THORSSON Nehalennia - Déesse de la mer (1ère partie - Thorsson & Pougens)


Nehalennia en son temple de Colijnsplaat (Pays-Bas)
(Photo Leif Aegir Thorsson)


N E H A L E N N I A 

DÉESSE GERMANIQUE DE LA MER


(Première partie - 1/6)



1° Introduction de Leif Aegir Thorsson

2° "Doutes et conjectures sur la déesse Nehalennia" de Charles Pougens



INTRODUCTION

Le « Dictionnaire de la Mythologie Germano-Scandinave », de Rudolf Simek, nous signale que Nehalennia est une déesse germanique de la fécondité, de la navigation et de la mort; elle serait aussi une représentation symbolique de la lune. Ses attributs sont une corbeille de pommes, un bateau à rames, et elle est accompagnée d’un chien. On suppose, en tout cas, qu’elle protégeait marins et navigateurs.

Est-elle cette déesse Nerthus citée par Tacite dans son « De Germania » ? La question a été posée, mais n’a pas encore reçu de réponse définitive. Certains historiens affirment, pour leur part, que Nehalennia était une déesse locale, supposition sans doute contredite par sa présence relevée en Allemagne. Le Révérend Père Martin, quant à lui (in "La Religion des Gaulois"), pense retrouver la trace de Nehalennia en France, à l'Ile de Sein, et même à Nîmes. En Belgique, la présence de Nehalennia aurait été relevée à Arlon et à Saint-Hubert (in "Messager des Sciences Historiques", édition de 1873), Toujours pour la Belgique, l'historien suisse Frédéric de Rougemont  signale, dans son "Age du Bronze", que la ville de Nivelles, anciennement Niella, en province de Brabant, doit son nom à Nehalennia; Rougemont ajoute qu'on y célébrait son culte en promenant dans la ville un char portant un bateau. Ces derniers éléments seront exposés de manière plus circonstanciée dans les suites du présent article (voir fin de page).

Le chien de Nehalennia peut faire penser à Garmr, peu cité dans la mythologie germano-scandinave, mais qui serait une transposition du loup Fenrir, dont on sait le rôle au cours du Ragnarök, notamment. Il pourrait être une sorte de « cousin » symbolique du Cerbère de la mythologie grecque.

La corbeille de fruits pourrait faire penser aux Pommes d’Idunn, ces pommes offertes aux dieux pour assurer leur longévité.

Le bateau à rames rapprocherait effectivement Nehalennia de Nerthus. Mais il pourrait aussi signifier que la déesse est une « étrangère » : aux temps du paganisme, les dieux ou déesses étrangers qui « s’implantaient » dans une contrée, étaient souvent accompagnés d’un bateau; est-ce alors Isis (également déesse « lunaire », identifiée à Séléné par les Grecs), dont Tacite, encore, atteste la présence en Germanie ?

Les écrits de l’Antiquité et du Moyen-Age – ceux, du moins, parvenus en notre possession – ne font aucune mention de Nehalennia. C’est en 1647 qu’elle resurgit : cette année-là, une forte tempête érode les dunes d’une localité côtière des Pays-Bas, Domburg, laissant apparaître des autels votifs dédiés à Nehalennia, qui datent approximativement du IIIème siècle de notre ère.

(Domburg est située en Zélande, à l’ouest de la presqu’île de Walcheren. Les éléments découverts en 1647 sont présentés au Zeeuws Museum de Middelburg, à une vingtaine de kilomètres de Domburg ; ainsi qu’au Musée Royal d’Art et d’Histoire de Bruxelles. Les découvertes ultérieures, notamment celles de Colijnplaats, sont disposées au Rijksmuseum van Oudheden à Leiden, aux Pays-Bas).

D’autres statues et inscriptions votives seront également découvertes dans la région de Cologne, en Allemagne. On retrouve également des traces de la déesse en France, à l'Ile de Sein notamment (voir le second article consacré à Nehalennia). 

En 1970, dans l'Oosterschelde, au nord de la presqu'île de Walcheren, des pêcheurs néerlandais remontent dans leurs filets une antique représentation de la déesse et diverses pièces votives (d'autres découvertes du même type seront d'ailleurs faites dans les années suivantes, dans les mêmes lieux). Ces découvertes provoquent un engouement tel qu’il est décidé de bâtir un temple, pour y installer Nehalennia, pour "l’honorer" à nouveau.

Ce temple est une réplique probable de celui qu’occupait Nehalennia dans la ville engloutie de Ganuanta, toute proche du lieu de cette « pêche miraculeuse ». Il a été inauguré en 2005 à Colijnsplaat, en Zélande toujours et proche également de Ganuanta, dans cette province hollandaise où le souvenir de la déesse se perpétue à travers un nom, « Neeltje Jans », que l’on retrouve attribué à divers lieux-dits de la région.

Le texte qui suit, « Doutes et conjectures sur la déesse Nehalennia » de Charles Pougens, traite plus abondamment de la « personnalité » de cette figure mythique.


Leif Aegir Thorsson

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Temple de Nehalennia à Colijnsplaat, érigé en 2005
(Photo Leif Aegir Thorsson)

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