LE PROBLEME DU CHRIST
Phaneg (Georges Descormiers)
Il existe un problème du Christ : en lui seul, il contient tous les autres ; on peut y trouver une réponse, et dire ce que devient l'Etre en qui s'est résolue cette énigme, la plus importante de toutes.
En réalité, nous ne venons sur terre que pour cela, c'est là le but réel de notre vie, le seul nécessaire. En Jésus, je l'affirme, se trouve la vérité totale, et si quelqu'un accomplit au mieux Ses commandements, Il se fera Lui-même connaître à lui. Nous voyons ainsi que l'énigme du Christ, c'est par Son aide seule que l'on peut la résoudre et qu'alors tous les autres problèmes seront aussi résolus: car, en l'identité vraie du Sauveur se cachent leurs solutions définitives.
En quelques uns de mes lecteurs peut rayonner une foi toute simple et toute pure, Pour eux, je tiens à le dire : le problème du Christ ne se pose pas, puisqu'il est déjà résolu, au moins pour un temps.
Je voudrais surtout m'adresser à ceux qui ont perdu toute foi, rechercher d'abord ce que cela signifie, et voir quelles sont les causes de l'incrédulité religieuse. A mon avis c'est là un phénomène tout naturel de l'évolution humaine. Le désert du doute me paraît indispensable à traverser pour parvenir à l'oasis de la certitude. Il ne faut donc pas vous chagriner outre mesure, mères croyantes, dont le fils se dit, se croit athée ; femmes dont le mari refuse de partager la foi, car cela indique seulement pour eux un changement dans le travail. Un homme n'est pas , en effet, matérialiste parce qu'il le veut, mais parce qu'une loi secrète le force à développer certaines facultés de volonté, de raisonnement, d'adaptation, de réflexion qui autrement resteraient en sommeil ; et puis, le matérialisme porte en lui-même ses germes d'évolution. En général, après cette période, l'être humain en traverse une autre où les lumières brillantes de l'intelligence ne l'intéressent plus ; c'est au-delà de la nature qu'il cherchera sa voie.
Il est alors convaincu que tout est vie, mais il confond la vie, principe créateur, avec la vie sensible ; il est panthéiste. Puis, dès qu'il a fait un pas de plus, il comprend que la source inconnaissable de toute existence est à jamais séparée de ses créations. Elle les pénètre mais n'en est jamais pénétrée.
L'homme est à ce moment spiritualiste, il croit en Dieu, mais ce spiritualisme est encore en partie philosophique. L'évolution continue, et l'être humain deviendra un mystique dès qu'il aura compris le Christ et aura répondu à Son appel séculaire.
Le philosophe Auguste Comte a présenté cette évolution complète, et il est mort mystique , après avoir été athée. Et c'est là une loi générale. Ainsi, la perte de la foi n'est qu'un épisode de notre lente ascension vers la vie.
Quoi qu'il en soit, de même qu'aux confins du désert se dressait autrefois le sphinx terrible et mystérieux, posant au voyageur le célèbre : qui suis-je ? De même à tous les moments de notre route, à n'importe quel détour de notre chemin se dresse la figure de Jésus de Nazareth, posant à tous la même question, mais combien plus centrale, combien plus importante, définitive et absolue ! Combien plus miséricordieuse aussi, car Jésus est patient, et il attend les siècles nécessaires pour que nous entendions sa demande ; sa bonté comprend que nous cherchions, hélas ! partout, la réponse avant de la lui demander à Lui-même. Avant que nous lui disions : Seigneur, toi seul peux me dire qui tu es. Toi seul peux dévoiler pour moi la splendeur unique, et alors je vivrai, moi qui étais mort !
Ainsi, devant le sommeil universel, se pose vraiment la difficile énigme : Qui est Jésus? Nous allons tenter d'examiner les différentes réponses que les hommes font à cette question ; mais auparavant, je ne crois pas inutile de dire quelques mots sur ce qu'est un monde, notre terre en particulier, ce que furent pour elle le Christianisme et les Chrétiens.
Toutes les Ecoles ont examiné d'innombrables explications du problème de la Création. Tour à tour le matérialisme, le panthéisme, le spiritualisme philosophique, ont tenté de percer cette obscurité et il faut bien le dire : tous ont échoué. Si haut que soit parvenue l'intelligence humaine, elle doit s'avouer battue devant l'éternité de la matière comme devant l'éternité de l'Esprit.
Il est à mon sens bien préférable de revenir à l'Evangile et de rechercher plutôt quelques indices en nous-mêmes, à la lumière de l'amour et de l'humilité vraie. Pour l'humble foi, donc, la Création est une pensée de Dieu, pensée incessante, sans commencement ni fin comme l'homme ne peut être sans pensée; ainsi ou Dieu n'est pas ; ou, ainsi que le dit Jésus " Il agit continuellement " et de sa vie inaccessible et inconnaissable s'échappent, sans jamais la diminuer, des rayons de vie qui sont les créations.
En principe, la force créatrice, à laquelle on a donné le nom de Dieu, contient donc en germe les univers, comme le gland contient le chêne. Ainsi notre terre est formée, et les différentes vagues de la vie l'ont pénétrée tour à tour ; puis, le moment venu, notre monde fut lentement préparé par toute une floraison de sauveurs, de messies, à la venue de la Vie totale. Le Verbe, ainsi que le dit saint Paul, réunit hors le temps et l'espace, autour de lui, les esprits des créatures qui l'accompagnent dans sa mission.
La Vierge céleste prépare le corps où elle s'incarnera, le précurseur, les apôtres sont choisis, ainsi que toutes les créatures minérales, végétales, animales qui auront un rôle à jouer autour du Christ. Mais les ténèbres ont aussi été créées et ont refusé la lumière ; c'est du reste leur but, et de même la Terre se prépare tout de suite à repousser cette invasion céleste qu'elle pressent. Son esprit recherche l'alliance de l'être que l'Evangile appelle " le Prince de ce monde " et leurs efforts réunis n'ont pas encore cessé.
Ainsi le Christianisme, débarrassé de toute conception philosophique ou théologique, nous apparaît comme la manifestation totale, la pénétration complète de la vie créatrice sur notre monde (qui n'en voulut pas).
Telle est la cause réelle des luttes séculaires entre la vérité et l'erreur, entre le bien et le mal, entre l'esprit et la matière, et nous pouvons déjà entrevoir dans cette simple explication de la foi, les premières lueurs bien confuses encore, de la lumière définitive où resplendira pour nous l'identité réelle du Christ Jésus.
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Quelles sont donc les différentes opinions qui existent sur le Christ ? parmi ceux du moins qui veulent bien penser parfois à Lui et tenter de le comprendre.
Ils sont du reste relativement peu nombreux ceux qui se préoccupent de la question ! On est malheureusement obligé de constater que, de nos jours - comme au temps où le Christ passait avec Ses disciples pauvrement vêtus dans les voies de Jérusalem ou sur les routes de Judée - la grande majorité des savants, des riches, des assouvis et aussi ceux qui plient sous le poids de la douleur a oublié Celui qui seul pouvait les rendre heureux !
Bien rares sont ceux qui pensent à Lui et veulent Le connaître. Bien rares ceux qui prennent le temps de diriger vers Lui l'appel secret de leur coeur! Tous vont à leur travail, à leurs pauvres joies si fragiles, tous se révoltent sans penser à Celui qui sauve, guérit et console ; ils L'ont oublié.
Et puis viennent ceux qui se souviennent de Lui pour le haïr; ceux que Son existence gêne sans doute, puisque ces chefs d'écoles sont arrivés à prétendre que le Christ n'a jamais existé. Enfin ceux qui se servent de Lui comme d'un drapeau.
Chose curieuse, ceux-là, les magnétiseurs, les spirites, les occultistes, etc., tous Le placent au plus haut degré. Ils se sont souvenus de cette blanche figure qu'on avait montrée à beaucoup d'entre eux, quand ils étaient tout petits, mais ils ne voient en Jésus qu'un homme. Si nous continuons notre enquête, nous verrons que, s'approchant peu à peu de la vérité, quelques philosophes arrivent à la conception du " Christ archange solaire ", comme si Jésus n'était pas immensément au-dessus de tous les archanges et de tous les soleils ! Il y a, disent-ils, deux Christ : celui qui est dans le Ciel et celui qui a fondé la religion chrétienne sur la terre. Pour certains, enfin, et même parmi les théologiens, Jésus a été un homme en qui s'est manifestée au maximum la puissance de Dieu.
Nous arrivons enfin à la vérité : Jésus, Dieu et homme à la fois, Jésus Fils unique du Père... Amour, vie totale créatrice, Dieu tout entier, manifesté clairement parmi nous. C'est ce que Jean exprime dans sa première lettre en disant : "La VIE s'est manifestée, nous l'avons vue ; nous en rendons témoignage ! Nous vous annonçons cette Vie Eternelle qui était avec le Père et qui nous a été manifestée ".
Pour toute création quelle qu'elle soit, se produit cette pénétration totale et complète de la vie, qui seule peut conduire une créature à sa perfection. Qu'il s'agisse donc d'un minéral, d'un végétal, d'un animal, d'un homme, d'un ange ou d'un monde comme le nôtre, la loi est la même et tout être ne peut atteindre son but ultime tant qu'il n'a pas reçu et consenti à recevoir le rayon du Verbe qui lui est destiné.
Alors dès qu'un homme, par exemple, a obtenu du Christ le don merveilleux de connaître Son identité véritable, tout change pour lui. L'Evangile, au lieu de lui présenter un code quelconque de morale, devient le livre unique qui dévoile peu à peu ses mystères, à l'amour, à l'action. Les paroles du Christ - si obscures s'Il n'est qu'un homme - s'éclairent et deviennent nos guides infaillibles, vers la Vie, s'Il est le Père Lui-même tout entier manifesté, mais non compréhensible bien entendu.
Il est dès lors évident que le Verbe seul peut se révéler à nous progressivement et donner cette Lumière, non seulement à notre coeur, en qui se cache une parcelle de la vie éternelle, mais à notre cerveau tyrannique ; Lui seul est capable de nous faire comprendre cette union parfaite de la vie infinie et de l'humanité la plus pure ; cette limitation de la vie sans limite, et cette pénétration de l'absolu dans le relatif, Jésus, notre maître, a enfin seul le pouvoir de purifier tellement notre raison qu'elle parvienne sans preuves à la certitude de Sa Divinité.
Nous pouvons cependant l'aider en contemplant trois particularités de Sa vie sur la terre : Sa Naissance, Sa Mort réelle, Sa Résurrection. Oui, le Christ a voulu naître en suivant en apparence les lois terrestres, mais Sa naissance fut entièrement surnaturelle ; Il a voulu permettre à la mort, Sa créature, de prendre Son corps humain. Il a voulu la combattre et Il l'a vaincue. Il a repris cet organisme entièrement détruit et nul autre messie n'a fait cela. Enfin Sa Résurrection fut réelle et totale, Ses apparitions ne furent pas opérées à l'aide d'un corps fluidique quelconque, mais Il fut, jusqu'à Son départ, exactement le même qu'avant le Calvaire et pendant Sa mission.
Eh bien, quand vous saurez avec une certitude inébranlable que ces trois affirmations sont véridiques ; quand vous saurez cela par vous-mêmes, après avoir souffert, cherché et trouvé; quand Jésus vous apparaîtra en Sa décisive et définitive identité (non, bien entendu dans Sa splendeur totale qu'aucun de nous ne pourrait contempler sans mourir), mais lorsque Sa divinité vous semblera démontrée, le problème que j'ai voulu seulement signaler sera résolu en vos coeurs; vous serez alors changés. En vous 1'esprit dominera la matière et vous serez chrétiens.
Je prie ceux qui ne peuvent encore croire en Jésus, Dieu et homme, de Le considérer au moins comme leur ami. Qu'ils aiment Sa doctrine si pure ; qu'ils ne se rebutent pas de ses obscurités ; qu'ils voient enfin en Jésus-Christ Celui qui a donné Sa vie pour tous les hommes.
Quant à vous, chrétiens vrais, en qui s'est déjà accompli l'ineffable mystère, vous à qui Jésus a répondu Lui-même à la question qu'Il pose à tous, vous n'avez plus qu'à comprendre un peu plus chaque jour les profondeurs sublimes de l'Evangile et les réaliser dans votre vie ; vous n'avez plus qu'à rendre éternelles, par l'action, les vraies lumières reçues en vos demeures secrètes.
Dès ce moment le Christ est votre guide, votre ami, votre maître. Suivez-Le, Aimez-Le. Il vous revêtira un jour de la robe lumineuse qui vous permettra l'entrée dans le Royaume de Son Père.