HEINDEL Cosmogonie des Rose-Croix (Partie 1/3)




COSMOGONIE DES ROSE-CROIX

OU

CHRISTIANISME MYSTIQUE


Traité élémentaire sur
l'évolution passée de l'homme
sa constitution présente
et son développement futur

(Partie 1/3)


MAX HEINDEL

1909


TABLE DES MATIÈRES

CREDO OU CHRIST...7
UN MOT POUR LE SAGE...11
Les Quatre Règnes (tableau 1)...25


PREMIÈRE PARTIE

CONSTITUTION ACTUELLE DE L'HOMME ET MÉTHODE DE DÉVELOPPEMENT

INTRODUCTION...29

CHAPITRE 1 - LES MONDES VISIBLE ET INVISIBLES...35
La Région Chimique du Monde Physique...39
La Région Éthérique du Monde Physique...43
La Monde du Désir...47
Le Monde de la Pensée...56
Le Monde Visible est l'image réfléchie des Mondes invisibles (figure 1)...59
Les Sept Mondes (tableau 2)...61

CHAPITRE 2 - LES QUATRE RÈGNES...63
L'homme ordinaire (figure 2a)...73
Le Clairvoyant volontaire (figure 2b)...74
Le Voyant involontaire (figure 2c)...75
Les Véhicules des quatre règnes (tableau 3)...82
L'état de conscience des quatre règnes (tableau 4)...84

CHAPITRE 3 - L'HOMME ET LA MÉTHODE D'ÉVOLUTION...95
Activités de la vie: mémoire et croissance de l'âme...95
La Constitution septuple de l'homme (tableau 5)...96
Esprit, Âme et Corps triples (tableau 6)...102
Mort et Purgatoire...104
La Corde d'argent - schéma général (figure 3a)...105
La Corde d'argent - schéma de la partie double (figure 3b)...106
Région limitrophe...120
Le Premier Ciel...121
Le Deuxième Ciel...129
Le Troisième Ciel...136
Préparatifs en vue de la Renaissance...139
Naissance du Corps dense...145
Naissance du Corps vital...147
Naissance du Corps du désir...147
Naissance de l'Intellect...148
Le sang, véhicule de l'Ego...148
Un Cycle de vie (tableau 7)...152

CHAPITRE 4 - LA RENAISSANCE ET LA LOI DE CAUSE À EFFET...153
Le Vin, facteur d'évolution...168
Une Histoire remarquable...174


DEUXIÈME PARTIE

COSMOGENÈSE ET ANTHROPOGENÈSE

CHAPITRE 5 - RELATION DE L'HOMME A DIEU...179
L'Etre suprême, les Plans cosmiques et Dieu (tableau 8)...180

CHAPITRE 6 - LE PLAN DE L'ÉVOLUTION...185
Le Commencement...185
Les Mondes...187
Les Sept Périodes...190
La Période de Saturne (tableau 9)...194

CHAPITRE 7 - LE SENTIER DE L'ÉVOLUTION...195
Révolutions et Nuits cosmiques...196
Les 777 incarnations (tableau 10)...197

CHAPITRE 8 - LE TRAVAIL DE L'ÉVOLUTION...203
Le Fil d'Ariane...203
La Période de Saturne...206
Récapitulation...210
La Période du Soleil...211
La Période de la Lune...214
Les Douze Grandes Hiérarchies Créatrices (tableau 11)...221

CHAPITRE 9 - RETARDATAIRES ET NOUVEAUX VENUS...223
Classification des êtres à l'aube de la Période de la Lune (tableau 12)...225
Classification des êtres à l'aube de la Période de la Terre; leurs véhicules et leur condition actuelle (tableau 13)...229

CHAPITRE 10 - LA PÉRIODE DE LA TERRE...233
Révolution de Saturne de la Période de la Terre...236
Révolution du Soleil de la Période de la Terre...239
Révolution de la Lune de la Période de la Terre...241
Période de repos entre les Révolutions...243
Quatrième Révolution de la Période de la Terre...244

CHAPITRE 11 - GENESE ET ÉVOLUTION DE NOTRE SYSTÈME SOLAIRE...245
Le Chaos...245
Naissance des Planètes...251
Les Aspects 1, 3, 7 et 10 de Dieu et de l'Homme (hors-texte en couleurs)...253
Table des vibrations (tableau 14)...255
Forme passée, présente et future du corps de l'homme (figure 4)...256

CHAPITRE 12 - ÉVOLUTION SUR LA TERRE...261
Epoque Polaire...261
Epoque Hyperboréenne...262
La Lune, Huitième sphère...264
Epoque Lémurienne...265
Naissance de l'individu...266
Séparation des sexes...267
Influence de Mars...267
Les Races et leurs Chefs...269
Influence de Mercure...272
La race Lémurienne...274
La Chute de l'homme...281
Les Esprits Lucifer...284
Epoque Atlantéenne289
Epoque Aryenne...300
Les Seize Chemins vers la Destruction...302

CHAPITRE 13 - RETOUR A LA BIBLE...305

CHAPITRE 14 - ANALYSE OCCULTE DE LA GENÈSE...313
Limitations de la Bible...313
Au commencement...316
La théorie nébulaire...317
Les Hiérarchies Créatrices...320
Période de Saturne...322
Période du Soleil...322
Période de la Lune...323
Période de la Terre...324
Jéhovah et sa mission...327
Involution, Evolution et Epigénèse...330
Une âme vivante?...338
La côte d'Adam...340
Les Anges Gardiens...341
Mélange du sang par mariage...345
La Chute de l'homme...353
Commencement et fin des sexes (figure 5)...357


TROISIÈME PARTIE

DÉVELOPPEMENT FUTUR DE L'HOMME, INITIATION

Les Sept jours de la Création (tableau 15)...361

CHAPITRE 15 - LE CHRIST ET SA MISSION...363
L'Evolution de la religion...363
Jésus et Jésus-Christ...369
Le Père, le Fils et le Saint-Esprit (tableau 16)...372
Pas la Paix, mais l'épée...378
L'Etoile de Bethléem...382
Le Coeur en tant qu'anomalie...387
Le Mystère du Golgotha...393
Le Sang Purificateur...399
"Sur la Terre comme au Ciel" (tableau 17)...403

CHAPITRE 16 - DÉVELOPPEMENT FUTUR ET INITIATION...405
Les Sept jours de la Création...405
Symbolisme du Caducée (tableau 18)...407
Spirales dans des spirales...413
Alchimie et croissance de l'âme...415
Le Verbe Créateur...418

CHAPITRE 17 - MÉTHODE POUR OBTENIR LA CONNAISSANCE DIRECTE...423
Les premiers pas...423
Méthodes occidentales pour les Occidentaux...429
La Science de l'alimentation...433
Table des valeurs des aliments...442-445
La Loi d'assimilation...450
Vivre et laisser vivre...453
L'Oraison Dominicale...455
L'Oraison Dominicale (tableau 19)...458
Le Voeu de célibat...460
Le Corps pituitaire et la Glande pinéale...466
Le trajet des courants sexuels non utilisés (tableau 20)...467
Entraînement ésotérique...470
Construction du véhicule intérieur...473
Concentration...478
Méditation...481
Observation...483
Discernement...484
Contemplation...486
Adoration...487

CHAPITRE 18 - CONSTITUTION DE LA TERRE ET ÉRUPTIONS VOLCANIQUES...489
Le Nombre de la Bête...490
Constitution de la Terre (tableau 21)...494

CHAPITRE 19 - CHRISTIAN ROSENKREUZ ET L'ORDRE DES ROSE-CROIX...505
Vérités antiques sous une forme moderne...505
Initiation...513
The Rosicrucian Fellowship...519
Le siège international de The Rosicrucian Fellowship...521
Nos cours par correspondance...523
Le Symbolisme de la Rose-Croix...524
Le Symbole de la Rose-Croix (figure 6)...524
Exercices du matin et du soir de l'Aspirant...528
Qu'est-ce que la vérité ?...533

*

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Credo ou Christ

Il n'aime pas Dieu, celui qui hait son prochain,
Qui foule aux pieds le cœur et l'âme de son frère,
Qui cherche à entraver, à obscurcir son mental
Par la peur de l'enfer, n'a pas compris le but final.
Venues de Dieu, toutes les religions sont source de félicité;
Et Christ, Qui est le Chemin, la Vérité et la Vie,
Donne le repos à ceux qui sont chargés d'un lourd fardeau,
Et la paix à ceux que la douleur, le péché ou la lutte accable.
A Sa requête, l'Esprit Universel vint
Dans toutes les églises, et non pas dans une seule;
Le matin de la Pentecôte, une langue de flamme
Couronna chaque apôtre d'une auréole rayonnante.
Depuis lors, tels des vautours affamés et féroces,
Nous avons souvent combattu pour un mot vide de sens,
Et cherché, au moyen de dogmes, d'édits et de lois,
A nous envoyer les uns les autres sur le bûcher.

Le Christ a-t-il donc deux faces?
Pierre et Paul n'ont-ils pas été crucifiés?
Alors pourquoi de telles divisions entre nous?
L'amour du Christ nous entoure tous, vous est moi.

Son amour, tout de pureté et de douceur, n'est pas limité
Par des dogmes qui séparent et élèvent des murailles.
Son amour entoure et embrasse toute l'humanité.
Peu importe le nom que nous Lui donnons ou que nous nous donnons.
Alors pourquoi ne pas Le prendre au mot?
Pourquoi ces dogmes qui nous désunissent?
Car une seule chose compte, sachons-le bien, et c'est
Que l'amour du prochain emplisse chaque cœur.

Il n'y a qu'une seule chose que le monde ait besoin de connaître,
Il n'y a qu'un seul baume à la douleur humaine,
Il n'y a qu'un seul chemin qui nous conduise au Ciel -
Ce chemin, c'est la sympathie mutuelle, c'est l'amour.

MAX HEINDEL

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UN MOT POUR LE SAGE

Le Fondateur de la Religion Chrétienne énonçait une maxime occulte quand Il a dit: "Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n'y entrera point." (Marc 10-15). Tous les occultistes reconnaissent l'importance et la portée de cet enseignement du Christ et s'efforcent de le mettre en pratique dans leur vie quotidienne.

Quand une philosophie nouvelle est offerte au monde, chacun l'accueille d'une manière différente.

Les uns s'emparent avidement de tout nouvel essai philosophique pour s'assurer jusqu'à quel point il concorde avec leurs idées personnelles. Pour eux, la philosophie en elle-même est d'une importance secondaire: son premier mérite sera la justification de leurs propres idées. Si, sous ce rapport, l’œuvre répond à leur attente, ils l'adopteront avec enthousiasme et s'y attacheront avec un esprit de parti tout à fait déraisonnable; dans le cas contraire, ils la rejetteront probablement, écœurés et désappointés, comme si l'auteur leur avait fait une injure personnelle.

Les autres se renferment dans une attitude sceptique dès qu'ils ont découvert que le livre contient quelque chose qu'ils n'ont pas déjà lu ou entendu ailleurs, ou bien encore conçu dans leur propre cerveau. Ils trouveraient probablement qu'on est souverainement injuste à leur égard si on leur disait que leur attitude mentale est le comble de la suffisance et de l'intolérance; tel est néanmoins le cas: en agissant ainsi, ils ferment leur esprit à toute vérité qui peut être cachée dans ce qu'ils rejettent sans examen.

Ces deux classes de lecteurs tournent le dos à la lumière, leurs idées préconçues empêchant la vérité de les pénétrer de ses rayons. Le "petit enfant" est à cet égard tout l'opposé de ses aînés. Il n'est pas imprégné du

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sentiment inéluctable de la supériorité de ses connaissances; il ne se sent pas non plus obligé de prendre un air entendu ou de cacher son ignorance d'un sujet quelconque sous un sourire ou un ricanement. Franchement ignorant, libre d'opinions préconçues, et par suite éminemment réceptif, il accepte toutes choses dans cette belle attitude de confiance qu'on peut appeler la "foi enfantine" et dans laquelle il n'y a pas l'ombre d'un doute. C'est ainsi que l'enfant garde l'enseignement reçu jusqu'à preuve du contraire.

Dans toutes les écoles de philosophie occulte, on recommande d'abord à l'élève, quand un nouvel enseignement est donné, d'oublier tout le reste, de ne pas se laisser influencer ni par des préférences, ni par des préjugés et de maintenir son esprit dans un état d'attente calme et digne. De même que le scepticisme nous obscurcit la vérité, de même cette attitude paisible et confiante permet-elle à l'intuition ou "enseignement intérieur" de découvrir le vrai dans une proposition donnée. C'est le seul moyen de cultiver un sens de perception de la vérité absolument sûr.

On ne demande pas à l'élève de croire de prime abord qu'un certain objet qu'il voit blanc est en réalité noir, quand on lui affirme qu'il en est ainsi; mais il doit cultiver une disposition d'esprit qui admet que tout est possible: cela lui permettra de ne pas se laisser entraîner par la considération du fait établi, et de rechercher s'il n'y a pas, par hasard, un autre point de vue d'où l'objet en question pourrait paraître noir. A vrai dire, il ne se laissera pas aller à regarder quoi que ce soit comme fait établi, car il doit sentir parfaitement combien il est important pour lui de conserver à son esprit la faculté d'adaptation qui caractérise le petit enfant. Il doit comprendre par toutes les fibres de son être que: "aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure..." (I Corinthiens 13:12) et, tel Ajax, il doit toujours être sur le qui-vive, désirant "la Lumière, toujours plus de Lumière".

Un tel état d'esprit présente de grands avantages; grâce à lui, des opinions semblant absolument contradictoires peuvent parfaitement se concilier, comme nous le verrons dans un cas mentionné dans le présent ouvrage.

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Seul un esprit libre et largement ouvert, est capable de découvrir le lien d'harmonie qui existe entre toutes choses. L'auteur réclame donc tout d'abord l'impartialité du lecteur comme base de son jugement final. Si, en fin de compte, ce livre est trouvé "insuffisant" après avoir été "pesé", l'auteur ne s'en plaindra point. Ce qu'il craint seulement, c'est un jugement à la légère provoqué par une étude incomplète et hâtive. A son avis, une opinion n'est vraiment digne de celui qui l'exprime que lorsqu'elle est basée sur une connaissance approfondie du sujet.

Il est d'ailleurs prudent de ne porter des jugements qu'avec précautions, car pour beaucoup d'entre nous il est bien difficile de rétracter une opinion émise à la hâte. C'est pourquoi le lecteur est prié de différer l'expression de ses louanges ou de son blâme, jusqu'à ce qu'une étude suffisante lui permette de juger en toute connaissance de cause.

La Cosmogonie des Rose-Croix n'est pas une oeuvre dogmatique; elle ne fait appel qu'à la raison de l'étudiant. Elle n'est pas non plus une oeuvre de controverse; elle n'est publiée que dans le désir et l'espoir d'éclaircir quelques-unes des difficultés obsédantes rencontrées par ceux qui ont étudiés les très profondes philosophies du passé. Toutefois, pour éviter de sérieux malentendus, l'étudiant devra se pénétrer de cette idée qu'il n'y a pas de révélation infaillible sur un sujet aussi complexe qui embrasse toutes les choses sous le Soleil et même au delà.

Vouloir exposer infailliblement cette révélation serait une affirmation d'omniscience de la part de l'auteur, alors que les Frères Aînés eux-mêmes nous disent que leur jugement est parfois en défaut. Il ne peut donc être question de donner le dernier mot sur le Mystère du Monde dans le présent ouvrage, qui ne contient rien de plus que les enseignements les plus élémentaires des Rosicruciens (Rosicrucians, en anglais, et non pas Rose-Cross qui se traduit par Rose-Croix).

L'Ordre de la Rose-Croix a, du Mystère du Monde, la conception la plus étendue et la plus logique, dont l'auteur ait eu connaissance pendant les nombreuses années qu'il a consacrées exclusivement à l'étude de ce sujet.

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Dans la mesure où il a pu le vérifier par lui-même, il a trouvé ces enseignements d'accord avec les faits tels qu'ils les a constatés. Cependant, il est convaincu que la Cosmogonie Rosicrucienne est loin d'être le dernier mot sur le sujet, et qu'à mesure que nous avançons, de plus vastes perspectives sur la Vérité s'ouvriront pour nous, perspectives qui illumineront bien des choses "qu'aujourd'hui nous voyons au moyen d'un miroir, d'une manière obscure". En même temps, il a la ferme conviction que toutes les autres philosophies de l'avenir suivront les mêmes lignes directrices, car elles paraissent absolument vraies.

D'après ce qui précède, il est évident que ce livre n'est pas jugé par l'auteur comme étant l'Alpha et l'Oméga, l'extrême limite des connaissances occultes. Quoiqu'il ait pour titre "Cosmogonie Rosicrucienne", l'auteur insiste beaucoup sur le fait qu'il ne doit pas être considéré comme "une vérité révélée une fois pour toutes" aux Rosicruciens, soit par le fondateur de l'Ordre, soit par toute autre personne. Il est donc répété une fois de plus que cet ouvrage embrasse seulement ce que l'auteur a appris et compris des enseignements Rosicruciens, concernant le Mystère du Monde. Ces connaissances ont été corroborées par ses recherches personnelles dans les Mondes Intérieurs, ses investigations sur la condition de l'homme avant sa naissance et après sa mort, etc. L'auteur sachant parfaitement quelle responsabilité encourt celui qui, sciemment ou non, induit les autres en erreur, désire se prémunir et prémunir les autres autant que possible contre cette éventualité.

Les enseignements de ce livre seront donc acceptés ou rejetés par le lecteur, selon son propre jugement; l'auteur a déployé toute son assiduité pour tâcher de les comprendre et tous ses soins pour les transmettre dans le langage le plus facilement intelligible. Pour cette raison, il s'est toujours servi d'un seul terme d'un bout à l'autre de l'ouvrage pour exprimer la même idée. Le même mot aura donc le même sens partout où il est utilisé. Quand un mot descriptif d'une idée est employé pour la première fois, l'auteur en donne la définition la plus claire qu'il ait pu trouver. Il ne s'est servi que du langage le plus simple et s'est constamment efforcé de donner du sujet une description aussi exacte et précise que possible, de tout rendre clair et d'éliminer toute ambiguïté. Il appartient à l'étudiant de juger dans quelle mesure ce but a été atteint.

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Toutefois, l'auteur ayant consacré toute son assiduité et tous ses efforts pour transmettre les enseignements reçus, se sent dans l'obligation de mettre le lecteur en garde contre la pensée de considérer cet ouvrage comme une publication des enseignements Rosicruciens faisant autorité. L'oubli de cette précaution pourrait donner une valeur imméritée à cet ouvrage dans l'esprit de certains étudiants; cela ne serait loyal ni envers la Fraternité, ni envers le lecteur et aurait pour conséquence de rendre la Fraternité responsable des erreurs qui doivent se trouver dans cet ouvrage comme dans toute oeuvre humaine. C'est là le motif de l'avertissement qui précède.

NOTE: Pendant les quatre années qui se sont écoulées depuis que ces lignes ont été écrites pour la première fois, l'auteur a continué ses recherches dans les mondes invisibles et atteint l'expansion de conscience correspondant à ces royaumes de la Nature, qui se développe par la pratique des préceptes enseignés dans l'Ecole Occidentale des Mystères (Précision donnée dans "Questions et Réponses", tome II, Question 140: "Les Ecoles des Mystères sont toutes éthériques, et ne peuvent être fréquentées que par des initiés qui ont appris à quitter à volonté leur corps dense".). D'autres aussi, qui ont suivi la méthode de croissance de l'âme décrite dans ce livre comme étant particulièrement adaptée aux peuples d'Occident, ont été capables de vérifier par eux-mêmes les faits contenus dans ces enseignements. La compréhension que l'auteur a eue des connaissances transmises par les Frères Aînés a pu être ainsi confirmée; elle semble avoir été correcte dans l'ensemble. C'est pourquoi, il considère comme son devoir de le signaler afin d'encourager ceux qui ne peuvent encore voir par eux-mêmes.

Il eût été préférable de dire que le corps vital est formé de prismes au lieu de pointes: c'est, en effet, par réfraction à travers ces prismes minuscules que le fluide solaire incolore prend la teinte rosée signalée par l'auteur et aussi par d'autres écrivains.

D'autres découvertes importantes ont été faites; nous savons, par exemple, aujourd'hui que la corde d'argent se renouvelle à chaque vie; qu'une partie prend naissance dans l'atome-germe du corps du désir dans le grand tourbillon du foie, tandis que l'autre partie prend naissance dans l'atome-germe du corps dense dans le cœur.

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Ces deux parties (1) se rejoignent dans l'atome-germe du corps éthérique dans le plexus solaire, produisant la vivification. Le développement ultérieur de la corde d'argent entre le cœur et le plexus solaire, pendant les sept premières années de la vie, a une relation importante avec le mystère de l'enfance, de même que la croissance de la partie reliant le foie au plexus solaire qui a lieu dans le deuxième septénaire de la vie, contribue au travail de l'adolescence. L'achèvement de la corde d'argent marque la fin de l'enfance. Ensuite l'énergie solaire qui entre dans le corps humain par la rate et se colore par réfraction dans l'atome-germe prismatique du corps vital situé dans le plexus solaire, commence à donner à l'aura la couleur distinctive et individuelle que l'on observe chez les adultes.

1) Au sujet de la troisième partie de la Corde d'argent, voici ce qu'en dit Max Heindel à la Question 137 du tome II de "Questions et Réponses" : "Mais il y a encore une autre partie de la corde d'argent, faite de substance mentale et qui croît à partir de l'atome-germe de l'intellect situé à un point qui peut approximativement être décrit comme étant le sinus frontal où l'Esprit Divin a son siège. Elle passe entre le corps pituitaire et la glande pinéale, puis descend en reliant la thyroïde, le thymus, la rate et les glandes surrénales, pour rejoindre finalement la seconde partie de la corde d'argent dans l'atome-germe du corps du désir, dans le grand tourbillon de ce véhicule qui se trouve dans le foie. Le chemin selon lequel cette partie de la corde d'argent croîtra est indiqué dans l'archétype, mais il faut environ 21 ans pour faire la jonction. L'union de la première et de la deuxième partie marque la vivification physique qui dépend de la destruction complète des globules sanguins nucléés qui apportent la vie de la mère physique, et l'émancipation de l'interférence de cette dernière par la gazéification du sang qui est ainsi le véhicule directe de l'Ego. La jonction de la deuxième et de la troisième partie de la corde d'argent marque une vivification mentale et, en conséquence, l'émancipation de mère Nature qui a ainsi terminé le processus de gestation nécessaire à la construction du temple de l'Esprit, qui peut être construit librement, mais dans les limites des actions passées".

Note: Le mot anglais utilisé pour rendre le mot "Fraternité" est "Brotherhood" et non pas "Fellowship". Voir les livres "Philosophie Rosicrucienne en Questions et Réponses", Question 97, et "Lettres aux Etudiants" no 1.

(PAGES 17 A 28 :  TABLE DES MATIÈRES, VOIR PLUS HAUT)



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PREMIÈRE PARTIE

CONSTITUTION ACTUELLE DE L'HOMME 
ET MÉTHODE DE DÉVELOPPEMENT


INTRODUCTION

L'Occident est sans aucun doute à l'avant-garde de l'humanité; or, pour des raisons données dans les pages suivantes, les Rosicruciens prédisent que ce n'est ni le Judaïsme, ni le Christianisme populaire, mais bien le véritable Christianisme Esotérique qui deviendra la religion mondiale.

Bouddha, grand, admirable et sublime, est, peut-être, la "Lumière de l'Asie", mais c'est le Christ qui sera reconnu comme la "Lumière du Monde". Le Soleil surpasse en éclat l'étoile la plus brillante du ciel, dissipe toute trace d'obscurité et donne la vie et la lumière à tous les êtres; de même, dans un avenir assez proche, la véritable religion du Christ remplacera toutes les autres religions pour le bien éternel de l'humanité.

Dans l'état actuel de notre civilisation, il existe chez l'homme, entre son intellect et son cœur, un gouffre large et profond. Cet abîme se creuse chaque jour davantage; à mesure que l'intellect vole de découverte en découverte dans le domaine de la science, le cœur est relégué de plus en plus au second plan. L'intellect, pour être satisfait, exige impérieusement qu'on lui donne des explications rigoureusement démontrées au point de vue matériel sur l'homme et sur les créatures qui l'environnent et qui forment le monde phénoménal. Le cœur, au contraire, sent instinctivement qu'il existe quelque chose de plus élevé, et il aspire à des vérités plus hautes que celles qui peuvent être embrassées par l'intellect seul. L'âme humaine voudrait enfin prendre son essor sur les ailes éthérées de l'intuition et parvenir aux sources éternelles de la lumière et de l'amour spirituels; mais les opinions scientifiques modernes lui ont coupé les ailes, et elle demeure ici-bas, enchaînée et silencieuse, tandis que ses aspirations non exaucées la rongent comme le vautour dévorait le foie de Prométhée.

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N'y a-t-il donc point de terrain d'entente où la tête et le cœur puissent se rencontrer, l'un assistant l'autre dans la recherche de la vérité universelle, et chacun d'eux recevant égale satisfaction?

S'il est vrai que la lumière préexistante créa l’œil qui la perçoit: s'il est certain que le primordial désir d'un accroissement forma pour le réaliser les organes de digestion et d'assimilation; s'il est vrai que la pensée, existant avant le cerveau, l'ait construit et le construit encore pour pouvoir s'exprimer; s'il est évident que l'intellect se fraie aujourd'hui un chemin et arrache à la Nature ses secrets par la force de son audace; il est aussi certain que le cœur trouvera un moyen de rompre ses entraves et de réaliser ses désirs. Actuellement, il est enchaîné par le cerveau dominateur. Un jour viendra où il aura concentré suffisamment ses forces pour briser les barreaux de sa prison et devenir plus puissant que l'intellect.

Il est également certain qu'il ne peut y avoir de contradiction dans la nature; par suite, le cœur et l'intellect doivent pouvoir se rencontrer et s'unir. Indiquer ce terrain d'entente est précisément l'objet de ce livre. Nous voulons montrer où et comment l'intellect aidé par l'intuition du cœur peut sonder plus profondément les mystères de l'être, ce que ni l'un ni l'autre ne pourrait faire isolément; comment le cœur uni à l'intellect peut être préservé de l'erreur; comment chacun d'eux peut avoir toute liberté d'action sans faire violence à l'autre et trouver un égal apaisement.

C'est seulement quand cette union sera accomplie et rendue parfaite, que l'homme pourra atteindre la compréhension la plus élevée et la plus exacte de sa propre nature et du monde dont il fait partie. Cette union seule lui donnera un esprit large et un grand cœur.

A chaque naissance, ce qui semble être une vie nouvelle paraît au milieu de nous. Nous voyons la petite forme vivre, croître et devenir un élément de notre existence pendant des jours, des mois et des années. Puis vient l'heure où la forme meurt et se désintègre. Cette vie venue, nous ne savons d'où, est passée dans l'au-delà invisible; et, nous nous demandons douloureusement: d'où venait-elle? pourquoi était-elle ici? et où est-elle allée?

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Sur chaque foyer, le squelette de la Mort projette son ombre effrayante. Jeunes et vieux, malades et bien portants, pauvres et riches, tous, tous sans exception, nous devons disparaître dans cette ombre et, à travers les âges, retentit cette clameur pitoyable qui demande la solution de l'énigme de la vie... de l'énigme de la mort!

Pour la plupart de nous, ces trois grandes questions: d'où venons-nous? pourquoi sommes-nous ici? où allons-nous? sont demeurées jusqu'à ce jour sans réponse. C'est malheureusement l'opinion du plus grand nombre, que nul ne peut acquérir de connaissances définitives sur ces questions d'un intérêt si profond pour l'humanité. Rien n'est plus loin de la vérité. Tous, sans exception, nous pouvons devenir capables d'obtenir directement des informations précises sur ces énigmes; tous nous pouvons faire des recherches personnelles sur la condition de l'esprit humain avant la naissance et après la mort. Personne n'est particulièrement favorisé et point n'est besoin de dons spéciaux. Chacun de nous possède la faculté de tout connaître sur ce sujet, mais... oui, il y a un "mais", et un "MAIS" qui doit être écrit en majuscules. Ces facultés, existantes chez tous, ne sont que latentes chez la plupart. Un effort persistant est nécessaires pour les éveiller: et cet effort est le gros écueil. Si ces facultés "éveillées et conscientes" pouvaient être obtenues pour une somme d'argent, même élevée, beaucoup la paieraient volontiers pour obtenir un avantage aussi considérable sur leur prochain, mais peu nombreux, en vérité, sont ceux qui consentent à vivre la vie requise pour l'éveil de ces facultés que, seul, un patient effort peut provoquer. Ces facultés ne sont pas à vendre, et le don d'entrer dans l'au-delà ne s'achète pas

On admet que le travail est nécessaire pour apprendre à jouer du piano et qu'il est inutile de songer à devenir horloger sans vouloir en faire l'apprentissage. Cependant, quand il s'agit de l'âme, de la mort et de l'au-delà, des grandes causes de l'être, beaucoup sont d'avis qu'ils en savent autant que n'importe qui, et qu'ils ont le droit d'exprimer une opinion, alors même qu'ils n'ont peut-être jamais consacré une heure d'étude à ces questions.

Nul ne doit s'attendre à ce que son opinion soit prise sérieusement en considération s'il n'a pas une connaissance approfondie du sujet dont il parle.

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Quand le témoignage d'experts est requis en justice, leur compétence ne doit pas faire l'ombre d'un doute, faute de quoi leurs dires n'auraient aucun poids. Si leurs études et leur expérience les qualifient pour exprimer une opinion, celle-ci est accueillie avec le plus grand respect et la plus grande déférence; et si le témoignage d'un expert est corroboré par celui d'autres experts, également qualifiés, l'avis de chacun d'eux ajoute un poids considérable à l'opinion émise par le premier.

Le témoignage irréfutable d'un tel homme l'emporte aisément sur celui d'une douzaine ou d'un million d'hommes qui ne savent rien de ce dont ils parlent, car rien, multiplié même par un million, n'en reste pas moins zéro. C'est aussi vrai dans la vie courante, qu'en mathématiques.

Nous admettons assez volontiers ce qui précède dans les affaires matérielles, mais quand il s'agit du monde hyperphysique, quand les relations de Dieu à l'homme et les mystères les plus profonds de l'immortelle étincelle divine appelée du terme vague: âme, viennent à être discutés, alors chacun réclame à grands cris une considération aussi sérieuse de ses opinions et de ses idées sur les questions spirituelles que celle accordée au sage, qui, par une vie de patientes et pénibles recherches, est parvenu à la connaissance de ces sujets transcendants.

Bien plus: beaucoup ne se contenteront pas de réclamer une égale considération de leurs opinions, mais railleront même les paroles du sage et mettront en doute ses affirmations. Avec la suprême confiance d'une ignorance profonde, ils affirmeront solennellement que, puisqu'ils ne savent rien de la question, il est tout à fait impossible que d'autres en sachent davantage.

L'homme qui reconnaît son ignorance a fait le premier pas vers le savoir.

Le sentier qui mène à la connaissance personnelle de l'au-delà n'est pas facile à parcourir. Rien qui soit de valeur n'est obtenu sans un effort persistant. On ne répétera jamais assez souvent qu'il n'existe sous ce rapport ni dons spéciaux, ni "chance". Tout ce que nous sommes, tout ce que nous possédons, est le résultat d'un effort. Ce qui nous manque est latent dans notre être et peut être développé par des méthodes appropriées.

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Si le lecteur, ayant parfaitement saisi ce qui précède, venait à se demander ce qu'il doit faire pour acquérir cette connaissance personnelle, l'anecdote suivante pourra lui servir pour mieux comprendre cette idée fondamentale de l'occultisme.

Un jeune homme vint un jour voir un sage et lui demanda: "Seigneur, que dois-je faire pour acquérir la sagesse?" Il n'obtint point de réponse. Ayant répété plusieurs fois sa question, sans plus de résultat, le jeune homme finit par se retirer; mais il revint le lendemain avec les mêmes paroles sur les lèvres: par de réponse encore; il revint le troisième jour, répétant toujours: "Seigneur, que dois-je faire pour acquérir la sagesse?"

Enfin le sage se dirigea vers une rivière voisine, et entrant dans l'eau, pria le jeune homme de le suivre. Arrivé à une profondeur suffisante, il le saisit par les épaules et le maintint sous l'eau malgré ses efforts pour se libérer. A la fin, cependant, il le relâcha, et quand le jeune homme eut recouvré à grand'peine son souffle, le sage lui demanda: "Mon fils, quand vous étiez plongé sous l'eau, quel était votre suprême désir?"

Sans hésitation le jeune homme répondit: "De l'air, de l'air! J'avais besoin d'air!"

-Ne préfériez-vous pas plutôt la richesse, les plaisirs, la puissance ou l'amour, mon fils? N'avez-vous songé à aucune de ces choses?

-Non, Seigneur, j'avais besoin d'air et ne pensais qu'à cela.

-Eh bien, reprit le sage, pour acquérir la sagesse, il faut la désirer aussi intensément que vous désiriez de l'air, il y a un instant. Il faut lutter pour elle à l'exclusion de toute autre ambition dans la vie. Elle doit être votre unique et seule aspiration, nuit et jour. Si vous cherchez la sagesse avec une telle ferveur, certainement, mon fils, vous deviendrez un sage."
C'est la une nécessité primordiale pour l'aspirant à la connaissance occulte: il doit avoir une soif ardente de savoir, un zèle qui renverse tous les obstacles; mais le motif suprême dans la recherche de cette connaissance doit être un ardent désir de faire du bien à l'humanité et de travailler pour les autres dans l'oubli complet de soi-même, sinon la connaissance occulte est dangereuse.

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S'il ne possède pas, au moins dans une certaine mesure, ces qualités et plus particulièrement la dernière, toute tentative pour fouler le sentier pénible de l'occultisme serait pour lui une entreprise hasardeuse. Une autre condition requise pour acquérir la connaissance directe est l'étude préliminaire de l'occultisme. Certains pouvoirs occultes sont nécessaires pour l'étude personnelle des conditions de l'homme avant sa naissance et après sa mort, mais personne ne doit désespérer d'arriver à les connaître faute de pouvoirs occultes. De même qu'on peut apprendre quelque chose sur l'Afrique, aussi bien en y allant personnellement qu'en lisant les descriptions de ceux qui ont visité ce continent, de même peut-on se rendre dans les mondes hyperphysiques, en s'imposant l'effort nécessaire pour y parvenir, ou bien se borner à étudier ce que d'autres plus capables ont rapporté de leurs propres investigations.

Le Christ a dit: "La Vérité vous rendra libres." Mais la Vérité n'est pas découverte une fois pour toutes. La Vérité est éternelle et sa recherche doit aussi être éternelle. L'occultisme ne reconnaît pas de foi "révélée pour toujours". Certaines vérités fondamentales demeurent immuables mais on peut les observer sous divers aspects, chacun donnant une vue différente qui complète les autres: par conséquent, dans la mesure où nous pouvons en juger actuellement, il est impossible pour nous d'atteindre l'ultime vérité.

Si cet ouvrage diffère de quelques autres ouvrages philosophiques, cela tient à ce qu'ils se placent à des points de vue différents. L'auteur accorde toute sa déférence aux idées et aux conclusions soutenues par d'autres investigateurs. Il souhaite ardemment que l'étude des pages qui vont suivre permette au lecteur de compléter ses idées et de les préciser davantage.

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CHAPITRE 1

LES MONDES VISIBLE ET INVISIBLES

Le premier pas en occultisme est l'étude des Mondes Invisibles. Ils sont cachés à la plupart d'entre nous à cause de l'état d'assoupissement chez l'homme des sens subtils et supérieurs qui, seuls, permettent de les percevoir, de même qu'il nous faut des sens physiques éveillés pour avoir conscience du Monde matériel tangible. La majorité des hommes se trouve, vis-à-vis des plans hyperphysiques, dans les mêmes conditions que l'aveugle de naissance vis-à-vis du monde sensible: il est incapable de percevoir la lumière et la couleur qui l'environnent de toutes parts; elles sont pour lui inexistantes et incompréhensibles, simplement parce que le sens de la vue lui fait défaut. Il peut sentir les choses qu'il touche, elles lui semblent bien réelles, mais la lumière et la couleur sont hors de sa portée.

La plupart des hommes sentent et voient les objets; ils entendent les sons du Monde physique, mais les autres royaumes ou règnes de la nature, que le clairvoyant appelle les Mondes hyperphysiques, leur sont aussi incompréhensibles que la lumière et la couleur pour l'aveugle de naissance. Cependant, le fait que ce dernier ne peut les percevoir n'est pas un argument contre leur existence et leur réalité. Le fait que la plupart des gens ne peuvent voir les Mondes hyperphysiques ne signifie pas davantage que personne n'est pas capable de les observer. Si l'aveugle recouvre la vue, il verra la lumière et la couleur. Si, au moyen de méthodes appropriées, ceux qui ne peuvent voir les Mondes hyperphysiques éveillent leurs sens supérieurs, ils pourront contempler ces royaumes, jusque-là cachés à leurs yeux.

Alors que bien des gens doutent de l'existence de ces Mondes, beaucoup d'autres vont à l'extrême opposé;

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convaincus de la réalité de l'Invisible, ils pensent que toute la vérité est immédiatement accessible au clairvoyant et croient que dès qu'une personne peut "voir", elle sait tout ce qui concerne ces Mondes supérieurs.

une profonde erreur, que nous nous gardons bien de commettre quand il s'agit de la vie courante. Nous ne pensons pas, en effet, qu'un aveugle de naissance qui recouvre soudainement la vue "connaît immédiatement tout" du monde tangible; bien plus, nous savons que même ceux qui ont possédé toute leur vie la faculté de voir les choses qui les entourent sont loin de les connaître complètement. Nous savons qu'il faut des années d'application et d'études persévérantes pour acquérir quelque connaissance de cette partie infinitésimale de l'Univers avec laquelle nous venons en contact dans notre vie journalière. Si donc nous retournons l'aphorisme d'Hermès: "Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas", nous pouvons conclure sans peine qu'il doit en être de même dans les autres mondes que le nôtre. Cependant, il faut reconnaître que sur les plans hyperphysiques il est beaucoup plus facile d'acquérir des connaissances que sur terre, mais cela ne veut nullement dire qu'on puisse se passer d'études sérieuses et éviter des erreurs d'observation qui, selon les témoignages d'investigateurs dignes de foi, peuvent être commises beaucoup plus aisément dans ces mondes que dans le nôtre.

Les clairvoyants doivent d'abord recevoir un entraînement spécial avant que leurs observations puissent avoir une valeur réelle, et plus ils sont avancés, plus ils sont modestes en parlant de ce qu'ils ont constaté, plus ils montrent de déférence pour les versions d'autres clairvoyants. Ils savent qu'il leur reste beaucoup à apprendre et que le nombre de détails qu'un investigateur isolé peut observer au cours de ses recherches est limité.

Ceci explique d'ailleurs pourquoi les versions occultes peuvent différer les unes des autres, ce qui porte les gens superficiels à en tirer argument contre l'existence des plans hyperphysiques. Ils prétendent que si vraiment ces mondes existent, les investigateurs doivent nécessairement en rapporter des descriptions identiques. Un exemple emprunté à la vie quotidienne montrera combien ce raisonnement est faux.

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Supposez qu'un journal envoie vingt "reporters" dans une ville avec ordre de la décrire. Les "reporters" sont ou devraient être des observateurs experts. C'est leur métier de tout voir, et ils devraient être capables de fournir des descriptions aussi exactes que celles qu'on peut attendre de la meilleure source. Cependant il est bien certain que sur les vingt rapports il n'y en aura pas deux exactement semblables. Certains pourraient présenter des traits communs importants, mais d'autres seraient uniques par la nature et l'abondance de leurs développements.

La diversité de ces rapports serait-elle un argument contre l'existence de la ville décrite? Certainement non! Les divergences proviennent de ce que chaque reporter a observé la ville selon son point de vue personnel. On peut même ajouter que l'ensemble de ces divers rapports, loin d'apporter de la confusion et du trouble dans l'esprit, donnerait au contraire une meilleure compréhension et une meilleure description de la ville que la lecture d'un seul récit, chacun d'eux complétant les autres.

Il en est de même pour les observations rapportées par les différents investigateurs des plans supérieurs. Chacun les observe d'une manière particulière et les décrit selon son point de vue personnel. Les descriptions peuvent donc différer les unes des autres, bien qu'étant toutes fidèles.

On se demande souvent: "A quoi bon étudier ces mondes? Ne vaut-il pas mieux ne nous occuper que d'un seul à la fois et nous contenter pour le moment des leçons à apprendre sur la Terre? S'il existe vraiment des plans invisibles, n'est-il par préférable d'attendre que nous les habitions pour y faire des recherches? A chaque jour suffit sa peine."

Si nous savions, sans aucun doute possible, que nous serons tôt ou tard appelés à demeurer dans un pays lointain où pendant de nombreuses années nous devrons vivre dans des conditions nouvelles et étranges, nous accueillerions avec empressement toute occasion de nous renseigner sur cette contrée avant de nous y rendre. Les connaissances ainsi acquises nous permettraient de nous adapter plus facilement aux nouvelles conditions d'existence qui nous sont réservées.

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Or dans la vie, nous n'avons qu'une seule certitude: la Mort! Quand nous passons dans l'Au-delà, la connaissance de ce qui nous y attend doit être assurément un énorme avantage.

Mais ce n'est pas tout: pour bien comprendre le Monde Physique, qui est celui des effets, il est nécessaire de comprendre le Monde hyperphysique, qui est celui des causes. Nous voyons les trains qui passent, nous entendons la sonnerie du téléphone, mais l'agent mystérieux, cause de ces phénomènes, reste invisible pour nous. Nous l'appelons Electricité, mais ce nom ne nous apprend rien de la force elle-même; nous ne faisons que percevoir ses manifestations.

Lorsqu'un vase rempli d'eau froide est soumis à une température suffisamment basse des cristaux de glace commencent aussitôt à se former et leur mode de formation peut être étudié. L'eau se cristallise suivant des lignes qui, avant la congélation, existaient comme lignes de force, mais étaient invisibles. Les magnifiques "fleurs de glace" observées parfois sur les vitres sont la manifestation visible des courants des plans hyperphysiques qui agissent sur nous en tout temps et qui, bien qu'inconnus de la plupart des hommes, n'en sont pas moins puissants.

Les Mondes supérieurs sont les mondes des causes, des forces. Nous ne pouvons comprendre réellement le Monde Physique sans connaître les autres, sans avoir une certaine compréhension des forces et des causes dont toutes les choses matérielles ne sont que les effets.

Aussi étrange que cela puisse paraître, les plans hyperphysiques, qui semblent n'être qu'un mirage ou même quelque chose de moins tangible encore, sont, à vrai dire, beaucoup plus réels que le monde matériel tangible. Les choses qui s'y trouvent y sont plus durables et plus indestructibles que celles de notre monde. Un exemple le fera comprendre sans peine. Lorsqu'un architecte veut construire un édifice, il ne commence pas par se procurer des matériaux et par donner l'ordre à ses ouvriers de placer au hasard les pierres les unes sur les autres, sans ordre ni plan. Il conçoit d'abord la maison dans son mental. Elle y prend graduellement forme et finalement existe comme une idée bien définie de la construction à édifier: c'est la forme-pensée d'une maison.

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Cette chose est encore invisible pour tous, hormis l'architecte. Il la rend visible sur le papier, il trace les plans et, d'après cette image objective, les ouvriers construisent une maison correspondant exactement à la forme-pensée créée par l'architecte.

Cette chose invisible est donc devenue une réalité objective. Le matérialiste affirmerait que la maison est maintenant beaucoup plus réelle et plus durable que l'image qui se trouvait dans l'esprit de l'architecte. Mais réfléchissons un peu: la maison n'aurait pu être construite sans la forme-pensée. L'objet matériel peut être détruit par la dynamite, par un tremblement de terre, par un incendie, etc., mais la forme-pensée subsiste. Sa durée sera aussi longue que la vie de l'architecte et, grâce à elle, d'autres maisons semblables pourront être édifiées. L'architecte lui-même ne saurait la détruire et, même après sa mort, elle peut être retrouvée par ceux qui savent lire dans la "mémoire de la nature" dont nous parlerons plus tard.

Puisque l'existence de ces Mondes ne fait pas violence à la raison, nous allons, convaincus de leur réalité, de leur permanence et de l'utilité qu'il y a à les connaître, les étudier successivement en commençant par le Monde Physique.

LA RÉGION CHIMIQUE DU MONDE PHYSIQUE

Dans les enseignements Rosicruciens, l'Univers est divisé comme suit en sept Mondes ou sept états de la matière différents:

1° le Monde de Dieu,

2° le Monde des Esprits Vierges,

3° le Monde de l'Esprit Divin,

4° le Monde de l'Esprit de Vie,

5° le Monde de la Pensée,

6° le Monde du Désir,

7° le Monde Physique.

Cette division n'est pas arbitraire, mais nécessaire, parce que la substance de chacun de ces Mondes est soumise à des lois pratiquement inopérantes dans les autres. Par exemple. dans le Monde Physique, la matière est soumise à la gravitation et aux phénomènes de contraction et d'expansion.

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Dans le Monde du Désir, il n'y a ni froid, ni chaleur, et les formes lévitent aussi facilement qu'elles gravitent. Le temps et la distance sont aussi des facteurs qui gouvernent l'existence dans le Monde Physique, alors qu'ils sont pour ainsi dire non existants dans le Monde du Désir.

La matière de ces Mondes varie aussi en densité; le Monde Physique est le plus dense des sept.

Chaque Monde est divisé en sept régions ou subdivisions de la matière. Dans le Monde Physique, les solides, les liquides et les gaz forment les trois subdivisions les plus denses, les quatre autres sont occupées par des éthers de densités diverses. Des subdivisions analogues sont nécessaires dans les autres Mondes, parce que la substance dont ils se composent n'a pas une densité uniforme.

Il reste à faire encore deux autres distinctions; les trois subdivisions denses du Monde Physique - les solides, les liquides et les gaz - constituent ce qu'on appelle la Région Chimique. La substance de celle-ci est la base de toutes les formes tangibles.

L'Ether est aussi de la matière physique. Il n'est pas homogène, comme l'admet la science officielle, mais il existe sous quatre états différents. C'est grâce à lui que l'esprit vitalise les Formes de la Région Chimique. Les quatre subdivisions plus subtiles ou éthériques du Monde Physique constituent ce qu'on appelle la Région Ethérique.

Dans le Monde de la Pensée, les trois subdivisions supérieures fournissent les bases de la pensée abstraite; aussi sont-elles appelées dans leur ensemble la Région de la Pensée Abstraite. Les quatre subdivisions plus denses fournissent la "substance-intellect", au moyen de laquelle nous donnons corps à nos idées et les concrétisons; elles constituent la Région de la Pensée Concrète.

L'attention consacrée par l'occultiste aux caractéristiques du Monde Physique pourrait paraître superflue, si ce n'était qu'il considère toutes choses d'un point de vue très différent de celui du matérialiste. Ce dernier reconnaît trois états de la matière: les solides, les liquides et les gaz. Tous sont des corps chimiques dérivés des constituants chimiques de la Terre. C'est avec cette matière que toutes les formes des minéraux, des plantes, des animaux et des hommes ont été construites; elles sont donc réellement chimiques au même titre que les substances auxquelles on donne habituellement ce nom.

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Que nous considérions la montagne ou le nuage qui enveloppe son sommet, la sève de la plante ou le sang de l'animal, la toile de l'araignée, l'aile du papillon ou le squelette de l'éléphant, l'air que nous respirons ou l'eau qui nous désaltère, toutes ces choses sont composées en dernière analyse de la même matière chimique.

Qui donc alors détermine le modelage de cette substance fondamentale et crée ainsi la variété multiple de formes que nous observons autour de nous? C'est l'Esprit Unique, Universel se manifestant Lui-même dans le monde visible, sous les aspects de quatre grands torrents de Vie à des degrés divers de développement. Cette quadruple impulsion spirituelle moule la matière chimique de la Terre en formes variées qui constituent les quatre Règnes: minéral, végétal, animal et humain. Quand une forme n'est plus utilisable, comme moyen d'expression des trois courants de vie supérieur, les forces chimiques la désintègrent, afin que la matière puisse retourner à son état primordial et servir à la construction de nouvelles formes. La vie ou l'esprit qui façonne la forme à sa propre image est, par conséquent, distinct de la matière qu'il emploie, de même qu'un charpentier est distinct de la maison qu'il construit pour son propre usage.

Puisque toutes les formes des minéraux, des plantes, des animaux et de l'homme sont constituées de matière chimique, elles doivent logiquement être aussi inertes et aussi dépourvues de sensation que l'est la matière chimique dans son état primitif; c'est ce qu'affirment les Rosicruciens.

Certains savants prétendent que tous les tissus vivants ou morts, sont doués de sensibilité, à quelque règne qu'ils appartiennent. Ils rangent même parmi les choses pourvues de sensation les substances ordinairement classées comme minérales, et dans le but de prouver leur affirmation, ils présentent des graphiques avec des courbes d'énergie obtenues au cours d'expériences. Une autre classe d'investigateurs enseigne que le corps humain est privé de sensation, à part le cerveau qui en serait le siège. Ils disent que c'est le cerveau qui perçoit la douleur et non pas le doigt qui est blessé. Ainsi la Science est divisée en elle-même, sur ce point comme sur la plupart des autres.

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La position prise par chacun des camps opposés est en partie correcte; tout dépend de ce que nous entendons par "sensation". Si ce mot signifie l'aptitude à répondre à des chocs, tel que le rebondissement d'une balle de caoutchouc sur le sol, alors il est correct d'attribuer quelque degré de sensation aux substances minérales, végétales et animales. Mais s'il doit signifier plaisir et douleur, amour et haine, joie et tristesse, il serait absurde de l'attribuer aux formes inférieures, à des tissus, à des minéraux à l'état natif, ou même au cerveau, parce que de telles sensations sont l'expression de l'esprit immortel et conscient de lui-même, alors que le cerveau n'est que le clavier du merveilleux instrument sur lequel l'esprit humain joue la symphonie de la vie, comme un musicien s'exprime sur son violon.

De même qu'il y a des gens incapables de comprendre qu'il doit y avoir et qu'il y a des Mondes hyperphysiques, il en est d'autres qui, ayant acquis une connaissance superficielle de ces Mondes, prennent l'habitude de considérer avec mépris le Monde Physique. Une semblable attitude est aussi incorrecte que celle du matérialiste. Les Etres sublimes qui, dans leur sagesse, exécutent les desseins et la volonté de Dieu, nous ont placés dans ce milieu matériel pour que nous apprenions de grandes et d'importantes leçons ce que nous ne pourrions faire si nous étions soumis à d'autres conditions. Notre devoir est d'utiliser notre connaissance des Mondes supérieurs pour profiter de notre mieux des leçons que ce monde matériel nous enseigne.

Dans un certain sens, le Monde Physique est une sorte d'école modèle, de station expérimentale, où nous apprenons à travailler correctement dans les autres mondes. Ce résultat est finalement obtenu, que nous ayons ou non connaissance de leur existence, ce qui prouve bien la sagesse supérieure des auteurs de cette méthode. Si nous ne connaissions que les Mondes hyperphysiques, nous commettrions de nombreuses erreurs qui ne deviendraient apparentes qu'en subissant l'épreuve des conditions du Monde Physique. Prenons, par exemple, le cas d'un inventeur qui élabore dans son cerveau le plan d'une machine. Il la construit d'abord en pensée; il la voit complète, en mouvement et accomplissant parfaitement le travail qui lui est assigné.

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Ensuite, il fait un dessin du projet; à ce moment, il trouvera peut-être qu'il faut modifier sa première conception. Enfin ses dessins lui ont donné l'assurance que son plan est réalisable; il commence alors à construire la machine elle-même avec les matériaux choisis par lui.

Une fois le montage terminé, il est presque certain que des modifications seront nécessaires pour obtenir un bon fonctionnement de la machine. Il se peut même qu'elle doive être complètement remaniée ou qu'elle soit tout à fait inutilisable sous sa forme primitive. Il faudra donc la mettre au rebut et établir de nouveaux plans. Il convient de remarquer, et c'est là le point capital, que ces plans nouveaux seront étudiés dans le but de faire disparaître les défauts constatés. Si la machine n'avait pas été construite matériellement, ce qui a permis de découvrir les défauts de l'idée primitive, la seconde idée, plus correcte, n'aurait jamais pu prendre naissance.

Ce qui précède s'applique également à toutes les conditions de la vie, qu'elles soient sociales, commerciales ou philanthropiques. Bien des projets qui paraissent parfaits à leurs auteurs, et font bonne figure sur le papier, échouent souvent quand leur utilité pratique est mise à l'épreuve.

Toutefois, cela ne doit pas nous décourager. C'est un fait que "nous apprenons plus par nos erreurs que par nos succès". Nous devrions donc considérer le Monde Physique comme une école d'expérience de grande valeur, dans laquelle des leçons d'une importance capitale nous sont enseignées.

LA RÉGION ÉTHÉRIQUE DU MONDE PHYSIQUE

Dès que nous pénétrons dans ce royaume de la nature, nous nous trouvons dans le monde invisible, intangible, où les sens nous font défaut; cette partie du Monde Physique est donc inexplorée, en pratique, par la science matérialiste.

L'air est invisible: cependant la science moderne sait qu'il existe. En effet, la vitesse du vent peut être mesurée au moyen d'instruments; une fois comprimé, l'air peut être rendu visible sous la forme d'air liquide. Toutefois, il n'en est pas de même de l'éther.

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La science trouve qu'il est nécessaire d'expliquer d'une manière quelconque la transmission de l'électricité, avec ou sans fil. Elle est obligée d'admettre pour cela l'existence d'une substance plus subtile que toutes celles qu'elle connaît. Elle la nomme "éther". Elle n'est pas absolument certaine que cet éther existe, car les savants, malgré toute leur ingéniosité, n'ont pas pu trouver jusqu'ici un récipient dans lequel ils puissent recueillir et isoler cette substance trop insaisissable au gré du savant. Ils ne disposent d'aucun instrument pour la mesurer, la peser ou l'analyser.

Il est certain que les conquêtes de la science moderne sont merveilleuses. Cependant, le moyen d'arriver à connaître les secrets de la nature ne réside pas tant dans l'invention d'instruments nouveaux que dans le perfectionnement de l'investigateur lui-même.

L'homme possède, en effet, des facultés qui suppriment la distance et compensent la petitesse des dimensions à un degré tel qu'elles dépassent la puissance du télescope et du microscope d'autant que celle-ci dépasse celle de l’œil nu. Elles constituent les moyens d'investigation de l'occultiste et sont pour lui le "Sésame, ouvre-toi", dans la recherche de la vérité.

L'Ether est aussi tangible pour le clairvoyant expérimenté que le sont les solides, les liquides et les gaz de la Région Chimique pour le commun des hommes. Il voit les forces qui donnent la vie aux formes minérales, végétales, animales et humaines, circulent dans ces formes par l'intermédiaire des quatre états de l'éther. Les noms et les fonctions spécifiques de ces quatre éthers sont les suivants:

1° Ether chimique - Cet éther est positif et négatif dans ses manifestations. Il constitue le champ d'action des forces qui régissent l'assimilation et l'élimination. L'assimilation est l'opération par laquelle les divers éléments nutritifs des aliments sont incorporés à la plante, à l'animal et à l'homme. Elle s'accomplit grâce à des forces que nous étudierons plus tard et qui agissent par le pôle positif de l'éther chimique; elles attirent les éléments nécessaires et les mettent en place dans les formes.

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Elles n'opèrent pas aveuglément, ni machinalement, mais d'une manière sélective (bien connue des savants par ses effets); elles accomplissent ainsi leur fonction qui est la croissance et l'entretien du corps.

L'élimination est effectuée par des forces d'une nature semblable, qui agissent par le pôle négatif de l'éther chimique. Elles rejettent hors du corps les particules inutilisables des aliments, ainsi que celles qui ont cédé leur utilité aux tissus et doivent être éliminées de l'ensemble. Cette opération, comme toutes celles qui sont indépendantes de la volonté de l'homme, s'effectue d'une manière sélective, intelligente et non pas simplement mécanique. Un exemple frappant est offert par les reins. Ces organes, quand le sujet est en état de santé, n'éliminent que l'urine; dans certains états morbides, au contraire, ils laissent filtrer la précieuse albumine en même temps que l'urine, la sélection nécessaire ne se faisant plus sous l'empire des conditions normales.

2° Ether Vie - De même que l'éther chimique est le champ d'action des forces ayant pour objet le maintien de la forme individuelle, de même l'éther vie est le champ d'action de celles qui assurent le maintien des espèces - c'est-à-dire des forces de la reproduction.

Comme l'éther chimique, l'éther vie a aussi son pôle positif et son pôle négatif. Les forces qui agissent positivement sont celles qui sont actives chez la femelle pendant la période de gestation; elles lui permettent d'accomplir le travail positif et actif de mettre au monde un nouvel être. Celles qui agissent négativement mettent le mâle en état de produire le liquide séminal.

Par leur action sur l'ovule fécondé ou sur la semence de la plante, les forces positives produisent des plantes et des individus du sexe masculin; celles qui agissent par l'intermédiaire du pôle négatif produisent au contraire des plantes et des individus du sexe féminin.

3° Ether Lumière - Cet éther possède également deux pôles. Les forces agissant par le pôle positif sont la cause de la chaleur du sang chez l'homme et les animaux supérieurs et en font ainsi des sources de chaleur individuelles. Les forces qui travaillent par le pôle négatif régissent les fonctions passives des cinq sens, de la vue, de l'ouïe, du toucher, du goût et de l'odorat. Ce sont elles qui forment et alimentent l’œil.

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Chez les animaux à sang froid, les forces positives régissent la circulation du sang, tandis que les forces négatives ont, vis-à-vis de l’œil, les mêmes fonctions que chez l'homme et chez les animaux supérieurs. Lorsque les yeux font défaut, il est à présumer que ces forces construisent et alimentent d'autres organes des sens, comme elles le font chez tous les être qui en sont dotés.

Dans les plantes, les forces positives agissent sur la circulation des sucs. On peut s'en rendre compte par les mouvements de la sève qui, ralentis considérablement en hiver quand l'éther est moins imprégné de lumière solaire, reprennent leur activité dès que le soleil d'été lui communique toute sa vigueur. Les forces négatives travaillent à déposer la chlorophylle, la substance verte des cellules des plantes, et à colorer les fleurs. D'ailleurs toutes les colorations, dans tous les règnes, sont dues à l'action du pôle négatif de l'éther lumière. Les animaux ont le pelage plus coloré sur le dos; les couleurs des fleurs sont toujours plus vives, plus intenses sur les parties exposées au soleil. Dans les régions polaires, où les rayons solaires sont moins vigoureux, toutes les couleurs sont plus claires; dans certains cas, leur élaboration est si faible qu'en hiver elles ne se manifestent plus du tout: tous les animaux deviennent alors complètement blancs.

4° Ether Réflecteur - Nous avons vu précédemment que le plan d'une maison qui existe dans la pensée de son architecte peut, même après la mort de ce dernier, être retrouvé dans la mémoire de la nature. Tous les événements du passé ont laissé, en effet, dans l'éther réflecteur une image ineffaçable. De même que les fougères géantes de l'enfance de la Terre ont laissé leur empreinte dans la houille, de même que les mouvements d'un glacier d'une époque préhistorique peuvent être retrouvés grâce aux stries dont il a sillonné les roches le long de son parcours, de même les pensées et les actions des hommes sont imprimées par la nature d'une manière indélébile sur l'éther réflecteur où l’œil expérimenté du clairvoyant peut lire toute leur histoire.

L'éther réflecteur mérite son nom pour plus d'une raison; ses images ne sont, en effet, que la réflexion de la

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vraie mémoire de la nature qui est située dans un monde beaucoup plus élevé. Aucun clairvoyant réellement expérimenté ne se soucierait de faire des recherches dans l'éther, car ses images sont floues et vagues, si on les compare à celles du monde supérieur.

Les personnes qui lisent dans l'éther réflecteur sont celles qui n'ont pas le choix de faire mieux. C'est de là que les voyants ordinaires et les médiums tirent en général leurs informations. L'élève d'une école d'occultisme, dans les premières phases de son entraînement, commence par lire dans l'éther réflecteur, mais son instructeur l'avertit de l'insuffisance de cette source d'information, pour le mettre en garde contre des conclusions erronées.

Cet éther est aussi le milieu à travers lequel la pensée agit sur le cerveau de l'homme. Il est en relation avec la quatrième subdivision du Monde de la Pensée, c'est-à-dire la plus élevée des quatre subdivisions de la Région de la Pensée concrète, celle qui est la demeure de l'intellect humain. C'est là que se trouvent des clichés absolument nets de la mémoire de la nature dont l'éther réflecteur ne présente que les images réfléchies.

LE MONDE DU DÉSIR

Comme le Monde Physique, et comme tout autre royaume de la nature, le Monde du Désir est divisé en sept "Régions", mais on n'y distingue pas de grandes divisions analogues aux Régions Chimique et Ethérique du Monde Physique. La substance Désir sert à concrétiser les désirs et existe sous sept états correspondant aux sept subdivisions ou Régions du Monde du Désir. Dans le Monde du Désir, un désir est aussi tangible que l'est en ce monde physique tout objet matériel.

La Région Chimique est le royaume de la forme; la Région Ethérique celui des forces qui maintiennent les activités de la vie dans les formes et permettent à celles-ci de vivre, de se mouvoir, et de se reproduire. Dans le Monde du Désir, nous rencontrons les forces qui agissent sur le corps dense vivifié et le poussent à l'action dans un sens ou dans l'autre.

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S'il n'existait pas d'autres activités que celles des Régions Chimique et Ethérique du Monde Physique, il y aurait bien des formes douées de vie, capables de se mouvoir et de se reproduire, mais sans que rien ne les y invite. Cette impulsion est donnée par les forces cosmiques actives dans le Monde du Désir. Sans leur action qui se manifeste à travers toutes les fibres du corps vitalisé et le poussent à agir, il n'y aurait pour l'individu ni expérience ni développement moral possible. Les fonctions des divers éthers assureraient bien l'entretien, la croissance et la reproduction de la forme, mais l'épanouissement moral ferait entièrement défaut. L'évolution serait une impossibilité pour la forme et pour la vie, car c'est seulement pour répondre aux exigences du développement spirituel que les formes évoluent vers des états supérieurs. Nous reconnaissons immédiatement d'après ce qui précède, la grande importance de ce royaume de la nature.

Les désirs, les souhaits, les passions et les sentiments trouvent leur expression dans la substance des différentes régions du Monde du Désir, comme les traits du visage sont modelés dans la Région Chimique du Monde Physique. Ils s'y manifestent par des formes dont la durée d'existence est proportionnée à l'intensité du sentiment primitif. Dans le Monde du Désir, la distinction entre les forces et la matière n'est pas aussi marquée ni aussi apparente que dans le Monde Physique. On pourrait presque dire que les idées de force et de matière y sont identiques ou interchangeables. Il n'en est pas tout à fait ainsi, mais nous pouvons déclarer néanmoins que, dans une certaine mesure, le Monde du Désir est composé de force-matière.

En parlant de la matière du Monde du Désir, il est exact de dire qu'elle est d'un degré moins dense que celle du Monde Physique: toutefois, nous en aurions une conception complètement erronée si nous imaginions que c'est une substance ayant les caractéristiques de la matière physique, mais plus fines. Cette idée, bien que soutenue par beaucoup d'étudiants des philosophies occultes, est une erreur profonde. Elle est due principalement à la difficulté d'en donner une description complète et exacte qui serait pourtant nécessaire pour la compréhension parfaite de ces mondes supérieurs. Malheureusement, notre langage ne peut décrire que des choses matérielles: il est, par suite, tout à fait impropre à retracer les caractéristiques des mondes

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hyperphysiques. Tous les enseignements donnés à ce sujet doivent donc être acceptés comme des essais de description, plutôt comme des analogies, que comme des descriptions exactes.

La montagne et la marguerite, l'homme, le cheval, un morceau de fer sont composés, en dernière analyse, de la même substance atomique. Nous ne pouvons pas dire pourtant que la marguerite est une forme plus subtile du fer. De même, il est impossible d'expliquer par des mots la modification subie par la matière quand de l'état physique elle est transmuée en substance Désir. Si cette substance n'était pas différente de la matière physique, elle serait soumise aux même lois, ce qui n'est pas le cas.

La loi de la matière dans la Région Chimique est l'inertie, qui est la tendance à conserver le statu quo. Une certaine quantité de force est nécessaire pour vaincre cette inertie et mettre en mouvement un corps au repos ou encore arrêter un corps en mouvement. Il n'en est pas de même pour la substance du Monde du désir. Cette matière est pour ainsi dire vivante. Constamment en mouvement, fluide, prenant avec une facilité et une rapidité inconcevables toutes les formes imaginables ou inimaginables, elle brille et scintille sans arrêt, passant par des milliers de teintes toujours changeantes. Il n'existe rien de comparable dans les phénomènes dont notre conscience physique a connaissance. On peut se faire une idée très vague de l'apparence de cette substance en observant le chatoiement des couleurs sur une coquille de nacre qu'on fait miroiter au soleil.

Le Monde du Désir est un monde de lumière et de couleur se modifiant sans cesse, où les énergies des animaux et de l'homme se mêlent à celles d'innombrables Hiérarchies d'êtres spirituels qui ne paraissent pas dans notre Monde Physique, mais qui sont aussi actifs dans le Monde du désir que nous le sommes ici-bas. Nous nous occuperons plus tard de quelques-unes d'entre elles en parlant de leur corrélation avec l'évolution de l'homme.

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Les forces émanant de cette immense légion d'Etres divers moulent la substance sans cesse changeante du Monde du Désir en formes innombrables et variées, d'une stabilité plus ou moins grande, suivant l'énergie de l'impulsion qui leur a donné naissance.

Cette description, bien pâle, permet de comprendre pourquoi il est si difficile pour le néophyte, dont la vision intérieure vient seulement de s'éveiller, de trouver son équilibre mental dans le Monde du Désir. Le clairvoyant expérimenté cesse bientôt de s'étonner des descriptions invraisemblables données si souvent par les médiums. Ils peuvent être parfaitement sincères, mais leurs chances d'erreur sont énormes et, le plus surprenant, c'est qu'il leur arrive parfois de donner une description correcte. Dans les premiers mois de notre enfance, il nous a fallu apprendre à voir. Si l'on observe un bébé, on s'aperçoit que le petit être cherche à saisir des objets qui se trouvent à l'autre extrémité de la chambre, de l'autre côté de la rue, ou même à atteindre les étoiles du firmament. Il est tout à fait incapable d'apprécier les distances. L'aveugle qui a recouvré la vue depuis peu, ferme souvent les yeux en allant d'un endroit à un autre jusqu'à ce qu'il ait appris à se servir de la vision. Il prétend qu'il lui est plus facile de se diriger en s'aidant du toucher qu'avec l'aide de la vue. De même, la personne dont les organes intérieurs de perception ont été éveillés doit d'abord apprendre à utiliser correctement ses facultés nouvellement acquises. Au début, le néophyte tâche d'appliquer au Monde du Désir ses connaissances du Monde Physique, parce qu'il ignore encore les Lois du Monde auquel il a maintenant accès. Cette ignorance est pour lui la source de difficultés et de perplexités sans nombre. Avant de pouvoir comprendre ce qu'il voit il doit redevenir comme un petit enfant qui s'assimile de nouvelles notions sans chercher à les relier à des expériences antérieures.

Pour arriver à une compréhension correcte du Monde du Désir, il est nécessaire de se souvenir que c'est le Monde des sentiments, des désirs et des émotions. Ces facultés de l'âme sont toutes dominées par deux grandes forces - l'Attraction et la Répulsion. Elles se manifestent d'une manière différente suivant qu'elles agissent dans les trois régions les plus denses ou dans les trois régions supérieures. La Région centrale peut être considérée comme une zone neutre: c'est la région du sentiment.

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Là, notre intérêt ou notre indifférence pour un objet ou une idée fait pencher la balance en faveur de l'une des deux forces précédemment mentionnées: l'objet ou l'idée est alors soit reporté aux trois plus hautes ou aux trois plus basses Régions du Monde du Désir, soit rejeté. Nous allons voir comment ce résultat est obtenu.

Dans la substance des trois régions supérieures, l'Attraction règne seule, mais elle agit aussi dans une certaine mesure sur la substance des trois régions inférieures où elle s'oppose à la Répulsion qui y domine et qui sans cette réaction, aurait vite fait de désintégrer toute forme qui risquerait de s'y aventurer.

Dans la région la plus dense, c'est-à-dire la plus basse, où la Répulsion se manifeste avec le plus de puissance, elle déchire et met en pièces d'une manière terrible à voir, les formes qui y prennent niassance. Pourtant, elle est loin d'être une force hostile. Rien dans la nature n'est hostile; tout ce qui paraît l'être ne travaille, en définitive, que pour le bien, comme le fait la Répulsion dans la Région la plus basse du Monde du Désir où les formes ne sont que des créations démoniaques, édifiées par les passions et les désirs les plus vils de l'homme et des bêtes.

Dans le Monde du Désir, la tendance de chaque forme est d'attirer tout ce qui est de même nature, afin de se développer par ce moyen. Si cette tendance à l'attraction venait à prévaloir dans les régions inférieures, le mal croîtrait comme les mauvaises herbes. Ce serait dans le Cosmos, l'anarchie au lieu de l'ordre. La prépondérance de la Répulsion dans cette région empêche ce résultat. Quand la forme d'un désir vil est attirée par une autre forme de même nature, il y a discordance entre leurs vibrations et elles ont l'une sur l'autre un effet destructeur. Par conséquent, au lieu de s'unir et d'amalgamer le mal avec le mal, elles agissent avec un pouvoir réciproque de destruction qui a pour effet de maintenir le mal dans des limites raisonnables.

Si nous comprenons comment ces deux forces agissent dans ce sens, nous sommes aussi à même de comprendre cette maxime occulte: "Un mensonge est à la fois un meurtre et un suicide dans le Monde du Désir."

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Tout ce qui se passe dans le Monde Physique se reflète sur tous les autres plans de la nature et, comme nous l'avons vu, donne naissance à une forme dans le Monde du Désir. Le récit véridique d'un événement crée une forme semblable à celle correspondant à cet événement. Ces deux formes s'attirent mutuellement et se fondent ensemble, l'une renforçant l'autre. Au contraire, un rapport mensonger crée une forme hostile, différente de celle ayant trait à l'événement, c'est-à-dire de la vraie forme. Comme elles se rapportent au même sujet, elles s'attirent, mais, leurs vibrations n'étant pas synchrones, elles se détruisent mutuellement. Par conséquent, des mensonges méchants, malveillants, s'ils ont assez de force et s'ils sont répétés assez souvent, finissent par détruire tout ce qui est bon. Mais inversement, la recherche du bien dans le mal pourra, avec le temps, transmuer le mal en bien. Si la forme créée pour s'opposer au mal est faible, elle n'aura pas d'influence et elle sera détruite par la forme mauvaise; mais si elle est vigoureuse et souvent renouvelée, elle aura pour effet de désintégrer le mal et de le remplacer par le bien. Il est indispensable de comprendre qu'on n'obtient pas ce résultat en se livrant à de fausses affirmations ou en niant le mal, mais au contraire en se mettant à la recherche du bien. L'occultiste scientifique met scrupuleusement en pratique ce principe de la recherche du bien en toutes choses, parce qu'il en connaît toute la puissance dans la lutte contre le mal.

Une anecdote de la vie du Christ illustre ce principe. Un jour qu'Il allait en compagnie de ses disciples, Il passa près du cadavre nauséabond d'un chien en putréfaction. Les disciples se détournèrent avec dégoût en exprimant leur répugnance; mais le Christ regarda le cadavre et dit:" Les perles mêmes ne sont pas plus blanches que ses dents." Il était résolu à trouver le bien, parce qu'Il savait quel effet bienfaisant résulterait dans le Monde du Désir du fait de lui avoir donné expression.

La Région la plus basse de ce Monde est appelée "Région de la Passion et des Désirs sensuels". La seconde subdivision peut être nommée "Région de l'Impressionnabilité"; les forces jumelles de l'Attraction et de la Répulsion s'y équilibrent à peu près. C'est pour ainsi dire une Région neutre, de sorte que toutes nos impressions construites avec la substance de cette subdivision sont neutres.

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Ce n'est que lorsque les deux sentiments que nous rencontrerons dans la quatrième Région entrent en jeu que les deux forces jumelles commencent à agir. La simple impression, quelle qu'en soit l'origine, est en soi tout à fait distincte du sentiment qu'elle fait naître. Cette impression est neutre; c'est une activité manifestée dans la deuxième Région du Monde du Désir, où des images sont formées par les forces de perception sensorielles dans le corps vital de l'homme.

Dans la troisième Région, l'Attraction - la force qui assemble et construit - l'emporte déjà sur la Répulsion, dont l'action est de détruire. Si nous comprenons que la caractéristique principale de cette force de Répulsion est une tendance à s'affirmer, à repousser les autres forces pour avoir plus de champ d'action, nous comprendrons aussi qu'elle cède très facilement le pas à un désir pour de nouvelles choses. La substance de la troisième Région du Monde du Désir est donc principalement soumise à la force d'Attraction vers de nouveaux objets, mais dans un but égoïste: c'est la Région des Souhaits.

La Région des Désirs vils peut être comparée aux solides du Monde Physique; la Région de l'Impressionnabilité, aux liquides. La nature changeante de la Région des Souhaits la rend comparable à la partie gazeuse du Monde Physique. Ces trois subdivisions fournissent la substance des formes qui contribuent à l'expérience, au croissance de l'âme et à l'évolution, éliminant les éléments complètement destructeurs et retenant ceux qu'il est possible d'utiliser pour le progrès.

La quatrième Région du Monde du Désir est la "Région du Sentiment". C'est de là qu'émane notre sentiment au sujet des formes précédemment mentionnées. Leur corrélation avec nous et leur effet sur nous dépendent de ce qu'elles nous inspirent. Il importe peu, pour le moment, que les idées ou objets présentés soient bons ou mauvais; l'Intérêt ou l'Indifférence sont les seuls facteurs qui déterminent leur sort.

Si l'impression faite sur nous par un objet ou une idée éveille notre Intérêt, celui-ci a sur elle le même effet que le soleil et l'air sur les plantes. Elle va croître et fleurir dans notre vie. Si, au contraire, l'impression est reçue avec Indifférence, elle se flétrit comme une plante placée dans l'obscurité d'une cave.

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De cette région centrale du Monde du Désir émane donc le stimulant qui pousse à agir ou, au contraire, à empêcher toute action (ce qui est aussi une action au point de vue de l'occultisme scientifique). En effet, dans l'état actuel de notre évolution, les sentiments jumeaux d'Intérêt et d'Indifférence sont la source même de l'action; ils sont les ressorts qui meuvent le Monde. Plus tard, ils n'auront plus aucun poids. Le facteur de l'action sera alors le Devoir.

L'Intérêt met en mouvement les forces d'Attraction et de Répulsion.

L'Indifférence flétrit simplement l'idée ou l'objet contre lequel elle est dirigée, tout au moins en ce qui concerne nos rapports avec lui.

Si notre intérêt pour un objet ou une idée engendre la répulsion, cela nous fait naturellement écarter de notre vie toute relation avec l'objet ou l'idée qui a mis cette force en jeu; mais il y a une grande différence entre l'action de la Répulsion et le simple sentiment d'Indifférence.

Un exemple fera peut-être comprendre plus aisément la manière d'agir des deux Sentiments et des deux Forces.

Trois hommes passent le long d'un chemin. Ils aperçoivent un chien malade, couvert d'ulcères et qui souffre apparemment d'une douleur et d'une soif intenses. Tout cela est évident pour les trois hommes; les témoignages de leurs sens sous ce rapport sont identiques. Maintenant, laissons le Sentiment entrer en scène. Deux d'entre eux éprouvent de l'"Intérêt" pour l'animal, mais le troisième ne ressent que de l'"Indifférence". Il poursuit donc son chemin, abandonnant le chien à son sort. Les autres restent; tous les deux s'intéressent à la pauvre bête, mais chacun manifeste son sentiment d'une manière différente. L'intérêt de l'un est fait de sympathie, du désir d'aider; il le pousse à s'occuper du malade, à soulager ses souffrances et à lui prodiguer des soins pour le guérir. Chez lui, le sentiment a éveillé la force d'Attraction. L'intérêt de l'autre homme est d'un ordre différent. Il ne voit qu'un spectacle répugnant qui le révolte; il veut s'en débarrasser et en débarrasser le Monde au plus vite. Il conseille donc de tuer l'animal sur-le-champ et de l'enterrer. Chez lui, le sentiment a éveillé la force destructive de Répulsion.

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Quand l'Intérêt met en oeuvre la Force d'Attraction et qu'il a pour objet des choses et des désirs vils, ceux-ci gagnent les Régions inférieures du Monde du désir, où agit la force neutralisante de Répulsion, comme nous l'avons vu précédemment. De la lutte entre les forces jumelles d'Attraction et de Répulsion provienne toute la douleur et toute la souffrance qu'entraînent les mauvaises actions ou les efforts mal dirigés, intentionnellement ou non.

Nous voyons ainsi l'importance capitale du Sentiment que nous éprouvons envers toute chose, car c'est de lui que dépend la nature de l'ambiance que nous nous créons. Si nous aimons le bien, nous veillerons comme des anges gardiens sur tout ce que nous rencontrons de bon autour de nous; dans le cas contraire, nous peuplerons notre route des démons que nous aurons créés.

Les noms des trois Subdivisions supérieures du Monde du Désir sont: la Région de la "Vie de l'Ame", la Région de la "Lumière de l'Ame" et la Région du "Pouvoir de l'Ame". Elles sont le domaine de l'Art, de l'Altruisme, de la Philanthropie et de toutes les activités de la vie supérieure de l'âme. En comprenant que ces régions rayonnent dans les formes des trois subdivisions inférieures les qualités que leurs noms indiquent, nous aurons une idée exacte des activités supérieures et inférieures du Monde du Désir. Néanmoins, le Pouvoir de l'Ame peut temporairement être mis aussi bien au service du mal qu'à celui du bien; mais, s'il y a lieu, la Répulsion détruit le vice et, sur ses ruines éparses, l'Attraction élève la vertu. Tout en définitive, travaille pour le BIEN.

Le Monde Physique et le Monde du Désir ne sont pas séparés l'un de l'autre dans l'espace. Il n'est pas nécessaire de se déplacer pour passer de l'un à l'autre ou d'une région à la suivante. Les diverses subdivisions du plan astral existent toutes en nous, de même que les solides, les liquides et les gaz. Nous pouvons encore comparer les lignes de force le long desquelles les cristaux de glace se forment dans l'eau, aux causes invisibles qui, ayant leur origine dans le Monde du Désir, se manifestent dans le Monde Physique et nous poussent à agir, de quelque manière que ce soit.

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Le Monde du Désir, avec ses habitants innombrables imprègne le Monde Physique comme les lignes de force sillonnent l'eau en tous sens. Invisible, mais partout présent, il est la cause puissante de tous les phénomènes du Monde Physique.

LE MONDE DE LA PENSÉE

Le Monde de la Pensée comprend aussi sept subdivisions, de qualités et de densités différentes; il est divisé comme le Monde Physique en deux parties principales: 1° la Région de la Pensée Concrète, qui comprend les quatre subdivisions les plus denses, et 2° la Région de la Pensée Abstraite, qui comprend les trois subdivisions renfermant la substance la plus subtile. Le Monde de la Pensée est au centre des cinq Mondes d'où l'homme tire ses divers véhicules. En lui l'esprit et le corps se rencontrent. C'est aussi le plus élevé des trois mondes dans lesquels l'évolution de l'homme se développe actuellement, car nous sommes pratiquement sans relations avec les deux mondes plus élevés, pour le moment.

Nous savons que la matière de la Région Chimique est employée dans la construction de toutes les formes physiques. Ces formes reçoivent la vie et la faculté de se mouvoir grâce aux forces agissant dans la Région Ethérique; quelques-unes de ces formes vivantes sont poussées à l'action par les Sentiments jumeaux du Monde du Désir. La Région de la Pensée concrète fournit la substance destinée à revêtir les idées qui prennent naissance dans la Région de la Pensée abstraite et qui, ainsi concrétisées, deviennent les formes-pensées. Celles-ci servent de régulateur et de balancier aux impulsions produites dans le Monde du Désir par les impressions du Monde Phénoménal (physique).

Les trois Mondes qui sont actuellement le champ de l'évolution humaine se complètent donc mutuellement en formant ainsi un tout grandiose. Ils témoignent de la Sagesse Infinie du Grand Architecte qui a construit notre système et que nous révérons sous le nom sacré de Dieu.

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En considérant de plus près les différentes subdivisions de la Région de la Pensée Concrète, nous remarquons que les archétypes des formes physiques, à quelque règne qu'elles appartiennent, se trouvent dans la subdivision la plus basse, la "Région Continentale". Nous y rencontrons aussi les archétypes des îles et des continents du globe terrestre. Toutes les modifications que subit la surface de la Terre doivent être élaborées en premier lieu dans cette "Région Continentale". Il faut tout d'abord que les archétypes soient modifiés. Alors les Intelligences appelées par nous les "Lois de la Nature" (afin de cacher notre ignorance) sont en mesure d'établir les nouvelles conditions physiques destinées à provoquer dans les traits de notre Terre les changements décidés par les Hiérarchies directrices de l'évolution. Ces Hiérarchies arrêtent le plan des modifications, tout comme un architecte établit le projet de celles qu'il veut apporter à un édifice avant que les ouvriers ne leur donnent une expression concrète. Tous les changements qui se produisent dans la flore et la faune sont dus également à des métamorphoses de leurs archétypes respectifs.

Ce serait une erreur de croire que les archétypes de toutes les formes les plus diverses du Monde Physique sont simplement des modèles, dans le sens que nous donnons à cette expression, c'est-à-dire des reproductions d'objets en miniature, ou encore des objets-types établis avec d'autres matières que celles convenant à leur emploi final. Ce ne sont pas seulement des images ou des modèles des formes qui nous environnent, mais bien des archétypes créateurs. Ils moulent et façonnent les formes du Monde Physique à leur propre image, ou à leurs images car souvent plusieurs s'unissent pour former une certaine espèce. Chaque archétype donne alors une partie de lui-même pour construire la forme voulue.

La deuxième subdivision de la Région de la Pensée Concrète est appelée "Région Océanique". Dire qu'elle est la vitalité palpitante et ondoyante est la meilleure description qu'on puisse en donner. Toutes les forces dont les quatre Ethers de la Régions Ethérique constituent le champ d'action y sont visibles comme archétypes. C'est un torrent de vie partout identique à elle-même qui déferle et palpite à travers toutes les formes, comme le sang à travers le corps. C'est là que le clairvoyant expérimenté peut voir à quel point "la Vie est Une".

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La "Région Aérienne" est la troisième subdivision de la Région de la Pensée Concrète. Nous y rencontrons les archétypes des désirs, des passions, des souhaits, des sentiments et des émotions que nous éprouvons dans le Monde du Désir. Toutes les activités de ce monde nous apparaissent là comme des conditions atmosphériques. Les sentiments de plaisir et de joie sont, pour les sens du clairvoyant, comme la caresse d'une brise d'été; les vagues désirs de l'âme ressemblent à la plainte du vent dans le feuillage, tandis que les passions des nations en guerre entre elles rappellent les éclairs aveuglants des coups de foudre. Les émotions de l'homme et des animaux sont aussi reproduites dans l'atmosphère de cette Région.

La "Région des Forces Archétypales", la quatrième subdivision de la Région de la Pensée Concrète, est la région centrale la plus importante des cinq Mondes où s'accomplit entièrement l'évolution de l'homme. D'un côté se trouvent les trois Régions supérieures du Monde de la Pensée, le Monde de l'Esprit de Vie et celui de l'Esprit Divin. De l'autre côté, nous rencontrons les trois Régions inférieures du Monde de la Pensée, le Monde du Désir et le Monde Physique. Cette Région est donc une sorte de "frontière" entre les Royaumes Spirituels et les Mondes de la forme; c'est le point focal par lequel l'esprit se reflète dans la matière.

Comme son nom l'indique, elle est la demeure des Forces Archétypales qui dirigent l'activité des Archétypes dans la Région de la Pensée Concrète. C'est à travers elle que l'Esprit travaille sur la matière pour lui donner les formes les plus variées.

La figure n° 1, page 59, exprime cette idée d'une façon schématique. Les formes dans le monde inférieur sont des images réfléchies de l'Esprit situé dans les mondes supérieurs. La cinquième région du Monde de la Pensée, la plus rapprochée du point focal du côté Esprit, se reflète dans la troisième du même Monde la plus voisine du foyer, du côté Forme. La sixième région se reflète dans la seconde et la septième dans la première. L'ensemble de la Région de la Pensée Abstraite est reflété dans le Monde du Désir; le Monde de l'Esprit de Vie dans la région Ethérique du Monde Physique, et le Monde de l'Esprit Divin dans la région Chimique du plan Physique.

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Figure 1. Le Monde Visible est l'image réfléchie des Mondes Invisibles. Permanence relative des mondes visibles et invisibles (par comparaison avec un appareil de projection).

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Le tableau n° 2, page 61, Les Sept Mondes, donnera une idée de l'ensemble des sept Mondes qui constitue notre sphère de développement, si l'on tient compte que ces mondes, dans la réalité, ne se superposent pas comme dans le tableau, mais s'interpénètrent. Nous avons comparé, il y a un instant, les lignes de force existant dans l'eau avant sa congélation et déterminant la forme des cristaux de glace au Monde du Désir et l'eau elle-même au Monde Physique. Nous pouvons appliquer cette comparaison à chacun des sept Mondes: les lignes de force représentent le monde immédiatement supérieur à celui que représente l'eau. Un autre exemple fera peut-être mieux comprendre ce qui précède.

Prenons une éponge sphérique pour représenter la Terre (la Région Chimique). Supposons que du sable pénètre toutes les parties de l'éponge et s'étende de plus en plus en une couche épaisse sur toute sa surface. Il représentera la Région Ethérique qui, d'une manière analogue, pénètre la Terre et s'étend au delà de son atmosphère.

Imaginons maintenant que cette éponge imprégnée et recouverte de sable soit immergée dans un ballon de verre, de dimensions supérieures, rempli d'eau; plaçons-la au centre, comme le jaune d’œuf au milieu de celui-ci. Nous aurons un espace rempli d'eau claire entre les parois du récipient et le sable recouvrant l'éponge. L'eau représentera le Monde du désir; il pénètre à la fois la Terre solide et l'Ether en s'étendant encore au-delà de ces deux substances, comme l'eau, dans notre exemple, imprègne tous les pores de l'éponge, filtre à travers les grains de sable et remplit l'espace vide du récipient.

L'eau contient, en général, de l'air en dissolution, ce qui nous donne une image assez exacte de la manière dont le Monde de la Pensée, plus subtil, pénètre les deux mondes plus denses.

Supposons enfin que le ballon de verre contenant l'éponge, le sable et l'eau soit placé au centre d'un autre ballon plus grand; l'air qui se trouve entre ces deux récipients représenterait alors la partie du Monde de la Pensée qui s'étend au delà du Monde du Désir.

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Tableau 2. Les Sept Mondes.

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Chaque planète de notre système solaire comporte ainsi trois Mondes qui s'interpénètrent. Si nous représentons chacune d'elles par une éponge distincte, et le quatrième Monde, celui de l'Esprit de Vie, par l'eau d'un immense ballon dans laquelle ces éponges sont toutes plongées, nous nous rendons compte que ce Monde remplit les espaces interplanétaires et pénètre les différentes planètes comme l'eau remplit l'espace entre les éponges et les pénètre toutes. Il forme un lien commun entre les corps célestes de notre système solaire. Pour pouvoir voyager de l'un à l'autre, il est nécessaire d'avoir un véhicule adapté au Monde de l'Esprit de Vie et placé sous notre contrôle conscient, de même qu'il faut avoir un bateau et savoir le diriger pour aller d'Amérique en Afrique.

Le Monde de l'Esprit Divin nous met en rapport avec d'autres systèmes solaires, d'une manière analogue à celle dont le Monde de l'Esprit de Vie nous relie aux autres planètes de notre propre système solaire.

Si nous considérons tous ces systèmes comme des éponges distinctes plongées dans l'eau qui représenterait alors le Monde de l'Esprit Divin, il est évident que pour se rendre de l'un à l'autre il faudrait pouvoir utiliser en pleine conscience le véhicule le plus sublime de l'homme, le corps de l'Esprit Divin.

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CHAPITRE 2

LES QUATRE RÈGNES

Les trois Mondes de notre planète sont actuellement le champ d'évolution d'un certain nombre de règnes différents parvenus à divers degrés de développement. Nous ne nous occuperons pour le moment que de quatre d'entre eux: les règnes minéral, végétal, animal et humain.

Ces quatre règnes sont en relation avec les trois Mondes de diverses manières, selon le progrès atteint à l'école de l'expérience par ces groupes de vie en évolution. Pour ce qui concerne la forme, les corps de tous les règnes sont composés des mêmes substances, les solides, les liquides et les gaz de la Région Chimique. Le corps dense de l'homme est, en réalité, un composé chimique, au même titre que les pierres, quoique celles-ci ne soit "animées" que de la vie minérale. Mais, au point de vue purement physique et écartant toute autre considération pour le moment, il faut faire plusieurs distinctions importantes en comparant le corps de l'homme aux minéraux. L'homme se déplace, croit et reproduit son espèce, ce que les minéraux sont incapables de faire.

Si nous rapprochons l'homme des formes du règne végétal, nous trouvons que la plante et l'homme ont un corps dense qui peut croître et se reproduire. Mais l'homme a des facultés que la plante ne possède pas. Il peut sentir, se déplacer et percevoir des objets qui lui sont extérieurs.

En étudiant l'homme par rapport aux animaux, nous voyons qu'ils ont, en commun, des facultés de sentiment, de mouvement, de croissance, de reproduction et de perception sensorielle. L'homme possède en plus la parole, un cerveau supérieurement organisé, et aussi des mains, ce qui est un très grand avantage physique.

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Remarquons le développement du pouce, qui donne à la main humaine une valeur bien supérieure même à celle des anthropoïdes. L'homme a, de plus, un langage défini qui lui sert à exprimer ses sentiments et ses pensées; tous ces avantages placent le corps dense de l'homme dans une classe à part, au-dessus des trois règnes inférieurs.

Afin de connaître la raison d'être de ces différences entre les quatre règnes, nous devons nous adresser aux Mondes invisibles et chercher quelles sont les causes qui accordent à l'un ce qu'elles refusent à l'autre.

Pour agir dans n'importe quel monde et pour exprimer les qualités qui lui sont propres, il faut d'abord posséder un véhicule composé de la substance de ce monde. Dans le Monde Physique, il faut un corps dense adapté à notre milieu d'existence. Sinon, nous serions des fantômes invisibles pour la plupart des êtres de ce monde. Il nous faut un corps vital pour être capable d'exprimer la vie, de croître ou de manifester les autres qualités spéciales à la Région Ethérique.

Pour manifester des sentiments et ressentir des émotions, il est nécessaire d'avoir un véhicule composé de substance du Monde du Désir; et, pour rendre possible la faculté de penser, un intellect formé de la substance de la Région de la Pensée Concrète est indispensable.

Si nous examinons les rapports des quatre règnes avec la Région Ethérique, nous trouvons que les minéraux ne possèdent pas de corps vital distinct; nous comprenons aussitôt pourquoi ils ne peuvent croître, se reproduire et manifester une vie consciente.

La science matérielle, pour expliquer certains faits reconnus, admet l'hypothèse que, dans les solides les plus denses comme dans les gaz les plus raréfiés et les plus ténus, pas un atome n'est en contact avec son voisin; elle affirme qu'il existe une enveloppe d'éther autour de chacun et que tous les atomes de l'univers flottent dans un océan d'éther.

L'occultiste scientifique sait que ce qui précède est vrai pour la Région Chimique; il sait que les minéraux ne possèdent pas de corps vital distinct. C'est l'éther planétaire seul qui enveloppe les atomes des minéraux. Comme nous l'avons vu, il est nécessaire d'avoir un corps vital, un corps du désir et un corps mental distincts, pour exprimer les qualités inhérentes à chaque monde.

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Les atomes des Mondes du Désir et de la Pensée, et même ceux des mondes supérieurs, interpénètrent les minéraux, aussi bien que le corps de l'homme. Si l'interpénétration de l'éther planétaire, celui qui enveloppe les atomes des minéraux, était suffisante pour les rendre capables de sentir et de se reproduire, leur interpénétration par le Monde de la Pensée planétaire suffirait de même à leur donner la faculté de penser. C'est impossible, parce que des véhicules (corps) distincts, composés de la substance de chaque monde, leur font défaut. L'interpénétration de l'éther planétaire seule ne peut les mettre en mesure de croître individuellement. D'ailleurs, l'éther chimique, le plus dense des quatre, est le seul qui soit actif dans les minéraux, ce qui explique leurs propriétés chimiques.

En étudiant les relations des plantes, des animaux et de l'homme avec la Région Ethérique, nous remarquons que tous ont un corps vital distinct et sont, de plus, pénétrés par l'éther planétaire qui forme cette Région. Il y a toutefois une différence entre le corps vital des plantes et celui des animaux et de l'homme. Chez la plante, seuls les éthers chimique et vital sont en pleine activité. Aussi peut-elle croître, grâce à l'action de l'éther chimique et reproduire son espèce au moyen de l'éther vie de son propre corps vital. L'Ether lumière est présent, mais il est en partie latent ou inactif; l'Ether réflecteur est absent. Il est donc évident que les facultés de perception sensorielles et de mémoire, qui sont les fonctions spéciales de ces deux éthers, ne peuvent être exprimées par le règne végétal.

En observant maintenant le corps vital des animaux, nous trouvons que les éthers chimique et vital ainsi que l'éther lumière y sont dynamiquement actifs. Aussi les animaux possèdent-ils les facultés d'assimilation et de croissance dues à l'action de l'éther chimique, et celle de reproduction, grâce à l'éther vie, ces éthers étant les mêmes que chez les plantes. Mais, de plus, l'éther lumière leur donne la faculté de produire la chaleur interne et celle de perception sensorielle. Cependant le quatrième éther est inactif; aussi n'ont-ils ni pensée, ni mémoire. Nous verrons plus tard que ce qui, chez eux, en présente les apparences est d'une autre nature.

Etudions maintenant l'homme: nous verrons que les quatre éthers sont tous dynamiquement actifs dans son corps vital supérieurement organisé.

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Grâce à l'éther chimique, il peut assimiler sa nourriture et croître. Les forces actives dans l'éther vie le rendent capable de reproduire son espèce; celles de l'éther lumière maintiennent la chaleur du corps dense et agissent sur le système nerveux et sur les muscles, ouvrant ainsi les portes de communication avec le monde extérieur au moyen des sens. L'éther réflecteur permet à l'esprit de contrôler son véhicule par la pensée; il emmagasine, de plus, les expériences passées, constituant ainsi la mémoire.

Le corps vital de la plante, de l'animal et de l'homme s'étend au delà de la périphérie du corps dense, comme la Région Ethérique, qui est le corps vital de notre planète, s'étend au delà de sa partie dense, ce qui montre une fois de plus la vérité de l'axiome d'Hermès: "En haut comme en bas." L'extension du corps vital de l'homme au delà du corps dense est d'environ quatre centimètres. Cette partie extérieure est très lumineuse; sa coloration est à peu près celle d'une fleur de pêcher fraîchement éclose. Elle est souvent observée par des personnes qui ont une légère tendance à la clairvoyance involontaire et qui, généralement, d'ailleurs, ne semblent pas avoir conscience de percevoir quelque chose d'insolite; en fait elles ne se rendent pas compte de ce qu'elles voient.

Le corps dense est construit dans la matrice de ce corps vital pendant la vie intra-utérine et, à une exception près, en est une copie exacte, molécule par molécule. Sa forme est déterminée par les lignes de force du corps vital, tout comme celles existant dans l'eau préparent la formation des cristaux de glace au moment de la congélation.

Pendant toute la durée de la vie, le corps vital construit et restaure la forme matérielle. Sans l'activité du coeur éthérique, le coeur physique succomberait rapidement sous l'effort constant que nous lui demandons. Tous les abus auxquels nous soumettons le corps matériel sont neutralisés, dans la mesure du possible, par le corps vital, qui lutte sans cesse contre sa désintégration.

Le corps vital de l'homme est féminin et négatif, tandis que celui de la femme est masculin et positif; c'est l'exception à laquelle nous avons fait allusion il y a un instant. Nous avons ainsi l'explication de plusieurs problèmes troublants de la vie.

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Le fait que la femme cède facilement à ses émotions est dû à la polarité mentionnée; son corps vital positif produit un excès de sang et la force à agir sous une pression intérieure énorme qui briserait l'enveloppe physique sans la soupape de sûreté du flux périodique et celle des larmes qui diminuent la pression dans des cas spéciaux, car les larmes ne sont pas autre chose qu'une "saignée blanche".

L'homme peut avoir et a certainement des émotions aussi fortes que celles de la femme, mais il est capable de les contenir ordinairement sans verser de larmes, parce que son corps vital négatif ne produit pas plus de sang qu'il n'en peut supporter sans gêne.

A l'opposé des véhicules supérieurs de l'homme, le corps vital (excepté dans certains cas que nous expliquerons en parlant de l'"Initiation") ne quitte pas le corps dense avant la mort de ce dernier. Quand elle survient, les forces chimiques du corps matériel ne sont plus tenues en échec par la vie qui évolue. Elles ramènent alors la matière qui le compose à son état primordial et la désintègrent, afin de la rendre disponible pour la construction d'autres formes dans l'économie de la nature. La décomposition est donc provoquée par l'activité des forces planétaires dans l'éther chimique.

La texture du corps vital peut être comparée à celle d'un de ces cadres pour portraits faits de centaines de petites pièces de bois qui s'emboîtent les unes dans les autres en présentant d'innombrables petites aspérités. Le corps vital a des millions de pointes; elles entrent dans les centres creux des atomes physiques et les imprègnent de force vitale. Celle-ci les fait vibrer beaucoup plus rapidement qu'elle ne le fait chez les minéraux qui ne sont pas accélérés et animés ainsi.

Quand une personne se noie ou qu'elle tombe d'une certaine hauteur ou qu'elle est sur le point de mourir de froid, le corps vital abandonne le corps matériel dont les atomes deviennent pour cette raison momentanément inertes; mais en cas de rappel à la vie, il reprend sa position normale, et les "pointes" s'encastrent à nouveau dans les atomes physiques. L'inertie de ces derniers les fait résister à la reprise des vibrations, ce qui produit une sensation de picotement et de fourmillement bien caractéristique.

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Nous avons conscience d'une manière analogue de la mise en marche ou de l'arrêt d'une pendule, tandis que nous ne faisons pas attention à son tic-tac, quand elle est en mouvement régulier.

Il arrive que le corps vital se retire partiellement; son absence produit alors la sensation décrite par l'expression courante "avoir la main morte". On peut voir dans ce cas la main éthérique pendre au-dessous du bras physique comme un gant; quand elle reprend sa place, les pointes causent la sensation bien connue de picotement.

Parfois dans le sommeil hypnotique, la tête du corps vital se divise en deux et pend en dehors de la tête physique, une moitié sur chaque épaule, ou bien s'affaisse en rouleau autour du cou. Dans ce cas, l'absence de picotement au moment du réveil vient de ce que, pendant le sommeil hypnotique, une partie du corps vital de l'opérateur s'est substituée à une partie de celui de la victime.

L'administration d'anesthésiques rejette hors du corps dense une partie du corps éthérique en même temps que les véhicules supérieurs et, si la dose est suffisamment forte pour expulser l'éther vie, la mort peut s'ensuivre. Un phénomène analogue peut être observé dans le cas des médiums à matérialisations. La différence entre un médium de ce genre et une personne ordinaire est celle-ci; chez la personne ordinaire, le corps éthérique et le corps dense sont, dans l'état actuel de notre évolution, étroitement unis, tandis que chez le médium la connexion des deux véhicules est lâche. Il n'en a pas toujours été ainsi; un jour viendra où le corps vital pourra quitter aisément le corps dense, comme il était capable de le faire autrefois; mais ce phénomène ne peut avoir lieu actuellement d'une façon normale. Quand un médium abandonne son corps vital à des entités du Monde du Désir qui veulent se matérialiser, le corps vital se retire généralement du sujet par le côté gauche, à travers la rate, qui est son "passage spécial". Les forces vitales ne peuvent plus alors circuler dans le corps dense, comme elles le font à l'état normal, et le médium devient extrêmement faible; un très grand nombre d'entre eux ont recours, à cause de cela, à des stimulants pour combattre cet épuisement et deviennent petit à petit d'incurables ivrognes.

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La force vitale du soleil, qui nous entoure à l'état de fluide incolore, est absorbée par le corps au travers de la partie éthérique de la rate. Elle y subit un curieux changement; elle devient rose pâle. Elle se répand ensuite le long des nerfs à travers tout le corps dense. Elle est au système nerveux ce que l'électricité est au télégraphe. Si les fils, les appareils et les télégraphistes sont prêts à fonctionner, et que l'électricité fasse défaut, on ne peut envoyer de message. L'Ego, le cerveau et le système nerveux peuvent être apparemment en parfait état; si la force vitale qui doit transmettre le message de l'Ego aux muscles par l'intermédiaire des nerfs vient à manquer, le corps restera inerte. C'est ce qui se produit dans la paralysie. C'est alors le corps vital qui est malade et le fluide solaire ne peut plus circuler.

Dans ce cas, comme dans la plupart des maladies, le mal provient des véhicules invisibles. Les médecins les plus habiles, qu'ils aient ou non conscience de cette cause, emploient la suggestion pour augmenter l'effet de leurs remèdes; ils agissent ainsi sur les corps supérieurs. Le malade guérira d'autant plus rapidement que le médecin pourra lui donner plus de confiance et d'espoir.

Quand le sujet est en bonne santé, son corps éthérique élabore un surplus de force vitale qui, après avoir passé dans le corps dense, rayonne à la périphérie, dans toutes les directions, comme les rayons d'un cercle à partir du centre. Mais en cas de mauvaise santé, le corps vital s'affaiblit et devient incapable d'élaborer la même quantité de force. Les rayons du fluide qui s'échappent hors du corps sont alors tordus et recourbés, ce qui indique une réduction de la force d'expansion. En cas de santé, la puissance considérable de ces radiations emporte avec elle les germes et les microbes nuisibles; mais en cas de maladie, quand la force vitale est faible, elles n'éliminent pas aussi facilement les germes pathogènes. Aussi le danger de contracter des maladies est-il beaucoup plus grand que lorsque la santé est robuste.

Quand certaines parties du corps dense sont amputées, seul l'éther planétaire accompagne la partie détachée.

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Après la mort, le corps vital distinct et le corps matériel se désintègrent simultanément. Il en est de même de la contre-partie éthérique d'un membre amputé. Elle se désintègre graduellement en même temps que la partie physique. C'est pourquoi un malade affirme souffrir encore du membre dont on vient de l'amputer. Une corrélation reste établie également avec un membre enseveli à quelque distance que ce soit; on peut citer le cas d'un homme qui se plaignait d'une douleur violente au bras que l'on venait de lui enlever, comme si on lui enfonçait un clou dans la chair. Ses plaintes étaient telles qu'on exhuma le membre; on trouva effectivement qu'il était traversé par un des clous de la caisse dans laquelle il avait été enfermé. Le clou fut arraché et la douleur disparu instantanément. On explique d'une façon analogue les douleurs ressenties par des personnes amputées et persistant pendant deux ou trois ans, c'est-à-dire durant le temps nécessaire à la désintégration du membre éthérique correspondant, siège du mal.

Nous allons maintenant étudier la corrélation existant entre les quatre Règnes de la Nature et le Monde du Désir, comme nous venons de le faire pour la Région Ethérique du Monde Physique.

Nous trouverons tout d'abord que les minéraux et les plantes sont seulement pénétrés par le Monde du Désir, c'est-à-dire par le corps du désir planétaire, mais qu'ils ne possèdent pas de véhicule distinct fait de substance de ce monde. Faute de ce véhicule, ils ne peuvent avoir ni sentiments, ni désirs, ni émotions, c'est-à-dire aucune des facultés correspondant à ce monde.

Quand on brise une pierre, elle n'éprouve pas de sensation; mais on aurait tort de croire que ce fait ne cause aucune sensation ailleurs. C'est le point de vue matérialiste ou celui de la foule mal informée. L'occultiste scientifique sait qu'il n'y a pas d'action, grande ou petite, qui ne soit ressentie à travers tout l'univers, et quoique la pierre ne puisse éprouver de sensation, parce qu'elle n'a pas de corps du désir distinct, l'Esprit de la Terre, lui, en éprouve une parce que la pierre est pénétrée par le corps du désir de notre planète. Quand un homme se coupe le doigt, celui-ci, n'ayant pas de véhicule du désir propre, ne ressent pas de douleur, mais

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l'homme l'éprouve, car c'est son corps du désir qui pénètre le doigt. Lorsqu'une plante est arrachée avec la racine, l'Esprit de la Terre le sent, de même qu'un homme sent qu'on lui arrache un cheveu. Notre Terre est un corps vivant, doué de sensation, et toutes les formes qui n'ont pas de corps du désir distinct au moyen duquel leur esprit en évolution pourrait en éprouver sont comprises dans celui de la Terre qui, lui, est sensible. L'acte qui consiste à briser une pierre ou à cueillir une fleur cause du plaisir à la Terre, tandis que si on arrache des plantes avec la racine on lui occasionne de la douleur. Nous en donnerons la raison dans la dernière partie de cet ouvrage; au point où nous en sommes de notre étude, l'explication serait incompréhensible pour la plupart des lecteurs.

Le Monde du désir planétaire palpite dans le corps dense et vital des animaux et de l'homme, de la même manière que dans les minéraux et les plantes, mais les premiers ont, en outre, un corps du désir distinct, qui leur permet d'éprouver des désirs, des émotions et des passions. Il y a toutefois une différence. Le véhicule du désir de l'animal est entièrement construit de la substance des Régions les plus denses de ce monde, tandis que chez les races humaines, même les plus inférieures, il entre un peu de matière des Régions supérieures dans la composition du corps du désir. Les sentiments des animaux et des races les moins élevées de l'humanité sont presque entièrement bornés à la satisfaction des désirs et des passions les plus vils, qui trouvent leur expression dans la substance des régions inférieures du Monde du Désir. Pour qu'ils puissent éprouver des émotions qui les conduisent à un degré supérieur de développement, il est nécessaire qu'ils possèdent la substance correspondante dans leur véhicule. A mesure que l'homme fait des progrès dans l'école de la vie, il s'instruit par ses expériences; ses désirs deviennent alors plus purs et meilleurs. La substance de son corps du désir subit peu à peu un changement correspondant. Celle, plus pure et plus lumineuse, des Régions supérieures remplace les couleurs sombres de celles des subdivisions inférieures. De plus, les dimensions du corps du désir augmentent. Celui d'un saint est une chose admirable à contempler; la pureté de ses nuances et sa transparence lumineuse défient toute comparaison. Il faut le voir pour s'en rendre compte.

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A notre époque, aussi bien les substances des Régions inférieures que celles des subdivisions supérieures entrent dans la composition du corps du désir chez la grande majorité des hommes. Il n'y en a pas qui soient si dégradés qu'ils ne possèdent quelques bons côtés. Ces qualités trouvent leur expression dans les substances des Régions supérieures que nous trouvons dans leur véhicule du désir. Mais, d'autre part, il en est bien peu parmi nous qui soient bons au point de ne pas avoir en eux de la matière des Régions inférieures.

Le corps vital et du désir planétaire interpénètrent la matière dense de la Terre, comme nous l'avons vu dans l'exemple de l'éponge, du sable et de l'eau; de même, les corps vital et du désir interpénètrent le corps dense de la plante, de l'animal et de l'homme. Mais pendant la vie de l'homme, son corps du désir n'a pas la même forme que ses corps dense et vital. Il prend cette forme seulement après la mort. Pendant la vie, il a la forme d'un ovoïde lumineux qui, pendant les heures de veille, entoure complètement le corps physique, comme l'albumine entoure le jaune de l'oeuf. Il s'étend de 30 à 40 centimètre en dehors du corps dense. Il possède plusieurs centres de perception, qui sont néanmoins à l'état latent chez la plupart des hommes. L'éveil de ces centres correspond à l'obtention de la vue pour l'aveugle de notre exemple précédent.

La substance du corps du désir de l'homme est constamment agitée d'un mouvement d'une rapidité inconcevable. Aucune particule n'a de place fixe, comme dans le corps dense. Celles qui à un moment donné, se trouvent dans la tête peuvent, un instant après, se trouver aux pieds, puis de nouveau dans la tête. Il n'y a pas d'organes des sens dans le corps du désir comme dans les corps éthérique et dense, mais bien des centres de perception qui, lorsqu'ils sont actifs, ont l'apparence de tourbillons, situés pour la plupart près de la tête, et qui conservent toujours la même position par rapport au corps dense. Pour la majorité des hommes, ce sont de simples remous, sans utilité aucune. Toutefois, ils peuvent être éveillés chez tous; mais les résultats diffèrent suivant les méthodes employées pour cela.

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Figure 2a., L'homme ordinaire


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Figure 2b., Le Clairvoyant volontaire


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Figure 2c., Le Clairvoyant involontaire

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Chez le clairvoyant involontaire, mal développé par des méthodes négatives, ces tourbillons tournent de droite à gauche, dans le sens opposé à celui des aiguilles d'une montre.

Dans le corps du désir du clairvoyant volontaire, correctement développé, ils tournent dans le même sens que les aiguilles d'une horloge, brillent avec une splendeur éblouissante et surpassent de beaucoup la luminosité scintillante du corps. Ces centres lui donnent le moyen de percevoir les choses du Monde du Désir et lui permettent de voir et d'observer ce plan comme il l'entend; tandis que le sujet dont les centres de perception tournent en sens contraire ressemble à un miroir qui réfléchit simplement les scènes environnantes, sans qu'il lui soit possible d'observer ce qu'il désire. Nous parlerons dans un chapitre ultérieur de la raison de cet état de choses; pour le moment, notons cette différence fondamentale entre un médium ordinaire et un clairvoyant correctement développé. La plupart des gens ne peuvent distinguer l'un de l'autre; il y a cependant un règle infaillible que tous peuvent suivre: jamais un clairvoyant correctement développé n'exercera sa faculté de clairvoyance pour une rémunération quelconque; il ne s'en servira pas non plus pour satisfaire sa curiosité, mais seulement pour aider son prochain.

Jamais une personne capable d'enseigner les méthodes de développement de cette faculté ne donnera de leçons payantes. Ceux qui se font payer pour l'exercer ou pour enseigner son développement n'ont jamais rien à offrir qui vaille le prix demandé. Cette règle est absolument sûre, et tous peuvent la suivre avec une entière confiance.

Dans un avenir très lointain, le corps du désir de l'homme sera organisé d'une manière aussi complète que ses corps vital et dense actuels. Nous aurons alors le pouvoir de l'utiliser comme nous nous servons aujourd'hui du corps dense, qui est le plus ancien et le mieux organisé de nos véhicules; le corps du désir est le plus récent.

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Le corps du désir a son siège dans le foie et le corps vital a son siège dans la rate.

Chez toutes les créatures à sang chaud, qui sont les plus avancées dans leur évolution, qui éprouvent des sentiments, des passions et des émotions, qui s'efforcent de satisfaire leurs désirs dans le monde extérieur, qui ne font pas que végéter, mais qui vivent réellement, chez toutes ces créatures, les courants du corps du désir vont du foie vers l'extérieur. La matière désir jaillit constamment en torrents qui se dirigent en lignes courbes jusqu'à chaque point de la périphérie de l'ovoïde et retournent ensuite au foie, d'une manière tout à fait analogue à celle dont l'eau bouillante s'éloigne continuellement de la source de chaleur et s'en rapproche après avoir complété son cycle.

Les plantes sont privées de ce principe d'impulsion et d'énergie; aussi ne peuvent-elles manifester la vie et se mouvoir comme le font les organismes plus développés.

Partout où nous trouvons vitalité et mouvement, mais pas de sang rouge, il n'y a pas de véhicule du désir distinct. L'être est simplement dans une période de transition, de la plante à l'animal, et par suite est entièrement sous le contrôle de l'esprit-groupe.

Les animaux qui ont un foie et dont le sang est froid et rouge, possèdent un corps du désir distinct: l'esprit-groupe en dirige les courants vers le centre, parce que, dans leur cas, l'esprit distinct (l'esprit individuel d'un poisson ou d'un reptile, par exemple) est entièrement en dehors du corps dense.

Quand l'organisme a évolué jusqu'au point où l'esprit distinct peut commencer à pénétrer dans ses véhicules, celui-ci dirige alors les courants vers l'extérieur; c'est le début de la période d'existence caractérisée par les passions et la chaleur du sang.

C'est donc le sang rouge et chaud, circulant dans le foie d'un organisme suffisamment évolué pour être la demeure d'un esprit intérieur, dirigeant par son dynamisme les courants de la substance-désir vers l'extérieur, qui permet à l'animal et à l'homme de manifester les désirs et les passions.

Chez les animaux, l'esprit n'habite pas encore entièrement ses véhicules; cela lui est impossible, tant que certains points du corps vital et du corps dense ne sont pas en correspondance, comme nous le verrons au chapitre 12.

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Pour cette raison, l'animal ne "vit" pas aussi complètement que l'homme; il est incapable d'éprouver des désirs et des émotions aussi élevés, parce qu'il n'est pas conscient au même degré que lui. Les mammifères actuels se trouvent à un rang supérieur à celui qu'occupait l'homme pendant la période animale de son évolution, parce qu'ils ont le sang rouge et chaud qui lui manquait alors. Cette différence s'explique par la progression de l'évolution qui a toujours lieu en spirale. C'est aussi pour cette raison que l'homme représente un type d'humanité plus élevé que celui des anges actuels pendant leur période humaine.

Les mammifères d'aujourd'hui, qui dans leur période animale ont acquis le sang rouge et chaud, et qui sont, par suite, capables d'éprouver dans une certaine mesure des désirs et des émotions, formeront plus tard, dans la Période de Jupiter, un type d'humanité meilleur et plus pur que nous ne sommes maintenant. Parmi les membres de notre humanité actuelle, au contraire, il y en aura qui, même dans cette Période future, seront ouvertement mauvais. Ils ne pourront pas alors dissimuler leurs passions comme ils peuvent le faire maintenant, mais ils n'en éprouveront aucune honte.

Il est curieux de remarquer, à la suite de ces considérations sur les rapports du foie avec la vie de l'organisme, que dans plusieurs langues européennes (l'anglais, l'allemand et les langues scandinaves) le mot "liver" désigne l'organe appelé "foie" et peut se traduire également par "celui qui vit".

Nous allons examiner maintenant les rapports des quatre règnes avec le Monde de la Pensée. Les minéraux, les plantes et les animaux n'ont pas de véhicule qui les mette en rapport avec ce monde. Cependant, nous savons qu'il y a des animaux qui pensent: ce sont les animaux domestiques supérieurs. Pendant de nombreuses générations ils ont vécu tout près de l'homme et ont ainsi développé une faculté que les autres animaux ne possèdent pas. Cette faculté repose sur un principe analogue à celui d'après lequel un fil électrique parcouru par un courant à haute tension donne, par "induction", naissance à un courant électrique plus faible dans un autre fil placé à proximité. Nous rencontrons un phénomène semblable dans l'ordre moral: un homme d'une moralité élevée éveillera une tendance analogue chez un être d'une nature plus faible; tandis

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qu'une personne d'une moralité douteuse sera dévoyée si elle est soumise à l'influence de caractères malfaisants. Toutes nos actions, toutes nos paroles, tout notre être se reflètent dans les choses qui nous entourent. C'est la raison pour laquelle les animaux domestiques supérieurs pensent. Ils sont les plus développés de leur espèce, presque sur le point d'être individualisés; les vibrations de la pensée humaine ont "induit" en eux une activité mentale analogue, mais d'un ordre inférieur. A part ces exceptions, le règne animal n'a pas encore acquis la faculté de penser. Les animaux ne sont pas individualisés. C'est la principale différence entre l'homme et les autres règnes. L'homme est un individu, tandis que les animaux, les plantes et les minéraux sont divisés en espèces.

Pourtant, dira-t-on, nous classons l'humanité en races, tribus et nations; nous remarquons les différences existant entre le Caucasien, le Noir, l'Indien, etc., c'est exact: mais là n'est pas la question. Si nous voulons étudier les caractéristiques du lion, de l'éléphant ou celles d'autres espèces inférieures, il nous suffira d'observer un échantillon quelconque de cette espèce. Quand nous connaissons les particularités d'un animal, nous connaissons celles de tous les membres de la même espèce, puisqu'ils sont tous semblables. C'est là le point important. Un lion, son père ou son fils, se ressemblent. Placés dans les mêmes conditions, ils agiront de la même manière; ils ont les mêmes préférences les mêmes aversions.

Il en est tout autrement chez l'homme. Si nous voulions étudier les caractéristiques des Noirs, il ne suffirait pas d'examiner un seul individu. Pour bien faire il serait nécessaire de les observer tous séparément, et, même alors, nous n'arriverions à aucune donnée générale sur la race, simplement parce que les particularités d'un seul individu ne s'appliquent pas à la race prise collectivement.

Si nous voulions connaître le caractère d'Abraham Lincoln, cela ne nous servirait en rien d'étudier son père, son grand-père ou son fils, car ils seraient totalement différents l'un de l'autre. Chacun d'eux aurait ses particularités propres qui seraient tout à fait distinctes des idiosyncrasies d'Abraham Lincoln.

D'un autre côté, nous pouvons  donner une idée exacte des minéraux, des plantes et des animaux, si nous consacrons notre étude à la description d'une seule unité de chaque espèce; tandis que pour l'homme il y a

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autant d'espèces que d'individus. Chaque personne est par elle-même une "espèce"; elle est sa propre loi, tout à fait distincte et à part de tout autre individu; elle diffère autant de ses frères en humanité qu'une espèce diffère de l'autre dans les règnes inférieurs. Nous pouvons écrire la biographie d'un homme mais ne pouvons le faire pour un animal. En voici la raison: dans chaque homme, il y a un Esprit intérieur individuel qui dirige ses pensées et ses actions, tandis qu'il n'y a qu'un "esprit-groupe" pour tous les divers animaux ou les diverses plantes d'une même espèce. Cet esprit travaille du dehors sur les plantes et sur les animaux. Le tigre qui erre dans les régions les plus sauvages de la jungle indienne et celui qui est enfermé dans la cage d'une ménagerie sont, tous les deux l'expression du même esprit-groupe. Ce dernier les influence tous les deux du Monde du Désir où il réside et où la distance est presque supprimée.

Les esprits-groupes des trois règnes inférieurs demeurent dans les Mondes hyperphysiques, comme nous le verrons dans un instant lorsque nous étudierons l'état de conscience des divers règnes; mais pour bien comprendre leur situation respective, il est nécessaire de se rappeler et de saisir clairement ce que nous avons dit au sujet de toutes les formes du monde visible. Elles sont la cristallisation de modèles et d'idées existant dans les mondes supérieurs; pour mieux le faire comprendre, nous avons cité les exemples de l'architecte construisant une maison et de l'inventeur concevant une machine. Les Esprits des Mondes hyperphysiques ont cristallisé en dehors d'eux-mêmes les corps solides et matériels des divers règnes, tout comme les sécrétions du corps mou de l'escargot se solidifient pour former la coquille dure qu'il porte sur le dos.

Les véhicules qu'on appelle "supérieurs", bien qu'assez ténus, assez subtils pour être invisibles, ne sont à aucun titre des émanations du corps dense; au contraire, les véhicules denses de tous les règnes correspondent pour ainsi dire à la coquille de l'escargot qui est la cristallisation de ses sécrétions fluides; l'escargot lui-même pourrait représenter l'esprit, et les sucs de son corps, dans leur processus de

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solidification, pourraient donner une image de l'intellect, du corps du désir et du corps vital. Ces divers véhicules l'Esprit les a émanés de lui-même dans le but d'acquérir, grâce à eux, de l'expérience. C'est l'esprit qui fait mouvoir le corps dense à son gré (comme l'escargot fait de sa coquille) et non le corps qui contrôle les mouvements de l'esprit. Plus l'esprit est capable d'entrer intimement en rapport avec son véhicule, mieux il peut le contrôler et s'exprimer par son intermédiaire. Nous avons ainsi l'explication des différents états de conscience dans les quatre règnes. L'étude des tableaux 3 et 4 fera comprendre dans quelle corrélation se trouvent les véhicules de chaque règne avec les différents plans et l'état de conscience qui en résulte.

Le tableau 3, page 82, nous montre que l'Ego s'individualise définitivement dans la Région de la Pensée Abstraite et que seul l'homme possède la chaîne complète de véhicules qui le met en rapport avec toutes les subdivisions des trois mondes. Un anneau de la chaîne manque aux animaux: l'intellect; deux chaînons manquent aux plantes: l'intellect et le corps du désir; enfin un troisième fait, en plus, défaut aux minéraux: le corps vital.

La raison d'être de ces divers degrés d'infériorité réside en ce fait que le Règne minéral est l'expression de la vague de vie en évolution la plus récente. Celle qui anime le Règne végétal est depuis plus longtemps sur la route du progrès; celle du Règne animal a un passé encore plus reculé; tandis que l'Homme, c'est-à-dire la vie qui trouve maintenant son expression dans la forme humaine, a parcouru le plus long chemin et se trouve pour cette raison en tête. En temps voulu, les trois vagues de vie qui animent maintenant les trois règnes inférieurs arriveront à la condition humaine, tandis que nous aurons atteint un degré supérieur de développement.

Pour comprendre le degré de conscience qui résulte de la possession des véhicules utilisés par la Vie en évolution dans les quatre règnes, examinons le tableau 4, page 84. Il nous apprend que l'homme, l'Ego, le Penseur,

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Tableau 3:  Montrant les véhicules de chaque règne et la manière 
dont ils sont reliés aux différents mondes.

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est descendu dans la Région Chimique du Monde Physique. Là, il a coordonné tous ses véhicules et atteint la conscience à l'état de veille. Il apprend maintenant à contrôler ses corps. Les organes du corps du désir, pas plus que ceux de l'intellect, ne sont encore développés. L'intellect n'est même pas encore un corps. C'est simplement un trait d'union, une gaine ou enveloppe qui permet à l'Ego de concentrer ses énergies. C'est le dernier des véhicules qui nous ait été donné. L'esprit, en travaillant, passe graduellement des substances plus subtiles aux plus denses; ses véhicules sont également construits de substance subtile d'abord, puis de matières de plus en plus denses. Le corps dense a été construit le premier et a maintenant atteint son quatrième degré de densité; le corps vital, son troisième, et le corps du désir son deuxième degré de densité; aussi n'est-il qu'à l'état de nuage. Quant à la gaine de l'intellect, elle est plus ténue encore. Comme ces corps n'ont pas développé d'organes, il est évident que, employés seuls, ils seraient inutilisables comme véhicules de conscience. L'Ego, toutefois, pénètre dans le corps dense, établit une connexion entre ces corps sans organes et les centres de sensations physiques d'où résulte sa conscience à l'état de veille dans le Monde matériel.

L'étudiant devrait noter tout particulièrement que c'est à cause de leurs relations avec le mécanisme admirablement organisé du corps dense que les véhicules supérieurs ont à présent pour nous quelque valeur. Il évitera ainsi de tomber dans l'erreur commise souvent par ceux qui, ayant appris qu'il y a des corps supérieurs, en viennent à mépriser le corps dense; il en parlent comme de quelque chose de "bas" et de "vil", lèvent les yeux au ciel en priant qu'il leur soit bientôt donné d'abandonner cette masse d'argile terrestre et de s'envoler dans leurs "véhicules supérieurs".

Ils ne se rendent pas compte de la différence qui existe entre la signification "supérieur" et celle de "parfait". Assurément, le corps dense est le plus grossier de nos véhicules, dans ce sens qu'il est le plus difficile à manier et qu'il met l'homme en rapport avec le monde physique, ce qui implique de nombreuses limitations. Comme nous l'avons dit, il a derrière lui une durée énorme d'évolution; il est dans la quatrième phase de son

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Tableau 4: Montrant l'état de conscience qui appartient à chaque règne.

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développement et il a acquis aujourd'hui un degré très élevé et merveilleux d'efficacité. Dans l'avenir, il atteindra la perfection, mais, dès maintenant il est le mieux organisé de tous les véhicules de l'homme. Le corps vital est dans la troisième période de son évolution; il est moins complètement organisé que le corps dense. Le corps du désir et l'intellect ne sont actuellement que de simples nuages - presque entièrement inorganisés. Chez les individus inférieurs de la race humaine, ces véhicules ne sont même pas des ovoïdes bien définis, et leurs contours sont plus ou moins indécis.

Le corps dense est un instrument d'une construction merveilleuse, digne de l'admiration de tous ceux qui prétendent avoir quelque connaissance de la constitution de l'homme. Examinons le fémur, par exemple. Cet os supporte le poids du corps tout entier. Sa surface est formée d'une mince couche d'os compact; à l'intérieur, il est renforcé par des traverses formées de matière poreuse si merveilleusement agencée que les ingénieurs les plus habiles dans la construction des ponts ou des grands ouvrages métalliques ne pourraient jamais arriver à établir un pilier d'une solidité aussi grande sous un poids aussi faible. Les os du crâne sont construits d'une manière analogue offrant toujours le maximum de solidité avec le minimum de poids. Considérez toute la sagesse qui se manifeste dans la construction du coeur et voyez alors si ce mécanisme admirable mérite notre mépris. Le sage est plein de gratitude pour la possession de son corps dense et il en prend le plus grand soin, car il sait que c'est le plus précieux de ses véhicules actuels.

L'esprit de l'animal n'a encore atteint dans son évolution que le Monde du Désir. Il n'a pas évolué au point où il peut "pénétrer" dans un corps dense. Par suite, les animaux n'ont pas d'esprit individuel intérieur, mais un esprit-groupe qui les dirige du dehors. Ils possèdent les trois corps, dense, vital et du désir, mais l'esprit-groupe qui les contrôle se trouve à l'extérieur. Le corps éthérique et le corps du désir des animaux ne coïncident pas encore complètement avec le corps dense particulièrement la partie correspondant à la tête. Par exemple, la tête éthérique d'un cheval s'étend considérablement au delà de sa tête physique. Quand il arrive, comme dans quelques cas rares, que la tête éthérique coïncide avec la partie physique, le cheval

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peut apprendre à lire, à compter et à faire des opérations d'arithmétique élémentaire. C'est aussi à cette particularité que les chevaux, les chiens, les chats et autres animaux domestiques doivent les impressions qu'ils reçoivent du Monde du Désir, quoiqu'ils ne se rendent pas toujours compte de la différence entre ce monde et le Monde Physique. Un cheval se cabrera à la vue d'une forme invisible pour son conducteur; un chat essayera de se frotter contre des jambes invisibles pour nous. Le chat cependant voit le fantôme, sans réaliser qu'il n'a pas de jambes matérielles. Le chien, plus intelligent que le chat et le cheval, se rendra souvent compte qu'il y a quelque chose d'incompréhensible dans l'apparition de son maître défunt dont il ne peut lécher les mains. Il aboiera d'une façon lugubre et ira se cacher dans un coin, la queue entre les jambes. L'exemple suivant pourra peut-être servir à faire saisir la différence existant entre l'homme dont l'esprit est intérieur et l'animal qui est contrôlé par son esprit-groupe.

Imaginons une chambre divisée en deux par un rideau, dont un côté représente le Monde du désir et l'autre le Monde Physique. Supposons que de chaque côté se trouve un homme. Ces deux être ne peuvent ni se voir ni se rencontrer. Dix ouvertures sont pratiquées dans le rideau; l'homme placé dans la division représentant le Monde du Désir peut, à travers ces ouvertures, faire passer ses dix doigts dans la division représentant le Monde physique. Cet homme donne une excellente image de l'esprit-groupe qui se trouve dans le Monde du désir. Les doigts représentent les corps des animaux appartenant à une même espèce. Il peut les mouvoir comme il l'entend. Il ne peut cependant pas les utiliser aussi intelligemment, ni aussi librement que l'homme qui arpente la division physique, peut se servir de son corps. Ce dernier voit bien les doigts en mouvement, mais il ne se rend pas compte du rapport existant entre eux. Ils lui paraissent être tous distincts, les uns des autres. Il ne peut s'apercevoir que ces doigts sont ceux de l'homme caché derrière le rideau et que leurs mouvements sont dirigés par son intelligence. S'il blesse un des doigts, ce n'est pas seulement le doigt qu'il

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meurtrit, mais surtout l'homme qu'il ne voit pas. Un animal blessé souffre, mais pas au même degré que son esprit-groupe. Le doigt n'a pas de conscience individuelle; il se meut au gré de l'homme qui le dirige. Les animaux en font de même suivant les impulsions de l'esprit-groupe. Nous parlons "d'instinct animal", "d'instinct aveugle", et cependant il n'y a rien d'aveugle dans la manière dont l'esprit-groupe guide ses membres, il n'y a là que de la SAGESSE. Le clairvoyant expérimenté, quand il est actif dans le Monde du Désir, peut entrer en relations avec ces esprits-groupes et il les trouve beaucoup plus intelligents qu'une grande partie des hommes. Il peut voir la prévoyance merveilleuse dont ils font preuve en dirigeant les animaux qui sont leurs corps denses.

C'est l'esprit-groupe qui, à l'automne, rassemble ses bandes d'oiseaux et les oblige à émigrer vers le Sud, ni trop tôt, ni trop tard, pour échapper aux bises glacées de l'hiver: c'est lui qui, au printemps, dirige leur retour et règle leur vol à une altitude convenable, différente pour chaque espèce.

L'esprit-groupe du castor lui apprend à construire sa digue à travers une rivière à l'angle voulu avec une précision remarquable. Il sait tenir compte de la rapidité du courant et de toutes les autres circonstances, exactement comme le ferait un ingénieur, prouvant ainsi qu'il connaît les moindres détails de son art aussi bien que le technicien instruit. C'est la sagesse de l'esprit-groupe qui dirige la construction des cellules hexagonales de l'abeille avec une parfaite exactitude géométrique; c'est elle qui apprend à l'escargot à modeler sa demeure en une spirale si belle et si exacte, et aux mollusques de l'Océan à décorer leurs coquilles irisées. Partout, la Sagesse! si grande si sublime, que celui qui l'observe en est rempli de stupéfaction et de vénération!

Le lecteur se demandera naturellement pourquoi, lorsque l'esprit-groupe animal est si ingénieux, eu égard à la brièveté de la période d'évolution des animaux comparée à celle de l'homme, ce dernier ne manifeste pas sa sagesse à un degré beaucoup plus élevé: pourquoi il lui faut apprendre à construire des barrages et à se

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servir de la géométrie, alors que l'esprit-groupe accomplit toutes ces choses sans qu'on les lui ait enseignées. Tout cela s'explique par la descente de l'Esprit Universel dans une matière de densité toujours croissante. Dans les Mondes Supérieurs où ses véhicules sont moins nombreux et plus subtils, l'esprit est en relations plus étroites avec la sagesse cosmique qui irradie ces Mondes d'une façon inconcevable pour le Monde Physique; mais à mesure qu'il descend, la lumière de la sagesse s'obscurcit de plus en plus, jusqu'à ce que, dans le plus dense des Mondes, elle soit, temporairement, mais presque complètement, cachée.

Un exemple fera mieux saisir ce qui précède. La main, l'outil le plus précieux de l'homme, est d'une dextérité telle qu'elle lui permet de répondre à ses moindres désirs. Dans certaines professions, comme celle de caissier de banque, le toucher délicat de la main devient d'une telle finesse qu'il sait distinguer une pièce de monnaie fausse d'une bonne, d'une manière si merveilleuse que la main elle-même semble douée d'intelligence.

Sa plus grande habileté se manifeste peut-être dans l'exécution d'un morceau de musique. Elle est capable d'interpréter les plus belles et les plus émouvantes mélodies. Son toucher délicat et caressant éveille dans l'instrument les accents les plus tendres du langage de l'âme, disant ses afflictions, ses joies, ses espoirs, ses craintes et ses désirs, comme la musique seule peut le faire. C'est le langage du ciel, véritable demeure de l'esprit, et ses accents arrivent à l'étincelle divine emprisonnée dans la chair, comme un message de son pays natal. La musique parle à tous les hommes, quelles que soient leur race, leur religion ou leur position sociale; plus l'individu est supérieurement et spirituellement développé, plus le langage de la musique devient clair pour lui: et même l'être le plus endurci est sensible à son influence.

Imaginons maintenant qu'un musicien virtuose mette des gants souples pour jouer du violon. Nous remarquerons aussitôt que la délicatesse de son toucher est moins subtile; l'âme de la musique a disparu. Si,

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à la première paire, il en ajoute une seconde plus épaisse, l'action de la main est gênée au point de provoquer quelques fausses notes. Met-il finalement en plus des deux paires de gants qui le gênent déjà, une paire de mitaines encore plus épaisses, il est, temporairement, incapable de jouer et qui ne l'a pas entendu avant penserait, naturellement, qu'il n'a jamais su jouer, surtout celui qui ignore de quelle manière ses mains sont paralysées.

Il en est de même de l'Esprit; chaque pas, chaque descente dans la matière plus dense est pour lui ce qu'est l'adjonction d'une paire de gants pour le musicien dont nous venons de parler. Chaque degré dans l'involution limite son pouvoir d'expression jusqu'à ce qu'il soit accoutumé à ces restrictions, de même que notre oeil doit s'accommoder aux variations d'intensité de la lumière. La pupille se contracte jusqu'à sa limite, dans la lumière éblouissante du soleil; si nous entrons alors dans une maison, tout nous semble obscur, mais à mesure que la pupille se dilate de nouveau, nous redevenons capables de voir aussi bien qu'auparavant en plein soleil.

Le but de l'évolution de l'homme ici-bas est de le mettre à même de s'adapter au Monde Physique, où la Lumière de la sagesse semble à présent obscurcie. Mais quand, plus tard, il aura "trouvé la lumière", sa sagesse se manifestera dans ses actions et surpassera de beaucoup celle qui est manifestée par l'esprit-groupe de l'animal.

Il est essentiel de faire une distinction entre l'esprit-groupe et les esprits vierges de la vague de vie qui trouve maintenant son expression dans le règne animal. Le premier appartient à une évolution différente, et il est le gardien des esprits des animaux.

Le corps dense au moyen duquel nous agissons est composé de nombreuses cellules; chacune d'elles est douée d'une conscience distincte, quoique d'un ordre très inférieur. Tant qu'elles font partie de notre corps, elles sont soumises à notre conscience qui les domine. Un esprit-groupe animal agit dans un corps spirituel qui est son véhicule le plus bas. Ce véhicule consiste en un nombre variable d'esprits vierges pénétrés,

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pendant le temps où ils en font partie, par la conscience de l'esprit-groupe. Celui-ci dirige les corps construits par les esprits vierges dont il a la charge, prend soin de ces derniers et les aide à faire progresser leurs véhicules. A mesure que ses élèves avancent dans le sentier de l'évolution, l'esprit-groupe évolue aussi et subit une série de métamorphoses analogues à celles par lesquelles nous progressons et acquérons de l'expérience en assimilant dans nos corps les cellules de nos aliments; nous élevons ainsi leur conscience en unissant la leur avec la nôtre pour un certain temps.

Ainsi, tandis qu'il y a dans chaque corps humain un Ego distinct et conscient de lui-même, qui domine les actions de son véhicule particulier, l'esprit de chaque animal n'est pas encore individualisé et conscient de lui-même, mais fait partie du véhicule d'une entité consciente, l'esprit-groupe qui appartient à une évolution différente.

Cet esprit-groupe domine les actions des animaux, en harmonie avec les lois cosmiques, jusqu'à ce que les esprits vierges dont il a charge aient pris conscience d'eux-mêmes et soient individualisés à l'état humain. Alors, ils manifestent graduellement une volonté personnelle, s'émancipent de plus en plus de la tutelle de l'esprit-groupe et deviennent responsables de leurs propres actions. Toutefois, l'esprit-groupe continue à les influencer (bien que d'une manière décroissante) comme esprit de race, de tribu, de communauté ou de famille, jusqu'à ce que chaque individu soit capable d'agir en harmonie complète avec les lois cosmiques. Quand ce moment sera arrivé, l'Ego s'affranchira de la tutelle de l'esprit-groupe qui entrera alors dans une phase supérieure d'évolution.

Le fait que l'esprit-groupe se trouve dans le Monde du Désir donne à l'animal un état de conscience différent de celui de l'homme qui, lui, à l'état de veille, voit les choses extérieures avec des contours bien nets et distincts. Grâce à la spirale de l'évolution, les animaux domestiques supérieurs, notamment le chien, le cheval, le chat et l'éléphant voient les objets qui les entourent à peu près comme nous, bien que, peut-être, pas tout à fait aussi nettement.

Quant aux autres animaux, ils ont une vision intérieure comparable à celle de l'homme quand il rêve.

Lorsqu'ils se trouvent en présence d'un objet, ils perçoivent sur-le-champ intérieurement une image à

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laquelle vient s'ajouter une forte impression que l'objet leur est soit favorable, soit hostile. Si le sentiment de crainte l'emporte, il est associé à une suggestion venant de l'esprit-groupe en vue d'éviter le danger imminent. Cet état négatif de conscience facilite pour l'esprit-groupe la direction des corps denses dont il a la garde, au moyen de suggestions, puisque les animaux n'ont pas de volonté individuelle.

L'homme n'est pas aussi facilement gouverné du dehors que ce soit avec ou sans son consentement. A mesure que l'évolution progresse et que la volonté de l'homme s'affirme davantage, il s'affranchit des suggestions venant du dehors et devient libre de faire ce qui lui plaît indépendamment des influences d'autrui. C'est là la différence capitale entre l'homme et les autres règnes. Ceux-ci agissent selon la loi et d'après les ordres de l'esprit-groupe (que nous appelons instinct), tandis que l'homme devient de plus en plus son propre maître. Nous ne demandons pas aux minéraux s'ils veulent ou non se cristalliser, ni à la fleur si elle veut fleurir, ni au lion s'il veut cesser de chasser sa proie. Pour les choses les plus insignifiantes comme pour les plus importantes, tous sont sous la domination absolue de l'esprit-groupe; ils n'ont ni la libre volonté, ni l'initiative que possède à un certain degré tout être humain. Tous les animaux d'une même espèce se ressemblent à peu de chose près, parce qu'ils émanent du même esprit-groupe, tandis que parmi les millions d'êtres humains qui peuplent la Terre, il n'y en pas deux qui soient exactement semblables, pas même des jumeaux lorsqu'ils sont adolescents, parce que la marque imprimée sur chacun d'eux par l'Ego individuel produit une différence dans leur apparence extérieure aussi bien que dans leur caractère.

Le fait que tous les boeufs se nourrissent d'herbe, que tous les lions se repaissent de chair, tandis que ce qui constitue une bonne nourriture pour un homme ne convient pas toujours à un autre, est encore un exemple de l'influence absolue de l'esprit-groupe sur les animaux. L'Ego, au contraire, fait que chaque homme doit recevoir une proportion d'aliments spécialement adaptée à son organisme. Les médecins remarquent avec perplexité la même particularité dans l'effet de leurs remèdes qui agissent d'une manière différente sur les

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différents malades, tandis que le même produit provoque des résultats identiques chez deux animaux de la même espèce. Il en est ainsi, parce que les animaux suivent tous les commandements de l'esprit-groupe et de la Loi Cosmique et qu'ils agissent d'une manière semblable, quand ils sont soumis à des conditions identiques. Seul l'homme est, jusqu'à un certain point, et dans une certaine mesure, capable de suivre ses propres désirs. Il est vrai qu'il commet de nombreuses et graves erreurs au point qu'il pourrait sembler à beaucoup d'entre nous que ce serait un avantage d'être forcé de marcher dans le droit chemin. Mais si tel était le cas, l'homme n'apprendrait jamais à discerner le bien du mal. Il ne pourrait le faire, s'il n'était pas libre de choisir sa propre ligne de conduite et s'il n'apprenait pas à éviter cette véritable "source de douleur" qui est le mal. S'il agissait correctement, seulement parce qu'il n'aurait pas le choix et qu'il ne pourrait faire autrement, il ne serait rien de plus qu'un automate au lieu d'être un Dieu en évolution. De même que l'architecte s'instruit par ses erreurs et corrige dans ses nouvelles constructions les fautes qu'il a commises dans les précédentes, de même l'homme, par ses erreurs et par la douleur qu'elles lui causent, parvient à une sagesse supérieure (parce que consciente) à celle de l'animal. Ce dernier agit sagement parce qu'il est poussé à l'action par son esprit-groupe. Dans l'avenir, les animaux atteindront l'état humain et ils auront la liberté d'agir à leur guise; ils commettront à leur tour des erreurs et en tireront de l'expérience comme c'est maintenant le cas pour nous.

Le tableau 4 montre que l'esprit-groupe du règne végétal a son véhicule le plus bas dans la Région de la Pensée Concrète. Ce véhicule est éloigné de deux degrés du corps dense; par suite, les plantes ont un état de conscience qui correspond au sommeil sans rêves. L'esprit-groupe des minéraux a son corps inférieur dans la Région de la Pensée Abstraite; il est pour cette raison séparé par trois degrés de son véhicule physique; aussi, les minéraux sont-ils dans un état d'inconscience profonde analogue à l'état de transe.

Nous avons vu ainsi que l'homme est un esprit individuel, un Ego distinct de toutes les autres entités, qui pénètre une série de véhicules pour les diriger de l'intérieur, tandis que les plantes et les animaux sont

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guidés, de l'extérieur, par un esprit-groupe dont la domination s'étend sur un certain nombre d'animaux et de plantes du Monde Physique, distincts seulement en apparence.

Les rapports des plantes, des animaux et de l'homme avec les courants vitaux qui circulent dans l'atmosphère de la Terre sont représentés, symboliquement, par la croix. Le règne minéral n'est pas compris dans ce symbole, parce que, comme nous l'avons vu, les minéraux ne possèdent pas de corps vital individuel; ils ne peuvent pour cette raison servir de véhicules aux courants qui appartiennent à des mondes supérieurs. Platon, qui était un Initié, énonçait souvent des vérités occultes; il disait: "L'Ame du Monde est crucifiée."

La branche inférieure de la croix représente la plante dont la racine s'enfonce dans le sol minéral chimique. Or les esprits-groupes des plantes se trouvent au centre de la Terre. Ils demeurent, ne l'oublions pas, dans la Région de la Pensée Concrète qui pénètre la Terre. De ces entités émanent des courants qui rayonnent dans toutes les directions jusqu'à la périphérie de la Terre, qu'ils traversent en passant par la tige des plantes ou le tronc des arbres.

L'homme est représenté par la branche supérieure; il est la plante invertie. Celle-ci prend sa nourriture par la racine; l'homme prend sa nourriture par la tête. La plante tourne ses organes de reproduction vers le soleil; l'homme tourne les siens vers le centre de la Terre. La plante reçoit les courants spirituels de l'esprit-groupe placé au centre de la Terre; ces courants la pénètrent par la racine. Plus tard, nous verrons que l'influence spirituelle la plus élevée reçue par l'homme lui vient du soleil, dont les rayons pénètrent par la tête. La plante respire l'oxyde de carbone que l'homme exhale et elle émet l'oxygène qu'il respire.

Les animaux que symbolise le bras horizontal de la croix se trouvent, dans l'évolution, entre les plantes et l'homme. Leur colonne vertébrale est horizontale; par elle passent les courants de l'esprit-groupe qui circulent autour de la Terre.

Il n'y a pas d'animal qui puisse rester constamment dans une position verticale parce que, dans ce cas, les courants de l'esprit-groupe ne pourraient pas le guider, et, s'il n'était pas suffisamment individualisé pour

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supporter les courants spirituels qui pénètrent dans la colonne vertébrale verticale de l'homme, il mourrait. Pour pouvoir servir à l'expression d'un Ego individuel, il est nécessaire qu'un corps possède trois choses: la station verticale, pour qu'il puisse recevoir les courants que nous venons de mentionner; un larynx vertical, qui lui permette de parler (les perroquets et les sansonnets sont un exemple de cet effet du larynx vertical); enfin, à cause des courants solaires, il doit avoir le sang chaud. Cette dernière condition est de la plus grande importance pour l'Ego, comme nous l'expliquerons plus tard. Nous nous bornons ici à mentionner ces conditions nécessaires, en terminant cette étude sur les rapports des quatre règnes entre eux et sur leur corrélation avec les différents Mondes.

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CHAPITRE 3

L'HOMME ET LA MÉTHODE D'ÉVOLUTION


Activité de la Vie; Mémoire et Croissance de l'Âme

Jusqu'à présent, notre étude des sept Mondes ou des sept états de la matière nous a montré que chacun d'eux remplit un but déterminé dans l'économie de la nature et que Dieu, le Grand Esprit, en Qui, en vérité, "nous avons la vie, le mouvement et l'être" (Actes 17:28), est le Pouvoir qui pénètre et maintient, avec Sa Vie, tout l'Univers; mais tandis que cette Vie est versée et demeure dans chaque atome des six Mondes inférieurs et dans tout ce qu'ils contiennent, dans le Septième, le Monde le plus élevé, le Dieu Trinitaire, seul, EST.

Le royaume le plus élevé après celui-là, le sixième, est le Monde des Esprits Vierges. C'est là que ces étincelles de la divine "Flamme" demeurent, avant d'entreprendre leur long pèlerinage, dans les cinq Mondes plus denses, afin de développer leurs pouvoirs latents en pouvoirs dynamiques. Comme la semence manifeste son pouvoir caché après avoir été enfouie dans la terre, ainsi, dans l'avenir, quand ces esprits vierges auront passé à travers la matière (l'école de l'expérience), ils deviendront eux-mêmes des "Flammes" divines, capables d'émaner de leur être des univers.

Les cinq Mondes constituent le champ d'évolution de l'homme, et les trois Mondes les plus denses ou inférieurs sont la scène de la phase actuelle de son développement. Nous allons maintenant le

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Tableau 5. La Constitution septuple de l'homme

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considérer dans ses relations avec les cinq Mondes par l'intermédiaire de ses véhicules appropriés, sans oublier que deux de ces Mondes comportent chacun deux grandes régions et que l'homme possède un véhicule pour chacune de ces régions.

A l'état de veille, tous ces véhicules s'interpénètrent, comme le sang, la lymphe et les autres fluides du corps se pénètrent naturellement. Grâce à ces véhicules, l'Ego est capable d'agir dans le Monde Physique.

En tant qu'Egos, nous fonctionnons directement dans la fine substance de la Région de la Pensée Abstraite que nous avons spécialisée dans les limites de notre aura individuelle. De là, nous examinons les impressions faites par le monde extérieur sur le corps vital par l'action des sens, et aussi les sentiments et les émotions qu'elles causent dans le corps du désir et qui sont reflétés dans l'intellect.

De ces images mentales nous formons nos conclusions, dans la Région de la Pensée Abstraite, sur les sujets auxquels elles se rapportent. Ces conclusions sont des idées. Par le pouvoir de la volonté nous projetons une idée dans l'intellect où elle se concrétise en une forme-pensée qui attire à elle la substance mentale de la Région de la Pensée Concrète.

L'intellect est comme la lentille d'un appareil de projection. Il dirige l'image dans l'une des trois directions suivantes au gré de la volonté du penseur qui anime la forme-pensée.

1. - Cette image peut être projetée contre le corps du désir, dans un effort fait pour éveiller le sentiment qui provoquera une action immédiate

a) Si la pensée éveille l'Intérêt, elle éveillera également l'une des deux forces d'Attraction ou de Répulsion.

Si la force centripète d'Attraction a été éveillée, elle saisit la pensée, la projette dans le corps du désir, donne à l'image une vie accrue et la revêt de substance-désir. La pensée devient alors capable d'agir sur le cerveau éthérique et de faire passer la force vitale à travers les centres du cerveau et les nerfs appropriés jusqu'aux muscles qui accomplissent l'action nécessaire.

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C'est ainsi qu'est dépensée la force spirituelle contenue dans la pensée et l'image reste dans l'éther du corps vital comme mémoire de l'acte et du sentiment qui lui a donné naissance.

b) Si la force centrifuge de Répulsion a été éveillée par la forme-pensée, il y aura lutte entre la force spirituelle (la volonté de l'homme) qui se trouve dans la forme-pensée et le corps du désir. C'est le combat entre la conscience et le désir, entre la nature supérieure et la nature inférieure. La force spirituelle, contre toute résistance, cherchera à revêtir la forme-pensée de la substance-désir nécessaire pour contrôler le cerveau et les muscles. La force de Répulsion tentera de disperser les matériaux appropriés et de rejeter la pensée. Si l'énergie spirituelle est puissante, elle peut se creuser un chemin jusqu'aux centres du cerveau, maintenir son enveloppe de substance-désir pendant qu'elle contrôle la force vitale, et forcer ainsi l'homme à agir; elle laissera alors dans la mémoire une vive impression de lutte et de victoire. Si l'énergie spirituelle est épuisée avant que l'action ne se soit produite, la forme-pensée sera dominée par la force de Répulsion et sera emmagasinée dans la mémoire comme l'est toute forme-pensée qui a dépensé son énergie.

c) Si la forme-pensée est reçue avec le sentiment anémiant de l'Indifférence, il dépend de l'énergie spirituelle qu'elle contient de pousser l'homme à l'action ou de laisser seulement une faible impression sur l'éther réflecteur du corps vital après que son énergie cinétique a été épuisée.

2. - Quand les images mentales qui proviennent des impressions extérieures ne nécessitent pas d'action immédiate, ces images peuvent être projetées directement sur l'éther réflecteur en même temps que les pensées qu'elles font surgir, pour être utilisées ultérieurement. L'esprit qui travaille par l'intermédiaire de l'intellect a un accès immédiat aux réserves de la mémoire consciente, et il peut, à quelque moment que ce soit, ranimer toute image qui s'y trouve, lui communiquer une nouvelle force spirituelle et la projeter sur le corps du désir pour forcer le corps dense à agir. Chaque fois qu'une image est ainsi traitée, elle gagnera en vivacité, en force et en efficacité, et entraînera l'homme à l'action, plus facilement

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qu'au début, parce qu'elle se creuse un chemin et produit le phénomène de "l'extension" ou du "développement" de la pensée, par répétition.

3. - Enfin, le penseur peut projeter la forme-pensée vers un autre intellect pour servir de suggestion, pour transmettre une information etc., comme dans la transmission de pensée; ou bien elle peut être dirigée contre le corps du désir d'une autre personne pour la pousser à l'action, comme dans le cas où l'hypnotiseur influence sa victime à distance. La forme-pensée ainsi projetée agira sur sa victime exactement de la même manière que sa propre pensée. Si elle est conforme à ses tendances personnelles, elle agira comme il a été dit au paragraphe 1a); dans le cas contraire, elle agira comme il est dit aux paragraphes 1b) ou 1c).

Quand le travail assigné à une forme-pensée ainsi projetée est accompli ou lorsque son énergie a été dépensée en vains efforts pour arriver à son but, elle retourne à son créateur portant avec elle la marque ineffaçable du voyage. Son succès ou son échec est imprimé sur les atomes négatifs de l'éther réflecteur du corps vital de son créateur, où elle forme cette partie des archives de la vie et des actions du penseur qu'on appelle parfois l'intellect subconscient.

Cette empreinte est beaucoup plus importante que la mémoire à laquelle nous avons consciemment accès, car celle-ci est faite de perceptions sensorielles imparfaites et souvent illusoires; elle est la mémoire volontaire ou l'intellect conscient.

La mémoire involontaire ou l'intellect subconscient se forme d'une manière différente, tout à fait en dehors de notre contrôle, à l'époque actuelle. L'éther apporte à la plaque sensible dans la chambre noire une impression exacte du paysage qui lui fait face et saisit les plus petits détails, qu'ils aient été notés ou non par le photographe; de même, l'éther que contient l'air que nous respirons porte en lui une image fidèle et détaillée de tout ce qui nous environne, non seulement des choses matérielles, mais aussi des conditions telles qu'elles existent à chaque instant dans notre aura. Les pensées, les émotions, les sentiments les plus insignifiants sont transmis aux poumons qui les font passer dans le sang.

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Le sang est un des produits supérieurs du corps vital, puisqu'il porte la nourriture à toutes les parties du corps et qu'il est le véhicule direct de l'Ego. Les images qu'il contient sont imprimées sur les atomes négatifs du corps vital; elles serviront d'arbitres de la destinée de l'homme, dans l'état qui suit immédiatement la mort.

La mémoire consciente et la mémoire sub-consciente, se rapportent entièrement aux expériences de la vie présente. Elles résultent des impressions faites par les évènements sur le corps vital. Ces impressions peuvent être changées ou même effacées, comme nous l'expliquons quelques pages plus loin au sujet de la rémission des péchés; ce changement ou cette suppression dépendent de l'élimination de ces impressions de l'éther du corps vital.

Nous avons, de plus, une mémoire superconsciente. Elle est le réceptacle de toutes les facultés et de toutes les connaissances acquises dans les vies passées; facultés et connaissances qui peuvent n'être, toutefois, qu'à l'état latent dans l'incarnation présente. Le tout est gravé d'une manière ineffaçable sur l'esprit de vie et c'est dans le "caractère", ou la "conscience" que s'en fait partiellement et ordinairement la manifestation, en animant nos formes-pensées, quelquefois en nous conseillant, parfois aussi en nous poussant à l'action avec une force irrésistible, même contrairement à notre raison et à nos désirs.

Chez beaucoup de femmes, dont le corps vital est positif, et chez des individus avancés de l'un ou l'autre sexe dont le corps vital a été rendu sensitif par une vie pure et sainte, par la prière et par la concentration, il arrive que cette mémoire superconsciente, inhérente à l'esprit de vie, n'est pas, jusqu'à un certain point, obligée de se vêtir de substance intellect et de matière-désir pour pousser l'individu à l'action. Elle n'a pas toujours besoin de s'exposer à être soumise au raisonnement ou subjuguée par lui. Parfois, sous la forme d'intuition ou d'enseignement intérieur, elle s'imprime directement sur l'éther réflecteur du corps vital. Mieux nous apprenons à la reconnaître et à suivre ses commandements, plus souvent elle se fera entendre pour notre éternel profit.

Le corps du désir et l'intellect, par leur activité pendant les heures de veille, détruisent sans cesse le corps dense.

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Chaque pensée et chaque mouvement usent les tissus. D'un autre côté, le corps vital s'efforce fidèlement de rétablir l'harmonie et de restaurer ce que les autres véhicules ont détruit. Toutefois, il n'est pas capable de soutenir entièrement les attaques puissantes des impulsions et des pensées. Il perd graduellement du terrain, et un moment vient finalement où il cède. Ses "pointes" se contractent, pour ainsi dire. Le fluide vital cesse de passer en quantité suffisante le long des nerfs; le corps s'assoupit; l'Ego, gêné par cet assoupissement, est forcé de se retirer, entraînant avec lui le corps du désir. Ce retrait des véhicules supérieurs laisse le corps dense pénétré par le corps vital, dans l'état d'insensibilité que nous appelons sommeil.

Cependant, le sommeil n'est en aucune façon une condition d'inactivité, comme on le suppose souvent. s'il en était ainsi, le corps ne serait pas le matin, au moment du réveil dans une condition différente de celle où il se trouvait en s'endormant la nuit précédente; sa fatigue serait tout aussi grande. Au contraire, le sommeil est une période d'activité intense dont la valeur augmente en raison de son intensité, car il élimine les toxines qui résultent de la destruction des tissus par l'activité physique et mentale de la journée. Les tissus sont reconstruits et le rythme du corps est rétabli. Plus ce travail est complet, plus grand est le bénéfice qui résulte du sommeil.

Le Monde du Désir est un océan de sagesse et d'harmonie. C'est là que l'Ego emporte l'intellect et le corps du désir quand les véhicules inférieurs ont été abandonnés au sommeil Là, le premier soin de l'Ego est de restaurer le rythme et l'harmonie de l'intellect et du corps du désir. Ceci s'accomplit graduellement, à mesure que les vibrations harmonieuses du Monde du Désir pénètrent ces véhicules. Il y a, dans le Monde du Désir, une essence correspondant au fluide vital qui imprègne le corps dense, par l'intermédiaire du corps vital. Les véhicules supérieurs se saturent, pour ainsi dire, de cet élixir de vie. Quand ils sont fortifiés, ils commencent à travailler sur le corps vital, qui est resté avec le corps dense endormi. Alors le corps vital commence de nouveau à spécialiser l'énergie solaire, à reconstruire le corps dense, utilisant plus particulièrement l'éther chimique dans ce travail de restauration.

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Tableau 6 :   Esprit, Âme et Corps triples

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C'est cette activité des divers véhicules pendant le sommeil qui sert de base à l'activité du jour suivant. Sans elle, il n'y aurait point de réveil; car l'Ego avait été forcé d'abandonner ses véhicules rendus inutilisables par leur état de fatigue. Si le travail qui consiste à faire disparaître cette fatigue faisait défaut, le corps resterait endormi, comme cela arrive parfois dans la trance naturelle. C'est justement en raison de cette activité qui tend à restaurer l'harmonie, que le sommeil l'emporte sur le docteur et les médicaments pour préserver notre santé. Un simple repos n'est pas suffisant; seule le sommeil est efficace. C'est seulement quand les véhicules supérieurs sont dans le Monde du Désir qu'il y a un arrêt total de destruction et qu'un reflux de force restauratrice se produit. Il est vrai qu'au repos le corps vital n'est pas gêné dans son travail par la destruction des tissus causée par les mouvements du corps et par la tension des muscles, mais il a cependant à lutter contre la destruction d'énergie causée par la pensée, et il ne reçoit pas non plus la force restauratrice extérieure du corps du désir, comme pendant le sommeil.

Il arrive toutefois que, dans certains cas, le corps du désir ne se retire pas complètement, en sorte qu'une partie reste en liaison avec le corps vital, véhicule de perception sensorielle et de mémoire. Il en résulte que le travail de restauration ne s'accomplit qu'imparfaitement et que les scènes et les actions du monde du désir parviennent jusqu'à la conscience physique sous forme de rêves. Bien entendu, la plupart des rêves sont confus, car notre perception est alors désaxée à cause de la liaison incorrecte d'un véhicule avec l'autre. La mémoire elle-même devient confuse, à cause de cette relation impropre des véhicules. Le sommeil accompagné de rêves est agité, et le corps se sent fatigué au réveil.

Pendant la vie, l'esprit triple, l'Ego travaille dans et sur le véhicule triple, auquel le relie le lien de l'intellect. Le résultat de ce travail amène la formation de l'âme triple qui est le produit spiritualisé des véhicules.

De même qu'une nourriture appropriée nourrit matériellement le corps, de même l'activité de l'esprit dans le corps dense, qui se traduit par une manière d'agir correcte, produit la croissance de l'Ame Consciente. De même que l'énergie solaire passe dans le corps vital et le nourrit, pour qu'il

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puisse agir sur le corps dense, de même la mémoire des actions accomplies par le corps physique - les désirs, les sentiments et les émotions du corps du désir, les pensées et les idées de l'intellect - cause la croissance de l'Ame Intellectuelle. De la même manière, les désirs et les émotions les plus élevés du corps du désir servent à former l'Ame Emotionnelle.

Cette âme triple, à son tour, exalte la conscience de l'esprit triple.

L'Âme Emotionnelle, quintessence du corps du désir ajoute à l'efficacité de l'Esprit Humain qui est la contrepartie spirituelle du corps du désir.

L'Âme Intellectuelle ajoute au pouvoir de l'Esprit de Vie, parce qu'elle est extraite du corps vital qui est la contrepartie matérielle de l'Esprit de Vie.

L'Âme Consciente augmente la conscience de l'Esprit Divin, parce qu'elle est l'essence du corps dense qui, lui, est le reflet de l'Esprit Divin.

Mort et Purgatoire

Ainsi, l'homme édifie et sème jusqu'à l'heure de la mort. Alors le temps des semailles et les périodes de développement et de maturité sont passés. Le jour de la récolte est arrivé quand passe le spectre décharné de la Mort avec sa faux et son sablier. Ce symbole est particulièrement juste. Le squelette représente la partie du corps qui est relativement permanente. La faux rappelle que cette partie permanente, qui est sur le point d'être moissonnée par l'esprit, est la récolte de la vie qui va finir. Le sablier dans la main de la Mort indique que l'heure ne sonne pas avant que la destinée ait été complètement accomplie, selon des lois invariables. Quand l'heure vient, la séparation des véhicules a lieu. Il n'est pas nécessaire que l'homme conserve son corps dense, puisque sa vie dans le Monde Physique est terminée. Le corps vital, qui, comme nous l'avons expliqué, appartient au Monde Physique se retire du corps dense par la tête et le laisse inanimé.

On peut voir les véhicules supérieurs - le corps vital, le corps du désir et l'intellect - quitter le corps avec un mouvement en spirale, emportant avec eux l'âme d'un atome physique. Pas l'atome physique lui-même, mais l'énergie dont il était le champ d'action. Les résultats des expériences éprouvées dans le

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Figure 3a. La Corde d'argent - schéma général

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Figure 3b. La Corde d'argent - schéma de la partie double

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corps dense pendant la vie qui vient de finir ont été gravés sur cet atome spécial. Tandis que les autres atomes du corps dense ont été renouvelés de temps à autre, cet atome est resté stable, non seulement pendant une vie, mais il a fait partie de tous les corps denses dont l'Ego s'est servi. Il est extrait au moment de la mort pour n'entrer de nouveau en activité qu'à l'aube d'une autre vie physique, et servir encore de noyau au nouveau corps dense que l'Ego va utiliser. Pour cette raison, on l'appelle "Atome-Germe". Pendant la vie, l'atome-germe est situé dans le ventricule gauche du coeur près de la pointe. Au moment de la mort, il remonte jusqu'au cerveau par le nerf pneumogastrique et, avec les véhicules supérieurs, il abandonne le corps dense, par les sutures entre le pariétal et l'occipital.

Quand les véhicules supérieurs ont quitté le corps dense, ils sont encore reliés à lui par une corde mince, brillante, argentée, ayant une forme analogue à deux six, l'un droit et l'autre renversé, réunis par l'extrémité de leurs boucles. (voir Figure 3b et aussi note de la page 16).

Une des extrémités est attachée au coeur par l'atome-germe, et c'est la rupture de l'atome-germe qui cause l'arrêt du coeur. La corde elle-même n'est pas brisée avant que le panorama de la vie, contenu dans le corps vital, n'ait été passé en revue.

On devrait prendre soin de ne pas incinérer le corps ou de ne pas l'embaumer dans les trois jours qui suivent la mort, car, aussi longtemps que le corps vital se trouve avec les véhicules supérieurs, et que ceux-ci sont encore reliés au corps dense par la corde d'argent, toute dissection ou toute autre atteinte faite au corps dense sera dans une certaine mesure ressentie par le défunt.

La crémation devrait être particulièrement évitée pendant les trois premiers jours après la mort, parce qu'elle tend à causer la désintégration du corps vital, qui devrait être conservé intact jusqu'à ce que le panorama de la vie passée ait été gravé sur le corps du désir.

La corde d'argent se brise au point où les six sont réunis; une moitié reste avec le corps dense et

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l'autre avec les véhicules supérieurs. A partir du moment où la corde se brise, le corps est complètement mort.

Au début de l'année 1906, le Dr Mac Dougall fit une série d'expériences à l'Hôpital Général de l'Etat de Massachusetts pour déterminer autant que possible si quelque chose ordinairement invisible abandonnait le corps au moment de la mort. Pour cela, il construisit des balances capables d'enregistrer une différence de poids très petite.

Le mourant et son lit étaient placés sur une des plates-formes de la balance, que l'on équilibrait par des poids placés sur la plate-forme opposée. Dans chaque cas, il observa qu'au moment précis où le mourant poussait le dernier soupir, la plate-forme qui contenait les poids s'abaissait avec une soudaineté frappante, soulevant le lit et le corps, et montrant par cela même que quelque chose d'invisible, mais non pas impondérable, avait quitté le corps. Immédiatement tous les journaux du pays annoncèrent en gros caractères que le Dr Mac Dougall avait "pesé l'âme".

Les occultistes accueillent avec joie les découvertes de la science moderne, puisqu'elles corroborent invariablement ce que la science occulte enseigne depuis longtemps. Les expériences du Dr Mac Dougall prouvèrent d'une manière définitive que quelque chose d'invisible pour la vue ordinaire quitte le corps au moment de la mort, comme les clairvoyants expérimentés l'avaient vu et comme on l'avait affirmé dans des conférences et dans la littérature occulte, bien des années avant la découverte du Dr Mac Dougall.

Mais cet invisible "quelque chose" n'est pas l'âme. Les journalistes avaient conclu trop rapidement que les savants avaient "pesé l'âme". L'âme appartient aux royaumes supérieurs et ne sera jamais pesée sur des balances matérielles, enregistreraient-elles des variations d'un millième de milligramme.

Ce que les hommes de science avaient pesé était le corps vital, formé de quatre éthers qui appartiennent au Monde Physique.

Comme nous l'avons vu, une certaine partie de cet éther est "superposé" à l'éther qui enveloppe les particules du corps humain et s'y trouve confinée pendant la vie physique, augmentant légèrement le

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poids du corps dense des plantes, des animaux et de l'homme. Au moment de la mort, cet éther s'échappe; de là la diminution de poids constatée par le Dr Mac Dougall, quand les personnes sur lesquelles il fit ses expériences rendirent le dernier soupir.

Il pesa également des animaux dans les mêmes conditions. Il ne put trouver de diminution de poids dans ce cas, bien qu'un des animaux fût un chien Saint-Bernard de forte taille. On en tira la conclusion que les animaux n'ont point d'âme. Cependant, un peu plus tard, le Pr La V. Twining, chef de la Section des Sciences à l'Ecole Polytechnique de Los Angeles, Californie, fit des expériences sur des souris et de jeunes chats qu'il enferma dans des flacons de verre hermétiquement scellés. Il se servit des balances les plus délicates qu'il put trouver et les enferma dans une cage de verre dont toute l'humidité avait été éliminée. Il trouva que tous les animaux examinés perdaient du poids au moment de la mort. Une souris de bonne taille, pesant 128 gr 86 perdit soudainement 3 milligrammes 1:10 au moment de sa mort.

Un jeune chat qui servit pour une autre expérience perdit 100 milligrammes en mourant, et en poussant son dernier soupir perdit soudainement 60 milligrammes de plus. Après cela son poids diminua lentement à cause de l'évaporation.

Ainsi, ce que la science occulte enseigne au sujet de la possession d'un corps vital pour chaque animal fut également corroboré quand des balances suffisamment sensibles furent employées, et le cas où la balance plutôt insensible ne montra pas de diminution dans le poids du Saint-Bernard montre que le corps vital des animaux est proportionnellement plus léger que celui de l'homme.

L'instant où la "corde d'argent" est déliée dans le coeur et où l'homme est délivré de son corps dense est de la plus grande importance pour l'Ego. On ne saurait trop faire pénétrer dans l'esprit des parents d'un mourant que c'est commettre un véritable crime envers l'âme qui s'éloigne que d'exprimer sa douleur et ses lamentations d'une manière bruyante, car elle est, à ce moment précis, occupée par un

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sujet d'une importance suprême, et la valeur de la vie passée dépend, en grande partie, du degré d'attention que l'âme peut apporter à ce sujet. Nous donnerons de plus amples éclaircissements sur ce point quand nous décrirons la vie de l'homme dans le Monde du Désir.

C'est aussi commettre un crime envers les mourants que de leur administrer des stimulants. Ceux-ci ont pour effet de forcer les véhicules supérieurs à revenir brutalement dans le corps dense causant un choc pénible au mourant. Ce n'est pas une torture de se libérer du corps, mais c'en est une d'y être ramené de force pour endurer de nouvelles souffrances. Certaines personnes passées dans l'au-delà ont dit aux investigateurs qu'on les avait, de cette manière, empêchées de mourir pendant des heures et qu'elles avaient prié pour que leurs parents veuillent bien cesser leurs efforts bienveillants, mais mal dirigés, et qu'ils les laissent mourir.

Quand l'homme est libéré du corps dense qui était la plus lourde entrave à son pouvoir spirituel (comme l'étaient les mitaines épaisses aux mains du musicien d'un de nos précédents exemples), il recouvre ce pouvoir dans une certaine mesure et peut alors lire les images qui se trouvent enregistrées au pôle négatif de l'éther réflecteur de son corps vital, qui est le siège de la mémoire sub-consciente.

L'ensemble de sa vie repasse devant lui comme un panorama, mais les évènements se présentent en ordre inverse. Les incidents des journées qui ont immédiatement précédé la mort viennent les premiers et ainsi de suite à rebours à travers les années de l'âge mûr, jusqu'à celles de l'adolescence et de l'enfance. Tout est rappelé à la mémoire.

L'homme contemple en simple spectateur le panorama de sa vie passée. Il voit des images à mesure qu'elles se présentent, et celles-ci s'impriment sur ses véhicules supérieurs; mais, à ce moment, il n'éprouve aucun sentiment à leur égard. Cela est réservé pour le moment où il entrera dans le Monde du Désir, qui est le monde des sentiments et des émotions. A présent, il est seulement dans la Région Ethérique du Monde Physique.

Ce panorama dure de quelques heures à plusieurs jours, selon le nombre d'heures pendant lequel l'homme serait susceptible de se maintenir éveillé, si cela était nécessaire. Pour certaines personnes, ce temps n'excède pas douze heures; mais tant que l'homme peut rester éveillé le panorama se déroule.

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Cette phase de la vie après la mort est analogue à celle par laquelle passe un homme qui se noie ou qui tombe d'une certaine hauteur. Dans ce cas, le corps vital abandonne aussi le corps dense et l'homme voit passer sa vie comme dans un éclair, parce qu'il perd conscience immédiatement. Bien entendu, la "corde d'argent" n'est pas brisée, autrement il ne pourrait être rappelé à la vie.

Quand le corps vital a atteint sa limite d'endurance, il s'affaisse, comme nous l'avons décrit en considérant le phénomène du sommeil. Pendant la vie physique, alors que l'Ego contrôle ses véhicules, cet affaissement marque la fin des heures de veille; après la mort, l'affaissement du corps vital marque la fin du panorama et force l'homme à se retirer dans le Monde du Désir. La corde d'argent se rompt au point où les six sont réunis (voir figure 3b.) et une division semblable à celle du sommeil s'établit, mais avec cette différence importante que, alors que le corps vital retourne au corps dense, il ne le pénètre plus maintenant, mais demeure simplement au-dessus de lui. Il flotte au-dessus de la tombe et se désintègre en même temps que le corps dense. Aussi, pour un clairvoyant, un cimetière est-il un spectacle repoussant et s'il pouvait être vu de plus de monde, la méthode actuelle si insalubre de disposer des morts serait rapidement abandonnée pour celle plus rationnelle de la crémation, qui ramène les éléments à leur état primordial et supprime les sérieux inconvénients d'une lente décomposition.

Pour l'abandon du corps vital, le procédé est semblable à celui de l'abandon du corps dense. Les forces de vie d'un atome sont conservées pour servir de noyau au corps vital d'une nouvelle incarnation. Ainsi, à son entrée dans le Monde du désir, l'homme possède les atomes-germes du corps dense et du corps vital, en plus du corps du désir et de l'intellect.

Si le mourant pouvait abandonner tous ses désirs derrière lui, le corps du désir se séparerait de lui très rapidement et le laisserait libre de pénétrer dans le monde céleste; mais tel n'est pas généralement le cas. La plupart des hommes, et plus spécialement ceux qui meurent à la fleur de l'âge, ont beaucoup d'attaches et d'intérêts dans la vie terrestre. Leurs désirs n'ont pas changé, parce qu'ils ont perdu leur

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corps dense. A vrai dire, ils s'augmentent même souvent d'un désir intense de retour. Par ce désir, ils sont liés au Monde du Désir d'une manière très fâcheuse, quoique, malheureusement, ils ne s'en rendent pas compte. D'un autre côté, les personnes âgées, celles qui ont été affaiblies par une longue maladie et qui sont fatiguées de la vie, passent très rapidement dans l'au-delà.

Comme exemple, on peut citer la facilité avec laquelle le noyau se sépare d'un fruit mûr sans qu'une parcelle de la pulpe y reste attachée, tandis que dans le fruit encore vert il s'attache à la pulpe avec la plus grande ténacité. Aussi, est-il particulièrement pénible de mourir pour ceux qui sont séparés de leur corps par un accident, alors qu'ils sont en pleine possession de leur santé et de leur force physique, et que leurs activités physiques sont nombreuses et variées, qu'ils sont retenus par les liens du mariage, de la famille, des parents, des amis, par leurs affaires et leurs plaisirs.

Le suicidé qui cherche à s'évader de la vie, pour s'apercevoir trop tard, hélas! qu'il reste aussi conscient que jamais, est dans une condition pitoyable. Il est capable d'observer ceux qu'il a peut-être déshonorés par son acte et, pire que cela, il éprouve une sensation indescriptible de "vide intérieur". La partie de l'aura ovoïde où se trouvait auparavant le corps dense est maintenant vide et, quoique le corps du désir ait pris la forme du corps dense abandonné, il donne la sensation d'une coque vide, parce que l'archétype créateur du corps dans la Région de la Pensée Concrète persiste comme un moule creux, pour ainsi dire, aussi longtemps que le corps dense aurait dû naturellement vivre. Quand une personne meurt de mort naturelle, même dans la fleur de l'âge, l'activité de l'archétype cesse, et le corps du désir s'ajuste de façon à occuper tout l'ensemble de la forme; mais dans le cas du suicidé, cette affreuse sensation de "vide" persiste jusqu'au moment où, dans le cours naturel des évènements, la mort aurait eu lieu.

Tant que l'homme nourrit des désirs relatifs à la vie terrestre, il doit rester dans son corps du désir et, comme le progrès de l'individu demande qu'il passe dans les régions supérieures, l'existence du Monde

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du Désir doit nécessairement devenir "purgatoire", c'est-à-dire le purifier des désirs qui l'enchaînent. Quelques exemples typiques feront mieux comprendre comment ce but est atteint.

L'avare qui chérissait son or pendant la vie terrestre l'aime tout autant après la mort: mais tout d'abord il ne peut en acquérir davantage, parce qu'il n'a plus de corps dense pour le saisir et, pire que cela, il ne peut pas même garder celui qu'il a thésaurisé pendant sa vie. Il ira peut-être s'asseoir devant son coffre-fort pour couver de l'oeil son or bien-aimé et ses valeurs; mais les héritiers paraissent et, peut-être avec un sarcasme mordant à l'adresse du vieux "grippe-sou" (qu'ils ne voient pas, mais qui les voit et les entend), ouvrent son coffre et, bien qu'il puisse se jeter sur son or pour le protéger, passent leurs mains à travers lui, ne se doutant même pas qu'il est là et ne s'en souciant nullement, et commencent à dépenser son trésor, tandis qu'il souffre d'une rage impuissante.

Il souffrira cruellement et ses souffrances seront d'autant plus terribles qu'elles seront entièrement mentales, car la douleur physique, elle, s'émousse dans une certaine mesure. Dans le Monde du Désir, cependant, ces souffrances se manifestent dans toute leur intensité, et l'homme souffre jusqu'à ce qu'il ait appris que l'or peut être une malédiction. Ainsi il arrive graduellement à se contenter de son lot, et finalement est délivré de son corps du désir et est prêt à passer au delà.

Prenons encore le cas de l'ivrogne. Après sa mort, il aime tout autant qu'auparavant les boissons alcoolisées. Ce n'est pas le corps dense qui a une passion pour la boisson qui le rend malade, et il proteste en vain de diverses manières. Mais le corps du désir de l'ivrogne réclame la boisson et force le corps dense à l'absorber, afin que le véhicule supérieur puisse éprouver la sensation de plaisir produite par une grande intensité de vibration. Ce désir persiste après la mort du corps dense, mais l'ivrogne n'a, dans son corps du désir, ni bouche pour boire, ni estomac pour contenir le liquide matériel Il peut entrer et il entre dans des bars où il mêle son corps à celui des consommateurs pour éprouver, par induction, une partie des vibrations qu'ils ressentent; mais elles sont trop faibles pour lui donner une

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satisfaction suffisante. Il peut pénétrer, et parfois il pénètre à l'intérieur d'un baril de whisky; mais cela aussi est inutile, car il ne trouve pas là les vapeurs produites dans les organes digestifs d'un buveur invétéré. Le whisky n'as pas d'effet sur lui, et il se trouve dans la condition d'un homme placé dans une barque, au milieu de l'Océan. "Partout, partout de l'eau, mais pas une goutte à boire"; aussi souffre-t-il terriblement. Cependant, avec le temps, il apprend combien il lui est inutile de désirer la boisson qu'il ne peut obtenir. De même que pour tant de nos désirs pendant la vie terrestre, tous les désirs, dans le Monde du Désir meurent à cause du manque d'occasions de les satisfaire. Quand ce désir a été enfin vaincu, l'ivrogne, en ce qui concerne ce défaut particulier, a terminé son purgatoire.

Ainsi, nous pouvons voir que ce n'est pas une Divinité vengeresse qui nous condamne au purgatoire ou à l'enfer, mais bien nos mauvaises habitudes et nos mauvaises actions personnelles. La durée et l'intensité des souffrances causées par l'extirpation de nos vices se proportionnelle à l'intensité de nos désirs. Dans les cas mentionnés, l'ivrogne n'aurait pas souffert de perdre toutes ses possessions matérielles. S'il en avait, il ne s'y attachait pas. L'avare non plus n'aurait éprouvé aucune douleur d'être privé de boissons alcoolisées. On peut dire avec certitude qu'il eût été indifférent de ne pas avoir d'eau-de-vie. Mais il aimait son or, et l'ivrogne aimait sa boisson et en conséquence, la loi infaillible a donné à chacun d'eux ce qui était nécessaire pour le purifier de ses vils désirs et de ses habitudes perverses.

C'est cette loi que symbolise la faux de la Mort, loi qui veut que "ce qu'un homme aura semé, il le moissonnera aussi" (Galates 6:7). C'est la loi de cause à effet qui régit toute chose dans les trois Mondes et dans tout royaume de la nature physique, moral et mental. Partout son opération est inexorable; elle ajuste toutes choses et rétablit l'équilibre partout où une action, même la plus insignifiante, a amené une perturbation, ce que fait nécessairement toute action. Le résultat peut se manifester immédiatement ou peut être différé pendant des années ou des vies, mais quelque jour, à un

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endroit donné, une rétribution juste et égale sera exigée. L'étudiant devrait noter particulièrement que l'opération de cette loi est tout à fait impersonnelle. Il n'y a dans l'univers ni récompense, ni punition. Tout est le résultat de la loi immuable. Nous éluciderons plus complètement dans le prochain chapitre le mode d'action de cette loi que nous trouverons associée avec une autre Grande Loi du Cosmos qui gouverne aussi l'évolution de l'homme. La loi que nous considérons maintenant s'appelle la Loi de Conséquence.

Dans le Monde du Désir, elle opère en purifiant l'homme des plus vils désirs par la correction des faiblesses et des vices qui retardent son progrès, lui infligeant dans ce but la souffrance la mieux adaptée au résultat à obtenir. S'il a fait souffrir d'autres hommes ou s'il les a traités d'une manière injuste, il devra subir des souffrances identiques. Notons cependant que si une personne adonnée à des vices ou ayant mal agi envers son prochain a fini par surmonter ses vices, se repentir et réparer, dans la mesure du possible, le mal qu'elle a fait, ce repentir et cette réparation l'ont purifiée de ces vices particuliers et de ces mauvaises actions. L'équilibre est rétabli, la leçon a été apprise pendant cette incarnation et, par conséquent, elle ne sera pas cause de souffrances après la mort.

Dans le Monde du Désir, la vie est vécue à peu près trois fois plus rapidement que dans le Monde Physique. Un homme qui a vécu cinquante ans dans le Monde Physique, repasserait de nouveau les évènements de la même vie dans le Monde du Désir, en seize ans environ. Ceci n'est, bien entendu, qu'une moyenne générale. Pour certains, le séjour dans le Monde du Désir est beaucoup plus long que la durée de la vie physique. D'autres encore, qui ont entretenu peu de désirs grossiers pendant leur vie, passent à travers ce monde beaucoup plus rapidement; mais l'estimation donnée plus haut est à peu près correcte pour l'homme ordinaire de notre époque.

On se rappellera qu'au moment de la mort, l'homme voit sa vie repasser devant lui en une série d'images; mais à ce moment elles n'éveillent chez lui aucun sentiment.

Pendant son séjour dans le Monde du Désir, ce panorama se déroule aussi à rebours, comme précédemment; mais maintenant l'homme éprouve tous les sentiments qu'il lui est possible d'éprouver à mesure que les scènes passent une à une devant lui. Il vit à nouveau chaque incident de sa vie passée. Quand il arrive à une scène où il a blessé quelqu'un, il ressent la même douleur que la personne blessée a ressentie. Il endure tout le chagrin et toute la souffrance qu'il a causés aux autres, et il apprend à quel point est pénible la blessure, combien est dur à supporter le chagrin dont il fut la cause. De plus, comme nous l'avons mentionné déjà, la souffrance est d'autant plus aiguë qu'il n'a pas de corps dense pour atténuer la douleur. C'est peut-être pour cela que la rapidité de la vie est alors triplée, afin que la souffrance puisse perdre en durée ce qu'elle gagne en intensité. Les balances de la nature sont merveilleusement justes et correctes.

Une autre caractéristique spéciale à cette phase de l'existence après la mort est intimement liée au fait (déjà mentionné) que dans le Monde du Désir, la distance est presque complètement annihilée. Quand

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un homme meurt, il lui semble immédiatement que son corps vital s'enfle, qu'il augmente dans des proportions énormes. Cette sensation est due non pas au fait que le corps croît réellement, mais à celui que les facultés de perception reçoivent un très grand nombre d'impressions de diverses sources, qui toutes paraissent être très proches. Il en est de même du corps du désir. L'homme a la sensation d'être en présence de toutes les personnes avec lesquelles il avait eu sur terre des relations demandant une réparation. S'il a mal agi envers un habitant de San Francisco et envers un habitant de New York, il aura la sensation qu'une partie de son corps est dans chacune de ces villes. Cela lui donne l'étrange sensation d'être coupé en morceaux.

L'étudiant comprendra maintenant quelle est, durant l'existence au Purgatoire, l'importance du panorama de la vie passée lorsque sa contemplation provoque des sentiments définis. S'il a été de longue durée et si l'homme a été laissé à lui-même, la plénitude, la profondeur et la clarté de l'impression gravée sur le corps du désir rendront la vie dans le Monde du Désir plus réelle et plus consciente. La purification obtenue sera plus complète que si, en raison de la détresse causée par les éclats bruyants du chagrin des parents au lit de mort et pendant la période de trois jours mentionnée

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précédemment, l'homme n'enregistrait qu'une impression vague de sa vie passée. L'esprit qui dans son corps du désir possède un cliché clair et profond se rendra compte des erreurs de sa vie passée d'une manière beaucoup plus claire et définie que si les images avaient été rendues confuses, parce que l'attention de l'individu était alors détournée par les souffrances et la douleur de ceux qui l'entouraient. Les sentiments engendrés par les scènes qui causent ses souffrances actuelles dans le Monde du Désir seront beaucoup plus définis s'ils sont tirés d'une impression panoramique distincte qu'ils ne le seraient si la rétrospection avait été de courte durée.

La vivacité, la précision de ces sentiments sont d'une valeur énorme pour la vie future. Ils gravent sur l'atome-germe du corps du désir leur impression ineffaçable. Les expériences seront oubliées dans les vies suivantes, mais le Sentiment restera. Quand l'occasion s'offrira dans les vies futures de répéter une erreur, ce sentiment nous parlera d'une manière claire et décisive. C'est le "murmure doux et léger" (I Rois 19:12) qui nous avertit, sans que nous sachions pourquoi; mais plus les panoramas des vies passées ont été clairs et bien définis, plus nombreuses, plus fortes et plus fréquentes seront les suggestions de cette voix. Ainsi, nous voyons combien il est important de laisser, après la mort, dans un état de calme absolu, l'esprit qui s'éloigne. En agissant ainsi, nous l'aidons à retirer le plus grand bénéfice possible de la vie qui vient de finir et à éviter la répétition des mêmes erreurs dans ses vies futures, tandis que nos lamentations égoïstes et bruyantes peuvent le priver d'une grande partie de la valeur de la vie qui vient de se terminer.

Le but du Purgatoire est d'extirper les habitudes pernicieuses, en rendant leur satisfaction impossible. L'individu souffre exactement dans la mesure où il a fait souffrir les autres par sa malhonnêteté, sa cruauté, son intolérance ou tout autre vice. En raison de ses souffrances, il apprend à agir dans l'avenir avec bonté, honnêteté et indulgence envers autrui. L'homme apprend ainsi à pratiquer la vertu et à bien

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agir. Quand il naît à nouveau, il est affranchi d'habitudes perverses; tout au moins, chaque mauvaises action qu'il commet est laissée à son libre arbitre. La tendance à renouveler les mauvaises actions du passé persiste, car nous devons apprendre à bien agir consciemment et de notre gré. A l'occasion, ces tendances nous tentent et nous permettent ainsi de choisir la compassion et la vertu, au lieu du vice et de la cruauté. Mais pour nous indiquer la manière de bien agir et pour nous aider à résister aux pièges et aux ruses de la tentation, nous possédons le sentiment qui résulte de l'élimination des mauvaises habitudes et de l'expiation des mauvaises actions des vies passées. Si nous écoutons ce sentiment et si nous nous abstenons de la mauvaise action en question, nous cesserons d'êtres tentés. Nous nous serons débarrassés à tout jamais de la tentation. Si nous lui cédons, nous éprouverons une souffrance plus intense qu'auparavant, jusqu'à ce que, finalement, nous ayons appris à vivre suivant la Règle d'Or, car "la voie du transgresseur est rude" (Proverbes 13:15). Mais, même alors, nous n'avons pas atteint le but final. Faire du bien aux autres parce que nous désirons que les autres nous fassent du bien, est agir d'une manière essentiellement égoïste. Avec le temps, nous devons apprendre à faire le bien, quelle que soit la façon d'agir des autres à notre égard, le Christ l'a dit: "Nous devons aimer même nos ennemis" (Luc 6:35).

C'est un avantage inestimable que de connaître la méthode et l'objet de cette purification, parce que nous sommes alors mis à même de faire par anticipation notre purgatoire ici-bas et de réaliser ainsi des progrès beaucoup plus rapides qu'il ne serait possible autrement. Nous donnons un exercice dans la dernière partie de cet ouvrage qui a pour objet cette purification et qui, en même temps, aide au développement de la vue spirituelle. Il consiste à passer en revue les évènements de la journée après s'être retiré le soir dans sa chambre. Nous examinons chaque incident en ordre inverse, notant tout spécialement son aspect moral et considérant si nous avons bien ou mal agi dans chaque cas particulier

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en ce qui concerne nos actions, notre attitude mentale et nos habitudes. En nous jugeant ainsi jour après jour, en tâchant de corriger nos erreurs et nos mauvaises actions, nous diminuerons sérieusement ou nous pourrons peut-être même éliminer la nécessité d'un séjour au Purgatoire et serons alors capables de passer dans le Premier Ciel aussitôt après la mort. Si, de cette manière, nous surmontons consciemment nos faiblesses, nous faisons aussi un progrès très sensible dans l'école de l'évolution. Même si nous échouons dans la correction de nos actions, nous recevons un avantage énorme en nous jugeant nous-mêmes, car nous produisons ainsi une aspiration vers le bien qui, dans l'avenir, portera certainement des fruits, sous la forme de bonnes actions.

En révisant ainsi les évènements de la journée et en nous blâmant pour nos erreurs, nous ne devrions pas oublier d'approuver d'une manière impersonnelle le bien que nous avons pu faire et de nous décider à faire mieux encore. Nous exaltons ainsi en nous le sentiment du bien en l'approuvant, en même temps que nous abjurons le mal en le condamnant.

Le repentir et l'amendement sont aussi des facteurs puissants pour diminuer le séjour au Purgatoire, car la nature ne gaspille jamais ses efforts en opérations inutiles. Quand nous reconnaissons la perversité de certains actes ou de certaines habitudes de notre vie passée, et que nous nous déterminons à éliminer les habitudes et à réparer le mal commis, nous effaçons leur image de notre mémoire sub-consciente et elle ne sera plus là pour nous juger après la mort. Même s'il ne nous est pas possible de réparer le mal commis, la sincérité de notre regret suffira, la nature ne cherche pas à se venger. Notre victime pourra être indemnisée d'une autre manière.

L'homme qui se juge ainsi et élimine ses vices en réformant son caractère, accomplira un grand progrès, réservé d'ordinaire à des vies futures.

Cet exercice est très sérieusement recommandé; c'est peut-être l'enseignement le plus important du présent ouvrage.

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Région Limitrophe

Le Purgatoire comprend les trois Régions inférieures du Monde du Désir. Le Premier Ciel se trouve dans les trois Régions supérieures. La Région centrale est une sorte de Région limitrophe: ni ciel, ni enfer. Dans cette Région, nous trouvons des gens qui sont honnêtes et intègres, qui ne firent de tort à personne, mais qui complètement accaparés par les affaires, ne se sont jamais préoccupés de la vie supérieure. Le Monde du Désir est pour eux un état d'une monotonie indescriptible. Il n'y a pas "d'affaires" dans ce monde et, pour un homme d'affaires de cette sorte, il n'y a rien non plus qui puisse les remplacer. Il mène une existence très pénible jusqu'à ce qu'il ait appris à penser à des choses plus élevées que factures et grand livre. Les hommes qui ont médité sur les problèmes de l'existence et qui sont arrivés à la conclusion que "la mort termine tout", ceux qui ont nié l'existence de ce qui n'appartient pas au monde matériel des sens, tous sont ainsi plongés dans cette terrible monotonie. Ils s'attendaient à l'annihilation de leur conscience, au lieu de cela ils s'aperçoivent que leur faculté de percevoir les êtres et les choses qui les entourent a augmenté. Ils avaient été tellement accoutumés à nier ces choses avec véhémence qu'ils s'imaginent souvent que le Monde du Désir est une hallucination, et on peut les entendre fréquemment s'écrier dans le plus profond désespoir: "Quand donc cela finira-t-il?"

Ces personnes sont vraiment dans une situation lamentable. Elles ne peuvent généralement pas recevoir d'assistance et elles souffrent beaucoup plus longtemps que les autres. De plus, c'est à peine si elles séjournent dans le Monde Céleste où l'on enseigne à construire les corps qui serviront dans l'avenir; aussi, toutes leurs pensées cristallisantes sont-elles accumulées dans le corps qu'elles se construisent pour une vie future qui, de cette manière, reproduit cette tendance à la cristallisation, comme nous pouvons le noter dans les cas de tuberculose. Parfois, les souffrances qu'entraîne la possession de corps aussi maladifs tourneront les pensées des entités qui les animent vers Dieu; leur évolution pourra alors suivre son cours. C'est dans l'intellect matérialiste que se trouve le plus grand

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danger de perdre contact avec l'esprit. C'est pourquoi, les Frères Aînés se sont très sérieusement préoccupés pendant le siècle passé du sort du Monde Occidental et, sans leur activité bienfaisante et spéciale en sa faveur, nous aurions eu à subir un cataclysme social auprès duquel la Révolution Française n'aurait été qu'un jeu d'enfant. Le clairvoyant correctement développé peut voir que l'humanité a échappé de bien près à des désastres tels que des continents entiers auraient disparu dans l'Océan. Le lecteur trouvera un exposé plus développé et plus complet de la relation qu'il y a entre le matérialisme et les éruptions volcaniques au chapitre 18, dans lequel la liste donnée des éruptions du Vésuve paraît corroborer l'affirmation d'une telle relation, à moins qu'elle ne soit attribuée à la "coïncidence" comme le font d'habitude les sceptiques lorsqu'ils sont mis en face de faits et de chiffres qu'ils ne peuvent expliquer.

Le Premier Ciel

Quant le séjour au Purgatoire est terminé, l'esprit purifié passe au Premier Ciel, qui est situé dans les trois Régions supérieures du Monde du Désir. Là, le résultat des souffrances est incorporé à l'atome-germe du corps du désir et lui communique la qualité de droiture qui agit, dans l'avenir, en poussant l'individu au bien et en le détournant du mal. Ici le panorama de la vie passée se déroule de nouveau à rebours, mais cette fois ce sont les bonnes actions de la vie qui forment la base des sentiments. Quand nous contemplons des scènes pendant lesquelles nous avons aidé autrui, nous ressentons de nouveau toute la joie que nous avions alors éprouvée, et de plus, nous percevons toute la reconnaissance que nous a vouée celui qui a reçu notre aide.

Quand nous contemplons des scènes dans lesquelles nous fûmes aidés par les autres, nous éprouvons à nouveau toute la reconnaissance que nous avions alors pour notre bienfaiteur. Ainsi, nous voyons combien il est important de bien apprécier les faveurs dont nous sommes l'objet, car le sentiment de reconnaissance aide à la croissance de l'âme. Notre bonheur dans le Ciel dépend de la joie que nous avons donnés aux autres et de l'appréciation que nous avons montrée pour ce que les autres ont fait pour nous.

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Nous ne devrions jamais oublier que le pouvoir de donner n'est pas le privilège du riche. Donner de l'argent sans discernement peut être un mal. Il est bien de donner de l'argent pour une cause que nous jugeons recommandable, mais "servir" est mille fois préférable. Ainsi que le dit Whitman:

"Voyez! je ne donne pas de sermons ou une petite charité; quand je donne, je me donne moi-même."

Un regard bienveillant, l'expression de notre confiance, une aide sympathique et affectueuse sont des dons à la portée de tous. Nous devrions surtout nous efforcer d'aider les pauvres à s'aider eux-mêmes, au point de vue physique, pécuniaire, moral ou mental et à ne pas les amener à dépendre de nous ou des autres.

L'éthique du don de soi-même, avec, comme leçon spirituelle, l'effet qu'il a sur celui qui donne est admirablement décrit dans "La Vision de Sir Launfal" du poète Lowell. Le jeune et ambitieux chevalier Sir Launfal, revêtu d'une armure étincelante et monté sur un magnifique cheval de bataille, quitte son château pour se mettre à la recherche du Saint-Graal. Sur son bouclier luit la croix, symbole de la bonté et de la tendresse de Notre Seigneur; mais le coeur du chevalier est rempli d'orgueil et de mépris hautain pour les pauvres et les besogneux. Il rencontre un lépreux qui lui demande l'aumône; avec un regard dédaigneux il lui jette une pièce de monnaie, comme on jetterait un os à un chien affamé, mais:

The leper raised not the gold from the dust, (1)
"Better to me the poor man's crust,
Better the blessing of the poor,
Though I turn empty from his door.
That is no true alms which the hand can hold;
He gives only the worthless gold
Who gives from a sense of duty;
But he who gives from a slender mite,

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And gives to that which is out of sight
That thread of all-sustaining Beauty
Which runs through all and doth all unite,
The hand cannot clasp the whole of his alms,
The heart outstretches its eager palms,
For a god goes with it and makes it store
To the soul that was starving in darkness before.


(1) Le lépreux ne releva pas l'or de la poussière,
Mieux vaut pour moi la croûte du pauvre,
Mieux vaut pour moi sa bénédiction,
Bien que je parte de sa porte les mains vides.
L'aumône que la main peut tenir n'est pas la véritable aumône;
Celui qui donne par sentiment du devoir,
Ne donne qu'un métal sans valeur.
Mais celui qui partage son maigre avoir
Et qui donne à ce qui est invisible
- Ce fils de Beauté qui soutient tout,
Qui pénètre et unit tout -
Ne voit pas une main
Mais un coeur se tendre, avide, vers lui,
Car un dieu accompagne cette aumône et la rend abondante
Pour l'âme qui, auparavant, mourait de faim dans l'ombre.

A son retour, Sir Launfal trouve quelqu'un d'autre en possession de son château; on le chasse de l'entrée.

An old bent man,worn out and frail (2),
He came back from seeking the Holy Grail;
Little he recked of his earldom's loss,
No more on his surcoat was blazoned the cross,
But deep in his heart the sign he wore,
The badge of the suffering and the poor.


(2) Vieux, courbé, usé et faible
Il revient de sa recherche du Saint-Graal;
Il s'inquiète peu de la perte de son comté,
Sur son manteau la croix n'est plus blasonnée,
Mais au fond de son coeur il porte le signe,
La marque de reconnaissance des souffrants et des pauvres

De nouveau, il rencontre le lépreux qui renouvelle sa demande d'aumône. Cette fois la réponse est différente.

And Sir Launfal said: "I behold in thee (2)
An image of Him Who died on the tree;
Thou also has had thy crown of thorns,
Thou also hast had the world's buffets and scorns,
And to thy life were note denied
The wounds in the hands and feet and side;
Mild Mary's Son, acknowledge me;
Behold, through him I give to thee!"

(2) Et Sir Launfal dit: "Je vois en toi
L'image de Celui qui mourut sur la croix;
Toi aussi, tu as eu ta couronne d'épines,
Toi aussi, tu as essuyé les coups et les mépris du monde,
Et dans ta vie n'ont pas été épargnées
Les blessures aux mains, aux pieds et au côté;
Doux fils de Marie, reconnais-moi;
Vois, par lui c'est à Toi que je donne!"

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Un regard dans les yeux du lépreux ramène le souvenir et la reconnaissance, et

The heart within him was ashes and dust (1);
He parted in twain his single crust,
He broke the ice on the steamlet's brink,
And gave the leper to eat and drink.

(1) Son coeur dans sa poitrine était cendre et poussière;
Il partagea en deux son unique croûte,
Il brisa la glace au bord du ruisseau,
Et donna au lépreux à manger et à boire.

Une transformation s'accomplit:


The leper no longer crouched by his side (2),
But stood before him glorified,...
And the voice that was softer than silence said,
"Lo, it is I, be not afraid!
In many lands, without avail,
Thou hast spent thy life for the Holy Grail;
Behold, it is here! - This cup which thou
Did'st fill at the streamlet for me but now;
This crust is my body broken for thee,
This water the blood I shed on the tree;
The Holy Supper is kept, indeed,
In whatso we share with another's need;
Not what we give, but what we share -
For the gift without the giver is bare;
Who gives himself with his alms feeds three -
Himself, his hungering neighbor, and me."

(2) Le lépreux n'était plus accroupi à son côté,
Mais se tenait devant lui, glorifié,...
Et la Voix qui était plus douce que le silence dit:
"Vois, c'est Moi, ne sois point effrayé!
Dans bien des pays sans succès,
Tu as dépensé ta vie pour le Saint-Graal,
Vois, il est ici! Cette coupe que tu viens
De remplir pour moi au ruisseau,
Cette croûte est mon corps brisé pour toi,
Cette eau le sang que je versai sur la croix;
La Sainte Cène est célébrée vraiment
Dans tout ce que nous partageons pour les besoins d'un autre;
Ce n'est pas ce que nous donnons qui importe, mais ce que nous partageons,
Car le don, sans celui qui donne, est stérile.
Celui qui se donne avec son aumône nourrit trois personnes:
Lui-même, son prochain affamé et moi-même".

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Le Premier Ciel est un séjour de félicité sans aucune goutte d'amertume. L'esprit y est soustrait à l'influence des conditions matérielles terrestres et il assimile tout le bien contenu dans la vie passée, qu'il vit à nouveau. Là, toutes les aspirations élevées que l'homme nourrissait sont réalisées dans la plus large mesure. C'est un lieu de repos, et plus la vie a été pénible, plus l'homme jouira de ce repos. La maladie, le chagrin et la douleur y sont inconnus. C'est le "Summerland" (pays de l'éternel été, du bonheur) des Spirites. Les pensées des Chrétiens fervents y ont édifié la Nouvelle Jérusalem. De belles maisons, des fleurs, etc., sont le partage de ceux qui les ont désirées; ils les construisent eux-mêmes par la pensée avec la substance-désir; néanmoins, ces choses sont pour eux aussi réelles et tangibles que le sont pour nous nos maisons matérielles. Chacun obtient là les satisfactions qui lui ont manqué pendant la vie terrestre.

Une catégorie d'entités mène au Premier Ciel une existence particulièrement belle: ce sont les enfants. Si nous pouvions les voir, nous cesserions de nous lamenter. Quand un enfant meurt avant la naissance de son corps du désir (qui a lieu vers la quatorzième année) il ne dépasse par le Premier Ciel, parce qu'il n'est pas plus responsable de ses actions, qu'il n'est coupable avant sa naissance de la douleur qu'il cause à sa mère, en s'agitant dans son sein. Aussi l'enfant ne séjourne-t-il pas au Purgatoire. Ce qui n'est pas vivifié ne peut mourir; par suite, le corps du désir de l'enfant et aussi l'intellect persistent jusqu'à la prochaine naissance. C'est pour cette raison que de tels enfants se rappellent quelquefois leur incarnation précédente; nous en citerons un exemple ultérieurement.

Pour ces enfants, le Premier Ciel est une région d'attente qu'ils habitent de un à vingt ans, jusqu'à ce qu'une occasion s'offre pour une nouvelle incarnation. Cependant, c'est plus encore qu'une simple période d'attente, parce que beaucoup de progrès sont accomplis pendant ce séjour au Premier Ciel.

Quand un enfant meurt, il y a toujours quelque membre de sa famille qui l'attend, ou, à défaut, des personnes qui aimaient "à tenir lieu de mère" à des enfants pendant leur vie terrestre et qui se font un

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plaisir de prendre soin d'un petit abandonné. L'extrême plasticité de la substance-désir facilite la construction de jouets vivants et exquis pour les enfants, et leur vie est une suite de belles récréations; néanmoins, leur éducation n'est pas négligée. Ils sont divisés en classes, selon leur tempérament, et non selon leur âge. Il est facile, dans le Monde du Désir, de donner des leçons de choses sur l'influence des passions bonnes et mauvaises, la conduite dans la vie et le bonheur. Ces leçons sont imprimées d'une manière indélébile sur le corps du désir sensitif et émotionnel de l'enfant et elles demeurent avec lui pendant sa nouvelle incarnation, de sorte que plus d'une personne qui mène maintenant une noble vie le doit en grande partie au fait qu'elle a reçu ces leçons spéciales. Souvent, quand un esprit peu avancé naît, les Etres Miséricordieux (Chefs invisibles qui guident notre évolution), le font mourir de bonne heure pendant la vie terrestre, afin qu'il puisse recevoir cette éducation particulière qui le préparera à affronter ce qui sera peut-être une vie pénible. Ceci paraît être spécialement le cas quand l'impression faite sur le corps du désir a été peu profonde, parce que le mourant a été troublé par les lamentations de ses parents, ou bien dans les cas de mort par accident ou sur le champ de bataille. Dans ces circonstances, le sentiment éprouvé n'a pas l'intensité voulue après la mort; c'est pourquoi, dans son incarnation suivante l'homme meurt pendant l'enfance et la perte est réparée, comme nous l'expliquons plus haut. Souvent, le devoir de prendre soin d'un tel enfant pendant la vie céleste incombe à ceux qui furent la cause de l'anomalie. Ils peuvent ainsi réparer la faute commise et apprendre à mieux faire. Il se peut également qu'ils deviennent les parents de celui auquel ils ont nui et prennent soin de lui pendant les quelques années que dure son existence. Il importe peu alors qu'ils se lamentent au moment de sa mort, car il n'y a pas d'images importantes gravées sur le corps vital d'un enfant.

Ce Premier Ciel est un lieu de perfectionnement pour tous ceux qui ont été laborieux, qui ont eu l'amour des arts et qui ont pratiqué l'altruisme. L'étudiant et le philosophe ont alors accès à toutes les

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bibliothèques du monde. Le peintre éprouve une joie toujours nouvelle aux combinaisons sans cesse changeantes des couleurs. Il ne tarde pas à apprendre que sa pensée mélange et dispose ces couleurs à son gré. Ses créations brillent et scintillent avec une vie impossible à atteindre par celui qui ne peut se servir que des ternes couleurs physiques. Il peint, pour ainsi dire, avec une matière vivante, ardente, et il peut mettre ses idées à exécution avec une facilité qui remplit son âme de joie. Le musicien n'as pas encore atteint le lieu où son art trouvera son expression la plus complète. Le Monde Physique est le Monde de la Forme. Le Monde du Désir, où se trouvent le Purgatoire et le Premier Ciel est particulièrement le Monde de la Couleur; mais le Monde de la Pensée où son situés le Deuxième et le Troisième Ciel est la sphère du Son. La musique céleste est un fait et non pas seulement une fleur de rhétorique. Pythagore n'inventait rien quand il parlait de la musique des sphères, car chaque corps céleste émet un son défini, et leur ensemble forme la symphonie céleste. Goethe en parle dans le prologue de Faust dont il a placé l'action au ciel et où l'Archange Raphaël prononce ces paroles:

"Le Soleil résonne sur le mode antique
Dans le choeur harmonieux des sphères.
Sa course ordonnée s'accomplit
D'année en année, rapide comme l'éclair".

Des échos de cette musique céleste nous parviennent même ici-bas dans le Monde Physique. Ils sont notre plus précieux trésor, bien qu'ils nous échappent, tels des feux-follets et qu'ils ne puissent être créés d'une manière permanente, comme peuvent l'être d'autres oeuvres d'art: statue, tableau ou livre. Dans le Monde Physique le son s'évanouit et meurt aussitôt qu'il est né. Dans le Premier Ciel, ces sons sont naturellement beaucoup plus beaux et plus durables; aussi le musicien y entend-il des accents plus doux qu'il n'en entendit jamais pendant sa vie terrestre.

Les expériences du poète sont analogues à celles du musicien; car la poésie est l'expression des sentiments les plus profonds de l'âme, au moyen des mots qui sont ordonnés, selon les mêmes lois d'harmonie et de rythme qui gouvernent les effusions de l'esprit par l'intermédiaire de la musique. De

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plus, le poète trouve une source merveilleuse d'inspiration dans les images et les couleurs qui sont la principale caractéristique du Monde du Désir. C'est de là qu'il tirera les matériaux qui lui serviront pour son oeuvre dans sa prochaine incarnation. L'écrivain accumule de la même façon ses sujets et développe ses facultés. Le philanthrope élabore ses plans altruistes pour l'élévation de l'homme. S'il a échoué auparavant, il verra dans le Premier Ciel quelle en est la raison, et il apprendra à surmonter les obstacles et à éviter les erreurs qui rendaient inapplicable son premier plan.

Un moment arrive où le résultat de la douleur et des souffrances inhérentes à la purification et le bonheur causé par les bonnes actions de la vie passée ont été gravés sur l'atome-germe du corps du désir. Ensemble, ils constituent ce que nous appelons la conscience qui nous met en garde contre le mal, source de douleur, et qui nous fait pencher vers le bien, source du bonheur et de la joie. Alors l'homme laisse désintégrer son corps du désir, comme il avait abandonné son corps dense et son corps vital. Il n'emporte avec lui que les forces de l'atome-germe qui formeront le noyau du corps du désir futur, de même qu'elles étaient le principe durable de ses anciens véhicules de sentiment.

Comme nous le disons plus haut, les forces de l'atome-germe sont extraites. Pour le matérialiste, la force et la matière sont inséparables. L'occultiste sait qu'il en est autrement. Pour lui, elles ne sont pas deux abstractions entièrement distinctes et séparées, mais les deux pôles d'un même esprit.

La Matière est l'esprit cristallisé.

La Force est le même esprit non encore cristallisé.

Nous l'avons déjà dit, mais on ne saurait trop se pénétrer de cette idée. A ce sujet, l'exemple de l'escargot nous vient en aide. La matière, qui est l'esprit cristallisé, correspond à la coquille de l'escargot, qui est l'escargot cristallisé. La force chimique, qui est active dans la matière et la rend utilisable pour la construction des formes, et l'escargot actif dans sa coquille fournissent aussi une bonne comparaison. Ce qui est maintenant l'escargot deviendra, avec le temps, la coquille, et ce qui est

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maintenant l'énergie deviendra plus tard la matière, quand elle se sera cristallisée davantage. Le processus inverse, qui consiste à désintégrer la matière en esprit, s'accomplit de même constamment. Nous voyons la phase la plus grossière de cette opération dans la désintégration qui a lieu quand un homme abandonne ses véhicules; à ce moment, l'esprit d'un atome est facilement détachable de l'esprit moins subtil qui s'est manifesté comme matière.

Le Deuxième Ciel

Finalement, l'homme, l'Ego, le triple esprit, entre dans le Deuxième Ciel. Il est revêtu de la gaine de l'intellect qui contient aussi les trois atomes-germes: la quintessence des trois véhicules abandonnés.

Quand l'homme meurt et perd son corps dense et son corps vital, il passe par des états comparables au sommeil. Le corps du désir, ainsi que nous l'avons expliqué, n'a pas d'organes immédiatement utilisables. D'un ovoïdes, il se transforme en une forme qui ressemble au corps dense abandonné. Il est facile de comprendre qu'il doit y avoir un intervalle d'inconscience analogue au sommeil, après lequel l'homme s'éveille dans le Monde du Désir. Cependant, il arrive souvent que les "morts" ne savent pas ce qui leur est arrivé. Ils ne réalisent pas qu'ils sont morts. Ils savent qu'ils peuvent se mouvoir et penser. Aussi, est-il parfois très difficile de leur faire admettre qu'ils sont réellement "morts". Ils se rendent compte qu'il y a une différence, mais ils ne peuvent comprendre en quoi elle consiste.

Toutefois, il n'en est pas de même quand ils passent du Premier Ciel qui est situé dans le Monde du Désir, au Deuxième Ciel qui se trouve dans la Région de la Pensée Concrète. L'homme abandonne alors son corps du désir. Il est parfaitement conscient. Il entre dans un grand silence. Pour le moment, tout semble s'effacer. Il ne peut penser. Toutes les facultés sont inactives; cependant, il sait qu'il est. Il a le sentiment de se tenir dans "l'Eternel", d'être seul, mais sans frayeur; son âme est remplie d'une paix merveilleuse " qui passe toute intelligence" (Philippiens 4:7).

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Dans la science occulte, on appelle cette condition "le Grand Silence".

Puis vient le réveil. L'esprit est maintenant dans son pays natal, le Ciel. Là, les premières sensations du réveil apportent à l'esprit le son "de la musique des sphères". Pendant notre vie terrestre, nous sommes tellement immergés dans les bruits et les sons insignifiants de notre entourage limité que nous sommes incapables d'entendre la musique des sphères dans leur course, mais l'occultiste scientifique l'entend. Il sait que les douze signes du Zodiaque et les sept planètes forment la table d'harmonie et les cordes de "la lyre à sept cordes d'Apollon". Il sait que si une seule discordance venait à troubler l'harmonie céleste de ce sublime Instrument, "la destruction de la matière et la débâcle des mondes" s'ensuivraient.

Le pouvoir des vibrations rythmiques est bien connu de tous ceux qui ont prêté la moindre attention à ce sujet. Par exemple, les soldats qui passent sur un pont reçoivent l'ordre de rompre le pas, car autrement leur cadence rythmée briserait la construction la plus solide. L'histoire biblique de l'écroulement des murs de Jéricho est loin d'être absurde, aux yeux de l'occultiste. Des phénomènes analogues se sont produits dans certains cas, sans que le monde ait souri d'un air supérieur d'incrédulité. Il y a quelques années un orchestre jouait près du mur très solide d'un vieux château; à un certain passage du morceau se trouvait un accord très prolongé et perçant. Au moment où cet accord résonna, le mur du château s'écroula soudainement. La vibration tonique du mur avait été atteinte et soutenue assez longtemps pour causer sa destruction.

Quand nous disons que ce monde est le monde du son, il ne faut pas croire que les couleurs en soient absentes. Bien des gens savent qu'il y a un rapport intime entre la couleurs et le son, que lorsqu'une certaine note résonne, une certaine couleur paraît en même temps. Il en est ainsi dans le Monde Céleste où le son et la couleur sont présents; mais c'est le son qui produit la couleur. C'est pourquoi, nous disons que ce monde est plus spécialement le monde du son, du son qui construit toutes les formes du

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Monde Physique. Le musicien peut entendre certains sons dans différentes parties de la nature, comme le vent dans la forêt, les vagues qui se brisent sur la plage, le rugissement de l'océan et la voix si variée des cascades et des ruisseaux. Ces sons combinés forment dans leur ensemble la note fondamentale terrestre, la tonique de la Terre. De même qu'on peut créer des formes géométriques en passant un archet de violon sur le bord d'une plaque de verre, de même les formes qui nous entourent sont-elles la cristallisation des figures sonores des forces archétypales qui sont actives dans les archétypes du Monde Céleste.

Le travail accompli par l'homme dans le Monde Céleste est très varié. Son existence n'est nullement inactive et illusoire. C'est une période d'activité de la plus grande importance pour la préparation de sa prochaine vie, comme le sommeil est une période d'activité et de préparation pour le travail du lendemain.

C'est maintenant que la quintessence des trois corps est assimilée par l'esprit triple. Tout ce qui, dans le corps du désir, avait été l'objet du travail de l'homme pendant sa vie par la purification de ses désirs et de ses émotions est joint à l'esprit humain et fournit, dans l'avenir, un meilleur intellect.

Tout ce qui, dans le corps vital, avait été travaillé, transformé et spiritualisé par l'esprit de vie est ainsi sauvé de la désintégration à laquelle le reste du corps vital est soumis, est amalgamé à l'esprit de vie et assurera dans les vies futures un meilleur corps vital et un meilleur tempérament.

Tout ce que l'esprit divin a sauvé du corps dense par les bonnes actions sera assimilé à cet aspect de l'esprit et produira un meilleur environnement et de nouvelles opportunités.

Cette spiritualisation des véhicules est accomplie en cultivant les facultés d'observation, de discernement et de mémoire, par le dévouement à des idéaux élevés, par la prière, la concentration, la persévérance et par l'usage correct des forces vitales.

Le Deuxième Ciel est la vraie patrie de l'homme, de l'Ego, du Penseur. Il y demeure pendant des siècles, assimile les fruits de sa dernière vie terrestre et prépare les conditions physiques les plus favorables pour le prochain stade de son développement. Le son qui remplit cette région et qui est

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partout apparent comme couleur, est, pour ainsi dire, son instrument. C'est cette vibration sonore et harmonieuse qui, tel un élixir de vie, incorpore au triple esprit la quintessence du triple corps dont l'esprit dépend pour sa croissance. 

La vie dans le Deuxième Ciel est extrêmement active et variée. L'Ego assimile les fruits de sa dernière existence terrestre et prépare le milieu de sa prochaine existence physique. Il ne suffit pas de dire que les nouvelles conditions seront déterminées par la conduite et les actions de la vie passée. Il est de toute nécessité que les fruits de cette vie soient incorporés au Monde qui sera la scène prochaine de l'activité de l'Ego, alors qu'il amassera de nouvelles expériences et de nouveaux fruits. C'est pourquoi tous les habitants du Monde Céleste travaillent aux modèles de la Terre, qui se trouvent tous dans la Région de la Pensée Concrète. Ils modifient les traits physiques de la Terre et sont la cause de changements graduels dans son aspect, de telles sorte qu'à chaque retour à la vie physique, un milieu différent a été préparé, dans lequel ils peuvent acquérir de nouvelles expériences. L'homme modifie le climat, la flore et la faune, sous la direction d'Etres supérieurs que nous décrirons plus tard. Ainsi le monde est exactement ce que nous l'avons fait individuellement et collectivement, et il sera ce que nous le ferons. L'occultiste scientifique voit une cause spirituelle en manifestation dans tous les phénomènes physiques, y compris la série de secousses sismiques de plus en plus nombreuses et alarmantes dont il peut faire remonter la cause à la pensée matérialiste de la science moderne.

Il est vrai que des causes purement physiques peuvent amener de telles perturbations; mais cela résout-il entièrement la question? Pouvons-nous toujours obtenir une explication complète en observant seulement ce qui se passe à la surface? Assurément non! Nous voyons, par exemple, deux hommes en conversation dans la rue; soudain l'un d'eux frappe l'autre. Un observateur pourra dire que l'homme renversé le fut par une pensée de colère. Un autre peut-être se moquera de cette affirmation et déclarera

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qu'il a vu le bras se lever, les muscles se contracter, le bras se détendre et venir frapper la victime. Cette affirmation est également vraie, mais on peut dire avec raison que s'il n'y avait eu d'abord une pensée de colère, le coup n'aurait jamais été porté. Et c'est de la même manière que l'occultiste voit dans le matérialisme la cause des secousses sismiques.

Le travail de l'homme dans le Monde Céleste n'est pas limité seulement aux modifications de la surface de la terre qui sera la scène de ses futures efforts dans la conquête du Monde Physique. Il apprend également à construire un corps qui lui offrira plus tard un meilleur moyen d'expression. C'est la destinée de l'homme de devenir une Intelligence Créatrice et il est continuellement en apprentissage. Pendant la vie céleste, il apprend à construire toutes sortes de corps, le corps humain y compris.

Nous avons parlé des forces qui sont actives aux pôles positifs et négatifs des différents éthers. L'homme lui-même est une de ces forces. Ceux que nous appelons les morts sont ceux qui nous aident à vivre. Ils sont aidés à leur tour par les "esprits de la nature", comme on les appelle, qui sont sous leurs ordres. L'homme est guidé dans ce travail par des Instructeurs appartenant aux Hiérarchies Créatrices supérieures, qui l'aidèrent à construire ses véhicules avant qu'il n'atteignit la "soi-conscience", de la même manière qu'il construit maintenant ses corps pendant le sommeil. Pendant la vie céleste, il reçoit consciemment les leçons d'Instructeurs. Le peintre apprend à construire un oeil qui voit correctement, qui est capable de saisir parfaitement une perspective et de distinguer les couleurs et les nuances d'une manière inconcevable pour ceux que n'intéressent pas les couleurs et les effets de lumière.

Le mathématicien étudie l'espace, et la faculté de percevoir l'espace dépend de l'ajustement délicat des trois canaux semi-circulaires qui sont situés à l'intérieur de l'oreille et donc chacun est dirigé dans une des trois directions de l'espace. La logique de la pensée et l'aptitude aux sciences mathématiques sont proportionnelles à l'exactitude de cet ajustement des canaux semi-circulaires. Le talent musical dépend aussi du même facteur, mais, en plus le musicien doit posséder des "fibres de Corti" extrêmement délicates. L'oreille humaine en contient environ trois mille, et chacune d'elles est capable d'interpréter

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environ vingt-cinq variations de son. Trois à dix seulement de ces gradations sont susceptibles d'être éveillées chez la plupart des hommes. Chez les gens d'une habileté musicale ordinaire, chaque fibre enregistre au maximum quinze sons; mais le maître musicien qui est capable d'interpréter et de rendre la musique du Monde Céleste a besoin d'une plus grande variété pour pouvoir distinguer les différentes notes et percevoir la moindre discordance dans les accords les plus compliqués. Ceux qui ont besoin d'organes d'une aussi grande délicatesse pour l'expression de leurs facultés sont l'objet de soins spéciaux, comme le mérite et l'exige leur condition supérieure de développement. Le musicien vient au premier rang, ce qui est compréhensible, car tandis que le peintre tire principalement son inspiration du Monde de la Couleur, le Monde du Désir le plus proche du nôtre, le musicien, lui, essaie de nous apporter l'atmosphère de notre patrie céleste (en tant qu'esprits) et de l'exprimer par les sons de ce monde terrestre. C'est à lui qu'échoit la mission la plus haute, parce que la musique est le mode suprême d'expression de la vie de l'âme. Elle diffère de tous les autres arts et leur est supérieure, car une statue ou un tableau, une fois créés, sont permanents. Ils sont tirés du Monde du Désir et sont, par suite, plus facilement cristallisés, tandis que la musique, qui émane du Monde Céleste, est moins tangible et plus fugace; elle doit être créée à nouveau chaque fois que nous voulons l'entendre. On peut la fixer, mais la musique ainsi reproduite perd beaucoup de la douceur émouvante qu'elle possède lorsqu'elle nous vient directement de son propre monde, apportant à l'âme le souvenir de sa patrie et lui parlant avec une éloquence que les plus beaux marbres et les plus belles toiles ne sauraient égaler.

L'instrument par l'intermédiaire duquel l'homme perçoit la musique est le plus parfait organe sensoriel du corps humain. L'oeil est loin d'être parfait, mais l'oreille est juste, dans ce sens qu'elle entend tous les sons sans déformation, alors que l'oeil déforme souvent ce qu'il voit.

Si le musicien doit avoir une oreille musicale, il doit, de plus, apprendre à construire une main longue et fine, aux doigts effilés, et aussi des nerfs sensitifs; car autrement il ne serait pas capable de reproduire les mélodies qu'il entend.

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C'est une loi de la nature que l'homme ne peut habiter un corps plus parfait que celui qu'il est capable de construire. Il apprend d'abord à construire un corps d'une certaine classe, puis il apprend à l'habiter. De cette manière, il découvre ses erreurs et il apprend à les corriger.

Tous les hommes travaillent inconsciemment à la construction de leur corps pendant la vie prénatale jusqu'à ce qu'ils arrivent au point où la quintessence extraite des anciens véhicules va être incorporée. Ils travaillent alors consciemment. On verra ainsi que plus un homme fait de progrès et travaille sur ses véhicules, les rendant ainsi immortels, plus il augmente son pouvoir de construction pour une nouvelle vie. L'élève avancé d'une école d'occultisme commence parfois ce travail de construction pour son propre compte, à la fin des trois premières semaines qui appartiennent exclusivement à la mère. Quand la période de construction inconsciente est passée, l'homme a l'occasion d'exercer son pouvoir créateur naissant, et c'est alors le commencement de la véritable création originale: l'"Epigénèse".

Ainsi, nous voyons que l'homme apprend à construire ses véhicules dans le Monde Céleste et à s'en servir dans le Monde Physique. La nature fournit toutes les phases nécessaires d'expérience, d'une manière si merveilleuse et avec une sagesse si consommée que, à mesure que nous apprenons à sonder plus profondément ses secrets, nous comprenons de mieux en mieux le peu que nous sommes et nous éprouvons un sentiment toujours grandissant de vénération envers Dieu dont la Nature est le symbole visible. Plus nous apprenons à connaître ses merveilles, plus nous réalisons que notre système cosmique n'est pas l'immense mécanisme à mouvement perpétuel qu'on voudrait nous faire admettre.

Il serait tout aussi logique de supposer que si nous jetons en l'air une boîte de caractères d'imprimerie, ces caractères auront formé les mots d'un magnifique poème quand ils reviendront sur le sol. Plus grande est la complexité du plan, plus grand est le poids de l'argument en faveur de la théorie d'un Auteur Divin intelligent.

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Le Troisième Ciel

Après avoir assimilé tous les fruits de sa vie passée et avoir modifié l'aspect de la Terre de manière à préparer le milieu nécessaire pour son prochain pas vers la perfection, après avoir ainsi appris, en collaborant à l'étude du perfectionnement du corps humain, à construire un corps approprié qui lui permette de s'exprimer dans le Monde Physique, et après avoir finalement extrait de l'intellect l'essence qui nourrit le triple esprit, l'Ego, privé de tout véhicule, passe dans la Région supérieure du Monde de la Pensée: le Troisième Ciel. Là, il est fortifié par l'harmonie ineffable de ce monde supérieur, en vue de sa prochaine descente dans la matière.

Après un certain temps vient le désir de nouvelles expériences et l'idée d'une nouvelle naissance se fait jour. Ce désir évoque devant l'esprit la vision d'une série d'images, d'un panorama de la nouvelle vie qui lui est réservée. Mais, notons-le bien, ce panorama ne contient que les évènements principaux. L'esprit a une entière liberté en ce qui concerne les détails. C'est exactement le cas d'un homme qui voudrait se rendre dans une ville éloignée avec un billet, valable seulement pour un temps limité, mais qui lui laisserait la liberté de choisir son itinéraire. Une fois qu'il a choisi et s'est mis en route, il n'est pas sûr de pouvoir changer de direction pendant le trajet. Il peut s'arrêter autant de fois qu'il lui plaît, aussi longtemps que le billet est valable, mais il ne peut revenir en arrière. Ainsi, à mesure qu'il avance dans son voyage, le choix qu'il a fait le limite de plus en plus. S'il a choisi une compagnie de chemin de fer qui se sert de charbon gras, il doit s'attendre à être sali par la suie. S'il avait choisi une compagnie qui brûle de l'anthracite ou qui se sert d'électricité, il serait resté plus propre. Il peut endurer une vie pénible, mais son choix est libre et il peut désirer mener une vie pure ou se vautrer dans la fange. Les autres conditions sont également sous son contrôle, dans les limites, toutefois, de ses choix et de ses actions passés.

Les images du panorama de la vie prochaine, dont nous venons de parler, commencent au berceau et finissent à la tombe, à l'inverse du panorama post mortem dont nous avons déjà parlé. La raison de cette

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différence radicale entre ces deux panoramas est que l'objet de celui qui précède la naissance est de montrer à l'Ego sur le point de se réincarner comment certaines causes ou actions produisent invariablement certains effets. Dans le cas de celui qui suit la mort, le but est, au contraire, de montrer comment chaque événement de la vie passée était l'effet d'une certaine cause antérieure dans cette même vie. La Nature ou Dieu ne fait rien sans une raison logique et, plus nous cherchons à savoir, plus il devient manifeste que la Nature est une mère pleine de sagesse qui se sert toujours des meilleurs moyens pour arriver à ses fins.

On se demandera peut-être: "Pourquoi devons-nous nous réincarner? Pourquoi devons-nous retourner à cette existence terrestre misérable et limitée? Pourquoi ne pouvons-nous pas acquérir de l'expérience dans ces royaumes supérieurs sans reparaître sur la Terre? Nous sommes las de cette vie si triste et si fatigante!

De telles questions sont basées sur des malentendus de diverses sortes. Tout d'abord, nous devrions comprendre et graver dans notre mémoire que le but de la vie n'est pas le bonheur, mais l'expérience. Le chagrin et la douleur sont nos meilleurs instructeurs.

Cette doctrine paraît sévère, et le coeur se révolte rien qu'à la pensée qu'elle puisse être vraie. Néanmoins elle l'est. On trouvera après réflexion qu'en définitive ce n'est pas une doctrine si sévère.

La douleur est notre bienfaitrice. Si nous pouvions placer notre main sur un poêle brûlant sans ressentir de douleur, la main, peut-être même le bras, pourraient rester en place jusqu'à carbonisation et nous ne nous en rendrions compte que lorsqu'il serait trop tard pour les sauver. C'est la douleur résultant du contact avec le poêle chaud qui nous fait retirer vivement notre main avant qu'elle soit sérieusement brûlée et nous en sommes quittes avec une simple ampoule qui guérit rapidement. Voilà un exemple emprunté au Monde Physique. Le même principe s'applique aux mondes supérieurs. Si nous outrageons

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la morale, les remords de conscience dont nous souffrons nous empêcheront de répéter l'acte en question; et, si nous ne prenons pas garde à la première leçon, la nature nous obligera à des expériences de plus en plus pénibles, jusqu'à ce que, finalement, s'imprime de force dans notre conscience l'idée que "la voie du transgresseur est rude" (Proverbe 13:15). Ces expériences se renouvelleront jusqu'à ce que nous soyons enfin forcés de changer de direction et que nous nous décidions vers une vie meilleure.

L'expérience est "la connaissance des effets qui suivent les actes". Elle est l'objet de la vie, ainsi que le développement de la Volonté", qui est la force au moyen de laquelle nous mettons en oeuvre les résultats de l'expérience. Nous devons acquérir l'expérience, mais nous avons le choix entre la voie pénible de l'expérience personnelle, ou bien l'observation des actions d'autrui, les raisonnant et les méditant à la lumière de notre expérience précédemment acquise.

C'est par cette dernière méthode que l'étudiant en occultisme devrait s'instruire, au lieu d'attirer sur lui le fouet de l'adversité et de la douleur. Plus nous sommes disposés à apprendre de cette manière, moins nous sentirons les souffrances du "sentier de la douleur", et plus rapidement nous atteindrons le "sentier de la paix".

Le choix nous appartient, mais tant que nous n'avons pas appris tout ce que nous devons apprendre dans ce monde, il nous faut y revenir. Nous ne pouvons rester dans les mondes supérieurs et y acquérir des connaissances avant d'avoir complètement terminé les leçons de la vie terrestre. Ce serait aussi peu raisonnable que d'envoyer un enfant à l'école maternelle un jour, et au collège le lendemain. L'enfant doit retourner à l'école enfantine, jour après jour, et passer des années dans les classes primaires et les cours secondaires avant que ses études aient suffisamment développé ses facultés pour lui permettre de comprendre ce qu'on enseigne dans les écoles supérieures.

L'homme, lui aussi, est à l'école de l'expérience. Il doit y revenir bien des fois avant qu'il puisse espérer s'assimiler toutes les connaissances du monde des sens. Quelque riche qu'elle soit en expérience, il n'y a pas de vie terrestre qui, à elle seule, puisse fournir ces connaissances. Aussi, la nature décrète qu'il

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doit retourner sur la terre, après des intervalles de repos, pour reprendre son travail là où il l'avait laissé, comme un enfant reprend chaque jour son travail à l'école, après le sommeil réparateur de la nuit. Objecter que l'homme ne se rappelle pas ses vies passées n'est pas un argument valable contre cette théorie. Nous ne pouvons nous rappeler tous les évènements de notre vie actuelle. Nous ne nous rappelons pas combien il nous fut pénible d'apprendre à écrire. Toutes les facultés que nous possédons ont dû être acquises à un certain moment, à un certain endroit. Cependant, certains peuvent se rappeler leur passé comme le montrera un exemple remarquable, relaté à la fin du chapitre suivant et pris parmi beaucoup d'autres.

De plus, si nous ne revenions pas sur la Terre, à quoi bon vivre? A quoi bon s'efforcer d'atteindre un but quelconque? Pourquoi une vie éternelle de bonheur dans le ciel serait-elle la récompense d'une bonne vie terrestre? Quel bénéfice pourrait-on retirer d'une bonne vie dans un ciel où tout le monde est déjà heureux? Assurément, dans un endroit où tout le monde est heureux et satisfait, il n'y a pas besoin de sympathie, de sacrifice de soi-même ou de sages conseils! On n'en aurait que faire; mais sur Terre, nombreux sont ceux qui justement ont besoin de ces choses; les qualités altruistes et humanitaires ont la plus grande valeur pour l'humanité en lutte. Aussi la Grande Loi, qui a le Bien pour objet, ramène l'homme dans le monde pour qu'il puisse de nouveau travailler, pour son propre bénéfice et pour celui des autres, avec les trésors qu'il a amassés, au lieu de les laisser perdre dans un ciel où personne n'en a besoin.

Préparatifs pour la Renaissance

Après avoir compris la nécessité des renaissances successives, nous allons maintenant étudier la méthode par laquelle ce but est atteint.

Avant de descendre dans la matière, l'esprit triple ne possède pas de véhicules, mais seulement les forces des quatre atomes-germes (qui sont les noyaux du corps triple et de la gaine de l'intellect). Sa

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descente dans la matière ressemble à la mise de plusieurs paires de gants de plus en plus épais, comme dans l'exemple donné précédemment. Les forces latentes de l'intellect de la dernière incarnation sont éveillées dans l'atome-germe. Elles commencent à attirer les matériaux de la subdivision la plus élevée de la Région de la Pensée Concrète, comme un aimant attire la limaille de fer.

Si nous tenons un aimant au-dessus d'un mélange de limaille de cuivre, d'argent, d'or, de fer, de plomb et d'autres métaux, nous remarquerons qu'il choisit seulement la limaille de fer, qu'il ne prendra pas plus de cette limaille que sa force ne lui permet d'en soulever. Son pouvoir d'attraction s'étend uniquement sur une sorte particulière de métal et de plus son intensité est limitée. Il en est de même de l'atome-germe. Il ne peut prendre dans chaque Région qu'une certaine quantité de la substance pour laquelle il a de l'affinité. Ainsi, le véhicule qui est construit autour de ce noyau devient une reproduction exacte du véhicule correspondant de la dernière incarnation, moins le mal qui a été éliminé et plus la quintessence du bien qui a été incorporée à l'atome-germe.

Le matériel rassemblé par l'esprit triple prend la forme d'une grande cloche ouverte à la base ayant l'atome-germe au sommet. Si nous formons une conception spirituelle de cette image, nous pouvons la comparer à une cloche à plongeur qui descend dans une mer formée de fluides d'une densité toujours croissante. Ces densités correspondent aux différentes subdivisions de chaque monde. La matière accumulée dans ce corps en forme de cloche le rend plus lourd, de telle sorte qu'il s'enfonce dans la subdivision inférieure la plus rapprochée et y prend la quantité nécessaire de matière. Il s'alourdit ainsi de plus en plus et continue à s'enfoncer jusqu'à ce qu'il soit passé à travers les quatre subdivisions de la Région de la Pensée Concrète, et que la gaine du nouvel intellect de l'homme soit complète. Après cela, les forces de l'atome-germe du corps du désir sont éveillées. Cet atome-germe se place au sommet de la cloche à l'intérieur et les matériaux de la septième Région du Monde du Désir se disposent autour

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de lui jusqu'à ce qu'il plonge dans la sixième Région où il réunit de nouveaux matériaux, et ceci continue jusqu'à ce que la première Région du Monde du Désir soit atteinte. La cloche a maintenant deux couches: au dehors la gaine de l'intellect et à l'intérieur le nouveau corps du désir.

Ensuite, l'activité de l'atome-germe du corps vital est éveillée; mais le procédé de formation du corps vital n'est pas aussi simple que celui de l'intellect et du corps du désir, car il faut rappeler que ces derniers véhicules sont comparativement peu organisés, tandis que le corps vital et le corps dense sont d'une organisation très complexe. Une certaine quantité de matière de qualité définie est attirée d'après la même loi que pour les corps supérieurs, mais la construction du nouveau corps et son placement dans le milieu convenable sont laissés aux soins de quatre Grands Etres d'une sagesse incommensurable qui sont les Anges de Justice, les "Seigneurs de la Destinée". L'éther réflecteur du corps vital est impressionné par eux de telle façon que les images de la vie à venir s'y reflètent. Le corps vital est construit par les habitants du Monde Céleste et les esprits élémentaux de façon à former un type particulier de cerveau. Mais l'Ego qui se réincarne y incorpore lui-même la quintessence de ses anciens corps vitaux et, de plus, il accomplit un certain travail original, à seule fin qu'il puisse, dans la vie qui va commencer, s'exprimer d'une façon quelque peu originale et individuelle, qui ne soit pas uniquement déterminée par les actions passées.

Il est très important de se rappeler ce fait. Nous avons une trop grande tendance à penser que tout ce qui existe maintenant est le produit de quelque chose qui existait auparavant; mais, si tel était le cas, nous n'aurions aucune latitude pour des efforts nouveaux et originaux et pour engendrer de nouvelles causes. La chaîne des causes et des effets n'est pas une répétition monotone. Il y a sans cesse une affluence de causes nouvelles et originales. C'est là le vrai fondement de l'évolution, ce qui lui donne une signification et ne la réduit pas simplement au développement de pouvoirs latents. C'est là l'"Epigénèse", la libre volonté qu'a l'Ego, qui ne consiste pas seulement dans la liberté de choisir entre deux manières d'agir, mais en la liberté d'inaugurer quelque chose d'entièrement nouveau. L'Epigénèse est le facteur

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important qui, seul, permet d'expliquer d'une manière satisfaisante le système auquel nous appartenons. Il vient s'ajouter à l'Involution et à l'Evolution qui seraient par elles-mêmes insuffisantes.

La destinée d'un individu soumise à la loi des conséquences est d'une grande complexité et entraîne des relations constantes avec les Egos en incarnation et hors d'incarnation. Même ceux qui sont incarnés à un même moment peuvent ne pas vivre dans la même localité, de sorte qu'il est impossible que la destinée d'un individu s'accomplisse entièrement dans l'espace d'une vie ou dans un seul endroit. C'est pourquoi l'Ego est amené dans une certaine famille et dans un milieu déterminé auxquels il est relié d'une façon quelconque.

Le choix du milieu est parfois indifférent pour l'accomplissement de la destinée; dans ce cas l'Ego est, dans la mesure du possible, laissé libre de choisir. Mais une fois le milieu déterminé, les agents des Seigneurs de la Destinée veillent, invisibles, à ce qu'aucun acte délibérément voulu ne permette d'esquiver l'accomplissement de la partie du destin qui a été choisie. Si nous faisons quoi que ce soit pour y échapper, ils auront recours à un autre mode d'action pour assurer l'accomplissement de la destinée. Toutefois, on ne saurait trop répéter que cette manière d'agir ne rend pas l'homme impuissant. C'est simplement la même loi qui agit après que nous avons tiré le coup de pistolet. Nous sommes incapables alors d'arrêter la balle ou même de la faire dévier de son chemin, si peu que ce soit. Sa trajectoire était déterminée par la position du pistolet, au moment du tir. Cette position aurait pu être changée à n'importe quel moment avant de faire jouer la détente, puisque jusqu'à ce moment-là nous en avions le contrôle absolu. Il en est de même des nouvelles actions qui sont la cause de la destinée future. Nous pouvons jusqu'à un certain point modifier ou même neutraliser complètement certaines causes qui sont déjà actives, mais une fois qu'elles ont été mises en marche et que rien n'a été fait pour les neutraliser, un moment viendra où elles échapperont à notre contrôle. C'est ce qu'on appelle la "destinée mûre", et c'est cette sorte de destin qui est considérée quand nous disons que les Seigneurs

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de la Destinée font échec à tous les efforts que nous pouvons tenter pour l'éviter. Pour ce qui est de notre passé, nous sommes dans une grande mesure impuissants; mais en ce qui concerne nos actions futures nous pouvons les contrôler dans la mesure où elles ne sont pas limitées par nos actes passés. Peu à peu, cependant, lorsque nous apprenons que nous sommes la cause de nos peines ou de nos joies, nous comprenons combien il est nécessaire de mettre notre vie en harmonie avec les lois de Dieu et de nous élever ainsi au-dessus des lois du Monde Physique. C'est pour nous la clef de l'émancipation, comme l'a dit Goethe:

De chaque pouvoir qui enchaîne le monde entier
L'homme se délivre, quand il arrive à se maîtriser.

Le corps vital, qui a été modelé par les Seigneurs de la Destinée, donnera la forme au corps dense, organe pour organe. Ce moule est alors placé dans l'utérus de la future mère. L'atome-germe du corps dense se trouve dans la tête triangulaire de l'un des spermatozoïdes de la semence du père. Cela seul rend la fécondation possible et c'est là ce qui explique pourquoi tant d'unions demeurent stériles. Les constituants chimiques du fluide séminal et des ovules sont toujours les mêmes et, s'ils étaient les seuls matériaux nécessaires, on ne pourrait trouver l'explication du phénomène de la stérilité, si on la cherchait seulement dans le monde matériel et visible. Nous avons vu que les molécules d'eau ne se congèlent que le long des lignes de force qui préexistent dans l'eau et se manifestent sous la forme de cristaux de glace, au lieu de se prendre en une masse homogène, comme ce serait le cas s'il n'y avait pas de lignes de force avant la congélation. Nous comprendrons que le corps dense ne peut être construit s'il n'y a pas de corps vital pour servir de moule à la matière physique. De plus, il doit y avoir un atome-germe du corps dense, pour régler la qualité et la quantité de matière qui doit entrer dans la composition de ce corps. Bien que dans la phase actuelle de développement il n'y ait jamais harmonie complète dans les matériaux du corps, parce qu'autrement le résultat serait un corps parfait, la discordance ne doit pas, toutefois, être si grande qu'elle devienne une cause de rupture pour l'organisme.

Ainsi, tandis que l'hérédité n'opère que sur les matériaux du corps dense, et non sur les qualités de

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l'âme, qui sont tout à fait individuelles, l'Ego qui renaît accomplit aussi une certaine somme de travail sur son corps dense, en lui incorporant la quintessence des qualités physiques de ses incarnations précédentes. Il n'y a pas de corps qui soit un mélange exact des qualités de ses parents, quoique l'Ego soit limité à l'usage des matériaux empruntés aux corps du père et de la mère. C'est pourquoi un musicien renaît seulement là où il peut trouver les éléments nécessaires pour construire une main fine et une oreille délicate, avec ses fibres sensitives de Corti et son ajustement exact des trois canaux semi-circulaires. La disposition de ces matériaux est, dans la mesure que nous avons dite, sous le contrôle de l'Ego. C'est comme si un charpentier, recevant un certain nombre de planches pour construire sa propre maison, gardait la liberté de choisir le type de maison lui convenant le mieux.

Sauf dans le cas d'un être ayant un développement très supérieur, ce travail de l'Ego est presque négligeable dans l'état actuel de l'évolution humaine. L'homme a la plus grande latitude dans la construction de son corps du désir, très peu dans celle de son corps vital, et pour ainsi dire aucune dans celle de son corps dense; cependant, ce peu de marge suffit à faire de chaque individu l'expression de son propre Ego et à le rendre différent de ses parents.

Quand la fécondation de l'ovule a eu lieu, le corps du désir de la mère travaille à son développement pendant une période de dix-huit à vingt et un jours; l'Ego reste alors au dehors, dans son corps du désir et dans la gaine de l'intellect, mais cependant très rapproché de la mère. Au bout de ce laps de temps, il pénètre à l'intérieur du corps de celle-ci; les véhicules en forme de cloche descendent sur le corps vital en le coiffant par la tête et la cloche se ferme à la partie inférieure. A partir de ce moment, l'Ego couve en quelque sorte son futur véhicule jusqu'à l'époque de la naissance de l'enfant, quand commence la nouvelle vie terrestre de l'Ego réincarné.

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Naissance du Corps Dense

Les véhicules du nouveau-né ne deviennent pas immédiatement actifs. Le corps dense est impuissant longtemps après la naissance. En raisonnant par analogie, nous pouvons facilement nous rendre compte qu'il doit en être de même des véhicules supérieurs. L'occultiste scientifique peut voir que tel est le cas, mais, même sans la faculté de clairvoyance, la raison nous montre qu'il doit en être ainsi. De même que le corps dense dans la gaine protectrice de la matrice est lentement préparé pour une vie séparée individuelle, de même les autres corps naissent et sont graduellement mis en activité. Les périodes données dans la description qui suit ne sont qu'approximatives, mais cependant suffisamment exactes, d'une manière générale elles montrent quelle est la relation entre le Microcosme et le Macrocosme, entre l'individu et le monde.

Dans la période qui suit immédiatement la naissance, les divers véhicules s'interpénètrent comme dans notre exemple précédent, le sable pénètre l'éponge, et l'eau s'infiltre à la fois dans le sable et l'éponge. Mais bien qu'ils existent tous comme pendant la vie adulte, ils ne sont que présents. Aucune de leurs facultés positives n'est active. Le corps vital ne peut faire usage des forces qui opèrent au pôle positif des différents éthers. L'assimilation qui se fait au pôle positif de l'éther chimique est excellente pendant l'enfance et son opération est due à l'activité du corps vital macrocosmique; les éthers qui servent de gaine pour le corps vital de l'enfant jusqu'à la septième année l'amènent graduellement à maturité pendant cette période. La faculté de reproduction qui opère au pôle positif de l'éther vie est également à l'état latent. La chaleur du corps, qui résulte de l'activité des forces au pôle positif de l'éther lumière, et la circulation du sang sont dues à l'activité du corps vital macrocosmique, dont les éthers agissent sur l'enfant et le développent lentement, jusqu'à ce qu'il soit arrivé au point où il peut contrôler lui-même ces fonctions. Les forces qui opèrent au pôle négatif des éthers n'en sont que plus actives. L'élimination des solides qui s'accomplit au pôle négatif de l'éther chimique (correspondant à la subdivision des solides de la Région Chimique) est très abondante, de même que l'élimination des fluides qui s'accomplit au pôle

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négatif de l'éther vie (qui correspond à la deuxième subdivision - liquide - de la Région chimique). La passivité des perceptions sensorielles, due aux forces négatives de l'éther lumière est très remarquable. L'enfant est très impressionnable: il est "tout yeux et tout oreilles".

Pendant les premières années, les forces qui opèrent au pôle négatif de l'éther réflecteur sont aussi très actives: les enfant peuvent en effet, "voir" les Mondes supérieurs et racontent souvent leurs visions, mais les moqueries de leurs aînés ou la perspective d'une punition les empêchent bien souvent de poursuivre ce que les parents considèrent comme un mensonge. Il est déplorable que les petits soient obligés de mentir, ou tout au moins de taire la vérité à cause de l'incrédulité de leurs "sages" aînés. Les investigations de la Société de Recherches Psychiques ont prouvé ce fait que les jeunes enfants ont souvent des camarades de jeu invisibles. Cette clairvoyance des enfants a le même caractère négatif que celle des médiums.

Il en est de même des forces qui sont actives dans le corps du désir. Le sentiment passif de douleur physique est présent, alors que le sentiment d'émotion est presque complètement absent. L'enfant montrera, bien entendu, de l'émotion pour la moindre des choses, mais cette émotion est de courte durée: elle est toute de surface.

L'enfant possède aussi un intellect, mais il est presque incapable d'activité intellectuelle personnelle. Etant surtout soumis aux forces agissant au pôle négatif, il est facile à éduquer grâce à sa tendance à l'imitation.

Ainsi, nous voyons que toutes les qualités négatives sont actives chez le nouveau-né mais, avant qu'il puisse faire usage de ses divers véhicules, il doit développer ses qualités positives.

Chaque véhicule est donc développé par l'activité du véhicule macrocosmique correspondant qui lui sert de matrice jusqu'à sa maturité. De la première à la septième année, le corps vital croît et mûrit lentement dans la matrice du corps vital macrocosmique et, à cause de l'extrême sagesse de ce véhicule du Macrocosme, le corps de l'enfant est plus harmonieux et mieux construit que celui de l'adulte.

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Naissance du Corps Vital

Tant que le corps vital du Macrocosme guide la croissance du corps de l'enfant, ce corps est à l'abri des dangers qui plus tard le menacent quand son corps vital individuel est laissé à lui-même. Ce changement a lieu pendant la septième année, alors commence la période de croissance excessive et dangereuse, qui occupe les sept années suivantes. Pendant ce temps, le corps du désir macrocosmique remplit la fonction de matrice pour le corps du désir individuel.

Si le corps vital était libre de croître d'une manière continue et sans restriction dans le règne humain, comme il le fait chez les plantes, l'homme atteindrait d'énormes proportions. Il fut un temps très reculé où l'homme était constitué comme une plante et où il ne possédait que le corps dense et le corps vital. Les traditions mythologiques et populaires de tous les pays relatives aux géants des anciens temps sont absolument vraies, parce que l'homme croissait alors comme le font maintenant certains arbres et pour la même raison.

Naissance du Corps du Désir

Le corps vital de la plante construit une feuille après l'autre et porte toujours la tige de plus en plus haut; sans l'activité du corps du désir du Macrocosme, le corps vital continuerait à construire indéfiniment de cette manière, mais le corps du désir macrocosmique intervient à un moment donné et s'oppose à un excès de croissance. La force qui n'est plus utilisée est alors disponible pour un autre objet et sert à la construction de la fleur et de la semence. De même, après la septième année, lorsque le corps dense est soumis au contrôle du corps vital, ce dernier cause sa croissance rapide; mais vers la quatorzième année, le corps du désir individuel naît de la matrice du corps du désir macrocosmique et il commence à travailler sur le corps dense. L'excès de croissance est alors arrêté et la force employée jusqu'ici pour la croissance devient disponible pour la reproduction, afin que la plante humaine puisse fleurir et porter des fruits. Aussi, la naissance du corps du désir individuel marque-t-elle le début de la période de

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puberté. A partir de ce moment, l'individu éprouve de l'attraction pour le sexe opposé, et cette attraction est spécialement active et sans restriction pendant la troisième période septennale de la vie, de la quatorzième à la vingt et unième année, parce que l'intellect qui sert de frein n'est pas encore né.

Naissance de l'Intellect

Après la quatorzième année, l'intellect est à son tour mûri et nourri par l'intellect macrocosmique qui développe ses qualités latentes et le rend capable de penser d'une manière personnelle. Les forces des divers véhicules de l'individu ont été maintenant amenées à un degré de maturité qui lui permet de les utiliser toutes pour son évolution; aussi, à la vingt et unième année, l'Ego entre-t-il en possession de son véhicule complet. Il le fait par l'intermédiaire de la chaleur du sang et en développant le sang individuel lorsque l'éther lumière a atteint son développement complet.

Le Sang, Véhicule de l'Ego

Pendant l'enfance et jusqu'à la quatorzième année, la moëlle rouge des os ne produit pas tous les globules du sang. Ils sont formés pour la plupart par le thymus qui atteint son plus grand développement dans le foetus et qui diminue graduellement de volume à mesure que la faculté individuelle de produire du sang se développe chez l'enfant. Le thymus contient pour ainsi dire une réserve de globules rouges, fournie par les parents et, par conséquent, l'enfant qui tire son sang de cette source ne peut réaliser son individualité. Jusqu'à ce qu'il produise lui-même son sang, l'enfant ne peut penser qu'il est un "moi" séparé. Quand le thymus disparaît, à l'âge de 14 ans, le sentiment du "moi" atteint son expression complète, car alors le sang est produit et dominé entièrement par l'Ego. Les lignes suivantes rendront l'idée plus claire et montreront qu'elle est logique.

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Nous nous rappelons que l'assimilation et la croissance dépendent des forces qui agissent au pôle positif de l'éther chimique du corps vital. Cet éther est libéré à la septième année avec le reste du corps vital. Seul l'éther chimique est arrivé à complète maturité à ce moment-là; les autres éthers ne sont pas encore complètement développés. A la quatorzième année, l'éther vie du corps vital lié à la faculté de reproduction est complètement mûr. De 7 à 14 ans, l'excès d'assimilation a emmagasiné une certaine quantité de force qui se dirige vers les organes sexuels et qui est disponible au moment de la naissance du corps du désir.

Cette force sexuelle est emmagasinée dans le sang pendant la troisième des périodes septennales et pendant ce temps l'éther lumière qui sert de véhicule pour la chaleur du sang est développé et gouverne le coeur, afin que le corps ne soit ni trop chaud ni trop froid. Pendant la première enfance, la température du sang s'élève souvent d'une façon anormale. Pendant la période d'excès de croissance, c'est fréquemment le contraire qui arrive; mais chez le jeune homme à tête chaude, sans maîtrise de soi, la passion et la violence du caractère rejettent souvent l'Ego hors du corps, en échauffant le sang d'une manière excessive, ce qu'on exprime communément en disant que la personne en question "perd la tête", c'est-à-dire qu'elle devient incapable de penser. C'est précisément ce qui se passe quand la passion, ou la colère surchauffent le sang et chassent ainsi l'Ego hors de ses corps. C'est ce que nous exprimons avec juste raison en disant que la personne "est hors d'elle"; l'Ego est, en effet, en dehors de ses véhicules qui se trouvent alors dans un état de furie momentanée, étant privés de l'influence directrice de la pensée, dont l'objet est en partie de servir de frein à nos impulsions. Le terrible danger de tels éclats est que, avant que l'Ego ne rentre dans ses corps, une entité désincarnée n'en prenne possession et l'empêche de les réoccuper. Ce cas est connu sous le nom d'"obsession". Seul l'homme qui reste calme peut penser avec rectitude. L'Ego ne peut agir dans le corps quand le sang est, soit trop chaud, soit trop froid. Ainsi une chaleur excessive nous porte au sommeil et, si elle dépasse une certaine limite, elle chasse l'Ego au dehors et laisse le corps évanoui, c'est-à-dire inconscient. Un froid excessif

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tend également à assoupir le corps et à le rendre inconscient. C'est seulement lorsque le sang est à sa température normale, ou à peu près, que l'Ego peut en faire usage comme véhicule de conscience.

Pour mieux montrer la connexion qui existe entre l'Ego et le sang, mentionnons la rougeur brûlante de la honte qui met en évidence la manière dont le sang chassé vers la tête surchauffe le cerveau et paralyse la pensée. Quand le sentiment de crainte prédomine, c'est que l'Ego désire se barricader contre quelque danger extérieur. Il force le sang vers le centre du corps produisant la pâleur, puisque le sang a quitté la surface, perdu de la chaleur et de cette manière a paralysé la pensée. Le sang de l'individu "se glace", il grelotte et ses dents claquent, comme lorsque la température est abaissée par les conditions atmosphériques. En cas de fièvre, l'excès de chaleur cause le délire.

Les personnes de tempérament sanguin, dont le sang n'est pas trop chaud, sont physiquement et intellectuellement actives, tandis que les anémiques ont une tendance à somnoler. Chez les uns, l'Ego contrôle bien les véhicules; chez les autres le contrôle est moins efficace. Quand l'Ego veut penser, il envoie le sang au cerveau, à la température voulue. Lorsqu'un repas plantureux concentre son activité sur le système digestif, l'homme ne peut pas penser; il est somnolent.

Les anciens Normands et les Ecossais reconnaissaient ce fait que l'Ego agit dans le sang: aucun étranger ne pouvait entrer dans une de leurs familles avant d'avoir "mélangé son sang au leur", devenant par là-même un membre de la famille. Goethe, qui était un Initié, soutint la même théorie dans son Faust. Faust est sur le point de signer le pacte avec Méphistophélès, lorsqu'il demande: "Pourquoi ne signerais-je pas avec de l'encre ordinaire? A quoi bon se servir de sang?" Méphistophélès lui répond:

"Le sang est une essence tout à fait particulière." Il sait que celui qui possède le sang possède l'homme; que, à défaut de sang chaud, aucun Ego ne peut arriver à s'exprimer.

La chaleur convenable pour que l'Ego puisse réellement fonctionner n'est pas atteinte avant que

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l'intellect individuel ne soit né de l'Intellect Concret du Macrocosme. C'est lorsque l'individu atteint l'âge d'environ 21 ans que naît cet intellect individuel. C'est aussi l'âge minimum requis par la loi pour l'exercice du droit de vote.

Dans l'état actuel de développement de l'homme, celui-ci passe par ces étapes successives dans chaque cycle de vie, d'une naissance à la suivante.

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Tableau 7 :   Un Cycle de vie

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CHAPITRE 4

LA RENAISSANCE ET LA LOI DE CAUSE À EFFET


Pour résoudre l'énigme de la Vie et de la Mort, nous ne trouvons que trois théories qui vaillent qu'on s'y arrête.

Dans le chapitre précédent, nous avons, dans une certaine mesure, exposé l'une de ces théories - celle de la Renaissance, avec sa loi jumelle, la loi des Conséquences (ou de cause à effet). Il n'est pas inutile de comparer la théorie de la Renaissance avec les deux autres théories proposées, à seule fin de nous assurer de leur fondement relatif dans la nature. Pour l'occultiste, il ne peut y avoir de doute. Il n'a pas besoin de dire qu'il "croit" à cette théorie pas plus que nous n'avons besoin de dire que nous "croyons" à l'épanouissement de la rose, au cours de la rivière, ou à n'importe quel phénomène du monde matériel. Nous ne disons pas de ces choses que nous les "croyons", nous disons que nous les "savons", parce que nous les voyons. De même l'occultiste, en ce qui concerne la loi de la Renaissance et celle des Conséquences, peut dire qu'il "sait". Il voit l'Ego et peut observer son activité depuis qu'il a quitté le corps dense, au moment de la mort, jusqu'à ce qu'il reparaisse sur la terre, au moment d'une nouvelle naissance; il n'est donc pas nécessaire pour lui de "croire". Pour la satisfaction des autres, il peut cependant être bon d'examiner ces trois théories sur la vie et sur la mort.

Toute grande loi de la nature doit être nécessairement en harmonie avec toutes les autres lois; il semble donc utile, pour les intéressés, d'examiner ces théories dans leur relation avec ce qui se passe généralement pour être "les lois connues de la nature", telles qu'on les observe dans la partie de l'univers qui nous est familière.

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Les trois théories en présence sont les suivantes:

1° La théorie matérialiste soutient que la vie est un voyage du berceau à la tombe; que l'intellect est le résultat de certaines dispositions de la matière; que l'homme est la plus haute intelligence de l'Univers et que cette intelligence disparaît quand le corps se désintègre après la mort.

2° La théorie théologique affirme que, pour chaque être humain, une âme nouvellement créée entre dans la vie, fraîchement sortie de la main de Dieu, et, à la naissance, passe d'un état invisible à une existence visible; qu'à la fin d'une courte période de vie dans le monde matériel, elle passe, à la mort, dans l'au-delà invisible, d'où elle ne revient plus; que son bonheur ou sa souffrance dans l'au-delà sont déterminés pour toute l'éternité par ses actions pendant l'infinitésimale période de temps qui s'écoule entre la naissance et la mort.

3° La théorie de la Renaissance enseigne que toute âme est une partie intégrante de Dieu; qu'elle contient en germe tous les pouvoirs divins, comme la semence contient en germe la plante; qu'au moyen de nombreuses existences dans un corps dense de qualité graduellement croissante, ses pouvoirs latents sont lentement développés en pouvoirs dynamiques; qu'aucune âme n'est perdue dans cette évolution et que l'humanité atteindra finalement le but de perfection et de réunion avec Dieu.

La première de ces théories est une théorie moniste. Elle cherche à montrer que tous les phénomènes de l'existence sont des fonctions du monde matériel. Les deux autres théories sont dualistes, c'est-à-dire qu'elles attribuent certains faits et certaines phases de l'existence à un état invisible, hyperphysique, mais elle diffèrent sur beaucoup d'autres points.

Si nous étudions la relation entre la théorie matérialiste et les lois connues de l'univers, nous trouvons que la doctrine de la conservation de l'énergie est aussi bien établie que celle de la conservation de la matière et qu'elles n'ont pas besoin d'être élucidées. Nous savons aussi que l'énergie et la matière sont inséparables dans le monde physique. Ceci est en contradiction avec la théorie matérialiste qui soutient que l'intellect

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disparaît au moment de la mort. Si rien ne peut être détruit, l'intellect ne doit pas faire exception. En outre nous savons que l'intellect est supérieur à la matière, car il modèle les traits du visage de telle sorte que celui-ci devient le miroir de l'intellect. Nous avons découvert que les molécules de notre corps sont sans cesse renouvelées de telle sorte qu'au moins une fois tous les sept ans, chaque atome de la matière qui le compose est changé. Si la théorie matérialiste était correcte, la conscience devrait de même subir un changement complet; la mémoire du passé s'effacerait complètement, de sorte que l'homme ne pourrait se rappeler un événement datant de plus de sept ans. Nous savons que tel n'est pas le cas. Nous nous rappelons les évènements de notre enfance. Beaucoup parmi les incidents les plus insignifiants, bien qu'oubliés, ont été remémorés, dans une vision rapide de la vie entière, par des noyés qui ont conté leurs impressions après avoir été rappelés à la vie. On observe couramment des faits analogues dans l'état de transe. La théorie matérialiste est incapable d'expliquer ces phénomènes de sub-conscience et de super-conscience. Elle les ignore. Dans l'état actuel des recherches scientifiques, alors que les savants les plus distingués ont établi d'une manière irréfutable l'existence de ces phénomènes, prendre le parti de les ignorer est un défaut sérieux pour une théorie qui prétend résoudre le plus grand problème de l'existence: celui de la Vie elle-même. Nous pouvons, par conséquent, la rejeter.

Une des plus sérieuses objections qu'on puisse faire à la doctrine théologique orthodoxe, telle qu'elle est exposée, est son insuffisance reconnue. Parmi les myriades d'âmes qui ont été créées et qui ont habité ce Globe, depuis le commencement du monde, même si ce commencement ne remonte pas à plus de six mille ans, "144.000" âmes seulement seraient sauvées (Apocalypse 7:4) et les autres vouées à une torture éternelle! Satan aurait donc sans cesse le dessus! On ne peut s'empêcher de dire, avec Bouddha: "Si Dieu

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permet une telle calamité, Il ne peut être bon, et s'Il ne peut l'empêcher, Il ne saurait être Dieu.

On ne trouve dans la nature rien qui révèle une semblable méthode de création, faite en vue d'une destruction ultérieure. On nous dit que Dieu désire que TOUS soient sauvés et qu'il est opposé à toute destruction, car pour nous sauver, il a donné "Son Fils unique". Malgré cela, cependant, ce glorieux plan de salut échouerait!

Si un transatlantique ayant à bord deux mille âmes envoyait un S.O.S. annonçant qu'il est en train de couler à quelques miles du port, serait-ce "un glorieux plan de salut" que d'envoyer un simple canot à moteur, capable de porter seulement deux ou trois personnes? Evidemment non! Ce serait plutôt un plan de destruction si les moyens suffisants n'étaient pas fournis pour le salut de la majorité des personnes en danger.

Mais le plan de salut des théologiens est encore bien inférieur à celui-là, parce que la proportion de deux ou trois sur deux mille est beaucoup plus grande que ne comporte le plan théorique orthodoxe qui, sur les myriades d'âmes créées, n'en sauve que 144'000. Nous pouvons aussi rejeter sans crainte cette théorie comme étant fausse, parce que déraisonnable. Si Dieu était la sagesse même, Il aurait trouvé un plan plus efficace. C'est ce qu'Il a fait, ainsi que le prouvent les enseignements de la Bible, comme nous le verrons plus tard.

Considérons maintenant la doctrine de la Renaissance qui expose un long procédé de développement, continué avec une persistance inébranlable à travers de nombreuses renaissances dans des formes de plus en plus perfectionnées et qui, dans l'avenir, amènera tous les êtres à une élévation spirituelle que nous ne pouvons maintenant concevoir. Il n'y a rien de déraisonnable ou de difficile dans l'acceptation d'une telle théorie. Quand nous jetons les yeux autour de nous, nous trouvons partout dans la nature cet effort lent et persistant vers la perfection. Nous ne trouvons pas de procédé soudain de création ou de destruction, tel que le professe le théologien, mais nous trouvons "l'Evolution".

L'Evolution est "l'histoire du progrès de l'Esprit dans le Temps". Partout, en observant autour de nous les phénomènes variés de l'univers, nous voyons que le chemin de l'évolution est une spirale. Chaque spire est

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un cycle. Chaque cycle amorce celui qui suit, de même que les spires de la spirale sont continues; chaque cycle est la floraison de ceux qui l'ont précédé et il prépare les conditions plus développées qui lui succéderont.

Une ligne droite n'est autre chose que l'extension d'un point. Elle n'occupe qu'une dimension de l'espace. La théorie du matérialiste et celle du théologien seraient analogues à cette ligne. Le matérialiste fait commencer la ligne de la vie à la naissance et, pour être logique, l'heure de la mort doit la terminer. Le théologien fait commencer sa ligne avec la création de l'âme, juste avant la naissance. Après la mort physique, l'âme continue à vivre et son destin est irréparablement déterminé par les actions accomplies pendant un petit nombre d'années. Elle ne peut revenir pour corriger ses erreurs. La ligne continue toute droite; elle comporte une petite somme d'expériences mais pas de progrès pour l'âme après la mort.

Le progrès naturel ne suit pas une ligne droite comme l'impliquent ces deux théories; il ne suit même pas un chemin circulaire, car cela équivaudrait à un éternel recommencement des mêmes expériences n'utilisant que deux dimensions de l'espace. Toutes choses se meuvent en cycles progressifs et, pour profiter complètement des possibilités de développement offertes par notre univers à trois dimensions, il est nécessaires que la vie en évolution suive le sentier à trois dimensions - la spirale - qui toujours s'avance et s'élève.

Soit que nous considérions les modestes plantes de notre jardin ou les séquoias géants de Californie, dont le tronc mesure douze mètres de diamètre, le procédé est toujours le même; nous trouverons que chaque branche, chaque rameau ou chaque feuille croît en une simple ou une double spirale ou bien en paires opposées, chacune contre-balançant l'autre, de même que se font équilibre le flux et le reflux, le jour et la nuit, la vie et la mort et d'autres phénomènes alternés de la nature.

Examinez la voûte du ciel et observez les nébuleuses de feu ou la course des systèmes solaires - partout la spirale s'offre à nos yeux. Au printemps, la terre sort de son sommeil hivernal. Toutes les activités s'efforcent d'engendrer partout une nouvelle vie. Le temps passe. Le blé et le raisin mûrissent et sont

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récoltés. De nouveau l'activité estivale décroît et se termine dans le silence et le repos de l'hiver. De nouveau, un manteau neigeux enveloppe la terre. Mais son sommeil n'est pas éternel; elle se réveillera encore au chant du printemps prochain qui marquera pour elle un léger progrès en avant sur la route du temps.

Il en est de même pour le Soleil. Il se lève au matin de chaque jour, mais, chaque matin, il est plus avancé dans sa course annuelle.

C'est partout la spirale: en avant, plus haut, pour toujours!

Est-il possible qu'une loi d'une application aussi universelle dans tous les autres royaumes de la nature soit sans effet sur la vie de l'homme? La terre s'éveillera-t-elle chaque année de son sommeil hivernal, l'arbre et la fleur vivront-ils à nouveau, tandis que l'homme mourra? Cela ne peut être! La même loi qui éveille la vie dans la plante pour une croissance nouvelle éveillera l'homme pour de nouvelles expériences, pour un progrès ultérieur vers la perfection. C'est pourquoi, la théorie de la Renaissance est en parfait accord avec l'évolution et les phénomènes de la nature, ce qui n'est pas le cas pour les deux autres théories.

Considérant la vie au point de vue éthique, nous trouvons que la loi de la Renaissance et la loi des Conséquences, qui en est inséparable, forment la seule théorie qui satisfasse notre sens de justice, d'accord avec les faits de l'existence tels que nous les observons autour de nous.

Il est malaisé pour un esprit logique de comprendre comment un Dieu "juste et bon" peut exiger les mêmes vertus des milliards d'êtres qu'il "Lui a plu de placer dans des circonstances différentes", sans aucune règle ou aucun système apparent, mais bon gré mal gré, suivant son propre caprice. Un homme passe ses jours dans l'abondance; l'autre vit "dans la misère". L'un a l'avantage d'une éducation morale et d'une ambiance raffinée; l'autre est placé dans un milieu abject: on lui apprend à mentir et à voler et on le persuade que plus il ment et plus il vole, plus grand est son mérite. Est-il juste d'avoir les mêmes exigences pour ces deux genres d'individus? de récompenser l'un qui fut honnête, alors qu'il a été placé dans un milieu qui rendait sa

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chute extrêmement difficile, et de punir l'autre qui est placé dans une position si désavantageuse qu'il n'a jamais eu la moindre idée de ce qui constitue la vrai morale? Assurément non! N'est-il pas plus logique de penser que nous avons mal interprété la Bible que d'imputer à Dieu un plan aussi monstrueux?

Il ne sert à rien de dire que nous ne devons pas chercher à sonder les mystères de la Divinité, qu'ils sont incompréhensibles. Les inégalités de la vie peuvent être expliquées, d'une manière satisfaisante, par les lois jumelles de la Renaissance et des Conséquences et mises en harmonie avec la conception d'un Dieu juste et aimant, comme l'a enseigné le Christ Lui-même.

De plus ces deux lois nous offrent le moyen de nous émanciper, de nous tirer de notre milieu peu désirable et aussi celui d'atteindre n'importe quel degré de développement, en dépit de nos imperfections présentes.

Ce que nous sommes, ce que nous avons, toutes nos qualités sont le résultat de nos propres actions dans le passé. Ce qui nous manque en qualités physiques mentales ou morales, nous pouvons un jour l'acquérir.

De même que nous ne pouvons éviter de reprendre notre vie chaque matin, là où nous l'avons laissée le jour précédent, de même, par notre travail, pendant nos vies passées, nous avons établi les conditions dans lesquelles nous vivons et travaillons maintenant et nous sommes en train de créer les conditions de nos vies futures. Au lieu de nous plaindre de l'absence de telle ou telle faculté que nous convoitons, nous devons nous mettre au travail pour l'acquérir.

Si un enfant joue merveilleusement d'un instrument de musique, sans avoir fait aucun effort notable pour l'apprendre, alors qu'un autre, en dépit d'efforts persistants, est comparativement un pauvre instrumentiste, cela montre seulement que l'un a dépensé l'effort voulu dans une vie précédente et qu'il rentre facilement en possession de son ancienne habileté, tandis que les efforts de l'autre ont commencé seulement dans la présente incarnation et, en conséquence, nous pouvons noter la difficulté de son travail. Mais si ce dernier persiste, il pourra, même dans la vie présente devenir supérieur au premier, à moins que celui-ci ne continue à faire des progrès.

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Le fait que nous ne nous rappelons pas l'effort que nous fîmes pour acquérir une certaine faculté par un travail laborieux ne tire pas à conséquence: il n'en est pas moins vrai que la faculté nous reste.

Le génie est la marque distinctive d'une âme supérieure qui, par un travail laborieux dans un grand nombre de vies passées, s'est développée dans une certaine direction, dépassant le niveau normal de la race. Il révèle en partie le degré de développement qui sera l'apanage de la Race future. L'hérédité, qui n'affecte que partiellement le corps dense et en aucune façon les qualités de l'âme, ne peut l'expliquer. Si le génie pouvait être expliqué par l'hérédité, comment se fait-il que nous ne trouvions pas une longue lignée de mécaniciens antérieurs à Thomas Edison, chacun d'eux plus habile que son prédécesseur? Pourquoi le génie ne se transmet-il pas? Pourquoi Siegfried, le fils, n'est-il pas plus grand que Richard Wagner, le père?

Dans certains cas un génie a besoin pour s'exprimer de posséder des organes d'une construction spéciale qui demandent des âges pour leur développement. L'Ego renaît alors naturellement dans une famille dont les membres ont, depuis des générations, travaillé à construire un organisme analogue. C'est pourquoi vingt-neuf musiciens plus ou moins célèbres naquirent dans la famille Bach, au cours de deux siècles et demi. Nous voyons que le génie est une manifestation de l'âme et non du corps, par le fait qu'il ne s'est pas graduellement développé, atteignant son épanouissement dans la personne de Jean-Sébastien Bach, mais que le degré d'avancement qui trouva en lui sa plus haute expression l'emportait de beaucoup sur celui de ses ancêtres et de ses descendants.

Le corps n'est qu'un instrument dont le travail dépend de l'Ego qui le guide, de même que la qualité de la mélodie dépend de l'habileté du musicien, secondée par le timbre de l'instrument. Un bon musicien ne peut donner la mesure de sa personnalité au moyen d'un pauvre instrument et, même sur un instrument donné, tous les musiciens ne jouent pas et ne peuvent pas jouer de la même manière. Qu'un Ego renaît comme fils d'un grand musicien, il ne s'ensuit pas nécessairement qu'il doit être un génie encore plus grand que son père, comme ce serait le cas si l'hérédité physique était un fait et si le génie n'était pas une qualité de l'âme.

La "Loi d'Attraction" explique d'une manière tout à fait satisfaisante des faits que nous assignons à l'hérédité. Si nous savons qu'un de nos amis se trouve dans une certaine ville et si nous ignorons son adresse, nous serons naturellement guidés par la loi d'association dans nos efforts pour le trouver. Si c'est un musicien, il est probable qu'on le rencontrera là où des musiciens ont coutume de se rassembler; si c'est un étudiant, on le cherchera dans les bibliothèques, les salles de lecture, les librairies; ou bien, si c'est un joueur, sur les champs de courses, dans les salles de jeu ou les bars. Il est peu probable que le musicien ou l'étudiant

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fréquentent ces endroits-là et on peut dire avec assurance que notre recherche du joueur ne serait pas couronnée de succès si nous le cherchions dans une bibliothèque ou bien à un concert classique.

De même, l'Ego est attiré d'ordinaire vers les associations pour lesquelles il a le plus d'affinité. La force d'Attraction - une des forces jumelles du Monde du Désir - l'y oblige.

On peut objecter à cela qu'il y a parfois dans la même famille des gens dont les goûts sont tout à fait opposés, ou même d'irréconciliables ennemis. Si la loi d'Association est réellement opérante, comment se fait-il qu'ils y soient attirés?

Pour expliquer des cas de ce genre, il faut se rappeler que, pendant les vies terrestres, l'Ego a établi des relations avec diverses personnes. Ces relations, agréables ou non, ont entraîné des obligations qui n'ont peut-être pas été liquidées sur-le-champ, ou des peines (morales ou physiques) accompagnées d'un sentiment très vif de haine entre la victime et son ennemi. La Loi des Conséquences exige un paiement exact de ce compte. La mort "ne liquide pas toutes les dettes", pas plus qu'un changement de résidence ne liquide une dette d'argent. Le moment viendra où les deux ennemis se rencontreront à nouveau. L'ancienne haine les a réunis dans une même famille, parce que l'intention de Dieu est que nous nous aimions les uns les autres; par conséquent, la haine doit être transformée en amour et, bien que les deux ennemis puissent être obligés de

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passer de nombreuses vies à se mettre ne harmonie, un moment viendra où ils auront appris la leçon et, d'ennemis, deviendront amis et échangeront leurs services. Dans des cas de ce genre, l'Intérêt que ces personnes se portaient mutuellement a mis en action la force d'Attraction et cette force les a réunies. Eussent-elles été seulement Indifférentes, elles n'auraient pas été ainsi associées.

Ainsi, les lois jumelles de Renaissance et des Conséquences résolvent d'une manière rationnelle tous les problèmes relatifs à la vie humaine, à mesure que l'homme progresse vers la nouvelle phase de son évolution - celle de Surhomme. D'après cette théorie, la marche du progrès de l'humanité l'entraîne toujours plus loin, toujours plus haut, contrairement d'ailleurs à ce que pensent ceux qui ont confondu la doctrine de Renaissance avec les enseignements absurdes de quelques tribus hindoues qui veulent que l'homme se réincarne dans des animaux ou des plantes. Ce serait là une régression. On ne peut trouver, dans la nature ou dans les livres sacrés des diverses religions, rien qui vienne à l'appui de cette doctrine de régression. Parmi les écrits religieux de l'Inde, un seul fait allusion à cette doctrine.

Dans le Kathopanishad (chap. V, verset 9), on lit: "Quelques hommes, en raison de leurs actions, retournent dans la matrice et les autres dans le "sthanu". "Sthanu" est un mot sanscrit qui signifie "sans mouvement", mais qui a aussi le sens de "pilier" et on a voulu lui donner l'interprétation que quelques hommes, en raison de leurs péchés retournent au règne végétal immobile.

Les esprits renaissent seulement pour acquérir de l'expérience, pour conquérir le monde, dompter le moi inférieur et arriver à la maîtrise de soi. Quand nous réalisons ce fait, nous comprenons qu'il vient un moment où il n'est plus nécessaire de renaître, parce que toutes les leçons ont été apprises. La doctrine du Kathopanishad indique que, au lieu de rester attaché à la roue de la naissance et de la mort, l'homme atteindra, à un certain moment, l'immobilité du "Nirvana".

Dans l'Apocalypse (3:12), nous trouvons ces mots: "Celui qui vaincra, je ferai de lui un pilier dans le temple de mon Dieu, et il n'en sortira plus"; allusion à une entière libération de l'existence concrète. Nulle autorité

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ne soutient la doctrine de la transmigration des âmes. Un homme qui a évolué au point de posséder une âme individuelle distincte ne peut faire volte-face dans son progrès et pénétrer dans le véhicule d'un animal ou d'une plante qui sont sous le contrôle d'un esprit-groupe. L'esprit individuel est supérieur en évolution à l'esprit-groupe et le plus petit ne peut contenir le plus grand.

Oliver Wendell Holmes, dans son beau poème "Le nautile emprisonné", a exprimé cette idée de progrès constant, dans des véhicules de plus en plus développés, suivi de libération finale.

Le nautile construit la spirale de sa coquille en sections distinctes, abandonnant sans cesse les plus petites, pour habiter la dernière construite.
Une année après l'autre vit le labeur silencieux
Qui étendit son enroulement lustré;
La nouvelle spire développée,
Il quitta la demeure de l'année passée pour la nouvelle,
Passa sans bruit à travers son arche brillante,
S'étira dans sa demeure nouvelle, délaissant l'ancienne.
Merci pour le message céleste que tu nous apportes,
Enfant de la mer aventureuse,
Jeté hors de son sein, abandonné!
De tes lèvres mortes jaillit une note plus claire
Que celle que Triton tira jamais de sa conque enroulée!
Pendant qu'elle résonne à mon oreille,
A travers les cavernes profondes de ma pensée, j'entends une voix qui chante:
Construis-toi des demeures plus vastes, ô mon âme!
A mesure que passent les saisons rapides,
Abandonne la voûte basse de ton passé!
Que chaque nouveau temple, plus noble que le dernier
T'abrite du ciel sous un dôme plus altier,
Jusqu'à ce qu'enfin tu sois libre,
Laissant ta coquille, devenue inutile, au bord de la mer agitée de la vie!

La nécessité à laquelle nous avons fait allusion, d'obtenir un organisme d'une nature particulière, rappelle à l'esprit une phase intéressante des deux lois de la Renaissance et des Conséquences. Leur opération est reliée au mouvement des corps célestes, du Soleil, des planètes et des signes du Zodiaque. Ils se meuvent tous en

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harmonie avec ces lois, guidés dans leurs orbites par les Intelligences spirituelles qui les habitent - les Esprits Planétaires.

En raison de la précession des équinoxes le Soleil paraît se mouvoir à reculons à travers les douze signes du Zodiaque à la vitesse d'environ un degré d'espace en 72 ans, et à travers chaque signe (de 30 degrés d'espace) en 2 100 ans à peu près, soit, autour du cercle entier en 26 000 ans environ.

Cela est dû au fait que l'axe de rotation de la Terre n'est pas fixe, mais possède un mouvement lent de balancement (analogue à celui d'une toupie qui aurait perdu son élan), de telle sorte qu'il décrit un cône circulaire dans l'espace et qu'une étoile après l'autre devient l'Etoile Polaire.

A cause de ce mouvement, le Soleil ne traverse pas l'équateur à la même place chaque année, mais plus en arrière, d'où le nom de "précession des équinoxes" donné au phénomène, parce que l'équinoxe se produit chaque année un peu plus tôt.

Tous les phénomènes terrestres, dépendant des autres corps Cosmiques et de leurs habitants, sont liés à la précession des équinoxes et à d'autres mouvements Cosmiques. Il en est de même pour les lois de la Renaissance et des Conséquences.

A mesure que le Soleil passe à travers les divers signes, dans le cours de l'année, les changements climatiques et autres affectent l'homme et son activité de diverses manières. Le passage du Soleil par précession des équinoxes à travers les douze signes du Zodiaque, c'est-à-dire l'année équinoxiale, engendre sur la terre une variété de conditions encore beaucoup plus grande. Il est nécessaire pour la croissance de l'âme qu'elle soit soumise à toutes ces conditions, conditions que nous préparons d'ailleurs pendant notre séjour dans le monde céleste. C'est pourquoi, chaque Ego naît deux fois pendant le temps que le Soleil met à traverser un signe du Zodiaque; et, comme l'âme est nécessairement bisexuelle afin d'obtenir des expériences complètes, elle renaît alternativement dans un corps masculin et dans un corps féminin, parce que les expérience d'un sexe diffèrent considérablement de celles de l'autre. De plus, les conditions

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extérieures ne sont pas très sensiblement modifiées en mille ans et, par suite, elles permettent à l'entité d'acquérir de l'expérience, dans le même milieu, tour à tour comme homme et comme femme.

Telles sont les conditions générales dans lesquelles opère la loi de la Renaissance, mais comme ce n'est pas une loi aveugle, elle est sujette à de fréquentes modifications qui sont déterminées par les Seigneurs de la Destinée, les Anges de Justice.

Le cas peut se présenter, par exemple, qu'un Ego ayant besoin d'organes spéciaux n'ait pas terminé son séjour dans le monde céleste, au moment où cette occasion se présente à lui de se réincarner dans une famille susceptible de lui fournir les organes voulus, et à laquelle il était rattaché par des relations antérieures. Si les Seigneurs de la Destinée voient qu'une semblable occasion ne se représentera pas de longtemps, ce qui prolongerait peut-être de quatre ou cinq siècles le séjour céleste de l'Ego, ils saisiront cette occasion et l'insuffisance de son repos céleste sera compensée ultérieurement. Ainsi, nous pouvons voir que non seulement les morts agissent sur nous, du Monde Céleste, mais que nous agissons aussi sur eux, en les attirant à nous ou en les repoussant. Une occasion favorable pour se procurer un instrument convenable peut amener un Ego à renaître. Si l'instrument n'avait pas été disponible, l'Ego aurait été retenu plus longtemps au ciel et la période supplémentaire aurait été déduite de ses vies célestes suivantes.

La loi des Conséquences travaille aussi en harmonie avec les astres, de telle sorte qu'un homme naît au moment où la position des planètes du système solaire offre les conditions nécessaires pour son expérience et pour son progrès dans l'école de la vie. C'est pourquoi, l'Astrologie est une science absolument vraie, bien qu'elle puisse être mal interprétée, parce que, comme tout être humain l'astrologue est faillible. Les astres montrent correctement dans la vie d'un homme quel moment les Seigneurs de la Destinée ont choisi pour la liquidation d'une dette et l'homme ne peut s'y soustraire. Oui, elles indiquent le jour exact, bien que nous ne soyons pas toujours capables de lire correctement leur message.

Un des faits les plus frappants connus de l'auteur, montrant à quel point nous sommes parfois incapables

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d'échapper au destin que marquent les étoiles, bien que le connaissant à l'avance, se passa à Los Angeles (Californie), en l'année 1906. M. L..., conférencier bien connu, avait quelques notions d'astrologie. Son propre horoscope avait été pris comme exemple, parce qu'un étudiant s'intéresse davantage à sa propre nativité. Il est, de plus, capable de vérifier l'exactitude de l'interprétation des signes qui lui est donnée. L'horoscope révéla une prédisposition aux accidents et on montra à M. L... comment les accidents et d'autres évènements du passé figuraient dans l'horoscope jusqu'à l'époque de l'événement en question. De plus, on lui dit qu'il lui arriverait un autre accident le 21 juillet suivant, ou le septième jour après, c'est-à-dire le 28, ce jour-là étant considéré comme le plus dangereux. Il fut mis en garde contre les moyens de transport de toute sorte, les blessures possibles devant se produire à la poitrine, les épaules, les bras et la partie inférieure de la tête. Il était tout à fait convaincu du danger et promit de rester chez lui ce jour-là.

L'auteur partit pour Seattle et quelques jours avant la date critique il écrivit à M. L...pour lui donner un nouvel avertissement. M. L...répondit qu'il se rappelait le conseil et qu'il agirait en conséquence.

Un ami commun nous écrivit quelque temps après que, le 28 juillet, M. L... s'étant rendu à Sierra Madre, par un tramway électrique qui était entré en collision avec un train, avait été blessé aux points du corps qu'on lui avait indiqués et que, de plus, le tendon de la jambe gauche avait été coupé.

Pourquoi M. L...qui avait entièrement foi dans la prédiction, avait-il dédaigné l'avis donné? L'explication vint trois mois plus tard, alors qu'il était suffisamment rétabli pour écrire. Il disait dans sa lettre: "J'avais pris le 28 juillet pour le 29."

L'auteur ne doute pas que c'était là un cas de destinée "mûre", impossible à éviter, et que les étoiles avaient prédit correctement.

Aussi peut-on dire des étoiles qu'elles sont "l'Horloge de la Destinée". Les douze signes du Zodiaque forment le cadran; le Soleil et les planètes, l'aiguille des heures qui indique l'année; et la Lune, l'aiguille des

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minutes, qui indique dans quel mois de l'année les divers faits, dans le compte de la destinée mûre assignée à chaque vie, doivent se manifester.

On ne saurait trop répéter cependant que, bien qu'il y ait des évènements auxquels il ne peut se soustraire, l'homme dispose d'une certaine liberté pour modifier des causes qui sont déjà en action. Un poète a dit à ce sujet:

Un navire fait voile vers l'Est et l'autre vers l'Ouest
Avec exactement les mêmes vents qui soufflent.
C'est la position de la voilure et non la tempête
Qui détermine la direction qu'ils suivent.
Semblables aux vents de la mer sont les voies du destin.
A mesure que nous voyageons à travers la vie,
C'est l'action de l'âme qui détermine le but
Et non le calme ou la tempête.
Le point à retenir est que nos actions présentes déterminent les conditions de notre future existence.

Les Chrétiens orthodoxes, et même les personnes qui ne professent aucune religion, objectent souvent contre la loi de la Renaissance qu'elle est enseignée dans l'Inde "aux païens ignorants" qui ont foi en elle. Cependant, si c'est une loi naturelle, nulle objection ne sera assez forte pour la rendre inefficace. Avant de parler de "païens ignorants" ou de leur envoyer des missionnaires. il ne serait pas inutile d'examiner un peu où nous en sommes. Les éducateurs se plaignent partout de la superficialité de leurs élèves. Le Pr. Wilbur L. Cross, de l'Université de Yale, mentionne, entre autres cas surprenants d'ignorance, que dans une classe de quarante élèves, aucun ne put dire qui était Judas Iscariote!

Il semble que les missionnaires pourraient être détournés à notre profit des contrées "païennes" et des districts pauvres pour apporter leurs lumières aux étudiants de notre propre pays. Appliquant le principe que "charité bien ordonnée commence par soi-même", "Dieu ne laissera pas périr les païens ignorants"; il vaudrait mieux les laisser dans l'ignorance, alors qu'ils sont sûrs d'aller au ciel, que de les éclairer et d'augmenter ainsi leurs chances d'aller en enfer. Vraiment, c'est le cas de dire: "Là où l'ignorance fait le bonheur, il est fou d'être

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sage." Nous rendrons un signalé service aux païens et à nous-mêmes en les laissant tranquilles et en nous occupant des Chrétiens ignorants qui sont plus près de nous.

En outre, accuser cette doctrine de paganisme, ne la réfute pas. L'antériorité supposée de son enseignement dans l'Est n'est pas plus un argument contre sa validité que l'exactitude de la solution d'un problème de mathématiques n'est mise en défaut, parce qu'il se trouve que nous n'aimons pas la personne qui l'a résolu. La seule question qu'il faille se poser est: "la solution est-elle correcte?" Si elle l'est, son origine n'a absolument aucune importance.

Toutes les autres religions n'ont été qu'un acheminement vers la religion Chrétienne. Elles étaient des Religions de Race et elles ne contiennent qu'en partie ce que le Christianisme possède dans une plus complète mesure. Le véritable Christianisme Esotérique n'a pas encore été enseigné publiquement, et il ne le sera pas avant que l'humanité soit sortie de la période de matérialisme et qu'elle soit devenue digne de le recevoir. Les Lois de la Renaissance et des Conséquences ont été enseignées secrètement de tout temps: mais sur l'Ordre direct du Christ Lui-même, ces deux lois, comme nous allons le voir, n'ont pas été enseignées publiquement dans le monde Occidental depuis deux mille ans.

LE VIN FACTEUR D'ÉVOLUTION

Pour bien comprendre le motif de cette omission et les moyens employés pour voiler ces enseignements, nous devons remonter au commencement de l'histoire de l'homme et voir comment, pour son propre bien, il a été guidé par le Grand Instructeur de l'humanité.

Dans l'enseignement de la science occulte, les phases de développement de l'humanité sur la terre sont divisées en périodes nommées "Epoques". Il y a eu quatre de ces Epoques qui sont respectivement désignées comme suit: l'Epoque Polaire, l'Epoque Hyperboréenne, l'Epoque Lémurienne et l'Epoque Atlantéenne. L'Epoque présente est appelée l'Epoque Aryenne.

Dans la première Epoque ou Epoque Polaire, les entités qui composent aujourd'hui l'humanité n'avaient

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qu'un corps dense, comme c'est le cas maintenant pour les minéraux: aussi l'homme était-il quasiment minéral.

Dans la deuxième Epoque ou Epoque Hyperboréenne, un corps vital fut ajouté, et l'homme en évolution possédait alors un corps constitué comme ceux des plantes. Il n'était pas une plante, mais il était dans une condition analogue à celle des plantes.

Dans la troisième Epoque, ou Epoque Lémurienne, il reçut son corps du désir et sa constitution était analogue à celle de l'animal actuel.

Dans la quatrième Epoque ou Epoque Atlantéenne, l'intellect fut développé, et alors l'Ego parut avec ses véhicules sur la scène de la vie physique, comme HOMME.

A présent, dans la cinquième Epoque ou Epoque Aryenne, l'homme développe jusqu'à un certain point le troisième aspect, ou aspect inférieur de son esprit triple, l'Ego.

Nous prions l'étudiant de bien se pénétrer de cette vérité sur laquelle nous ne saurions trop insister que, dans le procédé d'évolution, jusqu'au moment où l'homme arrive à la soi-conscience, absolument rien n'a été laissé au hasard.

Une fois qu'il a acquis la soi-conscience, l'homme jouit d'une certaine liberté dans l'exercice de sa volonté personnelle, afin qu'il puisse développer ses divines capacités spirituelles.

Les grands Instructeurs de l'humanité prennent toutes choses en considération, même la nourriture de l'homme. Elle tient une place importante dans son développement: "Dites-moi quelle est votre nourriture et je vous dirai qui vous êtes", n'est pas une simple maxime, mais une grande vérité de la nature.

L'homme de la première Epoque était éthéré. Ceci ne contredit pas l'affirmation qu'il était quasiment minéral, car tous les gaz sont des minéraux. La Terre, ne s'étant pas encore solidifiée, se trouvait dans un état visqueux. Dans la Bible, l'homme est appelé Adam et il y est dit qu'il était composé de terre.

Caïn est décrit comme étant agriculteur. Il symbolise l'homme de la Deuxième Epoque. Il avait un corps vital, comme les plantes dont il se nourrissait.

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Pendant la Troisième Epoque, l'homme tirait sa nourriture des animaux vivants, comme supplément à la nourriture végétale de l'époque précédente. Le lait servit à faire évoluer le corps du désir qui fit de l'humanité de ce temps une humanité animale. C'est ce que la Bible entend quand elle dit "qu'Abel était berger". Il n'est dit nulle part qu'il tuait des animaux.

Durant la Quatrième Epoque, l'homme sortit de la condition animale: il eut un intellect. La pensée détruit les cellules nerveuses; elle tue, détruit et dissout: c'est pourquoi, les Atlantéens se nourrissaient de la chair d'animaux morts. L'homme tuait pour manger, ce que la Bible exprime en disant que "Nemrod était un grand chasseur". Nemrod représente l'homme de la Quatrième Epoque.

L'homme était descendu de plus en plus profondément dans la matière. Son ancien corps éthéré avait formé le squelette intérieur et s'était solidifié. Il avait aussi perdu graduellement la perception spirituelle qu'il possédait dans les Epoques plus reculées. Il devait en être ainsi. L'homme est destiné à recouvrer cette faculté, à un degré plus élevé avec en plus la soi-conscience qu'il ne possédait pas alors. Il avait toutefois, pendant les quatre premières Epoques, une plus grande connaissance du monde spirituel. Il savait qu'il ne mourrait pas et que, lorsqu'un corps se désintégrait, c'était comme le dessèchement d'une feuille d'arbre à l'automne - un autre corps croissait à sa place. Aussi, n'appréciait-il pas à leur juste valeur les occasions et les avantages de cette vie terrestre concrète.

Mais il était nécessaire qu'il devînt tout à fait conscient de la grande importance de cette existence concrète de telle sorte qu'il lui fût possible d'apprendre d'elle toutes les leçons qu'elle comporte. Aussi longtemps qu'il fut en contact avec les mondes hyperphysiques, il savait, sans doute possible, que la vie physique n'est qu'une faible partie de l'existence réelle; il ne la prenait pas assez au sérieux. Il ne s'appliquait pas à cultiver les occasions de développement qui ne se trouvent que dans cette phase de l'existence. Il gaspillait son

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temps, sans développer les ressources du monde, comme le font aujourd'hui pour la même raison les peuples de l'Inde.

Le seul moyen d'éveiller chez l'homme une juste appréciation de l'existence physique était de le priver du souvenir de son existence supérieure spirituelle, pendant quelques incarnations. Ainsi, pendant cette vie terrestre, il ne connut positivement que la vie physique actuelle et fut ainsi poussé à la vivre sérieusement.

Avant la religion Chrétienne, d'autres religions enseignaient la doctrine de la Renaissance et la loi des Conséquences; mais cet enseignement étant venu entraver le progrès de l'homme, l'ignorance de ces lois vint à être regardé comme un signe de progrès. Cette vie terrestre devait prendre la première place. C'est pourquoi, la Religion Chrétienne n'enseigne pas publiquement les lois de la Renaissance et des Conséquences. Cependant, comme le Christianisme est la religion des Races les plus avancées, elle doit être aussi la religion la plus avancée; et, parce que cette doctrine est éliminée des enseignements publics, les races Anglo-Saxonnes et Teutoniques chez lesquelles cette phase a été poussée le plus loin, sont en train de conquérir le monde de la matière.

Comme à chaque Epoque une addition est faite ou un changement est apporté à la nourriture de l'homme, afin de l'harmoniser avec les conditions existantes et obtenir le résultat voulu, nous trouvons maintenant un nouvel élément ajouté à la nourriture des Epoques précédentes: le VIN. Il était devenu nécessaire, en raison de son effet engourdissant sur le principe spirituel de l'homme, parce qu'aucune religion n'aurait pu lui faire oublier sa nature spirituelle, et lui faire croire qu'il n'est qu'un "ver de terre" et que "la même force lui sert pour marcher et pour penser"; à vrai dire, l'intention n'avait jamais été qu'il aille aussi loin.

Jusqu'à cette époque, l'eau seule avait servi de boisson et avait été employée pour les cérémonies du Temple, mais après l'engloutissement de l'Atlantide - continent qui s'étendait jadis entre l'Europe et l'Amérique, où se trouve maintenant l'Océan Atlantique - ceux qui échappèrent à la destruction

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commencèrent à cultiver la vigne et à faire du vin, comme le raconte l'histoire biblique de Noé. Noé symbolise les survivants de l'Epoque Atlantéenne qui formèrent le noyau de la Cinquième Race: par conséquent, nos ancêtres.

Le principe actif de l'alcool est un "esprit" qui dans la Cinquième Epoque fut ajouté à la nourriture employée précédemment par l'humanité en évolution. Il agit sur l'esprit de l'homme de cette Epoque en le paralysant temporairement, afin qu'il puisse connaître, estimer et conquérir le monde physique et l'apprécier à sa juste valeur. Ainsi, l'homme oublie pour le moment sa patrie spirituelle en s'attachant à cette forme d'existence matérielle, avec la ténacité née de la conviction qu'il n'y a pas d'autre monde que celui-ci. Il en préfère tout au moins la certitude à la possibilité d'un ciel que, dans son état actuel de confusion, il ne peut comprendre.

L'eau seule avait été en usage dans les Temples, mais maintenant "Bacchus", dieu du vin, paraît et, sous son empire, les nations les plus avancées oublient la vie supérieure. Quiconque s'adonne à l'esprit trompeur du vin ou de toute autre boisson alcoolique (produit de la fermentation et de la désintégration) ne peut jamais connaître quoi que ce soit du "Moi Supérieur" - du véritable Esprit qui est la source même de la vie.

Tous ces préparatifs étaient faits en vue de l'avènement du Christ et c'est un fait extrêmement caractéristique que Son premier acte fut de changer l'eau en vin (Jean 2:2, 11).

Il enseigna secrètement la doctrine de la Renaissance à ses disciples. Il ne les instruisit pas seulement par la parole, mais il les emmena "sur la montagne", expression mystique qui veut dire "lieu d'Initiation". Au cours de l'Initiation, les disciples se rendent compte eux-mêmes que la Renaissance est un fait; car devant eux parut Elie qui, leur dit-on, est aussi Jean-Baptiste. Le Christ, en termes non équivoques, leur avait dit précédemment en parlant de Jean-Baptiste: "Cet homme est Elie qui devait venir". Il renouvelle cette affirmation au moment de la Transfiguration, en disant: "Elie est déjà venu et ils ne l'ont pas écouté, mais ils ont agit envers lui comme il leur a plu", et il est écrit plus loin "qu'ils comprirent qu'il parlait de Jean-Baptiste." (Matthieu 17:12-13). A cette occasion, et aussi au moment où la doctrine de la Renaissance fut

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discutée entre Lui et ses disciples, ils lui dirent que certains croyaient qu'il était Elie et d'autres l'un des prophètes réincarné. Il leur recommanda "de ne le dire à personne." (Matthieu 17:9; Luc 9:21). Cette doctrine devait être, pendant des milliers d'années, une doctrine secrète, connue seulement de quelques initiés qui s'étaient rendus dignes de recevoir cet enseignement en s'élevant jusqu'au degré de développement auquel ces vérités seront de nouveau connues de l'homme.

Le Christ enseigna encore la doctrine de la Renaissance lorsque ses disciples, au sujet de l'aveugle de naissance, lui demandèrent: "Qui a péché, cet homme ou bien ses parents, pour qu'il soit né aveugle?" (Jean 9:2).

Si le Christ n'avait pas enseigné la loi de la Renaissance et celle des Conséquences, Il aurait naturellement répondu: "Quelle absurdité! Comment cet homme aurait-il pu pécher avant d'être né?" Mais le Christ ne répond pas ainsi. La question ne le surprend pas; Il ne la trouve pas étrange le moins du monde; elle était donc tout à fait en harmonie avec ses enseignements. Il répond:"Ni cet homme, ni ses parents n'ont péché, mais il est aveugle pour que les oeuvres de Dieu soient manifestées en lui."

L'interprétation orthodoxe de ce passage est que l'homme était né aveugle pour permettre au Christ d'accomplir un miracle, afin qu'Il puisse montrer Son pouvoir. Quelle manière étrange de se glorifier, pour un Dieu, que de condamner capricieusement un homme à rester aveugle et misérable pendant de nombreuses années, afin qu'Il pût ensuite "montrer Son pouvoir". Nous considérerions un homme qui agirait ainsi comme un monstre de cruauté.

Il est beaucoup plus logique de penser qu'il peut y avoir une autre explication. Il est assurément déraisonnable d'imputer à Dieu une conduite que nous condamnerions dans les termes les plus vigoureux chez un homme.

Le Christ établit une différence entre le corps physiquement aveugle de l'homme et le Dieu qui l'habite et qui est le Moi supérieur.

Le corps dense n'a pas commis de péchés. Le Dieu intérieur a commis quelque action qui se manifeste par l'affliction particulière dont il souffre. Ce n'est pas forcer le sens d'un mot que d'appeler un homme un

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Dieu. Paul a dit: "Ne savez-vous pas que vous êtes des Dieux?" et il parle du corps humain comme du "temple de Dieu" (1 Corinthiens 3:16; 2 Corinthiens 6:16).

Enfin, bien qu'en général nous ne nous rappelions pas nos vies passées, certains se les rappellent, et tous ceux qui veulent mener le genre de vie qui est indispensable peuvent arriver à ce résultat. Cela demande une grande force de caractère, car le souvenir de nos vies passées entraîne avec lui la connaissance de nos dettes à payer dans l'avenir, destin peut-être menaçant, présage d'un affreux désastre. La nature nous a caché le passé et l'avenir, afin que nous ne soyons pas privés de notre paix intérieure en souffrant, par anticipation, des maux qui nous sont réservés. A mesure que nous acquérons un plus grand développement, nous apprenons à accepter tous les évènements avec égalité d'âme. Nous voyons dans toute difficulté le résultat du mal passé et sommes reconnaissants que les obligations qui en résultent annulent celui-ci, diminuant ainsi ce qui nous incombe encore et nous rapprochant du jour où nous serons libérés de la roue de la naissance et de la mort.

Quand une personne meurt pendant l'enfance, elle se rappelle parfois cette vie dans son incarnation suivante, parce que les enfants de moins de 14 ans ne font pas le tour complet du cycle de la vie qui rend nécessaire la construction d'une série complète de nouveaux véhicules. Ils passent seulement dans les Régions supérieures du Monde du Désir et là ils attendent une nouvelle incarnation qui a lieu habituellement d'un à vingt ans après la mort. Quand ils se réincarnent, ils apportent avec eux l'ancien intellect et l'ancien corps du désir et si nous notions ce que racontent les enfants nous pourrions souvent découvrir des histoires telles que la suivante.

UNE HISTOIRE REMARQUABLE

A Santa Barbara (Californie), un certain M. Roberts vint un jour trouver un clairvoyant qui était également conférencier théosophe et lui demanda son aide au sujet d'un cas bizarre. M. Roberts passait dans la rue, le jour précédent, quand une petite fille de 3 ans vint à lui en l'appelant papa. M. Roberts fut tout d'abord

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indigné, car il pensait que quelqu'un voulait le faire passer pour le père de l'enfant. Mais la mère de celle-ci, qui la suivait immédiatement, se trouva très déconcertée et essaya de l'entraîner. Mais l'enfant continua à s'attacher à M. Roberts, affirmant qu'il était bien son père. En raison de circonstances dont parlerons plus tard, M. Roberts ne pouvait parvenir à oublier cet incident et il alla voir le clairvoyant qui l'accompagna jusqu'à la maison des parents de l'enfant; elle-ci courut immédiatement à sa rencontre en l'appelant de nouveau papa. Le clairvoyant, que nous appellerons M. X...amena d'abord l'enfant auprès d'une fenêtre pour voir si l'iris de l'oeil se dilatait et se contractait, quand il la tournait vers la lumière, puis vers l'ombre, afin de se rendre compte s'il n'avait pas affaire à un cas d'obsession, car l'oeil est le miroir de l'âme et il n'y a pas d'entité "obsédante" qui puisse contrôler cette partie du corps. Toutefois, M. X...trouva que l'enfant était normale et il se mit à la questionner avec soin. Après un travail patient, repris à plusieurs intervalles dans le courant de l'après-midi pour ne pas fatiguer la petite fille, voici l'histoire qu'elle raconta:

Elle avait vécu avec son papa, M. Roberts, et une autre maman dans une petite maison tout à fait isolée, d'où on ne pouvait voir aucune autre maison; près de là passait un petit ruisseau au bord duquel croissaient des fleurs (et à ce moment-là elle courut au dehors et rapporta quelques "chatons de saule") et il y avait une planche en travers du ruisseau qu'on lui avait recommandé de ne pas traverser de peur qu'elle y tombât.

Un jour, son papa les avait quittées, sa mère et elle, et n'était pas revenu. Quand leurs provisions furent épuisées, sa maman se coucha sur le lit et devint très tranquille. Enfin, elle dit gentiment: "Alors je mourus aussi, mais je ne mourus pas. Je vins ici."

Après cela, M. Roberts raconta son histoire. Dix-huit ans auparavant, il habitait Londres, où son père était brasseur. Il devint amoureux d'une servante. Son père s'opposant au mariage, il s'enfuit avec elle en Australie, après l'avoir épousée. Une fois là, il se rendit dans la jungle et défricha un coin de terrain pour y établir une petite ferme, près d'un ruisseau, ainsi que la petite fille l'avait décrit. Une fille naquit. Elle avait

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environ 2 ans lorsqu'un matin il quitta la maison et se rendit à une clairière voisine où un homme, fusil en main, l'arrêta au nom de la loi, pour un vol commis dans une banque pendant la nuit où M.R...avait quitté l'Angleterre. La police avait suivi ses traces jusque-là, pensant qu'il était bien le criminel. M.R...implora la permission d'aller voir sa femme et son enfant mais, supposant que c'était une ruse pour le faire tomber aux mains de ses complices, le policier refusa et l'emmena jusqu'à la côte. Il fut ramené en Angleterre, jugé et reconnu innocent.

Alors seulement les autorités firent attention à ce qu'il disait de sa femme et de sa fille, qui devaient mourir de faim dans cette partie sauvage et isolée du pays.

On envoya une expédition à la ferme dans laquelle on ne retrouva que les squelettes de la femme et de l'enfant. Sur ces entrefaites, le père de M.R... était mort et, bien qu'il l'eût déshérité, ses frères partagèrent avec lui et, le coeur brisé, il vint en Amérique.

M.R...montra alors des portraits de sa femme et de lui-même et, sur la suggestion de M. X..., les mêla avec un certain nombre d'autres portraits et les montra à la petite fille; celle-ci désigna sans hésiter les photographies des deux personnes qu'elle affirma être ses parents.


FIN DE LA PARTIE 1/3


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