ANCIENNE MESOPOTAMIE L'Epopée de Gilgamesh




L'EPOPEE DE GILGAMESH

(Poème de l'ancienne Mésopotamie, vers 2600 avant EC)


Prologue

Le narrateur

« Celui qui a tout vu, celui qui a vu les confins du pays
le sage, l'omniscient, qui a connu toutes choses
celui qui a connu les secrets et dévoilé ce qui était caché
nous a transmis un savoir d'avant le déluge.
Il a fait un long chemin.
De retour, fatigué mais serein,
il grava sur la pierre le récit de son voyage.
Il bâtit les remparts d'Ourouk et de l'Eanna sacré, pur sanctuaire
demeure d'Anou et d'Ishtar
Vois ces murailles extérieures aux frises luisantes comme le cuivre.
Touche le seuil de pierre qui est là depuis toujours.
Approche de l'Eanna, demeure d'Ishtar, nul roi ne fera jamais plus
pareille construction, nul être humain.
Monte sur les remparts d'Ourouk, laisse tes pieds les fouler.
Examine les fondations et scrute le briquetage
vois si tout n'est pas d'argile cuite et si les sept sages n'en ont pas posé
les fondations. »

1. Le peuple

-un-e villageois-e
« Après que Gilgamesh eut été crée par le grands dieux, Shamash, dieu-soleil,
lui accorda la beauté et Adad, dieu du tonnerre, de la tempête et de
la pluie, la vaillance. »

-un-e deuxième villageois-e
« Pour deux tiers il est dieu, pour un tiers il est homme. »

-un-e troisième villageois-e
« Il est semblable à un taureau sauvage
sa force est incomparable, ses armes sont invincibles. »

-un-e quatrième
« Aux battements du tambour son peuple est attentif.
En leurs maisons les gens d'Ourouk vivent sans cesse dans la crainte. »

-un-e cinquième
« Gilgamesh ne laisse pas un fils à son père
jour et nuit règne sa violence. »

-un-e sixième
« Il ne laisse pas une vierge à sa mère,
fille de guerrier ou promise à un héros. »

-un-e septième
« Mais Gilgamesh, le pasteur d'Ourouk aux remparts
est notre pasteur, le fort, l'admirable, l'omniscient. »

2. Les dieux

[Entrée des dieux)

Anou

« C'est Arourou, qui créa Gilgamesh
semblable à un taureau sauvage.
Sa force est incomparable, ses armes sont invincibles.
Aux battements du tambour
son peuple est attentif.
Gilgamesh ne laisse pas un fils à son père,
nuit et jour règne sa violence
mais Gilgamesh est le pasteur d'Ourouk
leur pasteur,
le fort, l'admirable, l'omniscient.
Il ne laisse pas une vierge à celui qui l'aime
fille de guerrier ou promise à un héros.
C'est toi Arourou qui créa cet homme,
crée maintenant pour lui un rival
qu'il lui soit par la force du coeur
et du corps comparable,
qu'ils luttent sans cesse ensemble,
ainsi Ourouk gagnera la paix et la tranquillité. »

[Arourou prend une poignée d'argile,
la lance dans la plaine.]

I- Enkidou, les premiers âges

1.1. Le chasseur

(Sortie d'Enkidou, arrivée du père)

Le chasseur [va vers son père :]

« Mon père, j'ai vu un homme étrange
venu des collines,
il est le plus fort dans le pays et d'une grande vigueur.
Sa vigueur et sa force sont comme celles d'Anou, le dieu-ciel.
Il parcourt les plaines et les collines
il broute l'herbe avec sa harde,
avec elle il s'abreuve aux points d'eau.
J'ai eu peur et je n'ai pas osé m'approcher de lui.
Il a recouvert les trappes que j'ai creusées
il a détruit les filets que j'ai tendus
il a aidé les bêtes à s'échapper de mes mains.
Il me prive de ma chasse. »

Le père du chasseur [à son fils :]

« Mon fils, dans Ourouk vit Gilgamesh
dont la vigueur et la force sont sans pareilles,
sa vigueur et sa force sont comme celles d'Anou, le dieu-ciel.
Va dans Ourouk,
prévient Gilgamesh,
qu'il sache la vigueur de cet homme
qu'il te donne une prostituée du temple,
une courtisane sacrée.
Emmène-la avec toi, elle dominera cet homme,
elle saura l'apprivoiser :
lorsqu'il viendra s'abreuver
avec sa harde aux points d'eau,
qu'elle enlève ses vêtements
dévoile sa nudité et les charmes de son corps.
En la voyant, il sera attiré vers elle
et deviendra son captif.
Sa harde qui a grandi avec lui dans la plaine
ne le reconnaîtra plus. »

[Le chasseur se dirige vers Ourouk, il se présente devant Gilgamesh : ]

Gilgamesh

« Va chasseur,
emmène avec toi une prostituée du temple
une courtisane sacrée.
Elle dominera cet homme
elle saura l'apprivoiser :
lorsqu'il viendra pour s'abreuver
avec sa harde aux points d'eau,
qu'elle enlève ses vêtements
dévoile sa nudité et les charmes de son corps.
En la voyant il sera attiré vers elle
et deviendra son captif.
Sa harde qui a grandi avec lui dans la plaine
ne le reconnaîtra plus. »

[retour à la plaine]

Le chasseur [murmure :]

« C'est lui, courtisane.
Enlève tes vêtements, dévoile tes seins
dévoile ta nudité
qu'il prenne des charmes de ton corps
toute sa jouissance.
Ne te dérobe pas, provoque en lui le désir.
Dès qu'il te verra, vers toi il sera attiré.
Enlève tes vêtements
qu'il tombe sur toi.
Apprend à cet homme sauvage et innocent
ce que la femme enseigne.
S'il te possède et s'attache à toi,
sa harde qui a grandi avec lui dans la plaine
ne le reconnaîtra plus. »

1.2. La courtisane

Le narrateur :

« Six jours et sept nuits Enkidou sans cesse
possède la courtisane.
Lorsqu'il est rassasié de ses charmes
il lève son regard vers ses compagnons
mais en le voyant les gazelles se détournent de lui
et les bêtes sauvages le fuient. »

La courtisane [à Enkidou, il écoute, attentif :]

« Tu possèdes maintenant la sagesse,
tu es devenu comme un dieu
pourquoi avec les bêtes parcours-tu la plaine ?
Viens, je vais t'emmener
dans une cité entourée de remparts
je vais te conduire dans Ourouk
au temple sacré, demeure d'Anou et d'Ishtar
où vit Gilgamesh à la force incomparable.
Là, comme un taureau sauvage
il règne sur les gens. »

Enkidou [à la courtisane :]

« Va, courtisane.
Emmène-moi au temple sacré
demeure d'Anou et d'Ishtar
où vit Gilgamesh à la force incomparable
et où comme un taureau sauvage
il règne sur les gens.
Je vais le défier, je vais le provoquer,
je veux crier au coeur d'Ourouk :
« C'est moi le plus fort, oui c'est moi
qui vais changer les destins,
celui qui est né dans la plaine
est le plus fort, le plus vigoureux. »

La courtisane

« Viens Enkidou, qu'il voie ton visage
je te montrerai où est Gilgamesh.
Viens dans Ourouk aux remparts
où les gens sont vêtus de beaux vêtements
où chaque jour on célèbre des fêtes
où les filles sont belles et odorantes
et font lever les grands de leurs lits.
Et toi, Enkidou,
qui veux connaître la joie de vivre
je te montrerai Gilgamesh plein de vie
tu le regardera et examinera son visage
éclatant de virilité et de vigueur.
Son corps resplendit de charme et de séduction
il est plus vigoureux que toi
ne s'arrête ni le jour ni la nuit.
Enkidou, abandonne ta violence et ton orgueil
car le dieu Shamash aime Gilgamesh
et le protège.
Anou, Enlil et Ea lui ont accordé
de larges oreilles,
signe d'intelligence et de sagesse.
Avant même que tu ne quitte la plaine
Gilgamesh à Ourouk te verra dans ses rêves.
Mange du pain, Enkidou,
le pain est l'élément de la vie
bois de la boisson forte
c'est la coutume des gens du pays.
Je te regarde, Enkidou,
tu es pareil à un dieu.
Pourquoi parcours-tu la plaine avec l'animal ?
Viens, je vais te conduire dans Ourouk aux vastes marchés
Lève-toi Enkidou
je vais t'emmener à l'Eanna sacré
demeure d'Anou et d'Ishtar
où vit Gilgamesh à la force incomparable
tu l'aimeras comme un autre toi-même
allons, lève-toi de la terre ,
c'est la couche du berger. »

II- Ourouk aux remparts

[Retour à Ourouk dans la chambre le Gilgamesh, Ninsoun est présente]

2.1. Rêves de Gilgamesh

[Dans Ourouk. ]

Gilgamesh [se lève, et raconte ses rêve à sa mère Ninsoun :]

« Ma mère cette nuit j'ai fais un rêve.
Je marchais fier parmi les héros,
le ciel brillait d'étoiles,
et une étoile, comme un héros du ciel d'Anou
est tombée vers moi.
J'ai voulu la porter, elle était trop lourde.
J'ai voulu la pousser, je n'ai pu la bouger.
Autour d'elle, les gens du pays s'assemblaient
et lui baisaient les pieds.
Je l'ai aimée et je me suis penché sur elle
comme on se penche sur une femme
je l'ai soulevée et déposée à tes pieds
et toi tu l'as rendue égale à moi. »

Ninsoun

« L'étoile du ciel, ta semblable
celle qui et tombée sur toi
comme un héros du ciel d'Anou
celle que tu as voulu porter
qui était trop lourde pour toi
celle que tu as voulu pousser
que tu n'as pu faire bouger
celle que tu as aimée
sur laquelle tu t'es penché
comme on se penche sur une femme
celle que tu as déposée à mes pieds
celle que j'ai rendue égale à toi
cela représente un compagnon fidèle
et plein de force
qui te viendra en aide.
Il est le plus fort dans le pays et d'une grande vigueur
sa force et sa vigueur sont comme celles d'Anou.
Que tu l'aies aimé
que tu te sois penché sur lui
comme on se penche sur une femme
cela signifie qu'il sera toujours auprès de toi
qu'il ne t'abondonnera jamais.
Voilà la signification de ton rêve. »

Gilgamesh

« Que ce rêve se réalise
par la volonté du grand Enlil.
Que j'aie un ami et un conseiller fidèle.
Moi, je lui serai ami
et compagnon fidèle. »

2.2. Arrivée d' Enkidou à Ourouk

-un-e villageois-e :

« Pareil à Gilgamesh il est bâti
mais plus petit de taille
et plus fort d'ossature. »

-un-e second-e villageois-e :
« Il est le plus fort de la plaine
il est d'une grande vigueur
il a grandi en tétant le lait des bêtes sauvages
dans le désert. »

-un-e troisième villageois-e :
« Maintenant dans Ourouk
le bruit de armes ne cessera pas. »

-un-e quatrième villageois-e :
« Il est maintenant un héros et un rival
semblable à notre héros. »

-un-e cinquième villageois-e :
« Oui pour Gilgamesh, pareil à un dieu,
il est maintenant un pareil, et un semblable. »

2.3. La rencontre

[Ils se battent]

-Enkidou

« Tu es homme unique parmi les hommes
tu es vraiment le fils de ta mère
la déesse Ninsoun, la vache sauvage.
Elle t'a mis au monde
et le dieu Enlil
a élevé ta tête au-dessus des hommes
c'est ainsi qu'il t'a destiné à la royauté. »

2.4. L'aventure

[Réouverture sur Ourouk, Gilgamesh sur son trône, songeur
A proximité, Enkidou, assis, dans les bras de la courtisane]

Gilgamesh

« Dans la forêt demeure le puissant Houmbaba
tuons-le ensemble
pour détruire le mal sur la terre
et nous faire un nom immortel. »

Enkidou

« Mon ami,
lorsque je parcourais les vastes plaines
et les collines avec l'animal,
je savais que la forêt s'étendait
à soixante doubles heures de chaque côté.
Quel est celui qui oserait pénétrer à l'intérieur ?
Le mugissement de Houmbaba est celui du déluge
sa bouche c'est le feu
son souffle, la mort certaine.
Pourquoi désires-tu entreprendre ce voyage ?
Houmbaba est invincible. »

Gilgamesh

« Je veux monter jusqu'à la Montagne des Cèdres
et pénétrer dans la forêt, demeure de Houmbaba.
Une hache me suffit pour le combat
Mais toi si tu as peur
Reste ici, j'irai tout seul. »

Enkidou

« Comment pénétrerons-nous
dans la Forêt des Cèdres, Gilgamesh ?
Son gardien est un guerrier puissant
qui ne ferme jamais les yeux.
Pour qu'il protège la Forêt des Cèdres
le dieu Enlil l'a nommé son gardien
il l'a doté de sept épouvantes
le mugissement de Houmbaba
est celui du déluge. »

Gilgamesh

« Qui donc mon ami
pourra vaincre la mort ?
Seuls les dieux demeurent éternellement
avec Shamash.
Les jours des humains sont comptés.
Tout ce qu'ils font le vent l'emporte.
Tu crains déjà la mort
et nous sommes encore ici.
Où est donc ta vaillance ?
Laisse-moi marcher devant toi
et que ta voix me crie :
« avance, n'aie pas peur. »
Si je meurs, mon nom sera immortel
les générations futures diront de moi :
« Gilgamesh est tombé dans sa lutte
contre le géant Houmbaba. »
Ô Enkidou,
Ta parole attriste mon coeur
mais je veux aller couper les cèdres
et me faire un nom immortel.
Mon ami, je vais ordonner
aux artisans forgerons
de fondre nos armes en notre présence. »

2.5. Les préparatifs de l'expédition

Gilgamesh

« Ecoutez Anciens d'Ourouk
je veux moi, Gilgamesh,
voir celui dont on parle
celui dont le nom épouvante le pays
je veux le combattre dans la Forêt des Cèdres
je veux couper les cèdres
et me faire un nom immortel.
Je ferai entendre au pays
les récits du fils d'Ourouk
et le pays dira : « qu'il est vaillant ce fils d'Ourouk ».

Les Anciens d'Ourouk

« Tu es jeune Gilgamesh
ton coeur t'entraîne très loin
tu ne connais pas les conséquences
de ton entreprise.
Nous avons entendu dire
que Houmbaba est terrifiant.
Qui pourrait résister à ses armes ?
La forêt s'étend à soixante doubles heures
de chaque côté
Le mugissement de Houmbaba
est celui du déluge
sa bouche c'est le feu
son souffle, la mort certaine.
Pourquoi désirer un tel voyage ?
Jusqu'à ce jour personne n'a résisté à Houmbaba. »

Gilgamesh [à Enkidou :]

« Mon ami
comment devrai-je leur répondre ?
Devrai-je leur dire que j'ai peur de Houmbaba ?
Devrai-je passer dans mon lit
le reste de mes jours ? »

Les Anciens d'Ourouk [à Gilgamesh :]

« Que ton dieu protecteur
te donne la victoire
qu'il te garde la vie sauve
et te ramène à ton pays
qu'il te ramène à Ourouk. »

Gilgamesh [se prosterne devant le dieu Shamash :]

« Ô Shamash, dieu soleil,
je pars et vers toi je lève la main
pour t'implorer,
garde-moi la vie sauve
ramène-moi à mon pays d'Ourouk
étends sur moi ton ombre
et couvre-moi de ta protection
Allons mon ami
au temple d'Egalmah
devant Ninsoun la grande reine,
Ninsoun la sage, l'omnisciente qui sait toutes choses,
elle nous donnera conseil
et renforcera nos pas. »

[Gilgamesh et Enkidou devant Ninsoun.]

Gilgamesh

« Ma mère,
j'ai entrepris une tâche difficile
j'ai entrepris un voyage lointain au pays de Houmbaba
j'ai décidé de mener une lutte dont j'ignore les conséquences
je veux parcourir une route dont je ne connais pas les détours.
Jusqu'au jour de mon départ et de mon retour
jusqu'à mon arrivée à la grande Forêt des Cèdres
jusqu'à ce que je tue le géant Houmbaba
et que j'efface de la terre
tout le mal que hait le dieu Shamash
ô divine Ninsoun
implore Shamash pour moi ! »

Ninsoun [lève les mains vers Shamash et dit :]

« Pourquoi as-tu donné à mon fils Gilgamesh
un coeur qui ne s'arrête jamais ?
Maintenant que tu l'as incité à partir
il décide d'entreprendre un voyage lointain
au pays de Houmbaba
il va mener une lutte
dont il ne connaît pas les conséquences
et parcourir une route
dont il ne connaît pas les détours.
Jusqu'au jour de son départ et de son retour
jusqu'à son arrivée à la grande Forêt des Cèdres
jusqu'à ce qu'il se tue le géant Houmbaba
et qu'il efface de la terre tout le mal que tu hais,
que ton épouse Aya, l'Aube, la lumineuse
te fasse souvenir de lui
et le confie aux gardiens de la nuit
aux étoiles et à ton père Sin
pendant ton absence. »

Ninsoun

« Ô fort Enkidou
qui n'est pas sorti de moi
je te prends dès maintenant pour fils. »

[Puis elle lui passe un collier autour du cou :]

« Je te confie mon fils Gilgamesh
protège-le tout au long du voyage
que cela dure des jours, des mois ou des années. »

III- La forêt de Cèdres

3.1. Les songes de Gilgamesh : sur la route de cèdres

Le narrateur

« Après vingt doubles heures
ils prennent un peu de nourriture.
Après trente doubles heures
Ils s'arrêtent pour dormir
Et le lendemain
ils marchent cinquante doubles heures
le parcours d'un mois et demi
est fait en trois jours.
Au coucher du soleil,
ils creusent un puits, en haut de la montagne.
Gilgamesh verse de l'eau fraîche,
dépose de la nourriture
et fait offrande à Shamash.
Il implore de la montagne
un songe de prédilection heureuse.
Les deux amis s'allongent pour dormir
et aussitôt le sommeil les saisit. »

Gilgamesh [après un rêve :]

« Mon ami
qui a pu me réveiller sinon toi ?
Ecoute mon ami le songe que j'ai fait :
nous étions dans l'abîme d'une montagne
quand soudain la montagne s'écroula
et tous deux nous étions comme de petites mouches. »

Enkidou

« Mon ami, le songe que tu as fait cette nuit
est heureux.
La montagne que tu as vue
c'est Houmbaba.
Cela signifie que nous le vaincrons
que nous l'abattrons
et le matin, le dieu Shamash
nous enverra un autre signe. »

Le narrateur

« Le lendemain, ils marchent
toute la journée.
Au coucher du soleil
ils creusent un puits
en haut de la montagne
Gilgamesh verse de l'eau fraîche
et fait offrande à Shamash
Il implore de la montagne
un songe de prédilection heureuse.
Les deux amis s'allongent pour dormir
et aussitôt le sommeil les saisit. »

Gilgamesh [la nuit à Enkidou : ]

« Mon ami, je viens d'avoir un songe
plein de tumulte.
Des hurlements couvraient
le ciel et la terre,
soudain un silence étouffant et sourd s'installa,
de noirs nuages couvrirent le ciel,
un grand feu éblouissant
avança comme la mort
et dévora tout.
Puis feu et flammes s'éteignirent
et se transformèrent en cendres. »

[Entrée de quelques arbres]

Gilgamesh

« Seul on ne peut vaincre
mais deux ensemble le peuvent
l'amitié multiplie les force,
une corde triple ne peut être coupée
et deux jeunes lions sont plus forts que leur père. »

Enkidou

« Même si j'arrive à pénétrer
au coeur de la forêt,
les forces me manqueront. »

Gilgamesh

« Après tout ce que nous avons enduré
après tout ce long voyage,
reviendrons-nous d'où nous sommes venus ?
Toi qui a connu les obstacles
qui a pratiqué la lutte
méprise la mort, sois vaillant, reste auprès de moi
ton courage reviendra
la peur et la faiblesse te quitteront.
Ensemble, mon ami, nous avancerons
jusqu'au coeur de la forêt.
Chacun de nous défendra l'autre.
Ignore la mort, dédaigne la crainte,
si nous tombons dans la lutte
nous laisserons derrière nous
un nom immortel. »

3.2. La mort de Houmbaba

Gilgamesh

« Ô divin Shamash
tu as promis à ma mère Ninsoun
d'être près de moi.
Ne m'abandonne pas
ne t'éloigne pas de moi,
entends mon appel. »

[Gilgamesh coupe un cèdre]

Houmbaba [furieux :]

« Qui a pénétré la forêt
et a porté la main sur les arbres
qui poussent sur ma montagne ?
Qui a coupé le cèdre ? »

(Bruitages -vent- et lumières)

Houmbaba

« Que la malédiction du dieu Enlil
vous poursuive ! »

Enkidou

« Houmbaba
Seul on ne peut vaincre
mais deux ensemble le peuvent
l'amitié multiplie les force,
une corde triple ne peut être coupée
et deux jeunes lions sont plus forts que leur père. »

[Gilgamesh et Enkidou tuent Houmbaba.]

IV- Retour à Ourouk

4.1. Ishtar et le refus de Gilgamesh

Ishtar [lève les yeux sur Gilgamesh.]

« Viens, Gilgamesh, sois mon bien-aimé.
Laisse-moi me réjouir
du fruit de ton corps,
sois mon époux et je serai ton épouse,
je te donnerai un char de lapis-lazuli et d'or,
ses roues seront en or et ses cornes en elmeshou
et au lieu de grands mulets
tu l'attelleras des démons de la tempête.
Lorsque tu entreras
dans notre maison embaumée de parfum de cèdre
seuil et trône baiseront tes pieds
les rois, les gouverneurs et les princes
se prosterneront devant toi
et t'apporteront en tribut
les fruits de la montagne et les récoltes de la plaine. »

Gilgamesh

« Et moi que devrais-je te donner
si je te prends pour épouse ?
Devrais-je te donner de l'huile
et des vêtements pour ton corps ?
Devrais-je te donner du pain
et de la nourriture ?
Mais quelle nourriture et quelle boisson
devrais-je te donner qui conviennent à ta divinité ?
Toi, tu n'es qu'un foyer qui s'éteint en hiver
tu es la porte ouverte qui ne protège ni du vent,
ni de la tempête
tu es un palais qui extermine les héros
tu es le turban qui étrangle celui qui s'en coiffe
tu es du bitume qui souille celui qui le touche
une sandale qui blesse le pied.
Quel est celui de tes amants
que tu as aimé pour toujours ?
Viens que je te raconte
les malheurs de tes amants :
Tu as aimé l'oiseau au plumage multicolore
tu l'as frappé, tu lui as cassé les ailes
Tu as aimé le lion à la force parfaite
mais tu as creusé pour lui sept et sept fosses.
Tu as aimé le cheval
mais tu l'as soumis au fouet et à l'aiguillon
Tu as aimé le berger
qui chaque jour t'offrait le pain
qui chaque jour te sacrifiait des chevreaux
tu l'as frappé et transformé en loup
ses compagnons maintenant le pourchassent
et ses propres chiens lui mordent les jambes.
Tu as aimé Ishoullanou,
le jardinier de ton père
« Viens mon Ishoullanou
laisse-moi jouir de ta virilité »
et tu l'as transformé en araignée.
Accroché à sa toile
il ne peut que monter, et descendre
dans les ruines désormais son séjour. »

4.2. Le taureau céleste

Ishtar

« Mon père,
Gilgamesh m'a insultée et humiliée
Gilgamesh a énuméré mes malédictions et mes sortilèges. »

Anou

« C'est toi qui l'as provoqué
et ainsi tu as recueilli
le fruit de ta provocation. »

Ishtar

« Mon père, crée pour moi un taureau céleste
pour vaincre Gilgamesh et le tuer !
Si tu refuses de me donner le taureau céleste,
je briserai la porte de l'enfer
je ferai sortir les morts
pour dévorer les vivants.
Les morts seront plus nombreux que les vivants. »

Anou

« Si je fais ce que tu demandes
si je te donne le taureau céleste,
sur la terre d'Ourouk
il y aura sept années de disette.
As-tu rassemblé du grain ?
As-tu entassé de l'herbe ? »

Ishtar

« J'ai rassemblé du grain pour les hommes
j'ai entassé de l'herbe pour les troupeaux
pour sept années de disette
j'ai ramassé du grain et de l'herbe
en abondance pour les hommes et les troupeaux. »

[Anou donne à Ishtar la longe du taureau céleste.
Ishtar le fait descendre sur la terre d'Ourouk.]

Le narrateur

« A son premier mugissement
cent hommes, deux cent puis trois cent hommes tombent.
A son deuxième mugissement
cent hommes, deux cent puis trois cent hommes tombent.
A son troisième mugissement... »

[Enkidou fait un saut de côté
il attrape le taureau céleste par les cornes
le taureau céleste lui lance au visage son écume et sa bave
et avec sa queue l'asperge de sa bouse.]

Enkidou

« Mon ami
nous avons parlé de victoire avant le temps
comment allons nous vaincre le taureau ?
Mon ami
nous devons nous partager la tâche :
moi je saisirai le taureau par la queue
et toi, de ton glaive tu devras le frapper
entre le cou et les cornes. »

[Enkidou frappe à mort le taureau céleste.]

Ishtar [monte au plus haut des remparts d'Ourouk :]

« Malheur à Gilgamesh qui a souillé mon nom
qui m'a humiliée et a tué le taureau céleste. »

Enkidou [arrache les entrailles du taureau céleste et les lui lance au
visage :]

« Si je te tiens, je ferai de toi ce que j'ai fait de lui
je t'attacherai les flancs avec ses entrailles. »

[Ishtar, humiliée, disparaît]

Gilgamesh [s'adresse aux jeunes filles d'Ourouk :]

« Qui est le plus glorieux parmi les héros ?
Qui est le plus beau parmi les hommes ? »

Les jeunes filles

« C'est Gilgamesh le plus glorieux parmi les héros
c'est Gilgamesh le plus beau parmi les hommes ! »

[Gilgamesh appelle les artisans et les forgerons.
La longueur et l'épaisseur des cornes du taureau
les émerveillent.
Chacune forme une masse de trente mines de lapis-lazuli
chacune fait deux doigts d'épaisseur
et six gours d'huile de contenance.
Gilgamesh les déposent en offrande
pour les onctions de son dieu protecteur Lougalbanda
et les suspend dans son sanctuaire.
Puis les deux amis lavent leurs mains dans l'Euphrate.]

4.3. Songes et mort d'Enkidou

[Au milieu de la nuit :]

Enkidou [est réveillé par un songe :]

« Pourquoi, mon ami, les grands dieux
sont-ils réunis pour tenir conseil ? »

[Au lever du jour :]

Enkidou

« Mon ami qu'il est étrange le rêve que j'ai fait la nuit passée :
Anou, Enlil, Ea et le céleste Shamash étaient réunis pour tenir conseil.
Anou disait à Enlil :

Anou (voix)

« Parce qu'ils ont tué le taureau céleste
parce qu'ils ont tué Houmbaba et coupé les cèdres des montagnes,
ils doivent mourir. »

Enlil (voix)

« C'est Enkidou qui mourra, mais Gilgamesh ne mourra pas. »

Shamash (voix)

«N'ont-ils pas tué le taureau du ciel et
n'ont-ils pas tué Houmbaba sur mon ordre.
Pourquoi Enkidou l'innocent doit-il mourir ? »

Enlil (voix)

« Parce que chaque jour tu te lèves sur eux,
tu es devenu un des leurs ! »

[Enkidou malade, se couche devant Gilgamesh.]

Gilgamesh

« Mon frère bien-aimé
pourquoi les dieux mon t-ils acquitté ?
Pourquoi les dieux t'on t-ils condamné ?
Devrais-je veiller l'esprit de la mort
et m'asseoir auprès de la porte des esprits ?
Devrais-je ne plus voir avec mes yeux mon compagnon bien aimé ? »

Enkidou [s'adresse à la porte comme à un homme :]

« J'ai choisi ton bois à vingt doubles heures de distance
avant même que je n'aperçoive les cèdres.
Ton bois n'a pas de semblable dans le pays
Ô porte, si j'avais su que ta beauté devait m'apporter les malheurs
j'aurais brandi ma hache et je t'aurais détruite
j'aurais fait de toi un radeau.
Mais que faire, ô porte maintenant que je t'ai élevée ?
Peut-être un roi viendra-t-il après moi,
effacera mon nom et mettra le sien. »

Gilgamesh

« Enlil t'as accordé un coeur vaste
il t'as donné la sagesse
mais tu prononces des paroles extrèmes.
Pourquoi, mon ami, as-tu prononcé ces paroles étranges ?
Ton rêve inquiète comme tous les rêves et te trouble.
Les dieux sèment le trouble chez les vivants
et les rêves l'inquiétude. »

[Au lever du jour]

Enkidou [invoque le dieu Shamash : ]

« Arrache au chasseur tout son bien,
change sa force en faiblesse.
Que ses bienfaits devant toi soient méfaits.
Puisse le gibier s'échapper de ses mains.
Qu'aucun désir de son coeur ne soit réalisé. »

[Entrée de la courtisane]

Enkidou

« Viens courtisane que je fixe ton destin
un destin qui ne finira jamais
Que dans l'instant tu sois frappée :
que les coins obscurs soient ton abri
que les déchets de la ville soient ta nourriture
qu'à l'ombre du mur tu te tiennes debout
que l'ivrogne comme le sobre te frappe la joue
que tes amants te rejettent aussitôt que des charmes de ton corps
leur plaisir est rassasié. »

Ninsoun [appelle Enkidou :]

« Pourquoi Enkidou as-tu maudit la courtisane ?
Celle qui t'a appris comment manger le pain
celle qui t'a couvert d'un vêtement luxueux
celle qui t'a donné Gilgamesh le superbe pour ami et compagnon :
Gilgamesh après toi laissera sa chevelure le long de son dos
il se vêtira d'une peau de lion et s'en ira errer dans le désert. »

Enkidou [sa fureur s'apaise, la maladie revient :]

« Viens, courtisane, que je fixe à nouveau ton destin
ma bouche qui t'a maudite, maintenant te bénit :
les rois, les princes et les grands t'aimeront
celui qui est à une double heure te toi
se frappera la cuisse d'impatience pour toi
celui qui est à deux doubles heures te toi
ébouriffera ses cheveux pour toi
que celui qui t'a humilié soit châtié
que sa maison et ses greniers soient vides
que le prêtre d'Ourouk te laisse entrer au temple en présence des dieux
que pour toi l'épouse soit abandonnée
même si elle est mère de sept enfants. »

[La maladie d'Enkidou s'aggrave :]

« Mon ami
j'ai eu un songe cette nuit :
le ciel tonnait, la terre lui répondait
et moi j'étais debout entre eux
lorsqu'un homme au visage sombre apparut devant moi.
Son visage était semblable à Anzou
ses ongles étaient des serres d'aigle.
Il me dévêtit et me tint par ses griffes
il m'enserra et je perdis le souffle
il transforma mon apparence
mes bras devinrent pareils à des ailes d'oiseau couvertes de plumes
il me prit et me dirigea vers la demeure de l'obscurité, demeure d'Irkalla.
il me dirigea vers la route sans retour
vers la demeure de l'éternelle obscurité
dont les gens habitants sont privés de lumière
qui ont de la poussière pour nourriture et de la boue pour pain.
Ils sont comme des oiseaux vêtus d'ailes de plumes
Dans cette maison de poussière j'ai vu les rois et les gouverneurs,
ces représentants des dieux Anou et Enlil
qui leur servaient les viandes rôties en offrande
du pain et de l'eau fraîche des outres.
J'ai vu leurs couronnes entassées par terre.
Dans la demeure de poussière

[Du temps passe... Enkidou appelle Gilgamesh :]

« Mon ami, une malédiction me frappe
je ne vais pas mourir comme celui qui tombe en plein combat
humilié, je vais mourir malgré moi
mon ami, celui qui tombe au combat est béni. »

Gilgamesh

« Enkidou
la gazelle est ta mère
l'âne sauvage est ton père
tu as grandi en têtant le lait des ânesses sauvages
que les pistes de la Forêt des Cèdres te pleurent !
Que ne cessent les lamentations sur toi ni la nuit ni le jour !
Que te pleurent les Anciens d'Ourouk aux remparts
la ville où nous avons tué le taureau céleste.
Que sur toi se lamentent ceux qui t'on fait goûter le pain
pour la première fois.
« Ecoutez-moi Anciens d'Ourouk
sur Enkidou mon ami et compagnon
amèrement je pleure et me lamente comme une pleureuse.
Un démon impitoyable a surgi et m'a dérobé mon ami, mon petit frère
âne sauvage des collines, léopard du désert.
Ô Enkidou, ensemble nous avons vaincu les obstacles
gravi le sommet des montagnes
ensemble nous avons saisi le taureau céleste et l'avons tué
ensemble nous avons abattu Houmbaba
qui demeurait dans la Forêt des Cèdres.
Quel est donc ce sommeil profond qui maintenant te saisit et te domine ?
L'obscurité de la nuit t'enveloppe et tu ne m'entend plus. »

V- L'errance de Gilgamesh

Le narrateur

« Après les rituels funéraires, Gilgamesh s'en va errer
à travers les plaines, les monts et les vallées
pour un long voyage vers son aïeul Outa-Napishtim
le seul survivant du déluge
qui a pu recevoir des dieux la récompense de l'immortalité,
afin de découvrir auprès de lui le secret de la vie éternelle. »

5.1. Les homme-scorpions

[Gilgamesh arrive devant une grande montagne
Des hommes-scorpions gardent la porte
Gilgamesh les voit s'approche d'eux.]

L'homme-scorpion [à sa femme :]

« Un homme viens vers nous
son corps est fait de la chair des dieux ! »
L'épouse de l'homme-scorpion
« Pour deux tiers il est dieu et pour un tiers homme ! »

L'homme-scorpion [à Gilgamesh :]

« Pourquoi as-tu fait ce lointain voyage ?
Pourquoi as-tu parcouru cette longue route
et traversé les mers infranchissables ?
Je veux savoir la raison de ta venue jusqu'à moi. »

Gilgamesh

« Je suis venu chercher mon aïeul Outa-Napishtim
l'homme qui a trouvé l'immortalité
je suis venu le questionner sur la vie et la mort. »

L'homme-scorpion

« Gilgamesh
personne n'a pu faire ce chemin
aucun être humain n'a traversé le passage de la montagne
il s'étend durant douze doubles heures,
l'obscurité y est totale, il n'y a aucune lumière
du lever du soleil jusqu'au coucher du soleil. »

Gilgamesh

« J'ai voulu faire ce voyage dans le chagrin et la douleur
par le grand froid et la grande chaleur
dans les gémissements et les pleurs.
Ouvre-moi maintenant la porte de la montagne. »

L'homme-scorpion

« Entre Gilgamesh
n'aie plus de crainte, je t'ai permis de traverser les monts
puisses-tu parcourir les montagnes
que tes pas te ramènent sain et sauf :
voici la porte de la montagne ouverte devant toi. »

5.2. Shamash, le dieu soleil

Le narrateur

« Après ces paroles Gilgamesh prends le chemin du soleil.
Au bout d'une double heure l'obscurité est totale
il n'y a aucune lumière
il ne peut voir ni ce qui est devant lui ni ce qui est derrière lui.
Au bout de deux doubles heures, puis quatre doubles heures
l'obscurité est totale, il n'y a aucune lumière
il ne peut voir ni devant ni derrière lui.
Il marche cinq doubles heures
six, sept et huit doubles heures.
L'obscurité est totale, il n'y a aucune lumière
il ne peut voir ni ce qui est devant lui ni ce qui est derrière lui.
Au bout de neuf doubles heure, il sent le vent du nord frapper son visage
mais l'obscurité est encore épaisse, il ne peut voir ni ce qui est devant lui
ni ce qui est derrière lui.
Alors il marche dix doubles heures.
A onze doubles heures l'aube commence
à douze doubles heures le soleil règne. »

Shamash

« Où vas-tu Gilgamesh ?
La vie que tu cherches tu ne la trouveras pas. »

Gilgamesh

« Lorsque je serai mort, la défaite n'envahira-t-elle pas mes entrailles ?
Me voici, par peur de la mort, errant dans le désert
moi-même ne vais-je pas me coucher pour ne plus jamais me lever ?
Ô laisse mes yeux contempler le soleil, ainsi je serai inondé de lumière.
L'obscurité se retire lorsque la lumière éclate
ô que celui qui est mort puisse voir l'éclat du soleil ! »

5.3. Sidouri, la « cabaretière »

Sidouri

« Cet homme ressemble à un malfaiteur, où va-t-il ainsi errant ? »

[Voyant Gilgamesh approcher, elle ferme sa porte et la verrouille bien.
Lorsqu'il entend le bruit de la porte il lui parle :]

Gilgamesh

« Qu'as-tu vu en moi, cabaretière, pour fermer et verrouiller ta porte ?
Je casserai ta porte, je briserai l'entrée. »

Sidouri
«Qui es-tu ?
Que viens-tu faire en ces lieux interdits au commun des mortels ? »

Gilgamesh

« Je suis Gilgamesh
je suis celui qui a saisi et tué le taureau du ciel
je suis celui qui a vaincu et abattu Houmbaba le gardien de la forêt. »

Sidouri

« Si tu es vraiment Gilgamesh
celui qui a tué le gardien de la forêt
qui a vaincu Houmbaba le gardien des Cèdres
qui a tué les lion dans les passages des montagnes
qui a saisi et tué le taureau du ciel
pourquoi tes joues sont-elles flétries et ton visage si sombre ?
Pourquoi le chagrin est-il dans ton coeur
pourquoi la fatigue et l'épuisement marquent-ils ton visage défait
pareil au visage de celui qui a fait un long voyage
pourquoi la grande chaleur et le grand froid ont-ils frappé ton visage
pourquoi vas-tu errant dans le désert ? »

Gilgamesh

« Comment mes joues ne seraient-elles pas flétries
et mon visage si sombre ?
Comment le chagrin ne serait-il pas dans mon coeur ?
Comment la fatigue et l'épuisement
ne marqueraient-ils pas mon visage défait
pareil au visage de celui qui a fait un long voyage ?
Comment la grande chaleur et le grand froid
n'auraient-ils pas frappé mon visage ?
Le « destin des hommes » a atteint mon compagnon, mon petit frère
âne sauvage de la plaine, tigre du désert
celui qui a vaincu tout les obstacles
celui qui a abattu Houmbaba le gardien de la Forêt des Cèdres.
Enkidou, mon ami, mon compagnon, celui que j'ai aimé d'amour si fort
est devenu ce que tout les hommes deviennent.
Je l'ai pleuré la nuit et le jour, je me suis lamenté sur lui six jours et sept
nuits en me disant qu'il se lèverait par la force de mes lamentations.
je n'ai pas voulu le livrer au tombeau, je l'ai gardé six jours et sept nuits
jusqu'à ce que les vers recouvrent son visage
après sa mort je n'ai plus retrouvé la vie
et je suis allé errant dans le désert.
Ce qui est arrivé à mon ami me hante
mon ami que j'aimais d'amour si fort est devenu de l'argile
et moi aussi devrai-je me coucher et ne plus jamais me lever ?
Et maintenant que j'ai vu ton visage, cabaretière
pourrais-je ne pas voir la mort que je crains ? »

Sidouri

« Où vas-tu Gilgamesh ?
La vie que tu cherches, tu ne la trouveras pas.
Lorsque les grands dieux créèrent les hommes,
c'est la mort qu'ils leur destinèrent
et ils ont gardé pour eux la vie éternelle,
mais toi Gilgamesh, que sans cesse ton ventre soit repu
sois joyeux nuit et jour, danse et joue
fais chaque jour de ta vie une fête de joie et de plaisirs
que tes vêtements soient propres et somptueux
lave ta tête et baigne-toi, flatte l'enfant qui te tient par la main
réjouis l'épouse qui est dans tes bras.
Voilà les seuls droits que possèdent les hommes.»

5.4. La traversée

Gilgamesh

« Où est la chemin, cabaretière, qui mène à Outa-Napishtim,
montre-moi comment faire pour me diriger vers lui.
Si pour l'atteindre je dois traverser les mers, je le ferai.
S'il est impossible de l'atteindre, j'irai errant dans le désert. »

Sidouri

« Personne jusqu'alors, Gilgamesh, n'a fait ce voyage.
Seul le puissant Shamash peut traverser la mer
et qui d'autre que Shamash peut la traverser ?
Le voyage est dur et pénible, que feras-tu lorsque tu atteindras
les eaux profondes de la mort ?
Ecoutes, Gilgamesh, il y a ici un bateau qui conduit à Outa-Napishtim. »

VI- Outa-Napishtim

6.1. L'aïeul immortel

Outa-Napishtim

«Qui es-tu ?
Que viens-tu faire en ces lieux interdits au commun des mortels ? »

Gilgamesh

« Je suis Gilgamesh
je suis celui qui a saisi et tué le taureau du ciel
je suis celui qui a vaincu et abattu Houmbaba le gardien de la forêt. »

Outa-Napishtim

« Pourquoi alors tes joues sont-elles flétries
et ton visage si sombre ?
Pourquoi le chagrin est-il dans ton coeur ?
Pourquoi la fatigue et l'épuisement marquent-ils ton visage défait
pareil au visage de celui qui a fait un long voyage ?
Pourquoi la grande chaleur et le grand froid ont-ils frappé ton visage ?
Pourquoi vas-tu errant dans le désert ? »

Gilgamesh

« Comment mes joues ne seraient-elles pas flétries
et mon visage si sombre ?
Comment le chagrin ne serait-il pas dans mon coeur ?
Comment la fatigue et l'épuisement
ne marqueraient-ils pas mon visage défait
pareil au visage de celui qui a fait un long voyage ?
Comment la grande chaleur et le grand froid
n'auraient-ils pas frappé mon visage ?
Enkidou, mon ami, mon compagnon
celui que j'ai aimé d'amour si fort
celui qui m'a accompagné dans toutes les épreuves
est devenu ce que tout les hommes deviennent.
Après sa mort je n'ai plus retrouvé la vie par peur de la mort
me voici errant dans le désert
Comment pourrais-je trouver le repos ?
Comment pourrais-je me taire ?
Mon ami que j'aimais d'amour si fort
est devenu de l'argile
et moi aussi devrai-je me coucher et ne plus jamais me lever ?
Ainsi je suis venu voir Outa-Napishtim qu'on nomme « le lointain ».
J'ai parcouru toutes les montagnes
j'ai traversé les montagnes inaccessibles et toutes les mers
je n'ai pas fermé les paupières
je n'ai pas goûté le sommeil
la marche et le voyage m'ont exténué
la fatigue et la douleur ont rempli mon corps

Outa-Napishtim

« Gilgamesh
pourquoi cette douleur dans le coeur
toi qui porte la chair des dieux ?
La mort est cruelle et sans merci.
Qui de nous bâtit des maisons indestructibles ?
Qui de nous scelle des contrats éternels ?
Le dormeur et le mort se ressemblent
les deux n'ont-ils pas l'aspect de la mort ?
Qui, la mort venue, peut distinguer entre le serf et le maître ?
Les Anounnaki, les grands dieux, tiennent conseil
pour décider ensemble des destins,
ils rétablissent la vie et la mort, ils révèlent les jours de la vie
mais de la mort ils ne révèlent pas le jour. »

6.2. Le déluge

Gilgamesh

« Je te regarde Outa-Napishtim
ton aspect n'est pas différent du mien
tu es pareil à moi
tu me ressembles même
je t'imaginais parfait comme le héros prêt au combat
mais voici que je te trouve fragile.
pour te reposer comme moi tu te couches sur le dos.
Dis-moi comment es-tu entré dans l'assemblée des dieux
et as-tu obtenu la vie éternelle ? »

Outa-Napishtim

«Toi, tu connais Shourouppak, la ville située sur le bord de l'Euphrate
Un jour, les grands dieux ont décidé de faire le déluge
entre eux ils ont tenu conseil
parmi eux siégeaient leur père Anou et leur conseiller, le héros Enlil
Ea le sage était présent parmi eux.
Ea répéta leur paroles à ma hutte de roseaux : »

(Voix)

« Hutte de roseaux, hutte de roseaux, et toi mur, et toi mur
écoute bien, hutte de roseaux, comprends bien, mur !
Homme de Shourouppak, fils d'Oubar-Toutou
démolis ta maison et construis pour toi un bateau
abandonne tes biens et tes richesses, demande la vie sauve
rejette tes possessions et préserve ta vie
charge dans le bateau la substance de tout ce qui vit.
Ce bateau que tu construiras, que ses mesures soient bien exactes
que sa largeur égale sa longueur, scelle le bateau
rends-le semblable à l'Apsou, les eaux des profondeurs. »

Outa-Napishtim

« Lorsque j'ai entendu et compris, j'ai dit aux gens et aux Anciens :
je ne pourrai plus vivre dans votre ville
je ne retournerai plus sur la terre d'Enlil pour y habiter
mais je descendrai dans l'Apsou pour vivre avec mon seigneur Ea
quant à vous, il vous pleuvra en abondance
toute sortes d'oiseaux, toutes espèces de poissons
le pays sera rempli de récoltes et de biens
et le soir celui qui tient les tempêtes
fera pleuvoir sur vous une pluie de blé.
A la première lueur du jour
les gens du pays s'assemblèrent autour de moi
ils me portèrent d'excellents moutons pour le sacrifice
Les jeunes gens parmi eux me portèrent le bitume,
les grands me portèrent tous les autres éléments nécessaires.
Au cinquième jour je dressais la charpente du bateau
Au septième jour J'ai porté dans le bateau tout ce que possédais.
J'ai fait monter dans le bateau toute ma famille et mes parents
j'ai fait monter les bêtes domestiques et celles de la plaine
tous les artisans je les ai fait monter aussi.
Le dieu Shamash m'a fixé le moment précis: »

(Voix de Shamash)

« Lorsque le soir, celui qui tient les tempêtes
fera pleuvoir la pluie de malheur
entre dans le bateau et ferme ta porte ! »

Outa-Napishtim

« Je regardai le temps, il était sombre et effrayant à voir
alors j'entrai dans le bateau et fermai ma porte.
Aux premières lueurs de l'aurore, au-dessus de l'horizon lointain
des profondeurs du ciel, monte un nuage noir
à l'intérieur le dieu Adad tonnait, devant lui marchait ses messagers :
les dieux Shoullat et Hanish.
Ils avançaient et menaçaient dans les montagnes et les plaines.
Le dieu Nergal arracha les piliers,
le dieu Niourta fit éclater les barrages du ciel
les dieux Anounnaki portaient les flambeaux,
de leur lueur la terre s'enflammait
et transformaient toute lumière en obscurité.
La vaste terre se brisait comme une jarre.
Les tempêtes du vent du sud se déchaînèrent et s'amplifièrent
elles couvraient même les sommets des montagnes
et massacraient les gens.
Comme dans une grande cohue le frère ne voyait plus son frère
les gens ne se distinguaient plus du ciel
les dieux mêmes s'épouvantaient de la clameur de ce déluge.
Ils s'enfuyaient devant eux
et montaient sur les plus hauts des cieux d'Anou, vers le septième ciel.
Les dieux rampaient, accroupis comme des chiens hors du monde.
Arourou criait comme une femme qui enfante: »

(Voix de Arourou)

« Quelle désolation
voici les premiers jours redevenus argile
parce que j'ai prononcé le mal dans l'assemblée des dieux
que m'est-il arrivé pour prononcer ce mal ?
J'ai accepté la destruction de mes créatures, moi qui les ai engendrées
maintenant elles remplissent les flots comme des oeufs de poissons. »

Outa-Napishtim

« Avec elle, les dieux Anounnaki pleuraient
oui, les dieux accablés se lamentaient et leurs lèvres se deséchaient.
Six jours et sept nuits passèrent
Le septième jour les tempêtes du déluge qui telle une armée avaient tout
massacré sur leur passage diminuèrent d'intensité
la mer se calma
le vent s'apaisa
la clameur du déluge se tut.
Je regardai le ciel, le silence régnait.
Je vis les hommes redevenus argiles
les eaux étales formaient un toit.
J'ouvris une petite fenêtre, la lumière tomba sur mon visage
je m'agenouillai et me mis à pleurer
les larmes coulaient le long de mon visage
je regardais au loin les horizons des flots, je vis une bande de terre dont
la hauteur était de cent quarante coudées.
Au pied du mont Nirçir le bateau accosta.
Le mont Nirçir retint le bateau et ne le laissa plus bouger.
Un premier et un deuxième jour
un troisième et un quatrième jour
un cinquième et un sixième jour
Lorsqu'arriva le septième jour je lâchai une colombe,
la colombe prit son vol, n'ayant pas trouvé où se poser elle revint.
Puis je lâchai un corbeau, le corbeau prit son vol
lorsqu'il vit les eaux se retirer, ayant trouvé de la nourriture
il se posa et ne revint plus.
Alors je lâchai tout ce que le bateau contenait aux quatre vents.
Je fis une offrande, je versai de l'eau consacrée sur le sommet de la
montagne, je dressai sept et sept récipients rituels sous lesquels
j'entassai des roseaux, du bois de cèdre et de la myrte.
Les dieux en respirèrent la senteur
oui, les dieux en respirèrent le parfum
les dieux se rassemblèrent autour des offrandes comme des mouches.
Lorsque la grande déesse Arourou arriva elle souleva le collier de pierre
précieuses : »

(Voix de Arourou)

« Vous, les dieux qui êtes présents, pas plus que je n'oublierai ce collier
da lapis-lazuli qui est à mon cou, je n'oublierai ces jours et je m'en
souviendrai toujours.
Que tous les dieux approchent des offrandes et qu'Enlil en reste éloigné
car, sans réflexion, il a fait le déluge et livré mes créatures au malheur. »

(Voix de Enlil)

« Comment se fait-il qu'il y ait une seule vie sauve
puisque tous les hommes devaient périr ? »

(Voix de Ea)

« Toi le héros
toi le plus sage parmi les dieux
comment n'as-tu pas réfléchi avant de faire le déluge ?
Fais porter la faute par celui qui l'a commise, le mal de l'agression par
l'agresseur, mais sois indulgent afin qu'il n'en meure pas
sois sévère afin qu'il ne persiste pas dans le mal
si au lieu du déluge tu avais lâché les lions
tu aurais diminué le nombre des humains.
Si au lieu déluge tu avais fait la disette dans le pays,
si Era, dieu de l'épidémie et de la peste avait massacré les gens
tu aurais diminué le nombre des humains.
Quant à moi, je n'ai pas révélé le secret des grands dieux, mais j'ai envoyé
à Outa-Napishtim un songe qui lui a appris le secret des dieux
et maintenant décide de son destin.»

Outa-Napishtim

« Enlil me prit la main et me fit monter avec lui sur le bateau,
il fit monter avec moi mon épouse :

(Voix de Enlil)

« Outa-Napishtim jusqu'alors était humain
maintenant lui et son épouse seront dieux comme nous
Outa-Napishtim demeurera au loin à l'embouchure des fleuves. »

Outa-Napishtim

« Puis ils m'emmenèrent au loin
et me firent demeurer à la bouche des fleuve.
Mais maintenant qui réunira les dieux pour toi Gilgamesh,
pour que tu obtiennes la vie que tu cherches ? »

Gilgamesh

« Pourquoi les Dieux ne m'accorderaient-ils pas ce qu'ils t'ont accordé à
toi Outa-Napishtim, fils d'Oubar-Toutou ?
Je suis Gilgamesh, je suis le fils de Ninsoun et de Lougalbanda
Pour deux tiers je suis Dieu, pour un tiers je suis Homme. »

Outa-napishtim

« (temps de pause) On dit que le sommeil est comme une Première mort,
alors viens essaie de ne pas dormir six jours et septs nuits,
nous verrons si tu peux prétendre à l'immortalité. »

[Gilgamesh s'endort profondément.]

6.3. L'échec de Gilgamesh

(entrée de la femme d'Outa-Napishtim)

Outa-Napishtim [vers sa femme :]

« Regarde et contemple cet homme, héros qui cherche la vie éternelle !
Un souffle de sommeil profond le saisit maintenant et le couvre comme un
brouillard. »

L'épouse d'Outa-Napishtim

« Touche l'homme pour qu'il se réveille et retourne sain et sauf par la
route d'où il est venu, qu'il revienne à son pays par la porte d'où il est
sorti. »

Outa-Napishtim

« Puisque la tromperie est dans la nature des hommes, il va essayer de te
tromper.
Eh bien ! Cuis pour lui des morceaux de pain et mets-les auprès de sa tête
le nombre des jours qu'il dormira marque-le sur le mur. »

Le narrateur

« Le premier pain se dessèche
le deuxième se gâte
le troisième se ramollit
le quatrième : sa croûte est blanchie
le cinquième est encore frais
le sixième vient d'être cuit
et lorsque le septième est encore sur la braise... »

Gilgamesh [à Outa-Napishtim :]

« A peine un souffle de sommeil m'a-t-il effleuré, que tu m'as touché et
réveillé. »

Outa-Napishtim

« Gilgamesh compte les morceaux de pain, les chiffre du mur te diront le
nombre de jours que tu as dormi
le premier pain se dessèche
le deuxième n'est plus mangeable
le troisième est encore humide
la croûte du quatrième est blanchie
le cinquième est encore frais
le sixième vient d'être cuit
et pour le septième te voici réveillé. »

Gilgamesh

« Que puis-je faire, Outa-Napishtim, où dois-je tourner mon visage ?
La mort despote a gagné mon coeur et mon corps.
Oui, la mort habite ma couche et où je pose le pied la mort l'a précédé. »

Outa-Napishtim [à son épouse]

« Cet homme qui est venu ici dont les souillures couvraient le corps,
dont les peaux de bêtes cachaient la beauté, prends-le, conduis-le au
lavoir qu'il lave ses souillures et devienne propre comme la neige.
Qu'il enlève de son corps les peaux de bêtes et les jettent dans la mer afin
que la beauté de son corps apparaisse
jusqu'à ce qu'il arrive à sa ville, jusqu'à ce qu'il finisse son voyage,
ne laisse pas vieillir ses vêtements
que son vêtement garde toujours sa nouveauté. »

[Il se lave et se change avec l'aide de l'épouse d'Outa-Napishtim]

L'épouse d'Outa-Napishtim

« Gilgamesh est venu jusqu'ici, il a enduré peines et souffrances
que peux-tu lui donner pour le retour dans son pays ? »

Outa-Napishtim

« Gilgamesh, je vais te dévoiler une chose cachée
oui je vais te dévoiler un secret des dieux :
il existe une plante comme l'épine, elle pousse au fond des eaux
son épine te piquera les mains comme fait la rose
si tes mains arrachent la plante tu trouveras la vie nouvelle. »

Gilgamesh [à lui-même]

« Cette plante est une plante merveilleuse
l'homme avec elle peut retrouver la force de la vie
je vais l'emporter avec moi à Ourouk aux remparts.
Je la partagerai avec les gens, leur en ferai manger
son nom sera : « le vieillard retrouvant sa jeunesse ».
Moi-même j'en mangerai à la fin de mes jours pour que ma jeunesse me
revienne. »

[Un serpent dérobe la plante et à l'instant perd sa vieille peau.]

Gilgamesh

« Pourquoi mes mains sont-elles devenues sans force ?
Pour qui ai-je versé le sang de mon coeur ?
pour le serpent »

(Voix de Siddourri)

« Où vas-tu Gilgamesh ?
La vie que tu cherches tu ne la trouveras pas.
Lorsque les grands dieux créèrent les hommes, c'est la mort qu'ils leur
destinèrent, et ils ont gardé pour eux la vie éternelle,
mais toi Gilgamesh que sans cesse ton ventre soit repu
sois joyeux nuit et jour, danse et joue
fais chaque jour de ta vie, une fête de joie et de plaisirs
que tes vêtements soient propres et somptueux
lave ta tête et baigne-toi, flatte l'enfant qui te tient par la main
réjouis l'épouse qui est dans tes bras.
Voilà les seuls droits que possèdent les hommes.»

Epilogue

Retour à Ourouk

Gilgamesh [aux spectateurs]

« Monte sur les remparts d'Ourouk, laisse tes pieds les fouler.
Examine les fondations et scrute le briquetage
vois si tout n'est pas d'argile cuite
et si les sept sages n'en n'ont pas posé les fondations. »

Le narrateur

« Celui qui a tout vu, celui qui a vu les confins du pays
le sage, l'omniscient, celui qui a connu toutes choses
celui qui a connu les secrets et dévoilé ce qui était caché
nous a transmis un savoir d'avant le déluge.
Il a fait un long chemin.
De retour, fatigué mais serein,
il grava dans la pierre le récit de son voyage. »



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