; lorsqu’ils ont au contraire été amenés à une fixité complète,[225] la nature indélébile de la teinture les a fait passer à l’état de métaux. Ces corps ont reçu un nom semblable, en raison de leur résistance au feu et de leur fixité. Si le corps dissipable rencontre l’agent fixateur, il acquiert une nature indélébile. Entends par là, la nature qui existe dans le Tout; conçois celle qui subsiste jusqu’à la fin, inextractible et demeurant toujours: c’est là l’indélébile, ce qui reste à jamais inaltérable. Car les anciens connaissaient toutes les (matières) sans stabilité qui existent dans le catalogue, et leur but était de faire comprendre aux gens intelligents de quelle nature sont les matières stables et les matières instables. C’est pour cela qu’ils ont établi que toute matière appartient soit à la classe des solides, soit à celle des liquides.[226]
16. Sache que cet art ne se pratique pas au moyen d’un feu (violent). Ainsi donc, ils ont écrit comme s’entretenant avec des (lecteurs) intelligents, et tel était leur but. Zosime fait un discours particulier sur le feu; néanmoins dans chacun de ses livres il s’occupe du feu, comme tous les anciens. Le feu est le premier agent, celui de l’art tout entier; c’est le premier des quatre éléments. En effet, le langage énigmatique des anciens, par cette expression les quatre éléments, désigne l’art. Que ta vertu examine avec soin dans les quatre livres de Démocrite les endroits où il parle des quatre éléments, dans le langage qui convient à un naturaliste. Il s’explique (ainsi):
Il a exposé d’abord les choses qui ont besoin du feu, et qu’il convient de traiter tantôt sur un feu doux, tantôt sur un grand feu, tantôt sur des charbons.[227]
Puis il parle de l’air et des choses de l’air, telles que les animaux qui vivent dans l’air.
Pareillement des choses des eaux, telles que la bile, les poissons, tout ce qui se prépare au moyen des poissons et au moyen des eaux.
De même il parle des choses de la terre, telles que le sel, les métaux et les plantes. Il sépare en classes chacun de ces êtres, d’après leurs couleurs, leurs propriétés spécifiques et génériques, tous étant susceptibles d’être mâles et femelles.
17. Sachant cela, tous les anciens voilèrent l’art sous la multiplicité des discours. De toute manière l’art a besoin de quelqu’une de ces choses; en dehors d’elles, il n’y a rien de sûr. Démocrite le dit : rien ne pourrait subsister sans ces (éléments). Mais sache-le, sache que j’ai écrit suivant mon pouvoir; étant faible, non seulement dans mon langage, mais encore dans mon intelligence. Et je demande que par vos prières, vous empêchiez la justice divine de s’irriter contre moi, pour avoir eu l’audace d’écrire cet ouvrage: Qu’elle me soit propice de toute manière.[228]
Voici les écrits des Egyptiens, leurs poésies,[229] leurs opinions, les oracles des Démons, les expositions des prophètes: une intelligence infinie est nécessaire pour embrasser ce sujet, et il tend vers un but unique.
18. Que ta sagacité sache que les anciens ont employé plusieurs noms pour l’eau divine. Cette eau divine désigne ce que l’on cherche, et ils ont caché l’objet de la recherche sous le nom d’eau divine. Je vais te donner une petite explication: écoute, toi qui es en possession de toute vertu. Car je connais le flambeau de tes pensées, ta bonté, ta patience. Je veux te présenter l’esprit des anciens; te dire comment, étant philosophes, ils ont le langage des philosophes et ils ont appliqué la philosophie à l’art, par le moyen de la science; ne cachant rien aux (esprits) intelligents, mais décrivant toutes choses avec clarté. En cela ils tiennent bien leur serment.[230] Car leurs écrits traitent de la doctrine, et non des œuvres pratiques. Quelques-uns des philosophes naturalistes rapportent aux principes le raisonnement sur les éléments, parce que les principes sont quelque chose de plus universel que les éléments. Disons donc comment le principe premier est plus universel que les éléments. En effet, c’est lui que se ramène tout l’ensemble de l’art. Ainsi Agathodémon ayant placé le principe dans la fin, et la fin dans le principe, il veut que ce soit le serpent Ouroboros; et s’il parle ainsi, ce n’est pas (pour cacher la vérité) par jalousie, comme le croient certaines personnes non initiées. Mais cela est (rendu) manifeste, ô initiateur, par le mot pluriel: les œufs.[231]
Vois, toi qui sais tout, et apprends ce qu’est Agathodémon. Quelques-uns racontent que c’est un ancien, un personnage des plus vieux, qui philosopha en Egypte. D’autres disent que c’est un ange mystérieux; ou que c’est le bon génie[232] de l’Egypte. D’autres l’ont appelé le Ciel, et peut-être tient-on ce langage parce que le serpent est l’image du monde. En effet, certains hiérogrammates égyptiens, voulant retracer le monde sur les obélisques, ou l’exprimer en caractères sacrés, ont gravé le serpent Ouroboros. Or son corps est constellé d’astres. Telles sont les choses que j’ai expliquées au sujet du principe, dit Agathodémon. C’est lui qui a publié le livre de la Chimie.
Après l’avoir personnifié, cherchons maintenant comment il se fait que le principe soit plus universel que les éléments. Nous disons que ce qui est pour nous un élément, est aussi un principe; car les quatre éléments constituent le principe premier des corps. Mais tout principe n’est pas pour cela un élément. En effet le divin,[233] l’œuf,[234] l’intermédiaire, les atomes,[235] sont pour certains philosophes les principes des choses; mais ce ne sont pas des éléments.[236]
19. Cherchons donc, d’après certains signes, quel est le principe de toutes choses et s’il est un ou multiple. S’il est unique, est-il immuable, infini, ou déterminé? S’il y a plusieurs principes, les mêmes questions se posent: sont-ils immuables, déterminés, ou infinis[237]? Qu’il y ait donc un principe unique, immuable et infini de tous les êtres, c’était l’opinion de Thalès de Milet, disant que c’était l’être (de l’eau),[238] [c’est-à-dire l’être de l’eau divine, l’or; c’est-à-dire l’œuf[239] de l’eau divine, l’or].[240] Car celui-ci est un et immuable; il est exempt de toute mutation apparente; il est de plus infini: en effet le divin[241] est d’une puissance infinie, et personne ne peut en dénombrer les puissances.
20. Parménide[242] prend aussi pour principe le divin,[243] dont la puissance est une, immuable, déterminée; car celui-ci, comme on l’a dit, est un et immuable, et l’énergie qui en émane est déterminée. Observe que Thalès de Milet, considérant l’essence de Dieu, disait qu’il est infini; car Dieu est d’une puissance infinie. Mais Parménide, (ayant en vue) les choses qui proviennent de lui, disait qu’il est déterminé;[244] en effet, il est partout évident que, la puissance étant déterminée, ce que Dieu produit répond à une puissance finie.[245] Entends (par là) les choses périssables, à l’exception des choses intellectuelles. Ces deux hommes, je veux dire le Milésien et Parménide, Aristote est d’avis de les rejeter du chœur des naturalistes.[246] En effet, ce sont des théologiens s’occupant de questions étrangères aux choses naturelles, et s’attachant aux choses immuables; tandis que toutes les choses naturelles se meuvent, car la nature est le principe du mouvement et du repos.
21. Thalès a admis l’eau comme principe déterminé des êtres, parce qu’elle est féconde et plastique. Elle est féconde, puisqu’elle donne naissance aux poissons; et plastique, puisqu’on peut lui communiquer la forme que l’on veut. En effet tu fais prendre à l’eau la forme que tu veux: dans quelque vase qu’on la mette, elle en prend la forme ; je veux dire dans un setier, ou dans un pot de terre, ou dans un vase triangulaire ou quadrangulaire, ou enfin dans tout autre que tu voudras. Ce principe unique est mobile; l’eau se meut en effet; elle est déterminée et non pas éternelle.[247]
22. Diogène soutint que le principe est l’air, parce qu’il est opulent et fécond : car il engendre les oiseaux. L’air, lui aussi, est plastique; car on lui donne la forme que l’on veut; il est un, mobile et non éternel.
23. Héraclite et Hippasus ont soutenu que le feu est le principe de tous les êtres, parce qu’il est l’élément actif de toutes choses. Un principe en effet doit être la source de l’activité des choses issues de lui, d’après ce que disent quelques-uns. Le feu est aussi fécond ; car tous les êtres naissent dans l’échauffement.
24. Quant à la terre, nul n’en a fait le principe, sinon Xénophane de Colophon; comme elle n’est pas féconde, nul n’en a fait un élément. Et que celui en qui réside toute vertu[248] remarque ce fait que la terre n’a pas été considérée par les philosophes comme un élément, parce qu’elle n’est pas féconde: le sens de cet énoncé se rapporte à notre recherche. En effet Hermès dit quelque part:
« La terre vierge se trouve dans la queue de la Vierge ».[249]
25. Anaximène professe que le principe de toutes choses, un, mobile, infini, est l’air. Il parle ainsi: L’air est voisin de l’incorporel, et comme nous existons grâce à son écoulement, il faut qu’il soit infini et opulent, puisqu’il ne fait jamais défaut.
Anaximandre dit que le principe est l’intermédiaire ce qui désigne la vapeur humide, ou la vapeur sèche (fumée). Car la vapeur humide est intermédiaire entre le feu et la terre. En général, tout ce qui est intermédiaire entre le chaud et l’humide est vapeur ; tandis que l’intermédiaire entre le chaud et le sec c’est le fumée.
26. Venons à l’opinion propre de chacun des anciens, et voyons comment chacun veut établir la sienne et se poser en chef d’école, par son point de vue personnel. En effet, çà et là quelque omission a eu lieu, par suite de la complication de notre marche.
Récapitulons donc par parties, et montrons comment nos philosophes (chimiques), empruntant à ceux-là le point de départ, ont construit leur système. Zosime, la couronne des philosophes, dont le langage a l’abondance de l’Océan, le nouveau devin, suit en général Mélissus en ce qui concerne l’art et dit que l’art est un comme Dieu. C’est ce qu’il expose en mille endroits à Théosébie ; et son langage est véridique. Voulant nous affranchir de la confusion des raisonnements et de celle de toute la matière, il nous exhorte à chercher notre refuge dans le Dieu un et il dit:[250] « Reste assis à ton foyer, ne reconnaissant qu’un seul Dieu et qu’un seul art, et ne va pas t’égarer en cherchant un autre Dieu; car Dieu viendra à toi, lui qui est partout; il n’est pas confiné dans le lieu le plus bas, comme le Démon. Repose ton corps, et calme tes passions; te dirigeant ainsi toi-même, tu appelleras à toi l’être divin, et l’être divin viendra à toi, lui qui est partout.[251] Quand tu te connaîtras toi-même, alors tu connaîtras aussi le seul Dieu existant en soi; agissant ainsi tu atteindras la vérité et la nature, rejetant avec mépris la matière. »
27. De même, Chymès suit Parménide et dit: « Un est le Tout, par lequel le Tout est; car s’il ne contenait pas le Tout, le Tout ne serait rien. »
Les Théologiens parlent sur les choses divines, comme les naturalistes sur la matière.
Agathodémon, tourné vers Anaximène, parle de l’air.[252]
Anaximandre parle de l’intermédiaire, c’est-à-dire de la vapeur humide et de la fumée sèche.
Pour Agathodémon, c’est tout à fait la vapeur sublimée. Zosime le dit aussi; et il a été suivi de préférence par la plupart de ceux qui ont fait la philosophie de notre art.
Hermès parle de la fumée, à propos de la magnésie: « Laisse-la, dit-il, brûler en face du fourneau,[253] en la soumettant à l’action des écailles de cobathia rouges ».[254] Car la fumée des cobathia, étant blanche, blanchit les corps. La fumée[255] est intermédiaire entre le chaud et le sec; et, dans le cas présent, cette fumée est la vapeur sublimée[256] et tout ce qui en résulte. Mais la vapeur humide[257] est intermédiaire entre le chaud et l’humide ; elle désigne les vapeurs sublimées humides, celles par exemple que distillent les alambics et les appareils analogues.
38. Pour éviter une vaine phraséologie, je te ferai une transmission brève; je t’expliquerai clairement ce qu’ont dit les anciens, ô rejeton des nobles Piéride, (je veux dire) des neuf Muses, ô chef des orateurs; car Dieu t’a envoyé pour cela. Apprends, au moyen d’un écrit de peu de prix, à faire les plus grandes choses.[258] Car Dieu veut t’éprouver de deux côtés, par ta piété notoire aux êtres supérieurs, et par ton habileté bienfaisante à l’égard des êtres terrestres. Sache donc, sache, pour abréger les choses que tu devras prescrire, comment j’ajusterai mon discours aux écrits primitifs.
Or il vous a été dit, ô vous les hommes les plus considérables, que les anciens ont parlé des quatre éléments. Sachez en effet, que c’est au moyen des quatre éléments que sont constitués les choses sèches et les choses humides; les choses chaudes et les choses froides,[259] le mâle et la femelle. Deux (éléments) se portent en haut, et deux en bas. Les deux éléments ascendants sont le feu et l’air; les deux éléments descendants sont la terre et l’eau. Ainsi donc, c’est au moyen de ces quatre (éléments) qu’ils ont constitué toute la description de l’art; ils l’y ont renfermé,[260] en en garantissant les lois par des serments. Connaissez vous-mêmes toutes les substances du catalogue, telles qu’elles sont constituées par le feu, l’air, l’eau et la terre.
Mais pour que la composition se réalise exactement, demandez par vos prières à Dieu de vous enseigner, dit Zosime; car les hommes ne transmettent point (la science) ; les démons sont jaloux, et l’on ne trouve pas la voie. On cherche en vain ceux qui la savent, et les écrits n’ont pas de précision. La matière est multiple; l’embarras se produit; et (l’œuvre) ne s’accomplit pas sans une grande fatigue; il y a lutte, violence et guerre. Le démon Ophiuchus[261] introduit la négligence dans ces choses, entravant notre recherche, rampant de tous côtés, du dedans et du dehors, amenant tantôt des négligences, tantôt la crainte, tantôt l’imprévu, en d’autres occasions les afflictions et les châtiments, afin de nous faire abandonner (l’œuvre).[262] Mais moi, je lui dirai Qui que tu sois, ô démon, je ne te céderai point; mais je tiendrai bon jusqu’à ce que, ayant consommé (l’œuvre), j’aie connu le résultat. Je ne me laisserai pas abattre, étant doué de persévérance et luttant, en prenant mon appui sur une vie honnête et des purifications philosophiques. Ainsi donc, ayant recueilli les préceptes utiles des sages, je vous les présenterai (en commençant) par le commencement, d’après les anciens ; car votre sagacité en présence d’un langage étranger n’est pas déroutée par les milliers d’espèces, tant liquides que solides, dont les anciens donnent le catalogue. Parmi ces couleurs diverses, les unes sont crues, les autres cuites; dans la cuisson, certains corps prennent les couleurs et d’autres s’y conservent sans changer de couleur; tantôt ils doivent être traités sur un feu vif, tantôt sur un feu doux (toutes circonstances) qui exigent une grande circonspection dans (la pratique de) l’art.[263]
29. Ces choses ont été dites par moi, afin que vous sachiez que les mille classes (de corps) que les anciens établissent doivent passer par ces diverses opérations et par mille autres encore, tel que pulvérisations, décoctions, décompositions diverses, à chaud et à froid, expositions à la rosée, ou en plein air, et mille autres choses. C’est pourquoi, en raison de la multiplicité des explications et à cause des traitements dont on ne parle pas, l’esprit de ceux qui abordent cet art est jeté dans la confusion. Or il nous affranchit de tout cela, le Dieu dispensateur de tous les biens.
30. Entends donc, toi dont l’esprit est inspiré, ce qu’ils ont écrit en s’adressant à des Égyptiens[264] c’est pourquoi ils n’expliquent pas clairement l’objet cherché. Non seulement ils ont décrit mille procédés pour faire de l’or; mais encore ils ont ritualisé[265] ces choses. Ils ont donné les mesures des excavations et des intervalles et assigné les positions[266] des entrées et des sorties de leurs temples, en considérant les quatre points cardinaux[267] attribuant le levant à la substance blanche, et le couchant à la substance jaune. Les mines d’or de l’Arsenoéron[268] (sont) à la porte orientale, c’est-à-dire que tu trouves à l’entrée du temple la substance blanche. A Térénouthi,[269] dans le temple d’Isis, à l’entrée occidentale du temple, tu trouveras du minerai jaune, après avoir creusé (à une profondeur) de trois coudées[270] et demie A la moitié des trois coudées tu trouveras une couche noire. Après l’avoir enlevée, traite (la) [et tu en trouveras une verte ailleurs].
Ce choses relatives aux mines d’or, inscrites sur la montagne de l’Est, et sur la montagne Libyque, ont été dites dans un sens mystérieux. Ne passe pas légèrement à côté; ce sont de grands mystères : remarque qu’ils ont été tous démontrés vrais.
31. C’est de là qu’il fait partir son opération; c’est pour cette raison qu’il a dit: Attribuant au levant la substance blanche, c’est-à-dire, assignant à l’origine des opérations le commencement du jour, le lever du soleil sur la terre. Car le blanchiment, par rapport au jaunissement, est le véritable commencement de l’opération; lors même que celle-ci ne se fait pas en débutant de suite par là, parce que l’on attend que la décomposition ait débuté sans le (secours du) feu.
Est-ce sans raison qu’Hermès[271] a voulu faire entendre au prêtre, outre le commencement, cette circonstance qui précède le blanchiment? Ecoute Apollon[272] disant: « (la terre) est traitée, étant prise dès l’aurore ». Or l’expression « dès l’aurore » fait voir que le moment qui précède le lever (du soleil), est aussi celui qui précède le blanchiment et le commencement de tout l’œuvre.
Ensuite l’achèvement de tout l’œuvre (j’entends par là le jaunissement), il l’a attribué au couchant, qui est l’accomplissement du jour entier. La phrase: « à la moitié de la hauteur des trois coudées, tu trouveras une couche noire »,[273] a été dite au sujet des matières sulfureuses, c’est-à-dire au sujet de notre plomb,[274] celui que l’on retire des scories (espèce de peu de valeur) aussitôt après le blanchiment, au moyen de la décomposition opérée à chaud et de la fixation. (C’est ce plomb), dit-il, que les prophètes des Egyptiens, s’efforçaient d’obtenir.
32. Sache que cet énoncé des minerais est une allégorie.[275] Car ils n’entendent pas parler des minerais, mais des substances.
Sur quoi nous appuyons-nous (pour dire) que le levant a été attribué au masculin, et le couchant au féminin? Il s’agit d’Adam.[276] Car celui-ci, le premier de tous les hommes, est issu des quatre éléments.[277] On l’appelle aussi terre vierge[278] et terre ignée, terre charnelle et terre sanglante.[279] Tu trouveras ces choses dans les bibliothèques de Ptolémée. Je les ai dites pour établir relativement aux choses sacrées, qu’aucun des êtres n’a été expliqué irrationnellement par les anciens. Car le couchant est attribué à l’élément féminin. Zosime dans son livre sur l’Action[280] (dit ceci) : « Je proclame et j’appelle Hermès comme témoin véridique, lorsqu’il dit : Va-t’en auprès d’Achaab le laboureur[281] et tu apprendras que celui qui sème le blé produit le blé ». Moi aussi je dis de même que les substances sont teintes par les substances, d’après ce qui est écrit. Or le fait d’être teint ne comporte pas d’autre distinction que celle de la substance corporelle[282] et de la substance incorporelle:[283] cet art admet l’une et l’autre. Il dit que les substances corporelles sont les substances (métalliques) fusibles; tandis que les substances incorporelles (sont) les pierres. Il désigne comme n’ayant pas le caractère de substances[284] les minerais et les matières qui n’ont pas été traitées par le feu, à cause de la nécessité de ce premier traitement.[285]
Pélage dit à Pausiris: « Veux-tu que nous le jetions dans la mer, avant que les mélanges soient effectués[286]? Et Hermès dit: « Tu parles très bien et avec une grande exactitude ». La mer, comme le dit Zosime, c’est l’élément hermaphrodite.[287]
33. (La terre) est traitée, étant prise dès l’aurore, cela veut dire étant encore imprégnée de la rosée.[288] En effet le soleil levant enlève par ses rayons la rosée répandue sur la terre, pour s’en nourrir. La terre (ainsi) se trouve comme veuve et privée de son époux, ce que dit aussi Apollon. Par l’eau divine, j’entends ma rosée, l’eau aérienne.[289]
Vois combien il y a de témoignages pour établir que cette composition a besoin d’abord de quelque liquide; afin, dit-il, que la matière ayant été corrompue garde son caractère spécifique invariable. Par les mots « ayant été corrompues », il a fait entendre qu’il faut un certain temps pour que la décomposition ait lieu. Or la décomposition ne se produit jamais sans le concours de quelque liquide.[290] En effet, c’est au catalogue des liquides, dit-il, que le mystère a été confié.
34. Au sujet des minerais : « Tous les anciens s’en sont préoccupés ». Comme ils adressent leurs discours aux Egyptiens, je t’alléguerai encore leur témoignage, à cause de ton incrédulité.
35. Zosime donc, dans son livre de l’Accomplissement,[291] s’adressant à Théosébie, s’exprime ainsi: « Tout le royaume d’Egypte, ô femme, est soutenu par ces trois arts,[292] l’art des choses opportunes,[293] l’art de la nature et l’art de traiter les minerais. C’est l’art appelé divin, c’est-à-dire l’art dogmatique pour tous ceux qui s’occupent de manipulations et de ces arts[294] honorables, que l’on appelle les quatre (arts) chimiques.[295] (Cet art divin), enseignant ce qu’il faut faire, a été révélé aux prêtres seuls. En effet la manipulation naturelle du minerai appartenait aux rois; aussi lorsqu’un prêtre, ou ce qu’on appelait un sage, expliquait les choses qu’il avait reçues en héritage des anciens, ou de ses ancêtres, lors même qu’il en possédait (complètement) la connaissance, il ne la communiquait pas sans réserve : car (autrement) il était puni. De même que les artisans chargés de frapper la monnaie royale ne la frappent pas pour eux-mêmes,[296] attendu qu’ils seraient châtiés.[297] De même aussi, sous les rois d’Egypte, les artisans préposés aux opérations faites par la voie du feu, ainsi que ceux qui avaient la connaissance du lavage du minerai et de la suite des opérations, ne travaillaient pas pour eux-marnes; mais ils étaient chargés d’accroître les trésors royaux. Ils avaient des chefs particuliers, préposés aux richesses du roi,[298] et des directeurs généraux, qui exerçaient une autorité tyrannique sur le travail du minerai par le feu. C’était une loi chez les Egyptiens que personne ne divulguât ces choses par écrit.
« Quelques-uns reprochent à Démocrite et aux anciens de n’avoir pas fait mention de ces arts dans des termes appropriés, mais d’avoir exposé seulement ceux dont on parle publiquement.[299] Il est injuste de le leur reprocher; car ils ne pouvaient faire autrement. Etant amis des rois d’Égypte, et s’honorant d’occuper les premiers rangs en dignité parmi les prophètes, comment auraient-ils pu révéler au public des connaissances contraires aux (intérêts des) rois et donner à d’autres le pouvoir dominateur de la richesse? Quand même ils l’auraient pu, ils ne l’auraient pas fait; car ils étaient jaloux (de leur science). Les Juifs seuls parvinrent à en connaître la pratique, ainsi qu’à décrire et à exposer ces choses clandestinement. Voilà comment nous trouvons que Théophile, fils de Théogène, a parlé de toute la description topographique des mines d’or; il en est de marne de la description des fourneaux par Marie et des écrits des autres Juifs. »
36. Synésius s’adressant à Dioscorus parle du mercure (et) de la vapeur sublimée étésienne[300] et dit que tous les anciens savent que ce sublimé est blanc et volatil, et sans substance propre. Il s’unit à tous les corps fusibles; il les attire en lui-même, comme l’expérience l’a enseigné; l’auteur s’exprime ainsi: « Si tu veux savoir exactement les choses, etc. » — (Olympiodore reproduit ici le passage de Synésius, coloré en bleu). — Voilà pourquoi Pébéchius disait qu’il possède une puissante affinité. »
37. Que pouvons-nous entendre de plus? C’est que le mercure travaillé devient matière réceptive, échangeant sa substance contre celle de tout corps (métallique) fusible. Privé de nature propre, il devient volatil.[301]
De même aussi notre magnésie, ou l’antimoine (sulfuré), ou les pyrites, ou les minerais, ou (enfin) tous les corps métalliques que l’on peut nommer, transformés au moyen de l’huile de natron,[302] soit dans le récipient à digestion spontanée,[303] soit par l’action du soufflet,[304] soit par un autre appareil, de quelque nom que tu veuilles l’appeler; — je dis transformés conformément à leur aptitude naturelle, — sont réduits à l’état de cendres.[305] En effet, le corps réceptif par excellence, celui qui est appelé parmi eux le plomb noir, celui qu’ont désiré connaître les prophètes des Egyptiens, celui que les oracles des Démons ont révélé, ce sont les scories et les cendres de Marie.[306] Car ils savent que ces choses existent dès le principe. C’est pour cela qu’il y a coloration en noir et dans (le cours de) l’opération, décoloration, c’est-à-dire blanchiment; car le mot blanchiment ne signifie pas autre chose que le fait de décolorer, par privation du noir. Vois l’exactitude de tout ceci, ô sage. Car tu possèdes ici le fruit de tout le labeur du captif; tu possèdes ici ce que l’on cherche depuis des siècles je sais la persévérance de ta sagesse.
38. Telle est la clef du discours, et le résumé de l’art dans son ensemble. Ne passe légèrement à côté d’aucune de ces choses; car cette clef t’ouvrira les portes de la théorie et de la pratique; tu as appris que les scories sont le mystère tout entier. Tous (les philosophes) sont suspendus et attentifs à ces (scories); des milliers d’énigmes s’y rapportent; des livres en aussi grand nombre y font allusion; c’est le fondement du blanchiment et du jaunissement. En effet, il y a deux couleurs extrêmes: le blanc et le noir; le blanc est séparatif, et le noir compréhensif. Zosime faisant allusion à cette couleur, dit : « Elle entoure la pupille de l’œil,[307] ainsi que l’arc en ciel. »
Les gens sans intelligence ne saisissent pas ce que c’est que le séparatif et le compréhensif. Or le compréhensif, ainsi que ce qu’il comprend, est tiré des corps (métalliques) eux-mêmes. C’est ainsi que de l’essence liquide,[308] on extrait la nature intime du plomb, comme le dit aussi le divin Zosime; et il s’appuie sur toute vérité et connaissance venant de Dieu. Cette nature intime, dis-je, c’est-à-dire cette me (du plomb), cessant de manifester en elle.mme le monde invisible, se manifeste dans un autre corps (métallique), celui de l’argent; et dans l’argent elle manifeste le sang rouge, c’est-à-dire l’or.
39. O mon ami, toi qui es généreux, institue ton discours pour ma justification, employant les moyens de défense que te suggère ton honnêteté; que ta douceur et ta patience, en présence de la négligence et du désordre de cette étude, ne s’en prenne pas au sujet de l’étude elle-même, mais à la négligence de la forme.
Ainsi le blanc est séparatif; car le blanc ne s’appelle pas à proprement parler une couleur. En effet toute couleur comprend et distingue (certaines variétés) : ainsi le noir est une couleur véritable, puisqu’il y a plusieurs variétés de noir.[309] Lorsqu’ils discourent sur les couleurs, l’esprit des non initiés tombe dans la confusion; mais nous, ne nous écartons pas du bon sens. Les anciens savent que le plomb est noir. Or le plomb possède l’essence liquide; remarque l’exactitude de ce que nous disions plus haut de rame attirée par l’essence liquide. Car par sa pesanteur celle-ci tend à descendre et attire tout à soi. Voici que tous les mystères t’ont été divulgués.
40. Il faut d’abord apporter quelques témoignages, puis revenir à notre opinion. Marie suppose que le plomb est noir dès le principe, et elle dit: « Si notre plomb noir est fabriqué, voici dans quel sens; car le plomb commun est noir dès le principe ».[310] Ainsi elle ne parle pas du plomb commun, mais du (plomb) produit par l’art.
Or « comment est-il produit? » dit Marie. « Si tu ne rends pas les substances corporelles incorporelles et si tu ne rends pas incorporelles les substances corporelles,[311] et si des deux (corps) tu n’en fais pas un seul, aucun des (résultats) attendus ne se produira ».[312]
Et ailleurs : « Si tous les corps métalliques ne sont pas divisés par l’action du feu, et si la vapeur sublimée, réduite en esprit, ne s’élève pas, rien ne sera mené à terme. »
Et ailleurs encore : « Le molybdochalque est la pierre étésienne.[313] Toutes les (substances) fondues et coulées ensemble, (il) les change en or par l’action ignée. En puissance, il a la vertu de cuire les choses crues et de doubler les choses cuites.[314] Mais si tu réussis à blanchir ou à jaunir, ce ne sera plus seulement en puissance, mais en acte. Voici ce que j’affirme, dit Marie : le molybdochalque existe par l’effet du traitement. »
Il s’agit du traitement des deux scories[315] et la doctrine est la suivante.
Traite par le vinaigre la pierre étésienne, ou la pierre phrygienne; trempe (la) d’abord dans la liqueur, puis après l’avoir ramollie, broie-la et conserve.
Démocrite disait : « de l’antimoine (sulfuré) et de la litharge,[316] retire le plomb » et il observe : « Je ne parle pas dans le sens propre, de peur que tu ne t’égares; mais il s’agit de notre (plomb) noir ».[317] Agathodémon, au moyen de notre plomb, fait les affinages; il prépare une liqueur noire avec le plomb et les eaux (chimiques), liqueur destinée à désagréger l’or.
En général, ils préparent du plomb noir; car, ainsi que je l’ai dit, si le plomb commun est noir dès le principe, le nôtre est noir par fabrication, ne l’étant pas d’abord.
41. L’expérience nous servira de maître et je m’efforcerai de nouveau d’expliquer la question par des démonstrations véridiques, en revenant à notre premier sujet. L’asèm ne devient pas or de lui-même, comme on le dit; et il ne le deviendrait pas, sans le secours de notre œuvre.
Il n’est pas juste de déprécier les anciens; car « la lettre tue, mais l’esprit vivifie ». Ce mot adressé par le Seigneur à ceux qui l’interrogeaient sans réflexion, s’applique à tout ce qu’ont dit les anciens qui se sont occupés de ces matières. Celui qui connaît l’art caché de la chimie, leur dit:[318] « Comment dois-je entendre maintenant la transmutation? Comment l’eau et le feu, ennemis et contraires l’un à l’autre, opposés par nature, se sont-ils réunis dans le même (corps), par concorde et amitié? etc. O l’incroyable mélange ! D’où vient cette amitié inattendue entre des ennemis? »[319]
42. Ici encore les oracles d’Apollon déclarent la vérité, car ils parlent du tombeau d’Osiris.[320] Or qu’est-ce que le tombeau d’Osiris? C’est un mort lié et entouré de bandelettes, n’ayant que le visage découvert.[321] L’oracle dit, en désignant Osiris : Osiris, c’est le tombeau étroitement resserré, cachant tous les membres d’Osiris et ne laissant voir aux mortels que son seul visage. Mais en cachant les corps, la nature a voulu exciter notre étonnement. Car Osiris[322] est le principe de toute liquidité;[323] c’est lui qui opère la fixation dans les sphères du feu. C’est ainsi qu’il lie et resserre le Tout[324] du plomb, etc. »
43. Un autre oracle du même Dieu s’exprime ainsi: « Prends le chrysolithe, celui que l’on nomme le mâle de la chrysocolle,[325] c’est-à-dire l’homme destiné à la combinaison. Ce sont ses gouttes[326] qui enfantent l’or de la terre Ethiopienne. Là une espèce de fourmi extrait l’or, le porte au jour et en jouit.[327] Mets avec lui la femme de vapeur, jusqu’à ce qu’il soit transformé:[328] c’est l’eau divine, amère[329] et styptique,[330] celle que l’on appelle la liqueur de Chypre et la liqueur de l’Egyptienne aux tresses d’or.[331] Avec ce (produit), enduis les feuilles de la déesse lumineuse,[332] celles de Cypris la blonde, et fais fondre, en comprenant l’or dans ton invocation. »
A son tour, Petasius le philosophe, parlant du principe de l’œuvre, s’accorde avec ce qui a été déjà exposé au sujet de notre plomb et dit: « La sphère de feu est retenue et enserrée par celle du plomb ».[333] Et le même, se faisant son propre commentateur, ajoute: « Cela veut dire à partir du produit qui vient de l’eau mâle ».[334] Or c’est l’eau mâle qu’il a appelée la sphère de feu.[335] Il a dit (aussi) que le plomb est tellement possédé du démon[336] et livré à l’impudence, que ceux qui veulent apprendre (la science) tombent dans la folie, à cause de (leur) ignorance (de ses propriétés).
44. Voici ce qui a été dit dès le début au sujet des éléments, ce qui est proclamé ici. J’ai dit que le plomb est l’œuf (philosophique), composé des quatre éléments; Zosime l’expose aussi quelque part. Or le Tout[337] aboutit au plomb. En effet, quelle que soit l’espèce qu’ils comprennent dans le catalogue, ils entendent par là l’ensemble : « les quatre sont un » dit Marie. Si tu entends parler des minerais, comprends par là les espèces métalliques); et si tu entends parler des espèces, comprends les minerais. En effet, les quatre corps forment la tétrasomie.
C’est au sujet de cette tétrasomie que Zosime dit: « Ensuite la malheureuse,[338] tombée et enchaînée dans le corps (métallique) du quadruple élément, subit aussitôt les colorations voulues par celui qui l’assujettit au moyen de l’art : telles que la coloration noire, ou la blanche, ou la jaune. Ensuite, ayant reçu les couleurs et, parvenue peu à peu à l’adolescence, elle atteint la vieillesse et finit dans le corps à quadruple élément : [ce qui signifie (l’ensemble constitué par) le cuivre, le fer, l’étain et le plomb[339]]. Elle finit avec eux dans l’opération de l’iosis, comme détruite par ces (métaux) et surtout ne pouvant plus s’échapper; [c’est-à-dire entrelacée avec eux et ne pouvant s’en échapper[340]]. Et de nouveau elle se retourne avec eux, retenant lié avec elle celui qui la poursuit du dehors, au sein de l’appareil circulaire ».[341] Or qu’est-ce que l’appareil circulaire? si ce n’est le feu et la cause de l’évaporation sans issue, opérée dans la fiole sphérique. De même que, dans la maladie le premier sang étant corrompu, il se forme un nouveau sang dans le rétablissement (de la santé); de même il manifeste dans l’argent le (nouveau) sang couleur fauve, c’est-à-dire l’or.
45. Tels sont tous les témoignages. Autant que possible, je les ai résumés, les tirant de beaucoup de discours; non que nous manquions de papier;[342] en effet quelle quantité de papier suffirait pour exposer les puissances si vastes de l’art? Lors même que je préparerais un papier aussi étendu que le ciel, je ne pourrais développer ici qu’une petite partie de ce qui concerne la matière rendue corporelle. En cela, notre art ressemble à l’intelligence parfaite et ineffable. C’est pourquoi nous devons nous exercer, selon le divin Démocrite [c’est là une comparaison[343]], disant : « C’est pourquoi nous devons nous exercer et avoir une intelligence ouverte et perçante. » Zosime dit aussi : « Si tu es exercé, tu possèdes le fruit de tes exercices ; en effet l’art demande de l’intelligence, et se développe par elle. »
46. Vois comment toutes choses te sont devenues faciles à comprendre. Après avoir recueilli ce qui a été dit dès le principe, j’ai fait un choix de tout ce qui t’a été présenté.[344]
Ce fait qu’ils ont parlé des substances liquides et sèches, induit les lecteurs en erreur. En effet le mot « liquidité » un double sens. Tantôt il s’agit d’un liquide proprement dit, tel que l’eau; tantôt on nomme liquidité, comme parmi les artisans, la qualité onctueuse des pierres.[345] Or, il est impossible d’exprimer deux choses contraires par un seul (mot).
Ici s’applique vraiment la parole de Petasius le philosophe, disant que le plomb est tellement possédé du démon[346] et présomptueux, que ceux qui veulent apprendre tombent dans la folie et perdent l’esprit. Mon cher ami, éclaire-moi sur les choses obscures. Il faut que tout mensonge disparaisse. Car les philosophes, ces modèles de générosité,[347] connaissent toute vérité. J’ai besoin de pardon, car il est possible que vous ayez à corriger mes erreurs; tandis qu’elles deviendront un voile pour ceux à qui il ne nous est pas permis de faire la révélation.[348]
47. On[349] attribue au plomb les deux qualités contraires, attendu qu’il donne à la fois la sensation d’un corps liquide et celle d’un corps sec. Il possède trois propriétés en lui-même, il est blanc, jaune et noir;[350] et il est aussi liquide.[351] Voici qu’il se produit aussi (avec le plomb) quatre couleurs différentes du jaune.[352] Le plomb comporte encore deux traitements. C’est à bon droit que (Petasius) fait reposer l’art sur lui; mais c’est à tort qu’on lui adjuge le caractère théâtral et éclatant,[353] le même en vérité qu’à la (pierre) astérie.[354] C’est à cause d’une semblable nature, que la plupart des anciens placent l’art dans le plomb. Zosime le dit ainsi : « Le Tout aboutit au plomb. » Et ailleurs : « Le plomb, c’est notre magnésie; il est liquide par nature. » En outre la scorie du plomb ressemble à la scorie produite par la fonte du minerai aurifère.[355] C’est surtout pour cette raison, qu’on fait résider l’art dans le plomb.
48. Ainsi le corps (métallique) de la scorie, regardé par tous comme un produit sans application, vil et méprisé,[356] mérite au contraire les éloges qui viennent de lui être décernés. On doit penser (à ce sujet) comme tous les anciens, lui rendre sa gloire et le traiter par l’art. « Ne sois pas intimidé par ton inexpérience, dit Zosime, et lorsque tu verras que tout est devenu cendre, comprends alors que tout va bien ».[357] Pulvérise donc cette scorie et épuise-la de sa partie soluble, lave-la six ou sept fois dans des eaux édulcorées,[358] après chaque fonte. Ces fontes ont lieu en raison de la richesse du minerai. En suivant cette marche et ce lavage, dit Marie, la composition s’adoucit.
Tout l’art repose sur les éléments; car après la fin de l’iosis, une projection ayant lieu, le jaunissement stable des liquides se produit. En faisant cela, tu fais sortir au dehors la nature cachée à l’intérieur.[359] En effet, transforme leur nature, et tu trouveras ce que tu cherches.
C’est là, pour nous, un sujet inépuisable: tant il est difficile de louer dans une mesure suffisante la gloire de l’art; c’est donc par respect pour notre propre sujet que nous mettons un terme à notre discours.
Il fait aussi allusion à la demeure des âmes des philosophes et dit: « Il y avait une demeure sphéroïde, ou ovoïde,[360] regardant le couchant, côté où elle avait son entrée; elle était en forme de spirale. » Tu en trouveras la description dans le discours rappelé plus haut.
49. On rapporte encore l’art au soleil et à la lune; or le soleil préside au levant, et la lune au couchant. On apporte comme démonstrations plausibles sur ces choses, ce qui a été dit du minerai, c’est-à-dire des substances que l’on en tire.[361]
Quelques-uns font macérer les substances sulfureuses:[362] quand arrive le mois de pharmouthi,[363] ils placent chacune des espèces dans une étoffe[364] de lin solide et d’un tissu serré. Ils les font bouillir dans de l’eau de mer,[365] rejetant le bouillon produit et laissant de nouveau baigner dans de l’eau de mer. Ils ne connaissent pas à simple vue le résultat, mais par les (signes) dont parle Hermès en plusieurs endroits (lorsqu’il dit): « Fais bouillir dans une étoffe de lin solide. »
Lui-même a dit de faire bouillir la plante,[366] et (cela) avec raison : « en effet elle prend de l’accroissement ». Cet accroissement n’est pas une chose vaine, car les plantes croissent pour la nourriture et la production des semences.
Un grand nombre d’anciens ont mentionné les ébullitions. Marie et Démocrite (ont dit) : « Lave et relave, jusqu’à ce que l’antimoine ait perdu sa couleur noire ».[367] Par ce lavage, ils veulent faire entendre le blanchiment, ainsi qu’il a été dit plus haut.
50. En s’occupant maintenant de la substance jaune, ils font le catalogue des espèces jaunes. C’est pourquoi l’on dit: « Il y a deux blanchiments, et deux jaunissements; il y a deux compositions, l’une sèche, l’autre liquide »;[368] c’est-à-dire que dans le catalogue du jaune, tu trouveras des plantes et des minéraux. Tu trouveras aussi deux liqueurs : l’une dans le chapitre du jaune, et l’autre dans celui du blanc.
Dans le chapitre des liqueurs jaunes,[369] figurent les produits obtenus avec les plantes jaunes, telles que le safran, la chélidoine et autres semblables.
Dans la liste des compositions blanches, et parmi les matières sèches, sont toutes les (substances) blanches, telles que la terre de Crète (la craie),[370] la terre de Cimole et autres analogues.
Dans le chapitre des liqueurs blanches, sont toutes les eaux blanches, telles que la bière, les sèves, les sucs propres des plantes.
Rangeant toutes ces choses parmi les couleurs, ils y ont appliqué leurs soins. Jugez-en vous-mêmes, gens intelligents, après vous être préalablement exercés en ces (matières). Quant à nous autres, dédaignant toutes ces choses, suivant Démocrite, « nous connaissons les diversités de la matière et nous allons au plus utile ».
Vois dans le traité de l’Action, au second livre, ce que dit Zosime au sujet du blanchiment: « Il y a deux blanchiments, comme aussi deux jaunissements, l’un par délaiement,[371] et l’autre par cuisson. Voici comment on opère par délaiement : l’opération n’a pas lieu simplement, mais elle s’accomplit dans une demeure consacrée. A l’extérieur de cette demeure sacrée, distribués pareillement dans tous les sens, sont disposés à l’entour des pièces d’eau et des jardins, afin que le zéphir en soufflant (ne dessèche pas) la poussière et ne l’enlève pas hors du mortier. » C’est ainsi qu’il a parlé, en termes mystiques, du lieu de la pulvérisation. Et vous-mêmes, gens intelligents, distinguez « le centre de la demeure »; ainsi que le sens de ces mots : « les pièces d’eau et les jardins ».
51. Hermès suppose que l’homme est un petit monde (microcosme), lorsqu’il dit : « Tout ce que possède le grand monde, l’homme aussi le possède. Le grand monde a des animaux[372] terrestres et aquatiques; l’homme a aussi des puces et des poux, en fait d’animaux terrestres, et des helminthes, en fait d’animaux aquatiques. Le grand monde a des fleuves, des fontaines, des mers; et l’homme a des intestins.[373] Le grand monde a les animaux aériens, et l’homme a les cousins.[374] Le grand monde a les souffles partout répandus, tels que les vents;[375] et l’homme a les flatuosités.[376] Le grand monde a le soleil et la lune;[377] l’homme a ses deux yeux, et l’on consacre l’œil droit au soleil, et l’œil gauche à la lune. Le grand monde n des montagnes et des collines, et l’homme a des os.[378] Le grand monde a le ciel;[379] l’homme a la tête.[380] Le grand monde a les douze signes du Zodiaque,[381] savoir: le Bélier, le Taureau, les Gémeaux, le Cancer, le Lion, la Vierge, la Balance, le Scorpion, le Sagittaire, le Capricorne, le Verseau et les Poissons. L’homme a ces choses depuis la tête, c’est-à-dire depuis le Bélier, jusqu’aux pieds, qui répondent aux Poissons.
C’est là ce que les anciens expriment, en disant que l’homme est l’image du monde; ce que rapporte Zosime dans son livre de la Vertu. De même la terre est l’image du monde.
52. Ne pouvons-nous pas aussi délayer l’homme et en faire des projections? dit le philosophe, s’adressant à Zosime. Or celui-ci dit: « Nous avons prouvé que cet œuf (philosophique) est la reproduction de l’univers. » Hermès, aussi, faisant entendre par énigme l’œuf dans la pyramide,[382] disait que l’œuf était à proprement parler la substance de la chrysocolle et de l’argent.[383] L’œuf est appelé le monde à la chevelure d’or; et Hermès désigne le coq[384] comme étant un homme maudit par le soleil. Voilà ce qu’il dit dans le livre antique.[385] C’est là qu’il fait mention de la taupe, disant que cet animal avait aussi été un homme; il avait été maudit de Dieu, pour avoir révélé les mystères du soleil[386] et (Dieu) l’avait rendu aveugle. Et de fait, si la taupe monte à la face du soleil, la terre ne l’accueille plus jusqu’au soir. Il dit que cela est arrivé parce que cet homme avait connu la forme (mystérieuse) du soleil.[387] (Dieu) le relégua dans la terre noire, comme ayant transgressé la loi, et révélé le mystère aux hommes.
53. Résumons tout ceci, pour abréger.[388] On reconnaît que le genre (animal) existe en raison de ses générations successives et se distingue en espèces, telles que les êtres volatils (et ceux qui ne le sont pas), lesquels sont à ra portée de la main, sans autre défense qu’eux-mêmes. De même les reptiles et les quadrupèdes, distincts entre eux quant à l’espèce, tandis qu’ils s’accordent par la puissance (de reproduction).[389] Mais l’homme est supérieur à tous les animaux sans raison, comme Synésius l’écrit à Dioscorus.[390] Il dit: « L’homme est le plus important de tous les animaux vivant à la surface de la terre. »
« Le but propre de tout l’art, dit Horus, c’est d’avoir pris secrètement la semence du male;[391] tandis que toutes choses sont mâles et femelles. » Comme le dit quelque part Marie: « Unissez le mâle et la femelle et vous trouverez ce qui est cherché. En effet sans le procédé de cette réunion, rien ne peut réussir, car la nature charme la nature, etc. »
54. Démocrite, à l’occasion de ces choses, a composé quatre livres sous ce titre : Le Principe.[392]
Marie dit : « prenant une feuille d’argent … »; et la même, ailleurs « prenant la feuille de la kérotakis[393] ». Or elle appelle kérotakis l’instrument employé pour échauffer la feuille. [Le mot feuille désigne (aussi) un débris de plante[394]].
Et ailleurs, la même: « Dans le même motarion (mets) de la sandaraque jaune. » [Remarquez le nom féminin de la sandaraque. Quant aux motaria, comme vous le savez, ils sont faits avec du linge[395]].
Et sur la stèle, au-dessous de la figure de l’espèce masculine,[396] il y a ces mots de Marie « et avec toutes choses » ; et ailleurs : « la préparation ignée ». Marie dit encore : « Ne va pas toucher avec tes mains; tu n’es pas de la race d’Abraham; tu n’es pas de notre race ».[397]
55. Remarque que l’art est spécial et non commun, comme quelques-uns le croient : ils ont parlé comme à des auditeurs ordinaires, capables de connaître et de comprendre. Mais toi, mon excellent fils, recueille les choses qui te paraissent utiles, conseillé par le philosophe en ces termes: « Je (vous) parle comme à des gens intelligents, exerçant vos esprits à connaître de quelles choses il faut se servir ». Si les modernes avaient été exercés dans ces matières, ils n’auraient pas échoué en s’engageant sans discernement dans les opérations. Et (encore) : « Devenez tels que les fils de médecins, afin de comprendre les natures; en effet les fils de médecins, lorsqu’ils veulent préparer un remède salutaire, n’opèrent pas avec, une précipitation inconsidérée, etc. »
Voici dans quel sens il a été dit que l’art est spécial et non livré à tous, Ecoutez, gens sans réflexion, ce que dit Horus[398] l’extracteur d’or à Cronammon, sur l’art des divisions et des espèces : « J’introduirai une petite explication, exposant l’interprétation de la véritable nature, seulement en ce qui touche les classes mentionnées parmi nous; la vérité concernant les minerais et les pierres n’ayant été publiée nulle part. Je dis la vérité relative aux minerais; car les classes n’ont jamais été épuisées jusqu’au bout. En effet qui ne sait que l’or, l’argent, le cuivre, le fer, le plomb, l’étain, comme aussi les terres, les pierres, les minerais métalliques sont (extraits) de la terre et sont mis en œuvre? »
C’est d’après ces (données) qu’ils ont fait leur écrit; ils exposent aussi les liqueurs tirées des sèves et des sucs des plantes, des arbres, des fruits, des bois secs et humides. En composant des liqueurs avec ces substances, ils ont constitué l’art. Ils ont partagé cet art unique comme un arbre divisé en mille rameaux, et ils en ont formé mille classes.
Tu as donc ici, en toute puissance, l’ensemble de l’œuvre. Il comprend le molybdochalque, la pierre étésienne et toutes les substances dorées, obtenues par cuisson et qui s’écoulent ensemble. Or ces mots : « les substances qui s’écoulent ensemble » ne signifient pas autre chose que les substances qui se liquéfient simultanément et par cet agent,[399] c’est-à-dire au moyen du feu.
OLYMPIODORE. — APPENDICES
APPENDICE I
Texte anépigraphe. — Commentaire de la Formule de l’Écrevisse. [400]
Prenant le sédiment sec et noirci qui reste, blanchis-(le) de cette façon. Prends de l’eau de chaux préparée à l’avance, ou de l’eau de chaux fabriquée au moyen de la cendre d’albâtre, en guise de lessive pour savonner. Projette les matières dans le liquide et lave bien, jusqu’à ce que l’eau soit noircie; filtre, puis transvase l’eau qui en provient.
Ajoute d’autre eau, si tu veux; après avoir laissé l’eau digérer pendant quelques jours, filtre; lave encore le (contenu du) vase, en suivant l’ordre indiqué précédemment. Ensuite transvase de nouveau l’eau noircie, avec la précédente. Puis ayant fait digérer pendant le même nombre de jours, filtre le contenu du vase et lave. En faisant cela plusieurs fois, la couleur noire disparaît à la surface, et la matière devient d’une couleur blanche. Quant aux eaux noircies auparavant, mets-(les) dans un vase de verre et, après avoir luté le vase tout autour, laisse sécher et fais digérer pendant quelques jours. Le produit passé à l’état d’ios doit être mis dans l’appareil à gorge. Il redevient ainsi blanc.
Après l’avoir blanchi d’abord, comme il a été dit précédemment, sèche-le et mets-le dans un mortier; jettes-y de l’eau blanche, (provenant) des produits précédents. Ajoutes-en peu à peu et broie, jusqu’à ce que la matière soit bien lavée d’avance et arrive à l’état et à la forme voulue. Après l’avoir desséché, mets-le dans un alambic de verre luté soigneusement;[401] fais digérer pendant quelques jours, c’est-à-dire jusqu’à ce que la cendre se délaie, puis parvienne à un blanchiment convenable. Qu’elle se délaie et se désagrège. Expose-la au-dessus du vinaigre: sous l’influence de vapeurs piquantes, la matière se divise et devient blanche comme la céruse provenant du plomb.
Il est possible de produire aussi cet effet avec de la chaux, en plaçant notre pierre au-dessus de la vapeur acide du vinaigre, à la façon d’une feuille de plomb.[402]
Mais pour donner à ces matières la coloration jaune, après que la préparation a été convenablement lavée et desséchée, il faut d’abord l’arroser avec des eaux jaunes et faire macérer : la matière prend ainsi la couleur blanche: il faut ensuite dessécher et traiter convenablement.[403]
Ainsi aura été accomplie, Dieu aidant, la pratique de Justinien.
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Cette recette s’applique à la transformation d’un composé métallique noir, tel qu’un sulfure ou un résidu de fusion, en oxyde blanc (ou carbonate), par l’action lente de l’eau et de l’air. Quant au rapport entre cette recette, qui s’applique au lavage des scories, et la formule de l’Ecrevisse, il résulte de ce que l’oxyde ainsi obtenu servait à la préparation de l’alliage appelé molybdochalque (Introd., p. 153; voir aussi le présent volume, p. loi, texte et note 4).
APPENDICE II
§ 51. — Rédaction de L pour le passage relatif au microcosme et au macrocosme. — Ces variantes ont été données en détail dans les notes de la Traduction du texte.
APPENDICE III.
§ 55. — Rédaction de L. Après le passage: « Horus à Cronammon exposant l’interprétation de la véritable nature », le manuscrit poursuit en ces termes:
Sachez donc, ô mes amis, vous les artisans de l’or, qu’il faut préparer les minerais convenablement et avec une grande habileté, ainsi que je l’ai expliqué précédemment; car autrement l’opération ne pourra être amenée à son terme. Or le nom de minerais est donné, d’après les anciens, à l’ensemble des sept métaux; car leurs minerais sont extraits de la terre, et de nature pierreuse on les met en œuvre. Tous ont écrit sur ce sujet.
(Il y a), en outre, les liqueurs (extraites) des plantes et des sèves, des sucs des arbres, des fruits et des bois secs et humides. Avec ces données, ils ont constitué l’art et, le traitant comme un arbre divisé de tous côtés en mille rameaux, ils l’ont distribué en mille classes et opérations.
Tu possèdes donc ici, en toute puissance, l’ensemble de l’œuvre du cuivre, c’est-à-dire la pierre étésienne, les substances dorées, obtenues par cuisson et qui s’écoulent ensemble, et tout ce qui concerne l’art. Or ces mots: « les substances qui s’écoulent ensemble », ne signifient pas autre chose que les substances qui se liquéfient simultanément et par cet agent, c’est-à-dire au moyen du feu.
Fin d’Olympiodore.
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[1] Orseille.
[2] Ici commence un second procédé de teinture en pourpre, indépendant du premier, On procède cette fois au moyen de la Laccha. — Le mot orcanette est indiqué comme traduction commune pour les mots laccha et anchusa, par les dictionnaires (Voir aussi Saumaise, Plinianœ exercitationes).
Dans la recette 96 des Papyrus de Leide (Introd., p. 48); il y a aussi deux procédés parallèles de teinture, l’un avec l’orseille, l’autre avec l’orcanette. Ces deux matières différentes formaient-elles la base des teintures doubles (étoffes dibajoi, dont parlent les anciens auteurs)? ou bien celles-ci étaient-elles exécutées avec une même matière? La description ci-dessus, reproduisant deux fois le traitement avec l’orseille, est plutôt favorable à la seconde opinion.
[3] Mot à mot: faux coquillage.
[4] Sorte de cochenille.
[5] Orseille.
[6] Anchusa.
[7] Matière inconnue
[8] Ou des plongeurs?
[9] Voir Salmasii Plinianœ exercitationes, p. 192, b, E et F. et pages suivantes (1689).
[10] Ce qui précède est le fragment de divers procédés de teinture en pourpre, tirés des notes de quelque teinturier et analogues aux recettes du Papyrus de Leide (Introd., p. 48). Puis vient un morceau magique, suivi d’un fragment alchimique: v. Origines de l’Alchimie, p. 150. — La traduction actuelle du premier fragment a été soumise à une révision nouvelle.
[11] Ceci paraît être le vrai commencement du traité du Pseudo-Démocrite; (ce qui précède représentant des lambeaux surajoutés. Le traité même est constitué par les deux livres sur le blanc et le jaune, c’est-à-dire l’Argyropée et la Chrysopée, dont parle Synésius.
[12] Cette expression semblait consacrée dans les expositions de doctrine secrète: διὰ τὴν τῶν πολλῶν περιεργίαν, dit aussi le Papyrus V de Leide, col. 12, l. 18 (Introd., p. 10).
[13] Métal réduit de ses minerais, ou autres composés.
[14] Ce mot signifiait à l’origine la pierre magnétique; mais dans le Lexique, il est traduit par: plomb blanc, pyrite, antimoine femelle (sulfure d’antimoine en grands cristaux), cadmie (oxyde de zinc impur, mêlé de cuivre). Il désignait aussi l’étain et l’alliage du cuivre et du plomb. Les sens multiples de ce mot ont été donnés dans l’Introduction, p. 55. Il semble en particulier qu’il s’appliquât à tout minerai noir ou blanc, susceptible de fournir par sa réduction un métal, un alliage, ou un amalgame, blanc et fusible.
[15] Sulfure d’arsenic: soit l’orpiment.
[16] C’est-à-dire désoxydé, blanchi et amené à un éclat uniforme. D’après le Lexique, p. 6 : le cuivre couvert d’ombre, c’est la fleur de cuivre (protoxyde, sous-sels, vert-de-gris). (Introd., p. 232.)
[17] Ou plutôt de l’Electrum, d’après le signe de B.
[18] Autrement dit coquille d’or, expression encore usitée en orfèvrerie.
[19] Orpiment.
[20] Réalgar.
[21] Voici quelle paraît être la signification générale des recettes de ce paragraphe. Faites avec le mercure un amalgame, ou éteignez-le avec une substance quelconque. Puis étendez le produit (terre blanche) sur le cuivre; celui-ci deviendra d’un éclat argentin uniforme.
Cette terre ou pâte blanche est encore désignée sous le nom d’amalgame fusible, et de préparation blanche, à la fin de la lettre d’Isis à Horus, p. 34.
Les composés arsénicaux peuvent aussi blanchir le cuivre par sublimation; de même le cinabre, soit à chaud, soit en le décomposant par quelque artifice. Enfin le cuivre blanchi à la surface peut être doré ensuite par un traitement convenable, au moyen de l’électrum, ou de l’or en feuilles, ou en poudre (coquille d’or).
Il s’agirait donc en fait d’un procédé d’argenture apparente du cuivre, précédant une dorure superficielle: ce qui est conforme aux analogies tirées du Papyrus de Leide. (Introd., p. 56.)
[22] Cette recette parait signifier que l’on doit traiter un minerai d’argent (argent sulfuré, couleur gris d’acier) par la litharge et le plomb (ou l’anti. moine), de façon à obtenir un alliage; puis on colore cet alliage en jaune, à l’aide d’une matière non définie ici.
[23] C’est-à-dire grillez, jusqu’à désulfuration et disparition de la couleur gris d’acier du sulfure d’argent, ou analogue.
[24] Cette recette paraît exprimer le grillage de la pyrite argentifère, suivie de traitements par des liqueurs renfermant du chlorure de sodium. Finalement, on prépare un alliage couleur d’or, et renfermant soit de l’argent, soit une certaine dose d’or, associés au cuivre et à d’autres métaux.
[25] Alliage du plomb avec le cuivre, l’étain, le zinc, etc. (Introd., p. 244, et Lexique, p. 10).
[26] Glose d’un copiste, intercalée dans le texte.
[27] Cette recette a pour objet la fabrication d’un alliage couleur d’or, avec le concours de l’arsenic (Introd., p. 67).
[28] S’agit-il du sulfure de mercure, ou bien du minium? (V. Introd., p. 244).
[29] Un commentateur du xve siècle a écrit en marge une interprétation mystique. « L’alun, et l’éther, et le mercure, et le cuivre sans ombre.
[30] Minerais de cuivre. Voir Introd., p. 242.
[31] Dans cette recette, il s’agit d’un vernis couleur d’or (Introd., p. 59).
[32] C’est une recette de vernis pour teindre superficiellement en or; ou pour modifier la couleur d’un objet d’or.
[33] D’après le Lexique, p. 9: Pyrite et arsenic, c’est-à-dire pyrite arsenicale. M et A mettent en marge le signe de l’or, qui se rapportait à la couleur de ces substances: du moins à l’origine de ces recettes, et tant qu’elles ont eu un caractère pratique; car plus tard les commentateurs les ont entendues dans un sens mystique.
[34] Les sulfures métalliques sont changés par là, en vertu d’une oxydation lente, en oxysulfures, et sels basiques.
[35] Formation d’oxysulfures.
[36] Polysulfure de calcium, ou analogue, d’après le papyrus de Leide. (Introd., p. 68). Mais le sens du mot est plus compréhensif d’après le Lexique, p. 8 et 9.
[37] C’est-à-dire teignant l’argent en or, par une sulfuration superficielle. — Une recette analogue se trouve dans le papyrus de Leide, à la suite de l’article sur l’eau de soufre (Introd., p.
[38] Après coupellation.
[39] Voir Dioscoride, Mat. méd., V, 88. — Ce mot désigne un protoxyde de cuivre impur et des sous-sels. Introd., p. 232).
[40] Azurite, hydrocarbonate de cuivre ou corps analogues. (Introd., p. 243).
[41] Alliage de cuivre et de plomb (parfois avec antimoine, etc.). — Ce qui précède en décrit la préparation avec assez de clarté.
[42] Ceci est une recette d’alliage jaune (bronze ou laiton), à base de cuivre et de plomb (et d’antimoine).
[43] Sulfate de protoxyde de fer, probablement mêlé de sulfate de cuivre.
[44] Le sulfate de fer se change ainsi en sel basique de peroxyde.
[45] C’est-à-dire que le métal sera teint à la surface d’une couleur dorée.
[46] Cette phrase se rapporte à une autre recette, probablement celle de) l’affinage de l’or par voie sèche. (V. Introd., p. 14 à 16.)
[47] Chrysocolle signifie à la fois alliage d’or pour soudure, et malachite. (V. Introduction, page 243.)
[48] Il semble qu’il s’agisse d’un affinage superficiel, par cémentation de l’alliage d’or.
[49] Le charlatan enthousiaste reparaît ici.
[50] Par une action immédiate, il décape; tandis que par un contact et une action prolongés, il détermine la formation d’une rouille (oxychlorure de cuivre). Tout ceci est assez clair.
[51] Il s’agit ici de teindre en or l’argent à l’aide d’une couleur appliquée à sa surface (V. Papyrus de Leide et Introduction, p. 6). Il en est de même du procédé suivant.
[52] C’est-à-dire la couleur d’or superficielle, ou vernis.
[53] Que vous voulez teindre.
[54] Dans les ms. A et B il y a au-dessus le signe du mercure (arsenic métallique). Peut-être s’agit-il d’un composé arsenical. En effet le mot safrana été appliqué jusqu’à notre temps à divers composés minéraux jaunes: safran de Mars signifie un oxyde ou sel basique de fer; safran des métaux, un oxysulfure d’antimoine. — Misy cru signifie aussi safran, d’après la Chimie de Moïse (publiée plus loin).
[55] Voir Introd., p. 28, 1ère recette du Papyrus de Leide; — p. 35, 24e recette; p. 44, 84e recette.
[56] Echomène dans le Lexique. — Basilic? — (Lexique, p. 8, note).
[57] C’est encore une recette pour vernir en couleur d’or la surface des métaux.
[58] Voir I, xv.
[59] Il s’agit de quelque recette pour raccommoder le fer.
[60] Note du xive siècle dans M, au bas de la page: « La lie brûlée avec le sel a la même vertu que le borax pour la soudure.
Pour braser (?): le soufre et l’urine, et le vinaigre et l’ail, un peu de sel et un peu d’eau.
Suit une troisième recette, avec des mots barbares.
[61] Ce titre, comparé à la phrase précédente, tend à identifier l’asèm avec l’argent; ce qui est en effet le sens moderne du mot Mais à l’origine l’asèm était un alliage spécial, intermédiaire entre l’or et l’argent, et analogue à l’électrum. — (Introd., p. 62.)
[62] Le mot mercure signifie ici notre arsenic sublimé. (Introd., p. 99 et 239.)
[63] Leçon de A B: « mettez du cuivre dans du fer... »
[64] Cette recette répond au blanchiment d’un alliage cuivreux par les composés arsenicaux. — La suivante est plus obscure; mais elle paraît avoir le même sens. — En raison de ce blanchiment, on croyait que les composés arsenicaux contenaient une espèce de mercure. (Introd., p. 99.)
[65] Signe du cinabre au-dessus, dans M. S’agit-il d’un amalgame? (Voir Introd., p. 255.)
[66] Signe de l’or au-dessus, M. Est-ce l’arsenic couleur d’or (orpiment)?
[67] Par grillage. Signe de l’argent au-dessus, M.
[68] Les deux signes (Pl. 11, l. 17; Introd., p. 108) du sel ammoniac, au-dessus des mots cadmie et sandaraque, M. L.
[69] Au-dessus, le mot « exact», M. Ce qui semble indiquer que les signes précédents représentent une variante de la recette, par interprétation.
[70] Au-dessus, le signe du cinabre, M.
[71] Au-dessus, le signe du mercure, M.
[72] Au-dessus, le mot « exact » dans M.
[73] Dans A et B à la place de nejelhn, le signe du mercure. Est-ce le mercure? ou l’arsenic?
[74] Au-dessus, le signe du soufre, M.
[75] Au-dessus, le signe de l’or, M. — Pyrite couleur d’or.
[76] Au-dessus, le signe du cinabre, M.
[77] Cette recette répond à la préparation d’une composition propre à blanchir les métaux par amalgamation superficielle. — Voir papyrus X de Leide, recette n° 86. (Introd., p. 46.)
[78] Signe du cinabre au-dessus, M.
[79] Au-dessus, le signe du mercure, M.
[80] Vapeurs des sulfures arsenicaux (grillés), d’après le Lexique, p. 10. (Introd., p. 245.)
[81] Sans cri? — Voir les développements de Geber. Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 525.
[82] Il s’agit ici d’un alliage blanc à base de plomb, rendu moins fusible par l’addition de quelque autre substance, Toutes les préparations qui précèdent reposent sur un blanchiment opéré par le mercure, ou l’arsenic, ou sur la fabrication d’alliages blancs. Celles qui suivent (sauf peut-être le n° 24) sont des simples vernis superficiels. Le même ordre a été suivi plus haut, dans les recettes de dorure.
[83] Voir Lexique, p. 11 et 13. Il s’agit de quelque sel de plomb.
[84] C’est un procédé pour colorer superficiellement le cuivre, le plomb, ou le fer en blanc d’argent, à l’aide d’un enduit. (Voir Papyrus de Leide. Introd., p. 52.)
[85] Ceci semble s’appliquer aux vernis appliqués à la surface du métal; par opposition au cas où le métal même est attaqué.
[86] Teinture par vernissage.
[87] Il semble qu’il s’agisse ici d’une teinture par amalgamation.
[88] Eau de chaux, ou lait de chaux.
[89] Teinture par amalgamation.
[90] En d’autres termes, l’auteur s’en réfère à ses autres ouvrages sur la distillation.
[91] C’est la conclusion des deux traités relatifs à la teinture en or et en asèm, ou argent: teinture opérée tantôt à la surface, par coloration directe du métal ou vernissage; tantôt à fond, par fabrication d’un alliage. Ces traités consistent en une série de recettes, congénères de celles du Papyrus de Leyde; mais à la suite desquelles l’auteur a ajouté les axiomes mystiques relatifs à la nature. L’idée de la transmutation vraie n’y est pas manifeste.
[92] Cette phrase a été omise par accident, dans le texte grec imprimé.
[93] Cp. Orig, de l’Alch., p. 47.
[94] Il y a là dans le grec quelques mots inintelligibles, par suite des erreurs du copiste.
[95] Dioscoride, Mat. méd., V. 128. — Introd., p. 267.
[96] Le commencement de cette recette parait être une teinture pour blanchir le cuivre au moyen de l’arsenic.
[97] C’est-à-dire dans le jus acide.
[98] Nom de quelque vase ou instrument, qui ne se trouve pas dans les dictionnaires.
[99] C’est encore un procédé pour blanchir le cuivre au moyen de l’arsenic.
[100] A la fin de la recette précédente.
[101] Afin d’entretenir une douce chaleur.
[102] De cuivre?
[103] Ou d’algue marine.
[104] Cette recette est celle d’une poudre de projection; elle est trop obscure pour que le sens puisse en être précisé. Le nom même du « corail d’or » représente une préparation dont nous ne connaissons pas le sens exact.
[105] Synonyme de l’alliage de plomb et de cuivre. (Introd., p. 153.)
[106] Les deux premiers de ces livres, ou leurs extraits, ne sont autres que les deux collections de recettes sur l’art de faire de l’or (ou de teindre en or) et sur la fabrication de l’asèm (ou de l’argent), qui constituent la partie essentielle du Traité intitulé: « Questions naturelles et mystérieuses ». — Le troisième est perdu: cependant l’ouvrage sur l’art de fabriquer le verre et les pierres précieuses artificielles, que nous trouvons dans les Collections alchimiques, doit en tirer sa première origine. Quant à l’ouvrage sur la pourpre, il n’en subsiste qu’un débris en tête des « Questions naturelles ». — Ces divers sujets sont demeurés la matière commune des vieux traités alchimiques, comme le prouve le titre que j’ai reproduit (Origines de l’Alchimie, p. 123) et le contenu du Traité de Moïse, donné plus loin.
[107] Le Philosophe par excellence, Démocrite.
[108] Ce passage semble établir une distinction entre les métaux colorés, après fusion au creuset, par la projection de certaines matières, et les métaux colorés par voie d’enduit. L’enduit pouvait d’ailleurs constituer un simple vernis superficiel; ou bien attaquer le métal, en formant à sa surface un alliage, amalgame, sulfure, ou arséniure, dont la nuance était en outre modifiable par l’action du feu. (V. Introd., p. 59 et 60.)
[109] C’est-à-dire qu’il faut réduire les corps à leur dernier degré de division; à leur quintessence, comme on a dit plus tard au moyen âge.
[110] On voit apparaître ici l’idée de fixer les corps, en leur enlevant leur liquidité, ou fusibilité; cette qualité étant envisagée comme un élément distinct des corps. (Cp. Origines de l’Alchimie, p. 280 et 281.)
[111] Aux recettes obscures, mais positives du Pseudo-Démocrite, qui sont celles d’un expérimentateur, succèdent les commentaires mystiques d’un philosophe néo-platonicien.
[112] C’est-à-dire la couleur, fios, ἄνθος. Il y a ici un jeu de mots.
[113] Le grec dit simplement: πόντος, la mer. Il y a là un autre jeu de mots dont le sens nous échappe. A moins que l’on n’interprète cette phrase par la figure 18 de l’Introd., p. 141; où se trouve représenté un récipient appelé pontoV, en forme de bassine, et dans lequel s’écoule le et d’une distillation, opérée avec les produits désignés ici sous le nom mystique de fleurs.
[114] Voir la note 330.
[115] Oxydation ou sulfuration superficielle qui détruit l’éclat du métal. Les métaux en effet perdent leur éclat en s’oxydant et se changeant en matières pulvérulentes, telles que le vert-de-gris, la rouille, etc.
[116] C’est-à-dire la réduction à leur dernier degré de division. Voir la note 329 ci-dessus.
[117] Des liquides.
[118] Voir la note 335.
[119] Voir la note 329.
[120] Ou eau de soufre. — En d’autres termes, pour obtenir ces effets, les métaux doivent être attaqués avec le concours de l’eau divine, du mercure, de la chrysocolle et du soufre. La phrase grecque est elliptique. En affirmant que l’on n’a pas besoin de ces substances, l’auteur paraît vouloir dire que ces agents n’éprouvent pas par eux-mêmes la transmutation ils n’en sont pas la matière fondamentale, mais les intermédiaires.
[121] Faut-il entendre par là les pyrites qui, une fois échauffées, brûlent, se grillent et se changent en oxydes, sans combustible extérieur? Et les sulfures, qui peuvent régénérer leurs métaux par un grillage ménagé, comme les sulfures de plomb, d’antimoine, etc.?
[122] Sur cette multiplicité des noms mystiques, destinée à voiler la science aux non-initiés, voir la nomenclature prophétique, Introd., p. 10. Ces noms d’ailleurs ne s’appliquent pas nécessairement à une même substance; mais ils désignent parfois les substances différentes, employées dans la suite d’une même opération.
[123] Voir I, xv, p. 37 de ce volume.
[124] Le texte grec de Démocrite donné plus haut est un peu différent (v. p. 43 du Texte grec et p. 44 de la Traduction)
[125] Le principe colorant fourni par une dissolution (v. Flos, Floridus. Introd., p. 232).
[126] L’auteur joue sur la similitude des mots μεταλοιοῦντα et μεταλλεύοντα.
[127] S’agit-il ici de la régénération des métaux, latents dans leurs minerais? ou de la fabrication des alliages diversement colorés et qu’il convient de teindre, non seulement à la surface, mais dans la profondeur?
[128] Cette description est celle d’un alambic, avec bain-marie et fiole de condensation (v. fig. 40, Introd., p. 164).
[129] Ce sont les deux chapitres des « Questions naturelles et mystérieuses », p. 45 et p. 52.
[130] Ceci montre que le mot mercure signifiait à la fois notre mercure et notre arsenic (Introd., p. 239 et 99). — Il s’agit ici de l’action tinctoriale que l’arsenic, aussi bien que le mercure ordinaire, peut exercer sur les métaux. De là l’idée d’une essence commune aux deux agents. Il semble que les observations relatives à ces deux corps aient été le point de départ de la notion du mercure des philosophes, ou matière première métallique, destinée à être l’intermédiaire de la transmutation.
[131] C’est-à-dire le mercure.
[132] La notion de la matière première apparaît ici très clairement (v. Origines de l’Alchimie, p. 265 et 267), et cela avec le double sens opposé, développé dans le Timée. D’une part, la matière première est le fond permanent des choses et subsiste par là; tandis que, d’autre part, elle est dépourvue d’une forme qui lui soit propre, et éprouve les modifications qui répondent aux qualités particulières des corps; à leur couleur, par exemple, dans le cas actuel.
[133] C’est-à-dire que le mercure est: d’une part, la matière première et générale, qui forme le fond de la transmutation; et, d’autre part, qu’il perd son caractère propre et individuel, dans l’exécution de celle-ci.
[134] L’auteur distingue la matière du métal, c’est-à-dire son fond propre, de ses qualités apparentes.
[135] Mot qui désigne l’ensemble des quatre métaux imparfaits: cuivre, plomb, étain, fer.
[136] Cp. Introd., p. 248.
[137] Cp. Enée de Gaza: Origines de l’Alchimie, p. 75.
[138] Ceci paraît signifier que tout métal renferme un élément mercuriel.
[139] Ceci est très clair: il s’agit ici d’un côté du mercure libre, et de l’autre du mercure combiné, existant en puissance dans le cinabre, son minerai.
[140] Il s’agit ici d’un alliage complexe, le métal de la magnésie, formé probablement par l’union des quatre corps ou métaux fondamentaux, et auquel on associe le mercure, pris dans son sens ordinaire, ou plutôt dans le sens mystique du mercure des philosophes (v. aussi Introd., p. 256).
[141] Malachite; employée dans la soudure de l’or. — Introd., p. 243.
[142] A proprement parler: la matière couleur de grenouille verte. Ce mot signifie aussi Renoncule aquatique.
[143] L’auteur joue sur le mot pâli, wcriasanta littéralement jauni et qui peut être dérivé de wcra ocre jaune. Il veut expliquer comment la chrysocolle ou malachite, matière verte, sert à faire l’or qui est jaune; il cherche donc à montrer la parenté de la couleur verte à la couleur jaune et le passage de l’une à l’autre: ces deux couleurs ou qualités des corps étant envisagées comme ayant une existence propre.
[144] Orpiment.
[145] C’est-à-dire la matière première du métal de la magnésie
[146] L’auteur joue sur le double sens de ἀρσένικον: arsenic ou masculin.
[147] Il s’agit d’abord du mercure, qui est féminin, ἡ ὑδράργυρος; puis de la chrysocolle.
[148] Le mercure, c’est-à-dire le cinabre, et la chrysocolle, opposés au claudianos et à l’arsenic.
[149] La sécheresse, qualité, est prise ici avec un sens substantiel; comme plus haut la couleur jaune.
[150] La fin de la phrase est inintelligible, le copiste ayant probablement répété le membre de phrase qui précède.
[151] Introd., p. 261.
[152] Jeu de mots sur la mer, πόντος, matière humide par excellence, v. p. 62.
[153] Une variante indique ici le sel ammoniac, au lieu du cinabre.
[154] Le mot χάλκανθος couperose, exprime à la fois le sulfate de cuivre bleu, le sulfate de fer vert et leurs mélanges. Le sory est un sulfate de cuivre basique, plus ou moins ferrugineux, provenant de l’altération des pyrites. Mais le sulfate de fer pur, ou son mélange avec le sulfate de cuivre, ne tarde pas à s’oxyder à l’air humide et à se changer en sels basiques qui sont jaunes. Ces composés peuvent donc passer du vert au jaune, par des actions en apparence spontanées. Quant au cinabre, sa couleur rouge est ici, comme précédemment, rangée sous la rubrique du jaune.
[155] Le mot Tout, πᾶν, revient dans tout ce morceau avec un sens mystérieux, qui semble s’appliquer à la matière première des transmutations métalliques. C’était à proprement parler le molybdochalque, ou encore le métal de la magnésie (v. Introd., p. 153). Il s’agit toujours d’étudier comment une même matière peut affecter des couleurs diverses, suivant les traitements et les procédés de teinture.
[156] Au-dessus le signe du mercure dans A, B.
[157] L’auteur joue sur la ressemblance des mots ἀναγαλλίς (mouron) et ἀναγαγεῖν (faire monter). Faire monter l’eau signifie la distillation ou la sublimation.
[158] Le jeu de mots continue, en s’appliquant à l’ascension (sublimation) des matières volatiles, appelées esprits ou fleurs des métaux, et assimilées aux mêmes des plantes; lesquelles fleurs se produisent pendant les fusions et traitements des minerais. Ce sont pour nous des oxydes sublimés (oxyde de zinc), ou entraînés par les gaz. On dit encore aujourd’hui, dans un sens analogue qui remonte aux alchimistes: fleurs argentines d’antimoine ; fleurs de fnc ; fleur de soufre. On disait également au siècle dernier: fleurs d’antimoine, pour le sublimé jaune et en partie oxydé formé par le sulfure naturel; fleurs rouges d’antimoine, pour un sulfure rouge formé en présence du sel ammoniac; fleurs d’arsenic, pour l’acide arsénieux sublimé; fleurs de sel ammoniac, pour ce sel sublimé, fleurs de benjoin, pour l’acide benzoïque sublimé, etc. (Dict. de Chimie de Macquer, 1778). — On lit de même dans le Lexicon Alchemiœ de Rulandus, p. 216 (1612): Flos est bolus per sublimationem extractus... Flos spirituosa rei substantia est... Omnis flos per se volatilis et spirituosus.
[159] V. § 3 de ce dialogue et la note 372.
[160] C’est-à-dire avec le sory (?)—Voir plus haut, note 374.
[161] Par évaporation et distillation.
[162] Variante: l’eau de sel ammoniac, Fabr.
[163] Variante: l’eau de molybdochalque, Fabr.
[164] Variante: l’eau de couperose, Fabr.
[165] Y a-t-il là un jeu de mots, sur κυνὸς (de chienne) et κοινὸς (commun)?
[166] Le mot lait est pris ici dans un sens symbolique; de même que les mots sang, bile, semence, etc., dans la langue des prophètes ou prêtres égyptiens. (Introd., p. 10). Ainsi, le lait de la vache noire a signifié le mercure (Lexique, p. 6). — Les mots lait de chaux, lait de soufre, se sont conservés jusqu’à notre temps dans la langue des chimistes.
[167] Les non initiés étant déçus, parce qu’ils prennent les noms dans leur sens littéral.
[168] Ainsi chaque métal est modifié par la projection d’un métal plus précieux, destiné à le transformer en en changeant les propriétés; de façon à le rendre identique à lui-même (diplosis), par une sorte de fermentation. Rappelons d’ailleurs que les recettes (7) et (60) du Papyrus (Introd., p. 29, 41, 57) reposent sur une pratique analogue. On voit comment la préparation des alliages décrits dans le Papyrus de Leide (Introd., p. 70, et dans les Questions naturelles et mystérieuses, p. 44 et suivantes) est devenue, par une interprétation mystique, la transmutation même des métaux.
[169] Probablement il s’agit des anciens chimistes, ou prophètes égyptiens.
[170] Cette phrase et diverses autres, citées par Synésius, ne se retrouvent pas dans les Questions naturelles de Démocrite, telles que nous les possédons. Il est probable que nous avons seulement un extrait de l’ouvrage original.
[171] Var.: de la couperose, Fabr.
[172] Var. du sel ammoniac, Fabr.
[173] Celle du mercure des philosophes? — On pourrait encore appliquer ce passage à l’asèm, lequel désigne tout alliage doué d’un brillant argentin qu’il ait été préparé, soit par amalgamation superficielle; soit par blanchiment superficiel au moyen de l’arsenic; ou bien encore, par des compositions diverses de cuivre, de plomb, d’étain, ou d’antimoine. — Introd., p. 62.
[174] Cette phrase a une signification mystique et implique l’intervention d’actions supérieures à celles de l’homme, — Voir plus loin Olympiodore, § 1 et § 9.
[175] Celui du cinabre et celui de l’arsenic. (Introd., p. 99 et 239).
[176] Il semble par ces mots que le petit traité de Synésius soit l’extrait et le préambule d’un ouvrage plus étendu.
[177] A ajoute ces mots intercalaires: « à Petasius, roi d’Arménie, sur l’art divin et sacré et sur la pierre des philosophes. » Les diverses copies de ce traité offrent des variantes considérables; spécialement le manuscrit L, qui appartient à une classe à part. Petasius ou Petesis (Isidore), peut être un personnage réel; mais le titre de roi d’Arménie est fictif, et ajouté par quelque adepte (v. Orig. de l’Alchimie, p. 139 et 168.)
[178] Ce premier paragraphe représente le texte proprement dit (de Zosime sans doute); puis vient le commentaire. Ce texte répondait à l’origine à l’opération de la lévigation des minerais d’or; comme le montre l’insertion du morceau d’Agatharchide relatif aux mines d’or dans M.; (Orig, de l’Alchimie, p. 22), morceau abrégé et mutilé dans A. Ce traitement des minerais naturels semble avoir été envisagé plus tard comme représentant symboliquement la transmutation. C’est toujours le passage du sens matériel et positif d’une opération pratique, à un sens mystique postérieur. Peut-être s’agit.il d’ailleurs d’une opération réelle, accomplie sur les minerais destinés à fournir plus tard par des traitements convenables, non plus les paillettes d’or, mais un alliage imitant l’or.
[179] Cf. Origines de l’Alchimie, p. 29. τὰς ἀρχὰς τῶν πραγμάτων ἀποκρύψαντες (Clément d’Alexandrie, Stromates, V). D’après la lettre apocryphe, mais antique, de Platon à Denis les philosophes employaient des symboles, susceptibles de plusieurs explications, qui permissent de communiquer le secret des personnes choisies, en maintenant les autres dans l’illusion. — On lit dans le Pseudo-Aristote arabe (Bibl. Chemica de Manget, t. I, p. 622, citation de Roger Bacon) : « Celui qui révèle les secrets naturels, rompt le sceau divin et il en résulte pour lui de grands maux. On rencontre dans les livres une multitude de choses que l’on ne peut entendre sans un maître ». — D’après Rhazès (même ouvrage, t. I, p. 923) : « Il a plu aux anciens de cacher le sens de ces choses sous tant de noms qu’on n’en peut guère inventer de nouveaux. » — De même Morienus : « Rien n’a causé plus d’erreurs dans cet art que la multitude des noms. Les anciens se sont servis de comparaisons, d’énigmes, de fables poétiques. » —D’après Geber (p. 918) : « ils ont écrit de telle sorte, qu’ils ne peuvent être compris que par Dieu, ou par l’aide de sa grâce, etc. » — C’était là une tradition constante, jusqu’au temps de la science moderne.
[180] La lévigation isole ainsi les paillettes d’or et les autres minerais métalliques, plus denses que les matières argileuses et les gangues analogues, qui sont entraînées par l’eau.
[181] C’est-à-dire l’or, ou les métaux susceptibles de l’imiter par leur alliage.
[182] Les pierres, c’est-à-dire les fragments de roche volumineux, ne sont pas entraînées par la lévigation à cause de leur poids.
[183] Allusion à l’Énigme de la Sibylle (Origines de l’Alchimie, p. 136). Le mot grec λιθάργυρος ayant dix lettres, on ne voit pas bien comment Olympiodore l’applique à cette énigme; à moins que les deux dernières lettres ne comptent que pour une seule, ou que l’on ne prenne une autre terminaison, telle que λιθάργυρα.
[184] La poudre de projection, ou pierre philosophale. — Ce paragraphe semble une interpolation postérieure.
[185] La nécessité d’une époque favorable, et d’un laps de temps déterminé, a toujours été reconnue par les alchimistes, conformément aux doctrines de l’astrologie. Sa dernière expression se trouve dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi, p. 330, à l’article Mensis philosophicus (mois philosophique). « C’est dit-il, le temps de la décomposition, dont la durée répond au mouvement de la lune; il est de trente jours pour les uns; de quarante pour les autres. Il répond à la fabrication de la pierre philosophale; et peut être renfermé dans un moindre nombre de jours, étant défini par la nature de l’objet et l’accomplissement de l’œuvre. »
[186] C’est-à-dire le minerai, dont l’or (ou l’alliage qui offre l’apparence) sera extrait ensuite par l’action du feu.
[187] P. 47; § 7. Il s’agit probablement du sulfure d’arsenic, changé en acide arsénieux par oxydation, à l’aide de diverses opérations décrites plus loin dans Olympiodore, § 12, et qui précisent les désignations vagues : macération, lessivage, etc.
[188] Réd. de L: « en suivant les règles de l’œuvre unique et excellent. »
[189] Les métaux purs ou alliés sont d’abord transformés par des opérations chimiques, qui les privent de leur état ou apparence métallique. Puis, en y fixant certains éléments volatils (esprits) qui restituent aux métaux leurs âmes, (principes intérieurs d’activité), on les régénère avec une couleur et des propriétés nouvelles.
[190] C’est la réunion de l’or avec l’or. Les paillettes d’or sont les parties tirées du minerai. Le mot or comprend d’ailleurs aussi les alliages couleur d’or.
[191] Il s’agit de réunir les paillettes métalliques d’or (ou de l’alliage qui en offre l’apparence), en une masse unique, au moyen de la chrysocolle; en leur donnant une couleur homogène, et sans qu’on voie la soudure.
[192] Réd. de L : « Donc cette vapeur, autrement dit l’eau d’argent, c’est-à-dire l’(élément) qui atténue l’argent ». Le mercure dont il s’agit ici paraît être l’arsenic métallique (Introd., p. 61, 99 et 239).
[193] Toute cette description est obscure, quoiqu’elle paraisse se rapporter à des opérations réelles. La mention finale du claudianos, alliage de plomb, de cuivre, de zinc et autres métaux (Introd., p. 244), y jette quelque jour; car c’était là un alliage métallique, destiné à imiter l’or. — La description s’applique à la fois à l’or pur et à l’or simulé, c’est-à-dire au claudianos. Il semble que l’or véritable, aussi bien que le faux or, fussent obtenus d’abord à l’état de paillettes; que l’on agglomérait ensuite au moyen du mercure (ou plutôt de l’arsenic métallique, envisagé comme un second mercure). Puis on chauffait à feu doux, en évitant la déperdition de la vapeur, du mercure, ou de l’arsenic par volatilisation ou oxydation.
La mention finale s’appliquerait à la destruction de l’alliage et à la vaporisation de certains de ses composants, tels que le zinc, sous forme d’oxydes, par l’influence d’une calcination trop énergique.
[194] Le mot économie est employé, même dans la pratique de notre temps, avec le même sens que dans ces textes. On dit, par exemple : « Voici toute l’économie du procédé, etc. »
[195] Le côté mystique et magique des opérations apparaît ici.
[196] Il semble que dans cette phrase le mot or soit employé successivement dans deux sens différents: Lorsque tu as un métal qui a l’apparence de l’or..., etc.; tu obtiendras de l’or véritable. On peut encore entendre d’abord le métal en paillettes; puis le métal aggloméré par la soudure.
[197] Réd. de L: « Tu auras de l’or; mais travaille toujours conformément à la pratique de l’or ».
[198] Plantes, dans le même sens mystique que fleurs, p. 71.
[199] C’est-à-dire les opérations purement manuelles sont insuffisantes, etc.
[200] Réd. de L: « Car ils veulent qu’il y ait dans l’art un principe fixateur, qui retienne les substances fugaces; ce principe, c’est le feu, qui fixe le mercure, c’est-à-dire la vapeur. Or ce n’est pas seulement le mercure qui fuit le feu, mais encore toutes les substances (de la même classe) du catalogue ».
[201] Κάτοχος fixation d’une matière colorante, sur une étoffe, par exemple.
[202] Le mercure proprement dit (ou l’arsenic métallique), employé dans la teinture du métal, est volatil; mais le mercure des philosophes, fixé par l’action du feu, ne doit pas l’être : de telle façon que la teinture dont il fait partie demeure fixée sur le fond métallique. Il ya là un mélange d’idées réelles et d’idées mystiques.
[203] Le mot fugace s’applique ici à la teinture et aux agents qui la produisent. Il signifie, non seulement la volatilité de l’agent colorant, mais le défaut de fixité de la teinture, dû à une oxydation ou à une cause quelconque.
[204] C’est une glose du commentateur; la phrase précédente est probablement de Zosime.
[205] On avait d’abord traduit jeukta par volatiles. Mais le sens semble comprendre aussi les corps colorants qui disparaissent par liquéfaction, dissolution, oxydation, etc.;c’est-à-dire qu’il est plus général.
[206] L ajoute: « Et la terre ».
[207] Réd. de L: « Or il se dissipe sous l’influence du feu, etc. ».
[208] Var. AL : 4 onces.
[209] C’est-à-dire : décante avec soin le dépôt du liquide surnageant.
[210] Réd. de L : « Ensuite lute la coupe et assujettis-la de tous les côtés. »
[211] Cette description répond à celle d’un appareil de sublimation, formé d’un récipient inférieur, surmonté de deux coupes ou chapiteaux, emboîtés l’un dans l’autre en forme d’aludel. Ce dernier appareil a été attribué aux Arabes; mais la description actuelle le fait remonter jusqu’à Africanus (iiie siècle). On lutait avec soin; et on condensait dans ces chapiteaux la partie sublimée. — Voir Introd., p. 143, 146, fig. 20 et 22. La double coupe répond à la figure 22, mais sans kérotakis; ou bien encore aux figures 26 et 27 p. 150, 151. —Voir aussi fig. 44 et 45, p. 170, 172.
[212] Dans cette opération, on oxyde lentement l’orpiment ou sulfure d’arsenic, de façon à le changer en acide arsénieux. On voit que ce dernier est désigné ici sous le nom d’alun blanc.
[213] C’est un fondant.
[214] μιλιαρσίοιον ne se trouve pas dans les dictionnaires. — A moins que ce ne soit le mot latin millième, grécisé.
[215] Variante de A : argent. Cette variante est postérieure. La recette précédente est une préparation positive: c’est celle d’un arséniure de cuivre blanc, analogue à l’alliage appelé tombac. Elle rappelle quelques-unes des fabrications d’asèm du Papyrus de Leide traduit dans l’Introduction, p. 34, 45, 61.
[216] L’auteur ajoute margarwn: mot à mot, des perles; sans doute parce que ce produit servait à colorer les perles artificielles. Le cuivre brûlé répond à notre protoxyde de cuivre : c’est une matière rouge (V. Introd., p. 233).
[217] Réd. de L: « Ensuite pulvérise-le, ainsi que le cuivre brûlé et la rubrique, dans un mortier; fais les fondre sur le feu. Lutant le creuset, le fermant à sa partie supérieure et chauffant sur un feu égal, etc. »
[218] Glose insérée dans le texte : « le feu ne doit pas chauffer une partie, en n’échauffant pas une autre partie ».
[219] C’est là un procédé technique de fabrication d’un verre coloré en vert, ou émeraude artificielle. C’est donc encore une teinture; mais il ne s’agit plus d’un métal (Voir Origines de l’Alchimie, p. 220, 222, 239).
[220] Réd. de L: « et c’est pourquoi deux mystères sont exposés ».
[221] Réd. de L: « mais Démocrite dit au sujet de ce qui se dissipe promptement, que cette chose se dissipe dans le départ des liquides, etc. ».
[222] La disparition de la teinture ou coloration peut avoir lieu: soit par l’évaporation (ou l’oxydation) de la matière qui teint; soit par son extraction au moyen d’un liquide, à l’aide duquel elle est dissoute ou décomposée.
[223] Réd. de L: « Quant à ce qui ne se dissipe pas du tout, il dit que cette teinture est véritablement et proprement la troisième teinture : tels sont, par exemple, les corps fusibles et métalliques. Car après que nous avons traité et disposé ces (substances) séparément, les matières dissipables deviennent fixes et les corps non métalliques se changent en métaux ».
[224] La matière colorante se fixe par suite de l’évaporation du liquide qui la contenait. C’est la pratique de la teinture des étoffes qu’il faut prendre comme terme de comparaison, pour entendre tout ceci.
[225] Ceci désigne à la fois la résistance à la volatilisation, à la fusion et même à la dissolution.
[226] On voit que la liquidité est regardée ici comme le symbole de l’aptitude à se dissiper; et la solidité, comme celui de la fixité.
[227] Réd. de L: « Car, naturellement, toutes les choses pourvues d’esprit ont besoin les unes du feu, comme les substances métalliques, celles qui se rattachent à l’art culinaire, etc.;
Les autres ont besoin de l’air, comme les animaux qui vivent dans l’air;
D’autres ont besoin de l’eau, comme les poissons;
D’autres ont besoin de la terre, comme les plantes.
Mais les espèces qui sont dans ces quatre éléments, étant mâles et femelles ont été distinguées entre elles par des couleurs multiples et des natures multiples et réciproques, au point de vue particulier et au point de vue général ». La rédaction de M, traduite dans le texte principal, semble la plus ancienne; car elle est en relation plus directe avec l’idée de classification, qui est la base du traité démocritain.
[228] V. note 399.
[229] Ou leurs procédés opératoires, le mot grec ayant un double sens.
[230] Réd. de A: Ils se sont parjurés en révélant le mystère; car les écrits des étrangers, etc. » L ajoute ici: « Et en cela ils jurent par le mystère. » L met ce membre de phrase, après les œuvres pratiques.
[231] Il s’agit ici de l’assimilation entre le serpent qui se mord la queue et l’œuf philosophique, tous deux emblèmes de l’œuvre. La pluralité sur laquelle le texte insiste semble être celle des quatre éléments.
[232] C’est la traduction du grec Ἀγαθοδαίμων écrit en deux mots. — C’était en effet le nom grec d’une divinité égyptienne.
[233] L’auteur joue sur le mot θεῖον, qui veut dire à la fois : le soufre et le divin.
[234] L’œuf philosophique, image du monde. L donne ὄν : l’être. La confusion des deux mots est peut-être voulue.
[235] Au lieu de τὰ ἄτομα (M): A porte τὸ ἅμα : l’ensemble; ce qui semble une faute de copiste. — L, qui représente un arrangement postérieur τὸ ἅμα καὶ τὰ ἄτομα. C’est-à-dire que le dernier copiste a ajouté les deux versions.
[236] Voir Aristote, Physica, l. I.
[237] Réd. de L: « Qu’il y ait un principe immuable et infini de tous les êtres, c’était l’opinion des anciens. C’est pourquoi Thalès de Milet disait que l’être était un. Il s’agit pour nous de l’eau de soufre et de l’or: c’est un principe un, beau, immobile. »
[238] Plusieurs manuscrits portent l’œuf, won, identifié avec l’être, on, ou le monde. Voir la note (5) de la page 87. — D’après Thalès, l’eau était le principe des choses. V. Origines de l’Alchimie, p.251 et suiv.
[239] Mêmes remarques.
[240] Gloses d’alchimiste. L’or, en raison de son caractère un, inaltérable, divin, et de la puissance qu’il communique, est assimilé par ces gloses au principe universel.
Tout ce texte est rendu fort confus par le symbolisme alchimique. Il est probable qu’à l’origine, il était écrit en grande partie en signes à double sens, que les copistes ont ensuite transcrits et commentés de diverses façons.
[241] Ou le soufre. —Toujours le même emploi de mots à double sens.
[242] Réd de L : « Parménide disait qu’une puissance est immuable et infinie et qu’une autre est limitée, le divin (ou le soufre) ».
[243] Ou le soufre.
[244] Parce que toute action s’exerce dans des conditions finies et limitées.
[245] Il est déterminé quant à sa puissance L.
[246] Parménide ἀφύσιλος. Cp. Arist. fragm., n° 33, (éd. Didot); — Métaphys. I, 4, p. 472, l. 30-40. — Dans le fragment aristotélique tiré de Sextus Empiricus, on nomme Mélissus et Parménide. Le texte d’Olympiodore indique « le Milésien et Parménide », et il est la conséquence du développement qui précède.
[247] L’auteur entend plutôt: non infinie, non illimitée.
[248] Son interlocuteur. Dans A le mot « remarque » est remplacé par « Acriboulos » nom propre?
[249] Ceci est énigmatique. L’expression de la terre vierge se retrouve plusieurs fois dans les auteurs de ce temps (Orig. de l’Alch., p. 258 et 333). On la lit aussi dans Theoctonicos, au xive siècle (Introd., p. 210. V. aussi la note 496, plus loin). — J’ai interprété le texte d’Hermès en disant : « Hermès associe l’idée de la terre à celle de la vierge non fécondée ».
[250] Réd. de L: « C’est pourquoi il parle en ces termes à cette femme philosophe. »
[251] Il y a là quelque réminiscence de l’extase des philosophes alexandrins.
[252] D’après L : « Regarde l’air comme l’essentiel. Anaximandre dit que l’essentiel est l’intermédiaire, etc. »
[253] A ajoute: « sur un feu blanc. »
[254] D’après le Lexique (p. 10) : La fumé des cobathia, ce sont les vapeurs de l’arsenic. Le mot cobathia semble donc signifier le sulfure rouge d’arsenic ou un arseniosulfure (v. Introd., p. 245), qui en produirait par sa sublimation en vase clos. Le grillage de ces composés développe de l’acide arsénieux, qui se volatilise, et il joue un rôle dans le blanchiment du cuivre.
[255] Καπνός.
[256] Αἰθάλη s’applique spécialement au mercure et à l’arsenic métallique sublimé, blanchissant le cuivre comme le mercure et assimilable par là à un second mercure (Introd., p. 99 et 239).
[257] Ἀτμός.
[258] Voir la note 202.
[259] Voir les éléments actifs d’Aristote, Introd., p. 247 et p. 259, 260.
[260] A L ajoutent: « dans le monde. »
[261] Constellation, envisagée ici comme un démon ennemi.
[262] Tout ce passage met en évidence le côté mystique de l’œuvre alchimique.
[263] Réd. de L : « Dans la cuisson ces choses font voir les couleurs et la qualité; car elles changent leurs couleurs suivant le mode de fabrication sur un feu vif, ou sur un feu doux; vu qu’il y a une grande circonspection à mettre dans la (pratique de) l’art. »
[264] Accoutumés au langage des symboles et écritures sacrées.
[265] Il semble que nous ayons ici affaire à une interprétation alchimique des hiéroglyphes et des procédés mis en œuvre par les Égyptiens pour ériger leurs temples et creuser leurs mines. (V. Introd., p. 235).
[266] Orientation.
[267] Après les mots: « en considérant les points cardinaux », L continue: « en effet ils ont attribué à l’Ourse (nord) le noircissement, au levant le blanchiment, au midi la coloration en violet, au couchant le jaunissement. D’un autre côté, ils ont attribué au levant la substance blanche, c’est-à-dire l’argent, et au couchant le jaune, c’est-à-dire l’or. En effet Hermès, s’exprime ainsi: Les mines d’or de l’Arsenoéton sont à la porte orientale, c’est-à-dire qu’à l’entrée du temple d’Isis tu trouveras des caractères où il est question de la substance blanche; et à l’entrée occidentale du temple tu trouveras le minerai jaune; en creusant (une profondeur) de trois coudées; à une demi-coudée, tu trouveras; une couche noire ouverte. Enlève-là toi-(même) et traite-(la). Ecoute aussi Apollon disant: Que le sable soit traité, étant pris dès l’aurore. Or l’expression dès l’aurore, etc. »
[268] Voisines d’Arsinoé (‘Arsinoh), ville d’Égypte fondée par Ptolémée Philadelphe.
[269] Denderah et son temple consacré à Hathor?
[270] Par suite d’une erreur de lecture, on avait traduit ailleurs, « trois sources » (khgwn) au lieu de « trois coudées. » (khcwn).
[271] On suit ici le texte de A la phrase, telle que la donnent les manuscrits, est peu intelligible; mais les mots ἀλόγως et ἱερῶν se retrouvent à la page suivante.
[272] Les Oracles d’Apollon, cités plusieurs fois dans les écrits alchimiques. C’était quelque recueil analogue aux livres Sibyllins et aux Orphica.
[273] L ajoute : « ou verte ».
[274] Le plomb et le soufre étaient exprimés par un même signe (Introd., p. 114, planche V, l. 12, et Lexique, p. 13, article Osiris).
[275] Les anciennes descriptions positives des traitements de minerais sont devenues ainsi des récits symboliques pour les alchimistes (v. p. 75).
[276] Les quatre lettres du nom d’Adam étaient prises comme exprimant les quatre points cardinaux : Ἀνατολὴ, Δύσις, Ἄρκτος, Μισημβρία (voir aussi Origines de l’Alchimie, p. 64). Les noms d’Adam et Eve ont conservé un sens mystique chez les alchimistes latins. On lit en effet dans la Biblioth. des Philosophes chimistes, t. IV, p. 570 et 578 (1754): « Adam: terre rouge, mercure des sages, soufre, âme, feu de nature — Ève, terre blanche, terre de vie, mercure philosophique, humide radical, esprit. » De même dans le Lexicon Alchemiœ Rulandi (1612), p. 324: « Matière première (18e sens), c’est l’épouse, Eve. » On voit par là que les expressions du texte: terre vierge et terre ignée. etc. devraient être attribuées à Ève. Il y a eu quelque erreur de copiste sur ce point.
[277] L ajoute : « et Dieu lui attribue le levant ».
[278] Orig. de l’Alch., p. 64 et 333.
[279] L ajoute : « A Ève, le couchant a été attribué ».
[280] L ajoute: « à propos du catalogue. »
[281] Voir plus haut (I, xiii) cet axiome, cité dans la lettre d’Isis à Horus, p.33: Le laboureur y est nommé Acharantus.
[282] Par exemple les métaux.
[283] Métal oxydé ou transformé.
[284] C’est-à-dire ne possédant pas le caractère d’un être défini, homogène. L, après les minerais, continue : « Nous appelons les minerais des corps sans substance ».
[285] Traitement nécessaire pour obtenir des produits définis proprement dits, existant par eux-mêmes et séparés du mélange confus primitif, qui constituait les minerais.
[286] L ajoute: « Et celui-ci répondit » au lieu d’Hermès.
[287] Pour l’élément hermaphrodite, Cp. Origines de l’Alchimie, p. 64. — Tout ce langage symbolique est difficile à interpréter. Peut-être s’applique-t-il à l’action de l’eau salée sur les minerais, qu’elle transforme, en en isolant certains composés, opération comparable à une fécondation. En chimie, même aujourd’hui, on dit : la génération des composés.
[288] Réd. de L : « Les mots qu’elle soit traitée, signifient qu’elle soit prise dès l’aurore et qu’elle soit imprégnée de rosée ».
[289] C’est-à-dire produite par la condensation dans l’alambic, après réduction sous forme aérienne par la distillation.
[290] C’est l’axiome : Corpora non agunt nisi soluta.
[291] Origines de l’Alchimie, p. 183.
[292] Var. : Deux. — Le texte grec sera publié seulement dans la 3e partie, parmi les œuvres de Zosime. Mais on a cru utile d’en reproduire ici la traduction, afin de donner un caractère plus complet à l’ouvrage d’Olympiodore.
[293] καιρικῶν. — Peut-être l’astrologie.
[294] Le mot art divin comprend les quatre arts chimiques. On a préféré répéter le mot art, au lieu d’adopter dans le second cas une synonymie qui altérerait le sens.
[295] C’est-à-dire des quatre livres de Démocrite : relatifs à la Chrysopée, à l’Argyropée, et peut-être à l’art des vitrifications, et à l’art de la teinture des étoffes, conformément au titre de vieux traités conservés dans les manuscrits (Origines de l’Alchimie, p. 133; — voir note 326).
[296] Réd. de L: « des artisans chargés de frapper les monnaies royales et qui les altèrent secrètement pour eux-mêmes ».
[297] « Car ils étaient châtiés s’ils le faisaient » L. (Cp. Origines de l’Alchimie, p. 23, et Diodore de Sicile, l. iv, v. la note de la p. 76).
[298] Origines de l’Alchimie, p. 23.
[299] « Les arts principaux et honorables. » L. —Dans les livres hermétiques, promenés en procession, suivant la description de Clément d’Alexandrie, les traités relatifs aux métaux et aux industries chimiques ne sont pas mentionnés (Origines de l’Alchimie, p. 40 et 44). Même de nos jours, les industriels cherchent toujours à tenir leurs procédés secrets.
[300] Pierre étésienne ou chrysolithe (pierre d’or) d’après le Lexique, p. 7. C’est la cadmie, qui sert à faire le laiton.
[301] L’auteur parle ici du mercure des philosophes, qui constitue la matière première de toute fluidité métallique, privée de substance propre, mais susceptible d’être associée aux diverses substances métalliques.
[302] Substance mal connue.
[303] M : αὐτοματαρείῳ — Dans A il s’agit du botarion (v. p. 65; v. surtout le motarion, p. 112).
[304] C’est-à-dire en chauffant dans un fourneau, avec le concours du soufflet.
[305] C’est la transformation des minerais métalliques en oxydes ou corps analogues, par grillage, ou après dissolution.
[306] Réd. de L : « les scories et les cendres. Et Marie a su que c’est le plomb lui-même, dès le principe ». (v. p. 101).
[307] L: « Ou pour mieux dire les trois couleurs de l’œil. »
[308] C’est-à-dire de la liquidité. Envisagée comme substance ou élément; ou plutôt comme matière première des métaux (note de la p. 103). — Ce paragraphe est un mélange de subtilités et d’allégories dont le sens est parfois difficile à pénétrer.
[309] Réd. de L : « mais la couleur noire est seule une couleur à proprement parler et il y a plusieurs variétés de noir; car la couleur noire est la source de toutes les autres couleurs. C’est pourquoi discourant, » etc.
[310] Ceci semble indiquer une distinction entre le métal factice et le métal naturel; distinction que l’on retrouve souvent chez les anciens; par exemple pour le mercure (Pline, H.N., l. xxxiii, 32.42. —Introd., p. 257).
[311] C’est-à-dire si tu ne transformes pas les métaux, en leur ôtant leur état métallique, et si tu ne les régénères pas dans cet état, avec des propriétés nouvelles, en réunissant plusieurs métaux en un seul. C’est ce que nous appelons un alliage; mais il était assimilé aux métaux véritables.
[312] Au-dessus du premier mot « corporelles » dans M, une main du xve siècle a écrit « comment? » ce qui a passé dans le texte de L sous la forme suivante: « comment cela peut-il arriver? » Au-dessus du mot « deux » la même main a écrit dans M : « comment? ».
[313] Appelée aussi pierre d’or, dans le Lexique, p. 7 (v. la note 517).
[314] C’est la diplosis, ou art de doubler le poids de l’or et de l’argent, par l’addition de la cadmie.
[315] Ceci paraît vouloir dire que l’on réduit ensemble la pyrite de cuivre et le sulfure de plomb (ou d’antimoine), préalablement scorifiés, c’est-à-dire grillés par voie sèche, ou désagrégés par voie humide, ou sublimés sous forme de cadmies. Leur réduction simultanée fournit le molybdochalque, alliage des deux métaux, que l’on peut ensuite associer par fusion à l’or ou à l’argent pour en opérer la diplosis. Tout ce passage éclaircit ce qui précède, relativement au mystère des scories (p. 99).
[316] Ceci montre que l’antimoine était assimilé au plomb (Introd., p. 224, 238 et Lexique, p. 11).
[317] La tradition d’après laquelle le plomb jouait un rôle fondamental dans la transmutation, se retrouve chez les alchimistes du moyen âge, comme un souvenir des alchimistes grecs, qu’ils ne connaissaient pas directement. Ainsi on lit dans la Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 917. « Pythagore dit que tout le secret est dans le plomb. Hermès dit aussi qu’il existe dans Saturne (c’est à-dire dans le plomb), joint aux natures complémentaires, la terre, l’eau, l’air et le feu. » Au lieu de la tétrasomie métallique, il parle ici des quatre éléments antiques.
[318] A ceux qui l’interrogent.
[319] Tout ce passage montre combien les phénomènes chimiques avaient excité l’admiration des premiers observateurs et revêtu dans leur esprit et dans leurs écrits une forme poétique. C’est le premier germe des poèmes alchimiques.
[320] Origines de l’Alchimie, p. 32.
[321] Momie dans sa gaine.
[322] Ce mot était traduit par soufre et plomb, dans le langage chimique. Lexique, p. 13.
[323] D’après les idées mystiques exposées ici, il semble que le plomb, métal fusible, ait été regarde à l’origine comme le support de la liquidité métallique et la matière première des métaux (v. note 537); attributions qui ont passé depuis au mercure, dont la découverte est plus récente. C’est ainsi que le plomb paraît à l’origine avoir joué dans la dorure le rôle attribué plus tard au mercure (Introd., p. 58).
[324] C’est-à-dire le molybdochalque.
[325] Chrysolithe est masculin, chrysocolle féminin.
[326] Le liquide résultant des traitements ignés (v. p. 101).
[327] Origines de l’Alchimie, p. 193.
[328] L’homme exprime ici le minerai primitif; la femme de vapeur signifie l’eau divine, distillée.
[329] Réd. de L. Après l’eau divine: « elle est amère; on l’appelle aussi l’espèce styptique, l’ios de Chypre, l’Egyptien aux tresses d’or, et le suc ».
[330] Dans le Papyrus de Leide, cette eau divine est un polysulfure, capable de colorer les métaux par voie humide et de dissoudre l’or par voie sèche (Introd., p. 68).
[331] Hathor ou Cypris, c’est-à-dire le cuivre. Tout ce langage offre l’obscurité des oracles; mais on entrevoit le sens des allusions, Il existait un livre alchimique désigné sous le nom « d’Oracles d’Apollon » (p. 94, note 5).
[332] C’est le synonyme d’Aphrodite, c’est-à-dire du cuivre (Introd., p. 104, planche I, l. 6).
[333] L : « par le travail du plomb ».
[334] Il y a ici un jeu de mots, le même terme signifiant mâle et arsenic.
[335] S’agit-il ici de la teinture en jaune du plomb (ou des alliages fusibles confondus sous ce nom) par la vapeur des sulfures d’arsenic, dans les instruments à kérotakis des fig. 20, 21, 22, etc.; ou peut-être même par ces sulfures fondus dans une certaine région des appareils? v. Introd., p. 144 et suiv.)
[336] Allusion allégorique à la difficulté d’opérer les colorations et transmutations prétendues du plomb.
[337] Ce mot signifie à la fois l’ensemble des quatre éléments, la composition complète et le molybdochalque (Introd., p. 153).
[338] Allégorie relative à la matière métallique, envisagée en général, et aux transformations et colorations qui l’incorporent dans les alliages métalliques, jusqu’à transmutation totale.
[339] Glose.
[340] Glose.
[341] Ce langage allégorique répond à la circulation des vapeurs opérées dans le karkinoV (Introd., p. 145). C’est ce qu’explique d’ailleurs la phrase suivante.
[342] L ajoute : « afin de ne pas te paraître fatigant. »
[343] Glose omise dans L.
[344] L ajoute : « je te l’ai exposé, suivant mon pouvoir et mon goût. »
[345] La notion de l’eau répond en effet à des sens multiples, chez les alchimistes et chez les philosophes anciens (Cp. Orig. de l’Alch., p. 368). Citons encore, pour jeter quelque lumière sur ces opinions subtiles, celle d’Albert le Grand, de Mineralibus, liv. III, ch. 2; ch. 5, tr. 2 : « Dans les métaux, il y a deux humidités onctueuses, l’une extérieure, subtile et inflammable; l’autre interne, retenue au fond du métal, et qui ne peut être ni brûlée, ni rendue combustible; telle est celle des matières vitrifiables ». Bibl. Chem. de Manget, t. I, p. 936. Cette théorie semble voisine de celle d’Olympiodore.
[346] L ajoute : « et impur. »
[347] D’après L: « car les philosophes savent être des modèles de générosité dans le domaine des choses vraies ».
[348] Voir la note 399.
[349] L: « Petasius attribue... »
[350] C’est-à-dire qu’il possède de lui-même chacune de ces trois couleurs, ou produit des composés qui les possèdent: Par exemple la céruse, blanche; la litharge, jaune; le sulfure de plomb, noir.
[351] Voir la note 543.
[352] Tels sont les oxydes et autres composés blancs (céruse), noirs (sulfure). rouge (minium), puce (bioxyde), et d’autres teintes encore, qui dérivent du plomb.
[353] Ce verbiage signifie peut-être que le plomb ne produit pas de composés doués de couleur éclatante.
[354] Pierre précieuse blanche, brillante et à reflet intérieur. Pline, H. N., l. xxxvii, 47, distingue l’asteria, l’astrion, l’astroïtes et l’astrobolon ; congénères de la ceraunia et de l’iris. On attribuait à plusieurs de ces pierres à reflet des propriétés magiques.
[355] La coupellation, qui sert à purifier l’or, s’accomplit au moyen de la litharge.
[356] Voir la note 202.
[357] Le texte grec des dix lignes qui suivent sera donné dans les œuvres de Zosime, III, xlvi, 2.
[358] Allusion au goût sucré des sels de plomb?
[359] C’est-à-dire : tu développes une matière colorante, qui ne préexistait pas sous forme sensible.
[360] Œuf philosophique.
[361] Le soleil, c’est l’or; la lune, c’est l’argent : métaux que l’on extrait des minerais.
[362] Pyrites. Leur traitement jouait un grand rôle dans les pratiques des alchimistes.
[363] Avril, M. d’après une addition du xve siècle.
[364] L. ajoute « blanche ».
[365] Traitement des sulfures métalliques par une solution de sel marin.
[366] S’agit-il ici du gonflement et de l’exfoliation de la pyrite soumise à l’action de l’air et de l’humidité, phénomènes assimilés à l’accroissement d’une plante?
[367] Le sulfure d’antimoine peut être changé par là en oxychlorure.
[368] Rappelons ici que les recettes du Papyrus de Leide se rapportent à deux catégories, savoir: d’une part, par voie sèche, les argentures ou dorures, ainsi que les alliages couleur d’or ou d’argent; et, d’autre part, par voie humide, les vernis jaunes ou blancs, ainsi que les couleurs d’amalgamation, appliqués à la surface des métaux (Introd., p. 57 et 60).
[369] Il manque, pour la symétrie, les matières jaunes sèches.
[370] Toute terre ou argile blanche était appelée de ce nom.
[371] Délaiement précédé d’une pulvérisation.
[372] AL: « petits et grands. »
[373] A ajoute: « des veines et des varices (?) ».
[374] AL ajoute: « les moucherons, etc.».
[375] AL ajoutent : « les tonnerres et les éclairs ».
[376] AL ajoutent: « les ventosités, les maladies, les accidents, etc. »
[377] AL, après le mot « monde », ajoute: « a deux flambeaux ».
[378] AL : « et de la chair ».
[379] AL ajoutent : « et les astres ».
[380] A: « et les oreilles ».
[381] L’énumération de ces douze signes n’existe pas dans M. — Elle est tirée de AL. — Cette description répond exactement à la figure astrologique du folio i du ms. 2419 et aux développements traduits dans l’Introd., p. 205.
[382] Dans le livre des Kyranides, A K. Cp. Origines de l’Alchimie, p. 47.
[383] C’est-à-dire la conjonction des métaux dans une même composition, susceptible d’engendrer l’or.
[384] Dans la Bibl. des Philosophes chimiques, t. IV, p. 55, On lit: « le coq pris pour le symbole de la chaleur naturelle, attachée à Mercure, qui la lui transmet du ciel astral, dès la pointe du crépusculaire de l’aurore matinale ». Est-ce le même symbole?
[385] Il y a là quelques vieux mythes égyptiens défigurés. — Doit-on entendre que la taupe est citée ici parce qu’elle fouille la terre et révèle ainsi l’or? — A-t-elle été aveuglée par l’éclat de l’or, assimilé au soleil ?
[386] C’est-à-dire de l’or; le signe est le même.
[387] Var. dans A: « La forme de la Chrysopée. » — L’auteur joue sur l’identité du signe de l’or et du soleil.
[388] Ces paragraphes renferment une suite de notes et d’extraits incohérents.
[389] Tout ce passage est obscur; il paraît fondé sur l’opposition des termes : genre et espèce.
[390] Cp. Synésius, § 11, p. 69.
[391] Allusion obscure au mythe d’Osiris. V. aussi la mention de la terre veuve, privée de la rosée fécondante, c’est-à-dire de son époux comme Isis, p. 96.
[392] Cp. Orig. de l’Alch., p. 131. l.7, en montant: « Sur les dissertations. »
[393] V. Introd., p. 144.
[394] Le mot feuille est pris ici pour lame métallique; mais le glossateur rappelle son autre sens, qui veut dire partie de plante. Dans L, au lieu de cette phrase, il y a: « la feuille est travaillée dans le botarion »; ce qui concorde avec les figures d’appareils plus modernes, telles que les fig. 37 et 38 de l’Introd., p. 162, 163.
[395] Linge dans lequel on enveloppait le minerai, tel que la sandaraque, que l’on faisait digérer dans l’eau de mer. Voir le § 49 et la note 523. La partie entre crochets est une glose.
[396] Ou arsénicale, opposée à la sandaraque féminine nommée plus haut.
[397] Var. de L : « Si tu n’es pas de notre race, tu ne peux le toucher, parce que l’art est spécial et non commun. »
[398] A. porte l’Amour, ἔρως, au lieu d’Horus: sur ce mot, Cp. Origines de l’Alchimie, p. 85.
[399] C’est-à-dire la fabrication des alliages métalliques couleur d’or, dont les composants demeurent unis pendant la fusion et la coulée du métal, sans qu’il y ait séparation ou liquation.
[400] Introd., p. 152. — On reproduit ici ce texte en petits caractères, parce qu’il est donné comme développement des §§ 31, 38, 40, 48 d’Olympiodore, relatifs aux scories (p. 95, 99, 101, 107).
[401] Ceci semble répéter l’alinéa précédent.
[402] C’est-à-dire comme dans la préparation de la céruse.
[403] Cette phrase est tronquée; on n’aperçoit pas l’agent qui détermine la coloration jaune.