SEPT TRAITÉS OU CHAPITRES DORÉS
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Hermès Trimégiste*
Es histoires des choses divines nous lisons qu’il y a eu trois grands personnages appelés Hermès. Le premier a été Enoch, devant le déluge, qui fut transporté au Ciel, accompagné des Anges, dans un chariot de feu. Le second a été Noé, qui se sauva au déluge dans l’Arche, par le commandement de Dieu : car l’un et l’autre a été appelé Hermès, et Mercure pour les distinguer de cet Hermès, qui régna en Egypte après le déluge : car ce troisième a été un excellent homme, qui orné du bandeau Royal, a régné longtemps en Egypte, et fut appelé trois fois grand à cause de sa triple vertu : car on dit qu’il fut Roi des Philosophes et Prophète, lequel aussi on dit avoir été inventeur de toute discipline libérale et mécanique : Geber Roi des Perses l’appelle Prince, et Albert le grand dit que ce fut Alexandre le Grand, on dit qu’en son sépulcre furent trouvés tous les métaux et minéraux du monde, écrit en table Smaragdine, les uns l’appellent Prince, les autres, père de tous les Philosophes : car tous ceux qui ont suivi la vertu l’ont imité. Nous n’avons pas entrepris de célébrer tous les actes et gestes admirables de ce grand homme ; car notre petit esprit n’y suffirai pas. Nous avons pourtant voulu faire mention de sa mémoire au prologue de ce livre, à raison qu’il n’a pas seulement été auteur de ce livre, mais aussi de cette science. Car qui, lisant ce livre, rempli de toute divinité saura accommoder son sens comme il convient, trouvera le moyen de l’un et l’autre Testament. Or en ce présent discours, celui qui aura bon entendement connaîtra clairement de quoi cette œuvre, et secret admirable est composé. Hermès et plusieurs auteurs qui l’ont imité au livre de la transmutation des substances, parlent ainsi : Hermès dit que l’Alchimie est une substance corporelle composée d’un, et par un conjoingnante les principales choses par l’effet et consanguinité, et par une commixtion naturelle changeante en un meilleur genre. Et nous l’ensuivant, nous montrerons ceci clairement à celui qui sera sage. Et quand à moi, encore que je sois peu versé en la langue Latine, et que mon esprit soit petit, j’ai taché de traduire de la langue Arabique en la Latine ces sept traités d’Hermès appelés triple pour la sagesse, lesquels pource qui est de l’art, et pratique sont cachés en tous les livres des Sages aux ignorants.
CHAPITRE I.
Hermès dit, en un si long âge je n’ai point cessé de faire des expériences, et n’ai point cessé de travailler. J’ai connu cette science par mon seul travail et seule inspiration de Dieu qui lui a plu de me révéler à moi son serviteur. Mais il a seulement donné la grâce d’en bien juger aux personnes sages et raisonnables, et n’a jamais donné occasion à personne de pécher et faire le mal. Quant à moi, j’aurai caché cette science, si je ne craignais le jour du Jugement ou la damnation de mon âme, je ne découvrirais rien de cette science, et ne la révélerais à personne. Or j’ai voulu rendre ce que je devais aux fidèles, déclarant comme celui qui est l’auteur de toute fidélité me l’a daigné révéler.
Ecoutez, fils des sages anciens Philosophes, la science des quatre Eléments non corporellement ou imprudemment, qui sont patients par leurs raisons, et leur opération est occulte, car rien n’agit s’il n’est composé, car il ne se parfait point que premièrement toutes ses couleurs ne passent.
Sachez enfants des sages, qu’il y a une division de l’eau des anciens philosophes qui la divise en quatre autres, une en deux, et trois en un, desquelles la troisième partie appartient à la couleur, savoir à l’humeur qui le coagule, or les deux tiers de l’eau, qui sont les poids des sages. Prenez de l’humeur une once et demie, et de la rougeur méridionale, c’est à dire de l’âme du Soleil la quatrième partie, c’est à dire une demi-once, et du mercure citrin semblablement une once et demie, et une demie de l’orpiment qui font huit, c’est à dire trois onces. Sachez que la vigne des Sages se tire en trois choses, et que son vin se parfait à la fin de trente. Entendez donc l’opération. La décoction le diminue, la teinture l’augmente, car la Lune se diminue après quinze jours, et elle s’augmente au troisième, c’est donc la le commencement et la fin. Voilà que je vous ai dit ce qui avait été scellé, car l’œuvre est avec vous, et chez vous, laquelle vous pouvez avoir le recevant intérieurement et permanent en terre ou en mer. Conservez donc le vif argent, lequel est aux intimes cabinets esquels il a été coagulé, car c’est l’argent vif qui se dit être du résidu de la terre. Qui entend donc maintenant mes paroles, qui le demande à celui qui ne justifie les œuvres d’aucun malfaiteur, et ne prive aucun bienfaiteur du loyer de ses bonnes œuvres, parce que j’ai découvert tout ce qui a été scellé de cette science et déclaré un grand secret à ceux qui ont de l’entendement.
Sachez donc vous autres inquisiteurs des bruits secrets, et fils des Sages, que le vautour qui est dessus la montagne crie à haute voix, je suis le blanc du noir, et le rouge du blanc, le citrin du rouge, et certainement je suis véritable, et sachez que le chef de l’œuvre est le corbeau, qui en sa noirceur de la nuit et clarté du jour vole sans ailes, la coloration se tire de l’amertume qui est en sa gorge, la rougeur sort de son corps, et de son dos on tire une vraie eau.
Entendez le donc, et recevez le donc de Dieu, et le sceller à tous les ignorants, il est caché aux cavernes des métaux lui qui est une pierre vénérable, une couleur splendide, et large mer. Voilà je le vous ai exposé, rendez grâces à Dieu qui vous a appris cette science, car il aime les reconnaissants.
Mettez le donc en feu humide, et le faites cuire, lequel feu augmente la chaleur de l’humeur, et tue la sécheresse de l’incombustion jusqu’à ce que la racine apparaisse, puis tirez d’icelui la rougeur et la partie légère jusqu’à ce que la troisième partie demeure.
Sachez fils, des Sages, que pour cette raison les Philosophes ont été appelés envieux, non pas qu’ils envient aux gens de biens, Religieux, légitimes, ou sages, mais aux ignorants vicieux, qui n’ont aucune loi ou douceur, de peur qu’ils ne soient trop puissants pour commettre méchancetés, et par ce moyen les Philosophes rendent compte à Dieu ; car tous les méchants sont indignes de sagesse.
Sachez que je nomme cette pierre par son nom, car ils l’ont appelé la femelle de la Magnésie, poule, salive blanche, lait du volatil, et cendre incombustible, afin qu’ils le scellassent à ceux qui sont ignorants, et qui n’ont aucune loi ou douceur, que j’ai néanmoins nommé aux Sages par un nom connu, parce que c’est la pierre des Sages. Conservez donc en icelui la mer, le feu, et la volatil du Ciel au moment de sa sortie.
Or je vous prie, tous fils des Philosophes, par notre bienfaiteur qui vous donne l’honneur de sa grâce, que vous ne veuillez déclarer son nom à aucun ignorant étourdi, et inepte. Personne ne m’a rien donné que je ne lui ai rendu ce qu’il m’avait donné, et je n’ai cessé de l’honorer, et en icelui j’ai mis une bonne signification. Mon fils, cette pierre est environnée, de plusieurs couleurs, et est née en une couleur, connais le, et le scelles, par icelui, avec la grâce de Dieu, vous chasserez de vous toutes grandes maladies, tristesse, tout dommage et angoisses : par son moyen vous viendrez des ténèbres à la lumière, des déserts à l’habitation, et de l’affliction à la joie.
CHAPITRE II.
Mon fils je vous avertis pardessus toutes choses de craindre Dieu, vers lequel est tout l’effort de votre disposition, et l’union de toutes choses séparées. Mon fils raisonnez sur tout ce que vous entendez, car je ne crois pas que vous soyez privé de raison et ignorant : c’est pourquoi recevez mes exhortations, et méditez et établissez votre cœur de la même façon que si vous étiez l’auteur des exhortations, car se celui qui est de nature chaude, se fait froid, il n’en recevra aucun dommage : semblablement que celui qui use de raison chasse de soi toute l’ignorance de peur qu’il ne soit trompé sans y penser. Mon fils, prenez le volatil qui vole, submergez-le et le divisez, tirez et chassez de lui sa couleur qui le tue, à ce qu’il soit fait vif, et qu’il vous réponde, ne volant point par les régions, mais qu’il contienne appertement ce qui vole, car si vous le tirez de l’affliction, après l’affliction dans les jours qui vous sont connus, vous serez Roi par raison, il vous sera un compagnon convenable, et vous serez décoré par icelui.
Mon fils, tirez du rayon son ombre et ordure, parce que les mers surnagent au-dessus de lui, le gâtent, et l’empêchent de sa lumière, parce qu’il est brûlé par l’affliction et sa rougeur. Mon fils, prenez cette rougeur corrompue par l’eau, comme le feu en est le porteur, qui est cendre vive, laquelle si vous ôtez toujours de lui jusqu’à ce que la rougeur vous soit purifiée, vous avez une compagnie par laquelle il est échauffé, et en laquelle il repose.
Mon fils, rendez à l’eau le charbon éteint par les trente jours que vous connaissez, c’est pourquoi vous êtes Roi couronné, reposant sur le puits de l’orpiment qui n’a point d’humeur. J’ai maintenant réjoui les cœurs des écoutants qui espèrent en toi, et les yeux qui te regardent par l’espérance de ce que tu contiens.
Mon fils, sache que l’eau était auparavant en l’air, puis en la terre, rendez-la aussi aux Supérieurs, changez-la discrètement par ses conduits, puis conjoignez-la échersement à son esprit rouge assemblé.
Sachez, mon fils, que notre terre est un onguent, soufre, orpiment, feu, et colcothar qui est Mercure, orpiment, soufre, et semblables choses desquelles chacun est plus vil que l’autre, auquel se trouve diversité, desquels aussi est l’onguent de colle, qui est cheveux, ongles, et soufres, desquels aussi est l’huile de pierre et cervelle qui est orpiment, desquels est encore l’ongle des chats qui est Mercure, desquels est encore l’onguent des blancs et l’onguent de deux argents vif Orientaux qui cherchent les soufres, et contiennent les corps.
Je dis, que le soufre teint et fixe, et est contenu, et est par la connexion des teintures, or les onguents contenus dans le corps, teignent et fuient qui sont contenu dans le corps qui est la conjonction des fuitifs et le poids ou soufre alumineux, qui contiennent le fugitif.
Mon fils, la disposition recherchée par les Philosophes est unique en notre œuf, ce qui ne se trouve point en l’œuf de la poule, et de peur que dans l’œuf ne soit éteinte une si grande sagesse divine de la poule, sa composition est faites des quatre Eléments.
Sachez mon fils, que dans l’œuf de la poule il y a un grand aide et une grande proximité en la nature, car en icelui est la spiritualité et la comparaison des Eléments et la terre de sa nature est l’or.
Le fils dit à Hermès, quels sont les soufres convenables à notre œuvre, célestes ou terrestres ? Hermès répond, les uns sont célestes les autres terrestres. Le fils. Mon père, je pense que le cœur ès choses supérieures est le Ciel, et ès inférieur la terre. Le père. Il n’en est pas ainsi, mais le mâle est le Ciel de la femelle, et la femelle la terre du mâle. Le fils. Mon père, lequel des deux est le plus digne d’être Ciel ou d’être terre ? Hermès répond, ils ont besoin l’un de l’autre, car la médiocrité est commandée par les préceptes, comme si vous disiez : Le sage commande à tous les hommes : car le médiocre est meilleur, parce que toute la nature s’unit, comme accompagne sa nature, nous avons trouvé que la médiocrité s’unit à la vertu de la sagesse. Le fils. Mon père, laquelle de ces choses est le médiocre. Le père, de chacune trois, sont deux. Premièrement l’eau est utile, en après l’onguent et au-dessous demeure l’ordure. Le dragon demeure en toutes ces choses, et sa noirceur est en iceux, et par icelle il monte en l’air, parce qu’il est leur Ciel de son Orient, mais quand la fumée demeure en icelle, ils ne sont point perpétuelles, mais ôtez la fumée de l’eau, et de l’onguent la noirceur et des fèces la mort, et la dissolution étant faite, vous triompherez, par le don duquel les possesseurs vivent. Sachez, mon fils, que l’onguent médiocre, qui est le feu, est le milieu entre l’ordure et l’eau, et le scrutateur de l’eau, parce qu’ils sont appelés onguent et soulphre, il y a une très étroite proximité, parce que comme le feu monte, ainsi monte aussi le soulphre.
Sachez mon fils, que toutes les sagesses qui sont au monde sont sujettes à cette mienne sagesse. En ces admirables Eléments cachés, les arts sont casuels. Il faut donc que celui qui veut être introduit en cette notre sagesse cachée, chasse de soi le vice d’arrogance, et qu’il soit pieux et homme de bien, et excellent esprit, aimant son prochain d’une face joyeuse, courtois et fidèle gardien des ses secrets.
Et sachez cela, mon fils, si vous savez mortifier et introduire la génération, vivifier les esprits, les mondifier, et introduire la lumière jusqu’à ce qu’ils soient combattus, colorés et purifiés de leurs taches et ténèbres, vous ne savez rien, et ne parferez rien : que si vous savez cela, vous serez élevé à une très grande dignité, de sorte que les Rois même vous révéreront. Mon fils, il nous faut conserver ces sciences, et les sceller à tous les méchants et ignorants.
Et sachez, mon fils, que notre pierre est composée de plusieurs choses, et diverses couleurs des quatre Eléments qu’il nous faut diviser et couper par pièce, et séparer leurs membres, mortifier en partie la nature qui est en icelle, conserver le feu et l’eau qui habite en elle, et est composé des quatre Eléments, et contenir leurs eaux, par son eau, qui n’a point la forme de l’eau, mais un feu montant sur les eaux, et les contenants en un vase pur et sincère, de peur que les esprits ne s’enfuient des corps ; car par ce moyen ils sont fait tingents et permanents. O bénite forme d’eau pontique ! qui dissolue les Eléments, il faut aussi qu’avec cette forme d’eau, nous possédions une âme sulfureuse, et ma mêler avec notre vinaigre, car quand par la puissance de l’eau le composé se dissout, c’est la clef de la restauration, alors la mort et noirceur s’enfuit d’icelle, et la sagesse en sort.
CHAPITRE III.
Sachez, mon fils, que les Philosophes lient de nœuds très forts et étroits pour combattre le feu, parce que les esprits désirent être dans les corps quand ils sont lavés, et se réjouissent en iceux, et les ayant ils les vivifient et demeurent chez eux, et les corps les contiennent, et ne se séparent jamais d’eux. Alors les éléments morts se vivifient, et les corps composés teignent et s’altèrent et sont des merveilleuses œuvres permanentes, comme dit le Philosophe. O forme d’eau permanente ! Royale créatrice des éléments ! Qui étant conjointe avec vos frères, ayant reçu une teinture par u régime médiocre, vous reposés. Notre pierre précieuse jeté dedans les ordures, est très chère, vile et très utile, parce qu’il nous faut ensemble mortifier deux argents vifs, et les vénérer (savoir) l’argent vif de l’orpiment, et l’argent vif Oriental de la magnésie. O nature très puissante créatrice des natures ! Qui contient et sépare les médiocrités des natures, elle vient avec la lumière, et à été engendrée avec la lumière qu’une ténébreuse nuit a engendré, qui est la mère de toute chose. Or quand nous lui joindrons le Roi couronné de notre fille rouge, ne recevant aucune nuisance du feu léger, elle concevra, et le fils conjoint, et sureminent, lequel étant permanent, elle nourrit d’un petit feu, et il vit par notre feu. Or quand vous laissez le feu sur la sueille de soulphre que le terme des cœurs, entre sur lui, qu’il soit lavé par icelui, et son ordure soit extraite, alors il s’altère, et sa teinture demeure rouge par le feu comme la chair. Le Dragon suit les rayons du Soleil qui garde les trous, et notre fils mort vivra. Le Roi viendra du feu, il se réjouira de son mariage, et les choses cachées se manifesteront, et le lait de vierge se blanchira. Le fils ainsi vivifié combat contre le feu, et est sureminent aux teintures, car le fils est le bénéfice de la Philosophie. Venez, fils des Sages, et nous réjouiront ensemble parce que la mort est consommée, et notre fils règne, et déjà vêtu de sa robe rouge et de son manteau Royal.
CHAPITRE IV.
Entendez, fils des Sages, que cette pierre crie. Protégez-moi, je vous protégerai, me voulez vous rendre ce qui m’appartient, afin que je vous aide. Mon Soleil et mes rayons sont intimes en moi, et ma propre Lune est ma lumière qui surpasse toutes les lumières, et mes biens sont plus excellents que tous les autres biens, je donne aux sages et intelligents la joie, la liesse, la gloire, et les richesses, et je sais ce qu’ils désirent comprendre et connaître, et possède les choses divines. Voilà ce que les Philosophes ont scellé des sciences, il est écrit avec sept lettres ; car elle en suit deux alpha ita. Et semblablement le Soleil suit la Lune, volant néanmoins dominer, conserver l’art, joindre le fils à la bube de l’eau, qui est Jupiter, qui est le secret caché.
Entendez auditeurs, et dorénavant usons de nos opinions, car je vous ai démontré par une très subtile investigation et contemplation ce que j’ai écrit. J’ai connu une certaine chose, qui est ce qui comprend se qui se cherche par une très subtile investigation et raison. D’un homme ne s’engendre que son semblable, et semblablement du taureau, et si quelque animal se joint avec une autre espèce, il en naît une espèce qui n’est semblable ni à l’un ni à l’autre.
Maintenant Vénus parle : L’engendre la lumière, et les ténèbres ne sont point de ma nature, si mon métal n’était sec tout les corps auraient besoin de moi, parce que je liquéfie et leur ôte leur rouillure, et extrait leur substance. Il n’y a rien donc de meilleur et plus vénérable que moi quand je suis jointe avec mon frère. Et le Roi dominant dit à ses frères témoignants : On me couronne et suis orné d’un diadème, et je suis investi de votre Royaume, et je donne de la joie aux cœurs, et moi étant lié au sein et poitrine de ma mère, et à sa substance, je fais reposer et contenir ma substance, et je compose l’invisible du visible, alors le caché apparaîtra, et tout ce que les Philosophes ont caché s’engendrera de nous. Entendez ces paroles, O auditeurs, et les conservez, méditez, et ne cherchez rien autre chose, l’homme au commencement est engendré de la nature, les entrailles duquel sont faites chair, et non d’autre chose. Méditez cette lettre, et rejetez les superfluités, c’est pourquoi le Philosophe a dit : Le soulphre est fait du citrin qui est tiré du nœud rouge, et non d’autre chose, que si il est citrin, ce sera votre sagesse, n’avant point de soi soin si vous ne vous étudiez point de tirer du rouge, voilà je n’ai point circonscrit si j’ai moins manifesté aux entendus.
Fils des sages, ne brûles le corps du laiton par trop grand feu, et il vous arrosera de la grâce que vous cherchez, et faites que le volant ne s’envole devant le poursuivant, et qu’il repose sur le feu, et encore que le feu soit bouillant, et que la chaleur du feu bouillant se corrompe il est Mercure. Et saches que l’art de cette eau permanente est le laiton, et sa teinture, et la coloration de la noirceur se change alors en une vraie rougeur, je jure par Dieu que je n’ai dit que la vérité que ces choses détruisantes sont amendantes, et la corruption se voit en la chose amendée, et de là l’émendation apparaîtra, et l’un et l’autre est le signe de l’art.
CHAPITRE V.
Mon fils, ce qui naît du corbeau est le principe de cet art, voilà qu’en parlant par métaphores, je vous ai obscurci mon dire, et privé de lumière, et cette matière dissoute et jointe, je l’ai appelé très éloignée. Rotifiez donc ces choses, après cuisez les ence qui procède du ventre du cheval par sept jours, ou 14, ou 21, alors il se fait un dragon qui mange ses ailes, et qui se mortifie, cela fait mettez le avec son Mercure, en feu petit sur le four, et prenez garde diligemment qu’il ne sorte du vase, et sachez que les temps de la terre, sont en l’eau, et se fait jusqu’à ce que vous la mettiez dessus.
Icelle donc étant liquéfiée et brûlée, prenez de sa cervelle, et la broyez avec du vinaigre très fort, ou urine d’enfants jusqu’à ce qu’elle soit obscurcie, cela fait, elle vit en la putréfaction, les nuées noires qui étaient en icelui devant sa mort lesquelles seront converties en son corps, or étant réitéré comme je l’ai décrit, il meurt encore une fois, et comme j’ai dit, il vit de l, en sa vie et en sa mort nous usons d’esprits, car comme il meurt les esprits lui étant ôtés il se revivifie lui étant rectifiez, et se rejoint à iceux, à laquelle chose quand vous parviendrez vous trouverez assurément ce que vous cherchez, je vous raconte aussi le signe de la liesse, et ce qui fait fixe le corps.
Or par cette figure vos devanciers sont morts étant venus au terme désiré. Je vous est maintenant montré la fin, et j’ai ouvert le livre aux entendus, j’ai caché les choses secrètes, j’ai fait contenir les séparées, j’ai conjoint diverse figures, et associé aux esprits. Prenez de Dieu se présent.
CHAPITRE VI.
Il faut que vous rendiez grâce à Dieu qui donne cette science à tout sage, qui nous délivre de misère et pauvreté, remerciez le de tous ses dons et grands miracles qu’il a mis en cette nature, et le priez que pendant que nous vivons, les onguents desquels nous extrayons ès livres des auteurs sont écrits d’ongles, poils, laiton, vert, tragacantes et os.
Outre plus il nous faut exposer la disposition de l’onguent qui coagule les natures fuitives, et orne les soulphres et les préfères à tous autres onguents parfaits, car nous savons l’essence de son vase, et combien il est précieux, qui est appelé divin soulphre et figure aux autres onguents, qui est l’onguent occulte, et enseveli, duquel il ne se voit aucune disposition, et habite en son corps comme le feu dans des arbres et des pierres, qui nous fait extraire par un art et entendement subtil sans combustion aucune. Sachez, mon fils, que qui ne connaît point la différence ne connaît pas si bien les deux soulphres, non pas que les onguents qui se subliment des pierres soient soufres, pour accomplir la teinture. Or les deux mêlez avec leur corps, il se fait un parfait, et faut savoir que deux soulphres teignent, mais ils s’enfuient, lesquels il faut fort bien séparer, et les retenir de leur fuite, et sachez que le Ciel se joint médiocrement avec la terre, et le médiocre est figuré avec le Ciel et avec la terre, ce qui est eau. Et toute la première est l’eau qui sort de cette pierre, et le second est vraiment l’or, et le troisième l’ordure, et le médiocre est l’or qui est plus noble que et l’ordure. Or en ces trois sont la fumée, la noirceur et la mort, il nous faut donc chasser la fumée qui est au-dessus de l’eau, la noirceur de l’onguent et des fèces la mort, et par dissolution, ce qui étant nous avons une très grande Philosophie et le secret des secrets.
CHAPITRE VII.
Ô Fils des Philosophes, les corps sont sept, desquels le premier est or très parfait le Roi est le chef, que la terre ne corrompt point, ni l’eau n’altère point, ni les choses brûlantes ne le gâtent point, parce que sa complexion est tempérée, et la nature dirigée en la chaleur, froidure et humidité, et ni à en icelui aucune chose superflue, c’est pourquoi les Philosophes l’ont préféré et magnifié disant que l’or est entre les corps, comme le Soleil est entre les étoiles par sa lumière splendide et éclatante, car par son moyen, et volonté de Dieu tout végétable, et tout fruit de la terre se parfait, par ainsi l’or contient tout corps, et vivifie, et est le vain de l’élixir, et sans icelui il ne peut jamais être parfait.
Car comme la pâte ne peut être levée sans levain ainsi quand vous aurez très bien nettoyé le corps, et séparez l’ordure des superfluités quand vous le voudrez mêler ensemble, mettez en iceux le levain, et faite eau et terre jusqu’à ce que l’élixir soit fermenté, et que la pâte soit faite levain, méditez et voyez si le ferment d’une chose est fait d’une nature différente à la sienne, considérez donc comme le ferment n’est point d’autre nature que la pâte, et notez que le ferment blanchit la confection, empêche la combustion, retient la teinture à ce qu’elle ne s’envole, et réjouit les corps, et les conjoint ensemble, et les fait entrer, et en cela gît la clef des Philosophes, et la fin de l’œuvre, et par cette science les corps sont purifiés, et leur œuvre se parfait par la grâce de Dieu. Or par négligence et méchante opinion que l’on a de ce levain, les œuvres le corrompent. Comme le levain est à la pâte, et le coagule au lait pour le fromage, et le musque ès odeur aromatique, ainsi est la couleur de l’or à la rougeur, et la nature n’est pas douce. C’est pourquoi nous faisons d’icelui la soie, qui est l’élixir, et d’icelui nous faisons l’encre, dont nous avons écrit, et nous teignons la boue du cachet du Roi, et en icelui nous mettons la couleur du Ciel qui augmente la vue à ceux qui le voient.
L’or donc est la très précieuse pierre sans tache, tempéré, et ne peut être corrompu par le feu, air, terre, ni eau, c’est un levain universel qui rectifie toute chose par tempérance. Sa composition est de couleur jaune, ou vrai citrin, c’est l’or des sages cuit et bien digéré qui fait l’élixir par son eau et feu. L’or des sages est plus pesant que le plomb, parce que par sa composition tempérée il est le levain de l’élixir, et au contraire intempéré par une intempérée composition, car le premier œuvre se fait de végétal, le second d’animal en l’œuf de la poule, c’est un grand subside et constance d’éléments, et notre terre est or duquel nous faisons tout ce qui est levain de l’élixir.
FIN