N E H A L E N N I A
DÉESSE GERMANIQUE DE LA MER
(Troisième partie)
1° Introduction de Leif Aegir Thorsson
2° "L'Age du Bronze" de Frédéric de Rougemont (chapitres consacrés à Nehalennia)
INTRODUCTION
L’historien suisse Frédéric de Rougemont, dans son « Age du Bronze », cerne l’identité et les fonctions de Nehalennia par comparaisons avec les déesses Nerthus et Isis (citées par Tacite dans « De Germania »), ainsi qu’avec la déesse Eisen également présente dans la sphère religieuse de la Germanie antique.
Il n’est pas invraisemblable de penser que Nerthus, Isis, Eisen et Nehalennia soient une seule et même entité, officiant dans le panthéon germanique sous des noms différents, mais cette hypothèse – qui semble recevoir les faveurs de Rougemont – ne me semble pas définitivement démontrée.
(Isis serait ici une « déesse d’importation », son culte ayant pris cours en Egypte, mais le fait que Tacite relève sa présence en Germanie… ne prouve en rien qu’elle soit bien cette Isis née sur les bords du Nil. Les auteurs romains ou grecs de l’Antiquité nous ont habitués à des identifications de divinités « étrangères » effectuées selon les caractéristiques de leurs propres divinités ; Jules César lui-même, dans « La Guerre des Gaules », ne procède pas autrement : il cite les principaux dieux gaulois en leur attribuant – par esprit d’analogie… et sans doute aussi de grande tolérance – les noms des divinités romaines « correspondantes »).
Dans l’exposé de Rougemont, les lecteurs belges relèveront le passage consacré à la présence de Nehalennia à Nivelles, dans la province du Brabant wallon.
Notons aussi que, toujours en ce qui concerne la Belgique, les « Publications de Luxembourg », t. XV, 1839, page 185, ainsi que le « Messager des Sciences historiques » (édition de 1873), signalent que « le culte de Nehalennia a laissé des traces à Arlon, à Géromont et à Saint-Hubert »… Il convient cependant d’aborder cette information avec prudence : une certaine confusion existe parfois en ce qui concerne l’identification des divinités celtes ou germaniques ; et j’en prendrai pour exemple le cas de cette statuette représentant une « déesse » qui monte en amazone un sanglier – découverte selon les uns à Margut dans le département des Ardennes françaises, ou dans le Jura selon d’autres -, « déesse » qui a été identifiée par certains comme étant Arduinna, déesse ardennaise, alors qu’elle pourrait fort bien être la déesse Freya montant le sanglier Hildisvini, selon d’autres historiens…
Leif Aegir Thorsson
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