WILLERMOZ Lettre de Martinès de Pasqualy à Willermoz (1774)




LETTRE DE MARTINÈS DE PASQUALLY 

À 

JEAN-BAPTISTE WILLERMOZ

1774


T. P. M,

Pénétré du sentiment et du zèle que vous avez jusqu'à présent en faveur de la Chose, m'est un garant qu'elle ne vous sera plus longtemps cruelle ; vous ne devez point douter que je sois aussi pénétré de sensibilité que vous l'êtes à cet égard, mais ce qui me rassure que moyennant le soin particulier que je me propose de prendre pour votre conduite à ce sujet, j'ose me flatter que par le secours de l'Ordre je parviendrais à faire mettre fin à votre privation etc. Il n'est pas douteux que votre exemple et votre exactitude dans l'Ordre que vous professez avec nous, ne soit un exemple frappant pour tous les membres de la Chose, aussi je pense que quoique vous soyez de ce côté là le dernier d'entre vos frères et vos égaux, vous ne deveniez le premier, avec une vraie résignation et une persévérance opiniâtre, je ne doute d'un seul instant de ce que je vous avance, et j'ose même vous le promettre quand je dus moi-même faire le voyage de Bordeaux à Lyon.

Je ne vous cacherais point que le P. M. Caignet ainsi que moi, de même que tous les membres qui composent le Grand Tribunal Souverain de mon G. O. ont été surpris et même étonnés lorsqu'on a vu votre nom dans un paquet imprimé qui traite de loge nationale de France, et que l'on fasse mendier une somme d'argent à titre de don gratuit à des Seigneurs de distinction à tous égards aux différentes loges du Royaume, sous prétexte de faire construire un Temple pour l'installation de Mr. le duc de Chartres. Comment concilier cette conduite de demande d'argent gratuit, par des personnes d'aussi haute considération dont leur état personnel annonce une richesse et une opulence infinie ; est-ce qu'une pareille démarche ne fait pas soupçonner qu'il y a quelque dessous de cartes et que c'est un coup d'argent que l'on veut faire. Il est même scandaleux pour les personnes qui pensent devoir que des personnes de noms et de la plus haute considération se soient prêtées à une pareille chose, ce que cependant on ne croit point ici, il semble dans cet imprimé que le M. de La Chevalerie soit à la tête de ce nouvel établissement et le frère l'abbé Rosier un agent indifférent, mais il y est pour quelque Chose, l'ordre chez nous ne retient personne de ses sujets chez lui de force au contraire, il les laisse comme il les a pris ils ont toujours leur liberté car autrement il n'aurait point de mérite de faire le bien au préjudice du mal ; expliquez-moi comment votre nom se trouve mis dans cet imprimé que le P. M. Caignet a reçu de Paris et un second volume pareil qu'on lui a encore adressé ces jours passés, qui a eu le même sort que le premier qui a été inconsidéré.

J'écris une grande lettre d'instruction au sujet de votre retard de correspondance avec la Chose au P. M. de Saint-Martin et lui enjoint d'en faire lecture à haute et intelligible voix au centre de la colonne d'orient de votre temple, tous les membres assemblés ; si au cas le P. M. de Saint-Martin n'était plus à Lyon à l'arrivée du paquet qui est à votre adresse, vous l'ouvrirez et le lirez vous-même en présence des membres de votre grand Temple ; vous enregistrerez cette lettre et vous ferez passer l'original au P. M. de Saint-Martin, vous admettrez Madame Provensal votre sœur temporelle à cette assemblée ; il est inconcevable les progrès que font les membres du T. S. dans la Chose ; la plus grande partie de toutes les loges qui étaient dans cette colonie sont entièrement tombées, il ne reste plus dans celle du port au prince que quelques sujets que les statuts généraux et secrets excluent a perpétuité de la Chose, étant surtout marqué à la lettre B de naissance et entre autre les bâtards, et les sang mêlés. La lettre que j'écris au P. M. de Saint-Martin et signée par l'hiéroglyphe du G. S. et de celle du Souverain Substitut d'outre mer et signée en plein du sous-secrétaire général dudit T. b. S.   ne doute point T. P. M, de mon zèle et de mon exactitude à récompenser vos mérites et vos œuvres spirituelles et temporelles que vous avez opérées en faveur de la Chose et en celle de son chef temporel, je fais les mêmes offres à tous les membres de votre G. Temple mais un petit peu de patience avec le secours de l'Eternel et de la Chose nous viendrons à bout de tout ce que nous désirons. Le P. M. Substitut doit vous écrire à la première occasion, il me charge de vous dire bien des Choses de sa part, tous les membres du T. S. vous assurent de même que tous les membres de votre grand temple de leurs inviolables attachement, nous avons reçu le tableau général de votre Grand Temple, le tribunal Souverain vous fera passer sous peu le sien ; à Dieu T. P. M. je vous quitte en priant l'Eternel qu'il vous ait ensemble avec tous vos chers disciples sous sa sainte protection et digne garde pour un temps immémorial.

Amen. a. a. a.

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