Tapihritsa |
LE PANTHÉON DU BÖN ET L'IMPLICATION RELIGIEUSE
John Myrdhin Reynolds
(Lama Vajranatha)
Le panthéon du Bön contient un grand nombre de déités. Chaque cycle tantrique de rituels du canon bönpo comporte son propre ensemble de divinités, ses propres méthodes de visualisation et de culte. Une classification divise les déités en trois groupes distincts: les Paisibles (zhi-ba), les Courroucées (khro-bo) et les Féroces (phur-pa). La cosmogonie bönpo décrit également des groupes de déités de Lumière et d'Obscurité. Les déités du plus haut rang sont Kuntu Zangpo (Kun-tu bzang-po), le Bonku (bon-sku), Shenlha Odkar (gShen-lha 'od- dkar), le Dzogku (rdzogs-sku: Sphère Parfaite), et Tonpa Shenrab, le Tulku (sprul-sku) qui est l'enseignant (sTon-pa) de l'ère présente. La déité féminine la plus importante est Jamma (Byams-ma), la "Mère Aimante", aussi appelée Satrig Ersang (Sa-trig er-sangs). Il y a des ensembles de 1000 Bouddhas et des Bouddhas des Trois Temps (passé, présent et futur). Parmi les déités gardiennes connues comme les protecteurs du Mot (bKa-skyong), les plus importantes sont Sidpa Gyalmo (Srid-pa'i Gyal-mo) Reine de l'Existence, la gardienne féminine des enseignements bönpos, Midu ou Midud Jampa Trago (Mi-bdud 'byams-pa khrag-mgo) le gardien masculin du monastère de Menri et Tsangod Hurpa (bTsan-rgod hur-pa). La division plus générale des déités est celle qui distingue les dieux supra-mondains des plus hautes sphères ('Jig-rten las' das-pa'i lha) des demi-dieux et déités mineures qui restent actives dans le monde ('Jig-rten pa'i lha). Toute une foule de dieux de la montagne appartient à ce dernier groupe, ainsi que les dieux locaux (Sa-bdag), les démons (gNyen), les démones (Ma-mo) et autres esprits tels que les 'Dre, Sri, kLu, etc.
L'implication religieuse
La vie religieuse chez les Bönpos peut prendre différentes formes variées. ici, nous examinerons brièvement les traditions de vie monastique, les Nagpas, le Dzogchen et le Chod.
La vie monastique
La voie la plus noble pour pratiquer la religion est la prise de vœux; une personne laïque peut atteindre la perfection, mais c'est la vie monastique qui offre la meilleure opportunité d'atteindre les plus hauts niveaux. En fait, au fil des siècles, la vie monastique a formé une part essentielle de la religion religion.
Il y a quatre grades de vœux religieux, deux grades inférieurs appelés nyene (bsNyen-gnas) et genyen (dge-bsnyen) qui sont pris normalement par des laïques voulant pratiquer la religion d'une façon plus parfaite et deux grades supérieurs. Quand les vœux sont pris par des moines, ils sont considérés comme formant une étape initiale de la vie religieuse. Ces vœux peuvent être pris pour une période temporelle. Les deux grades supérieurs sont appelés tsangsug (gtsang-gtsug) et s'appliquent en recevant l'initiation monastique (rab-byung): ils sont constitués de 25 vœux, et drangsong (drang-srong), qui s'appliquent lors de l'ordination complète; ils sont constitués de 250 vœux. Les nonnes prennent 360 vœux.
Les Nagpas
Les Bönpos sont aussi connus pour la tradition des Nagpas (sNgags Pa) reconnaissables à leur longue chevelure dénouée. Les Nagpas sont des pratiquants laïques qui ont pris les vœux genyen de refuge; les Nagpas genyen pratiquent principalement les tantras.
Il existe quatre lignées de Nagpas avec pour chacune la pratique d'un yidam particulier qui a été passée de génération en génération dans une famille. Or, n'importe quel homme peut choisir de devenir un Nagpa et prendre les vœux appropriés. Bien qu'un Nagpa puisse se marier, avoir des enfants et travailler, il doit s'organiser pour faire des retraites et exécuter des rituels quand les villageois le lui demandent.
Alors que les Nagpas peuvent exécuter plusieurs types de rituels, ils sont surtout connus pour les rituels de naissance, de mariage les rituels funéraires aussi, les divinations, et les rituels de pacification des fantômes et esprits de la nature. Typiquement, les Nagpas vivent en famille dans les villages, mais plusieurs Nagpas se rassemblent aussi avec les Bönpos car ils sont l'équivalent d'un monastère.
Le Dzogchen
La pratique spéciale la plus estimée est celle des traditions du Dzogchen (rDzogs-chen, 'Grande Perfection').
Il en existe quatre méthodes ou courants, connus collectivement comme A-Dzog-Nyangyud, c'est-à-dire: l' Atri (A-khrid), l'enseignement sur le A fondé au 11è siècle par Dampa Meu Gongjad Ritro Chenpo (1038-1096); le Dzogchen, fondé en 1088 par le tertön Zhoton Nogrub Dragpa (gZhod-ston dNgos-grub Grags-pa); la transmission orale du Shang Shoung: Zhang zhung sNyan-rgyud, et le Yeti tasel, une lignée dérivée de Tonpa Shenrab, qui a traversé l'Inde puis a été traduite du Sanskrit en ShangShoung-pa.
Le Zhang zhung sNyan-rgyud est la tradition Dzogchen la plus ancienne et la plus importante, ainsi que le sytème de méditation bönpo le plus ancien. Les trois autres méthodes sont basés sur des textes redécouverts (terma), la troisième est une tradition orale transmise par toute une lignée ininterrompue de maîtres.
Le cycle des enseignements du Zhang-zhung Nyangyud a été mis par écrit au 8è siècle par le maître Gyerphung Nangzher Lodpo, le premier disciple de Tapihritsa qui représente tous les maîtres de la lignée.
Le Chod
Un autre système de méditation est important, celui du Chod (gCod), "la coupe de l'ego" qui est autant exécuté par les pratiquants laïcs, les Nagpas que par les moines et nonnes. Les buts du Chod sont de générer la générosité, de dissiper la peur et de dépasser l'attachement.