RITUEL DE LA FRACTION DU PAIN
Jules Doinel
Les Parfaits étant réunis, les femmes la tête couverte d’un voile blanc et les hommes ceints d’un cordon blanc, s’agenouillent et reçoivent la bénédiction de Sa Seigneurie, l’évêque. Puis ils se relèvent et le choeur chante le cantique :
Beati, vos Æones
Vera vita vividi ;
Vos Emanationes
Pleromatis lucidi ;
Adeste visiones
Stolis albis candidi.
Sur la table drapée de lin, l’Évangile de Jean repose entre les deux flambeaux. L’évêque et le diacre et la diaconesse assistants sont debout devant la table. Une fois le cantique achevé, Sa Seigneurie récite le Pater Noster, en grec :
Pater hêmôn ho en tois ouranois :
Hagiasthêtô to onoma sou ;
Elthetô hê basileia sou ;
Genêthêtô to thelêma sou,
Hôs en ouranôi kai epi gês ;
Ton arton hêmôn ton epiousion dos hêmin sêmeron ;
Kai aphes hêmin ta opheilêmata hêmôn,
Hôs kai hêmeis aphêkamen tois opheiletais hêmôn ;
Kai mê eisenenkêis hêmas eis peirasmon,
Alla hrusai hêmas apo tou ponêrou.
Hoti sou estin hê basileia,
Kai hê dynamis, kai hê doxa,
Eis tous aiônas. Amên.
L’Assemblée répond :
Amen.
Le diacre présente la coupe et le pain à l’évêque. Le Prélat, revêtu de l’étole (quand sa grâce le Patriarche officie, il est couvert du très auguste Pallium), élève les mains sur les espèces en disant :
Eon Jesus prisquam pateretur mystice,
accepit panem et vinum in stancias
et venerabiles manus suas, et,
elevatis oculis in coelum, fregit (l’évêque rompt le pain),
benedixit (l’évêque forme le Tau sur le pain et la coupe)
et dedit discipulis uais, dicens (tout le monde se prosterne)
Accipite et manducate et bibit omnes !
Le diacre portant le plateau et la diaconesse portant la coupe précèdent Sa Seigneurie qui s’avance vers les Parfaits. L’orgue joue une marche religieuse et lente.
L’évêque, prenant le pain, l’élève au-dessus de l’assemblée en disant :
Touto estin to soma pneumatikon tou Christou.
Puis il repose le pain sur le plateau, s’agenouille et adore.
Il se relève, prend la coupe et l’élève en disant :
Calix meus inebrians quàm proeclaus est !
Calicem Salutaris accipiam et nomen Domini invocabo.
Il s’agenouille et adore.
Il se relève, rompt un fragment du corps spirituel de Jésus et le mange. Il boit à la coupe du sang.
Pause. Orgues.
Il s’avance ensuite vers chaque Parfait et tend le pain et la coupe à chacun.
Silence. Orgues. Adoration.
De retour à l’autel, l’évêque étendant les mains dit :
Que la grâce du très saint Plérôme soit toujours avec vous !
Les restes des espèces consacrées sont brûlés sur un réchaud, car le corps pneumatique du Seigneur ne doit pas être profané.
Après quoi, Sa Seigneurie donne la bénédiction gnostique et se retire entre les deux assistants qui portent les flambeaux.